Dassault, mécène du Mémorial
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Dassault, mécène du Mémorial
Centenaire 14-18 Le fabricant du Rafale s’associe aux commémorations de la Grande Guerre Dassault, mécène du Mémorial Paris. Depuis mardi, Dassault Aviation est partenaire du Centenaire de la Grande guerre. Eric Trappier, son PDG, a signé aux Invalides une convention de mécénat avec la Mission Centenaire 14-18, au profit du Mémorial de Verdun, actuellement fermé pour des travaux d’extension et de restructuration pour présenter « une muséographie plus moderne afin de répondre aux attentes des jeunes tout en montrant la souffrance des Poilus de Verdun ». Coût de l’opération 14 M€, financés par l’État, les collectivités départementale et régionale, le Comité national du souvenir de Verdun (CNSV) et des partenaires privés. Dassault Aviation va apporter 250.000 € et déposera une hélice Eclair, première innovation de son fondateur Marcel Dassault. « J’ai toujours porté une grande admiration à tous ces soldats français qui pendant 10 mois ont enduré à Verdun le pire sur la Terre. La France de Verdun, comme celle de la Résistance, était riche du courage de ses hommes et ses femmes qui ont tout donné à leur pays. Les origines de Dassault Aviation remontent aussi à la Première Guerre mondiale », expliquait Eric Trappier. À l’entrée du champ de bataille de Verdun, non loin de la Nécropole et l’Ossuaire de Douaumont, le Mémorial rouvrira en 2016, pour le Centenaire de la bataille de Verdun. « Ce sera le prochain grand temps fort du Centenaire de 14-18. Pour les Français, la bataille de la G r a n d e G u e r r e, c ’ e s t Verdun. Après le Centenaire, Verdun sera avec NotreDame-de-Lorette, un des deux hauts lieux de la mémoire de 14-18 en France », estimait le général Irastorza, K L’hélice Eclair conçue par Marcel Dassault, en bois de 2,35 m, équipait un Spad comme ceux volant audessus de Verdun en 1916. Dassault la déposera au Mémorial de Verdun. président de la Mission Centenaire 14-18. « On travaille pour les quarante prochaines années », insistait Christian Namy, le président du Conseil général de la Meuse. Le secrétaire d’État aux Anciens combattants et à la Mémoire, Jean-Marc Todeschini, se félicitait que « les grandes entreprises s’associent à la mémoire de la Nation ». La première grande bataille aérienne Dassault Aviation participe au Centenaire car Marcel Dassault a jeté, en 14-18, les bases du groupe. Gigantesque boucherie au sol, où l’artillerie a bouleversé les paysages et englouti les hommes, la bataille de Verdun est aussi la première grande bataille aérienne mondiale. « L’armée aérienne se constitue avec l’utilisa- tion de l’avion dans toutes ses composantes, l’observation et la reconnaissance pour signaler les positions Photo Alexandre MARCHI par TSF, la chasse aérienne et le bombardement en jetant des bombes à la main depuis le cockpit », rappelait l’historien Antoine Probst. Nombre des avions français et alliés sont équipés d’hélice Eclair. Inventée par Marcel Dassault en 1915, elle rend les avions plus performants. Elle sera sur le Spad de Guynemer, et sur les avions des autres As, Jean Navarre et Charles Nungesser, qui multiplient les victoires au-dessus de la Meuse. « C’est par cet attachement à notre histoire national pour honorer le souvenir de ceux qui, à Verdun, se sont battus pour notre pays, c’est en mémoire de la première grande bataille aérienne qui a eu lieu dans le ciel de Verdun, et de l’hélice Eclair qui marque les débuts de la fantastique histoire industrielle et technologique de Dassault Aviation que j’ai souhaité soutenir le Mémorial de Verdun », insiste Eric Trappier. « Cette hélice, très novatrice dans sa conception, sa forme très esthétique et sa fabrication a posé les bases de l’ADN de Dassault Aviation : passion et innovation ». Sébastien GEORGES De l’Éclair au Rafale et au Falcon Diplômé de l’école supérieure d’aéronautique et de construction mécanique (aujourd’hui Superaéro), Marcel Bloch (qui prend le nom Dassault à son retour de déportation en hommage au nom de code de frère résistant) et dont le père est lorrain (né à Fénétrange) reste au laboratoire d’aéronautique de Chalais-Meudon au déclenchement de la Grande Guerre. En marge de son activité, afin d’améliorer le rendement et la vitesse des avions, il conçoit l’hélice Éclair, taillée dans le bois par un ami ébéniste à Paris. L’État français l’adopte pour ses avions, dès 1915. En 1916, lors de la bataille de Verdun, les Nieuport, Caudron et Farman équipés de l’Éclair rendent coup pour coup au Fokker. Marcel Bloch-Dassault s’associe à son ami Henry Potez pour produire plusieurs centaines d’hélices dont une équipera le Spad de l’As Guynemer. À partir de 1917, ils conçoivent leur propre avion, le SEA IV commandé à 1.000 exemplaires par la France mais avec l’Armistice, seuls 105 seront livrés. Après avoir quitté l’aéronautique pendant quelques années, Marcel Dassault y revient en 1928 et livre rapidement des avions civils et militaires. L’aventure du groupe Dassault est lancée. Même si elle connaîtra de nombreux soubresauts (nationalisations, changement de gouvernement, la Seconde Guerre mondiale, déportation de Marcel Bloch à Buchenwald), la société ne cessera de se développer. Depuis 1945, elle incarne l’indépendance française en concevant et fournissant les avions de combat de l’armée de l’air jusqu’au Rafale dont le radar est aujourd’hui assemblé en Meuse, chez Réalméca. Plus de 10.000 avions ont été produits par Dassault dont 2.000 civils et 1.000 militaires sillonnent les airs aujourd’hui.