Des luttes d`automne sous haute surveillance
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Des luttes d`automne sous haute surveillance
Fièvre catarrhale ovine Des luttes d’automne sous haute surveillance La fièvre catarrhale ovine (FCO) sévit en Aquitaine depuis le début de l’année : arrivée du sérotype 1 dans le Sud Aquitaine en début d’année et mise en place d’une zone tampon sérotype 1 et 8 en Nord Aquitaine à partir du mois de juin. Dans tous les élevages, les risques d’infertilité des béliers sont très importants. Des précautions s’imposent dès maintenant pour assurer la fertilité des lots luttés cet automne et la production d’agneaux en 2009. La vaccination, protection indispensable La progression des deux sérotypes est très rapide sur la région Aquitaine. Pour y faire face, la vaccination reste le seul moyen efficace de protection du troupeau reproducteur contre la maladie. Même si les vaccins utilisés ne disposent que d’une autorisation temporaire d’utilisation, de nombreuses informations montrent leur très bonne efficacité : Les départements du nord-est de la France ont eu la chance de pouvoir vacciner en 2008 bien avant le redémarrage de la circulation. Dans le département des Vosges lourdement touché en 2007, les premiers chiffres disponibles trois mois après la vaccination et un mois après l’arrivée des premiers foyers démontrent clairement que les cheptels touchés sont majoritairement des cheptels non vaccinés (129 cheptels touchés contre seulement 9 cheptels ayant été vaccinés). Les témoignages des éleveurs sont encore plus éloquents : « Je n’ai pas vacciné la moitié de mon troupeau et c’est là où il y a les morts ! » Dans les Pyrénées-Atlantiques (département ayant mis en oeuvre en mai la vaccination contre le sérotype 1) le constat est le même : le directeur du GDS 64 a indiqué qu’à quelques exceptions près, les animaux malades ou morts de FCO (environ 300 foyers confirmés) étaient non vaccinés ou en cours de vaccination. Vaccination et qualité de la semence Cinq centres d’insémination ovine ont mesuré au cours du printemps et de l’été les effets de la vaccination sur la qualité de la semence des béliers. Les deux vaccins, contre le sérotype 8 et le sérotype 1 ont été testés. Aucune anomalie de la qualité du sperme des béliers n’a été mise en évidence. Témoignage de Jean-Marie SALVETAT, éleveur ovin à Chavagnac (24) et Président de la SICA CREO "A la SICA CREO, la désinsectisation régulière au printemps puis la vaccination ont mis le cheptel à l’abri de la maladie et sans effet secondaire sur les brebis gestantes. Il est maintenant essentiel de maintenir la couverture immunitaire des animaux pour 2009. La FCO est déjà présente en Aquitaine et la reprise de l’activité virale sera donc plus rapide que pour 2008. Le rappel annuel contre les 2 sérotypes pourrait intervenir l’été prochain, période de prophylaxie ovine. Il serait tout de même préférable de pouvoir vacciner dès le mois de mars, avant la mise à l’herbe pour l’aspect pratique et surtout réaliser les primo-vaccinations sur les agnelles avant la reprise de l’activité vectorielle." Face à l’arrivée du sérotype 1, le parasitisme interne et l’alimentation sont à surveiller de près. L’expérience a montré que les animaux en bon état résiste mieux à la maladie Crédit Photo CIIRPO Les conséquences de la maladie sur le troupeau Les ovins sont les ruminants particulièrement sensibles au virus FCO. Les signes de la maladies sont nombreux : de la fièvre (41 à 42°C), une perte d’appétit, un abattement général mais aussi une inflammation des muqueuses. Au delà de ces 1er symptômes, la maladie a de forts impacts sur la reproduction avec des conséquences économiques pouvant être lourdes du fait des pertes de production engendrées : La stérilité temporaire des mâles ; La chute de la fertilité et l'augmentation des avortements ; La surmortalité des adultes surtout pour les béliers et les femelles en mauvaise état corporel. Des actions à mettre en place rapidement L’objectif est de maintenir le niveau de production du troupeau grâce à des actions techniques sur la gestion de la reproduction. Repérer les béliers infertiles 1 Il est important de s’assurer de la fertilité des béliers lors des mises en lutte. Le nombre de béliers doit être correct afin d’assurer un bon taux de fécondité (1 bélier pour 25 à 30 brebis environ). Les animaux qui ont présenté ces signes cliniques sont souvent inaptes pour la saison de lutte et certains ont pu contracter la maladie avant d’être protégés par le vaccin sans forcement présenter des signes cliniques visibles. L’hyperthermie et les atteintes vasculaires entraînent des lésions testiculaires qui peuvent se traduire par une stérilité provisoire des béliers touchés par la maladie. De ce fait, ces animaux peuvent être inaptes à la reproduction au minimum 3 mois. Dans les élevages touchés par la fièvre catarrhale au cours de l’été, vétérinaires et techniciens ont constaté qu’une grande proportion des béliers sont encore actuellement inapte à la reproduction. Dans les élevages non touchés, il est à craindre qu’une partie des béliers ait contracté la maladie avant d’être protégés par le vaccin, et sans forcément avoir été vus malades. Dans tous les cas, il importe donc de s’assurer de la capacité de reproduction des béliers. Afin de garantir des résultats de fertilité et de prolificité corrects sur les lots luttés cet automne, il faut dès maintenant : Examiner le lot de béliers pour écarter un maximum de béliers infertiles pour les luttes d’automne ; Repérer au plus vite les brebis vides afin de les remettre à la reproduction le plus rapidement possible ; Augmenter le nombre de béliers dans les lots de lutte ; En cas de manque de béliers, ne pas hésiter à inséminer. Examiner les béliers un par un (pour cela, descendre les testicules en serrant le cordon) avant la mise en lutte peut permettre d’écarter des prochaines luttes un maximum de béliers infertiles. Les mâles touchés par la fièvre catarrhale sont totalement inaptes à la reproduction pendant au moins 3 mois, même s’ils ont été vaccinés entre temps. L’examen des testicules Dans un premier temps, il convient de réaliser un examen testiculaires des béliers prévus pour la lutte : cet examen (qui devrait être systématique) permet de repérer les lésions testiculaires ou épididymaires non spécifiques de la FCO : dégénérescence d’un testicule, inflammation… Le contrôle de la qualité de la semence Il permet de vérifier réellement l’aptitude à la reproduction : après synchronisation de 2-3 brebis, le sperme est collecté au vagin artificiel puis est examiné au microscope ce qui permet un diagnostic rapide de la qualité de la semence des béliers. L'opération est délicate à réaliser et tous les béliers ne seront peut-être pas observés. Deux organismes peuvent, sous certaines conditions, réaliser ces contrôles : Insem’ovin (pour des lots de béliers importants, tarif indicatif : 15€/béliers + frais de déplacement) ou Genetic’a (pour un petit nombre de béliers, les contacter). Contrôles indirects des béliers Il est possible également de vérifier la fertilité des béliers en contrôlant la gestation des brebis . Deux techniques possibles : La surveillance des chaleurs La pose du harnais marqueur est une solution. Attention, les béliers touchés par la fièvre catarrhale restant ardents, une partie des brebis marquées à la craie peuvent revenir en chaleurs. Pour les repérer, le principe consiste alors à changer la couleur des craies des harnais marqueurs après 17 jours de lutte. Si plus de 30% des brebis sont de nouveau marquées avec la nouvelle couleur, un ou plusieurs béliers du lot sont stériles. Attention cependant à ne pas "bousculer" le troupeau lors de cette manipulation ! Le diagnostic de gestation : repérer au plus vite les brebis vides Compte tenu des fortes suspicions qui pèsent sur la fertilité des béliers, repérer les brebis le plus rapidement possible est indispensable pour les luttes de fin d’été et d’automne. Le constat de gestation est la technique la plus fiable quand elle est réalisée par un technicien expérimenté. Repérer les brebis vides est possible à partir de 45 jours après le retrait des béliers (d’où l’intérêt du repérage des saillies par le harnais marqueur). Compter de 0,5 à 1 € par brebis et une cadence de l’intervention de 60 à 80 brebis à l’heure. . L’insémination animale Les 180 béliers du centre d’insémination Insemovin, triés parmi les meilleurs éléments de leur race ont été vaccinés début juin contre le sérotype 8 et la qualité de leur semence subit une batterie de tests avant la mise en paillettes. De plus, ils vivent en milieu totalement fermé et désinsectisé. Si le lot de béliers est "en panne", le recours à l'insémination est la meilleure solution sachant que 90% des mâles devraient reprendre leurs aptitudes au cours de l'hiver (compter 9€pour une IA, synchronisation comprise). Crédit photo CIIRPO. Les suites à donner En moyenne, cette technique associée à la synchronisation des chaleurs permet un taux de fertilité de 65%. Pour assurer les retours en chaleurs, le nombre de reproducteurs nécessaire sur l’élevage est nettement inférieur (1 bélier pour 60 brebis inséminées). Ces contrôles (directs ou via la voie femelle) sont indispensables dans les troupeaux concernés par la FCO et fortement recommandés dans tous les élevages. Ces "diagnostics" précoces permettent de remettre en lutte rapidement les brebis vides par synchronisation des chaleurs et insémination artificielle éventuellement ou par lutte naturelle. . L’achat de béliers est également possible en s’assurant de garanties sanitaires, notamment de la date de vaccination. Cet investissement doit cependant être raisonné, sachant que les béliers de l’exploitation "en panne" seront pour la plupart de nouveau opérationnels au printemps. Si vous optez pour cette solution, demandez conseil à votre technicien. Pénurie de béliers : les solutions Après examen des béliers, si le nombre de mâles aptes à la reproduction est insuffisant pour assurer les luttes d’automne (soit un bélier pour 25 à 30 brebis), plusieurs solutions peuvent être envisagées : . L’utilisation d’agneaux pubères (plus de 8 mois) issus de l’élevage présente de nombreux inconvénients. Même indemne de FCO, leurs capacités de reproduction restent de toute façon nettement en deçà de béliers adultes. Compter deux à trois agneaux pour un bélier adulte et éviter de les mettre en lutte avec les agnelles. De plus, leurs capacités de reproduction sont limitées (maximum 2 mois consécutifs) et les risques de consanguinités très importants. Leur réforme doit être envisagée dès 2009. . Le prêt de béliers d’un élevage à l’autre est fortement déconseillé car source de problème sanitaire (avortement, ecthyma, piétin, gale…).) Crédit photo : CA24 Des luttes courtes avec un maximum de béliers Même si toutes les précautions sont prises lors du tri des béliers pour la mise en lutte, les contre performances de certains mâles ne sont pas à exclure. En conséquence pour cet automne : Adopter dans la mesure du possible un ratio mâle/femelle supérieur aux recommandations habituelles, soit 1 bélier pour 25 à 30 brebis. Préférer des lots de lutte de taille importante plutôt que de petits lots de brebis avec un ou deux béliers. Les conséquences d’un bélier stérile sont alors moindres. Si plusieurs lots de lutte sont constitués, faire éventuellement tourner les béliers tous les 17 jours. Attention cependant à ne pas "bousculer" le troupeau lors de cette manipulation. Le remède pourrait être pire que le mal ! Préférer des périodes de lutte courtes. Avec des animaux bien préparés, une durée totale de deux cycles, soit 40 jours est suffisante pour optimiser les résultats de reproduction. Cela permet un repérage plus facile des brebis vides. Crédit photo Chambre d'Agriculture 24 Vaccination contre la FCO à la Sica CREO Témoignage de Patrick Bardoux , vétérinaire sanitaire au GDSB en Dordogne "La FCO peut aussi entraîner des avortements. De ce fait, au delà de la déclaration obligatoire dans le cadre de la surveillance brucellose, les avortements peuvent faire suspecter la FCO. Il convient donc de les déclarer à son vétérinaire (qui réalisera les prélèvements nécessaires pour une recherche brucellose et FCO). A partir du 3 ou 4ème avortement, la FCO peut être suspectée et les GDS, comme dans toutes épisodes abortifs, interviennent pour les recherches complémentaires (chlamydiose, toxoplasmose…) selon les protocoles habituels." Suspicion clinique ? Contacter votre vétérinaire sanitaire Si plusieurs animaux présentent successivement de fortes fièvres, ou bien si un taux de mortalité anormalement élevé est observé, il est impératif de contacter le vétérinaire sanitaire. La fièvre catarrhale est une maladie légalement contagieuse à déclaration obligatoire. Le coût de la visite et des analyses est prise en charge. Des indemnités pour les animaux morts ont également été mises en place. Pour vous informer, contacter le GDS ou la DSV de votre département. Pour en savoir plus, contactez votre technicien SICA CREO – Chambres d'Agriculture – GDSB – Groupements de producteurs ________________________________________________ Fiche réalisée par les membres du comité technique SICA CREO et par le CIIRPO. Chambre d'Agriculture Dordogne – Octobre 2008 r Les brebis vues malades de la FCO peuvent être remises en lutte quand elles ont repris de l’état. Avec une bonne préparation à la lutte, elles sont de nouveau fertiles.