1 En 2015, le Mons Memorial Museum a succédé au Musée d
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1 En 2015, le Mons Memorial Museum a succédé au Musée d
Le Mons Memorial Museum : l’histoire au cœur d’un territoire de mémoire ASBL Mémoire d’Auschwitz Rue des Tanneurs, 65 à 1000 Bruxelles Tél. : +32 (0)2 512 79 98 www.auschwitz.be • [email protected] Sarah Timperman ASBL Mémoire d’Auschwitz Novembre 2015 En 2015, le Mons Memorial Museum a succédé au Musée d'Histoire militaire de Mons. Désormais, l’histoire militaire locale, en particulier celle de la Grande Guerre, bénéficie d’un nouvel espace muséal et d’une scénographie entièrement renouvelée. Le Mons Memorial Museum est le successeur du Musée d'Histoire militaire de Mons1. Après d'importants travaux, ce nouveau musée s'est installé dans l’ancienne Machine à eau de la ville de Mons, magnifique bâtiment de briques, d’acier et de verre, construit en 1870 pour alimenter la ville en eau potable. Cet édifice a rempli son rôle jusqu'en 1961 et fut définitivement désaffecté et classé en 1974. Une quinzaine d’années plus tard, il bénéficia d'une restauration privée et fut vendu à la Ville de Mons en 1996. Agrandi par deux ailes nouvelles qui l’intègrent parfaitement dans son environnement et qui lui donnent un aspect contemporain, cet ensemble accueille désormais le Mons Memorial Museum qui a ouvert ses portes au début du second semestre de 2015, succédant ainsi au Musée d'Histoire militaire de la ville. L'espace muséal couvre 3 000 m2, dont une salle d'exposition permanente de 1 200 m2 et une salle d'expositions temporaires de 350 m2. Deux espaces de médiation, une salle de projection et de conférences complètent l'ensemble. Un musée qui met en valeur le passé militaire de la région Par sa position stratégique, Mons fut témoin durant toute son histoire de nombreux affrontements. Fortifiée dès le XIIe siècle, son histoire est jalonnée de batailles. La première salle évoque brièvement l'Ancien régime et permet de comprendre dans quelle mesure la ville a été secouée par les sièges, les incendies, les destructions et reconstructions. Sans compter les nombreuses garnisons qui ont imposé aux Montois une présence militaire constante dans leur ville. De Mons fortifiée, il ne reste que peu de traces concrètes. Seuls quelques objets et documents évoquent son passé de ville assiégée puis son évolution vers la modernité par la disparition des fortifications. C’est donc principalement au 20e siècle et aux deux guerres mondiales qu’est consacrée la plus grande partie de la visite. 1 Voir le dossier de presse (conférence de presse du 13/01/2014) disponible sur le site du BAM – Beaux-Arts de Mons http://www.bam.mons.be/presse/dossiers-de-presse/mons-memorial-museum/mmm-premiere-pierre/dossier-depresse (consulté le 28.10.2015) ____________________________________________________________________________________________________________ Une analyse de l’ASBL Mémoire d’Auschwitz, reconnue comme organisme d’Éducation permanente 1 La Grande Guerre occupe une place prépondérante dans le parcours permanent. C'est lors de la « bataille de Mons » qu'eurent lieu les premiers affrontements qui opposèrent la première armée allemande aux troupes britanniques le 23 août 1914. La légende rapporte que des anges seraient apparus pour venir en aide aux soldats britanniques. Ce qui ne les empêcha pas de se replier, livrant ainsi Mons et sa région aux envahisseurs, qui connurent plus de quatre années d'occupation, marquées, entre autres exactions, par des réquisitions et des déportations. Mons fut libérée le 11 novembre 1918 par des troupes canadiennes et britanniques. Pour les Britanniques, Mons est le lieu où la Première Guerre mondiale débuta et prit fin. En effet, le 21 août 1914, John Parr fut le premier militaire britannique à perdre la vie au © Sarah Timperman combat dans la région de Mons tandis que quatre années plus tard, le soldat canadien George Price fut abattu par un soldat allemand, à Ville-sur-Haine dans la région montoise, deux minutes avant la signature de l'Armistice. C'est la dernière victime du Commonwealth de la Grande Guerre. La troisième partie du musée est consacrée à la Seconde Guerre mondiale. Dès le 10 mai 1940, Mons subit d'intenses bombardements aériens alors que les Alliés se replient, laissant la Belgique sous l'autorité de l'administration militaire allemande. À Mons, les membres de cette administration ne sont pas plus d'une soixantaine et dans les villages des environs, les soldats allemands de la Werhmacht sont rares. Pour garder le contrôle de la population avec une présence aussi faible, les autorités allemandes s’appuient sur les pouvoirs locaux. Mons connaît alors l'occupation avec ses interdits, ses polices et l'imposition d'un ordre nouveau. Parallèlement, les bassins industriels comme le Hainaut doivent participer à l'effort de guerre allemand. Dans ce contexte, les mouvements de résistance ne tardent pas à éclore et sont particulièrement actifs dans la région. Mons fut libérée le 2 septembre 1944 par les troupes américaines, aidées par la brigade belge Piron. Le quotidien des militaires et des populations civiles évoqués dans une scénographie moderne L'histoire militaire de la région est donc, depuis le printemps 2015, exposée dans ce nouveau musée à la scénographie innovante, mettant par exemple en scène des vitrines insérées dans l'évocation agrandie d'une ligne d'obstacles antichars. La visite se fait dans une atmosphère rendue volontairement pesante avec un parcours sinueux, des murs noirs parfois inclinés, un faible éclairage, qui se termine dans la grande verrière blanche et lumineuse de la Machine à Eau qui évoque le retour de la paix. De nombreux dispositifs multimédias sont mis au service de cette scénographie. Le son est présent tout au long du parcours, soit en fond laissant entendre des bruitages en rapport avec les thèmes abordés (bruits de canon, de foule, discours...), soit via des bornes audio par ____________________________________________________________________________________________________________ Une analyse de l’ASBL Mémoire d’Auschwitz, reconnue comme organisme d’Éducation permanente 2 lesquelles le visiteur est invité à écouter des témoins. Les écrans sont abondamment présents pour expliquer le contexte historique (écrans géants avec projection 3D, cartes animées) ou permettre de découvrir plus en détail la vie de certains témoins illustres ou anonymes (bornes avec écrans tactiles). Ces technologies de pointe mettent en valeur un contenu historique qui s'appuie sur une riche collection d'objets accumulés par la ville de Mons, à laquelle se sont ajoutées des pièces léguées par plusieurs collectionneurs ou Montois. Seuls 20 % des plus de cinq mille pièces relatives aux deux guerres mondiales que possède le musée sont exposés : armes, uniformes, instruments, drapeaux, cartes et objets divers du quotidien des soldats, etc. Les pièces exposées ont été sélectionnées en fonction de leur importance historique, mais également en raison de leur proximité avec les témoins de l'époque, militaires, mais aussi et surtout civils, puisque les concepteurs du musée ne souhaitaient pas se limiter à « faire un musée du militariat »2. Le parcours permet ainsi de s'intéresser au vécu des Montois sous l'occupation et la question des relations entre occupants et population occupée est au centre des réflexions : « Nous essayons d'expliquer que la guerre n'est pas une affaire militaire, qu'elle a aussi bouleversé la vie de générations entières, qu'elle a transformé le droit ou la vie sociale », souligne Guillaume Blondeau, conservateur du nouveau musée3. Ainsi, la question du ravitaillement des populations en besoins divers, les entraves à la liberté imposées par l'occupant et la résistance sont évoqués à travers des affiches, des photographies, des extraits de témoignages, des lettres et autres objets du quotidien qui témoignent de la rude réalité imposée aux populations civiles dans la Belgique occupée. Pour Guillaume Blondeau, les points forts du musée « sont sans doute ces objets personnels, parfois intimes, légués par d'anciens combattants ou des civils, mais aussi leurs témoignages et leur récit4. » L’utilisation du témoignage – écrit ou audio – est en effet le fil conducteur de la visite ; autant de récits authentiques qui apportent un regard sensible sur les événements traités. Ces témoignages présents tout au long du parcours permettent d’appréhender des expériences humaines, des tranches de vie dans lesquelles les visiteurs peuvent se projeter. La volonté des concepteurs étant finalement de raconter les conflits mondiaux – la grande histoire – à travers les destins de simples quidams. Parmi ces destins, celui de la communauté juive n'est pas oublié, car bien évidemment, la persécution des Juifs fut aussi une réalité à Mons, même si la communauté juive y était infiniment moins présente que dans d'autres villes belges comme Anvers, Bruxelles ou Charleroi. Enfin, la résistance et les actes d'opposition à l'occupant sont particulièrement mis en évidence à travers la grande figure de la résistance locale qu'est Marguerite Bervoets5 (dont l'athénée à Mons porte le nom), mais également par le biais de témoignages audio de résistants moins illustres. 2 La Province, 6/4/2012 « Mons, la ville où il pleut des musées », in Le Soir, 02.04.2015. 4 Ibid. 3 5 Marguerite Bervoets est née à La Louvière le 6 mars 1914. Elle accomplit diverses tâches pour la Résistance dès 1941 : publication clandestine, distribution d'armes, renseignement... Arrêtée en août 1942, alors qu'elle photographie le champ d'aviation de Chièvres, elle passe quelques mois à la prison de Mons avant d'être emmenée en Allemagne. Condamnée à mort, elle est décapitée en sa prison allemande de Wolfenbüttel le 7 août 1944. ____________________________________________________________________________________________________________ Une analyse de l’ASBL Mémoire d’Auschwitz, reconnue comme organisme d’Éducation permanente 3 Un espace qui contribue à la mémoire collective En conclusion, le Mons Memorial Museum, propose une immersion sans concession dans le vécu quotidien des militaires et des populations civiles confrontées à la guerre dans la région montoise. Mais au-delà de Mons et des singularités de son histoire, le visiteur est questionné sur des réalités qu'ont vécues d'autres régions en Belgique en période de guerre. Par ailleurs, le musée trace des liens de cause à effet et invite à s'interroger sur les tenants et aboutissants des deux guerres les plus meurtrières de l'Histoire, l'ambition étant d'« amener le public, et surtout les jeunes, à se questionner sur la guerre, le concept de violence, la notion de paix6. » Depuis 2003, l’action de l’ASBL Mémoire d’Auschwitz s’inscrit dans le champ de l’Éducation permanente. À travers des analyses et des études, l’objectif est de favoriser et de développer une prise de conscience et une connaissance critique de la Shoah, de la transmission de la mémoire et de l’ensemble des crimes de masse et génocides commis par des régimes autoritaires. Par ce biais, nous visons, entre autres, à contrer les discours antisémites, racistes et négationnistes. Persuadés que la multiplicité des points de vue favorise l’esprit critique et renforce le débat d’idées indispensable à toute démocratie, nous publions également des analyses d’auteurs extérieurs à l’ASBL. 6 Ibid. ____________________________________________________________________________________________________________ Une analyse de l’ASBL Mémoire d’Auschwitz, reconnue comme organisme d’Éducation permanente 4