C2 – Plancher en bois avec support de sol empilé, pierre ou terre cuite

Transcription

C2 – Plancher en bois avec support de sol empilé, pierre ou terre cuite
Arts de bâtir:
C2 – Plancher en bois avec support de sol empilé, pierre ou terre cuite
Pays:
Espace Méditerranéen
PRÉSENTATION
Emprise Géographique
Définition
Plancher en bois avec support
de sol empilé, pierre ou terre cuite
- Structure porteuse en poutres et/ou solives
de bois d’élancement et de portée variable,
suivant les régions, les qualités et les
caractéristiques des essences d’arbres
utilisées.
- Utilisation d’un support (ou support de
répartition) posé au-dessus ou entre les
solives, réalisé en planches, dalles de pierre
ou en éléments de terre cuite.
- Mise en place éventuelle, d’un appareil
coulé ou damé, constituant l’épaisseur de la
dalle.
- Finition de la surface de la dalle, laissée
brute ou recouverte d’un revêtement de sol.
Milieu
Cantonné à neuf pays de l’espace MEDA : Algérie, Espagne, France, Grèce, Israël, Maroc, Palestine, Tunisie et Turquie .
On constate l’utilisation courante de ce type de plancher dans tous types de milieux : urbain, rural, en plaine et en bord de mer.
Étages Associés :
On les rencontre au rez-de-chaussée (lorsque celui-ci se situe au-dessus d’une cave ou d’un vide), aux différents étages que compte la
construction et servent éventuellement de toiture terrasse.
Illustrations
Vues générales :
Vues de détail :
Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres.
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PRINCIPE CONSTRUCTIF
Matériaux
Illustrations
Nature et Disponibilité (sous quelle forme)
Ce type de plancher forme un complexe multicouche tripartite :
•
Une couche structurelle, assurée par les poutraisons.
•
Une couche support comparable à un coffrage perdu.
•
Une couche de remplissage formant à proprement parler la dalle, laissée brute ou
associée à une couche de finition ( terre cuite, lait de chaux ou de plâtre...).
1. Une couche structurelle, assurée par les poutraisons :
La réalisation des différentes poutraisons tient compte de deux facteurs déterminants dans
l’espace MEDA, d’une part la quantité des ressources forestières et d’autre part la nature des
essences disponibles.
Les poutraisons sont généralement constituées de solives s’appuyant ou encastrées dans la
maçonnerie du mur. Celles-ci peuvent être aussi reprises par une structure primaire
constituée de poutres maîtresses, évitant le recours à des poteaux intermédiaires et assurant
les franchissements des grandes portées.
Enfin il est à noter que suivant les régions et les types de construction, on peut avoir aussi
recours à l’utilisation de troncs non équarris pour constituer les éléments de poutraison.
2. Une couche support comparable à un coffrage perdu :
La couche support est destinée à former une surf ace de répartition sur laquelle va venir peser
le poids des matériaux constituant la dalle. Cette couche est réalisée en fonction des
ressources naturelles et disponibles en quantités suffisantes dans l’espace à bâtir. Elle
reprend des éléments végétaux (planches) comme des éléments minéraux (dalles de pierres
taillées ou brutes notamment des schistes ou lauzes) ou de terre cuite (briques ou carreaux).
Ces différents éléments peuvent aussi être associés et former une composition visible en
sous face comme en surface de plancher.
Indistinctement cette couche support peut être laissée brute, voire protégée par un simple lait
de chaux ou, suivant les régions et la destination du bâtiment, recouverte d’une couche de
remplissage.
3. Une couche de remplissage formant la dalle.
Indistinctement la couche formant la dalle est constituée de mortier (de terre, de plâtre ou de
chaux, mélangés à du sable ou à d’autres types d’agrégats) ou de terre battue.
La finition de la dalle varie en fonction de sa destination et de la nature de la construction.
Laissée brute ou recouverte d’une simple chape lorsqu’elle se situe dans un intérieur modeste
ou sous comble, elle est recouverte après pose d’une chape, d’un lit de céramique ou de
dalles de pierres dans le cas de constructions plus nobles.
Modules, Dimensions, Dosages
Communément, les sections de poutres varient en fonction de la qualité des bois utilisés et
les élancements en fonction de la hauteur des arbres abattus. Les dimensions varient en
section de 18x22 à 8x15 cm, pour des portées allant de 5 à 2 m. On retrouve ainsi une
corrélation entre la distance à porter et la taille des arbres, mais aussi entre la richesse des
ressources en matériaux de construction et le mode de construction.
L’épaisseur des dalles de mortier de chaux ou de terre varie en fonction des entraxes de
poutre, en moyenne 0,40 cm pour des épaisseurs allant de 15 à 30 cm.
Type de pose
Type de pose, Utilisation d'un coffrage, d'étaiement
Dans le cas où la couche de répartition ne serait pas laissée brute ou recouverte d’une simple
protection, la réalisation de ce type de plancher peut être associée à une technique de
coffrage perdu dont les différents éléments prennent appui sur la poutraison (poutres et/ou
solives).
Ce coffrage est constitué par des éléments en bois, pierre ou terre cuite, posés sur le
solivage.
Coupes et détails sur divers planchers et
voûtains (Exemples)
Outils
Outre les outils traditionnels du maçon (scie, truelle, marteau ...) et du charpentier, aucun outil
commun aux utilisateurs de cette technique n’a été signalé.
Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres.
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PRINCIPE CONSTRUCTIF (Suite)
Métiers
Illustrations
Métier, Nombre de personnes nécessaires
Dans l’espace MEDA, cette technique est généralement mise en œuvre par les maçons.
Toutefois, en France, en Grèce, en Israël, au Maroc, en Palestine et en Turquie, un
charpentier aux ordres du maçon collabore à la réalisation de l’ouvrage.
Les équipes varient de deux à cinq personnes suivant la difficulté du travail à réaliser,
notamment lors du coulage de la dalle, nécessitant une rapidité d’exécution pour une
meilleure cohérence de l’ouvrage.
Performances
Physique (portée…)
Les distances à porter vont de 2 à 5 m. La possibilité d’augmenter les portées varie suivant
les pays, l’élancement et la forme des arbres utilisés mais aussi par l’emploi de différents
procédés constructifs. Dans ce sens, on peut avoir recours à la pose de poutres
intermédiaires ou à l’augmentation de la section de poutre mais aussi à la multiplication des
points d’appuis intermédiaires (colonnes, pilastres, poteaux).
Thermique – Acoustique
Au regard de la nature des matériaux de coulage utilisés (chaux, sable, terre), ce type de
plancher bénéficie d’une bonne performance acoustique et thermique.
Etanchéité, Protection aux intempéries (dernier étage)
En Algérie, au Maroc, en Palestine, en Tunisie et en Turquie, ce type de plancher est aussi
utilisé comme toiture terrasse.
Dans ce cas, on a recours à la pose d’une couche d’étanchéité en surface constituée d’argile/
d’argile blanche ou à une application d’un film plâtreux sur l’ensemble de la surface à
étancher.
Physique ( portée...)
Plancher sur poutres en bois de palmier
Voûtains en briques
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A S P E C T , P A T H O L O GI E
Aspect
Illustrations
Finition, couverture associée
Communément les poutraisons sont laissées brutes, toutefois sur l’ensemble des pays
MEDA, on a aussi recours à des badigeons de chaux, des projections de plâtre ou à des
décors peints.
Les surfaces de dalle peuvent être laissées brutes notamment dans les combles, intérieurs
ruraux ou défavorisés. Elles peuvent aussi être protégées par une chape de chaux ou, dans
le cas de bâtiments plus cossus, par la pose d’éléments de terre cuite, de dalles de pierre,
voire de Terrazo à partir de la fin du 19ème siècle.
En Algérie, au Maroc, en Palestine, en Tunisie et en Turquie, ce type de construction peut
être utilisé pour la réalisation de toiture terrasse.
Pathologie de vieillissement
Liée au matériau et aux conditions climatiques :
Sur l’ensemble des pays de la zone MEDA, on constate que les principales causes de
dégradations liées au vieillissement sont les insectes, les champignons et surtout l’humidité.
On remarque aussi les attaques dues au manque d’entretien notamment dans les pièces
d’eau et les combles, celles-ci opèrent une désagrégation des mortiers de chaux et
provoquent le pourrissement des poutraisons.
Afin d’éviter ces dégradations, on procède au badigeonnage au lait de chaux ou au plâtrage
des poutraisons, ainsi qu’à la surveillance des couvertures et des risques de fuites.
Dans les pays utilisant cette technique de plancher, pour la réalisation de toiture terrasse, on
assiste à un vieillissement de l’ouvrage sous l’action de la pluie et de l’humidité lorsque la
couche d’étanchéité, généralement en glaise, n’est pas entretenue.
Finition couverture associée
Liée à la technique :
Généralement, les pathologies de vieillissement liées à la technique sont associées soit à un
sous-dimensionnement de la structure primaire soit à une surcharge de la dalle ou à la qualité
des bois employés.
Coupe verticale (liaison mur-toiture)
OUVRAGES ASSOCIÉS
Percements
Généralement les ouvrages associés sont des trémies, destinées à assurer la circulation
verticale par le passage d’un escalier ou d’une échelle de meunier.
Lia i s o n O s s a t u r e - S t r u c t u r e V e r t i c a l e ( m u r )
La liaison avec la structure verticale s’effectue par encastrement et scellement.
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DESCRIPTION DE MISE EN OEUVRE
Le maçon peut procéder de deux façons :
Monter les maçonneries et réaliser des réserves nécessaires pour accueillir les sections de poutre puis procéder à la pose des poutres après les
avoir levées au moyen de palans et poulies.
Cette technique nécessite le bourrage ou le scellement au mortier des espaces entre mur et poutres.
Procéder à la pose alternée des planches en bois clouées, chevillées ou rainurées.
Puis dans le cadre d’un plancher multicouche, couler un lit de mortier de terre argileuse et de sable puis le protéger par une chape et/ou un
revêtement de sol (en terre cuite ou en petits carreaux de pierre).
Exemple en Espagne :
1.
Voûtains en éléments de terre cuite :
• Monter les maçonneries et réaliser des réserves nécessaires pour accueillir les sections de poutre puis procéder à la pose des poutres
après les avoir levées.
• Monter la maçonnerie et, au fur et à mesure de l’avancement, poser les poutres, celles-ci servant ainsi d’échafaudage.
• Bourrer ou sceller au mortier les espaces entre mur et poutres.
• Procéder à la réalisation d’engravure sur toute la longueur des intrados de poutres, afin de constituer les points d’appuis des éléments
de terre cuite.
• Procéder par passe alternée au montage des voûtains. Pour réaliser cette mise en œuvre, la technique du maçon est basée sur la
rapidité d’exécution, il doit former un cintre à l’aide d’un minimum d’élément (cinq) s’appuyant les uns contre les autres et légèrement
scellé.
• Une fois l’ensemble des cintres constitué, procéder au remplissage au mortier de plâtre ou de chaux (ces derniers pouvant être
mélangés à différents types de granulats) jusqu’à l’arase supérieure des poutres.
• Procéder à la mise en œuvre d’une chape légère de répartition et, suivant la nature de la construction, la recouvrir de tommettes,
carreaux de pierre ou de lait de chaux.
2.
Dalle assemblant deux types de matériaux différents :
• Monter les maçonneries et réaliser des réserves nécessaires pour accueillir les sections de poutre puis procéder à la pose des poutres
après les avoirs levées.
• Monter la maçonnerie et, au fur et à mesure de l’avancement, poser les poutres, celles-ci servant ainsi d’échafaudage.
• Bourrer ou sceller au mortier les espaces entre mur et poutres.
• Procéder à la pose alternée des éléments en bois cloués ou chevillés et des carreaux de terre cuite ou de pierre.
Exemple en Algérie :
3.
Plancher en troncs de palmier et larges pierres calcaires
• La mise en œuvre du plancher a lieu à la belle saison, de mai jusqu’en octobre. Il faut l’absence de pluie pour éviter les infiltrations
d'eau.
• Un maçon qualifié, aidé de deux ou quatre manœuvres qui lui tendent les matériaux, est chargé de monter le plancher.
• Réaliser ce type de plancher, nécessite deux phases : celle de la préparation où il faut élaborer des matériaux et celle du montage où les
matériaux apprêtés sont ajustés entre eux. De nombreux travailleurs sont dirigés par le maçon. L’ensemble dure près d'un mois.
• Préparer le bois pendant l'hiver ou à la fin. Suite à l'abattage du palmier, procéder à la séparation du tronc, à la hache double. Une fois
les troncs séchés, ils sont ensuite tronçonnés dans leur axe, avant d'être dépouillés de leur écorce, soit au couteau, soit au moyen d'une
menue hachette. Débiter les troncs suivant la longueur voulue (2 à 2.5 m). Les fendre enfin, dans la longueur, en 2 ou 3 parties. On
obtient ainsi des solives (t'maleft) de section triangulaire, présentant un côté d 1environ 12 à 20cm.
• Au moment où l'on met en place l’ossature du plancher, deux manœuvres préparent un mortier épais à base de blocs de gypse
déshydratés, ils deviennent friables. Séparer alors le timchent des résidus de sa fabrication. Procéder ensuite au gâchage et trituration
du timchent mêlé d'eau, en le piétinant rythmiquement. Fouetter longuement ce mortier à l'aide de régimes de dattes dépouillés de leurs
fruits. À la place des pieds et des régimes de dattes dépouillés de leurs fruits, on utilise aujourd'hui la pelle et la pioche.
• Placer, en premier lieu, les solives ou stipe de palmier (t’maleft) avec un espacement maximal de 40 à 60 cm. Noyer leurs appuis dans le
mortier de timchent en vue de prévenir leur pourrissement et d’assurer leur conservation maximale.
• Sous l’action du poids du sable ou de la terre de remplissage, les solives fléchissent.
• Afin d’éviter tout désordre, celles-ci sont ancrées dans la maçonnerie du mur à une profondeur de 20 à 40 cm. Elles peuvent donc
couvrir presque toute l’épaisseur des murs.
• Exécuter l’encastrement des solives au moyen de morceaux de pierres calcaires, que liaisonne le mortier de timchent.
• Rechercher l'encastrement total. Celui-ci évitera que la pression d’extrémité du stipe de palmier fléchissant, changeant la direction des
forces (celle du poids est verticale), ne vienne déliter le bord du mur porteur vers l'extérieur.
• Continuer l'élévation du mur (plancher intermédiaire) ou du muret (plancher terrasse), en posant un premier lit de pierre immédiatement
au-dessus du mortier, étalé sur la face supérieure des solives.
• Une fois le scellement des solives réalisé, procéder à la pose des dalles de pierres plates.
• Vient ensuite une épaisse couche de sable ou de terre. Tasser ce remplissage sur une hauteur d'environ 20 à 30 cm, en se servant
d’une massue de bois, munie d’un manche long (d'bouze).
• Araser en surface l'agglomérat par une chape étanche de mortier de chaux, doublée par-dessous, d’une couche d'argile.
• Fouetter convenablement le mortier de chaux avant sa mise en œuvre. Ce qui permet de combler suffisamment les interstices constatés
sur la surface du remplissage.
• Renforcer la protection du plancher par l'application d'un badigeon au lait de chaux.
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USAGE, EVOLUTION ET TRANSFORMATION
Usage
Types de bâtiments
Ce procédé est communément utilisé en Algérie, Chypre, Egypte, Espagne, France, Grèce, Israël, Maroc, Tunisie et Turquie quel que soit le type
de bâtiment et sa destination sociale.
Période d’apparition de la technique / Période d’emploi de la technique – Usage contemporain ou disparu
Généralement l’emploi de ces techniques est considéré comme millénaire..
Raisons de la disparition ou de la modification de la technique
Ces techniques ont quasiment disparu aujourd’hui, bien que les savoir faire ne soient pas oubliés, notamment en France.
En effet, enseignées et utilisées jusqu'à une période récente, elles ont peu à peu laissé place aux techniques de béton, dont le coût, l’entretien et
la pérennité font concurrence à ce type d’ossature.
Evolution / Transformation
Les matériaux
Deux techniques contemporaines se font face, la dalle pleine coulée et la dalle de type poutrelle/hourdis.
Les aspects techniques
Les aspects techniques sont avant tout la facilité d’emploi du béton et sa résistance..
Evaluation des matériaux et des techniques de remplacement
Le remplacement des techniques traditionnelles par le béton conduit d’une part à la perte de savoir faire ancestraux mais aussi à des
caractéristiques techniques différentes. Si la résistance du béton n’est plus à prouver, celui-ci n’en demeure pas moins un mauvais isolant
phonique et thermique. De plus, le mariage de sa rigidité et des structures d’appui déformables (murs de maçonneries traditionnelles) ne font pas
bon ménage..
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