2011 : l`année Mahler - Médiathèque Côte-d`Or

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2011 : l`année Mahler - Médiathèque Côte-d`Or
2011 : l’année Mahler
Source : Wikimedia Commons
150ème anniversaire de sa naissance en 2010, 100ème anniversaire de sa mort en 2011, Gustav
Mahler est doublement fêté et n’a jamais été aussi joué et enregistré.
Découvrons la vie et l’œuvre d’un compositeur dont la musique fut prémonitoire des
bouleversements du XXème siècle.
Discographie réalisée avec l’aide de la revue Diapason n° 586 décembre 2010
Sa vie, son œuvre
Gustav Mahler est né le 7 juillet 1860 à Kaliste en Bohême dans un milieu modeste (son père
est un aubergiste juif). Il entre très jeune au Conservatoire puis à l’Université de Vienne. Il
devient l’ami et le disciple d’Anton Bruckner.
En 1880, il compose la cantate Das klagende Lied, cantate dramatique où l’on perçoit déjà ce
sens des atmosphères et de la narration et un talent d’orchestrateur qui s’affirmera de plus en
plus. On y entend aussi le goût pour les fanfares dans le lointain et les alliages de timbres qui
constitueront sa signature. Mais l’échec de cette œuvre au prix Beethoven l’incite à entamer
une carrière de chef d’orchestre. Ses interprétations de Mozart, Beethoven et Wagner lui
valent ses premiers triomphes.
Das klagende Lied / Michael Hendrick ; London Philharmonic Orchestra :
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Entre 1887 et 1901, il compose Des Knaben Wunderhorn (Le Cor enchanté de l’enfant), soit
quinze lieder avec piano (orchestrés par la suite), dévolus à une voix de femme et une voix
d’homme qui ne dialoguent pas. Ils puisent dans le recueil de poésie populaire d’Arnim et
Médiathèque Côte-d’Or – Février 2011
Brentano et alternent dans leurs thématiques fraîcheur humoristique et désespoir lié à la
guerre. L’œuvre a servi de réservoir aux quatre premières symphonies.
Des Knaben Wunderhorn / Dietrich Fischer-Dieskau et Elisabeth Schwarzkopf ; George
Szell, dir. (EMI, 1988) 3MAH31
Des Knaben Wunderhorn / Magdalena Kozena et Christian Gerhaher ; Pierre Boulez,
dir. ; Cleveland Orchestra (Deutsche Grammophon, 2010) 3MAH31
En DVD : Lieder / Leonard Bernstein, dir. ; Orchestre Philharmonique de Vienne ;
Orchestre Philharmonique d’Israël (Deutsche Grammophon, 2007) 782.47 MAH
Des Knaben Wunderhorn (Wer hat dies Liedlein erdacht ?) / Barbara Bonney ; Riccardo
Chailly, dir. ; Royal Concertgebouw Orchestra :
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En 1886, il est engagé à l’opéra de Leipzig. Après les Lieder eines fahrenden Gesellen,
premier grand cycle de quatre lieder sur des poèmes vraisemblablement écrits par le
compositeur (où on retrouve des procédés musicaux typiquement mahlériens, issus du
folklore de Bohême), il compose la Symphonie n°1 créée en 1889 à Budapest. La Symphonie
n°1 « Titan » nous plonge dans un nouveau monde musical. A la noblesse du genre
symphonique se mêlent des éléments impurs issus de la musique populaire.
Lieder eines fahrenden Gesellen / Dietrich Fisher-Dieskau ; Wilhelm Furtwängler, dir. :
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Invitation au voyage / Dietrich Henschel, baryton (Harmonia Mundi, 2006) 399HEN
Symphonie n°1 « Titan » / Carlo Maria Giulini, dir. ; Symphonique de Chicago (EMI,
1971) 3MAH24
Symphonie n°1 « Titan » ; Blumine / David Zinman, dir. ; Orchestre du Tonhalle de Zürich
(Sony, 2007) 3MAH24
Extr. de la Symphonie n°1 « Titan » / Leonard Bernstein, dir. ; Wiener Philharmoniker :
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En 1888, Gustav Mahler est nommé à l’opéra de Budapest. L’exceptionnelle qualité de ses
interprétations et de ses mises en scène lui vaut des éloges de Brahms. En 1891, il est nommé
à l’opéra de Hambourg et accomplit de nombreuses tournées (Londres, Weimar, Berlin). En
1895, il crée sa Symphonie n°2, la plus célèbre de son vivant, qu’il interprétera le plus
souvent. Dans cette symphonie dite « Résurrection », il s’agit de faire renaître le héros mort
de la Symphonie n°1. Tout comme cette dernière, la « Résurrection » puise largement dans le
matériau musical du Knaben Wunderhorn, qui lui donne ce mélange typique de naïveté et de
causticité. Mahler compose un monument d’une heure et demie dont le mouvement initial
avait d’abord été conçu tel un poème symphonique autonome. La voix apparaît pour la
première fois dans une symphonie de Mahler avec le lied Urlicht faisant intervenir un chœur
et deux solistes.
Symphonie n°2 « Résurrection » / Bernard Haitink, dir. ; Berliner Philharmoniker (Philips,
1994) 3MAH24
Symphonie n°2 « Résurrection » / Klaus Tennstedt, dir. ; London Philharmonic Orchestra
(LPO Live, 2010) 3MAH24
Médiathèque Côte-d’Or – Février 2011
En DVD : Symphonie n°2 « Résurrection » / Claudio Abbado, dir. ; Lucerne Festival
Orchestra ; Mahler Chamber Orchestra (TDK, 2004) 784.184 MAH
Symphonie n°2 « Résurrection » (finale) / Bernard Haitink, dir. ; Berliner Philharmoniker :
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En 1897, il est nommé directeur de l’opéra de Vienne. Cette période est très féconde pour
Mahler, qui compose les Symphonies n° 4, 5, 6, 7 et 8, les Rückert-Lieder et
Kindertotenlieder. Sa Symphonie n°4, créée à Munich le 25 novembre 1901, est durement
condamnée par la critique. Dernière des symphonies inspirées par Des Knaben Wunderhorn,
on quitte le gigantisme du grand orchestre pour une esthétique plus chambriste et viennoise,
tout en élégance et transparence, qui combine à merveille les deux registres de la candeur et
de la cruauté.
Symphonie n°4 / Pierre Boulez, dir. ; Cleveland Orchestra (Deutsche Grammophon, 2000)
3MAH24
En DVD : Symphonie n°4 / Claudio Abbado, dir. ; Gustav Mahler Jugendorchester (Medici
Arts, 2009) 784.184 MAH
Symphonie n°4 (4e mouvement) / Leonard Bernstein, dir. ; Wiener Philharmoniker) :
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Popularisée par le film Mort à Venise de Visconti qui en utilisait l’Adagietto, la Symphonie
n°5 contribua à la vogue mahlérienne. Elle inaugure une série de trois symphonies
instrumentales après trois symphonies vocales.
Symphonie n°5 / Pierre Boulez, dir. ; Wiener Philharmoniker (Deutsche Grammophon,
1997) 3MAH24
Symphonie n°5 / Gustavo Dudamel, dir. ; Simón Bolívar Youth Orchestra of Venezuela
(Deutsche Grammophon, 2007) 3MAH24
En DVD : Symphonie n°5 / Claudio Abbado, dir. ; Lucerne Festival Orchestra (Euro Arts,
2004) 784.184 MAH
Symphonie n°5 (adagietto) / Claudio Abbado, dir. ; Lucerne Festival Orchestra :
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Œuvre résolument noire, la Symphonie n°6 « Tragique » nous emporte vers l’abîme dès
l’implacable rythme de marche du début. Le finale, avec ses deux coups de marteau à faire
froid dans le dos, est une des plus longues constructions mahlériennes. Jamais le compositeur
n’avait été aussi loin dans la modernité du langage, au point que l’école de Vienne se
reconnaîtra dans la 6ème Symphonie.
Symphonie n°6 « Tragique » / David Zinman, dir. ; Orchestre du Tonhalle de Zürich (RCA,
2009) 3MAH24
Symphonie n°6 « Tragique » (finale) / Herbert von Karajan, dir. ; Berliner Philharmoniker :
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Médiathèque Côte-d’Or – Février 2011
La 7ème Symphonie est énigmatique dans sa succession d’atmosphères affirmatives et
suggérées, lyriques et inquiétantes, dont témoigne le Scherzo aux feulements diaboliques.
Symphonie n°7 « Lied der Nacht » / Kirill Kondrachine, dir. (Tahra, 1979) 3MAH24
En DVD : Symphonie n°7 / Claudio Abbado, dir. ; Lucerne Festival Orchestra (Euro Arts,
2006) 784.184 MAH
Symphonie n°7 / Bernard Haitink, dir. ; Berliner Philharmoniker :
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Le sous-titre de la Symphonie n° 8 « Des Mille » est une sorte de slogan publicitaire, insistant
sur l’énormité de l’effectif : quatre cents exécutants semblent le minimum pour interpréter
cette œuvre ! C’est un objet sonore non identifié au point que l’on se demande si l’appellation
« symphonie » peut s’appliquer à cette œuvre… Deux parties déséquilibrées la composent,
tant sur le plan de la durée que du contenu : le Veni Creator Spiritus chrétien, avec orgue, puis
une sorte de libre fantaisie sur le deuxième Faust de Goethe, qui serait comme l’opéra que
Mahler n’écrivit jamais.
Symphonie n°8 « Symphonie des Mille » / Seiji Ozawa, dir. ; Orchestre de Boston (Philips)
3MAH24
Symphonie n°8 (finale) / Simon Rattle, dir. ; National Youth Orchestra of Great Britain :
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Les Rückert-Lieder sont sans doute l’accomplissement de Mahler dans le domaine du lied.
C’est le premier des deux grands cycles qu’il compose sur des textes de Friedrich Rückert,
poète mineur mais dont la langue et les évocations lui parlent. Conçus pour baryton, ils
peuvent aussi être chantés par une mezzo. Il se dégage de ces cinq lieder une atmosphère
poignante dans sa simplicité, culminant sur Ich bin der Welt abhanden gekommen.
Rückert-Lieder, extr : Ich bin der Welt abhanden gekommen / Kathleen Ferrier :
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En 1902, il épouse Alma Schindler, de vingt ans sa cadette, qui lui donnera deux filles. Issue
d’un milieu très cultivé, ayant étudié la composition avec Alexander von Zemlinsky, Alma
est la plus courtisée du Tout-Vienne. Son charme et sa vivacité métamorphosent l’existence
de Mahler, qui rencontre grâce à elle d’éminents artistes.
Alma Mahler / Source : Wikimedia Commons
Médiathèque Côte-d’Or – Février 2011
La même année, il crée la Symphonie n°3 à Crefeld, qui est bien accueillie : cette symphonie
la plus vaste jamais écrite (le premier mouvement est aussi long que toute la 5ème Symphonie
de Beethoven !) est une évocation du monde dans toutes ses dimensions. En six mouvements
et une heure trois quarts, on entend une polyphonie de marches militaires superposées, des
évocations poétiques de la nature, une voix de contralto chantant Nietzche, un chœur
d’enfants sonnant les cloches et un finale adagio à la gloire de l’amour.
Symphonie n°3 / Bernard Haitink, dir. ; Chicago Symphony Orchestra (CSO, 2007)
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Symphonie n°3 (mouvement 1) / Leonard Bernstein, dir. ; Wiener Philharmonic :
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Les cinq Kindertotenlieder, composés entre 1901 et 1904, s’attachent encore à des poèmes de
Rückert. On a pu s’étonner de ce que Mahler, qui vivait alors une période de bonheur familial,
ait choisi des textes évoquant la mort des enfants et l’affliction des parents. Alma même en fut
perturbée. Pour chanter ces textes, Mahler préférait une voix d’homme mais il est devenu
plus fréquent de recourir à une mezzo.
Kindertotenlieder (Decca, 1992) 3MAH31
Kindertotenlieder (n° 3 : Wenn dein Mütterlein) / Dietrich Fischer-Dieskau :
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1907 est une année terrible pour Mahler : sa fille aînée Maria meurt de la scarlatine. Mahler,
anéanti, se découvre une grave insuffisance cardiaque. Il fait l’objet d’une campagne de
dénigrement, quitte l’Opéra de Vienne pour le Metropolitan de New York, où on l’accueille
en grande pompe. Qualifié de « tragédie culturelle », ce départ est un soulagement pour le
couple, qui ne rentrera plus en Europe que pour y passer des vacances. Cette année, Mahler
compose Das Lied von der Erde,, la Symphonie n°9 et des fragments de la Symphonie n°10.
Das Lied von der Erde (Le Chant de la Terre) n’est pas un cycle de lieder mais bien une
symphonie. Les cinq poèmes qui la composent sont des textes d’origine chinoise qui dessinent
un parcours de l’affirmation de la vie à l’acceptation de la mort, avec ce bouleversant
Abschied (Adieu), secondé par un poignant hautbois solo.
Das Lied von der Erde / Dietrich Fischer-Dieskau (Decca, 1989) 3MAH31
Das Lied von der Erde (Abschied) / Dietrich Fischer-Dieskau :
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Karajan voyait dans la Messe en si de Bach et la 9ème Symphonie de Mahler l’alpha et l’oméga
de la musique. Mais il cessa finalement de diriger cette dernière car elle puisait trop dans ses
ressources émotionnelles. De fait il s’agit d’une œuvre hantée par le sentiment de la mort.
C’est aussi une des compositions les plus abouties et hardies de son auteur, qui n’a jamais été
aussi proche de Schönberg et ses disciples.
Symphonie n°9 / Herbert von Karajan, dir. ; Berlin Philharmonic (Deutsche
Grammophon, 1992) 3MAH24
Médiathèque Côte-d’Or – Février 2011
Symphonie n°9 / Kurt Sanderling, dir. ; Berliner Sinfonie-Orchester (Edel Classics, 2001)
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Symphonie n°9 / Giuseppe Sinopoli, dir. ; Staatskapelle Dresden (Hänssler, 2007)
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En DVD : Symphonie n°9 / Claudio Abbado, dir. ; Mahler Chamber Orchestra (Euro Arts,
2004) 784.184 MAH
Symphonie n°9 / Herbert von Karajan, dir. ; Berlin Philharmonic :
Découvrir
Le 19 septembre 1908, la 7ème Symphonie est créée à Prague : Mahler est déchiré par le doute,
le succès n’est que d’estime. La 2ème Symphonie, qu’il dirige au Châtelet à Paris le 17 avril
1910 est un grand succès public. Mais son plus grand triomphe est la création de la 8ème
Symphonie à Munich devant presque toute l’élite intellectuelle de l’Europe.
De retour à New York où il dirige l’Orchestre philharmonique, Mahler tombe malade d’une
infection généralisée le 20 février 1911 : traité une semaine à Paris, l’espoir de le sauver est
nul et il meurt quelques jours après son retour à Vienne, le 18 mai 1911.
Sa Symphonie n°10, inachevée, montre qu’il était sur le point d’oser une veine quasi
expérimentale dans le sens d’un affranchissement de la dissonance. Mahler soutenait les
audaces de l’Ecole de Vienne sans toutefois oser larguer les amarres de la tonalité. Pour cette
symphonie, beaucoup de compositeurs se sont défilés devant la tâche de compléter ses
esquisses, et on joua longtemps l’Adagio, seul mouvement intégralement orchestré. Mais
depuis le travail de Derick Cook en 1960, certains chefs optent pour la version complète.
Symphonie n°10 / Kurt Sanderling, dir. ; Berliner Sinfonie-Orchester (Edel Classics, 2001)
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Symphonie n°10 (adagio) / Leonard Bernstein, dir. ; Wiener Philharmoniker :
Découvrir
Pour en lire plus sur Gustav Mahler :
Gustav Mahler / Stéphane Friédérich (Actes Sud Classica, 2004) 780.92 MAH
Gustav Mahler / Isabelle Werck (Bleu Nuit, 2010) 780.92 MAH
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