Questions à Mario Dumont

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Questions à Mario Dumont
QUESTIONS À MARIO DUMONT
Texte de Léo-Paul Lauzon, professeur au département des sciences comptables et titulaire de la
Chaire d’études socio-économiques de l’Université du Québec à Montréal
AVRIL 2010
Monsieur Dumont, vous souvenez-vous du «courage» que vous affichiez lorsque vous étiez chef
de l’ADQ à épingler les assistés sociaux, les syndicats, les immigrants, les services publics,
l’État-providence, etc. afin d’en finir avec l’immobilisme au Québec? Puis-je vous rafraîchir la
mémoire par le titre d’articles qui exprimaient votre «sensibilité» :«Dumont veut mettre fin à
l’aide sociale comme mode de vie», «Dumont ne veut pas que le Québec accueille davantage
d’immigrants» et «Dumont dit qu’il ne laissera pas les syndicats mener au Québec».
Naturellement, vos positions plaisaient au patronat comme le soulignait un article : «Dumont
parle un langage qui plait au patronat». Vous vouliez aussi instaurer le système des bons
d’éducation que même Bush avait rejeté aux states. Toutefois, lors de la commission
parlementaire sur la lutte contre la pauvreté, vous «brilliez» par votre absence.
Connaissant votre éthique et votre professionnalisme, encore plus depuis que vous êtes
animateur à V, propriété de la famille Rémillard, je suggère de les recevoir à votre émission. Le
sujet de votre rencontre pourrait être l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux, puisque les
Rémillard contestent une cotisation fiscale de 30 millions$ impliquant leur fiducie familiale RCI
Trust incorporée à la Barbade. Ils visent même la Cour suprême pour de ne pas payer d’impôt.
Même si la fraude fiscale dans les paradis fiscaux effectuée par les compagnies et les nantis n’est
pas votre domaine de prédilection, vous devriez l’aborder. En 2003, l’ancien ministre libéral des
Finances, Yves Séguin, a dit que ces magouilles fiscales entraînaient une perte annuelle d’un
milliard de dollars au Trésor québécois.
Statistique Canada nous informait que les actifs des bonzes canadiens dans les paradis fiscaux
avaient été multipliés par huit entre 1990 et 2003, étant passés de 11 à 88 milliards$. Ça dépasse
nettement les 100 milliards$ aujourd’hui. Cela explique beaucoup le fait qu’en 2005, la moitié
des compagnies québécoises n’avait payé aucun impôt sur le revenu provincial sur des profits
milliardaires. Invitez donc également Jacques Ménard de la Banque de Montréal, qu’on entend
souvent parler de décrochage scolaire, de santé et de finances publiques mais jamais de paradis
fiscaux et d’options d’achats d’actions peu imposés, pourtant deux domaines qu’il maîtrise.
Imaginez l’impact dévastateur de ces évasions fiscales sur nos programmes sociaux et sur la
dette. Les gouvernements sont complices de cette arnaque. Le dernier budget provincial, qualifié
de «courageux» par le patronat et sa suite, a préféré taxer et tarifier le monde ordinaire qui doit
donc payer pour les contorsions fiscales des pachas.