Comprendre la peur

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Comprendre la peur
La peur
Comprendre la peur
Tous les enfants ont des peurs. C’est un aspect normal et sain du développement. Il faut comprendre
que ce qui semble inoffensif aux adultes peut effrayer les enfants. N’oubliez pas qu’ils sont plus petits
que nous et qu’ils n’ont pas les mêmes expériences de vie. Ainsi, un chien qui s’approche peut
déclencher une réaction de peur chez certains enfants qui n’en ont jamais vu (et il est parfois plus
grand qu’eux !). À ce moment, notre rôle, comme intervenant, c’est de reconnaître la peur, ne pas la
nier, tout en rassurant les enfants en faisant preuve de compréhension et de patience. Ces attitudes se
manifestent par des paroles et des gestes rassurants, ce qui les aidera à affronter leurs peurs et à
développer un sentiment de confiance.
En général, les craintes de l’enfant sont liées à son âge. Les enfants n’éprouvent pas tous les mêmes
peurs. Il est donc utile de comprendre les différentes peurs que ressentent les enfants selon leur âge :
Les bébés (de 8 à 12 mois)

À cet âge, les bébés commencent à remarquer la différence entre les situations qu’ils
connaissent et celles qu’ils ne connaissent pas. L’anxiété de séparation, le sentiment de panique
ou d’anxiété qu’ils ressentent lorsque vous quittez la pièce, atteint généralement un sommet
vers l’âge de 8 ou 9 mois. Les étrangers peuvent aussi causer de l’inquiétude aux bébés, surtout
entre 9 mois et 2 ans.

Les bébés plus âgés sont souvent effrayés par des situations quotidiennes qui ne les
dérangeaient pas lorsqu’ils étaient plus jeunes. Ils peuvent se mettre à avoir peur des personnes
qu’ils ne connaissent pas ou craindre de nouvelles situations ou certains bruits du quotidien.
Les tout-petits et les enfants d’âge préscolaire (de 2 à 4 ans)

Les jeunes enfants ont une vive imagination. Ils peuvent avoir de la difficulté à comprendre la
différence entre la réalité et le monde imaginaire. À ce moment, ils inventeront des dangers
imaginaires à partir d’ombres dans une pièce sombre ou d’un masque qui recouvre un visage
familier. Des situations quotidiennes peuvent aussi les effrayer, comme l’heure du coucher ou le
fait d’aller chez le médecin. Ils peuvent craindre des objets qui font du bruit et qu’ils ne peuvent
pas comprendre, comme un aspirateur ou la chasse d’eau. Pour un adulte, les peurs des toutpetits peuvent avoir des origines rationnelles ou irrationnelles. Quoi qu’il en soit, il est important
de prendre les peurs des enfants au sérieux et de ne pas se moquer d’eux parce qu’ils ont peur.

À cet âge, les enfants ont une pensée concrète (ils comprennent le sens littéral des choses). Ils
peuvent être effrayés par des remarques et des blagues faites par des adultes. Ainsi, s’ils vous
entendent dire que le chat est malade, il est possible qu’ils concluent qu’il va mourir et qu’ils ne
le reverront plus et ce, même si ce n’est pas du tout le cas !

Pendant la sieste, il est possible que certains enfants fassent des cauchemars qui les réveillent.
Si cette situation se produit, ils auront peut-être besoin de se faire rassurer en se faisant
expliquer que les choses qu’il a vues en rêve ne sont pas réelles ou encore que ce qui les a
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réveillés n’est pas avec eux, que vous êtes là et qu’ils sont au service de garde. Le fait de leur
parler et de rester auprès d’eux jusqu’à ce qu’ils se rendorment ou qu’ils soient rassurés les aide
à se sentir mieux.
Objectifs d’interventions




Que l’enfant apprenne
Que l’enfant apprenne
Que l’enfant apprenne
Que l’enfant apprenne
face à ses peurs
graduellement à reconnaître la peur comme émotion
(1-3 ans)
à exprimer ce qui lui fait peur (verbalement ou non)
(1-3 ans)
graduellement à développer son sentiment de confiance (1-3 ans)
graduellement à trouver des solutions pour se rassurer
(2-5 ans)
Les manifestations
Les comportements qui nous permettent de penser qu’un enfant a peur sont variés. Comme la peur
est une émotion, ses manifestations se verront dans les réactions des enfants. En voici quelquesunes :
 L’enfant pleure;
 L’enfant sursaute;
 L’enfant se cramponne à vous;
 L’enfant crie;
 L’enfant s’éloigne;
 L’enfant se cache;
 L’enfant nous montre un visage fort inquiet;
 L’enfant veut que nous le preniez;
 L’enfant demande sa doudou ou son objet personnel;
 L’enfant semble inquiet;
 L’enfant appelle ses parents;
 Etc.
Les raisons qui les expliquent, les besoins qui les sous-tendent et les interventions
éducatives à privilégier
Pourquoi les enfants ont peur ??? Il existe une variété de réponses à cette question. En comprenant
les raisons qui les expliquent, il vous sera plus facile d’adapter vos interventions pour les rassurer et les
aider à les affronter graduellement. Il est très important, indépendamment de la nature de la peur,
que l’enfant sente que vous acceptez sa peur sans jugement et qu’il peut compter sur vous pour se
faire rassurer.
 L’enfant a peur des inconnus … il a donc besoin d’être rassuré
Lorsque vous constatez des réactions chez les enfants face aux personnes qu’ils ne connaissent pas,
votre rôle consiste à les rassurer. Ainsi, en leur disant quelque chose comme Tu te demandes qui est
là, n’est-ce pas ? Viens, je vais te présenter, il/elle s’appelle X. De cette façon, vous mettez des mots
sur ce qui se passe tout en rassurant l’enfant. C’est possible aussi que les enfants réagissent aux
personnes qui ne voient pas beaucoup, comme certains parents des enfants du groupe ou votre
conseillère pédagogique ! À ce moment, l’intervention est la même, c’est-à-dire de présenter la
personne tout en rassurant l’enfant, en décodant ce qu’il ressent. C’est vrai, tu ne la connais pas n’est 2010 CPE Au pied de l’échelle 14/02/2012
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ce pas ? Ça t’inquiète de voir une nouvelle personne ? Ne t’inquiète pas, je reste près de toi ou Ne
t’inquiète pas, je ne m’en vais pas !
 L’enfant a peur de ce qu’il ne connaît pas … il a aussi besoin d’être rassuré et de connaître
ce qui l’inquiète
Encore ici, le besoin de l’enfant c’est de se faire rassurer et de graduellement faire face à la situation
ou à l’objet qui lui fait peur. Pour y arriver, vous devez attendre que l’enfant se montre intéressé, ce
qui veut dire que vous ne devez en aucun cas le forcer à affronter ses peurs, mais au contraire, pour
arriver à un résultat positif et permanent, vous devez attendre la collaboration de l’enfant.
Voici quelques exemples du quotidien qui illustrent ces propos :
L’enfant a peur des chiens : étant donné que ces animaux sont souvent plus gros qu’eux et qui
sont agités et adorent nous licher, dites-vous que l’enfant qui n’est pas habitué d’en croiser
risque vraiment d’avoir peur. À ce moment, décodez ce que vous comprenez de sa réaction le
chien te fait peur? Rassurez-le en lui disant que vous ne le forcez pas à aller le voir Tu n’es pas
obligé d’aller le flatter, nous allons le regarder de loin ! Mettez des mots sur ce que fait le chien
pour démystifier les gestes à l’enfant Regarde, il adore sentir les autres et les licher ! Les chiens
ont du poil tout doux et des belles oreilles toutes douces … veux-tu les toucher ? Ici, respectez
la réponse de l’enfant ! Regarde, il se promène près des gens et il adore aller les voir, c’est
pour ça qu’il est proche d’eux, etc.
Vous pouvez aussi initier l’enfant à certains animaux en lui présentant des livres ou des toutous
tout en expliquant qui ils sont, comment ils se comportent, etc.
L’enfant a peur des ombres, du noir ou des monstres : ce qui est tout à fait fréquent et normal !
Comme nous le soulignons précédemment, les enfants ne font pas encore la différence entre ce
qui est réel et imaginaire. C’est donc encore à nous de décoder ce qui les fait réagir La noirceur
te fait peur ? ou Tu trouves qu’il n’y a pas assez de lumière … et c’est pour ça que tu as peur ?
et à nous de leur expliquer et de les aider à trouver des solutions pour diminuer leurs peurs.
Pour affronter la noirceur ou les ombres, quoi de mieux que de leur laisser une lampe de poche
ou une veilleuse, leur permettant d’avoir un peu de lumière !! Pour les plus vieux, ceux qui
peuvent s’exprimer, demandez-leur qu’est-ce qui les aiderait à avoir moins peur. Vous verrez
que leurs réponses sont souvent bien simples !
Et les monstres ? Vous pouvez utiliser l’imaginaire pour les faire disparaître !!! Par exemple, si
l’enfant dit qu’il y a un monstre dans la pièce, demandez-lui comment il pourrait le combattre
pour le faire disparaître !! Vous pouvez alors fabriquer une baguette magique qui fait disparaître
les monstres, inventer une potion qui les fait sortir dehors, de prendre le monstre par la main et
de les mettre à la porte, bref, soyez imaginatif !
L’enfant a peur d’un objet, d’un bruit, des escaliers, de la glissade au parc, etc. : encore ici, c’est
tout à fait normal, car l’enfant fait face à de l’inconnu … il faut lui donner l’occasion de
graduellement apprivoiser cette nouveauté, de le guider à trouver des moyens faciles et
concrets pour le faire, tout en décodant sa peur Tu as peur de … . Exemple, pour glisser, faitesle pratiquer sur une toute petite glissade pour qu’il voit l’effet qu’elle produit. Rassurez-le en lui
tenant la main, en l’attrapant au bas de la glissade, etc. La même chose est recommandée pour
es autres objets … à force de mettre des mots sur la peur manifestée Le bruit de l’aspirateur te
fait peur ? et des moyens pour l’aider Viens, nous allons la regarder ensemble, je vais te
montrer le bouton pour la démarrer et ce qu’elle fait, pour que tu aies moins peur !
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Autres interventions à privilégier

Ne forcez jamais l’enfant à affronter une peur avant d’y être prêt. Présentez-lui une situation
difficile de manière lente et attentive. N’oubliez pas de le complimenter abondamment lorsqu’il
fait une chose dont il avait peur.

Posez toujours des questions à l’enfant pour comprendre la situation et pour vous assurer qu’il
est en sécurité.

Acceptez le fait que la peur est réelle pour lui. Ne le dépréciez pas et ne vous moquez pas de lui.

Prévoyez que certaines choses peuvent effrayer l’enfant et aidez-le à s’y préparer. Par exemple,
avertissez-le si vous vous rendez dans une maison où il y a un gros chien ou si vous sortez ou
partez en pause.

Vous pouvez aider l’enfant à se défaire de sa peur en lui lisant des livres, en inventant des
histoires ou en exprimant des situations qui traitent de sa peur. Le fait de dessiner un monstre
peut l’aider à exprimer ses peurs et à comprendre qu’elles ne sont pas réelles.

Vous pouvez aussi afficher des images qui illustrent l’expression de cette émotion ainsi que les
autres émotions courantes de votre groupe d’enfants (comme la tristesse, la colère, la peur,
etc.) dans votre service de garde. Ainsi, en montrant aux enfants à associer leurs émotions aux
images de visages qui les expriment, vous facilitez leur expression et leur reconnaissance.
Graduellement, vous pouvez aussi le faire en mettant des mots sur ce que ressentent les autres
enfants du groupe. Par exemple, Les amis, vous vous demandez pourquoi Lorie pleure ? C’est
parce qu’elle a eu peur du bruit qu’ont fait les verres en tombant par terre. Je vais la rassurer
pour qu’elle se sente mieux et qu’elle ait moins peur ! En faisant ce type d’intervention, vous
développez graduellement l’empathie chez les autres enfants du groupe qui auront eux aussi
tendance à rassurer leurs pairs lorsqu’ils manifesteront certaines émotions comme la peur ou la
peine !

Aidez l’enfant à se sentir physiquement en sécurité en lui faisant des câlins, en lui tenant la main
et en étant près de lui. Vous pouvez aussi lui apprendre à prendre des respirations longues et
profondes pour réduire son anxiété.

Encouragez-le à partager ses peurs avec une poupée ou un toutou.

Tentez de ne pas renforcer sa peur en ayant vous-même peur. Tout signe d’inquiétude de votre
part envers une situation peut faire paniquer un enfant effrayé.

Rassurez l'enfant et encouragez-le à exprimer ses sentiments sans qu’il soit inquiet d'être
ridiculisé ou puni.
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