La croisée des chemins
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La croisée des chemins
n UN PAYS, DES UNIVERS Le Roc branlant et Chapelet du diable à Saint Estèphe La croisée des chemins Where paths meet, Perigord-Limousin Regional natural park LE PÉRIGORD-LIMOUSIN Parc Naturel Régional Brantôme Périgueux Bergerac Sarlat Le département de la Dordogne est un des plus vastes de France. Et c’est au Nord, à cheval sur le bassin sédimentaire aquitain et le socle cristallin du Massif Central que la rencontre entre la géographie et l’histoire est la plus éclatante. Au carrefour de la Charente, du Limousin et du Périgord, faisant fi des découpages administraMaison du Parc Naturel Régional Périgord-Limousin tifs, Nontron, chef-lieu d’arrondissement, fut avant la révolution à la fois rattachée à l’intendant de Guyenne et au diocèse de Limoges. Unissant à nouveau le nord du département au sud de la Haute-Vienne, le « Parc naturel régional PérigordLimousin », créé en 1998, met en valeur la richesse et la diversité de ce pays qu’on nomme le Périgord vert. A Busserolles, Saint-Estèphe ou Saint-Saud-Lacoussière des étangs ont été aménagés en espace de détente ; non loin de là, à Miallet, une digue fut construite pour alimenter, grâce à un réservoir artificiel, la Dronne en cas de sécheresse. A Teyjat, dès les temps préhistoriques, les chasseurs-cueilleurs de la fin du paléolithique nous ont laissé des gravures remarquables ; l’espace muséographique de la grotte retrace la vie de ceux qu’on nomma les Magdaléniens. Cette terre témoigne partout du mélange : l’église romane de Bussière-Badil, enrichie entre le XIIe et le XVe siècle, est marquée par l’influence limousine. La chapelle Saint-Robert présente, quant à elle, une façade Saintongeaise du XIIe siècle. Jardin des arts à Nontron L’empreinte des luttes pour le pouvoir dans ce pays reste visible ; la tour impressionnante de Piégut est le vestige d’une place forte assiégée par Richard Cœur de Lion. Le château de Jumilhac, datant de la fin du gothique, est encore une trace de la croisée des chemins qu’est le Nontronnais. Quant au château de Mareuil datant du XVe siècle, il fut le siège d’une des quatre baronnies du Périgord. A Varaignes, vous trouverez les origines de la pantoufle charentaise et pourrez visiter l’atelier-musée des tisserands. Les nombreuses forges attestent que dès le XVIe siècle cette région industrieuse fut l’un des premiers centres sidérurgiques du royaume de France. Le Couteau de Nontron, au manche de buis gravé, est un des joyaux de l’habileté minutieuse des artisans du PérigordLimousin et sa réputation dépasse largement les frontières du département. La ville-capitale, Nontron, est dominée par un château à flanc de colline ; elle offre aux promeneurs le Jardin des arts, enchanteur et même insolite. Fidèle à son passé industriel et artisanal, la ville abrite depuis 2001 le pôle des métiers d’art, sorte de conservatoire destiné à protéger et à transmettre cette tradition ancestrale du savoir-faire. 8 : ■ Périgord découverte 2009 Dordogne is one of France's vastest departments. The north, where the Aquitaine sedimentary basin and the Massif central's crystalline basement converge, is where the geography and history are the most bedazzling. Nontron, the local arrondissement's chief town, stands where Charente, Limousin and Périgord meet. But its knack for overstepping administrative boundaries is not new: before the Revolution, it was at once under the rule of the Intendant of Guyenne and of the Diocese of Limoges. The Parc Naturel Régional Périgord-Limousin was founded in 1998. It spans the north of Dordogne and the south of neighbouring Haute-Vienne, and showcases the full breadth and wealth that the land we call Périgord Vert (Green Périgord) conceals. The lakes in Busserolles, Saint-Estèphe and Saint-SaudLacoussière feature a number of leisure attractions. Not far from there, the dam in Miallet was built to contain a lake that feeds the Dronne whenever a drought comes around. Upper-Palaeolithic hunter-gatherers have left us remarkable engravings in Teyjat, and the nearby museum showcases daily life in Magdalenian days. Everything about this land is a statement about cross- fertilisation : the roman church in Bussière-Badil was enhanced in the 12th and 15th centuries and bears the hallmarks of Limousin influence. Saint-Robert chapel, for its part, features a 12th-century Saintonge-style façade. Château Les Bernardières You can still see the signs of the struggles for power that tore this land apart: the imposing tower in Piégut is practically all there is left of a fort that Richard the Lionheart besieged. Jumilhac, a late-gothic château, still bears the hallmarks of the Nontron region's crossfertilisation. The 15th-century château in Mareuil, on its part, was the seat of one of Périgord's four baronies. Varaignes is where Charentes' distinctive pantoufles (slippers) come from, and home to the Atelier-Musée des Tisserands (weavers' museum and workshop). The many forges sprinkled around this area show that it was one of the Kingdom of France's foremost ironworking centres as early as the 16th century. The Couteau de Nontron, the knives with engraved boxwood handles you see here, encapsulate the fine skills of Périgord and Limousin craftsmen, and have earned them an outstanding reputation far beyond this region's borders. The capital, Nontron, is nestled under a hillside château. The Jardin des Arts, an amazing and original garden, is one of that city's highlights. This city's craft and manufacturing heritage prompted authorities to build the Pôle des Métiers d’Art, an institute charged with protecting and transmitting its ancestral skills, in 2001. Périgord découverte 2009 Château de Jumilhac ■ :9 n UN PAYS, DES UNIVERS Pont sur la Dronne dans le village de Bourdeilles Au Pays des Gentilshommes In the land of Gentlemen, Val de Dronne Les Dames Galantes VAL DE DRONNE Les Dames Galantes Brantôme Périgueux Bergerac Sarlat 10 : ■ Périgord découverte 2009 Dans la vallée qui s’étend entre la Dronne et son affluent la Côle, la douceur de vivre semble enfin avoir pris le pas sur les guerres, les batailles et les larmes. Dans cet Eden retrouvé, les seigneurs belliqueux de jadis se sont métamorphosés en gentilshommes amoureux des belles choses, des arts et du raffinement. Les Brantôme - Abbaye et clocher châteaux ont des airs de Chambord ou d’Amboise. Le calme apaisant de l’eau omniprésente incite à la nonchalance, à la rêverie, à la poésie et à l’amour. Désormais, pour les seigneurs et pour les autres, l’atmosphère sera plus libertine que militaire et les conquêtes seront le plus souvent féminines. Quand la Dronne et la Côle se sont retrouvées, comme un couple d’amoureux séparés et transis, il suffit de quelques coups de rames dans le sens du courant pour rejoindre Brantôme, la Venise du Périgord. Propice aux escapades romantiques, tout y est : le pont coudé pour méditer devant le jardin des moines, l’abbaye et son clocher pour songer au Ciel. Sous le nom de plume de Brantôme, transparent comme l’eau qui enlace tendrement la ville dont il était l’abbé, c'est-à-dire le seigneur et l’homme du pouvoir, Pierre de Bourdeilles, espion de la régente, fut l’auteur du premier ouvrage libertin de la littérature française : « Les Dames galantes ». Bien que sulfureux, interdit et condamné par l’église, ce doux brûlot n’en a pas moins traversé les siècles ; gage de l’intérêt durable qu’il a suscité. A quelques minutes de cheval, le château de Bourdeilles abrite, malgré son donjon octogonal et martial, un logis délicat datant de la Renaissance et une collection de meubles remarquables. Saint-Jean-de-Côle En amont de la Côle, se trouve un des villages les plus envoûtants du Périgord : Saint-Jean-de-Côle. A la fois médiévale et Renaissance, comme pour signifier l’avènement de la paix et une sorte de réconciliation, l’église Saint-JeanBaptiste, joliment et modestement ornée, côtoie le château de la famille La Marthonie. Un peu plus tard, Mondot de La Marthonie fit construire à Villars le fastueux château de Puyguilhem comparable par son style et sa vocation pacifique aux châteaux de la Loire. Au passage, ne manquez pas la grotte à concrétions de Villars, d’autant plus spectaculaire qu’elle fut ornée de peintures colorées par les Hommes préhistoriques. Avant d’aller vous détendre ou vous étendre au bord de l’étang de La Jemaye, au cœur de la forêt de la Double, n’oubliez pas de faire vos provisions sur le marché du vendredi à Ribérac, la ville-carrefour de la Charente et du Périgord. Pour finir, allez à Vendoire ou GrandBrassac. Les églises à coupoles du Ribéracois achèveront d’inscrire à jamais dans vos mémoires cet inoubliable vagabondage au pays des gentilshommes, la paix retrouvée. The gentle pace of life here may suggest otherwise, but the valley sprawling from the Dronne to the Côle, one of its tributaries, has been the theatre of many a battle and untold angst. The erstwhile cantankerous warlords, however, have reformed and refined, and this land has become one of gentry fond of beauty and art. The châteaux here mirror those in Chambord and Amboise. The soothing water will lull you into that realm of nonchalant musing whence odes to life and love spring. The gentry and folk have moved on: they can revel in libertine reverie instead of the martial mood that reigned in days gone by. They are conquering no longer: they are captivating. The Dronne and Côle meet as bashful lovers reunite only a stone’s throw upstream from Brantôme, the Venise du Périgord. This town’s bending bridge overlooking the monastery gardens, and the abbey and steeple auguring heaven’s bliss make it perfect for a romantic break. Under the nom de plume of Brantôme, as transparent as the water that tenderly winds round the town of which he served as Abbott, Pierre de Bourdeilles, the Château de puyghilem Eglise du ribéracois - Festalemps regent's spy, was the author of the first libertine publication in French literature : "Les Dames galantes" (The Courtesans). Although considered heretical and forbidden and condemned by the church, this gentle attack has nevertheless survived the centuries, a reflection of the enduring interest it holds. Château de Bourdeilles is a short horseback ride away. The bellicose octagonal keep is a bit of a misfit : this fine Renaissance home’s real hallmark is its remarkable furniture. Back up the Côle, you will find one of Perigord’s most breathtaking villages : Saint-Jean de Côle. The Middle Ages and the Renaissance intertwine in Saint-Jean Baptiste, its tastefully and modestly decorated church (and a statement about peace and reconciliation in itself). The comely château next door belonged to the La Marthonie family. Mondot de La Marthonie later built Puyguilhem, a sumptuous château in Villars. Its style and peaceful purpose rank it on a par with the Loire valley châteaux. Don’t miss the nearby concretion limestone cave. Nature’s work there is astounding by itself. But the colourful prehistoric paintings make it one attraction you won’t want to miss. Before you go for a stroll or a stretch by La Jemaye, a lake nestled in La Double forest, remember to stock up at the Friday market in Ribérac, the city where Charente and Périgord meet. The perfect way to end your stay would be a trip to Vendoire or Grand-Brassac. The churches and quintessential Ribérac-style domes there will round off a journey through this gentle, peaceful and soothing land you will remember for years to come. Périgord découverte 2009 ■ : 11 n UN PAYS, DES UNIVERS Château et village de Hautefort Les ressources de l’eau vive Living Waters, The Isle and the Auvezere A human hand ISLE ET AUVÉZÈRE La main de l’Homme Brantôme Périgueux Bergerac Sarlat L’Auvézère est la sœur jumelle de l’Isle qu’elle rejoint à quelques kilomètres de Périgueux. Née à la frontière de la Corrèze, non loin de Pompadour, elle est une des voies qui mènent au cœur du Périgord. Un chemin parallèle, presque buissonnier. Elle a favorisé l’épanouissement des industries naissantes et la métamorphose progressive et harmonieuse de la vie quotidienne. Papeterie sur l’Auvézère - Vaux Si le Périgord est principalement connu pour ses trésors préhistoriques, la vallée de l’Auvézère est en quelque sorte sa face cachée. Elle témoigne de l’éternelle et farouche volonté des Hommes de tirer parti des ressources de leur environnement ; de l’énergie hydraulique naissante au travail du métal, de l’agriculture à l’élevage, ils furent dans ce pays les dignes héritiers de ceux qui les avaient précédés. Avant que l’on exploite la houille, puis la vapeur au milieu du XIXe siècle, c’est l’eau qui permit le progrès technique et l’industrie rurale. Bien que transformée au fil des siècles, c’est en 1521 que fut construite la forge et le haut-fourneau de Savignac-Lédrier ; le sentier de la forge, avec la cantine, le bocard et bien sûr le château du maître de forge vous feront revivre l’aube des Hommes du fer. Plus modestement, le pays d’Ans, offre un aspect bucolique. A Badefols ou Saint-Eulalie d’Ans, les petits murets, les cabanes de bergers qu’on nomme « bories » bordent les chemins de randonnée. C’est à ces constructions de pierres calcaires que ce pays doit le nom de Périgord blanc. 12 : ■ Périgord découverte 2009 Borie Entouré de jardins à la française et dominant les environs, trône l’imposant château de Hautefort dont le troubadour Bertran de Born, né en 1140, fut le seigneur. Bien que poète autodidacte, il fit la guerre contre tous ses voisins et même contre son frère Constantin avant d’être le chantre de l’amour courtois, attaché notamment au service de Richard Cœur de Lion. Plus insolite encore, l’ancien hospice du château est devenu l’unique musée d’Aquitaine consacré à l’histoire de la médecine. En suivant la Loue, confluent de l’Auvézère, rejoignez Lanouaille où l’on célèbre le fruit défendu à la Maison de la pomme d’or ; à proximité, le plan d’eau de Rouffiac propose des jeux aquatiques dont le plus surprenant, dans ce pays de la terre, est le téléski nautique. A Excideuil, depuis les remparts du XIe siècle, vous aurez pris plaisir à contempler les panoramas de la vallée avant de flâner, guidés par les pavés, dans ce village riche de belles maisons Renaissance. Plus au nord, à Thiviers, vous trouverez sur les marchés traditionnels de voluptueuses volailles. Sur la route de Périgueux, avant de rejoindre l’Isle, faites une pause à l’Ecomusée de la truffe de Sorges et découvrez les mille manières d’accommoder le diamant noir qui, sans la main du cuisinier, ne serait resté qu’un champignon rare. The Auvézère and her twin sister the Isle meet a few miles from Perigueux. The Auvézère comes from the Corrèze border, not far from Pompadour, and will lead you deep into Perigord’s soul. It has an unmistakable back-street and elfin feel about it. It helped budding industry thrive, and led daily life through gradual and gentle changes. Périgord’s prehistoric attractions possibly overshadow other treasures. The Auvézère is its best-kept secret. It is a statement about humankind’s dogged determination to harness the environment’s resources. The men and women who have worked to harness hydraulic power, work metal, farm the land and breed livestock are the worthy heirs of the ones who went before them. Before the 19th century brought steam – and indeed even before coal – technical progress and rural industries hinged on water. The blast furnace and forge in Savignac-Lédrier have changed a lot since they were built in 1521. The sentier de la forge (forge trail) will take you around the canteen, melting mill, and of course the iron master’s château – and back in the steps of the men who saw the iron age dawn. Nearby Ans is more modest and bucolic. Countless quaint low walls and bories (shepherds' huts) skirt the hiking trails through Badefols and Saint-Eulalie d’Ans. Marché de Thiviers Moulin sur L’Auvézère au Change As an aside, the white limestone here gave Périgord Blanc (White Périgord) its name. The imposing castle nestled in formal gardens and towering over the surroundings is Château de Hautefort. Bertran, a troubadour born in 1140, was its lord and master. This self-taught poet perchance incongruously waged war on all his neighbours (his brother Constantin included) before becoming the bard who sang of courtly love – in the service of Richard the Lionheart, inter alia. But the highlight here is no doubt the château hospice, which now houses the only museum of medical history in Aquitaine. Further along the Loue, another one of the Auvézère river’s tributaries, you will find Lanouaille and its Maison de la Pomme d’Or, a tribute to the forbidden fruit. Rouffiac, a nearby lake, features a choice of water attractions – including an amazing water-ski tow. Excideuil’s 9th century ramparts look out onto splendid views across the valley and conceal cobblestone alleys flanked by handsome renaissance homes providing the perfect backdrop for a stuff-dreams-are-made-of leisurely stroll. If you head north, don’t miss Thiviers’s traditional market and its voluptuous poultry. Before you reach the Isle on the road up to Périgueux, remember to stop at the Ecomusée de la Truffe (Truffle Ecomuseum) in Sorges. You will find out about the countless ways of preparing these black gems which – failing a cook’s able hand – would be nothing more than rare mushrooms. Périgord découverte 2009 ■ : 13 n UN PAYS, DES UNIVERS Périgueux : coupoles de la Cathédrale St-Front et maisons médiévales De capitale en capitale VALLÉE DE L’ISLE Nos ancêtres, les Gallo-Romains Brantôme Périgueux Bergerac Sarlat Cathédrale Saint-Front - Périgueux La ville de Périgueux, capitale du Périgord, remonte à la plus haute antiquité ; elle n'a pas traversé les âges, ce sont les époques qui l'ont traversée. Des Gallo-Romains aux bourgeois du Puy-Saint-Front, la « vieille ville » de Périgueux est une cité de la trace, du mélange et de la mémoire. Autour de la cathédrale SaintFront, mi-byzantine, mi-romane, restaurée par l’architecte Abadie qui s’en inspira largement lorsqu’on lui confia la conception du SacréCœur de Paris, on découvre à chaque pas des maisons du Moyen Âge ou bien les portes ornées des hôtels particuliers qui abritent de somptueux escaliers, parfois tortueux mais splendides, propres à la Renaissance. Depuis toujours, l'Homme a su que pour vivre et communiquer, il fallait un cours d'eau à proximité. A Périgueux coule une rivière et c'est aux abords de l'Isle que s'est construite la ville qui, comme Rome, est entourée de sept collines. Si, 16 ans avant Jésus-Christ, la tribu gauloise des Pétrocore a élu domicile au bas de la ville, elle fut vite rejointe par les Romains qui fondèrent Vesunna. Ce village devint une cité dominée par la tour de Vésone du haut de laquelle 20 siècles nous contemplent. Ce qui aujourd'hui est le quartier Gallo-Romain abrite depuis peu le musée Vesunna où l'on peut contempler les vestiges d'une grande demeure de l'époque et imaginer le mode de vie de nos ancêtres les Gallo-Romains. Il fut conçu par Jean Nouvel à qui l'on doit également l'Institut du monde arabe et plus récemment le Musée des arts premiers du Quai Branly, tous deux à Paris. 14 : ■ Périgord découverte 2009 L'Isle est naturellement devenue la voie d'accès menant à Bordeaux et à l'Océan Atlantique, ce qui permettait de transporter les matières premières ou le produit des manufactures qui se sont développées le long de cette vallée. Si, d'aventure, vous suivez le cours de l’eau, vous découvrirez en aval, tout d'abord Saint-Astier qui possède une église romane, rebâtie autour d'une ancienne crypte et quelques maisons à colombages sauvegardées ; puis à Neuvic-sur-l'Isle, vous pourrez visiter un des mille châteaux du département où se mêlent le moyen-âge et les premiers signes de la Renaissance en Périgord ; un jardin botanique présente des centaines d’espèces et de variétés de plantes témoignant de la rencontre éternelle de l’Homme avec la nature. A Mussidan, le Musée des arts et traditions populaires restitue fidèlement l'habitat traditionnel de la région. Avant Montpon, point de départ du « chemin des orgues », vous pourrez commencer une balade en gabarre - longue barque rudimentaire servant au transport des marchandises – au Moulin de Duellas de Saint-Martiald'Artenset. Sur le chemin du retour à Périgueux, en empruntant la RD3 plutôt que les axes habituels, vous longerez la forêt de la Double qui abrite la ferme préservée du Parcot, où vous imaginerez la vie quotidienne des paysans. A l’approche de Périgueux, allez donc admirer l'Abbaye de Chancelade. Une fois revenu dans la capitale du Périgord, non loin de l’église de la cité, le musée du trompe-l’œil, unique en Europe, vous montrera à quel point il faut se méfier des apparences. Pour la bonne bouche et le dessert, dirigez vous 20 km au sud, à Vergt, pays de la fraise, Gariguettes et autres Mara des bois. From capital to capital, The isle valley Our ancestors, the Gallo-Romans Périgueux, Périgord's capital, dates back to the dawn of antiquity. Time stands still there, but history has left its marks. The old part of Périgueux is brimming with vestiges from the Gallo-Romans days all the way up to the Puy-Saint-Front bourgeoisie. It is also teeming with signs of cross-fertilisation and memories. Saint-Front Cathedral is half Byzantine and half Roman. It was restored by Paul Abadie, an architect, and indeed gave him a number of ideas he used when he designed Sacré-C?ur in Paris. Around it, you will find countless medieval homes, and ornate townhouse doors concealing often tortuous but nonetheless splendid staircases dating back to – and encapsulating the spirit of – the Renaissance. People have always settled near waterways. Périgueux sprang up on the banks of the River Isle and is nestled among seven hills (not unlike Rome). The Petrocorii tribe settled in the lower part of town back in Gallic days (whence the name Pétrocoriens, which means "inhabitants of Périgueux", derives). The Romans then joined them and founded Vesunna. Its Vésone Tower looks out onto 20 centuries of history. That part of town is the Quartier Saint-Astier Etang dans la Double Gallo-Romain today. The Vesunna museum featuring the vestiges of a Gallo-Roman home and providing insights into daily life in that period, opened there recently. It was designed by Jean Nouvel – who also designed the Institut du Monde Arabe and, more recently, the Quai Branly Musée des Arts Premiers, two Parisian milestones. The River Isle naturally provided the link between Bordeaux and the Atlantic Ocean, for the raw materials and finished goods from around the valley. Downstream, you will find Saint-Astier, a village with a Romanesque church rebuilt around an old crypt, and a handful or preserved half-timbered houses. Further on, you will find Neuvic-sur-l'Isle, one of the department's thousand châteaux blending Périgord's medieval and early-renaissance style, and a botanical garden featuring hundreds of plant varieties. The Musée des Arts et Traditions Populaires in Mussidan provides a faithful reconstruction of this region's typical homes. Before you get to Montpon, where the Chemin des Orgues (Organ Trail) begins, you can stop at the Moulin de Duellas in Saint-Martial-d'Artenset for a ride in a gabare – a long rudimentary cargo vessel. If you take Departmental Route 3 – rather than the fast track – back to Périgueux, you will skirt La Double forest. There, you will find a sheltered farm, Parcot, and a firsthand glimpse at a peasant family's daily life. And don't miss the Abbaye de Chancelade just outside town. Back in Périgord's capital, not far from the city church, you will find Europe's only Musée du Trompel’œil – and proof that appearances are deceptive. And, if you enjoy dessert treats, drive 20 km south to Vergt, the land of strawberries, for a taste of the gariguette and mara des bois varieties. Périgord découverte 2009 ■ : 15 n UN PAYS, DES UNIVERS Village troglodytique de la Madeleine à Tursac - la chapelle La vallée de l'Homme VALLÉE DE LA VÉZÈRE Le pays de l’âme Brantôme Périgueux Bergerac Sarlat 16 : ■ Périgord découverte 2009 La vallée de la Vézère est un lieu magique. C'est sans doute pour ça que l'instinct de l'Homme l'a fait s'y installer il y a 400 000 ans et y demeurer jusqu'à aujourd'hui. Autour de cette rivière capricieuse, parfois tumultueuse, qui serpente entre de gigantesques falaises, se trouvent réunis les plus illustres et La Roque Saint-Christophe à Peyzac-Le-Moustier les plus impressionnants sites préhistoriques. Cette vallée, inscrite au patrimoine mondial de l'Humanité par l'UNESCO pour les trésors artistiques qu'elle abrite mérite un séjour prolongé. Située sur la commune de Montignac et découverte par hasard en 1940, par quatre bambins (grâce à leur chien Robot), la majestueuse grotte ornée de Lascaux. L'abbé Breuil, un des pionniers de cette science nouvelle consacrée à l'étude des origines de l'Homme, la baptisa, si l'on peut dire, “ La chapelle Sixtine de la préhistoire “ tant il fut ébloui par les fresques et l’harmonie du lieu. Si la grotte originale, par souci de préserver ce trésor de l'art pariétal, n'est plus ouverte au public, une réplique fidèle (fac- similé) fut réalisée dans les années 80 et permet au visiteur de s'émouvoir à son tour du talent de nos lointains et si proches aïeux. Au fil de la Vézère, dans la commune des Eyzies, 400 millénaires d’histoire humaine sont retracés au Musée national de préhistoire. Encastré dans la falaise, il permet de découvrir l'une des plus complètes collections d'objets préhistoriques, datant principalement du paléolithique. Poursuivez vos pas jusqu’à l'abri Pataud. Sur l’autre rive, comme des archéologues émerveillés, découvrez les gisements de Laugerie-Basse, Laugerie-Haute et l’Abri du poisson. Dissimulé dans la pierre, le Grand-Roc est une grotte où le temps a donné ses cristallisations les plus magiques : stalactites, stalagmites, aragonites, fistuleuses… Dans le village, pénétrez dans les grottes de Combarelles ou de Font-de-Gaume puis, en vagabondant au milieu des forêts de châtaigniers et de chênes verts, vous dénicherez l’Abri de Cap-Blanc orné de bas-reliefs représentant des chevaux. Dans cette vallée où l'Homme, depuis qu'il l'a découverte, n'a cessé d'élire domicile, cette vallée où le temps n'existe plus, on peut s'attarder par exemple dans le village du Moustier (monastère en langue occitane) où trône le fort troglodytique de la RoqueSaint-Christophe protégé par une falaise. A Tursac, l'abri de la Madeleine qui donna son nom à la période magdalénienne est surmonté de vestiges fascinants d’un village médiéval. A Sergeac, les abris de Castel-Merle valent encore un détour, tout comme la grotte des cents mammouths de Rouffignac. Les parcs à thèmes du Roc de Cazelle des Eyzies, du Thot à Thonac ou le Préhisto-parc de Tursac proposent une approche plus ludique de cette période. A Audrix, le Gouffre de Proumeyssac, spectaculairement mis en lumière, est encore un cadeau de la nature fait à l’Humanité ; au Bugue-sur-Vézère, le village du Bournat (ruche en occitan) évoque le Périgord de nos grand-pères ; citons encore l’Aquarium du Périgord noir qui vous plongera au beau milieu de la faune aquatique de nos rivières. La rencontre majestueuse de la Vézère et de la Dordogne se fera à Limeuil. Bien en amont, à la limite de la Corrèze, à Terrasson, ne manquez pas la vieille ville magnifiquement mise en valeur et les jardins de l'Imaginaire, lieu onirique et mouvant, idéal pour méditer sur cette balade au long de la Vézère. Le dernier mot revient à l'écrivain Eugène Le Roy, l'auteur de « Jacquou le croquant » dont une des maximes résume si bien l'atmosphère de cette vallée de l'Homme, de ce pays de l'âme : « Le secret du bonheur, c'est de trouver sa juste place ». Les Eyzies-de-Tayac Valley of humankind, Vezere river valley The soul’s country The Vézère river valley is a magical place. That is no doubt what drew men and women to settle there 400,000 years ago – and what has kept them there ever since. Around this whimsical and on occasion unruly river meandering through gargantuan cliffs you will find a few of the best-known and most amazing prehistoric sites you will ever see. This valley is listed UNESCO heritage and the artistic treasures it holds in store warrant more than a short stopover. Lascaux, a majestic cave concealing painted galleries in Montignac, was discovered pretty much by accident in 1940, by four young lads (thanks to Robot, their dog). Father Breuil, an abbot and one of the men who laid the early foundations of the science of humankind’s origins, nicknamed it Prehistory’s Sistine Chapel when he saw the amazing frescoes and all-round harmony pervading the place. The original cave has been closed to the public in order to preserve the cave-art treasures it holds, but the faithful replica (facsimile) built in the 1980s has captured the talent of our so near and yet so far ancestors. And still moves visitors. You will find 400 millennia of human history in the Musée National de Préhistoire (National Prehistory Museum) in Eyzies, further down the Vézère. This museum was built into the cliff and features one of the most comprehensive collections of prehistoric artefacts (from the Palaeolithic, mainly) you will ever see. You can walk to the Abri Pataud, a Cro-Magnon site, from there. On the opposite bank, you can stand where the archaeologists first marvelled at LaugerieBasse, Laugerie-Haute, Abri du Poisson and other treasures. Time has carved magical crystal stalactites, stalagmites, aragonites, hollows and other formations in the Grand-Roc, a cave concealed in the stone. Back in the village, you can walk into Combarelles and Font-deGaume, two caves, and then Château de Losse à Thonac through the chestnut-tree and green-oak forest to Abri de Cap-Blanc, a shelter featuring bas-reliefs depicting horses. Time stands still in this valley which people have never left. So you can take your time, for example, in the village of Moustier (Occitan for 'monastery') and experience Roque-Saint-Christophe, a troglodyte fort shielded by a cliff. The Magdalenian period was named after the Abri de la Madeleine in Tursac, a town standing under fascinating vestiges of a medieval village. Castel-Merle in Sergeac and Grotte des Cents Mammouths in Rouffignac are two other sites you won’t want to miss. Three theme parks, Roc de Cazelle in Eyzies, Thot in Thonac and the Préhisto-Parc in Tursac provide a lighterhearted angle on prehistory. Gouffre de Proumeyssac, a cave in Audrix, is another of nature’s gifts to humankind – and a spectacular sight when it is lit up. Bournat, a village in Bugue-sur-Vézère (Bournat is Occitan for 'hive') is another highlight you won’t want to miss if you want to experience bygone-day Périgord. The Aquarium du Périgord Noir provides a firsthand view of the fish and wildlife in our rivers. The Vézère and Dordogne rivers meet in Limeuil, another spectacular site. Upstream, right by the border with neighbouring Corrèze, don’t miss Terrasson and its splendidly-kept old town and Jardins de l’Imaginaire if you fancy a touching, stuff-dreams-are-made-of stroll along the Vézère river banks. Eugène Le Roy, the author of Jacquou le Croquant, condensed the atmosphere you will find in this his valley of man and country of the soul : "Le secret du bonheur, c’est de trouver sa juste place" ("Happiness is finding the place where you belong"). Périgord découverte 2009 ■ : 17 n UN PAYS, DES UNIVERS Tour du château de Beynac - Vues sur les châteaux de Fayrac et Castelnaud Château de Castelnaud Le pays des châteaux VALLÉE DE LA DORDOGNE Les joyaux du Périgord noir Brantôme Périgueux Bergerac Sarlat 18 : ■ Périgord découverte 2009 Abritée par de majestueuses falaises, la vallée de la Dordogne est protégée par une forêt de chênes verts obscure et dense ; ce bijou serti dans la nature a bien mérité son nom de Périgord noir. Invitation au voyage dans un passé riche, tumultueux, cette vallée est préservée, comme intacte. Les châteaux, les villages, les bastides ressemblent à des nids d’aigles où les seigneurs du temps se sont mis à Cité médiévale de Sarlat l’abri des soubresauts de l’histoire. Les pierres, les arbres, les cours d’eau semblent s’être naturellement mis au diapason, au service de l’émotion et de la grandeur. Le centre de ce triangle d’or est sans conteste Sarlat où la maison natale d’Etienne de la Boëtie, le maître et l’ami de Montaigne, veille à ce que l’esprit habite à jamais ce paradis ocre. Sarlat est une ville où le promeneur n’aura aucun mal, le temps de quelques pas sur les rues pavées, à se prendre pour un prince. Les hôtels particuliers, l’Hôtel Plamon, l’Hôtel de Vienne portent si bien leur nom qu’ils donnent l’impression de nous attendre depuis toujours. A mi-chemin de Sarlat et de Bergerac, la Dordogne nous offre une facétie d’une rareté délicieuse : le cingle de Trémolat dont on peut saisir la beauté captivante depuis le belvédère. Au sud, à quelques lieues de la rivière, le village de Belvès, lui aussi haut-perché, fut bâti sur un éperon rocheux où les Hommes ont tout de même laissé de magnifiques demeures gothiques ou Renaissance. En repassant sur l’autre rive, à deux pas du village de Vézac, une nouvelle émotion vous attend : les jardins suspendus de Marqueyssac. Dans ce décor plein de quiétude aujourd’hui, la guerre de cent ans fit pourtant rage ; de chaque côté de la rivière, deux châteaux impressionnants, écrasants et augustes, se font face et se défient pour l’éternité. Dominant un à-pic de 70 mètres, le donjon du château de Beynac que l’on vit souvent dans les films de capes et d’épées ; face à lui, le château de Castelnaud où se trouve le musée de la guerre médiévale : armures, masses d’armes, boucliers et cote de maille n’attendent plus que vous ! Bien plus pacifique, le château des Milandes, dont Joséphine Baker fit l’acquisition après la seconde guerre mondiale, abrita ses douze enfants adoptifs. Aux limites du Lot, un autre personnage, Fénelon, François de Salignac de la MotheFénelon, écrivain et théologien sous le règne du Roi Soleil, élut domicile en son château à Sainte-Mondane. Plus au nord, le manoir d’Eyrignac restitue les jardins tels qu’ils étaient au XVIIIe siècle. En rejoignant la Dordogne, tout au bord de l’eau, La Roque-Gageac est un invraisemblable village traditionnel blotti contre la falaise ; il appartient au club très fermé des plus beaux villages de France. Enfin, nichée depuis 1281 au sommet de ce triangle d’or et surplombant la rivière, la Village de La Roque-Gageac bastide de Domme fut érigée par le roi de France contre les prétentions anglaises. Elle fut utilisée comme geôle pour quelques templiers qui y laissèrent des inscriptions vengeresses. En 1939, avant de partir pour la mer Egée et la Grèce, l’écrivain Henri Miller fut subjugué par la majesté du lieu. Il écrivit dans « le colosse de Maroussi », récit de ce voyage, une phrase lyrique aux accents prophétiques : « Il se peut qu’un jour, la France cesse d’exister mais le Périgord survivra, tout comme les rêves dont se nourrit l’âme humaine ». Châteaux country, The Dordogne Valley The jewels in Périgord Noir's crown The Dordogne river valley is sheltered amid majestic cliffs and nestled in the thick dark green-oak forest that gave this area its Périgord Noir (Black Périgord) nickname. This unspoilt valley will beckon you on to a journey back in time through its rich and turbulent past. The châteaux, villages and fortified towns stand as eagle nests where erstwhile lords sought refuge from their day's tumult. There is something touching and grand about the stones, trees, streams and rivers as well. The golden triangle's centre is without a doubt Sarlat, home to the birthplace museum of Montaigne's mentor and friend Etienne de la Boëtie. And his spirit lives on in this ochre paradise. There is something princely about a stroll around Sarlat's cobblestone streets. You will get the feeling that Hôtel Plamon and Hôtel de Vienne, two townhouses, have been waiting for you through the centuries. The Dordogne is half way between Sarlat and Bergerac – and deliciously facetious. The view from Cingle de Trémolat, a lookout, is enthralling. If you head south, you will find Belvès, another village perched high on the hillside, only a few miles from the river. That village was built on a rocky ridge and is brimming with magnificent gothic and renaissance homes. Across the river and a stone's throw from Vézac, another village, you will find another heart-stopping attraction: the Jardins Suspendus de Marqueyssac (Marqueyssac hanging gardens). But don't let the soothing backdrop fool you: the Hundred Years' War tore this area apart: the two august and imposing châteaux on either side of the river have been and will be defying each other for centuries. Château de Beynac's keep towers 70 metres over a sheer drop – and has provided the sets for many a medieval film. Facing it is Château de Castelnaud, home to the Musée de la Guerre Médiévale (Medieval War Museum) and its collection of armours, maces, shields and chain mail. Château des Milandes served a more peaceful purpose : Josephine Baker bought it after World War II to house the twelve children she adopted. Fénelon (or François de Salignac de la Mothe-Fénelon), a writer and theologian in the service of Louis XIV, took up residence in his château in Sainte-Mondane, on the border with neighbouring Lot. The gardens nestling Manoir d’Eyrignac further north have been restored to look exactly like they did in the 18th century. Back on the Dordogne river banks, you will find La Roque-Gageac, an unlikely village nestled by a cliff – and one of the select few Plus Beaux Villages de France (France's most stunning villages). Last but not least, don't miss Domme, a fortified town erected by the French king to counter English advances in 1281, on the heights of this golden triangle and jutting out over the river. It was also used as a dungeon for a handful of knights templar who left vengeful inscriptions. This majestic area captivated Henry Miller in 1939, just before he headed for the Aegean Sea and Greece. He wrote about it in Colossus of Maroussi, his book about that trip. One poetic - and indeed perchance prophetic - line reads : It may be that one day France ceases existing, but the Périgord will survive, just like the dreams, whence is nourished the human heart. Périgord découverte 2009 ■ : 19 n UN PAYS, DES UNIVERS Bastide médiévale de Monpazier Le temps du renouveau PAYS DES BASTIDES Une révolution économique Brantôme Périgueux Bergerac Sarlat 20 : ■ Périgord découverte 2009 Le Moyen Âge fut une époque où la France était une sorte de puzzle en construction ; un ensemble de territoires que se disputaient, souvent par l’épée, les seigneurs de guerre. Chacun cherchait pour agrandir sa zone d’influence, accroître son pouvoir, à conquérir une province. C’est dans le sud du département que l’on trouve les bastides. Cette partie du pays voyait naître alors des villes neuves. Village et Abbaye de Cadouin Par leur architecture et leur organisation politique, libérale avant l’heure, le commerce y était favorisé pour attirer les populations rurales qui assuraient le peuplement et l’enrichissement de la cité dont ils bénéficiaient aussi. Certaines de ces villes nouvelles avaient même le privilège de battre leur propre monnaie. Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, les rois d’Angleterre se rendirent maîtres de l’Aquitaine et fondèrent alors nombre de ces villes fortes et surtout prospères. La plus caractéristique et la plus admirable de ces bastides est Monpazier, fondée par Edouard 1er en 1284. Le pourtour de la place centrale est une galerie d’arcades donnant sur le rez-de-chaussée. Les maisons, accolées les unes aux autres et de dimensions identiques, octroyées aux nouveaux arrivants pour installer leurs échoppes et leurs habitations, sont une caractéristique de cette nouvelle donne économique volontariste. Les rues à angle droit composent un quadrillage régulier et mènent aux portes de la ville, protégées par des tours. Dans la plupart des bastides, le droit était différent du reste du pays. Le Consul, par exemple, était contrôlé par la population et se devait en retour d’assurer efficacement la protection des habitants. Faut-il y voir une influence anglaise ? Château de Biron A sept kilomètres au sud de Monpazier, le château de Biron, situé à la frontière du Lotet-Garonne, fut le siège d’une des quatre baronnies du Périgord. Les constructions que l’on peut y admirer témoignent des époques que la ville a traversées ; son donjon du XIIe siècle, dominant l’ensemble de la région, s’intègre harmonieusement aux corps de logis du XVème et à la chapelle du XVIème qui protège un tombeau sculpté considéré comme un chef-d’œuvre de la Renaissance française. Rattachée à la couronne d’Angleterre, jusqu’en 1442, la bastide de Beaumonddu-Périgord garde dans son architecture rectiligne la marque de l’influence anglaise. Non loin de là, vous découvrirez Issigeac et le Château des évêques du XVIIe siècle, où siège aujourd’hui la mairie. A Saint-Avit-Sénieur, l’église fortifiée témoigne de l’âpreté de ces temps de conquête et de révolution économique. Sur la vallée du Dropt, à Eymet, goûtez au charme nonchalant et à la sérénité d’une cité médiévale préservée. Un peu plus au nord, Cadouin, village natal du cinéaste Louis Delluc, abrite une abbaye cistercienne ; son cloître est orné de sculptures du XVe siècle représentant des scènes bibliques mais, plus insolite encore, quelques scènes satiriques et même franchement rabelaisiennes. A quelques enjambées, au Buisson-deCadouin, les grottes de Maxange prouvent à quel point la nature peut faire preuve de fantaisie ; cette cavité recèle des concrétions dont la rareté tient à leurs contours excentriques, dignes des artistes les plus imaginatifs. Et si le cheval reste la plus noble conquête de l’Homme, on sait que le plaisir de bien manger est un des privilèges du pays. A l’extrême sud du département, Villefranche-du-Périgord, lors de la saison des cèpes, fait de sa halle couverte le haut-lieu des amateurs de champignons. Times of revival, A land of fortified towns An economic revolution Medieval France looked somewhat like an unfinished puzzle. It was a sprinkling of scattered territories over which warlords waged war in the hope of extending their sphere of influence, and thereby growing stronger and richer. The goal, of course, was to subdue an entire province. The bastides or fortified towns are found in the south of the department, a part of the country that would have witnessed the emergence of new towns. The Hundred Years' War clashes in the south of this department were the fiercest – and that is predictably where you will find most of the bastides. These towns were ahead of their time by way of their architecture and political organisation. Here, trade was fostered to attract people from the country, who helped to increase the population and wealth of a city from which they also benefited. Some of these new towns were even privileged enough to mint their own coins. In the second half of the 13th century, the English monarchs took control over Aquitaine and built many fortified and above all prosperous towns that still stand today. This area's most distinctive and remarkable fortified town is Monpazier, which Edward I built in 1284. The arches around the main square look out onto rows of terraced houses, which used to be shops. All identical in size, these houses were granted to new arrivals as workshops and homes and marked an important stage in society's pursuit of a new economic order. The streets are straight, the blocks are square, and the towers at the end overlook the city gates. Does this remind you of anything ? Most fortified towns had their own rules and regulations. The Consul, for example, was answerable to the people and expected to protect them. Biron château stands seven kilometres south of Monpazier, on the border with neighbouring Lot et Garonne. It was the seat of one of Périgord's four baronies. The stunning buildings you can see there today have a story to tell : the 12th-century keep overlooking the whole area blends gracefully into the 15th-century main building and the 16th-century chapel, which conceals a sculpted tomb that has come to be regarded as one of the French Renaissance's masterpieces. Beaumont-du-Périgord is shaped like an H, in honour of Henry III and was under the Crown of England until 1442. Issigeac, a stone's throw from there, is home to the 17th-century Château des Evêques (Bishops' Palace) which houses the town hall today. The fortified church in St-Avit-Sénieur also bears witness to the fierce clashes and economic revolution that once took place in this area. Eymet, in the Dropt river valley, is a hushed and beautifully-kept medieval town you will love if you enjoy quiet, unhurried strolls. Cadouin, the village where French film director Louis Delluc was born, is a little further north. One of the highlights there is the Cistercian abbey.The 15thcentury sculptures in the cloister depict scenes from the bible – and, less predictably, a handful of satirical and indeed downright Rabelaisian scenes. The Grottes de Maxange (Maxange caves) in nearby Buisson-de-Cadouin are proof that nature can have an artist's touch : many an artist would envy the eccentric contours that nature drew on that cave's walls.If horses are the noblest conquest man ever Village médiéval d’Issigeac made, fine food arguably comes a close second – at least in this area. Villefranchedu-Périgord is as far south as you can go in this department, and home to the indoor market that mushroom lovers flock to from near and far when the porcini mushroom season comes around. Périgord découverte 2009 ■ : 21 n UN PAYS, DES UNIVERS La Dordogne à Bergerac ques lieues de là, à Sarlat. Lorsqu’il s’interrogea au sujet de cet attachement profond, il le résuma dans une formule restée célèbre : « Parce que c’était lui, parce que c’était moi ! ». Berceau de Montaigne The vineyards of Bergerac, Montaigne’s birthplace VIGNOBLE DE BERGERAC L’esprit du vin Brantôme Périgueux Bergerac Sarlat Dans le monde entier la ville de Bergerac est associée au vin. Les vignobles du Bergeracois s’étendent sur les deux rives de la Dordogne, « la rivière espérance », sur 12 000 hectares. Ils ont donné naissance à 13 Appellations d’Origine Contrôlée ; le plus réputé est le plus liquoreux : le Monbazillac. Idéal pour accompagner le foie gras, il côtoie le Montravel et la Rosette. Pour le vin rouge, c’est le Pécharmant qui reste le plus renommé. En visitant le Musée du vin et de la batellerie, vous apprendrez que dès le XIVe siècle, grâce aux gabarres qui transportaient le précieux nectar jusqu’à Bordeaux, Bergerac fut le fournisseur du royaume d’Angleterre en vin. La meilleure façon de savourer la richesse de ce terroir est encore de se rendre à la Maison des vins. Installée dans l’ancien couvent des Récollets, elle vous guidera sur « La route des vins » à la rencontre des vignerons qui, dans leur cave, cultivent et partagent l’esprit de leur vin. Bien sûr, il y a Cyrano de Bergerac, bretteur, héros gascon et querelleur. Ses aventures, imaginées par Edmond Rostand, lui doivent d’avoir tout de même sa statue en costume coloré, au centre de la ville ; manière d’en faire à titre poétique, un citoyen d’honneur digne de Bergerac. Après tout, le nez n’a-t-il pas toute sa place dans la dégustation du vin ? Dans ce sanctuaire de la vigne, l’eau n’est pas absente. Après avoir, sur les ruelles pavées, arpenté la vieille ville longée de maisons à colombages, vous trouverez inévitablement les berges de la rivière qui a donné son nom au département. A Bergerac, le lit particulièrement large de la Dordogne laisse libre cours aux passionnés d’aviron. 22 : ■ Périgord découverte 2009 Tour de Montaigne The spirit of wine Vignoble de Bergerac Une des nombreuses richesses du Bergeracois tient au grand nombre de châteaux de plaisance, comme celui de Lanquais ou de Monbazillac, dont le style Renaissance atteste de la place grandissante dans les esprits du plaisir de vivre et du raffinement face à la tradition guerrière. Au point que la forteresse médiévale de Montréal fut peu à peu transformée en lieu de villégiature. Aux confins du Bordelais, le petit village de Montcaret abrite une villa viticole où l’on fait du vin depuis l’antiquité. Cette demeure somptueuse datant des premiers siècles de notre ère abrite des trésors et notamment des mosaïques antiques remarquables. Le site fut classé dès 1926 Monument historique. Mais l’une des ombres tutélaires qui planent sur ce qu’on nomme le Périgord pourpre, c’est celle de Michel Eyquem de Montaigne, philosophe et infatigable cavalier. Et s’il fut le maire de Bordeaux, c’est dans sa demeure natale de SaintMichel de Montaigne qu’il écrivit « les essais ». Philosophe du bonheur et de la curiosité, il a toute sa place à Bergerac et dans nos cœurs. On connaît sa fidèle et légendaire amitié avec l’écrivain Etienne de La Boëtie, dont la maison natale peut être visitée à quelStatue de Cyrano à Bergerac People around the world associate Bergerac with wine. The vineyards here span 12,000 hectares across the Dordogne (the “river of hope”) and count no fewer than 13 Appellation-Contrôlée (guaranteed-origin) varieties. This area is best known for its sweetest and strongest wine, Monbazillac, which goes beautifully with foie gras and comes from an area skirting Montravel and La Rosette. This area’s best-known red wine comes from Pécharmant. When you visit the Musée du Vin et de la Batellerie (a wine and inland-shipping museum) you will find out all about the gabares that carried the treasured nectar to Bordeaux, whence it sailed to the Kingdom of England’s courts, as early on as the 14th century. The best place to enjoy this land’s full breadth of wine varieties in the Maison des Vins, a tasting experience in a bygone-day Recollect monastery. The trail there will introduce you to winemakers who nurture and share the spirit of their wines in their cellars. And, of course, there is swashbuckling cantankerous Gascon hero Cyrano de Bergerac. He may have been a figment of Edmond Rostand’s imagination, but his statue nonetheless stands proud in full garb in the town centre. After all, noses are important in wine tasting… Wine is another feature in this vineyard sanctuary. If you stroll down the old-town’s cobblestone streets among the half-timbered houses, you will invariably wind up on the banks of the river that gave this department its name. The Dordogne’s wide bed here, as an aside, makes it perfect for rowing. The Bergerac region also features countless chateaux. Lanquais and Monbazillac are two examples of this area’s resolve to enjoy life and to ease into a more sophisticated mindset as soon as medieval warring subsided. The medieval fortress in Montreal, interestingly, has slowly but surely become a holidaymaker haven. At Bordeaux’s borders, the small village of Montcaret is the site of a wine-making villa that has produced wine since antiquity. This sumptuous residence, dating from the early centuries of the second millennium, harbours remarkable treasures including some ancient mosaics. The site was classified a Historic Monument in 1926. But the real tutelary figure in what we call the Périgord Pourpre is Michel Eyquem de Montaigne, a philosopher, lawyer and tireless cavalier. He was an educated, honest, enlightened and humanist soul – two centuries before his time. He was elected Mayor of Bordeaux, but retired to Saint-Michel-deMontaigne, his hometown, to write his essais. His philosophy was joyful and candid. And will always find a place in Bergerac and in our hearts. We know about his loyal and legendary friendship with Etienne de La Boëtie, another writer. When asked about that meaningful relationship, he summed it up in a turn of phrase that went down in history : “ Because it was him, because it was me ! ” Périgord découverte 2009 ■ : 23