A propos d`un article du Canard enchaîné : mise au point L

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A propos d`un article du Canard enchaîné : mise au point L
A propos d’un article du Canard enchaîné : mise au point
L’hebdomadaire Le Canard enchaîné daté du 11 août dernier a publié un article
intitulé : « La Sorbonne déserte ».
Je suis par deux fois nommément cité dans cet article, qui a pu émouvoir tous ceux de
nos collègues qui sont réellement attachés à la réussite de Paris-Sorbonne Abu Dhabi. Je
voudrais répondre à cette émotion légitime par les quatre observations suivantes :
1/ La publication de l’article doit d’abord être replacée dans son contexte.
Le mercredi 10 mars, le même hebdomadaire a fait paraître un court entrefilet
présentant de manière inexacte et malveillante les raisons de la visite de la Cour des comptes
auprès de notre Université, sans mentionner ses sources. Il y a été répondu par un
communiqué du Président Georges Molinié publié par l’AEF le 12 mars.
L’avant-veille de la parution de l’hebdomadaire (le lundi 8 mars), un journaliste du
Canard enchaîné avait sollicité de moi un entretien téléphonique à propos d’Abu Dhabi. J’ai
pour habitude d’accepter tous les entretiens qui me sont demandés sur ce sujet. Je reconnais
avoir eu tort en l’occurrence d’accepter de répondre au représentant d’un journal dont
l’objectif premier n’est pas d’informer, mais de tourner en ridicule et de nuire.
Lors de l’entretien, je me suis très vite rendu compte que le journaliste possédait tous
les éléments devant figurer dans son papier, sans doute déjà rédigé, dont il m’annonçait la
parution imminente pour le surlendemain. Lors de la réunion des directeurs d’UFR qui s’est
tenue le mardi 9 mars, j’ai d’ailleurs alerté les collègues présents sur le caractère très
désagréable que présenterait cet article. Finalement l’hebdomadaire n’a retenu le 10 mars que
la partie concernant la Cour des comptes et a choisi d’attendre une autre date pour lancer ses
« révélations » sur Abu Dhabi.
J’ignore qui ont pu être les informateurs auxquels se référait le journaliste en me
disant à de nombreuses reprises au cours de notre conversation : « On m’a dit que … ». Notre
conversation lui a permis d’utiliser mon seul nom tout en se dispensant de citer ses autres
sources.
2/ Les seuls éléments de cet article dont j’ai directement à répondre sont les deux
phrases entre guillemets qui me sont nommément attribuées, – le reste ne me concerne en
rien.
La première de ces phrases relève, à propos de l’exemple de la première année de
philosophie, l’incidence du petit nombre des étudiants dans certaines filières sur les
conditions dans lesquelles ils sont évalués pour pouvoir accéder à l’année supérieure.
J’assume ce témoignage pour le passé encore récent, tout en observant que les conditions dans
lesquelles les examens se sont déroulés en 2010 ont visiblement apporté un correctif à un
travers qui a existé.
La deuxième phrase qualifie la création de Paris Sorbonne Abu Dhabi de « mission
bling-bling sans réflexion ni prévisions ». Je récuse l’emploi du terme « bling-bling » qui
n’appartient pas à mon vocabulaire, mais je maintiens, après l’avoir déjà dit à de nombreuses
reprises dans d’autres contextes, qu’une grande partie des difficultés rencontrées par ParisSorbonne Abu Dhabi au cours de ses premières années d’existence ont été dues à une
préparation trop brusquée et à l’absence d’une discussion préalable suffisamment approfondie
sur les objectifs de l’entreprise et l’incidence à terne des moyens à mettre en œuvre. Je ne suis
d’ailleurs pas le seul à le penser et à l’avoir dit.
Outre les deux phrases citées entre guillemets, l’article m’attribue aussi l’information
selon laquelle « en 2008-2009, ce sont ainsi 450 semaines de cours qui n’ont pas été assurées
à la Sorbonne ». Je ne suis pas l’auteur de cette formule qui présente un fait réel sous une
interprétation inexacte et malveillante. Il est en effet exact qu’en 2008-2009, les missions
effectuées à Abu Dhabi au titre des enseignements de licence assurés par les collègues de
Paris-Sorbonne, ont représenté en tout 450 semaines. C’est un fait qui a déjà été mentionné à
plusieurs reprises. En tirer la conséquence qu’autant de semaines de cours ont été perdues est
inacceptable, puisque le nécessaire est fait dans les UFR concernées pour que les
enseignements non assurés par des collègues en mission (y compris pour d’autres destinations
qu’Abu Dhabi) soient remplacés selon des modalités diverses.
En tout cas, aucun des propos rapportés dans l’article ne comporte quoi que ce soit de
désobligeant à l’égard des collègues allant enseigner à PSUAD, qui y accomplissent leur
mission avec compétence et dévouement. Le ton général de dérision de l’article et le caractère
systématiquement négatif, voire hostile, de la présentation qu’il donne de PSUAD sont
exclusivement le fait du rédacteur et de la conception de la liberté de la presse propre au
Canard enchaîné.
3/ Pour le reste du contenu de son article, le journaliste était de toute évidence
déterminé à y mettre tout ce qu’il voudrait sur la base de ce qui lui avait été déjà rapporté
ailleurs par d’autres interlocuteurs. Les tentatives que j’ai pu faire d’évoquer plus largement le
travail accompli depuis 2008 pour définir clairement les objectifs du projet Abu Dhabi et pour
maîtriser les moyens de sa réalisation (ce que Georges Moliné appelle volontiers
« désensabler Abu Dhabi ») sont restées sans écho.
Pour l’essentiel, et, selon le style habituel de ce journal, plus par amalgame que par
déclaration directe, l’article tend à suggérer comme une sorte de petit scandale propre à
émouvoir le bon peuple de ses lecteurs (dont, on l’a compris, je ne suis pas), que des
enseignants de la Sorbonne vont à Abu Dhabi gagner beaucoup (trop ?) d’argent pour pas
grand chose. Il s’agit là d’un propos trompeur et démagogique, qui doit être dénoncé comme
tel.
Nous avons toujours été tous (ou presque) d’accord pour reconnaître que les
conditions dans lesquelles s’effectuent les missions à Abu Dhabi, qu’il s’agisse de
l’organisation du voyage, de l’hébergement et des per diem, sont simplement et strictement
normales et en conformité avec les usages internationaux des grandes universités pour ce
type de service.
4/ J’ajouterai enfin pour mon compte que, dès son annonce, j’ai soutenu le projet Abu
Dhabi dans son principe pour au moins trois raisons :
la contribution à la cause de la francophonie,
le développement, dans un contexte géopolitique crucial, de ce qu’on appelait
naguères encore la politique arabe de la France,
la valorisation à l’étranger de ce qu’a de meilleur le modèle universitaire
français.
Ces convictions n’ont été en rien entamées, bien au contraire, par les difficultés que
j’ai pu ensuite constater sur place et par les problèmes qu’elles induisaient et auxquels, sous
l’autorité de Georges Molinié et avec l’entente constante des trois membres français du
Conseil de direction, des réponses décisives ont été apportées depuis deux ans.
Ne souhaitant pas mêler l’essentiel à l’accessoire, je renvoie à une autre
communication le compte-rendu des observations que j’ai faites à l’occasion de la visite que
je viens d’effectuer à Abu Dhabi pour la rentrée universitaire. Elles seront plus intéressantes
et significatives que la mise au point qu’appelait un article partial et malveillant.
Michel Fichant
Professeur émérite à l’Université Paris-Sorbonne
Membre du Conseil de direction de l’Université Paris-Sorbonne-Abu-Dhabi

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