Macroalgues subtidales : adaptation du protocole DCE à la côte
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Macroalgues subtidales : adaptation du protocole DCE à la côte
Macroalgues subtidales : adaptation du protocole DCE à la côte Basque DE CASAMAJOR M.-N. IFREMER Anglet Résumé La masse d’eau « côte Basque » est située au sud du golfe de Gascogne, elle constitue une enclave rocheuse après plus de 200 km de côte sableuse. L’indicateur macroalgue est étudié sur 5 stations de cette masse d’eau en milieu subtidal (Cadre DCE - type C14 supertype A « Côte rocheuse peu turbide »). Le protocole élaboré sur les côtes bretonnes (Derrien-Courtel et le Gal, 2008) a été adapté aux spécificités locales pour permettre les calculs des indices de qualité. Les deux principaux caractères qui conditionnent le développement algal dans cet espace géographique sont une forte meridionalisation des espèces présentes avec notamment l’absence de fucales et de laminaires et, un substrat particulièrement exposé aux régimes de la houle. La mise en œuvre du protocole est présenté ainsi que les résultats des premières investigations. Présentation Ce travail résulte d’une collaboration avec la station marine de Concarneau (MNHN) en raison, d’une part, de son expérience depuis des années en Bretagne et d’autres part, son rôle de centralisation des données DCE macroalgues pour la façade Manche/ Atlantique. En Aquitaine, la DCE est financée par l’agence de l’eau Adour-Garonne et gérée par le Laboratoire Environnement Ressources Ifremer de la station d’Arcachon. Les Indicateurs confiés au Laboratoire Ressources Halieutiques d’Aquitaine (LRHA) pour le secteur côte basque sont l’herbier de zostères (baie de Txingudi – Hendaye) et les macroalgues pour les parties intertidale et subtidale (carte 1). La masse d’eau côte Basque se caractérise par une enclave rocheuse isolée sur la façade atlantique de 35 km de long. Les conditions environnementales particulières se traduisent par des peuplements d’algues qui lui sont propres. Ceci implique une nécessité d’adapter les protocoles d’échantillonnage breton à ce secteur. Le plateau continental est étroit avec un profil en pente douce. Le faible marnage et de faibles courants de marées distinguent la côte basque des côtes bretonnes. Par contre, le régime de houle est soutenu avec une forte variabilité saisonnière. Les précipitations sont élevées et le réseau hydrographique dense. Il en résulte des apports d’eau douce importants tout le long du linéaire côtier. La température des eaux marines est particulièrement clémente par rapport aux régions plus septentrionales. Stratégie générale DCE Les macroalgues constituent un élément de qualité pour évaluer la qualité écologique des eaux côtières. A ce titre cet indicateur a été retenu dans la stratégie de suivi des masses d’eau côtières. Les méthodologies mises en œuvre s’appuient sur les travaux de DerrienCourtel et Le Gal (2008). La périodicité de suivi est prévue tous les 6 ans. Le suivi est réalisé en plongée. Des quadrats sont réalisés le long d’un transect sur 3 niveaux d’observation - 3 m ; - 6 m et - 13 m (ramenés au zéro hydrographique). Pour chacun de ces niveaux, un étage est défini en fonction de la densité des espèces structurantes (cf grille de décision). Suivant le niveau défini, le nombre de quadrats correspondant est appliqué (tableau 1). Les espèces structurantes ont été définies pour la côte basque en l’absence de laminaires : Cystoseira sp. et Padina pavonica. Tableau 1- Grille d’échantillonnage en fonction de l’étagement. Quadrat = 0,25 Code Niveau Grille de décision m2 N1 Estran/infralittoral Niveau transitoire Padina pavonica Pas de quadrat Cystoseira spp. 3 p.m2 10 quadrats N2 Infralittoral > Cystoseira spp. > 3 p.m2 8 quadrats N3 Infralittoral < N4 Circalittoral côtier Plus de Cystoseira – algues dressées pas de quadrats Pas de quadrat N5 Circalittoral large Algues dressées disparues Surface (m2) 2,5 2 Sur chacun des quadrats, les espèces structurantes sont dénombrées puis un inventaire des espèces est réalisé pour obtenir la diversité spécifique totale. Ces dernières sont classées en fonction de leur statut en « espèce caractéristique » de la zone ou en « espèce opportuniste », leur pourcentage de recouvrement est évalué. Définition des sites sur la côte basque Les 5 sites déterminés sur la côte basque correspondent à des zones de substrats rocheux suffisamment importants qui couvrent le domaine subtidal jusqu’à une quinzaine de mètres de profondeur. Une première campagne a été mise en œuvre entre le 19 et le 30 mai 2008. Lors de cette période, les houles étaient inférieures à 1,5 m ce qui a permis de travailler sur de petits fonds et la température de l’eau de mer était comprise entre 16 et 17°c. Carte 1- Localisation des sites retenus sur la côte basque. Outre la modification du choix des espèces structurantes, d’autres adaptations ont été nécessaires pour la mise en œuvre de ce protocole. Notamment le facteur biogéographique avec la nécessité de redéfinir les espèces caractéristiques de la zone. La liste bretonne des espèces opportunistes a été conservée dans son intégralité. Le relief en pente douce du domaine subtidal de la côte basque nécessite une adaptation méthodologique. Sur l’ensemble des sites, les quadrats n’ont pu être réalisés le long d’un transect en raison de l’éloignement entre les 3 profondeurs de référence. En conséquence, 3 plongées ont été nécessaires par site, 1 par niveau bathymétrique pour réaliser les quadrats. Cette particularité topographique est importante car elle ne permet pas de définir l’extension bathymétrique des ceintures algales et nécessitera des investigations complémentaires pour le calcul de ce paramètre. Calcul de l’indice de qualité sur la côte basque Parmi les 5 paramètres retenus dans le protocole breton (Derrien et Le Gal, 2008) seuls 3 ont été calculés pour la côte basque en 2008 : 1- Composition et densité des espèces définissant l’étagement : les peuplements d’algues sur la côte basque sont principalement composés d’algues rouges. En l’absence des laminaires, il a été nécessaire de définir des espèces structurantes parmi les algues brunes présentes. Les espèces retenues appartiennent au Genre Cystoseira spp. Padina pavonica est retenue, sa présence matérialise le niveau 1 (tableau 1). 2- Composition spécifique Cette notation résulte des 3 sous-indices espèces caractéristiques, espèces opportunistes et espèce indicatrice de bon état écologique à partir des listes redéfinies face à la biogéographie du site (tableau 2). L’espère indicatrice de bon état écologique (présence/absence uniquement) est définie pour la côte basque par Gelidium corneum. 3- Richesse spécifique totale : pour chacun des quadrats un inventaire le plus complet possible des algues présentes a été réalisée. Les données ont été acquises au cours de la campagne (avec identification en laboratoire). Tableau 3- Liste des espèces caractéristiques pour la côte basque (les espèces grisées sont communes avec les listes bretonnes) Listes des 23 espèces caractéristiques du niveau 1-2 (Pays basque) pour milieux peu turbide Cystoseira spp Lithothamnion incrustans Pterosiphonia complanata Gelidium spp Corallina sp. Halurus equisetifolius Nitophyllum punctatum Plocamium cartilagineum Phyllophora crispa Jania rubens Spondylothamnion multifidum Gymnogongrus griffithsia Pterosiphonia pennata Callophyllis laciniata Drachiella spectabilis Rhodymenia pseudopalmata Halopithys incurva Zanardinia prototypus Dictyota dichotoma Dictyopteris polypodioides Taonia atomaria Champia parvula Stypocaulon scoparium espèces communes avec liste bretagne Listes des 18 espèces caractéristiques du niveau 3 (Pays basque) pour milieux peu turbide Rhodymenia pseudopalmata Algues brune encroûtante Pterosiphonia complanata Plocamium cartilagineum Phyllophora crispa Peyssonnelia spp. Nitophyllum punctatum Lithothamnion incrustans Heterosiphonia plumosa Mesophyllum lichenoides Gelidium corneum Callophyllis laciniata Calliblepharis ciliata Zanardinia prototypus Halopteris filicina Dictyota dichotoma Dictyopteris polypodioides Cystoseira spp. espèces communes avec liste bretagne Ces deux derniers paramètres ne sont pas pour l’instant pris en compte dans les calculs réalisés : 4- Limite d’extension en profondeur des ceintures algales : non mis en œuvre en 2008 en raison du profil en pente douce et de la distance à parcourir entre deux ceintures au cours d’une plongée mais sera réalisé lors d’une campagne spécifique à l’automne 2009. Pour l’instant une note minimum a été attribuée, elle intervient dans le calcul si elle améliore la note du site. 5- Epibioses de stipes de Laminaire : sans objet sur la côte basque en l’absence de laminaires. Conclusion et perspectives Suite à la campagne de 2008, les indices de qualité ont pu être calculés avec les paramètres 1, 2 et 3. Ils donnent des résultats provisoires avec des indices de qualité qui se répartissent dans les catégories « Bon » et « Moyen » en fonction des sites prospectés. Ces indices pourront être précisés en 2009 en rajoutant le paramètre 4 des limites d’extension en profondeur des ceintures algales. Les communautés algales ont été peu étudiées sur la côte basque française, elles le sont plus amplement sur la côte basque espagnole (Gorostiaga et al., 2004). Concernant la DCE, l’indice macroalgue subtidal n’est pas suivi de l’autre côté de la frontière, il est appliqué sur la côte cantabrique (Juanes et al., 2008). La méthodologie diffère du point de vue de l’acquisition des données qui ne se fait pas sur la base de quadrats mais de transect. Les notions d’étagement et d’espèce structurante ne sont pas des paramètres pris en compte dans le calcul de l’indice de qualité. Certains paramètres étudiés sont similaires avec des listes d’espèces caractéristiques et opportunistes et une évaluation du pourcentage de recouvrement. Les investigations menées du côté espagnol donnent des résultats concluants face aux situations observées sur le terrain. Références DERRIEN-COURTEL S., LE GAL A., 2008.- Proposition de calcul d’un indice de qualité pour le suivi des macroalgues des fonds subtidaux rocheux dans le cadre de la DCE.- Note de la Station de biologie marine de Concarneau, 8 p. GOROSTIAGA J.M., SANTOLARIA A., SECILLA A., CASARES C., DIEZ I., 2004.- Check-list of the Basque coast benthic algae (North of Spain).- Ann. del Jardin Bot. de Madrid, 61(2): 155-180. JUANES J.A., GUINDA X., PUENTE A., REVILLA J.A., 2008.- Macroalgae, a suitable indicator of the ecological status of coastal rocky communities in the NE Atlantic. Ecol. Indicators, 8 : 351-359.