Le choix de l`étagère d`octobre à décembre 2014

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Le choix de l`étagère d`octobre à décembre 2014
Le choix de l’étagère - Médiathèque de Saint-Clar
Octobre, novembre et décembre 2014
Le nid du serpent, Pedro Juan Gutierrez (Albin Michel, 2007)
On ne peut être qu’intrigué si ce n’est attiré par la 4eme de couverture qui dit
ceci : « Je vis parmi les poètes, les lesbiennes, les peintres et les musiciens, les
troubadours et leurs guitares, les alcooliques et les drogués, les putes et les fous.
En pleine décadence, quoi. L’abolition du bourgeois. L’enfer. » On y découvre le
Cuba délabré des années 60 : coincé entre son désir de liberté et le volontarisme
castriste, un jeune garçon découvre la vie, le sexe, la violence mais aussi la soif de
culture et le désir d’écrire.
On comprend vite qu’il y a beaucoup du jeune Gutierrez dans ce personnage et on suit avec
passion les aventures de ce jeune qui nous raconte tout sans vergogne. Evidemment, ce n’est pas
un livre à mettre entre toutes les mains ! C’est sale, c’est cru, ça parle beaucoup de sexe et le
style peut choquer… Mais pour les autres c’est un régal, Gutierrez décrit la vie de la
façon la plus crue possible et c’est vraiment bon !
Ce livre est disponible à la médiathèque
Lola Bensky, Lily Brett (Editions de la grande ourse, 2014, Prix Médicis étranger
2014)
Ce roman très autobiographique débute à Londres en 1967 : Lola Bensky est une
jeune journaliste pour le magazine australien Rock Out, elle n’a que 19 ans
quand elle se retrouve au cœur de la scène musicale la plus excitante du
moment ! Sans diplôme mais douée, trop grosse et toujours au régime, elle est
trop sage pour les sixties et on se demande bien quelles questions elle va pouvoir
poser aux futures stars du rock alors qu’elle n’y connaît rien et préfère de loin le
silence ! Surtout que son seul bagage est d’être la fille de 2 survivants d’Auschwitz… Et pourtant
Lola s’en sort comme une reine, elle parle bigoudis avec Jimi Hendrix et sexe avec Mick Jagger,
au festival de Monterey, elle échange avec Mama Cass sur leurs différents régimes et aborde
l’amour entre filles, la drogue et l’alcool avec Janis Joplin.
Il y a forcément un côté futile dans ces portraits et tout cela pourrait être lassant si Lola ne se
posait pas en parallèle des questions sur sa propre histoire, ses origines, sa difficulté à assumer
l’histoire de ses parents sans les renier ni oublier de vivre. Tout cela fait de ce livre un roman
passionnant, un portrait très réaliste des années 60-70 où la candide Lola ne nous cache
rien des bons comme des mauvais côtés de l’époque. C’est aussi un bouquin qui vous
laissera une furieuse envie de réécouter Janis, Mick, Jimi et les autres!
Ce livre est disponible à la médiathèque
A écouter : Kosmic Blues, de Janis Joplin
https://www.youtube.com/watch?v=nLN72sR9w0M
Les mots qu'on ne me dit pas, Véronique Poulain (Stock, 2014)
Véronique Poulain a été pendant 15 ans l’assistante personnelle de Guy Bedos.
Elle était donc prédisposée pour l’humour corrosif et son premier roman en
regorge alors que le sujet de base n’était pas forcément très léger. Comme elle le
dit elle-même : « Salut, bande d'enculés ! » C'est comme ça que je salue mes parents quand je
rentre à la maison. Mes copains me croient jamais quand je leur dis qu'ils sont sourds. Je vais leur
prouver que je dis vrai. « Salut, bande d'enculés ! » Et ma mère vient m'embrasser tendrement.
» Sans tabou, elle raconte son père, sourd-muet, sa mère, sourde-muette et l'oncle Guy, sourd lui
aussi, comme un pot. Mais aussi le quotidien, les sorties entre sourds, les vacances et le sexe.
C’est un bel hommage qu’elle rend à ses parents, sa famille et aux amis qui ont su accepter la
différence de ses géniteurs. Assurément ce livre détonnant et plein d’humour mérite d’être
découvert !
Ce livre est disponible à la médiathèque
La ferme, Tom Rob Smith (Belfond, 2014)
Daniel, 29 ans, enfant unique d'un couple soudé, n'a jamais douté de l'équilibre
familial jusqu'à ce que ses parents s'installent dans une vieille ferme suédoise. Un
matin, il reçoit un message de son père l'avertissant d'une crise de démence de sa
mère. Puis, sa mère lui annonce que son père est un psychopathe dangereux. Il ne
sait pas qui croire et ce qui se déroule sur ces terres nordiques.
Daniel va enquêter en ménageant la chèvre et le chou, sa mère et son père. C’est
très bien ficelé et à la fin, l’auteur nous donne l’origine du roman, basé sur une histoire
vraie…
Le météorologue, Olivier Rolin (Seuil, 2014)
Un jour, en Russie, Olivier Rolin tombe sur des archives, composées notamment
de dessins. Elles sont d'Alexeï Vangengheim, victime de la déportation comme
des millions d'autres innocents sous Staline. Un scientifique, créateur et premier
directeur du service de météorologie de l'URSS, en 1929. Il est arrêté en 1934,
subit des interrogatoires, est condamné à la déportation. Pendant les années de sa
détention sur les îles Solovki, il enverra dessins et herbiers à sa fille, âgée de quatre
ans au moment de son arrestation. On suit ainsi, du début jusqu'à la fin, et même post mortem, la
vie d'une victime de la terreur stalinienne. Alexeï Vangengheim est exécuté en novembre 1937, en
même temps que 1111 autres déportés. Mais sa famille n'a reçu la notification que bien plus tard,
vivant longtemps dans l'interrogation devant l'absence de nouvelles.
On apprend beaucoup dans ce récit journalistique, cette enquête basée sur une histoire
vraie mais on regrette le manque d’émotions de ce roman.
Cherchez la femme, Alice Ferney (Actes Sud, 2013)
Serge est brillant, entreprenant, narcissique. Marianne est sincère, ardente,
déterminée au bonheur. Cherchez la femme raconte “l’histoire totale” de leur couple.
Sous les yeux du lecteur, il se forme, s’établit, procrée, s’épanouit, subit l’épreuve
du temps et la déchirure de l’infidélité…
Alice Ferney observe le stupéfiant voyage du couple, ses ravissements et ses
dépressions, ses défenses et ses décompositions. Elle retrouve les mots de
l’illusion et ceux de la querelle, ceux du rapprochement et ceux de la défaite.
Voilà un petit bijou d’analyse, on s’y retrouve vraiment et on comprend mieux les
relations conjugales, les rapports mère/fille, l’ensemble des mécanismes du couple. Selon
notre lectrice, ce livre profond vous fera faire des progrès en psychologie avec vos amis, votre
famille et dans votre couple…
Sur le même sujet : (re)lisez L’art d’aimer d’Ovide !
Traité de galanterie, de séduction et de stratégie amoureuse, en trois chants, écrit en 43
av. J.-C., qui dépeint les mœurs amoureuses romaines sous Auguste et qui fit scandale
en son temps. Où l’on se rend compte que plus de deux mille ans après, on aime
toujours de la même manière…
Demain les chiens, Clifford D. Simak (J'ai Lu, 1999)
Ce roman d’anticipation des années 50 raconte la fin de l’humanité : les chiens
prennent la place des humains et vont jusqu’à oublier leur existence… La
civilisation des chiens bruisse de mythes. Fondateur, celui de l'homme est le plus
répandu : on le raconte aux chiots pour les distraire, mais certains le considèrent
fondamentalement lié à l'apparition de la race canine. Qui sait? L'éventuelle
présence de l'homme sur Terre dans un lointain passé donne lieu à des spéculations et sert de
base à huit contes formant suite sur l'évolution des canidés depuis que les hommes ont
abandonné leurs cités… et que l'un d'entre eux leur ait appris à parler. Chiens parlants, robots
philosophes et mutants misanthropes se croisent, s'évitent ou collaborent dans cette mini saga en
forme de fable d'anticipation.
Entrez dans un monde étrangement proche et lointain grâce à ces nouvelles…
S’abandonner à vivre, Sylvain Tesson (Gallimard, 2014)
Devant les coups du sort il n'y a pas trente choix possibles. Soit on lutte, on se
démène et l'on fait comme la guêpe dans un verre de vin. Soit on s'abandonne à
vivre. C'est le choix des héros de ces nouvelles. Ils sont marins, amants, guerriers,
artistes, pervers ou voyageurs, ils vivent à Paris, Zermatt ou Riga, en Afghanistan,
en Yakoutie, au Sahara. Et ils auraient mieux fait de rester au lit.
Dans ces nouvelles, Sylvain Tesson campe des situations en quelques
mots. On admire son style toujours très fluide et son humour. Superbe !
Les vieux fourneaux t.1 ; ceux qui restent, Wilfrid Lupano, Paul Cauuet
(Dargaud 2014, Prix Des Libraires De Bande Dessinée 2014)
Trois septuagénaires, amis d'enfance, se lancent dans un road-movie
rocambolesque vers la Toscane. Explications : Antoine vient d'enterrer sa
femme et apprend qu'elle l'a trompé, il y a 40 ans, et avec le patron ! Son âme de
cégétiste en prend un coup et il décide de commettre un crime passionnel
rétroactif. Pierrot, chef de bande d'anars aveugles (Ni yeux, ni maître!), Mimile et Sophie feront
tout pour l'en empêcher.
On se régale avec ces vieux anars absolument atroces (façon Tatie Danielle) qu’on n’ose pas
mettre à la porte de soirées très chic du fait de leur âge. On suit avec plaisir cette petite bande
de papis de l’extrême et on attend avec ferveur le deuxième tome!
Les pieds noirs à la mer, (Préface De Joann Sfar) Fred Neidhardt (Marabout,
2013)
"Il est raciste, il déteste les Arabes. Il n’aime pas les Noirs, les Juifs... Lui qui est
marié à une Juive. Mais c’est quand même mon pépé. Je l’aime quand même."
Cette accroche résume bien le beau livre de Fred Neidhardt qui nous rappelle, près
de 60 ans après les faits, la difficile question de ces Français "rapatriés" d’Algérie
après l’indépendance.
Nous sommes à Marseille, en 1985. La multiplication des crimes racistes suscite de fortes
mobilisations, notamment impulsées par SOS Racisme. Le jeune Daniel, en rupture avec ses
parents, vient se réfugier quelque temps chez ses grands-parents, des Français pieds-noirs ayant
quitté l’Algérie quelque 23 ans auparavant. Toutes ces communautés étaient imbriquées depuis
longtemps mais les "événements" les ont obligés à "choisir leur camp". Impossible choix en
vérité sans compter que leur arrivée en métropole n’était ni souhaitée, ni accompagnée. "Les piedsnoirs à la mer !" était ainsi un slogan des dockers marseillais de la CGT.
Une BD assez originale, malgré un dessin un peu caricatural, qui illustre bien le racisme
des deux côtés sans choisir son camp et se lit avec plaisir.
Cette BD est disponible à la médiathèque
Magasin général t.9 ; Notre-Dame-des-Lacs, Régis Loisel, Jean-Louis
Tripp (Casterman, 2014)
Avec Notre-Dame-des-Lacs, Loisel et Ripp terminent en beauté la série BD
Magasin général. Pour ceux qui n’auraient pas vu le jour depuis 10 ans,
rappelons que l’histoire de Magasin général se situe dans un village isolé du
Québec des années 20. Marie, veuve avant l’heure, a hérité du seul commerce
de la bourgade (le magasin général qui donne son titre au récit). L’irruption
d’un inconnu dans le village, Serge, a chamboulé la vie de toute la petite communauté. Avec
Serge, sont arrivés une idée du progrès et du bonheur que certains ont eu du mal à accepter…
Entre temps, Marie a connu l’amour, la grande ville, la modernité et s’est radicalement
transformée, à l’image du village, tout au long des 8 épisodes précédents.
On retrouve donc une Marie enceinte « en famille pas d’père », un village sans maire ni curé mais
où l’on trouve des danseurs endiablés de charleston, des amoureux qui vivent dans le pêché et des
enfants sans père. A se demander si le village n’est pas sous l’emprise du démon…
Comme d’habitude avec Loisel et Tripp, ce qui ressort avant tout de ce dernier épisode c’est
l’optimisme des auteurs et le bonheur des personnages. On découvre, avec un plaisir non
dissimulé, le destin final de chaque personnage et cerise sur le gâteau, un très beau
bonus nous attend en guise de générique de fin : un album photo qui réunit tous les
acteurs de cette inoubliable et si attachante tribu.
Vous pouvez emprunter toute la série Magasin général à la médiathèque!
Sweet sixteen, Annelise Heurtier (Casterman, 2013)
Rentrée 1957, Etats-Unis. Le plus prestigieux lycée de l'Arkansas ouvre pour la
première fois ses portes à des étudiants noirs. Ils sont neuf à tenter l'aventure.
Ils sont deux mille cinq cents, prêts à tout pour les en empêcher. Ce qui
n’aurait être qu’une simple évolution tourne vite au cauchemar pour les lycéens
noirs et leurs familles. Tous se retrouvent en danger, insultés, menacés
physiquement et verbalement au point que le président Eisenhower décide
d’envoyer l’Armée pour protéger ces 9 jeunes et leur permettre d’étudier en sécurité, si ce n’est en
paix.
On suit en parallèle l’histoire de Molly, jeune fille noire, intelligente et téméraire qui va vite
regretter son engagement et celle de Grace, jeune fille blanche de la bonne bourgeoisie élevée
dans la tradition ségrégationniste mais qui aura l’intelligence de se fier à son cœur. Fait
remarquable : ce roman n’est aucunement manichéen : pas de gentils noirs contre les méchants
blancs ici ! Le propos est nuancé, la bêtise et le racisme peuvent malheureusement être partagés…
C’est donc un roman très fort qui peut être lu dès 12-13 ans et qui trace un portrait peu
reluisant de l’Amérique sudiste des années 50. Il a d’ailleurs été sélectionné pour le Prix
Tatoulu 2015, prix littéraire décerné par les adolescents auquel nous participons cette année avec
la médiathèque de St-Clar.
Ce livre est disponible à la médiathèque
Prison avec piscine, Luigi Carletti (Liana Levi, 2012)
Dans ce roman au titre déroutant, Filippo est en fauteuil roulant depuis un
accident de moto. Aidé par « l'Indispensable », le fidèle Péruvien au service de sa
famille depuis des lustres, Filippo consent parfois à descendre à la piscine de sa
résidence cossue. La Villa Magnolia où il habite est comme un petit village, tout
le monde s’y connaît et s’y épie…
Mais lors d'une chaude matinée d'été, un nouveau locataire débarque à la Villa
Magnolia. Au bord du bassin, l'homme exhibe son dos traversé par trois horribles cicatrices.
Quelques jours plus tard, il intervient pour défendre une résidente agressée par deux voyous, que
l'on retrouvera carbonisés dans leur voiture... Qui est cet énigmatique individu devenu peu à peu
nécessaire à tous? Filippo se retrouve, sans le vouloir, au cœur d’une machination qui le dépasse
tout en se liant d’amitié avec le dangereux inconnu.
On se retrouve alors dans une comédie à l’italienne totalement burlesque, qui flirte avec
le polar et les gros calibres : un peu comme si Roberto Benigni avait eu un enfant caché
avec Clint Eastwood… On est également bluffé par la fin et on se retrouve comme Filippo,
dindon de la farce, mais ravi d’avoir passé un aussi bon moment en bonne compagnie !
Georges et la mort, Blaise Guinin (12 bis, 2011)
Ce jour-là, La Mort devait abattre sa faux sur Georges, un musicien.
Malheureusement, elle tomba sous le charme de ses chansons et fut incapable
de le tuer ! Par amour pour ses chansons, elle prit le risque de l'épargner. Vous
imaginez La Mort qui tombe amoureuse et ne veut plus faire son métier ?! Un
chat noir qui passait par là, ne tarda pas à vouloir prendre la place de La
faucheuse mais…
On ne vous en dit pas plus pour ne pas briser le charme de cette BD. Mêlant
humour et poésie, ce roman graphique raconte l'histoire d'une amitié improbable, tout en
s'inspirant de la vie réelle d'un des chanteurs français les plus appréciés de son temps... On
redécouvre la vie de Brassens dans cette BD étonnante, assez touchante et qui plaira
autant aux passionnés de Brassens qu’aux autres. Avec à la clef de nombreuses références à
l’œuvre du moustachu le plus célèbre de France !
Cette BD est disponible à la médiathèque
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, Haruki Murakami
(Belfond, 2014)
Après la poussive trilogie 1Q84, Murakami nous revient avec une œuvre grave et
nostalgique. Tout part d’une incompréhension : à Nagoya, ils étaient cinq amis
inséparables. L'un, Akamatsu, était surnommé Rouge ; Ômi était Bleu ; Shirane
était Blanche et Kurono, Noire. Tsukuru Tazaki, lui, était sans couleur. Tsukuru
est parti à Tokyo pour ses études ; les autres sont restés. Un jour, ils lui ont
déclaré qu'ils ne voulaient plus jamais le voir. Sans aucune explication. Lui-même
n'en a pas cherché, ce n’était pas son tempérament. Pendant seize ans, Tsukuru a vécu comme un
mort qui n'aurait pas encore compris qu'il était mort. Il est devenu architecte car il est passionné
par les gares. Et puis Sara est entrée dans sa vie. Tsukuru l'intrigue mais elle le sent hors
d'atteinte, comme séparé du monde par une frontière invisible. Alors, Tsukuru Tazaki va entamer
son pèlerinage à Nagoya et en Finlande pour tenter de comprendre ce qui a brisé le cercle. Il part
à la recherche de ses anciens amis et de lui-même.
On retrouve ici une belle quête initiatique, une histoire en demi-teinte sur l’amitié, le mensonge et
les arrangements que l’on fait tous pour survivre à l’âge adulte. Ce n’est pas forcément le
meilleur Murakami mais assurément un très beau voyage sensible et nostalgique dans le
monde de l’enfance et du rêve.
Ce livre est disponible à la médiathèque
Cataract City, Craig Davidson (Albin Michel, 2014)
Craig Davidson, ce nom ne vous dit peut-être rien, mais vous connaissez
certainement une de ses œuvres sans le savoir puisqu’il est l’auteur de De rouille et
d’os, recueil de nouvelles adapté au cinéma par Jacques Audiard. Dans ce
nouveau roman, Craig Davidson explore le conflit intérieur de deux hommes
liés par un secret d'enfance. Duncan Diggs et Owen Stuckey ont grandi à
Niagara Falls, surnommée par ses habitants Cataract City, petite ville ouvrière à la frontière du
Canada et des États-Unis. Ils se sont promis de quitter ce lieu sans avenir où l'on n'a d'autre choix
que de travailler à l'usine ou de vivoter de trafics et de paris. Mais Owen et Duncan ne sont pas
égaux devant le destin. Tandis que le premier, obligé de renoncer à une brillante carrière de
basketteur, s'engage dans la police, le second collectionne les mauvaises fréquentations.
Inséparables pendant l’enfance, ils se retrouvent des années plus tard à jouer au gendarme et au
voleur, sans bien savoir pourquoi.
Craig Davidson décrit avec finesse l’histoire d’amitié de deux garçons devenus des
hommes, marqués malgré eux par le lieu où ils vivent, des racines qui sont aussi
indispensables que contraignantes.
Ce livre est disponible à la médiathèque
Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine De Vigan (Livre de poche, 2011. Prix
Renaudot des Lycéens 2011)
« Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire,
l'écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd'hui je sais
aussi qu'elle illustre, comme tant d'autres familles, le pouvoir de destruction du
verbe, et celui du silence. » Il fallait oser s'attaquer à un sujet déjà investi par les
plus grands écrivains : le livre de ma mère. Et, pourtant, Delphine de Vigan a apporté sa touche
originale, en plus de son talent à maîtriser un récit. L’auteure questionne ici sa famille sur la mort
de sa mère, glane des informations sur sa vie et raconte en parallèle son écriture, sa recherche des
mots et du ton justes.
Un récit très fort qui nécessite de reprendre sa respiration de temps en temps.
Ce livre est disponible à la médiathèque
Je ferai de toi un homme heureux, Anne B. Ragde (10/18, 2014)
Au milieu des années 60, huit familles se partagent un immeuble dans la
banlieue de Trondheim en Norvège. Dans ce microcosme, on assiste, entre
autres, aux bouleversements liés à l'arrivée de l'électroménager dans les foyers.
Comment les femmes vont-elles utiliser ce nouveau temps libre? Elles se font
mutuellement des permanentes à domicile, ça papote dans tous les coins - et
avec un peu de chance, on peut apercevoir la dame du troisième étage qui fait
le ménage chez elle, chaque vendredi, complètement nue. Pourtant, les
voisines ne se gênent pas pour s'épier, pour médire et pour tenter de deviner
les secrets des uns et des autres. Et voilà qu'un jour, un jeune homme se présente et propose
d'installer des judas aux portes...
Ce roman retrace bien l’histoire des années 60, des femmes qui restaient à la maison. Un
style très simple mais efficace.
Ce livre sera bientôt disponible à la médiathèque, patience !
Le royaume, Emmanuel Carrère (P.o.l, 2014. Prix Littéraire Du Monde 2014)
Le Royaume raconte l'histoire des débuts de la chrétienté, vers la fin du Ier siècle
après Jésus Christ. Il raconte comment deux hommes, Paul et Luc, ont
transformé une petite secte juive refermée autour de son prédicateur crucifié,
en une religion qui en trois siècles a miné l'Empire romain puis conquis le
monde et concerne aujourd'hui encore le quart de l'humanité. C'est une
évocation tumultueuse, pleine de rebondissements et de péripéties, de
personnages hauts en couleur. Mais Le Royaume c'est aussi, habilement tissée
dans la trame historique, une méditation sur ce que c'est que le christianisme, en quoi il nous
interroge encore aujourd'hui, en quoi il nous concerne, croyants ou incroyants. Pendant trois ans,
il y a 25 ans, Emmanuel Carrère a été un chrétien fervent, catholique pratiquant, on pourrait dire :
avec excès. Il raconte aussi, en arrière-plan de la grande Histoire, son histoire à lui, les tourments
qu'il traversait alors et comment la religion fut un temps un havre, ou une fuite.
Un roman très fort, parfois presque impudique, vraiment très intéressant : on se plaît à
traîner dans ce livre.
Ce livre est disponible à la médiathèque
Le siècle t.2 ; l'hiver du monde, Ken Follett (Livre de poche, 2013)
Dans La Chute des géants, cinq familles - américaine, russe, allemande, anglaise et
galloise - se sont croisées, aimées et déchirées au rythme de la Première Guerre
mondiale et de la Révolution russe. À l´aube des grands bouleversements
politiques, sociaux et économiques de la seconde moitié du XXe siècle, ce sont
désormais leurs enfants qui ont rendez-vous avec l´Histoire. Pouvant se lire indépendamment du
premier tome, L´Hiver du monde raconte la vie de ces êtres au destin enchevêtré pour qui
l´accession au pouvoir du IIIe Reich et les grands drames de la Seconde Guerre Mondiale
changeront le cours de leur vie pour le meilleur comme pour le pire.
Un roman qui se lit facilement et permet de comprendre notre Histoire.
Ce livre sera bientôt disponible à la médiathèque, patience !
Nous sommes l'eau, Wally Lamb (Belfond, 2014)
Des fifties aux années Obama, une fresque polyphonique poignante, âpre et
vertigineuse qui, au travers du destin d'une famille, retrace un pan de l'histoire
des États-Unis. Toute sa vie, Annie Oh a été terrifiée. Terrifiée à l'idée de tomber
amoureuse ; de se dévoiler à Orion, son ex-mari psychologue si désespérément
prêt à l'épauler ; de ne pas être une bonne mère pour ses trois enfants ; de ne pas
savoir soulager les colères de son fils, les angoisses de ses filles ; d'affronter le
souvenir des drames qui ont dévasté son enfance. Cette terreur, Annie a tenté de
l'évacuer dans ses sculptures, ses tableaux chargés de rage. Alors qu'elle s'apprête à se remarier
avec Viveca, charismatique galeriste new-yorkaise qui l'a rendue célèbre, la peur la saisit de
nouveau. Comment avouer à la femme qu'elle aime les raisons qui l'empêchent de célébrer leurs
noces à Three Rivers, Connecticut ? Comment lui révéler ce qui s'est réellement passé dans cette
ville, un soir de 1963 ? Chaque jour qui sépare Annie et les siens du mariage les rapproche de
vérités terribles, indicibles, qu'ils devront faire éclater pour tenter de renaître, enfin.
Un très beau roman sur l’art et le pardon
Ce livre sera bientôt disponible à la médiathèque, patience !
En même temps, toute la terre et tout le ciel, Ruth L. Ozeki (Belfond, 2013)
Le sac en plastique avait échoué sur le sable de la baie Desolation, un de ces
débris emportés par le tsunami. À l'intérieur, une vieille montre, des lettres
jaunies et le journal d'une lycéenne, Nao. Une trouvaille pleine de secrets que
Ruth tente de pénétrer avant de réaliser que les mots de la jeune fille lui sont
destinés... Depuis un bar à hôtesses de Tokyo, Nao raconte des histoires : la
sienne, ado déracinée, martyrisée par ses camarades ; celle de sa fascinante
aïeule, nonne zen de cent quatre ans ; de son grand-oncle kamikaze, passionné
de poésie ; de son père qui cherche sur le Net la recette du suicide parfait. Des instants de vie
qu'elle veut confier avant de disparaître. Alors qu'elle redoute de lire la fin du journal, Ruth
s'interroge : et si elle, romancière en mal d'inspiration, avait le pouvoir de réécrire le destin de
Nao ? Serait-il possible alors d'unir le passé et le présent ? La terre et le ciel ?
Un livre que nous avons beaucoup aimé, où l’on suit avec autant d’intérêt les histoires de
Nao et de Ruth que la construction littéraire qui s’en suit.
Ce livre sera bientôt disponible à la médiathèque, patience !