Interview exclusive de Michel Drucker

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Interview exclusive de Michel Drucker
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Interview De Michel Drucker par Le Club de L’Actualité Littéraire suite
à la sortie de son livre « Rappelle-moi », Novembre 2010
-Votre mère, Johnny Hallyday, Jean-Paul Belmondo, Bernard
Giraudeau, Jacques Chirac… Comment avez-vous choisi les
héros de votre livre ?
-Ils font tous partie de mon Panthéon personnel, ils ont tous
une histoire particulière avec moi et je les ai présentés à mon frère
Jean quand, jeune énarque, il venait dans les coulisses de mes
émissions. Beaucoup sont au début de la dernière ligne droite,
comme Delon, Chirac, Belmondo ou Johnny ; certains, comme
Bernard Giraudeau ou Jean Ferrat, ont déjà disparu. La constante
de ce livre, c’est le temps qui passe, l’angoisse du combat de trop,
du virage mal négocié.
-A travers eux, et à travers le grand absent, votre frère aîné
Jean, vous livrez beaucoup de vous-même…
-Jean est là sans être là. Il a disparu au moment où il ne savait
pas comment négocier cette dernière ligne droite. Nous avons
toujours partagé des accès de stress, d’anxiété. Les responsables ?
Ce sont les parents : mon père interné à Compiègne pendant la
guerre, dans la caserne où je ferai plus tard mon service militaire ;
ma mère, drôle, intelligente, inconsciente, avec des mots parfois
involontairement assassins. J’ai un grand regret la concernant :
qu’elle ait pu voir « Champs-Elysées », mais jamais « Vivement
Dimanche », avec comme invités des personnalités comme
Simone Veil ou Jean-Luc Mélenchon.
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-Vous racontez des scènes très drôles, comme ce dîner chez
votre mère, un dimanche soir, après un aller et retour en Italie où
Silvio Berlusconi vous a proposé un pont d’or pour que vous
veniez sur la Cinq…
-Jean venait d’être nommé directeur général d’Antenne 2 et
souhaitait que je reste à ses côtés. Ma mère, elle, aurait détesté le
pactole et les paillettes de Berlusconi, que j’ai rappelé en cachette
pour décliner son offre tandis que mon frère faisait le guet pour
que ma mère ne sorte pas de la cuisine et n’entende pas la
conversation.
-Il y a aussi cette visite à Nicolas Sarkozy, en plein
remaniement ministériel. Vous accompagnez Lance Armstrong
qui vient lui offrir une bicyclette… Vous n’en rajoutez pas lorsque
vous mettez en scène le Président parlant anglais comme Maurice
Chevalier ?
-Pas du tout. La scène était irrésistible. Son portable n’arrêtait
pas de sonner parce que le remaniement devait être annoncé de
manière imminente. Mais il était fasciné par ce vélo que Lance
venait de lui offrir. Les présidents de l’Assemblée nationale et du
Sénat étaient derrière la porte. Et Nicolas Sarkozy est sorti de son
bureau pour leur faire admirer sa bicyclette ultralégère. On aurait
dit un enfant au pied d’un sapin de Noël, c’était d’ailleurs très
sympathique.
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-Vous faites l’éloge des « vrais gens » mais ne semblez guère
apprécier la Nomenklatura et les réseaux parisiens ?
-Je me méfie des visiteurs du soir, des conseillers du prince
qui ne savent rien du pays et de ceux qui le peuplent. Moi, je
connais ces anonymes, je leur dois mon succès et ma longévité.
Ils viennent me parler quand je suis dans le train, et cela me plaît,
m’intéresse, au grand étonnement de certains. Ces gens qui me
regardent, je sais comment est meublée leur maison, quels sont
leurs goûts… Mais la Nomenklatura, non, ce n’est pas mon truc.
Elle est composée de nombreux imposteurs qui ne savent rien de
la France profonde. Je les ai pris en grippe quand mon frère me
les a fait connaître en sortant de l’E.N.A. Il n’y avait pas
beaucoup de fils d’ouvriers et cela ne s’est pas arrangé depuis.
J’ai vu à l’œuvre les conseillers des grands patrons en matière
d’audiovisuel. Comment pourrais-je les prendre au sérieux ?
Depuis quarante-six ans, je suis un peu le médecin de campagne
de la télévision. En plus, je suis à l’antenne le week-end, au
moment où toute la famille passe un moment devant le petit
écran, chez les économiquement faibles comme chez les plus
nantis.
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