Un générateur de calibration pour S-mètre et
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Un générateur de calibration pour S-mètre et
Un générateur de calibration pour S-mètre et réflectomètre pour câbles II Après avoir vu comment fonctionne le générateur de calibration et comment le monter, cette fois on s’occupe de comment l’utiliser pour qualifier la sensibilité d’un récepteur, étalonner son S-mètre et faire d’autres mesures encore. L’échelle S L’S-mètre est un instrument présent sur la majorité des récepteurs radio (non seulement ceux pour les radioamateurs) qui mesure la force du signal reçu et utilise sa propre unité de mesure : les points S. Les point S sont souvent utilisés pour passer les rapports d’écoute RST. Les points S vont de S1 à S9 et chaque point S est défini comme un changement de 6 dB dans le niveau du signal. Ceci veut dire que chaque fois que la tension du signal baisse de moitié (–6 dB), la force du signal baisse d’un point S. S9 est déjà un signal très fort, mais pour décrire des signaux encore plus forts, on utilise des incréments de 10 dB au lieu de 6, comme « S9+20 » qui signifie 20 dB plus fort que S9. Aujourd’hui deux niveaux de référence sont définis : pour les fréquences en dessous de 30 MHz, S9 est défini comme une tension de 50 µV efficaces d’une porteuse non modulée (N0N) au connecteur d’antenne du récepteur. Pour les fréquences en dessus de 30 MHz, on défini S9 à 5 µV plutôt qu’à 50 µV. Cette définition a deux inconvénients : le premier est qu’elle ne spécifie pas la l’impédance sur la quelle la tension est mesurée, mais la majorité semble unanime dans l’accepter une impédance de 50 Ω, en tout cas pour les radioamateurs. Il se pourrait, par contre, qu’un récepteur en bande FM (88–108 MHz) adopte plutôt 5 µV sur 75 Ω, mais ça, c’est un autre discours. Il y a un deuxième inconvénient : une porteuse non modulée n’utilise presque pas de largeur de bande (théoriquement aucune), mais la sensibilité d’un récepteur dépends beaucoup de sa bande passante. Plus celle-ci est large, plus le niveau de bruit reçu est élevé et moins le récepteur est sensible (parce qu’il faut un signal plus fort pour émerger d’un bruit plus intense). Par exemple, supposons qu’en mode CW la bande passante d’un récepteur est de l’ordre de 500 Hz, qu’en mode SSB celle-ci passe à 2.4 kHz, et qu’elle devient 9 kHz en AM. Si on prend la sensibilité en AM comme référence, en SSB (3.75 fois moins de bande passante) le récepteur devient 5.7 dB plus sensible (presque un point S) et en CW (18 fois moins de bande passante) le récepteur gagne 12.6 dB (un peu plus que deux points S). En général on peut dire que la variation de sensibilité en fonction de la variation de bande passante s’exprime par : ∆S = 10 ⋅ log10 B1 B2 [dB] Lorsqu’on compare la sensibilité de différents récepteurs il faut tenir compte de leur largeur de bande et, si celle-ci n’est pas la même, il faut corriger les mesures avec le formule ci-dessus. Ceci dit, les ponts S restent un bon moyen de comparer la force des signaux reçus. Echelle S pour les fréquences inferieurs à 30 MHz : Force du Intensité Voltage reçu signal relative S1 –48 dB 0.20 µV –14 dBµV S2 –42 dB 0.40 µV –8 dBµV S3 –36 dB 0.79 µV –2 dBµV S4 –30 dB 1.6 µV 4 dBµV S5 –24 dB 3.2 µV 10 dBµV S6 –18 dB 6.3 µV 16 dBµV S7 –12 dB 13 µV 22 dBµV S8 –6 dB 25 µV 28 dBµV 0 dB 34 dBµV S9 50 µV S9+10 10 dB 160 µV 44 dBµV S9+20 20 dB 500 µV 54 dBµV S9+30 30 dB 1.6 mV 64 dBµV S9+40 40 dB 5.0 mV 74 dBµV S9+50 50 dB 16 mV 84 dBµV S9+60 60 dB 50 mV 94 dBµV Puissance reçue (Zc = 50 Ω) 790 aW –121 dBm 3.2 fW –115 dBm 13 fW –109 dBm 50 fW –103 dBm 200 fW –97 dBm 790 fW –91 dBm 3.2 pW –85 dBm 13 pW –79 dBm 50 pW –73 dBm 500 pW –63 dBm 5.0 nW –53 dBm 50 nW –43 dBm 500 nW –33 dBm 5.0 µW –23 dBm 50 µW –13 dBm Echelle S pour les fréquences supérieures à 30 MHz : Force du Intensité Voltage reçu signal relative S1 –48 dB 20 nV –34 dBµV S2 –42 dB 40 nV –28 dBµV S3 –36 dB 79 nV –22 dBµV S4 –30 dB 160 nV –16 dBµV S5 –24 dB 320 nV –10 dBµV S6 –18 dB 630 nV –4 dBµV S7 –12 dB 1.3 µV 2 dBµV S8 –6 dB 2.5 µV 8 dBµV 0 dB 14 dBµV S9 5.0 µV S9+10 10 dB 16 µV 24 dBµV S9+20 20 dB 50 µV 34 dBµV S9+30 30 dB 160 µV 44 dBµV S9+40 40 dB 500 µV 54 dBµV S9+50 50 dB 1.6 mV 64 dBµV S9+60 60 dB 5.0 mV 74 dBµV Puissance reçue (Zc = 50 Ω) 7.9 aW –141 dBm 32 aW –135 dBm 130 aW –129 dBm 500 aW –123 dBm 2.0 fW –117 dBm 7.9 fW –111 dBm 32 fW –105 dBm 130 fW –99 dBm 500 fW –93 dBm 5.0 pW –83 dBm 50 pW –73 dBm 500 pW –63 dBm 5.0 nW –53 dBm 50 nW –43 dBm 500 nW –33 dBm Dans notre cas, nous avons calibré le générateur sur 50 µV et on ne considérera que le premier tableau. Dans le cas ou on souhaite tester aussi dans la bande des 6 m, il faudra corriger les mesures de 20 dB, car notre signal à 50 µV aurait une force S9+20 dans cette bande. Vérification de l’amplitude des harmoniques On a dit dans l’article précédent que l’amplitude des harmonique est constante jusqu’à 50 MHz, voire 70 MHz ; les mesures suivantes montrent l’amplitude de certaines harmoniques dans nos bandes décamétriques, et on voit qu’on a bien le –73 dBm requis. Sensibilité en fonction de la fréquence La première mesure qu’on peut faire est contrôler si la sensibilité d’un récepteur est la même dans toute la plage de fréquence qu’il couvre. Pour le faire, il suffit de brancher la sortie des impulsions (CN2) du générateur à la prise d’antenne du récepteur avec un câble coaxial court et les connecteurs qui vont bien (éviter de bricoler des fils pour ne pas perdre du signal dans les connexions). Il suffit ensuite de relever l’intensité en points S du signal reçu à chaque multiple de 100 kHz et le la représenter sur un graphique. Si la bande passante du récepteur est étroite, il est bien de vérifier que l’harmonique est bien syntonisée, car l’échelle de fréquences de l’appareil et la fréquence généré par le quartz ne sont pas forcement alignées (à 30 MHz on écoute la 300-ème harmonique et une erreur de 2Hz sur la fondamentale nous mènerait 600 Hz à coté ; suffisamment pour ne plus traverser un filtre CW étroit). La figure ci dessous montre la sensibilité de deux transcievers : le Kenwood TS-870 et le Yaesu FT-817. Les deux ont été réglés en mode CW, sans préamplificateurs ni affaiblisseurs. La largeur de bande du premier est de 600 Hz, celle du deuxième de 500°Hz. La influence sur la sensibilité est de seulement 0.8 dB et on n’en tiendra pas compte. Les S-mètres ont une graduation assez grossière (on peut difficilement lire les fractions de points S) et donc les courbes ont de marches, mais le résultat est assez parlant. La première chose qu’on remarque est que l’FT-817 est sourd à 100 kHz. A cette fréquence on ne reçoit aucun signal. A 200 kHz le signal S9 est reçu comme S3, ensuite, à partir de 300 kHz les choses vont mieux et on est entre S8 et S9+10 jusqu’à 30 MHz. Il n’est donc pas question d’écouter un QSO en 137 kHz avec cet appareil : même avec la meilleure antenne possible, aucun son n’atteindra l’hautparleur. La deuxième chose qu’on remarque est que le TS-870 est excellent en ondes longues, mais qu’entre 400 kHz et 1600 kHz sa sensibilité baisse entre 2 et 3 points S. Cette propriété et peut-être faite exprès pour éviter que le récepteur puisse saturer avec les signaux monstrueux émis en ondes moyennes par certaines broadcast. Le graphique suivant monte un agrandissement de la plage entre 100 kHz et 1.9 MHz : Linéarité de l’S-mètre Vérifier qu’un signal de 50 µV donne bien S9 sur toute la plage qu’on peut recevoir est une chose, mais il faut encore vérifier que pour chaque diminution de 6 dB on a bien un point S de moins. Pour faire cette mesure il faut disposer d’un affaiblisseur réglable, ou de plusieurs affaiblisseurs de 6 dB qu’on branche entre le générateur et le connecteur d’antenne. Pour ceux qui n’ont pas un affaiblisseur réglable les schémas suivants montre comment s’en fabriquer avec quelques résistances. Ici, pour des raisons de place, je ne présente que les mesures faites sur un Kenwood TS870 en mode CW dans la plupart des bandes décamétriques. En dessinant sur un graphique l’erreur de l’S-mètre par rapport à l’amplitude du signal fourni on obtient le résultat suivant : Le résultat est assez décevant : si l’indication est assez correcte pour les signaux forts, l’erreur augmente considérablement dès que le signal s’affaibli. Par exemple, un signal S5 à 21 MHz (obtenu en affaiblissant de 24 dB le signal S9) est affiché comme étant S7 (12 dB d’erreur). La morale et qu’on ne peut pas se fier aux indications fourni par ce transciever pour faire des mesures de signaux faibles. Le pire est que parmi tous les transcievers que j’ai mesuré, aucun était linéaire ; dommage (il faut dire que je n’ai pas mesuré de Rohde & Schwarz...). Autres mesures D’autres mesures possibles avec ce générateur sont, par exemple le gain d’un préamplificateur d’antenne ou d’un affaiblisseur (peu importe s’ils sont internes ou externes au récepteur). Il suffit d’observer la variation de l’S-mètre en le mettant ou en les excluant du câble d’antenne. On peut aussi vérifier la bande passante d’un présélecteur au aller vérifier la réponse d’un filtre. Souvent on aimerait qualifier un certain préamplificateur ou un certain filtre, mais si on se base uniquement sur ce que l’on reçoit à travers notre antenne il est très difficile d’arriver à une conclusion correcte, car la propagation peut faire varier énormément (et très rapidement) l’intensité des signaux. La résolution de 100 kHz est certes un peu grossière, mais le fait de disposer des signaux d’amplitude connue et constante permet de comparer en connaissance de cause. Pour faire des mesures fiables, il vaut mieux avoir d’abord mesuré la linéarité de l’Smètre. Comme ça, en connaissant l’erreur de chaque mesure on peut corriger les résultats. Sur le prochain numéro du SKED, un troisième (et dernier) article, sur comment utiliser ce générateur comme réflectomètre pour mesurer les câbles d’antenne. HB9DUL