« Impact du pharmacien hospitalier sur la sécurité du patient »

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« Impact du pharmacien hospitalier sur la sécurité du patient »
Canadian Society of Hospital Pharmacists
La Société canadienne des pharmaciens d’hôpitaux
« Impact du pharmacien hospitalier sur la sécurité du patient »
Document de réflexion
décembre 2003
- SCPH Vision 2006 Une société redynamisée
La voix influente de la pharmacie hospitalière
Source d’inspiration et de soutien pour les membres
Société canadienne des pharmaciens d’hôpitaux (SCPH)
décembre 2003
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Table des matières
RÉSUMÉ……………………………………………………..………..……………….. 3
.
1. INTRODUCTION.…………………………………………..…………………… 5
2. CONTEXTE.………………………………………………….….………………..
5
2.1 Qu’est-ce que la SCPH? …………………………………………..……….....
5
2.2 Le pharmacien hospitalier fait la différence………………………….………… 6
3. COMMENT LE PHARMACIEN HOSPITALIER PARVIENT-IL
À ACCROÎTRE LA SÉCURITÉ DU PATIENT?................................................ 7
3.1 Soins directs au patient……………………………………………………..
3.2 Le formulaire thérapeutique…………………………………………………...
3.3 Politiques et lignes directrices relatives aux médicaments……………………..
3.4 Révision des ordonnances……………………………………………………..
3.5 Systèmes de distribution des médicaments……………………………………
3.6 Technologie informatique…………………………………………………......
3.7 Information sur les médicaments et formation…………………………………
3.8 Déclaration et système d’analyse des incidents liés aux médicaments………
7
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4. QUE PEUT-ON FAIRE DE PLUS POUR PRÉVENIR LES ÉVÉNEMENTS
INDÉSIRABLES LIÉS AUX MÉDICAMENTS?.................................................... 12
4.1 Faire face au problème de pénurie de personnel……………………………
4.2 Augmenter la participation du pharmacien…………………………………
4.3 Améliorer les systèmes de distribution des médicaments……………………
4.4 Augmenter l’utilisation d’outils technologiques et de l’automatisation………
4.5 Augmenter l’utilisation de la saisie électronique des ordonnances ……………
4.6 Améliorer la déclaration et les méthodes d’analyse
des événements indésirables liés aux médicaments ………………………….…
4.7 Encourager l’utilisation d’une approche de collaboration
dans la prévention des événements indésirables……………………………
12
12
13
13
14
14
14
5. CONCLUSION…………………………………………………………………..
14
BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………………………
16
ANNEXE I – INITIATIVES DE LA SCPH DANS LE DOMAINE ………….…
DE LA SÉCURITÉ DES PATIENTS
19
ANNEXE II – QUE FONT LES PHARMACIENS HOSPITALIERS?.................... 21
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RÉSUMÉ
L’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) et les Instituts de recherche en santé du
Canada (IRSC) ont combiné leurs efforts pour étudier la prévalence des événements indésirables
dans les établissements de santé au Canada. Des études semblables effectuées dans d’autres pays
ont laissé entendre que des événements indésirables se produisent dans 5 à 10 % des cas
d’admission à l’hôpital et que plusieurs de ces événements peuvent être prévenus. Rien ne nous
amène à croire que les résultats de l’étude canadienne en cours seront très différents.
On observe la survenue d’événements indésirables et de défaillances de façon importante au sein
de nos systèmes de santé, alors que des personnes de plus en plus malades sont soignées en
utilisant des procédés complexes dans un environnement perturbé par des ressources limitées. Les
professionnels de la santé doivent constamment améliorer les systèmes et les procédés pour
s’assurer, dans la mesure du possible, d’éviter les événements indésirables.
Un événement indésirable se définit comme suit : une blessure ou une complication involontaire
posée par la gestion des soins de santé, qui provoque une invalidité, un décès ou une
hospitalisation prolongée. Les accidents et les incidents liés aux médicaments comptent pour une
grande part des événements indésirables qui pourraient être prévenus.
Dans un établissement de santé, le pharmacien joue un rôle clé dans les domaines de la
prévention et de l’analyse des événements indésirables liés aux médicaments. Il s’attaque de
manière proactive aux problèmes du système de distribution des médicaments, de sorte que les
risques d’événements indésirables liés aux médicaments s’en trouvent réduits. En offrant des
services toujours en évolution et par leurs initiatives, les pharmaciens hospitaliers font la
promotion des meilleures méthodes de travail et s’efforcent ainsi d’améliorer les systèmes
d’utilisation des médicaments.
Voici des exemples de services et de programmes offerts par les pharmacies qui ont des
répercussions positives sur la sécurité des patients :
• Activités directement liées aux soins des malades
• Utilisation du formulaire thérapeutique
• Politiques et lignes directrices sur les médicaments
• Révision des ordonnances
• Mise en place de systèmes sécuritaires de distribution des médicaments
• Utilisation des technologies informatiques
• Services d’information et de formation dans le domaine des médicaments offerts aux
malades et aux travailleurs de la santé
• Déclaration des accidents et incidents liés aux médicaments et systèmes d’analyse des cas
Alors que les pharmaciens et les autres professionnels de la santé ont travaillé énormément à
réduire les risques d’événements indésirables liés aux médicaments, on s’attend à ce que le
rapport ICIS/IRSC montre qu’une sérieuse amélioration de notre système d’utilisation des
médicaments demeure nécessaire. Des efforts constants et des améliorations continuelles du
système sont essentiels pour s’assurer que les malades sont en sécurité dans nos établissements. À
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cet effet, la SCPH recommande que tous les intervenants et les décideurs collaborent à accomplir
ce qui suit :
1. Faire face au problème de pénurie de personnel dans nos établissements de santé
2. Augmenter la participation du pharmacien dans les activités directement liées aux soins
du malade
3. Améliorer les systèmes de distribution des médicaments
4. Augmenter l’utilisation des outils technologiques et de l’automatisation
5. Augmenter l’utilisation des systèmes de saisie électronique des ordonnances
6. Améliorer la déclaration et l’analyse des événements indésirables liés aux médicaments
7. Encourager l’utilisation d’une approche de collaboration afin de prévenir les événements
indésirables
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1. INTRODUCTION
« Le paradoxe voulant que les médicaments puissent guérir, tout en étant très nocifs, exige que
leurs propriétés soient bien comprises et qu’ils soient utilisés de manière sécuritaire. » (1)
L’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) et les Instituts de recherche en santé du
Canada (IRSC) ont combiné leurs efforts pour étudier la prévalence des événements indésirables
dans les établissements de santé au Canada. (2) Des études semblables effectuées dans d’autres
pays ont laissé entendre que des événements indésirables se produisent dans 5 à 10 % des cas
d’admission à l’hôpital et que plusieurs d’entre eux peuvent être prévenus. Rien ne nous amène à
croire que les résultats de l’étude canadienne en cours seront très différents.
On observe la survenue d’événements indésirables et de défaillances de façon importante au sein
de nos systèmes de santé, alors que des personnes de plus en plus malades sont soignées en
utilisant des procédés complexes dans un environnement perturbé par des ressources limitées. Les
professionnels de la santé doivent constamment améliorer les systèmes et les procédés pour
s’assurer, dans la mesure du possible, d’éviter les événements indésirables.
Un événement indésirable se définit comme suit : une blessure ou une complication involontaire
posée par la gestion des soins de santé, qui provoque une invalidité, un décès ou une
hospitalisation prolongée. (2) Les accidents et les incidents liés aux médicaments comptent pour
une grande part des événements indésirables qui pourraient être prévenus. Faisant appel à des
approches novatrices telles que les systèmes automatisés de distribution des médicaments et les
mécanismes d’intervention directe auprès des malades, les pharmaciens hospitaliers se sont
continuellement efforcés de prévenir les événements indésirables liés aux médicaments et ont
amélioré la sécurité des systèmes d’utilisation des médicaments.
Ce document a été rédigé par la Société canadienne des pharmaciens d’hôpitaux (SCPH) pour
illustrer les efforts réalisés par les pharmaciens hospitaliers dans la prévention des événements
indésirables liés aux médicaments et l’amélioration de la sécurité des malades. Représentant plus
de 2000 pharmaciens, la SCPH est une organisation nationale sans but lucratif regroupant des
pharmaciens déterminés à faire avancer la pratique pharmaceutique axée sur le malade dans les
hôpitaux et autres établissements de santé. Les membres de la SCPH ont depuis longtemps la
réputation d’exercer un leadership innovateur dans l’avancement de la pratique pharmaceutique
et de travailler tous ensemble à l’amélioration de l’utilisation des médicaments et des résultats de
la pharmacothérapie sur le malade.
2. CONTEXTE
2.1 Qu’est-ce que la SCPH?
Depuis sa fondation en 1947, la Société canadienne des pharmaciens d’hôpitaux a su faire
avancer la pratique de la pharmacie hospitalière. En élaborant des normes de pratique et des
lignes directrices, en offrant des possibilités de formation pour améliorer la pratique clinique, en
contribuant au partage des découvertes et des meilleures méthodes de travail de ses membres, la
SCPH continue de procurer à ses membres la structure et les compétences nécessaires à
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l’amélioration de l’utilisation des médicaments et des résultats de la pharmacothérapie sur le
malade.
L’engagement de la SCPH à pratiquer l’excellence et à prendre soin des malades se reflète dans
les valeurs fondamentales de la société :
Excellence et innovation dans la pratique
Collaboration
Épanouissement professionnel et mentorat
Responsabilité envers les membres
Engagement de nos membres envers la Société et la profession
La SCPH travaille aussi en partenariat avec de nombreuses associations provinciales et nationales
du domaine de la santé pour résoudre différents problèmes liés à l’utilisation sécuritaire et
appropriée de la pharmacothérapie, à la prévention et à la déclaration des événements
indésirables liés aux médicaments et à la continuité des soins.
L’annexe I présente une liste des publications de la Société et des initiatives visant l’amélioration
de la sécurité des systèmes d’utilisation des médicaments.
2.2 Le pharmacien hospitalier fait la différence
Il y a environ 4000 pharmaciens hospitaliers au Canada. Ils exercent la pharmacie dans plus de
500 établissements de santé, notamment des centres hospitaliers de courte durée, centres
ambulatoires et des centres hospitaliers de longue durée. Ces pharmaciens ont à leur actif un
minimum de quatre années d’études universitaires consacrées à l’étude des médicaments et de
leur utilisation dans le but d’améliorer et de préserver la santé. En plus de leur formation de base,
tous les pharmaciens hospitaliers améliorent constamment leurs connaissances et leurs habiletés à
travers des cours de formation continue et des expériences de travail dans leur milieu de pratique
clinique.
Plusieurs pharmaciens ont aussi obtenu une formation théorique additionnelle ou ont poursuivi
leurs études au-delà du baccalauréat. Un grand nombre de pharmaciens ont complété un
programme de résidence en pharmacie hospitalière, une année additionnelle de formation par
l’expérience centrée sur la mise en application des connaissances thérapeutiques dans la pratique
clinique. Ces programmes de résidence sont agréés par le Conseil canadien de la résidence en
pharmacie hospitalière (opérant sous l’égide de la SCPH) pour assurer la qualité du contenu des
programmes et l’expérience d’apprentissage. De même, un nombre croissant de pharmaciens ont
obtenu un doctorat professionnel en pharmacie (PharmD). Le programme de doctorat
professionnel en pharmacie est un programme de deux années d’études supérieures procurant au
pharmacien une connaissance approfondie et une formation dans plusieurs sphères de la pratique
de la pharmacie, notamment les interventions directes auprès des malades.
En travaillant avec des médecins, des infirmières et d’autres professionnels de la santé, les
pharmaciens hospitaliers ont montré qu’ils pouvaient apporter une contribution importante aux
soins aux malades et ils ont progressivement prouvé la valeur de leurs connaissances
particulières. La participation des pharmaciens aux programmes de soins a contribué à aider les
patients à mieux connaître leur maladie, à améliorer l’observance thérapeutique chez les malades,
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à réduire la duplication de thérapies et à diminuer la fréquence des effets secondaires et des
événements indésirables. De ces contributions résultent une meilleure gestion de la maladie au
bénéfice du malade, une réduction des problèmes médicamenteux et une réduction de la
consommation des services de santé. (3-12)
L’annexe II fournit un sommaire détaillé des nombreux rôles des pharmaciens hospitaliers et de
leurs responsabilités.
3. COMMENT LE PHARMACIEN HOSPITALIER PARVIENT-IL À ACCROÎTRE LA
SÉCURITÉ DU MALADE?
Dans un établissement de santé, le pharmacien joue un rôle-clé dans les domaines de la
prévention et de l’analyse des événements indésirables liés aux médicaments. Il s’attaque de
manière proactive aux problèmes du système de distribution des médicaments, de sorte que les
risques d’événements indésirables liés aux médicaments s’en trouvent réduits. En offrant des
services toujours en évolution et par leurs initiatives, les pharmaciens hospitaliers font la
promotion des meilleures méthodes de travail et s’efforcent ainsi d’améliorer les systèmes
d’utilisation des médicaments. Quelques-uns de ces services et initiatives sont présentés cidessous.
3.1 Soins directs au patient
L’utilisation des médicaments est un processus complexe et interdisciplinaire qui commence et se
termine avec le patient. Dans plusieurs hôpitaux, les pharmaciens prodiguent couramment des
soins pharmaceutiques, alors qu’ils interviennent auprès du patient comme membres de l’équipe
interdisciplinaire de soins dans le but de détecter, résoudre et prévenir les problèmes liés à la
pharmacothérapie. Les pharmaciens sont des spécialistes de la pharmacothérapie et, de ce fait,
ont un impact important sur la sélection appropriée des médicaments consommés par le patient.
En travaillant avec les médecins et les autres professionnels de la santé, l’objectif du pharmacien
est de s’assurer du choix approprié et sécuritaire des médicaments, du suivi des résultats
thérapeutiques et de la prévention des événements indésirables.
De nombreuses études ont démontré que l’implication du pharmacien dans les activités directes
au patient conduisait à une diminution marquée des événements indésirables liés aux
médicaments. En 1993, Kilroy et Iafrate ont montré que 724 événements indésirables liés aux
médicaments avaient pu être évités sur une période de quatre années grâce à l’intervention du
pharmacien sur une unité de soins intensifs. (13) Bootman et Johnson ont montré quant à eux que
les coûts associés aux problèmes de pharmacothérapie pouvaient être diminués de moitié, si des
soins pharmaceutiques étaient prodigués à tous les patients. (14) Une autre étude a démontré que
les hôpitaux qui avaient augmenté le nombre de pharmaciens affectés aux soins pharmaceutiques
avaient vu décroître de 65 % le nombre d’accidents et incidents liés aux médicaments. (15) Une
étude menée par Kaushal et ses collaborateurs a estimé que la présence de pharmaciens sur les
étages aurait pu prévenir 94 % des événements indésirables potentiels liés aux médicaments. (16)
Scarsi et ses collaborateurs rapportent une diminution de 51 % des erreurs de médication dans des
services de médecine générale lorsque les pharmaciens participent aux tournées. (17) Dans une
étude similaire, Kucukarlsan et ses collaborateurs ont montré que le nombre d’événements
indésirables évitables liés aux médicaments était réduit de 78% lorsque les pharmaciens
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participaient aux tournées. (18) Leape et ses collaborateurs ont montré quant à eux que la présence
d’un pharmacien aux soins intensifs réduisait des deux tiers le nombre d’événements indésirables
liés aux médicaments. (6) Finalement, Fortescue et ses collaborateurs ont rapporté des résultats
similaires sur une unité de soins pédiatriques où les pharmaciens exerçaient la pharmacie clinique
(réduction de 86 %). (19)
Les pharmaciens hospitaliers ont aussi démontré qu’ils étaient en mesure d’assumer des
responsabilités additionnelles auprès des patients, comme jouer un rôle plus important dans la
prescription de traitements médicamenteux. Un récent rapport de la SCPH montre qu’il existe au
Canada une foule de programmes de pharmacothérapie gérés par ou en collaboration avec les
pharmaciens. (20) Les modèles de pratique de collaboration permettant aux pharmaciens de
prescrire ont mené à une amélioration des résultats thérapeutiques et des soins prodigués. Par
exemple, autant au Canada qu’aux États-Unis, il existe de plus en plus de preuves qu’il y a
réduction des événements indésirables et amélioration des résultats lorsque les programmes
d’anticoagulothérapie sont gérés par des pharmaciens. (21-26)
La communication d’information sur leurs médicaments au patient, ce qu’ils prennent, pourquoi
ils doivent les prendre et comment ils devraient les prendre, est un autre moyen utilisé par le
pharmacien pour rendre l’administration des médicaments plus sûre. Les patients devraient être
des partenaires lorsqu’il s’agit de prévenir les événements indésirables en cours d’hospitalisation
et ils doivent aussi apprendre à s’autoadministrer leurs médicaments de façon sécuritaire
lorsqu’ils retournent à la maison. En tant qu’experts en médicaments, les pharmaciens sont les
mieux placés pour jouer ce rôle.
La mauvaise communication de l’information à l’admission du patient ou au moment de son
congé de l’hôpital, parfois nommée erreur de rectification, est une source majeure d’événements
indésirables évitables liés aux médicaments. Afin de réduire au minimum ce genre d’événements
indésirables, les pharmaciens hospitaliers contribuent à une foule d’activités destinées à améliorer
la continuité des soins aux patients au moment de leur passage d’un milieu vers un autre, par
exemple de la maison à l’hôpital à la maison. Voici quelques exemples d’activités favorisant la
continuité des soins : recueillir l’histoire médicamenteuse du malade à l’admission afin de réduire
les risques d’erreur, communiquer avec les intervenants dans la communauté et s’impliquer dans
les visites à domicile. À l’échelle nationale, la SCPH a commencé à travailler en ce sens en
formant un groupe de travail mixte avec l’Association des pharmaciens du Canada.
3.2 Le formulaire thérapeutique
Le formulaire thérapeutique est une liste complète des produits pharmaceutiques approuvés pour
utilisation dans un établissement particulier. Elle reflète les jugements cliniques combinés des
pharmaciens et des médecins qui ont choisi les médicaments les plus appropriés pour traiter
certaines maladies. Travaillant avec les autres professionnels de la santé au sein du comité de
pharmacologie, les pharmaciens hospitaliers utilisent l’information clinique, thérapeutique,
financière et pharmacoéconomique existante pour gérer le formulaire thérapeutique. Les diverses
listes de médicaments utilisées de nos jours dans certains milieux sont toutes issues de la pratique
de la pharmacie hospitalière.
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En plus de limiter les coûts, les formulaires thérapeutiques peuvent aussi jouer un rôle dans la
prévention des événements indésirables liés aux médicaments. Les décisions concernant le
formulaire thérapeutique peuvent être accompagnées de restrictions à l’utilisation, d’exigences
particulières de surveillance, de protocoles à suivre, de feuillets de commande spéciaux,
d’exigences particulières d’étiquetage de même que de normes de préparation et
d’administration. « En prescrivant des médicaments présents au formulaire de l’établissement, on
augmente les chances que les travailleurs de la santé de l’établissement concerné soient familiers
avec les médicaments utilisés et ainsi qu’ils soient moins susceptibles de faire des erreurs en les
distribuant ou en les administrant. » (27)
3.3 Politiques et lignes directrices relatives aux médicaments
Les pharmaciens hospitaliers continuent de jouer un rôle clé dans l’élaboration de politiques
locales ou régionales, de protocoles et de lignes directrices relatives aux médicaments. La
standardisation des politiques, des protocoles et des lignes directrices contribue à promouvoir
l’utilisation de processus harmonieux, précis et rigoureux pour les médicaments en plus de moins
dépendre des variabilités individuelles. Voici quelques exemples :
• Les politiques et les lignes directrices régissant les normes de rédaction des ordonnances,
(évitant les abréviations dangereuses, exigeant l’utilisation du système métrique ou
utilisant des ordonnances préimprimées).
• La standardisation des divers processus (par exemple les horaires d’administration,
l’emballage et l’étiquetage).
• Les protocoles distincts pour l’utilisation et l’entreposage des médicaments à indice
thérapeutique étroit (par exemple l’entreposage des solutions concentrées de potassium).
• Les lignes directrices d’administration des médicaments. (par exemple les monographies
de médicament intraveineux.)
3.4 Révision des ordonnances
Dans la majorité des cas, les ordonnances sont vérifiées par un pharmacien avant que les produits
soient distribués aux unités de soins. Quatre-vingt-quatorze pour cent des hôpitaux universitaires
et 83 % des autres rapportent que, la plupart du temps, un pharmacien vérifie l’ordonnance avant
que le médicament soit distribué. (28) Lorsqu’il vérifie une ordonnance, le pharmacien met à profit
ses connaissances sur la pharmacothérapie et les renseignements particuliers qu’il détient au sujet
du malade, par exemple, le diagnostic, les allergies connues, le poids du malade, etc., afin
d’évaluer le bien-fondé de l’ordonnance pour ce patient particulier. S’il détecte un problème
potentiel, le pharmacien communique avec la personne qui a rédigé l’ordonnance pour clarifier la
situation et discuter des solutions de rechange. Ce processus de révision contribue à bloquer
certaines ordonnances problématiques avant que le médicament ne parvienne au patient, ajoutant
un contrôle de sécurité de première importance au système d’utilisation des médicaments.
3.5 Systèmes de distribution des médicaments
La Société canadienne des pharmaciens d’hôpitaux préconise l’emploi du système de distribution
unidose et des centrales de préparation d’additifs aux solutés comme système de distribution des
médicaments de choix dans les établissements de santé.(29) Les systèmes de distribution unidose
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et les centrales de préparation d’additifs aux solutés permettent la distribution des médicaments,
généralement pour une période de 24 heures, sous une forme prête à être administrée. Ces
systèmes reposent tous les deux sur le principe que tous les médicaments sont préparés et
distribués par la pharmacie. Le système de distribution unidose est utilisé depuis des décennies et
ses avantages par rapport aux autres systèmes de distribution ont été clairement démontrés,
notamment une diminution de la fréquence des événements indésirables liés aux médicaments.
Dans une étude menée en 1991, à l’Hôpital pour enfants de Toronto, le taux observé d’erreurs de
médication a diminué de 10,3 % à 2,9 % lorsque le système de distribution traditionnel a été
remplacé par un système de distribution unidose. (30)
La caractéristique fondamentale du système de distribution unidose est la suivante : une seule
dose d’un médicament est emballée en format individuel, dans un contenant clairement identifié
et le système fait appel à une nomenclature standardisée. Bien que le tout soit préparé dans un
emballage prêt à servir, la pharmacie ne distribue pas la dose sans que l’ordonnance ait été
préalablement vérifiée par un pharmacien pour assurer qu’elle est sûre et appropriée pour le
patient.
Plus de la moitié des répondants à un récent sondage sur la pharmacie hospitalière ont indiqué
que des systèmes de distribution unidose étaient utilisés, au moins pour quelques lits, dans leurs
établissements et qu’un service centralisé de préparation d’additifs aux solutés était offert dans
81 % des hôpitaux participants. (28)
Plusieurs pharmacies hospitalières ont aussi commencé à utiliser des systèmes automatisés de
distribution des médicaments. Les systèmes automatisés de distribution des médicaments sont des
dispositifs d’entreposage des médicaments ou des distributrices électroniques qui fournissent des
médicaments tout en exerçant un contrôle et un suivi de la médication utilisée. Lorsqu’ils sont
utilisés de manière adéquate en effectuant les vérifications qui s’imposent, ces systèmes peuvent
augmenter le rendement et réduire le nombre d’événements indésirables liés aux médicaments.
Au Canada, les systèmes décentralisés et automatisés de distribution des médicaments sont
utilisés dans environ 18 % des hôpitaux. (28)
Au Canada, un petit nombre de pharmacies hospitalières (11 %) affirme utiliser les codes à barres
au cours du processus de distribution des médicaments, principalement au moment de la
vérification des stocks des cabinets automatisés décentralisés. (28) Une utilisation plus étendue de
cette technologie à différentes étapes des systèmes d’utilisation des médicaments, notamment
pour les médicaments laissés au chevet des malades, pourrait améliorer la précision, l’efficacité et
la sécurité des systèmes d’utilisation des médicaments. (31,32)
3.6 Technologie informatique
La saisie électronique des ordonnances de médicaments, les distributrices automatisées de
médicaments, l’utilisation des codes à barres et les registres informatisés d’administration des
médicaments sont autant d’exemples de technologies qui ont été proposées pour accroître la
sécurité dans le domaine des médicaments. Depuis le début, les pharmaciens hospitaliers ont été à
l’avant-garde dans ce domaine.
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La technologie informatique est utilisée depuis des lustres, dans la majorité des pharmacies des
hôpitaux canadiens. Les systèmes informatisés de traitement de l’information en pharmacie sont
largement utilisés pour la révision des ordonnances, la surveillance et la documentation de
l’administration des médicaments, et aussi pour les activités de distribution. Les pharmaciens
hospitaliers et les assistants techniques utilisent les systèmes informatisés de traitement de
l’information pour vérifier les allergies, la duplication de thérapie et les interactions entre les
médicaments. (28) Certains systèmes permettent même de vérifier les résultats des dosages de
médicament en laboratoire et avertir en présence d’un dépassement de la dose maximale.
L’utilisation de tels systèmes améliore le rendement des départements de pharmacie et diminue
les risques d’événements indésirables évitables liés aux médicaments.
Au Canada, les systèmes de saisie électronique des ordonnances médicales ont été introduits dans
un petit nombre d’hôpitaux. (28) Les demandes sont entrées directement dans le système
informatique et elles sont intégrées au profil du patient, y compris les données de laboratoire et
les ordonnances de médicaments. La demande est alors automatiquement vérifiée afin de détecter
les erreurs et les problèmes. Les systèmes de saisie électronique des ordonnances médicales sont
conçus pour intercepter les erreurs là où elles se produisent le plus souvent, c.-à-d. au moment de
la rédaction de l’ordonnance. Des auteurs ont démontré que les systèmes électroniques de saisie
des ordonnances diminuaient le nombre d’événements indésirables liés aux médicaments,
amélioraient la sûreté et la pertinence des ordonnances et augmentaient l’efficacité des processus
d’utilisation des médicaments. (33-36)
Les pharmaciens hospitaliers s’occupent beaucoup de la promotion, du développement et de la
mise en place des systèmes de saisie électronique des ordonnances médicales; ils intègrent des
politiques et des procédures au moment de la conception du système, afin de réduire ou
d’éliminer les erreurs associées à la rédaction d’ordonnances.
3.7 Information sur les médicaments et formation
La disponibilité de renseignements pertinents sur les médicaments offerts à tous les
professionnels de la santé branchés au système d’utilisation des médicaments est un facteur
important de réduction d’événements indésirables. La divulgation de ces renseignements aux
patients et aux professionnels demeure toujours une des principales responsabilités du
pharmacien hospitalier. Trente et un pour cent des répondants à un récent sondage sur la
pharmacie hospitalière ont répondu que leur hôpital avait affecté du personnel aux services
d’information pharmaceutique et d’évaluation de l’utilisation des médicaments. (28) Dans plusieurs
cas, le besoin sans cesse grandissant d’information pertinente sur les médicaments en temps
opportun a provoqué une expansion du service d’information de la pharmacie en un service plus
officiel (par ex. régional) d’information pharmaceutique.
3.8 Déclaration et système d’analyse des accidents et incidents liés aux médicaments
Les normes de pratique de la SCPH demandent aux départements de pharmacie de participer aux
programmes de déclaration des accidents et incidents liés aux médicaments. (29) Ces programmes
sont essentiels à l’analyse des accidents ou des incidents afin de diminuer le risque qu’ils se
reproduisent. Il est intéressant de mentionner que, dans le récent sondage sur la pharmacie
hospitalière, 92 % des répondants ont affirmé avoir mis en place un système de déclaration des
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accidents et incidents dans leur établissement. (28) Les pharmaciens hospitaliers continuent à jouer
un rôle primordial dans ces programmes importants.
Les pharmaciens hospitaliers partagent et échangent l’information courante à propos de toute une
variété de sujets associés à la pratique de la pharmacie par le biais d’un réseau structuré
d’information qui a reçu l’appui de la SCPH. Les réseaux de spécialistes en pharmacie (RSP)
permettent aux pharmaciens canadiens d’établir rapidement des lignes directrices collectives à
propos de problèmes liés à la sécurité des patients (par ex. le traitement du SRAS).
4.0 QUE PEUT-ON FAIRE DE PLUS POUR PRÉVENIR LES ÉVÉNEMENTS
INDÉSIRABLES LIÉS AUX MÉDICAMENTS ?
Les pharmaciens hospitaliers et les autres professionnels de la santé ont grandement contribué à
la réduction des risques d’événements indésirables liés aux médicaments et à l’amélioration de la
sûreté des systèmes d’utilisation des médicaments. Néanmoins, comme le montrent les rapports
sur les événements indésirables évitables publiés à ce jour, il faudra faire de plus grands efforts
encore. Les principaux secteurs où des ressources additionnelles et des progrès seraient
bénéfiques à nos systèmes d’utilisation des médicaments sont présentés ci-dessous.
4.1 Faire face au problème de pénurie de personnel
La disponibilité de professionnels de la santé qualifiés, y compris de personnel pour la
pharmacie, continue d’être un sérieux problème pour les hôpitaux et pour tout le système de
santé. Soixante pour cent des répondants à un récent sondage sur la pharmacie hospitalière ont
rapporté des postes de pharmaciens vacants en 2001/2002. Ceci souligne bien l’amplitude du
problème. (28) Soixante pour cent des répondants ont aussi affirmé que les services avaient été
réduits à cause de cette pénurie de personnel. De ceux-ci, 80 % ont indiqué que les soins directs
aux patients et les services cliniques avaient été restreints.
La pénurie constante de personnel a de graves conséquences sur la sécurité des patients. Elle
exerce des pressions et de la tension sur un système de soins qui tente déjà de faire face à une
augmentation de la clientèle et au caractère urgent de leur maladie. Nous avons un urgent besoin
d’une approche intégrée de planification des ressources humaines pour assurer le renouvellement
des professionnels de la santé. Tous les intervenants, y compris les organisations professionnelles
dans le domaine de la santé et les gouvernements, doivent travailler ensemble pour régler le
problème de pénurie et planifier l’avenir.
La SCPH fait déjà partie du Comité directeur du ministère canadien du Développement des
ressources humaines (DRHC) qui se penche sur la pénurie de main-d’œuvre en pharmacie. Ce
groupe identifiera non seulement les facteurs qui contribuent à cette pénurie, mais aussi
développera des stratégies destinées à résoudre le problème.
4.2 Augmenter la participation des pharmaciens
Différents auteurs ont démontré que l’augmentation de la participation du pharmacien à des
activités directement reliées aux soins aux malades avait des effets positifs sur les résultats
thérapeutiques, notamment une diminution manifeste des événements indésirables liés aux
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médicaments. (6,13-19) Dans une étude ontarienne sur les services de pharmacie clinique, les
pharmaciens qui faisaient le plus d’interventions directes auprès des patients avaient effectué
neuf fois plus de recommandations par jour/patient que ceux qui ne faisaient que la révision
générale des ordonnances. (3) Toutefois, on dit que les pharmaciens hospitaliers ne passent en
moyenne que 39 % de leur temps à des activités directement reliées aux soins du malade. (28)
Pour assurer qu’il y ait assez de pharmaciens pour répondre à l’accroissement de leur
participation aux soins directs aux malades, les organisations doivent faire plus de place à la
technologie et à l’automatisation dans leur système d’utilisation des médicaments. Ils doivent
aussi utiliser le plus possible le personnel non professionnel (par ex., les assistants techniques en
pharmacie et les commis) en soutien au pharmacien hospitalier. Dans un récent document intitulé
« Un document d’information sur le rôle de l’assistant technique en pharmacie », la SCPH donne
son appui et des directives à propos de la délégation de tâches supplémentaires aux assistants
techniques en pharmacie. (37)
4.3 Améliorer les systèmes de distribution des médicaments
La conversion au système de distribution unidose a été citée comme un exemple de changement
de méthode de travail qui pouvait contribuer à accroître la sécurité des patients. (38) Néanmoins,
plusieurs hôpitaux n’utilisent pas encore ce système de distribution. Les résultats du plus récent
sondage sur la pharmacie hospitalière montrent qu’il y a énormément de place à l’amélioration
dans ce domaine. Environ 54 % des répondants ont indiqué que le système de distribution
unidose était utilisé pour certains lits, alors que seulement 24 % ont affirmé que le système était
utilisé pour 90 % des lits de l’établissement. (28)
4.4 Augmenter l’utilisation d’outils technologiques et de l’automatisation
Dans la majorité des cas, les établissements de santé ont été lents à exploiter les avantages des
outils technologiques dans la prévention des préjudices aux patients. Le rapport de 2001/2002 sur
la pharmacie hospitalière montre que les systèmes automatisés de distribution des médicaments
sont utilisés seulement par 18 % des hôpitaux canadiens. (28) C’est même un plus petit nombre
d’hôpitaux (11 %), qui disent utiliser les codes à barres, et encore ne le font-ils que pour la
vérification des stocks des cabinets automatisés décentralisés.
Des investissements accrus dans le domaine de la technologie pourraient aider à répondre au
problème de surcharge de travail de certaines pharmacies hospitalières, tout en contribuant à
améliorer la sûreté générale des systèmes de distribution et des processus d’administration des
médicaments. Par exemple, une étude menée dans un Centre médical du ministère des anciens
combattants qui utilisait la technologie des codes à barres pour leur système de distribution
rapporte que 5,7 millions de doses ont été administrées aux patients sans erreur. (32) La U.S. Food
and Drug Administration (FDA) a estimé que l’utilisation des codes à barres aux étapes de la
distribution et de l’administration des médicaments pouvait réduire de 50 % le nombre d’erreurs.
(32)
Ces premiers rapports sont certainement très encourageants. Toutefois des études
additionnelles qui analyseront rigoureusement les avantages, du point de vue du coût et de la
sécurité de ces nouvelles technologies, pourraient être très profitables aux gestionnaires des
établissements et des pharmacies hospitalières.
Société canadienne des pharmaciens d’hôpitaux (SCPH)
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4.5 Augmenter l’utilisation de la saisie électronique des ordonnances
Les programmes de saisie électronique des ordonnances peuvent améliorer grandement la
détection des erreurs potentielles liées à la prescription des médicaments. Un hôpital a noté une
diminution de 55 % des événements indésirables évitables liés aux médicaments après la mise en
place d’un système de saisie électronique des ordonnances. (33) Malheureusement, la saisie
électronique des ordonnances n’est utilisée que par un très petit nombre d’hôpitaux au Canada.
Neuf répondants (17 %) au sondage de 2001/2002 sur la pharmacie hospitalière ont indiqué
qu’un système de saisie électronique des ordonnances était opérationnel dans leur établissement.
(28)
Ce qui est plus encourageant, c’est que 17 autres répondants ont affirmé qu’un plan de mise
en service d’un tel système avait été approuvé chez eux. Il est très important que cette tendance
se maintienne.
4.6 Améliorer la déclaration et les méthodes d’analyse des événements indésirables liés aux
médicaments
Alors que nous continuons à nous diriger allégrement vers une « culture de la sécurité » dans nos
hôpitaux, nous devons déployer des systèmes et des outils conviviaux pour la déclaration des
événements indésirables liés aux médicmanets. Ces systèmes assureront que les événements
indésirables sont rapportés volontairement par ceux qui sont directement en cause, de sorte que
les brèches et les faiblesses de nos systèmes d’utilisation des médicaments seront détectées et
colmatées en tenant compte du risque réel. Un système robuste de déclaration et d’analyse des
accidents et incidents pourra aussi être utile pour générer des données qui bonifieront et
orienteront les stratégies éducatives qui visent à prévenir les événements indésirables.
4.7 Encourager l’utilisation d’une approche de collaboration dans la prévention des
événements indésirables
L’erreur humaine, il s’agit d’une réalité incontournable, néanmoins la survenue des événements
indésirables liés aux médicaments témoigne habituellement de la présence d’un problème
systématique plus profond. Plutôt que de blâmer un seul individu ou une discipline particulière,
tous les intervenants (c.-à-d. les patients, les pharmaciens, les infirmières, les médecins, etc.)
doivent travailler ensemble, en utilisant une approche systématique, pour déceler les failles du
système et les colmater. « Le système de santé doit encourager le partenariat entre tous les
consommateurs de soins. Ces partenariats, y compris ceux entre les individus, professions et
organisations, sont nécessaires pour corriger efficacement toutes les anomalies opérationnelles et
systémiques. » (38)
5.0 Conclusion
Les pharmaciens hospitaliers ont démontré que l’utilisation efficace de leurs connaissances
pouvait se traduire par une réduction substantielle des événements indésirables liés aux
médicaments et une amélioration de la sécurité des patients. Par contre, il reste que nous avons
encore besoin d’améliorer considérablement notre système d’utilisation des médicaments. Pour
réduire les risques de préjudices aux patients, il faut des efforts constants et la collaboration de
tous. Un accroissement de l’automatisation de nos systèmes d’utilisation des médicaments et une
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augmentation constante de la participation des pharmaciens à des activités directement reliées
aux soins des patients contribueront à réduire de façon substantielle les événements indésirables
liés aux médicaments dans nos hôpitaux. Grâce à leur grande compétence et leur expérience dans
le domaine de la gestion de l’utilisation des médicaments, les pharmaciens hospitaliers peuvent
continuer à donner le ton en cette matière.
Société canadienne des pharmaciens d’hôpitaux (SCPH)
décembre 2003
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Annexe 1 – Initiatives de la SCPH dans le domaine de la sécurité des patients
A. Normes professionnelles de la SCPH sur la pratique de la pharmacie hospitalière (2002)
Les normes de pratique de la pharmacie hospitalière de la SCPH revoient brièvement les devoirs
du pharmacien hospitalier qui plaide en faveur de systèmes d’utilisation des médicaments plus
sûrs. La Norme 4 présente les devoirs du pharmacien hospitalier lorsqu’il agit comme porteparole des patients. Une des principales règles de pratique retrouvée dans cette norme (4.2) exige
que le pharmacien « plaide pour des améliorations de la pratique, notamment pour des systèmes
d’utilisation des médicaments plus sûrs, une pratique fondée sur les résultats, des interventions
directes auprès des patients et la continuité des soins au patient. »
B. Lignes directrices de la SCPH sur la déclaration des accidents et incidents de médication
et la prévention des accidents et incidents de médication (1999)
Ces lignes directrices donnent des orientations aux pharmaciens et aux autres professionnels de la
santé, notamment les infirmières, médecins, pour recueillir des renseignements, les évaluer et
prendre des mesures correctives en présence d’incidents ou d’accidents liés à la médication et
pour concevoir un programme d’assurance de la qualité du système d’utilisation des médicaments
de l’établissement.
C. Énoncé de la SCPH sur la distribution unidose et la distribution d’additifs aux solutés,
lignes directrices sur l’étiquetage et l’emballage des médicaments à l’intention des
fabricants et les lignes directrices sur la responsabilité et la gestion du risque
Cet énoncé et ces lignes directrices de la SCPH aident à installer des systèmes sécuritaires de
distribution des médicaments, à contribuer aux objectifs d’administration sécuritaire des
médicaments et à éveiller les pharmaciens hospitaliers aux problèmes et aux risques de poursuite
pour négligence.
D. Participation à des initiatives interdisciplinaires orientées vers l’amélioration de la
sécurité des malades
La Société canadienne a contribué financièrement et d’autres façons à des initiatives nationales
visant la sécurité des patients comme le développement d’un plan pour un système canadien de
déclaration et de prévention des incidents médicamenteux [Coalition canadienne pour la
déclaration et la prévention des incidents médicamenteux (CCDPIM)] et le rapport du Comité
directeur national sur la sécurité des patients (Accroître la sécurité du système : une stratégie
nationale intégrée pour accroître la sécurité des patients dans les soins de santé au Canada). La
SCPH a accueilli conjointement avec Santé Canada le premier atelier qui a donné naissance à la
CCDPIM.
E. Formation continue
La formation continue est une des principales composantes de l’ensemble des services offerts par
la SCPH. Les événements de formation continue aident les pharmaciens hospitaliers à bâtir des
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programmes d’amélioration de la qualité et à modifier leur pratique pour accroître la sécurité de
leurs systèmes de distribution des médicaments.
F. Engagement à faire avancer une pratique de la pharmacie axée sur le patient
On a démontré que la participation des pharmaciens contribuait à diminuer l’incidence
d’événements indésirables et de problèmes liés aux médicaments chez les patients et à accroître
leur sécurité. Efforts de plaidoirie, programmes éducatifs (modules sur les soins directs au
patient), normes de pratique, énoncés et lignes directrices (par ex. soins pharmaceutiques, soins à
domicile), et groupes de travail (par ex. continuité des soins, pharmacien prescripteur) sont des
exemples d’initiatives de la SCPH qui préconise un rôle plus important du pharmacien dans les
soins directs au patient.
G. Plaidoirie en faveur de systèmes d’utilisation des médicaments plus sûrs
« Le mémoire de la SCPH présenté à la Commission Romanow sur l’avenir des soins de santé au
Canada », a mis en évidence l’importance des changements de système (par ex. utilisation accrue
des systèmes automatisés de distribution des médicaments) et la nécessité d’accroître la
participation du pharmacien afin d’améliorer la sécurité et l’efficacité des systèmes d’utilisation
des médicaments.
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Annexe II – Que font les pharmaciens hospitaliers ?
Le nombre de pharmaciens dans un établissement et les tâches et responsabilités particulières
qu’ils assument varient considérablement d’un établissement à l’autre. La plupart des
départements de pharmacie hospitalière offrent un éventail de services comprenant des soins
directs au patient, la gestion de l’utilisation des médicaments, des tâches administratives et
d’autres fonctions de soutien comme la formation et la recherche.
A. Soins directs au patient
Les pharmaciens de plusieurs hôpitaux prodiguent couramment des soins pharmaceutiques, alors
qu’ils travaillent avec le patient pour détecter, résoudre et prévenir les problèmes de
pharmacothérapie. Ils font souvent partie d’une équipe interdisciplinaire au sein de laquelle ils
sont reconnus comme les spécialistes du médicament. Tout comme les autres membres de
l’équipe, les pharmaciens hospitaliers ont accès à de l’information pertinente propre au patient,
comme le diagnostic et les résultats de tests de laboratoire, afin d’exploiter les connaissances
particulières de chacun des membres.
Des activités dans les domaines de la prévention ou de la promotion de la santé (par ex.
programmes de vaccination, d’évaluation du risque, de modification du mode de vie) ; à des
programmes variés de soins aigus en milieu hospitalier (par ex. cardiologie, maladies
infectieuses, soins intensifs) ; ou à des services de consultation externe et à domicile (par ex.
service d’anticoagulothérapie, clinique de gestion de l’asthme, programme de thérapie
intraveineuse à domicile, programme de soins palliatifs), les pharmaciens sont présents dans toute
la gamme de services de soins aux malades. Un récent rapport sur la pharmacie hospitalière au
Canada a montré que les pharmaciens s’occupent de plusieurs programmes en hôpital et en
consultation externe dont : (29)
Services en hôpital :
- médecine générale
- soins intensifs
- maladies infectieuses
- gériatrie/soins de longue durée
- unités chirurgicales
- santé mentale
- onco-hématologie
- services de réhabilitation
- gynécologie/obstétrique
- pédiatrie
Services en consultation externe :
- onco-hématologie
- clinique du diabète
- douleur/soins palliatifs
- salle d’urgence
- thrombophlébite/anticoagulothérapie
- maladies infectieuses/SIDA
- dialyse rénale
- asthme/allergies
- centre gériatrique
- maladies cardiovasculaires/lipides
- santé mentale
- greffe
- neurologie
Dans ces programmes de soins aux malades, le pharmacien est habituellement responsable d’une
grande gamme de services cliniques, notamment de recueillir l’histoire médicamenteuse des
patients; d’évaluer et de surveiller la thérapie (choix thérapeutiques, doses, formes
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pharmaceutiques); de réviser et d’interpréter les résultats de laboratoire; de consulter
régulièrement les autres professionnels de la santé et d’enseigner aux patients.
Dans plusieurs établissements, les pharmaciens ont, dans une certaine mesure, le droit ou la
responsabilité de prescrire. Un rapport récent de la SCPH montre qu’il existe, dans les hôpitaux
canadiens, une large gamme de programmes de pharmacothérapie gérés par ou en collaboration
avec les pharmaciens. (21) Pour un pharmacien, la prescription prend plusieurs formes,
notamment :
- substitution thérapeutique
- sélection des médicaments en vente libre
- dosage pharmacocinétique des aminoglycosides
- anticoagulothérapie chez les patients hospitalisés et en consultation externe
- alimentation entérale et parentérale totale
- gestion des analgésiques en cancérologie
- gestion des antiémétiques en chimiothérapie
- dosage et ajustement de l’insuline et des hypoglycémiants oraux
- programme d’ajustement des doses en présence d’insuffisance rénale
- clinique d’hypertension
- clinique d’hyperlipidémie
- renouvellement des ordonnances des patients externes
Les pharmaciens hospitaliers participent aussi à une foule d’activités destinées à faciliter la
continuité des soins aux patients au moment de leur passage d’un milieu vers un autre (par ex. de
la maison à l’hôpital, à la maison). Quelques exemples d’activités favorisant la continuité des
soins sont présentés ci-dessous. La participation des pharmaciens à ces activités varie d’un
établissement à l’autre et elle dépend souvent du type d’établissement comme des ressources
disponibles.
- Recueillir l’histoire médicamenteuse des patients pour aider à réduire les erreurs à
l’admission
- Communiquer avec les professionnels de la santé dans la communauté au sujet de
la pharmacothérapie du patient avant l’admission
- Conseiller le patient au moment de son congé de l’hôpital et lui fournir de
l’information spécifique aux médicaments utilisés
- Fournir aux patients des outils pour les aider à demeurer fidèles à leur traitement
- Fournir des renseignements sur le patient (avec le consentement du patient) aux
professionnels de la santé dans la communauté
- Fournir des médicaments en externe avec les conseils appropriés dans le cadre
d’un service externe de pharmacie ou de consultation externe
- Prendre part aux visites à domicile
- Fournir les médicaments et la formation nécessaires dans le cadre d’un programme
de thérapie intraveineuse à domicile
B. Gestion de l’utilisation des médicaments
Pendant des années, les pharmaciens hospitaliers ont insisté sur l’importance du rapport entre le
coût et l’efficacité des médicaments. Les pharmaciens ont contribué à optimiser l’utilisation des
médicaments par une saine gestion des formulaires de médicaments, la mise en place de
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politiques et de lignes directrices et l’établissement de programmes d’évaluation de l’utilisation
des médicaments. Plusieurs pharmaciens hospitaliers ont aussi apporté leur contribution aux
« comités du formulaire » provinciaux qui décident des médicaments qui seront couverts dans la
communauté.
Un formulaire de médicaments est une liste complète des produits pharmaceutiques approuvés
pour utilisation dans un établissement particulier. Cette liste reflète les jugements cliniques
combinés des pharmaciens et des médecins qui ont choisi les médicaments les plus appropriés
pour traiter certaines maladies. Travaillant avec les autres professionnels de la santé au sein du
comité de pharmacologie, les pharmaciens hospitaliers utilisent l’information clinique,
thérapeutique, financière et pharmacoéconomique existante pour gérer le formulaire
thérapeutique. Les avantages visés comprennent un meilleur rapport entre le coût et l’efficacité,
des soins de qualité supérieure en déterminant les meilleurs traitements et l’élimination des
traitements inefficaces ou ceux pour lesquels il y a un risque d’événement indésirable évitable.
Les pharmaciens jouent aussi un rôle primordial dans l’élaboration des politiques et procédures
liées aux médicaments. Plusieurs pharmaciens hospitaliers ont participé directement à
l’élaboration des lignes directrices cliniques, au niveau local dans leurs établissements respectifs,
mais aussi au niveau provincial et national. Les lignes directrices cliniques ont été conçues pour
refléter l’opinion médicale courante sur les traitements de choix. Ces lignes directrices sont
utilisées par les médecins et les autres professionnels de la santé pour guider leurs décisions en ce
qui concerne les soins aux patients. Ces politiques et lignes directrices ont des répercussions sur
l’efficacité des soins, le coût de la pharmacothérapie et les problèmes de résistance.
Plusieurs hôpitaux opèrent des programmes pour évaluer l’utilisation des médicaments (RUM).
Au cours d’une revue de l’utilisation des médicaments, les pharmaciens évaluent
systématiquement l’utilisation des médicaments à l’aide de critères objectifs préétablis. Les
hôpitaux et les organisations régionales ont utilisé les RUM pour analyser la pertinence de
traitements médicamenteux dans leurs établissements et ont mesuré la rentabilité de l’utilisation
des médicaments. Les programmes de RUM se sont avérés totalement rentables grâce aux
économies générées. (10)
C. Systèmes de distribution des médicaments
Les pharmaciens hospitaliers sont responsables de la supervision du système de distribution des
médicaments de leur établissement. Ils font en sorte que les systèmes et les procédés sont sûrs,
efficaces et capables de rendement et qu’ils sont conçus pour minimiser les risques d’erreurs de
médication. Des progrès sensibles ont été réalisés au cours des années en déléguant les tâches
techniques de distribution à des assistants techniques formés et à des commis. De même,
plusieurs hôpitaux ont commencé à utiliser les systèmes automatisés de distribution des
médicaments qui aident à réduire la charge de travail et les risques de faire des erreurs.
Dans les établissements de santé, les pharmaciens jouent un rôle clé dans les domaines de la
prévention et de l’analyse des erreurs de médication. Ils s’attaquent de manière proactive aux
problèmes liés au système de distribution des médicaments, de sorte que les risques d’erreurs de
médication s’en trouvent réduits. Ils font la promotion des meilleures méthodes de travail dont la
distribution unidose des médicaments aux patients hospitalisés, la saisie électronique des
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ordonnances médicales, la standardisation et la simplification de la rédaction des ordonnances et
des procédés d’administration des médicaments, utilisant des méthodes d’emballage limitant les
risques d’erreurs et en offrant un service de 24 heures.
Le pharmacien hospitalier joue un rôle primordial en détectant les effets indésirables
médicamenteux et en les rapportant à Santé Canada afin de développer au maximum la base de
données de renseignements à ce sujet.
D. Enseignement
L’enseignement et la formation des étudiants sont des responsabilités habituelles de la plupart des
pharmaciens hospitaliers et dans bien des établissements, la participation à l’enseignement est
très poussée. On y enseigne aux étudiants du baccalauréat en pharmacie, du cours d’assistant
technique en pharmacie, du programme de résidence et du programme de doctorat professionnel
en pharmacie.
En ce qui a trait aux étudiants du baccalauréat en pharmacie, les pharmaciens hospitaliers
contribuent beaucoup à l’élaboration des programmes et il est courant de voir des pharmaciens
hospitaliers chargés de cours à la faculté ou à l’école de pharmacie. Les pharmaciens hospitaliers
font aussi office de mentor et de précepteur pour les étudiants pendant leur stage clinique.
Environ 800 étudiants de dernière année dans les facultés ou écoles de pharmacie passent un
minimum de 3 à 4 semaines à suivre un programme structuré d’expérience en milieu de travail en
milieu hospitalier. De plus, les pharmaciens hospitaliers enseignent et servent de mentor aux
résidents en pharmacie hospitalière et aux étudiants du doctorat professionnel en pharmacie.
En outre, les pharmaciens hospitaliers contribuent à la formation des autres professionnels de la
santé, par exemple les médecins, les infirmières et les diététistes. Ils offrent de la formation sur
place, ils participent aux tournées des médecins ou des infirmières, ils donnent des conférences,
et ils soumettent des textes pour des ouvrages de références et des revues.
E. Recherche
En milieu hospitalier, les essais de médicaments sont habituellement de nature interdisciplinaire
et le pharmacien y participe généralement. De plus, plusieurs pharmaciens font aussi de la
recherche sur différentes facettes de l’exercice de la pharmacie.
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