conflit israelopalestinien
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conflit israelopalestinien
Israël/Palestine : la nation, le territoire, le sacré Introduction - Le conflit dans sa forme actuel est ancien de plus d’un siècle - Une géographie très réduite (2/3 de l’Aquitaine) et population relativement réduite : Israël compte 8 millions d’habitants dont 75 % de juifs mais aussi des palestiniens arabes, musulmans ou chrétiens Les territoires palestiniens compte un peu plus de 4 millions d’habitant dont près de 2 millions dans la toute petite bande de Gaza (4280 hab/km2 !). Mais plus de 5 millions de réfugiés palestiniens hors de Palestine. - Mais, en dépit de cette géographie réduite et de cette population relativement imitée, les incidences diplomatiques de ce conflit sont considérables, au niveau régional et international (guerre du Liban très liée à la création d’Israël, Ben Laden revendiquant le 11sept2001 au nom du « sang versé par Israël…). Risques de polarisation communautaire en raison de ce conflit. Actuellement, la diplomatie française n’est absolument pas libre sur ce sujet. - « Le conflit israélo-palestinien est la mère de tous les conflits » (Romano PRODI). - Certains parlent de « choc des civilisations » (Samuel HUNGTINGTON – Théorie : choc Orient/Occident inévitable, approche culturaliste et populiste. Substrat intellectuel de l’administration Bush). Il est préférable de parler de « choc des ignorances ». 1) Retour vers la genèse : deux nations, une terre - La dimension religieuse a été pendant très longtemps absente, voire inexistante dans ce conflit (contrairement à l’idée que l’on s’en fait :). - Tout commence en Europe à la fin du 19ème : période d’affirmation nationale (les allemands commencent à se considérer comme allemands, les italiens, idem) - idée que les hommes partagent une même communauté de langue, d’histoire, qui appelle à la création d’un EtatNation. Même processus établi par les penseurs juifs disséminés en Europe (langue : hébreu, religion et histoire commune) : apparaît l’idée d’un « Etat-Nation » juif. C’est Théodore HERZL qui exprime l’idée du sionisme (= les juifs sont appelés à retourner à Jérusalem). Autrichien, il n’a pas fait cette démarche pour des motifs religieux (ce n’est pas quelqu’un de religieux), mais politiques. IL y a toujours une équivoque au sujet du judaïsme qui est à la fois une religion et une culture/ethnie. Le Judaïsme devient un projet politique de par l’histoire des juifs, au nom du droit historique supposé basé sur l’histoire sainte (la Torah). Les juifs ont été chassés de Palestine par les Romains au 2ème siècle. Les idées de Théodore HERZL sont très mal reçues et même récriées par les responsables juifs de Jérusalem et d’Europe ; elles sont considérées comme areligieuses par les religieux. - Mais alors qu’est-ce qui va favoriser et faciliter la montée du sionisme ? C’est d’abord en raison de l’augmentation du sentiment anti-juif en Europe jusque dans les années 30. L’antisémitisme massif va entraîner une massification de l’immigration juive en Palestine. A partir des années 1920, ces immigrations sont non seulement pensées, mais aussi financées. Ces vagues d’immigration s’appellent des « Allyah ». Et c’est ensuite en raison des calculs stratégiques britanniques. Israël / Palestine se situent sur le passage de la route des Indes. La France et la Grande-Bretagne ont créé des États qu’ils étaient censés accompagner : création d’un État/espace palestinien et d’un foyer national juif (pour assurer les intérêts britanniques) en 1917. Enjeux géopolitiques du Canal de Suez. Après la chute de l’empire ottoman, création des territoires : Jordanie, Irak, Palestine, Syrie, Liban. - Comment ça s’est passé sur le terrain ? Une véritable stratégie s’est mise en place, portée par le Fonds National Juif. Achat de terres par ce FNJ, pour la rédemption (pas au sens religieux, mais symbolique du travail de la terre) des juifs, par rapport à ce qu’ils vivent en Europe. Une stratégie foncière. Utilisation du secteur de l’agriculture, du socialisme (travail de la terre) pour favoriser le nationalisme. Les relations entre arabes et juifs vont se détériorer au fil des vagues d’immigration. Politique d’implantation dans l’espace fondé sur l’agriculture. La très grande majorité des arabes de Palestine étaient des paysans, mais pauvres, sans terres ; ce sont donc des métayers. De grandes familles possèdent les terres. Dans les années 20, le FNJ achète des terres aux grandes familles arabes. Les paysans sont de plus en plus en déshérence. En 1936-39, un premier soulèvement arabe se fait contre les juifs, un soulèvement paysan. « Intifada ». La situation devient inextricable. - Suite à cela, les anglais décident de fermer les frontières aux juifs. En réaction, les juifs se radicalisent contre les anglais et entrent en guerre contre eux. Ceci en parallèle de la mise en place de la solution finale en Europe. Point d’orgue : attentat de 1946. A ce moment-là, les anglais prennent la mesure de leur échec. - En 1947, ils font appel à l’ONU pour trouver des solutions. Deux États, un palestinien et un juif, avec une ville internationale (Jérusalem). Les juifs l’acceptent, les arabes non, car ils n’y voient ni équilibre, ni respect de leur autodétermination. Les juifs acceptent une réévaluation tout en masquant leur stratégie de conquête de territoires supplémentaires. Leur stratégie : user de la peur pour faire fuir les populations arabes des zones peu peuplées et récupérer leurs territoires. Massacre de Deir Yassine – 1948. Un mois après, Israël s’auto-promulgue Etat (14 mai 1948). Le 15 mai, les pays arabes déclarent la guerre à Israël. Durant cette guerre (qui dure jusqu’en 1949), Israël, non seulement gagne, mais conquiert également de nombreux territoires, à la base arabes. Conséquence 1 : On est passé de 57% du territoire aux juifs à 78%. Les palestiniens se trouvent éclatés entre Gaza et la Cisjordanie. La Jordanie administre cette dernière, et l’Egypte administre Gaza. Conséquence 2 : Importance des réfugiés palestiniens. La majorité des arabes sont à Gaza, en Cisjordanie, en Syrie ou au Liban. On est passé de 700 000 réfugiés à 4 millions, sachant que ce statut se transmet de génération en génération tant que le problème n’est pas résolu. Question à forte charge émotionnelle, mémoire encore très vive. Les arabes qui sont restés sont devenus israéliens, mais n’ont pas les mêmes droits que les juifs. - Pour vivre dans cette région, impossible sans eau, d’où l’importance du Lac de Tibériade 2) 1967-1993 : le sacré se dévoile - Les israéliens ne se satisfont pas de leur territoire de 1948. Nasser provoque les israéliens (blocus de la Mer Rouge), ce qui donne lieu à la « Guerre des 6 jours ». Israël gagne et occupe Gaza et la Cisjordanie. Nouvelle résolution (242) de l’ONU qui exige qu’Israël rétrocède les territoires occupés palestiniens, juin 1967. - Le nationalisme arabe est un échec, et à partir de 1967 commence à émerger un nouveau phénomène : l’islamisme. - Plan ALLON : colonisation par les israéliens de la vallée du Jourdain pour contrôler la frontière avec la Jordanie. En 1978, un 2ème plan de colonisation voit le jour : le plan DROBLESS, beaucoup plus agressif qui prévoit des colonies dans les régions arabes très peuplées. Ce plan est mis en place par Ariel SHARON sous influence du parti des ultra-sionistes (le « Likoud »). Celui-ci s’appuie sur les sionistes religieux, qui ne vont être que de simples aiguillons. Cette implantation continue toujours. Il existe réellement une ingénierie territoriale de cette colonisation israélienne. Imposition de quotas d’irrigation par les israéliens aux palestiniens : encore plus de pression. - Possession de la charge émotionnelle religieuse. 3) Un processus de paix dans le mur - 1987 : « intifada : guerre des lanceurs de pierre ». Ce soulèvement pousse le leadership palestinien à vouloir faire bouger les choses. La population israélienne se mobilise contre la colonisation. -1993 : la guerre du Koweït qui a vu se mettre en, place une une coalition internationale pour libérer le Koweit va chnager la donne. Cette coalition est constituée de pays arabes et occidentaux : les USA font faire pression sur Israël pour avancer dans le processus de paix Cela donnera lieu aux accords d’Oslo : Leaders palestiniens et Israéliens ont été « forcés » de discuter d’un processus de paix : accords d’Oslo. Ce processus devait permettre : - la reconnaissance de l’un par l’autre. Yasser Arafat, leader de l’OLP (Organisation pour la Libération de la Palestine qui depuis 1967 luttait, y compris par la violence) négocie sous la pression occidentale avec Israël. Est crée l’Autorité Palestinienne sensée administrer les territoires palestinien (Gaza et Cisjordanie). Le projet est l’édification d’un Etat de Palestine, un statut pour Jérusalem et un statut pour les réfugiés (le tout en 5 ans). - l’Etat Palestinien n’existe pas encore réellement dans les faits : officiellement, depuis 2011 il est reconnu comme un membre observateur non membre de l’ONU. Mais concrètement la réalité de l’Etat Palestinien n’existe pas. - Au niveau territorial, les accords d’Oslo sont un échec : > La rétrocession des territoires n’a pas abouti : aujourd’hui, 70% de la Cisjordanie est sous contrôle israélien. 20% seulement du territoire est sous autorité palestinienne. > La colonisation s’est intensifiée et accélérée. On consacre les implantations (exemple d’Hébron). > Israël a intensifié la construction de routes qui relient les colonies à Israël. > La question des réfugiés n’a pas du tout avancé. > Rien ne s’est passé sur le statut Jérusalem, les colonies ont été développées - Devant ses échecs d’Oslo, la population palestinienne, très frustrée, s’est soulevée depuis 2000, seconde intifada qui dure jusqu’en 2005. Pendant cette intifada, les israéliens ont construits un mur de « séparation/protection ». En vérité, c’est un mur d’annexion qui vise à développer la colonisation supplémentaire. Ce mur ne suit pas réellement la « ligne verte » (frontière de 1949) mais annexe de nouveaux territoires - En 2007, le Hamas (Mouvement de résistance islamique) qui s’était opposé aux accords d’Oslo et à l’Autorité Palestinienne a pris le pouvoir à Gaza - En 2008 éclate la guerre de Gaza qui durera plus de 6 mois. Exaspérés par l’envoi de roquettes par le Hamas depuis la bande de Gaza vers le territoire Israéliens, l’armée israélienne procède à des bombardements intensifs sur Gaza faisant 1.500 morts dont plus de la moitié de civils Aujourd’hui, la situation a atteint dans un statut quo. Les tensions ne sont plus aussi fortes que dans les années passées notamment en Cisjordanie où Israël a cherché à favoriser un développement du niveau de vie. Le mur a mis fin aux attaques terroristes sur le territoire d’Israël mais ne résout aucun problème de fond. Le processus de paix semble bel et bien embourbé sans que l’on ait à redouter aujourd’hui un nouvel embrasement de la région. Le conflit syrien qui est une guerre entre musulmans (sunnites/chiites) semble cristalliser toutes les tensions laissant Israël dans une paix relative.