Dictée 5 et 6 primaires La rivière à l`envers. Tome 1, Tomek, Jean
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Dictée 5 et 6 primaires La rivière à l`envers. Tome 1, Tomek, Jean
Lions Club de Gembloux 19ième Concours de dictée française Dictée 5e et 6e primaires La rivière à l’envers. Tome 1, Tomek, Jean-Claude Mourlevat. L’épicerie de Tomek était la dernière maison du village. Quand on poussait la porte, une clochette tintait joyeusement et Tomek se tenait devant vous, souriant dans son tablier gris. C’était un garçon aux yeux rêveurs, assez grand pour son âge, plutôt osseux. Comme Tomek vivait dans son magasin, ou plutôt dans l’arrière-boutique, il ne fermait jamais, il y avait bien une petite pancarte accrochée à l’entrée, mais elle était toujours tournée du même côté, celui qui indiquait ouvert. Ce n’était pas pourtant un défilé continuel. Non. Les gens du village étaient respectueux et se gardaient bien de déranger à toute heure. Ils savaient seulement qu’en cas de besoin urgent, Tomek les dépannerait avec gentillesse, même au milieu de la nuit. Ainsi tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes. Seulement voilà, Tomek avait un secret. Cela lui était venu avec tant de lenteur qu’il ne s’était aperçu de rien. Exactement comme les cheveux qui poussent sans qu’on s’en rende compte : un beau jour, ils sont trop longs et voilà. Il s’ennuyait. Il avait envie de partir, de voir le monde. Depuis la petite fenêtre de son arrière-boutique, il regardait souvent la vaste plaine où le blé de printemps se balançait avec grâce, semblable aux vagues de la mer. Et seul le tintement de la sonnette à la porte de la boutique pouvait l’arracher à sa rêverie. D’autres fois, très tôt, il allait marcher sur les chemins qui se perdaient dans la campagne, dans le jaune si tendre des champs de blé au petit jour, et cela lui arrachait le cœur de devoir rentrer à la maison. Mais c’est à l’automne surtout, au moment où les oiseaux de passage traversaient le ciel, dans leur grand silence, que Tomek ressentait avec plus de violence le désir de s’en aller. Les larmes lui en venaient aux yeux tandis qu’il regardait les oies sauvages disparaître (disparaitre) à grands coups d’aile (d’ailes) à l’horizon. *************************************************************************** 19ième Concours de dictée française Lions Club de Gembloux Malheureusement, on ne part pas comme cela. Cette épicerie était celle que son père avait tenue avant lui, et son grand-père avant son père. Qu’auraient pensé les gens ? Qu’il les abandonnait ? Qu’il n’était pas bien avec eux ? En tous cas ils n’auraient pas compris. Cela les aurait rendus tristes. Il résolut donc de rester et de garder son secret pour lui. Il fallait être patient, se disait-il, l’ennui finirait bien par s’en aller comme il était venu, lentement, avec le temps, sans qu’il s’en aperçoive… Les mots difficiles 1. un hippopotame : Gros mammifère ongulé, herbivore non ruminant, amphibie, vivant en Afrique, aux petits yeux ronds, aux oreilles très courtes et aux membres trapus terminés par quatre doigts. 2. une sinusite : Inflammation des sinus. 3. un cataclysme : Grand bouleversement causé par un phénomène naturel destructeur (inondations, tremblement de terre, etc.). 4. une connexion : Liaison étroite et enchaînement entre certaines choses. 5. intéressant : Qui mérite, suscite l'intérêt, l'attention. 6. un parallélogramme : Quadrilatère dont les côtés opposés sont parallèles et égaux 7. une trottinette : Jouet composé d'une plate-forme allongée montée sur deux petites roues et d'un guidon à direction articulée. 8. accueillir : Recevoir bien ou mal une personne ou une chose qui se présente. 9. un dindonneau : Jeune dindon. 10. un rhumatisme : affection aux causes multiples qui se porte sur les articulations. Lions Club de Gembloux 19ième Concours de dictée française Dictées 1re et 2e années secondaires L’envol, Philippe Delerm (texte imaginaire et poétique) Il découvrait sa ville, et le plaisir des soirs d’été. Les rires clairs des étudiants ne lui faisaient plus prendre la fuite, à la terrasse des cafés. Même l’exubérance des touristes lui devenait sympathique. Il assista aux quatre ballets de danse, en plein air, sur la place. Ballets classiques et modernes, il aima tout ce langage dont il ne savait rien. Les gestes des danseurs étaient très beaux, mais il aurait fallu filmer le ballet, puis le passer au ralenti : les corps allaient trop vite, entrainés par leur poids. M. Delmas dessinait autour d’eux la lenteur sereine d’une aquarelle de Folon, une nuit éternelle, des envols si parfaits qu’ils ne retombaient plus. Il attendait que tout le monde fût parti, à la fin du spectacle. Alors il quittait enfin les gradins, marchait longtemps dans les ruelles, esquissant ça et là un pas de danse, un entrechat. Son bonheur était solitaire : de cette aisance si nouvelle qui l’habituait désormais ne naissaient jamais de paroles. Il entra au musée. Peut-être pour retrouver une atmosphère bien connue, ces salles au plafond (aux plafonds) bas, voûté (voûtés), aux murs de brique (briques) : une fraicheur orangée, du silence, et par les fenêtres en ogive un joli coup d’œil sur le fleuve. Il vint se placer devant une toile qui procurait tant de sensibilité offerte. Dans son dos, les bavardages s’estompaient peu à peu, se diluaient en buée sonore, élargissaient l’espace. (…) *************************************************************************** Il faisait chaud. Il n’était plus le même. L’imperméable jeté sur l’épaule, il avançait, les bras en balancier, aux lèvres un sourire inconnu. Quelques passants se retournèrent, étonnés, amusés. Jamais les marronniers n’avaient senti aussi bon… Près du jardin des Plantes, il s’intéressa un moment aux joueurs de pétanque qui le dérangeaient d’habitude par leur convivialité tapageuse, alla s’asseoir à la terrasse d’un café. Il commanda une grenadine et prit un grand plaisir à rajouter de l’eau. Il approcha le verre de son œil, clignant de l’autre ; Lions Club de Gembloux 19ième Concours de dictée française c’était comme une sorte de jeu de lumière (lumières) et c’était lui qui maitrisait (maîtrisait) la scène, imposait sa couleur. Les mots difficiles 1. presbyte : qui ne voit pas bien de près. 2. astigmate : qui voit flou suite à une déformation de la cornée. 3. Exorbitant : Qui dépasse la mesure, les proportions normales 4. une asphyxie : Ralentissement grave ou arrêt de la respiration pouvant entraîner la mort (défaut d'oxygène, noyade, strangulation, absorption de gaz toxiques, etc.). 5. irascible : Qui s'emporte, qui s'irrite facilement. 6. un parallélépipède : Polyèdre possédant six faces qui sont toutes des parallélogrammes, les faces opposées étant parallèles et égales entre elles 7. une étymologie : Science qui a pour objet la recherche de l'origine des mots 8. androcéphale : qui a une tête humaine. 9. misogyne : qui de la haine et du mépris pour les femmes. 10. la Méditerranée : Mer située entre l'Afrique, l'Asie et l'Europe. Lions Club de Gembloux 19ième Concours de dictée française Dictées 3e et 4e années secondaires Deux acteurs pour un rôle, Théophile Gautier (nouvelle fantastique) Les autres buveurs, attirés par ces exclamations, regardaient sérieusement Henrich, tout heureux d’avoir l’occasion d’examiner de près un homme si remarquable. Les jeunes gens qui autrefois avaient connu Henrich à l’université, et dont ils savaient à peine le nom, s’approchaient de lui en lui serrant la main cordialement, comme s’ils eussent été intimes. Les plus jolies valseuses lui décochaient en passant le plus tendre regard de leurs yeux bleus et veloutés. Seul, un homme assis à la table voisine ne paraissait pas prendre part à l’enthousiasme général ; la tête renversée en arrière, il tambourinait distraitement, avec ses doigts, sur le fond de son chapeau, une marche militaire. L’aspect de cet homme était des plus bizarres, quoiqu’il fût mis comme un honnête bourgeois de Vienne, jouissant d’une fortune raisonnable ; ses yeux gris se nuançaient de teintes vert pâle et lançaient des lueurs brillantes comme celles des chats. Quand ses lèvres pâles se desserraient, elles laissaient voir deux rangées de dents très blanches, très pointues et très séparées, de l’aspect le plus cannibale et le plus féroce ; ses longs ongles, luisants et recourbés, prenaient de vagues apparences de griffes ; mais ce visage n’apparaissait que par éclairs rapides. (…) *************************************************************************** Ce qui produisait surtout un grand effet, c’était ce ricanement aigre comme le grincement d’une scie, ce rire diabolique qui outrageait les joies du paradis. Jamais acteur n’était arrivé à une telle puissance de sarcasme, à une telle profondeur de perfidie : on riait et on tremblait. Toute la salle haletait d’émotion, des étincelles surprenantes jaillissaient sous les doigts du redoutable acteur ; des trainées de flamme (flammes) étincelaient à ses pieds ; les lumières du lustre pâlissaient, la rampe jetait des éclairs rougeâtres et verdâtres ; je ne sais quelle odeur sulfureuse régnait dans la salle. Lions Club de Gembloux 19ième Concours de dictée française La représentation s’acheva dans des transports inimaginables. Le rideau baissé, le public demanda à grands cris Henrich. On le chercha vainement ; mais un garçon de théâtre vint dire au directeur qu’on avait trouvé le jeune homme sans connaissance : on l’emporta chez lui, et, en le déshabillant, l’on vit avec surprise qu’il avait aux épaules de profondes égratignures, comme si un tigre avait essayé de l’étouffer de ses pattes. Les mots difficiles 1. une occurrence : une apparition d’une unité grammaticale. 2. à tire larigot : beaucoup (Un larigot est une petite flûte. Boire à tire larigot : image qui traduit l’incitation à faire sortir le vin des bouteilles comme on faisait sortit le son de l’instrument) 3. concupiscent : qui montre un désir ardent pour les plaisirs charnels. 4. un sot-l’y-laisse : un morceau délicat qui se trouve de chaque côté de la carcasse d’une volaille. 5. un misanthrope : une personne qui a de l’aversion pour le genre humain. 6. un ostracisme : la mise à l’écart injuste et discriminatoire. 7. la nyctalopie : la faculté de voir la nuit. 8. dithyrambique: qui est excessif, pompeux. 9. emmouscailler : ennuyer, embêter. 10. des miscellanées : un recueil d’écrits divers. 19ième Concours de dictée française Lions Club de Gembloux 5e et 6e années secondaires Le lys dans la vallée, Honoré de Balzac. Mis en nourrice à la campagne, oublié par ma famille pendant trois ans, quand je revins à la maison paternelle, j’y comptais pour si peu de chose, que j’y subissais la compassion des gens. Je ne connais ni le sentiment ni l’heureux hasard à l’aide desquels j’ai pu me relever de cette première déchéance : chez moi, l’enfant ignore, et l’homme ne sait rien. Loin d’adoucir mon sort, mon frère et mes deux sœurs s’amusèrent à me faire souffrir. Le pacte en vertu duquel les enfants cachent leurs peccadilles, et qui leur apprend déjà l’honneur, fut nul à mon égard ; bien plus, je me vis souvent puni pour les fautes de mon frère, sans pouvoir réclamer contre cette injustice ; la courtisanerie, en germe chez les enfants, leur conseillerait-elle de contribuer aux persécutions qui m’affligeaient, pour se ménager les bonnes grâces d’une mère également redoutée par eux ? (…) Mais ces continuelles tourmentes m’habituèrent à déployer une force qui s’accrut par son exercice et prédisposa mon âme aux résistances morales. Attendant toujours une douleur nouvelle, comme les martyrs attendaient une nouvelle flagellation, tout mon être dut exprimer une résignation morne sous laquelle les grâces et les mouvements de l’enfance furent étouffés, attitude qui passa pour un symptôme d’idiotie et justifia les sinistres pronostics de ma mère. *************************************************************************** Ce contraste entre mon abandon et le bonheur des autres a souillé les roses de mon enfance, et flétri ma verdoyante jeunesse. La première fois que, dupe d’un sentiment généreux, j’avançai la main pour accepter une friandise tant souhaitée qui me fut offerte d’un air hypocrite, mon mystificateur retira sa tartine, aux rires des camarades prévenus de ce dénouement. Si les esprits les plus distingués sont accessibles à la vanité, comment ne pas absoudre l’enfant qui pleure de se voir méprisé? A ce jeu, combien d’enfants seraient devenus gourmands, lâches ! 19ième Concours de dictée française Lions Club de Gembloux J’entrai dans une horrible défiance de moi-même en trouvant là les répulsions que j’inspirais en famille. Là comme à la maison, je me repliai sur moi-même. Une seconde tombée de neige retarda la floraison des germes semés en mon âme. Ceux que je voyais aimés étaient de francs polissons, ma fierté s’appuya sur cette observation. Combien d’efforts n’ai-je tentés pour infirmer l’arrêt qui me condamnait à ne vivre qu’en moi ! Combien d’espérances longtemps conçues avec mille élancements d’âme et détruites en un jour ? Les mots difficiles 1. un panégyrique : un discours élogieux, écrit ou oral. 2. un sycophante : un délateur. 3. la diaphorèse : le phénomène de transpiration. 4. un bachi-bouzouk : cavalier mercenaire enrôlé dans l’ancienne armée turque. 5. la scélératesse : un comportement perfide et criminel. 6. aller à vau-l’eau : courir à sa perte (Au XIIe siècle, aller à « vau » signifiait descendre au creux d'une vallée en suivant la pente du ruisseau.) 7. un pensum : un travail d’ordre intellectuel long et ennuyeux. 8. un anachorète : un religieux qui vit retiré pour mieux méditer. 9. une engeance : catégorie de personnes jugées méprisables. 10. l’halieutique : l’art de la pêche.