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CLYSTERE
E-revue mensuelle illustrée
Histoire des objets et instruments médicaux
Histoire de la santé
SOMMAIRE
Editorial
L’image du mois : Les ateliers Gentile Collin à Arcueil (Michel Brossier)
Histoire des instruments :
-
La trousse du Dr Sollier (Association des amis du patrimoine médical de Marseille)
Le Pulsoconn du Dr Macaura (Jean-Pierre Martin)
Histoire de la santé :
-
Les avatars institutionnels de la neuropsychiatrie parisienne (XIXe-XXe siècle)
(Jacques Poirier)
Nouveautés en librairie
Courrier des lecteurs
SOS objet mystère
Conception –réalisation : © Dr Jean-Pierre Martin – Centre hospitalier Jean Leclaire – 24200 Sarlat-la-Canéda, France.
Abonnement gratuit sur : www.clystere.com
Numéro 19 – Avril 2013
ISSN 2257-7459
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EDITORIAL
Tout d’abord, merci aux nombreux commentaires positifs reçus suite à la publication de la conférence du Dr Segal consacrée à Charrière dans le numéro 18. Une expérience que nous renouvelons
dans ce nouveau numéro qui accueille de nouveaux auteurs et participants.
L’image du mois est due à l’obligeance d’un ancien bijoutier tourneur en instruments de chirurgie,
preuve que le lectorat ne se concentre pas uniquement parmi les médecins.
Ensuite, l’Association des amis du patrimoine médical de Marseille, suivant l’exemple du Dr Segal,
nous a fait parvenir un bel opuscule d’une vingtaine de pages, consacré à la trousse du Dr Sollier, que
lui avait offerte la ville de Soukahras en remerciement de ses bons offices. Les instruments de cette
trousse ont été remarquablement photographiés par le Pr Christian Boutin, ce qui fait de cet opuscule un véritable livre d’art. La technique de numérisation semble au point et a permis de reproduire
ce fascicule avec un poids en octets raisonnable, sans perdre trop de la qualité initiale des images.
Sincères remerciements à nos amis marseillais, pour faire partager ce travail aux lecteurs de Clystère.
Je me suis remis au clavier pour évoquer le Pulsoconn du Dr Macaura, dont on trouve en permanence des exemplaires à la vente sur le site d’enchères bien connu, mais dont l’histoire est souvent
méconnue.
Le Pr Jacques Poirier nous a gratifié d’un très bel article sur les « avatars institutionnels de la neuropsychiatrie parisienne (XIX-XXe siècles) ». Cet article illustre à merveille les frontières mouvantes de
certaines disciplines qui partagent des intérêts communs, et qui pourraient bien, à l’avenir, se regrouper…
Enfin, comme chaque mois ou presque, de nouveaux ouvrages, le courrier des lecteurs avec une vidéo extraordinaire signalée par Bernard Petidant, et une rubrique SOS bien garnie complètent ce
numéro. Dans la rubrique SOS, l’association des amis de l’outil sollicite les lecteurs pour identifier un
curieux instrument chirurgical.
Continuez à participer à la vie de Clystère !
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Bonne lecture.
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L’IMAGE DU MOIS
Les ateliers Gentile Collin à Arcueil.
Michel Brossier
Contact : [email protected]
Michel Brossier nous a
fait parvenir deux photos des anciens ateliers
des
établissements
Collin Gentile, rue Victor Carmignac, à Arcueil. Ancien "Bijoutier
tourneur en instrument
de chirurgie", c'est le
terme officiel de son
CAP, il est entré dans
ces ateliers comme
apprenti le 2 octobre
1961 à l’âge de 14 ans.
Il est resté 8 ans à fabriquer des curettes en
acier ou en cuivre,
sondes
de
toutes
sortes, dilatateurs de
Hegar, clous et autre vis à os, aiguilles de Reverdin, etc. Il a ensuite travaillé chez Kodak à Vincennes
puis Chalon-sur-Saône, à la fabrication des émulsions radios médicales entre autres, avant de prendre sa retraite.
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Ces ateliers semblent bien abandonnés, et il nous semblerait intéressant que la belle plaque située
au-dessus de la porte soit protégée, démontée et exposée dans un musée.
Pour mémoire rappelons que
la maison Gentile fabriquait
ses instruments en métal
dans ses ateliers parisiens,
rue Saint-André-des-Arts au
début du XXe siècle, tandis
que les instruments en
caoutchouc étaient produits
dans les ateliers d’Arcueil.
Ensuite, toute la production,
métal et caoutchouc, fut
regroupée à Arcueil.
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HISTOIRE DES INSTRUMENTS
Médecine au quotidien : la trousse du Dr Sollier
L’association des amis du patrimoine médical de Marseille
Site Internet : http://patrimoinemedical.univmed.fr
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Contact : [email protected]
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Toute référence à cet article doit préciser :
Association des amis du patrimoine médical de Marseille : La trousse du Dr Sollier. Clystère
(www.clystere.com), n° 19, 2013.
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HISTOIRE DES INSTRUMENTS
Le Pulsoconn du Dr Macaura
Jean-Pierre Martin
E-mail : [email protected]
RÉSUMÉ
Un Américain, le Dr Gérald Georges Macaura, dont la biographie comporte de nombreuses zones
d’ombres, mit sur le marché à la fin du XIXe, début du XXe siècle, un appareil vibrant appelé « Pulsoconn ».
Il prétendait soigner de nombreuses maladies en activant la circulation du sang. Bénéficiant du développement de la mécanothérapie, son Pulsoconn connut un vif succès. Il en vendit plusieurs dizaines de
milliers. Convaincu de charlatanisme, Macaura fut condamné et emprisonné en 1914.
Mots-clés : PULSOCONN, MACAURA, MEDECINE VIBRATOIRE, MECANOTHERAPIE, CHARLATANISME.
Le Pulsoconn fut inventé par le Dr Gérald Georges Macaura et fabriqué dans son usine, la « British Appliance
Manufacturing Company », basée à Leeds. Invention
américaine, le premier modèle complet de Pulsoconn
aurait été réalisé par l’un des experts en mécanique de
Thomas Edison. Différents modèles furent vendus, les
plus anciens étant datés de 1880 (probablement usinés
aux Etats-Unis), les plus récents de 1920 environ.
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Gerald Joseph Macaura.
De cet Américain on connait peu de choses. Docteur
en médecine diplômé de l’Université de Chicago (en
tout cas c’est ce qu’il affirmait), il émigra en Angleterre en 1904. Il eut une vie agitée, changeant
d’adresse autant que de statut. Il revendiqua sur les
notices accompagnant ses appareils son appartenance
au « Royal institute of public health » de Londres et
ouvrit son « Macaura Institute » dans diverses villes
européennes.
Le Pulsoconn.
Empruntons au Pr. Pitres de Bordeaux, la description
Figure 1 : Le docteur Gerald Joseph Macaura.
du Pulsoconn qui fut citée lors d’une procédure à
l’encontre de Macaura, accusé d’exercice illégal de la médecine et d’escroquerie.
C’était un appareil breveté composé essentiellement d’une manivelle dont le mouvement de
rotation, transformé par un mécanisme très simple en mouvement rectiligne alternatif à
oscillations rapides se transmettait à une tige terminée par un plateau. Ce plateau vibrant à
la fréquence de 2000 à 5000 / minute était appliqué en différents points du corps souffrant.
L’effet était modulé par la vitesse de rotation de la manivelle et la pression d’appui sur la
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peau. Le plateau pouvait être équipé d’une sorte de ventouse en gomme (le Rubber plunger)
dont deux sortes étaient livrées avec l’appareil. Vendu
Figure 2 : Pulsoconn, modèle circa 1880. © www.clystere.com
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initialement sous son nom anglais de « Macaura blood circulator », il attaqua le marché européen sous la dénomination de « Pulsoconn ». Certains ont suggéré que ce nom était un
clin d’œil au mot français « con », le sexe de la femme (des chansonniers ont écrit que le
Pulsoconn, à défaut d’être efficace dans les maladies, l’était beaucoup plus, à la grande satisfaction de ces dames, en applications sur leurs parties génitales !), tout autant qu’aux
« cons » qui étaient assez stupides pour l’acheter.
Principe d’action.
Pour Macaura, qui ne semblait pas avoir une grande connaissance de la physiologie (était-il
réellement médecin d’ailleurs ?), les maladies étaient la conséquence d’un défaut de nutrition des parties affectées, conséquence d’une mauvaise vascularisation. Tout le traitement
reposait sur le rétablissement de la circulation sanguine dans les parties malades, le Pulsoconn faisant circuler le sang qui était, selon Macaura, fabriqué dans … l’estomac ! Le Pulsoconn ne se contentait pas d’activer la circulation superficielle, il était également capable de
stimuler celle des viscères profonds. Si le Pulsoconn ne prétendait pas guérir les cancers ou
les phtisies évoluées, son champ d’application était cependant étendu : rhumatismes, névralgies, névrites, paralysies de toutes sortes, surdité, maladies gastriques, maladies des
femmes, etc… Une véritable panacée vibrante.
Macaura n’avait rien inventé. Dès le XVIIIe un certain abbé de Saint-Pierre inventa le complexe « trémoussoir », pour lutter contre l’hypochondrie et la constipation. Il se serait inspiré
en 1734 d’une expérience menée par le médecin Pierre Chirac sur les vertus du mouvement
vibratoire. Supposant que la mélancolie était améliorée non par les voyages, mais par les
vibrations produites par le véhicule, l’abbé fit fabriquer le trémoussoir, un fauteuil à ressorts
reproduisant les mouvements d’une chaise de poste sur une route cahoteuse. Cet instrument fut rapidement à la mode et tomba tout aussi vite dans l’oubli. Flaubert y fit encore
allusion dans Bouvard et Pécuchet en 1880. A la fin du XIXe siècle, les Allemands Zander et
Nycander inventèrent des vibrateurs dont certains étaient mus par la vapeur. En France, de
grands noms de la neurologie (Vigouroux, Charcot, de la Tourette, Morteiner-Granville) firent appel à la médecine vibratoire grâce à des appareils de leur invention : diapason électrique, fauteuil trépidant ou casque vibrant.
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Pulsoconn : efficacité ou supercherie ?
Les experts du procès de Macaura ne purent que reconnaître que le Pulsoconn, à l’instar des
autres instruments vibrants de l’arsenal mécanothérapique, devait avoir une action thérapeutique, puisque l’effet des vibrations sur l’excitabilité nerveuse, le tonus musculaire, certains phénomènes douloureux articulaires ou viscéraux, divers symptômes de conversions
hystériques, était reconnu.
La fin de Macaura.
On reprocha plusieurs choses à Macaura, notamment d’avoir présenté le Pulsoconn comme
une panacée, avec un argumentaire reposant sur des bases physiologiques erronées, et
d’avoir retardé l’application de traitements efficaces chez les malades.
On le convainquit d’exercice illégal de la médecine, son diplôme américain ne l’autorisant
pas à exercer en France. Sa plaque vissée au 57 boulevard Haussmann, affichait « Dr Macaura ». Les consultants étaient si nombreux que la circulation était souvent interrompue sur le
boulevard Haussman, malgré la présence de deux gendarmes.
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Figure 3 : Pulsoconn et sa boite d’emballage, modèle des années 1920. © www.clystere.com
Macaura qui ne parlait pas le français se défendit de pouvoir ainsi exercer la médecine. Il
avait salarié plusieurs médecins français (Gripon, Lafont et autres) qui soignaient les patients
à sa place, à Paris et à Bordeaux. On retrouve également Macaura et son institut à Toulouse,
rue Bayard, en août 1912, où, malgré la plainte déposée par le syndicat des médecins de la
Seine et quelques clients, il vendait quotidiennement une grande quantité de Pulsoconn. Il
ouvrit des instituts en Allemagne, en Belgique, en Suisse et fit des démonstrations publiques
au cirque et au casino de Paris. Il galvanisa 20000 personnes au Royal Albert Hall de Londres
en décembre 1911.
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Dans une déposition du 16 juillet 1912, Macaura affirma que son appareil n’était pas médical et ne permettait que de faire de l’exercice et de faire circuler le sang. Il ne prétendait
guérir aucune maladie, ce qu’infirmait le contenu de son Livre pour la santé, opuscule d’une
soixantaine de pages tout entier rédigé à la gloire de l’instrument.
Macaura fut arrêté en 1912 et emprisonné à la Santé dont il sortit le soir même contre une
caution de 50.000 francs (soit près de 150000 euros). Cette caution en dit long sur la fortune
accumulée par Macaura. En 1913, il passa en correctionnelle avec six médecins de son institut du boulevard Haussmann pour escroquerie et exercice illégal de la médecine. Il fut condamné le 14 mai 1914 à 3 ans de prison et 3000 francs d’amende pour escroquerie, et neuf
médecins eurent des peines de deux mois à un an de prison pour complicité.
Comme d’autres charlatans à la même époque, Macaura avait organisé un véritable réseau
commercial qui s’appuyait sur une communication agressive. Conséquence du succès, Macaura fabriqua également des Pulsoconn dans des ateliers français à qui il passa commande
de 40000 unités en 1912.
Figure 4 : carton pour stéréoscope montrant un magasin « Pulsoconn Macaura » à côté d’une « grande pharmacie ».
Localisation non précisée (toute information bienvenue). © www.clystere.com
La célébrité du Pulsoconn, dont il est très facile de trouver des exemplaires en parfait état de
marche en brocante ou sur les sites d’enchères, a inspiré le milieu des arts. Un film satirique
intitulé « Gavroche et le Pulsoconn » fut réalisé en 1913 par Roméo Bosetti, pour la Société
française des films et cinématographes Eclair, l’affiche d’Auguste Laymarie montrant un vieillard plâtré abandonnant ses béquilles alors que son valet actionne un mécanisme à manivelle qu’il porte en ceinture. Il inspira également les chansonniers.
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BIBLIOGRAPHIE
Thoinot L. : L’affaire Macaura, exercice illégal de la médecine et escroquerie. Annales
d’hygiène publique et de médecine légale, série 4, n° 24, 1915, 97-109.
Thoinot L. : L’affaire Macaura, exercice illégal de la médecine et escroquerie. Annales
d’hygiène publique et de médecine légale, série 4, n° 24, 1915, 208-222.
L’arrestation de M. Macaura. Paris Médical, la semaine du clinicien, 1912, n° 8, partie paramédicale, p 47.
Le Docteur Macaura en correctionnelle. Paris Médical, la semaine du clinicien, 1913, n° 12,
partie paramédicale, p 696.
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Delon : Causerie du docteur. Exercice illégal de la médecine. Le midi socialiste, n° 1225, 2
Août 1912.
Lebrenne J. : Conseils aux ouvriers. Le combat, n° 22, 30 mai 1914.
Anonyme : La guerre à la maladie en France et en Belgique. Intéressant article sur le plus
agent curatif des temps modernes. La Croix, 29 janvier 1912.
Anomyme : Le Dr Macaura quitte sa redingote et se met à l’œuvre. Il dirige la fabrication de
ses Pulsoconn dans une usine de Paris. La Croix, 11 mars 1912.
Anonyme : Tribunaux. Le président Monier prend une décision concernant le Docteur Macaura. La Croix, 7 février 1912.
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Toute référence à cet article doit préciser :
Martin JP. : Le Pulsoconn du Docteur Macaura. Clystère (www.clystere.com), n° 19, 2013.
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HISTOIRE DE LA SANTE
Les avatars institutionnels de la neuropsychiatrie parisienne
(XIXe-XXe siècle)
Jacques POIRIER
Professeur honoraire à la Faculté de médecine Pitié-Salpêtrière,
Ancien Chef de Service à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
Tirés à part : Professeur Jacques POIRIER, 40 rue d’Alleray, 75015 Paris, ou [email protected]
RÉSUMÉ
À Paris, du début du XIXe siècle jusqu’au milieu du XXe, la neurologie et la psychiatrie évoluent dans deux
mondes étrangers l’un à l’autre, celui des aliénés, des asiles et des aliénistes d’une part et d’autre part
celui des malades, des hôpitaux de l’Assistance publique, des médecins des hôpitaux et des professeurs à
la faculté. A la fin du XIXe siècle, la création de deux chaires distinctes illustre bien l’individualité de
chaque discipline. Les frontières entre ces deux mondes sont toutefois poreuses, notamment au plan des
savoirs, car la distinction n'a jamais été claire entre les maladies nerveuses et les maladies mentales. La
réunion institutionnelle entre les deux disciplines se fait en 1949 avec la création du Certificat d’Études
Spéciales de « neuropsychiatrie ». Les événements de mai 68 conduisent à l’autonomisation de la psychiatrie qui divorce ainsi d’avec la neurologie. Dans les décennies suivantes, le développement des neurosciences et de la neuro-imagerie conduit certains à remettre en cause la pertinence de cette séparation
et à tenter de réhabiliter la « neuropsychiatrie ».
SUMMARY
In Paris, from the beginning of the XIXth century to the middle of the XXth, neurology and psychiatry lived
in two different worlds, unknown to each other : the world of insane people, asylums and alienists, and,
on the other hand, the world of general hospitals, professors at school of medicine, hospital physicians.
At the end of the XXth century, the foundation of two distinct “chaires” illustrated the individuality of each
discipline. Frontiers between the two worlds are nonetheless porous, especially concerning knowledge,
because the distinction between nervous and mental diseases has never been clear. In 1949, neurology
and psychiatry joined and a single specialty certificate of “neuropsychiatry” was established. Forty years
later, may 68 events led to the autonomy of psychiatry, which divorced neurology. In the following decades, due to the development of neurosciences and neuro-imagery, this separation has been questioned
and rehabilitation of “neuropsychiatry” has been considered by some authors
Mots-clés : HISTOIRE DE LA MÉDECINE, NEUROLOGIE, PSYCHIATRIE, XIXe SIÈCLE
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L’histoire institutionnelle mouvementée de la neuropsychiatrie parisienne aux XIXe et
XXe siècles se déroule dans un contexte profondément marqué par le durable conflit entre
l'Hôpital et la Faculté [1, 2, 3, 4, 5, 6] et par la montée du spécialisme avec l'opposition qu'il a
soulevé dans les rangs de la profession et en particulier à l'hôpital et à la Faculté [7].
Un siècle et demi de co-existence pacifique de deux mondes qui s’ignorent
La psychiatrie et la neurologie, avant même qu’elles soient officiellement institutionnalisées
comme disciplines distinctes, évoluent dans deux mondes étrangers l’un à l’autre : d’un côté
celui des aliénés, des asiles psychiatriques et des aliénistes, et de l’autre celui des malades, des
médecins, de la faculté et des services de médecine des hôpitaux de l’Assistance publique.
Chaque monde suit son cours, a sa propre histoire et ne se soucie guère de l’autre. Sous
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l’Ancien Régime, dans la région parisienne, les fous incurables sont enfermés à Bicêtre, à La
Salpêtrière, aux Petites Maisons, et les fous curables sont entassés à l’Hôtel-Dieu [8].
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Avec
Philippe
Pinel
(1745-1826), médecinchef de Bicêtre en 1792
puis de la Salpêtrière en
1795, et son élève
Étienne Esquirol (17721840), qui lui succède, le
traitement moral est
institué et les fous, ou
insensés, deviennent des
aliénés, des malades
ressortissant de la médecine. Les aliénés ne
doivent plus alors être
enfermés pêle-mêle avec
Figure 1 : Bicêtre, cour et bâtiment des aliénés. Carte postale ancienne. © clystere.com
les prisonniers, les infirmes, les miséreux,
mais au contraire être soignés dans des établissements spécialisés, asiles publiques ou Maisons
de Santé privées. C’est ainsi qu’en 1802, les salles d’aliénés de l’Hôtel-Dieu ferment, et, pendant
les trois premiers quarts du XIXe siècle, les aliénés des classes aisées de la région parisienne sont
accueillis à la Maison Royale de Charenton et dans d’assez nombreuses Maisons de Santé privées – comme la Maison du docteur Blanche, fondée en 1821 par Esprit Blanche (1796-1852),
auquel succède son fils Émile (1820-1893), et où ont été traités, entre autres célébrités, Guy de
Maupassant (1850-1893), Gérard de Nerval (1808-1855), Charles Gounod (1818-1893) – et les
autres à la Salpêtrière pour les femmes, à Bicêtre pour les hommes. La loi du 30 Juin 1838 oblige
chaque département à avoir un asile d’aliénés [9], mais en 1866 une vingtaine d’asiles seulement
sont construits et à Paris l’asile Sainte-Anne n’ouvre qu’en 1867. L’Infirmerie spéciale du dépôt
accueille les agités causant des désordres sur la voie publique.
Sur le plan institutionnel, le fossé est profond entre : 1) d’un côté, les asiles, dévolus à la psychiatrie « lourde » des malades mentaux graves, le plus souvent incurables (débiles mentaux,
psychotiques, déments) et dont les internes (internes des asiles) et les médecins (aliénistes des
asiles) sont mal rémunérés et peu considérés, 2) et, de l’autre côté, les hôpitaux de
l’Administration Générale de l’Assistance publique à Paris, avec leurs médecins des hôpitaux,
souvent professeurs ou agrégés, faisant de la neurologie et de la « petite psychiatrie » (névrosés, neurasthéniques, hystériques), dans des services de médecine générale, et leurs médecinsaliénistes des hôpitaux, à la tête des divisions d’aliénés de la Salpêtrière et de Bicêtre, avec leurs
internes et leurs externes des hôpitaux de Paris, les uns comme les autres s’adonnant à des
recherches sur les maladies mentales et en tirant souvent un notoriété appréciable. En effet,
Paris se singularise encore par la création de concours propres à la Seine, pour le recrutement
des internes et des médecins des asiles, ainsi que par la création, en 1879, sous l’impulsion de
Désiré Bourneville (1840-1909), d’un concours de recrutement de médecins-aliénistes des hôpitaux de Paris (corps qui disparait en 1923), dévolus aux quartiers d’aliénés de Bicêtre (pour les
hommes) et de la Salpêtrière (pour les femmes), sous la tutelle de l’Assistance publique et non
de la Préfecture de la Seine comme pour les aliénistes des asiles.
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Au commencement du XIXe siècle, de nombreux professeurs voient bien la nécessité d'enseigner les spécialités, mais à la condition qu'elles le soient non par des professeurs titulaires de
chaire mais par des professeurs suppléants ou dans des cours privés [10, 11]. Dans son rapport
de 1830 [12], Jules Guérin (1801-1886), préconise – sans être suivi – la création de deux chaires
de clinique spéciale, l'une de maladies des enfants, l'autre des maladies cutanées syphilitiques
et scrofuleuses, mais aucune de maladies nerveuses ou mentales. En 1859, la Faculté, sollicitée
par le Ministre, refuse la création de chaires de spécialités, notamment celle de pathologie
mentale [13]. En 1862, six cours complémentaires spéciaux confiés à des agrégés libres sont
institués.
Charles Lasègue (18161883), futur professeur
de clinique médicale, est
nommé pour le Cours
clinique des maladies
mentales et nerveuses.
Quelques années plus
tard, le rapport du Professeur Anatole Chauffard (1855-1932) [14]
fait le constat de l'échec
de ces cours de clinique
complémentaires
et
l’attribue au fait que les Figure 2 : Pinel (1745-1826), célèbre médecin français, substitue les mesures de douceur
Services spéciaux qui aux violences dont les aliénés étaient jusque-là victimes. Chromolithographie publicitaire
permettraient cet ensei- des chocolats Guérin-Boutron. © Clystere.com
gnement clinique appartiennent à l'Assistance Publique et non à la Faculté et que le plus souvent les Services hospitaliers des agrégés libres sont des services généraux dont le recrutement ne permet pas de fournir
les malades nécessaires. En conséquence, Chauffard propose que soient créées des chaires de
clinique complémentaire, à la tête desquelles seraient nommés des Professeurs de clinique
complémentaire, recrutés parmi les médecins et chirurgiens des hôpitaux et les médecins des
asiles. Cette proposition n’a pas le temps d’être mise en application, car, en décembre 1875, sur
un rapport de Paul Broca (1824-1880), l'Assemblée des Professeurs vote le principe de la création de chaires de clinique spéciales, analogues aux chaires de clinique déjà existantes, au lieu
des chaires dites complémentaires proposées par Chauffard [15]. Des quatre chaires de clinique
spéciales proposées par Broca (maladies mentales, dermatologie, ophtalmologie, maladies des
enfants), une seule est acceptée par la Faculté, la chaire de clinique des maladies mentales et
de l’encéphale, qui est créée en 1877. Comme titulaire de cette chaire, Benjamin Ball (18331893) a la préférence du Conseil de faculté face à Valentin Magnan (1835-1916) [16]. Pendant
près de quarante ans, les trois premiers titulaires de la chaire des maladies mentales et de
l’encéphale sont des neurologues, élèves de Charcot : Benjamin Ball (1833-1893), premier titulaire, de 1877 à sa mort en 1893, Alix Joffroy (1844-1908), de 1894 à 1908 et Gilbert Ballet
(1853-1916), de 1909 à sa mort.
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Cinq ans plus tard, en 1882, la chaire de clinique
des maladies du système nerveux est créée à
l’hospice de la Salpêtrière et son premier titulaire
est Jean-Martin Charcot (1825-1893), professeur
d'anatomie pathologique, transféré à sa demande
dans la nouvelle chaire qui avait été en réalité
créée pour lui. À la mort de Charcot en 1893,
après un an d’interim par Édouard Brissaud (18521909) [16, 17] se succèdent dans cette chaire
prestigieuse : Fulgence Raymond (1844-1910) en
1894, Jules Dejerine (1849-1917) en 1910, Pierre
Marie (1853-1940) en 1917, Georges Guillain
(1876-1961) en 1923, Théophile Alajouanine
(1890-1980) en 1947 et Paul Castaigne (19161988) de 1960 à sa retraite.
La création, à la faculté de médecine de Paris, de
ces deux chaires de clinique différentes, la première de psychiatrie, le seconde de neurologie,
illustre bien le fait que les deux disciplines sont
distinctes. L’individualisation de la pédopsychiatrie
est plus tardive : la chaire de psychiatrie de
l’enfant est créée en 1925 pour Georges Heuyer
(1884-1977).
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Figure 3 : Pr Jean-Martin Charcot. Carte postale ancienne, collection de l’Institut psycho-physiologique de
Paris, 49 rue Saint-André-des-Arts. © Clystere.com
Sur le plan hospitalier, alors que le Rapport
Tardieu, demandé en 1848 par le Gouvernement
provisoire de la République [18], prétend que les
services de spécialité n’ont pas de raison d’être et que « Le personnel du service de santéŽdes
hôpitaux et hospices doit être exclusivement recruté parmi les médecins et chirurgiens du bureau
central, sans acception d'aucune spécialité, même pour les services d'aliénés. », Jules Guérin
préconise au contraire « de créer au bureau central une troisième classe, la classe des
spécialités, destinée à recruter le personnel de toutes les spécialités reconnues et représentées
dans les hôpitaux. » [19]. A la fin du XIXe siècle, le Rapport Brouardel présentéŽau Conseil de
Surveillance de l'Assistance Publique (Archives de l'Assistance Publique) (1897) estime qu’il n’y
pas lieu de créer des services spéciaux de maladies du système nerveux : « La Commission,
d'accord avec l'Administration, pense que les spécialités sont parfaites là où apparait la
nécessité de diviser les malades et de différencier les traitements, mais que pour les maladies
nerveuses, qui appartiennent à la médecine générale, cette nécessité est beaucoup moins
évidente que pour les maladies des yeux et de la gorge par exemple. Elle estime qu'il y a
simplement à rester dans le statu quo, en permettant aux médecins, qui déjà groupent dans
leurs services des maladies de cette nature, de continuer à agir ainsi. » Il préconise seulement la
création éventuelle de consultations spécialisées. L’un des cas les plus exemplaires est celui de
Joseph Babinski (1857-1932), médecin des hôpitaux, chef d’un service de médecine à la Pitié (de
1895 à sa retraite en 1922), qui illustre la neurologie de ses nombreuses découvertes
sémiologiques et qui n’a institutionnellement aucune attache neurologique, sauf une
consultation dans son service de la Pitié. Dans les hôpitaux et hospices de l'Assistance publique
à Paris, jusque vers les années 1960 dans lesquelles a commencé à s'appliquer la réforme
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Debré, le personnel médical est recruté par des concours purement hospitaliers donnant accès
à des fonctions et titres peu nombreux : médecins, chirurgiens, oto-rhino-laryngologistes,
ophtalmologistes, accoucheurs, médecins du service des aliénés (dits aliénistes des hôpitaux par
opposition aux aliénistes des asiles), dentistes et pharmaciens. La neurologie, de même que les
autres spécialités dites médicales (cardiologie, pneumologie, gastro-entérologie, etc.), ne
représente pas une spécialité hospitalière mais plutôt une sorte d'orientation privilégiée qu'un
médecin des hôpitaux donne à sa pratique et à ses intérêts scientifiques et intellectuels
personnels.
L'enseignement clinique
hospitalier, institué en
1794 à la création des
écoles de santé, ne
concerne pendant longtemps que la médecine
et la chirurgie [20]. Les
premiers stages hospitaliers obligatoires dans les
services spéciaux, notamment ceux dévolus
aux maladies nerveuses
et aux maladies mentales, apparaissent en
1893 [21]. En janvier
1914, parmi les services
offerts au choix des Figure 4 : L’hystérie. Leçon de JM Charcot. Chromolithographie publicitaire du Chocolat
étudiants de quatrième Carpentier- Thé royal. © Clystere.com
année, les services à
orientation neurologique ou psychiatrique sont les deux cliniques, celle des maladies du système nerveux (Dejerine à la Salpêtrière) et celles des maladies mentales et de l’encéphale (Gilbert-Ballet à Sainte-Anne) [22].
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Mais les frontières sont poreuses entre ces deux mondes qui s’ignorent
Comme nous venons de le voir, pendant un siècle et demi, du début du XIXe jusqu’au milieu du
XXe siècle, la neurologie et la psychiatrie évoluent parallèlement dans deux mondes étrangers.
Entre les deux disciplines, les frontières sont toutefois poreuses. Alors que les Congrès sont
distincts, le professeur Édouard Brissaud (1852-1909) réussit un rapprochement entre aliénistes
et neurologistes. Dans la droite ligne de son maitre Charcot : « […] la Psychiatrie, depuis longtemps spécialisée, et la Neuropathologie proprement dite : ces deux parties d’une même unité
séparées par des nécessités pratiques, mais devant, philosophiquement, rester associées l’une à
l’autre par des liens indissolubles. » [23], loin de s’enfermer dans la neurologie traditionnelle,
Brissaud s’ouvre à la psychiatrie et s’efforce de resserrer ses liens avec la neurologie. A la première session du Congrès de médecine mentale, à Rouen, en août 1890, l’adjonction des neurologistes aux psychiatres avait été refusée à Paul Sollier (1861-1933) [24] et « l’opinion de la
majorité du Congrès a été résumée dans ces mots du professeur Ball : Nous pouvons nous suffire, et il y a intérêt à rester soi-même. » [25] « On n’aime pas en général les nouveautés, et
beaucoup, à cette époque, hésitaient à admettre la présence, avec des droits égaux, de ceux
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qu’ils considéraient comme des étrangers. » [26]. Trois ans plus tard, au quatrième congrès,
tenu à La Rochelle du 1er au 6 août 1893, Brissaud, qui jugeait cette union « utile et nécessaire »
[26], obtient le changement d’intitulé. Ainsi, le Congrès de médecine mentale, ou Congrès des
médecins aliénistes de France et des pays de langue française, devient le Congrès des médecins
aliénistes et neurologistes de France et des pays de langue française. « […] C’est M. Brissaud qui
a demandé de faire figurer le mot de neurologistes dans le titre du Congrès, en faisant valoir que
notre titre actuel semblait exclure tous ceux qui n’étaient pas médecins d’asile. En fait, nos
Congrès ont toujours été ouverts à tous ceux qui s’intéressent à la pathologie nerveuse ; les
maladies mentales sont une branche de la neurologie et sont en relations étroites avec les autres
maladies nerveuses ; les rapports entre le tabes et la paralysie générale en sont un exemple.
L’addition d’un mot, demandée par M. Brissaud, n’était pour la plupart d’entre nous qu’une
question de forme, et si le titre actuel du Congrès pouvait donner lieu à un malentendu, nous
avions intérêt à faire cesser ce malentendu. » [27].
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Au plan des savoirs, la séparation entre neurologie et psychiatrie est loin d’être tranchée, car,
depuis l'Antiquité, la distinction n'a jamais été claire entre les maladies nerveuses et les
maladies mentales [28]. Les travaux portant sur les maladies nerveuses et mentales n’ont pas
attendu l’individualisation des deux spécialités pour voir le jour. Dès le début du XIXe siècle, le
savoir et l'enseignement sur les maladies nerveuses et mentales étaient florissants à Paris ; en
portent témoignage l'ampleur de l'enseignement libre, hospitalier et privé [29] ainsi que le
nombre des monographies et traités spécialisés. Quelques grands noms de la médecine
hospitalière et universitaire consacrent une bonne part de leurs travaux tant à la médecine
mentale qu’à la neurologie et au reste de la
médecine. Les plus exemplaires sont Armand
Trousseau (1801-1867) et son élève Charles
Lasègue (1816-1883). Réciproquement, de
nombreux aliénistes travaillent dans les deux
champs, comme Jules Baillarger (1809-1890),
Achille Foville (1799-1878), Louis Delasiauve
(1804-1893), Henri Legrand du Saulle (18301886), Désiré-Magloire Bourneville (1840-1909),
Jean Nageotte (1866-1948), Benedict-Augustin
Morel (1809-1873) et Valentin Magnan (18351916).
Figure 5 : L’encéphale, Journal de Neurologie et de Psychiatrie. © Clystere.com
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Les revues médicales spécialisées [30] traitent à
la fois des maladies nerveuses et des maladies
mentales, comme, par exemple, les Archives
cliniques des maladies mentales et nerveuses
(1862), les Archives de neurologie, revue trimestrielle des maladies nerveuses et mentales
(1880), L’Encéphale, Journal des maladies mentales et nerveuses (1881), la Revue neurologique
(1893) (en 1911, on peut encore lire que « la
Revue neurologique représente un organe intimement lié aux progrès de la Neurologie et de
la Psychiatrie dans le monde entier. » [31].
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Les sociétés savantes spécialisées, comme la Société Médico-psychologique créée en 1852, et en
1899, la Société de Neurologie de Paris, qui deviendra ultérieurement la Société Française de
Neurologie [32] se consacrent simultanément à la neurologie et à la psychiatrie.
Enfin, on pourrait ajouter que ces deux mondes étrangers ont au moins un point commun : le
rejet durable de la psychanalyse. Malgré les bonnes relations entre Sigmund Freud (1856-1939)
et Charcot, après le séjour de Freud à la Salpêtrière d’octobre 1885 à février 1886, les élèves de
Charcot ne font pas bon accueil à la psychanalyse. C’est particulièrement vrai pour Joseph Babinski (1857-1932) [33, 34] qui s’élevait contre « l’absurdité du Freudisme qui exige chaque jour,
pendant des mois, l’exhumation, non sans danger moral, de prétendus rêves érotiques refoulés. » [35]. En 1913, dans son rapport sur la psycho-analyse au XVIIe Congrès International de
Médecine, Pierre Janet (1859-1947) se montre partisan de « l’analyse psychologique ordinaire »
opposée à la psycho-analyse [36]. Il faudra des décennies pour vaincre les résistances des psychiatres et neurologues français et pour que la psychanalyse ait droit de cité dans la pratique de
quelques-uns d’entre eux. Georges Heuyer est le premier à introduire la psychanalyse dans la
psychiatrie française.
Un mariage blanc, 1949
L’acte de naissance, ou plutôt de baptême de la neuropsychiatrie [37], résultant de l’union de la
neurologie et la psychiatrie peut être daté de l’institution par l’arrêté du 30 mars 1949 du Certificat d’Études spéciales (CES) de neuropsychiatrie. La qualification de neuropsychiatre, en tant
que spécialiste exerçant en clientèle libérale, est accordée aux titulaires du Certificat d’Études
Spéciales ou par équivalence aux anciens internes des hôpitaux.
Malgré la création des chaires de clinique spéciale, malgré l'introduction des stages hospitaliers
obligatoires de spécialités, l'enseignement théorique magistral de la pathologie ne subit aucun
changement dans son découpage traditionnel en pathologie interne, pathologie externe et
accouchements. Comme le déclarait fort pertinemment le Professeur Paul Castaigne dans sa
leçon inaugurale de la Chaire de Propédeutique Neurologique et de Neurobiologie, le 9 juin
1960, « la sémiologie nerveuse est au programme de toutes les cliniques médicales et la
pathologie nerveuse fait partie du cours de Pathologie interne ».
L’agrégation de neuropsychiatrie a lieu en principe tous les trois ans. Quant aux recrutements
des personnels (notamment des professeurs) hospitalo-universitaires bi-appartenants prévus
par les ordonnances de 1958 (loi Debré), à partir de l’inscription sur une liste d’aptitude, ils le
sont toujours au titre de la neuropsychiatrie.
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Le divorce, 1968
Les revendications formulées peu avant 1968 dans le Livre blanc de la psychiatrie, sous
l’impulsion notamment de Henri Ey (1900-1977) et de Charles Brisset (1914-1989), sont exaucées au lendemain des événements de mai 68 : l’autonomie de la psychiatrie est obtenue et le
CES de neuropsychiatrie est scindé, par l’arrêté du 30 décembre 1968, en deux certificats totalement indépendants l'un de l'autre, l’un de neurologie, l’autre de psychiatrie [38]. Le décret
n° 69-315 du 2 avril 1969 organise le nouvel enseignement.
En 1970, les certificats dits intégrés ou coordonnés prennent la place, dans le deuxième cycle
des études médicales, du cours de pathologie interne. La neurologie et la psychiatrie
commencent alors à figurer séparément dans les programmes d'enseignement.
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La loi du 23 décembre 1982 et ses décrets d’application de 1984, établissent, à la place des CES
et de l'Internat des Hôpitaux, quatre filières de Diplômes d'Études Spécialisées ou DES (médecine spécialisée, santé publique, recherche, médecine générale). Dans la filière médecine spécialisée, la neurologie prend place dans les spécialités médicales, tandis que la psychiatrie bénéficie d’une option propre aux côtés des spécialités médicales, des spécialités chirurgicales et de
la biologie médicale.
Remplacées, après les évènements de mai 68, par le concept ambigu d'"emploi", les chaires
disparaissent totalement à partir de la réforme du statut des personnels hospitalo-universitaires
de 1982 qui définit le corps des Professeurs des Universités-Praticiens hospitaliers.
L’établissement des listes d’aptitude pour le recrutement des professeurs des universités –
praticiens hospitaliers donne lieu à des nominations séparées, dans la sous-section de neurologie du CNU et dans celles de psychiatrie. La 49e section du Conseil National des Universités
(CNU), intitulée « Pathologie nerveuse et musculaire, pathologie mentale, handicap et rééducation », comprend en effet cinq sous-sections : 01 : Neurologie, 02 : Neurochirurgie, 03 : Psychiatrie d'adultes, 04 : Pédopsychiatrie, 05 : Médecine physique et de réadaptation. Ainsi apparaissent des professeurs de neurologie – médecins des hôpitaux et des professeurs de psychiatrie –
psychiatres des hôpitaux. Les concours de médecins des asiles disparaissent cédant la place au
recrutement unique de praticiens hospitaliers, tant dans les hôpitaux généraux que dans les
hôpitaux psychiatriques : les neurologues sont médecins des hôpitaux tandis que les psychiatres
sont psychiatres des hôpitaux. Le syndicat des médecins des hôpitaux psychiatriques devient le
syndicat des psychiatres des hôpitaux. Les pavillons d’agités des services de neuropsychiatrie de
l’Assistance publique deviennent des services de psychiatrie.
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L’espoir de retrouvailles ou la neuropsychiatrie de l’avenir
Le serpent se mordrait-il la queue ? L’avenir serait-il à un retour à la neuropsychiatrie ? Le
terme de neuropsychiatrie, sacrifié sur l’autel de mai 68, mais qui n’avait pas totalement disparu
– deux revues au moins utilisent ce terme dans leur titre : Neuropsychiatrie de l'enfance et de
l'adolescence et Psychologie & neuropsychiatrie du vieillissement fusionnée avec les Annales de
Gérontologie sous le titre Gériatrie et Psychologie Neuropsychiatrie du Vieillissement –, refait
surface par l’entremise de la neuropharmacologie et des neurosciences (neuroimagerie principalement) dont les applications concernent aussi bien la pathologie psychiatrique (troubles
obsessionnels compulsifs, autisme, etc.) que neurologique. La division de la neuropsychiatrie
« en deux spécialités se révèle aujourd'hui regrettable en raison de la révolution qu'ont connue
les neurosciences et l'imagerie médicale et des connaissances acquises depuis lors dans ces
disciplines. Leurs applications pratiques dans le traitement des maladies mentales commencent
déjà à apparaître, notamment dans le cas de l'autisme. » [39]. Le terme de neuropsychiatrie
« permet de ne plus avoir à penser le dualisme entre corps et esprit, organique et psychique,
physique et mental, non parce que l’un deviendrait consubstantiel à l’autre, mais parce qu’au
contraire il permet de continuer à faire collaborer les deux domaines et à employer les différents
termes, de pouvoir penser par instants leur séparation. Le domaine de la neuropsychiatrie relève
du neurologique et du psychiatrique. Ce n’est donc pas un simple effet de rhétorique mais un
programme d’action. » [40]
Au prix d’un glissement sémantique, une nouvelle neuropsychiatrie s’annonce : « La neuropsychiatrie, dans une définition restreinte, concerne des affections cérébrales se présentant sous un
aspect à la fois psychiatrique et neurologique. Son étude doit être encouragée car certaines de
ces affections sont en pleine expansion parce que leur valeur doctrinale est considérable quant à
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l’élucidation du substratum matériel des troubles psychiatriques primaires. D’une façon plus
générale, la neuropsychiatrie est une discipline de niveau intermédiaire, située entre le lésionnel
et la clinique, qui a comme objectif de rapprocher ces deux niveaux. Son avenir est assuré, car
rien ne pourra jamais empêcher l’application – si elle est raisonnée – aux troubles mentaux, des
méthodes d’exploration nouvelles issues des neurosciences » [41].
La morale de cette histoire
L’histoire mouvementée des relations institutionnelles entre la neurologie et la psychiatrie
montre que ce ne sont pas tant les arguments scientifiques et techniques qui ont été
déterminants, que les facteurs idéologiques, politiques et, si l’on en croit Freud, sans doute
psychologiques : « l'humanitéŽprouve une aversion instinctive pour les nouveautés
intellectuelles. […] Contre les préjugés, il n'y a rien à faire. Il faut attendre et laisser au temps le
soin de les user. Un jour vient où les mêmes hommes pensent sur les mêmes choses autrement
que la veille. Mais pourquoi n'ont-ils pas penséŽla veille comme ils pensent aujourd'hui. C'est là
pour nous et pour eux-mêmes un obscur et impénétrable mystère. » [42].
Remerciements
J’adresse tous mes remerciements à Véronique Leroux-Hugon, conservateur de la Bibliothèque Charcot à la
Salpêtrière et à Mme Laurence Camous, directrice de la bibliothèque de l’Académie nationale de médecine, ainsi
qu'à Olivier Walusinski pour ses critiques avisées. Je remercie Aline Poirier pour la révision de la traduction en
anglais du résumé.
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BIBLIOGRAPHIE
[1] BAAS J.H. Outlines of the history of medecine and the medical profession, Huntington, N.Y.,
R.E.Krieger,1889.
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médecine française au XIXe siècle, Paris, Aubier-Montaigne, 1981.
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[4] LÉONARD J. Médecins, malades et société dans la France du XIXè siècle, Paris, Sciences en situation,
1992.
[5] POIRIER J, SALAÜN F. Médecin ou malade ? La médecine en France aux XIXe-XXe siècles, Paris, Masson,
2001.
[6] POIRIER J. L’enseignement médical dans les hôpitaux de Paris (1780-1930), in Démier F, Barillé C (sous
la direction de), ‘’Les maux et les soins. Médecins et malades dans les hôpitaux parisiens au XIXe siècle’’,
Paris, Action artistique de la Ville de Paris, 2007, p.41-50.
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[8] CAIRE M. Contribution à l'histoire de l'hôpital Sainte-Anne (Paris) : des origines au début du XXe siècle,
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[9] COLIN H. Les asiles d’aliénés de la Seine et leur population, Revue de Psychiatrie, 1906, 89-99.
[10] STOEBNER V. De l'organisation médicale en France, Paris et Strasbourg, F.G. Levrault, 1830.
[11] SABATIER JC. Recherches historiques sur la Faculté de Médecine de Paris, depuis son origine jusqu'à
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[12] GUÉRIN J. Rapport de la Commission chargée par M. le Ministre de l'Instruction publique de l'examen préparatoire de toutes les questions relatives à l'organisation de la Faculté de Médecine de Paris,
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[13] DECHAMBRE A. Faculté de médecine de Paris : Rapports à M. le ministre de l’instruction publique
sur le maintien de la chaire de pharmacie et la création de chaires nouvelles, Gazette Hebdomadaire de
Médecine et de Chirurgie, 1859, T.VI, n°19 (13 mai), p.289-291].
[14] Rapport Chauffard in DECHAMBRE A. Rapport sur la réorganisation des cours cliniques complémentaires de la Faculté de médecine de Paris, Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie, 2e série,
t.XII, n°48, 26 novembre 1875, p.753-757.
[15] Gazette Hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie, 2e série, t.XIII, n¡4, 28 janvier 1876, p.62-63.
[16] POIRIER J. La faculté de médecine face à la montée du spécialisme, Communications, 1992, 54,
p.209-227.
[17] POIRIER J. Édouard Brissaud, un neurologue d'exception, Paris, Hermann, 2010. Préface du Professeur Jean Cambier.
[18] Rapport sur les réformes à introduire dans les hôpitaux, par la commission des médecins des
hôpitaux, composée de MM. Velpeau, Monod, Nélaton, N. Guillot, Beau, Soubeiran et Tardieu,
Rapporteur, in : Gazette Médicale de Paris, t.III, n¡ 14 et 14 bis, 29 mars et 1er avril 1848, p.259-260.
[19] GUÉRIN J. Des réformes à introduire dans les hôpitaux. Gazette Médicale de Paris, t.III, n¡ 16 et 16
bis, 12 et 15 avril 1848, p.285.
[20] Plan général de l'enseignement dans l'Ecole de Santé de Paris, Paris, Ballard fils, An III , p. 44.
[21] Décret du 20 novembre 1893 in: J. Méd. Chir. Prat., t.LXIV, 4e série, p.949, art. 17591.
[22] Le Progrès Médical, 42e année, n¡1, 3 janvier 1914.
[23] CHARCOT JM. Archives de Neurologie, 1880, vol.I, n°1, p.2.
[24] WALUSINSKI O, BOGOUSSLAVSKY J. A la recherche du neuropsychiatre perdu : Paul Sollier (18611933), Rev neurol (Paris), 2008, 164:8:F239-247, hors-série n°3.
[25] GIRAUD A. Le premier Congrès annuel de médecine mentale en France. Congrès de Rouen, Annales
Médico-Psychologiques, 7e série, T.XII, septembre 1890, p.177-189 (p.186) ; Congrès annuels de médecine mentale, première session, tenue à Rouen du 5 au 9 août 1890 : comptes rendus des séances et
mémoires, Paris , G. Masson, 1891.
[26] SEMELAIGNE R. Nouveaux souvenirs d’un passé récent, Annales médico-psychologiques, 1934, XIVe
série, 92e année, T.II, n° 2 (Juillet), p.156-161.
[27] GIRAUD A. Le Congrès annuel des médecins aliénistes de langue française.- 4e session à La Rochelle.
Annales médico-psychologiques, 1893, n°18, p.177-197.
[28] CORVISIER-VISY N, POIRIER J. La neuropathologie en France (XIXe-XXe siècles). Avatars sémantiques
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[29] WIRIOT M. L'enseignement clinique dans les hôpitaux de Paris entre 1794 et 1848, Thèse de doctorat
en médecine, Paris, 1970.
[30] POIRIER J, RICOU P, LEROUX-HUGON V. Birth and death of Charcot’s scientific journals, in J.
Bogousslavsky, “Following Charcot; a forgotten history of neurology and psychiatry”, Frontiers of
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[31] ANONYME. Avertissement, Rev neurol (Paris), 1911, T. XXII, 1er semestre, n°1 (15 Janvier), p.1-2.
[32] BONDUELLE M. Histoire de la Société Française de Neurologie : 1899-1974, Rev Neurol (Paris),
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[33] PHILIPPON J, POIRIER J. Joseph Babinski, a biography, New York, Oxford University Press, 2009.
[34] POIRIER J, PHILIPPON J. Renewing the fire: Joseph Babinski, in J. Bogousslavsky, “Following Charcot;
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[35] CHARPENTIER A. Babinski (Joseph)(1857-1932), in Dr M. Genty, « Les biographies médicales », T.VI,
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[36] JANET P. La psycho-analyse, Rapport au XVIIè Congrès International de Médecine de Londres (6-13
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[37] BOGOUSSLAVSKY J, MOULIN T. From alienism to the birth of modern psychiatry: a neurological story
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[38] DESCOMBEY JP. La psychiatrie sinistrée: défense et illustration de la psychiatrie, Paris, Editions
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www.clystere.com / n° 19.
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[39] MILON A. La psychiatrie en France : de la stigmatisation à la médecine de pointe, Rapport
n° 328 (2008-2009) de M. Alain MILON, fait au nom de l'Office parlementaire d'évaluation des politiques
de santé, déposé le 8 avril 2009. Déposé sur le Bureau de l'Assemblée nationale par M. Pierre MÉHAIGNERIE, Président de l'Office. Déposé sur le Bureau du Sénat par M. Nicolas ABOUT, Premier VicePrésident de l'Office. Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 28 mai 2009 (n°1701), annexe au procès-verbal de la séance du 8 avril 2009 (n°328).
[40] MOUTAUD B. « C’est un problème neurologique ou psychiatrique ? » Ethnologie de la stimulation
cérébrale profonde appliquée au trouble obsessionnel compulsif », Bulletin Amades [En ligne], 83 | 2011
, mis en ligne le 27 mars 2011, Consulté le 18 décembre 2011. URL :
http://amades.revues.org/index1214.html.
[41] LUAUTÉ JP, ALLILAIRE JF. Les neurosciences : un avenir pour la neuropsychiatrie, Annales Médicopsychologiques, revue psychiatrique, 2004, Vol. 162, Issue 1, Pages 74-78.
[42] FREUD S. L'Introduction à la psychanalyse, Paris, Payot, 1917.
___
01 avril 2013
Toute référence à cet article doit préciser :
Poirier J. : Les avatars institutionnels de la neuropsychiatrie parisienne (XIXe-XXe siècle). Clystère
(www.clystere.com), n° 19, 2013.
www.clystere.com / n° 19.
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NOUVEAUTES EN LIBRAIRIE
Lazzaro Spallanzani (1729-1799), le père de la biologie médicale expérimentale. Henri Lamendin, Ed. L’Harmattan,
Paris, 2013, 140 p.
ISBN : 978-2-343-00129-6
Spallanzani… Un nom qui n’évoque rien le plus souvent
aux acteurs de notre médecine contemporaine… Pourtant, bien au contraire, il signifie tout dans le monde de la
recherche scientifique. Il est un peu dans toutes les expérimentations effectuées aujourd’hui pour confirmer, ou
infirmer, une théorie.
Il est en effet le premier à avoir démontré ses dires après
les avoir éprouvés dans une série d’expériences d’une
précision et d’une finesse surprenante pour son époque.
Il est le premier également à avoir réfuté, de la même
manière, des idées préconçues d’autres savants. C’est
pour cela qu’il est considéré de nos jours encore comme
le père de la biologie médicale expérimentale. Il s’est ainsi
attardé sur la circulation sanguine, la digestion, la fécondation ou encore l’étude de la fonction respiratoire.
Henri Lamendin retrace le parcours de cet homme exceptionnel en citant ses biographes les
plus fameux. De témoignage en témoignage, il dresse un portrait juste et équitable d’un
chercheur hors norme, intemporel, qui a légué à la médecine une œuvre dont la valeur n’a
eu d’égale que la rigueur. Il lui redonne ainsi vie à travers des récits qui foisonnent de détails
concernant ses activités scientifiques.
Henri Lamendin a voulu, par l’histoire de cet homme, pilier d’un humanisme fondamental et
de la physiologie générale, évidemment lui rendre hommage, mais également raviver son
souvenir, espérant ainsi que ce malheureux oublié ne le demeure plus très longtemps…
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Henri Lamendin, docteur d’Université en Odontologie, docteur d’Etat ès-Sciences, de
l’Académie nationale de chirurgie dentaire, est membre de la Société française d’histoire de
l’art dentaire. Il est aussi ancien directeur-adjoint du département biologie de l’Institut de
recherches appliquées au domaine de la Santé (Université d’Orléans).
www.clystere.com / n° 19.
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Revue de la Société Française d’Histoire des
Hôpitaux, n° 146, novembre 2012 est paru.
Ce numéro est entièrement consacré aux Musées hospitaliers de France et du Québec. On y
trouvera notamment :
Dans un article fort documenté Jacques Poisat
qui compare les musées et leurs collections en
France et au Québec. La philosophie n’est pas la
même : le patrimoine est plutôt détenu par des
associations ou des établissements hospitaliers
publics en France, par des congrégations religieuses au Québec.
Jacques Brunier propose une liste des sites français où l’histoire des soins a trouvé une place
particulière. Très utile !
Site Internet de la Société :
http://www.bium.univ-paris5.fr/sfhh/
Histoire, médecine et santé : Remèdes. N° 2, automne
2012.
Le deuxième numéro de cette nouvelle revue publiée
par le Framespa de l’Université de Toulouse 2 (UMR
6136) est consacré aux Remèdes, à travers un dossier
de 6 articles. Deux varias complètent ce numéro, un
article traitant du vécu de la grossesse aux XVIII-XIXe
siècles en France, l’autre de la vivisection humaine aux
XVI-XVIIIe siècles.
Une publication très intéressante, dont la présentation
est des plus agréables. Dans les futurs numéros, les
citations latines, grecques ou étrangères, feront l’objet
d’une traduction, tous les lecteurs n’étant pas férus en
langues anciennes.
01 avril 2013
On rappelle que le premier opus était consacré aux
pudeurs.
Pour s’abonner :
http://framespa.univ-tlse2.fr/actualites/publications/histoire-medecine-et-sante/
www.clystere.com / n° 19.
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COURRIER DES LECTEURS
Suite à l’article de Jacques Voinot intitulé « La réadaptation des amputés des membres pendant
la première guerre mondiale. Contribution lyonnaise. » paru dans Clystère n° 17 de février 2013, Bernard Petitdant, nous a adressé le message suivant :
« pour compléter les images fixes de l’article de Jacques Voinot, pour voir in vivo et in situ, peut-être
pas ces prothèses mais des prothèses de blessés de la grande guerre, un film sur le site du service
cinématographique des armées avec ce lien :
http://www.ecpad.fr/le-retour-a-la-terre-des-mutiles
Cette vidéo est absolument remarquable et nous montre l’équivalent des prothèses présentées dans
l’article de Jacques Voinot, utilisées avec une habileté rare par les mutilés de la guerre de 14-18. Un
document à voir absolument !
L’article de Guy Gaboriau intitulé « les
instruments de la chirurgie des calculs
de la vessie » paru dans Clystère n°
16 de janvier 2013 a suscité plusieurs
échanges de mails à propos des tenettes, des gorgerets et autres lithotomes. Ces sujets étant techniques et
donc difficiles, une synthèse sera faite
et présentée dans les mois prochains,
ou à la rentrée.
Christian BOURDEL médecin généraliste à la retraite et
ancien élève de l'Ecole du Service de Santé Militaire de
Lyon (ESSM), porte à notre connaissance "Le Militarial",
« Musée-Mémorial militaire du pays » dont il s’occupe,
avec une orientation sur la médecine militaire
Adresse du site de ce musée :
http://www.lemilitarial.com/
01 avril 2013
Le Dr Louis-Charles BARNIER nous informe que la collection d'étains médicaux de notre confrère le Dr
Patrice BOREL est désormais en place au musée de l’ancien hospice de Hautefort.
L'ouverture du musée est prévue pour le 18 mars. L’inauguration aura lieu en juin 2013.
Crédit photo © Dr Patrice Borel-2013.
Site internet du Musée de l’Ancien Hospice de Hautefort (24-Dordogne, France) :
http://www.musee-hautefort.fr
www.clystere.com / n° 19.
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SOS OBJETS MYSTERES
Bernard Petitdant fait appel aux lecteurs de Clystère pour identifier l’objet ci-dessous :
01 avril 2013
Il s’agit d’un étui en bakélite ou équivalent imitant un bois précieux de 5.6cm de haut pour 3.8cm
large dans sa partie la plus large. Il se sépare en 2 parties l'une de 2.4cm et l'autre de 3.2cm. Aucun
mouvement possible de l'embout à l'intérieur de l'étui. L'embout fait 3.9 cm de haut pour 3.1cm de
large. Le tube unique fait 1.1cm de diamètre les trous doubles font 3.2 mm de diamètre. Le sommet
et la base de l'étui sont plats et portent pour l'un le mot "QUINTEX" et "Breveté SGDG / Made in
France" pour l’autre. Un embout nasal personnel portatif sans aucun doute mais pour quel appareil ?
Appareil à air ou autre gaz mais surement peu de pression puisque le tube unique n'a pas de pas-devis et devait s'emboîter à frottement doux.
Y avait-il un appareil "Quintex" pour aérosol, ou pulvérisation nasale ?
« Quintex » est-il le nom d’une ancienne spécialité pharmaceutique ORL ?
Réponses ou suggestions à [email protected] ou [email protected]
www.clystere.com / n° 19.
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SOS OBJETS MYSTERES
Jean-François DELANGLE, Responsable de la Commission "Inventaire" de l’association « Les Amis De
l'Outil » à Bièvres 91570, interroge lui aussi les lecteurs de Clystère sur l’instrument suivant, probablement à usage médical puisque signé G. Legros, Gembloux :
L’association "Les Amis De l'Outil" (LADO) située à Bièvres en Essonne assure la sauvegarde d'outils
anciens et du patrimoine du travail manuel. L’association dispose d’un musée à Bièvres où elle expose une vingtaine de métiers anciens où les outils sont mis en valeur dans des "ateliers". Chaque
année le 1er mai, LADO organise une Foire à l'Outil Ancien et à l'Art Populaire qui regroupe une centaine de marchands spécialisés dans l'outil ancien.
LADO fêtera cette année, le 1er mai, ses 30 ans d’existence.
L’inventaire de sa collection qui comporte entre 30000 et 40000 outils, instruments, est en cours de
réalisation.
Adresse mail de LADO : [email protected]
Adresse du site (en construction) : http://www.lesamisdeloutil.net
01 avril 2013
Réponses et suggestions concernant cet instrument à
[email protected] et [email protected]
Prochain numéro :
1er Mai 2013
www.clystere.com / n° 19.