Frères de nos Frères 4
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Frères de nos Frères 4
bulletin 4 Décembre 2010 Frères de nos Frères AIDE DIRECTE AU DÉVELOPPEMENT EN ASIE, AFRIQUE ET AMÉRIQUE LATINE Aujourd’hui j’ai rencontré les enfants les plus pauvres de Lima… J’ai le cœur qui saigne en écrivant ces lignes et en repassant dans ma mémoire les images de ces gosses qui vivent dans des trous sous les ponts de Lima où ils se réfugient la nuit… Depuis une semaine nous sommes avec Christine Hamilton, de l’équipe projets de Frères de nos Frères, au Pérou pour rencontrer trois de nos partenaires et particulièrement « Generación ». Nous finançons depuis plusieurs années leur remarquable action pour tenter de réinsérer dans une vie normale les enfants et les jeunes qui hantent si nombreux les rues de Lima (1000 à 1500). Nous avons eu déjà de longs entretiens et des visites de terrain avec Lucy, la dévouée fondatrice et directrice péruvienne de cette organisation qui nous a raconté la vie dramatique de ces gosses. Aujourd’hui, c’est seule avec elle (Christine a dû repartir) que je vais à la rencontre des plus défavorisés. les ados affichent bientôt un vrai sourire quand ils découvrent Lucy. Peu à peu une dizaine d’entre eux quittent un ou deux matelas crevés et un fauteuil récupéré là et nous entourent et racontent à tour de rôle leurs problèmes. Une fille vacillante nous a rejoints. Elle souffre du sida, la police lui a pris ses deux enfants, et malgré le fait qu’elle devrait rester dans une chambre qu’on lui a attribuée en ville, elle est venue se consoler auprès des autres…Ma compagne lui redit qu’elle doit rester chez elle si elle veut récupérer la garde de ses enfants. Tous ces jeunes ont fui dans la rue des familles déstructurées par la misère, la drogue ou l’alcool et qui par besoin d’argent poussent leurs enfants dès la prime jeunesse à la prostitution, les entraînent dans leurs vices et souvent les brutalisent. Mieux vaut alors la vie en bandes dans la rue malgré ses graves dangers. Les sortir de là demande énormément d’amour, de patience, d’expérience et de savoir faire. Generación prend d’abord contact avec eux à travers des jeunes (qui eux-mêmes ont connu ces tragédies) qui les apprivoisent peu à peu. Puis on essaie en premier lieu de les réintégrer à leur famille quand c’est possible : parfois simplement un peu d’aide en nourriture suffit à briser le cercle vicieux de la misère. On s’emploie à convaincre les parents de les renvoyer à l’école. Hélas, souvent, les enfants se font rejeter par leurs camarades d’école : dans la rue ils ont pris de mauvaises habitudes, parlent grossièrement, peinent à garder des horaires, un uniforme en bon état et ont beaucoup de retard scolaire à rattraper. Les jeunes de Puente Nuevo Quand nous arrivons vers 11heures du matin avec Lucy, qu’ils appellent affectueusement leur ange gardien, quelques enfants émergent de leur trou qui domine le Rio, aux berges couvertes d’ordures et dont les eaux, à la saison des pluies, les chassent de leur refuge. Ils sont sales, le cheveu hirsute, se grattent sous la chemise et surtout, pour plusieurs, encore abrutis par la drogue (un avant produit de la cocaïne) qu’ils ont fumé cette nuit et qu’on achète pour quelques « soles » dans les rues de Lima. Mais ASSOCIATION SUISSE SANS APPARTENANCE un jeune dans la misère POLITIQUE NI CONFESSIONNELLE FONDÉE EN 1965 Il faut en même temps suivre de près les familles, les convaincre de l’importance de cette scolarisation. Parfois, cela s’avère impossible : la mère est incapable de les soutenir ou au contraire les enfonce avec elle dans la misère et les renvoie à la rue. Il faut alors que les parents acceptent (par écrit) de confier leurs enfants à Generación qui les place dans son foyer au sud de Lima, au bord de la mer, à San Bartolo, où peu à peu ils reprennent goût à la vie et une existence normale et cessent de se droguer. C’est un long chemin, avec des rechutes, une lutte constante de tous les collaborateurs de Generación mais quand on rencontre leurs aînés, ceux qui maintenant sont devenus les éducateurs des rues de Lima, on comprend combien cela en vaut la peine. Les garçons apprennent un métier, les filles, souvent déjà à 15 ans avec un ou deux enfants, quittent la prostitution et se forment comme couturières, par exemple. Il faut les éloigner du milieu maffieux qui tente de les récupérer. Lima est un lieu de violence, les nuits sont dangereuses mais quand le téléphone sonne à minuit et qu’une voix crie à l’aide, Lucy n’hésite pas et part de suite à leur secours. Depuis ces dernières années, si certains n’ont pas survécu à ces conditions de vie si terribles, beaucoup d’autres ont quitté l’abri misérable de Puente Nuevo pour un meilleur avenir ; mais je reste hantée par les visages de ceux que j’ai rencontrés aujourd’hui, qu’ils soient retombés à cause de la dépendance à la drogue, ou qu’ils n’aient pas encore suivi ceux qui vont les sauver. Solange de Watteville Nueva canzon de GENERACIÓN Nouvelle chanson de GENERACIÓN composée par les enfants et qu’ils chantent souvent dans les bus pour gagner quelques soles ¡ « Pirañas »… nos llman la gente! Por no tener Papa y Mama O por tener...y nos maltratan. O por robar para comer O por drogarnos para olvidar Las penas y el dolor que Siente mi pequeñito corazon… Tu, que nos escùchas Generación es nuestro Hogar Dios nos envio una madre. Gracias Lucy por tu amor : Cuando nos enseñas cosas Buenas con amor. Dios nos envio una angel ¡Gracias Lucy por tu amor ! Ya no me drogo para olvidar Ya no quiero volver atras ¡Solo dame un pequenito de tu amor! Lucy et ses protégés « Piranias »… ainsi nous appellent les gens ! Parce que nous n’avons ni Papa ni Maman Ou parce que nous en avons et qu’ils nous maltraitent… Ou parce que nous volons pour manger Ou parce que nous nous droguons pour oublier Les peines et la douleur que Ressent mon tout petit cœur ! Toi, qui nous écoutes, Generación est notre Foyer. Dieu nous a envoyé une mère ; Merci Lucy pour ton amour Quand tu nous enseignes de Bonnes choses avec amour. Dieu nous a envoyé un(e) ange ! Merci Lucy pour ton amour ! Maintenant je ne me drogue plus pour oublier Maintenant je ne veux plus revenir en arrière Seulement donne moi un peu de ton amour ! Éducation des Enfants de Rues à Lima (No 298B) Partenaire : Generación Aide à l’insertion scolaire (primaire et secondaire) de 40 enfants et adolescents des rues ; (droits d’inscription, uniformes, demi-pension, matériel scolaire, appui de professeurs et répétiteurs). De plus 22 autres jeunes ont bénéficié de diverses formations techniques pré-professionnelles(couture, cuisine, ébénisterie, informatique, chauffeur, manœuvre, sérigraphie) dont plusieurs ont trouvé un emploi en 2010. Ouverture d’un atelier de couture. Cours artistiques et de sport. Journée mensuelle d’activités, de sports, d’éducation à la santé et à l’hygiène avec un repas et transports pour 100 à 200 jeunes défavorisés des quartiers pauvres. Aide alimentaire. Suivi psycho-social. Salaires, transports, frais administratifs, etc. Contribution Frères de nos Frères en 2010 : 38’187 CHF (exactement : 33’710 $) L’homme par qui tout a commencé, Armand Marquiset, le Fondateur de Frères de nos Frères. Qui, en 2010, se souvient encore d’Armand Marquiset ? L’avez vous connu ? A l’occasion des 45 ans de la fondation de Frères de nos Frères, association suisse qui a vu le jour en 1965, nous sommes allés consulter toutes nos archives et, pour la plupart d’entre nous, avons découvert cet homme remarquable à l’origine de plusieurs œuvres qui existent toujours. C’est en relisant la plaquette éditée quelques mois après sa mort en 1981 (« Armand Marquiset ») et en lisant le petit ouvrage de souvenirs et de très beaux textes qu’il écrivit en 1978 (« De la terre au Ciel ») que je découvre la trajectoire de cet homme lumineux, né dans une noble et riche famille parisienne en 1900. Après une jeunesse dorée et une éducation classique, marquée par l’influence de sa grand-mère avec laquelle il va vivre pendant son adolescence et qui lui demande souvent de l’accompagner dans ses bonnes œuvres et le sensibilise, malgré lui, aux conditions de vie difficile des plus défavorisés de cette grande ville de Paris, il a plutôt envie de mener joyeuse vie, de profiter de sa belle fortune et se décide finalement pour une carrière musicale. Il souhaite être compositeur et travaille avec Nadia Boulanger entre 1920 et 1930. Pendant toutes ces années il fréquente la riche société parisienne qui sait aussi organiser de fameux galas de charité auxquels il participe volontiers. Déjà en 1925, suite à une prédication à Notre Dame, il vit une vraie conversion et se tourne vers la religion tout en souhaitant rester laïque. C’est la mort de sa Grand-Mère, le « grand amour de sa vie » Armand Marquiset qui modifie totalement sa vie en 1930 : Il ne peut plus composer, malgré plusieurs essais. Il nous dit : « Après mûres réflexions – et après avoir été à la « Mie de Pain », soupe populaire dans le 13e arrondissement – je décidai d’arrêter la musique et de servir les Pauvres » Dorénavant il fréquente La Mie de Pain chaque soir durant les quatre mois d’hiver, y rencontre des artistes au chômage et crée sa première œuvre « Pour que l’Esprit Vive » qui vient en aide aux artistes au chômage. La mère d’Armand le seconde et va voir Claude Monnet qui lui dit de choisir une toile(!) comme 1er prix, mais le choix fait, Claude Monnet lui dit rapidement « Désolé Madame, vous pouvez avoir n’importe quelle autre mais pas celle-là, car je l’ai offerte à tous les marchands de Paris pour 50 francs et personne n’en a voulu… » Pour alimenter le fond d’entraide, on fait assaut d’imagination (et nous pourrions en prendre de la graine !) et de disponibilité et les résultats sont là. En 1933, pour mieux connaître les pauvres, sur les routes, il décide de partir en pèlerinage de Paris à Lourdes sans argent, à bicyclette et connaît pas mal d’aventures, vu son manque d’expérience ! En 1934, il crée avec quelques amis l’œuvre des « Amis de la Banlieue » : réunir des gosses pauvres, créer des patronages, ouvrir des centres d’accueil, distribuer des paquets de Noël. Toutes les Présidentes de ces œuvres sont des princesses ou des duchesses qui se dévouent avec ardeur ! Petit Frère des Pauvres Dès qu’il est mobilisé en 1939 au service auxiliaire, Armand crée le mouvement « 1939-Servir » qui aide les soldats désargentés à écrire et à soutenir leur famille à la campagne. Démobilisé, il s’engage bien vite dans le Secours National et organise l’accueil des milliers d’Alsaciens-Lorrains expulsés par les Allemands. Il faut les loger et les nourrir. Puis il s’occupe des camps d’internement dans la France libre et d’autres actions. Après la guerre, en 1946, Armand Marquiset fonde « Les Petits Frères des Pauvres ». Il y pensait Premiers volontaires Tiers Monde depuis longtemps mais c’est l’Abbé Audouin qui lui recommande de se consacrer aux vieillards, en les secondant directement chez eux par une aide ménagère et alimentaire. Il veut donner toute sa fortune mais l’Abbé l’incite à un peu plus de prudence. Il commence avec 100 vieillards pauvres, habite dans une ancienne loge de concierge d’usine, apporte des colis alimentaires, au début il est seul pour cuisiner et porter les repas .L’œuvre va grandir et il sera rapidement secondé par d’autres petits frères, des maisons d’accueil COMITÉ DE BERNE Comité à reconstituer Adresse provisoire c/o Comité de Fribourg CCP 30-28490-3 COMITÉ DE GENÈVE 22, rue Michel-Chauvet 1208 Genève Tél. 022 735 30 74 Fax 022 735 31 17 CCP 12-16470-1 [email protected] COMITÉ DE FRIBOURG 1783 Pensier Tél. 026 684 10 16 CCP 17-5767-0 [email protected] COMITÉ DE NEUCHÂTEL Rue du Crêt-Taconnet 15 2000 Neuchâtel Tél. 032 721 24 37 CCP 20-3602-9 [email protected] www.fdnf.org COMITÉ DU VALAIS M. François-Joseph Dorsaz Chemin des Amandiers 106 1950 Sion Tél. 027 323 70 33 [email protected] Banque Raiffeisen Sion Région CCP 19-82-4 Compte 36627.29 www.fdnf.org seront aussi ouvertes pour les personnes âgées, parfois dans des châteaux dont le premier sera celui de sa famille, Montguichet, suivi de 10 autres ! Les fraternités des Petits Frères des Pauvres se multiplient même hors de France. La foi d’Armand Marquiset reste le principal moteur de sa vie (les petits Frères prononcent des vœux). En 1964 sévit une grande misère et famine en Inde. Il s’y rend durant l’hiver et peu après fonde « Frères des Hommes ». Il écrit : « Lorsque je suis revenu de l’Inde je me suis dit : est-ce que tu y peux quelque chose ? Oui, tu y peux quelque chose. » Quand j’ai parlé de nourrir les enfants du tiers monde, beaucoup m’ont dit : « Vous êtes fou ! C’est une goutte d’eau dans la mer ! » J’ai répondu : « La mer est faite de gouttes d’eau. » Nous nourrissons les enfants 3 fois par semaine. J’ai beau me dire, pour avoir bonne conscience, que cela coûterait le double, je crois qu’il faudrait les nourrir tous les jours. Dire : « Mais on n’a pas d’argent » équivaut à dire : « On n’a pas la foi. » Quand Armand Marquiset veut créer une branche de « Frères des Hommes » à Genève avec Jacqueline Palthey, Paulette Woodtli et Raymond Ferrier, on réalise que le nom va prêter à confusion avec « Terre des Hommes » et on rebaptise l’association « Frères de nos Frères » qui bientôt COMITÉ DE VAUD 2, av. de Rumine 1005 Lausanne Tél. 021 312 62 66 CCP 10-19582-9 [email protected] SIÈGE DE L’ASSOCIATION SUISSE 22, rue Michel-Chauvet 1208 Genève Tél. 022 735 63 76 Fax 022 735 31 17 CCP 12-8306-4 www.fdnf.org fait souche aussi à Lausanne, grâce à Jeanne Corbat qui est une fidèle amie d’Armand, puis dans les autres villes. En 1968 A.M. fonde une dernière œuvre, « Frères du Ciel et de la terre », pour venir en aide discrètement à tous ceux qui souffrent de mal-être, solitude et dépression et les entourer d’amour. Peu après, un infarctus l’affaiblit beaucoup et il meurt en Irlande le 14 juillet 1981, en laissant une immense trace lumineuse derrière lui. «Accourez Frères de par le vaste Monde vers vos Frères qui souffrent. Ils ont faim mais ils espèrent car la vie est espoir. Accourez Frères de par le vaste Monde car pour eux vous êtes l’Espoir ! Vous ne les connaissez pas encore. Ils ne vous connaissent pas encore. Mais si vous les aimez, ils vous aimeront et alors s’éloignera leur faim. Accourez Frères de par le vaste Monde, étant des Frères pour vos Frères et le soleil irradiera leur cœur (…) et parce que vous serez venus, ils n’auront plus faim et alors vos mains dans leurs mains, leurs yeux et leurs lèvres souriront et vos yeux et vos lèvres souriront, leurs cœurs auront si chaud et vos cœur auront si chaud : Tous Frères- de par le vaste Monde »(A.Marquiset) Solange de Watteville Nouvelles des comités Genève tié et de solidarité. Les chefs qui nous ont gracieusement prêté leur concours sont : Le comité de Genève a fêté les 45 ans de Frères de nos Frères lors d’une magnifique soirée d’ anniversaire le vendredi 5 novembre à la Salle Pitoëff. Près de 250 personnes ont assisté à cette soirée qui a remporté un immense succès et s’est déroulée dans une ambiance très festive. Les Chefs Goutatoo, un groupe de 10 grands chefs cuisiniers de Genève, ont régalé les convives d’un superbe dîner gastronomique. L’animation était assurée par l’imitateur et humoriste suisse Yann Lambiel, toujours aussi talentueux et très applaudi, ainsi qu’un groupe de trois magiciens de Paris époustouflants. La recette de la soirée destinée à financer nos projets en cours s’élève à plus de CHF 100 000 net, dons et billets de loterie compris. Ce résultat ravit le comité d’organisation qui remercie très chaleureusement les nombreux sponsors et donateurs de lots ainsi que toutes les personnes qui, par leur présence ou leurs dons, ont contribué à la réussite de cette belle fête d’ami- Philippe Audonnet, Hôtel d’Angleterre Jean-Marc Bessire, Le Cigalon, Thônex Angelo Citiulo, La Closerie, Cologny France Cundasawmy, L’Avant-Première, Balexert Fabrizio Domilici, Hôtel Crowne Plaza Philippe Durandeau, Hôtel La Réserve Dominique Gauthier, Hôtel Beau Rivage Serge Labrosse, Buffet de la Gare des Eaux-Vives Thierry Minguez, Café du Marché, Carouge Bridge : le comité prévoit d’organiser à nouveau un tournoi de bridge au printemps. RECONNUE PAR LE ZEWO Le sigle du ZEWO garantit que votre don sera utilisé de façon honnête et rigoureuse. Frères de nos Frères Imprimé sur papier recyclé Haïti : Frères de nos Frères s’engage aux côtés de AVSF (Agriculteurs et Vétérinaires Sans Frontières) pour le projet de reconstruction du réseau laitier mis à mal par le tremblement de terre.