La réforme des ESPE : entre l`héritage du passé et les

Transcription

La réforme des ESPE : entre l`héritage du passé et les
La réforme des écoles supérieures du
professorat et de l'éducation (ESPE) :
entre l’héritage du passé et les promesses d’avenir
Gilles Baillat
Président de l’université de Reims
Champagne-Ardenne
ESENESR – 23 mai 2013
Introduction
La réforme en cours de la formation des
enseignants succède à la réforme dite de la
"masterisation" de 2009.
Une réforme qui pose des questions
essentielles pour la formation des enseignants
mais aussi pour l’école et l’université, pour leur
place dans la société.
Contexte de la réforme actuelle
• Diffèrent de celui de 2008-2009 au moins dans
l’argumentaire :
– insistance sur la société du savoir ;
– insistance sur les mauvaises performances du système
éducatif français ;
– "effet maître" mis en avant ;
– expérience de la "masterisation" (disparition des
stages, assèchement des viviers, etc.
• Caractère stratégique de la formation des
enseignants (formation initiale et formation
continue)
Originalité de la réforme actuelle ?
Les réformes de la formation des enseignants
sont relativement rares jusqu’en 2005 :
– loi d’orientation de 1989 et création des instituts
universitaires de formation des maîtres (IUFM) en
1990-1991 ;
– loi Fillon de 2005 ;
– intégration des IUFM au sein des universités à partir
de 2007 ;
– "masterisation" de 2009.
Un peu d’histoire…
• Les grands principes de la formation des enseignants
du primaire et du secondaire jusque 1990 :
– "normalisation" : tentative de rendre conforme à un
modèle ;
– empirie : primat de la référence empirique (le certificat
d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré
(CAPES) de 1952 et les premiers stages en centre pédagogique
régional (CPR) ;
– séquentiel : acquisition des savoirs à enseigner puis
apprentissage du métier ;
• dissociation complète entre formation des enseignants
et université (différents dans d’autres pays) ;
• différences fortes entre premier et second degré (les
deux mondes).
La création des IUFM en 1990
• Rapprochement de la formation de l’université :
des instituts universitaires ;
• rapprochement des différents corps de
personnels : émergence de "l’enseignant" ;
• affirmation de la "professionnalisation" (rapport
Bancel) : dans le sens anglo-saxon ;
• mais : on reste au milieu du gué du point de vue
de l’universitarisation : pas de diplôme, contrôle
du recteur, etc.
L’intégration des IUFM et
la "masterisation"
• Intégration totale des IUFM entre 2007 et 2008 ;
• intégration des formations d’enseignants au sein
des formations universitaires ;
• renforcement notable du disciplinaire ;
• remplacement du modèle professionnel par le
modèle du compagnonnage ;
• affaiblissement considérable de la dimension
professionnalisante de la formation (les stages).
Réforme actuelle
• Volonté de dépasser l’opposition entre
universitarisation et professionnalisation ;
• prise de conscience des effets pervers de la
"masterisation" ;
• forte volonté politique en appui à une vision
globale : référentiel métier, réforme des
formations, transformation des structures
(ESPE) réforme des concours.
Caractères essentiels du
futur dispositif
• La loi sur la refondation de l’école prévoit la
création d’ESPE comme composantes de
l’université ;
• une ESPE par académie, intégrée à une
université, ou rattachée à un pôle de recherche et
d'enseignement supérieur (PRES) ;
• conséquence de cette disposition législative :
l’ESPE doit répondre aux exigences de la
formation universitaire (allocation et gestion des
moyens, recrutement des personnels, logiques
d’attribution du diplôme, etc.
Les ESPE
• Un modèle professionnalisant : logique des écoles
professionnelles d’université : rapport étroit avec
l’employeur ;
• un modèle simultané/modèle séquentiel ou
consécutif : les stages et la préparation au métier
commencent très tôt (L2) ;
• un dispositif collaboratif (unités de formation et de
recherche (UFR), universités, services académiques) ;
• inscription dans la logique du diplôme : risques pour
le Master 2 (M2) notamment ;
• (référence) à un référentiel unique.
Les conséquences ?
sur le modèle de formation
• Nouvelle reconnaissance des savoirs autres
que "disciplines de l’école" : les savoirs à
enseigner et les savoirs pour enseigner ;
• importance des stages : en Master 1 (M1) (4 à
6 semaines, en M2, stages en responsabilité)
mais aussi des la deuxième année de licence
(L2) ;
• nouveaux types de formation (encadrement
des périodes de stages).
Les conséquences
sur les acteurs de la formation
• Deux types d’intervenants officiellement
reconnus : universitaires et professionnels ;
• de fait, deux logiques de légitimation assez
traditionnelles dans les formations universitaires
professionnalisantes : légitimité par la recherche,
légitimité par l’activité professionnelle.
• Un ensemble finalisé par la logique universitaire
de l’European Credit Transfer System (ECTS),
examens, etc.)
Conséquences sur
l’articulation des interventions
• Rôle du conseil de l’école et du conseil
scientifique et pédagogique ;
• les deux types d’intervenants interviennent
sur les deux sites de formation ;
• fonction des stages (préparation et
exploitation) ;
• fonction du référentiel.
Conclusion
• Réforme d’une nature entièrement nouvelle :
universitarisation et professionnalisation.
• des enjeux considérables compte tenu des
résultats actuels du master de Sciences de
l‘éducation et de la formation (SEF) ;
• une dernière chance ? Au moins dans la
logique républicaine qui reste aujourd’hui
l’horizon d’attente de la population.