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RATP SEM CML Rapport d’expertise CHSCT sur le projet de mise en place d‘un « Contrôle des titres de transport et verbalisation électronique, recouvrement des PV et comptabilisation des quittances » SECAFI Changement Travail Santé Cabinet agréé par le ministère du Travail, habilité IPRP et membre de la FIRPS Direction Régionale Rhône-Alpes Immeuble Le Green 241, rue Garibaldi – 69003 Lyon Tél 04 78 63 60 63 SAS au capital de 910 599 € 328 921 119 RCS Paris Numéro d’identificat ion intracommunautaire FR 23 328 921 119 Lyon, le 16/10/2015 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 RATP CHSCT SEM CML Mesdames, Messieurs, Le présent rapport rend compte de la mission qui nous a été confiée lors de la réunion extraordinaire du 01 juin 2015. Conformément aux dispositions des articles L.4612-1 et L.4614-12 du Code du Travail, le CHSCT de RATP SEM-CML, informé et consulté sur le projet de mise en place du projet de « contrôle des titres de transport et verbalisation électronique, recouvrement des PV et comptabilisation des quittances », a désigné le cabinet SECAFI pour réaliser une expertise « Projet Important » (Cf. Délibération en annexe). La mission a été réalisée conformément aux modalités qui ont été élaborées en concertation avec les représentants du personnel au CHSCT, MM. DOREY, FAYOLLE, FERRY et LE BORGNE, et avec les représentants de la direction, Mme BRUNET, Présidente du CHSCT, M. LE MAITRE, Préventeur SEM/CML, Mme GOUX, responsable du projet ePV et M. CHATY, Responsable RH CML. Ces modalités ont été finalisées et signées le 7 juillet 2015. Compte tenu de la durée de la phase de cadrage et d’échanges préalables à la validation des modalités d’expertise, mais aussi des contraintes de la période estivale, le calendrier prévisionnel suivant a été proposé : • Validation des modalités d’expertise le 7 Juillet • Réalisation des investigations de terrain (entretiens et observations) en juillet et éventuellement fin août/début septembre si besoin • Réunions de point intermédiaire le 7 septembre, le matin avec les représentants du personnel, et l’après-midi avec la direction • Rédaction puis envoi du rapport le 21 septembre • Réunions préparatoires avec les représentants du personnel puis avec la direction le 9 octobre • Présentation du rapport d’expertise au CHSCT le 12 octobre Pour exécuter nos travaux, nous avons réalisé des entretiens avec les responsables du projet et de SEM CML, mené des entretiens et des observations des activités impactées dans les entités ciblées lors du cadrage (attachements SCC de Noisy et Bastille, Lignes de Métro 4 et 5, services Recouvrement CML, Comptabilité quittances et Contrôle des ventes SEM. La liste de ces investigations figure en Annexe ainsi que celle des documents utilisés. 2 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Nous remercions nos interlocuteurs de leur disponibilité et pour l’organisation de ces investigations de terrain, particulièrement dans la complexité de la situation estivale. En effet, les absences liées aux congés, les adaptations d’organisation durant l’été (chaleur, travaux, équipes de contrôle plus réduites…) ne nous ont pas permis d’organiser autant d’entretiens que prévus ni de valoriser pleinement les temps d’observations. Cependant nous avons tout de même pu mener des investigations assez diversifiées et espérons représentatives. Lors de la séance de travail du 7 septembre 2015 avec les élus des CHSCT puis avec la Direction, le Cabinet a présenté une première analyse intermédiaire de la mission. Vous trouverez, dans le corps du rapport, une présentation plus détaillée de la méthodologie mise en œuvre incluant la liste des réunions, entretiens et observations qui ont été réalisés. Ce rapport a été présenté en réunion plénière le 12 octobre 2015, avant d'être remis sous sa forme définitive. Nous vous remercions de la confiance que vous nous témoignez et restons à votre disposition pour vous fournir toute explication complémentaire que vous estimeriez nécessaire à l’appréciation de la situation. Christophe BOURDELEAU Juliette CROZIER ROMAND Sylvain GUARD Francis ODIER 3 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Sommaire 1. 2. Analyse de la demande, problématique traitée et approche retenue 5 1.1. Présentation générale du projet ePV 6 1.2. L’analyse de la problématique et le choix du périmètre de la mission 9 Besoins et attentes des différentes activités liées au Contrôle envers le projet ePV 2.1. Des déterminants de l’activité de Contrôle à prendre en compte pour l’ePV 14 2.2. Une nécessaire vigilance sur la gestion de la transition et l’évolution des charges de travail dans les services de traitement des ePV 3. 13 36 Les apports et contraintes du futur système ePV identifiés à ce jour 54 3.1. Regard sur l’ergonomie d’un nouvel outil informatique 55 3.2. Les impacts potentiels sur les activités de travail et les collectifs 68 3.3. Des aspects importants du projet restent encore à déterminer 75 3.4. Préconisations pour le Retour d’expérience et la Prévention des risques 81 ANNEXES 88 Planning de la mission et personnes rencontrées 89 Documentation à notre disposition 90 Délibération du CHSCT SEM CML du 01 juin 2015 91 Ergonomie des logiciels 93 L’encadrement de la cybersurveillance par la CNIL 97 Glossaire 99 4 1. Analyse de la demande, problématique traitée et approche retenue SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 1.1. Présentation générale du projet ePV Les objectifs et enjeux du projet Le projet de PV électronique (ePV) consiste en « la mise en place d’une nouvelle solution de contrôle des titres de transport télébillettiques et de verbalisation électronique ». Il s’agit donc de mettre en place un dispositif permettant la réalisation : • Du contrôle des titres de transport : lecture et contrôle de la télébillettique, enregistrement des activités • De la verbalisation électronique : saisie des quittances et PV, impression des justificatifs, archivage et télétransmission des quittances et PV • Du reporting : remontée de l’activité de verbalisation Le projet ePV mettra ainsi à disposition des agents de la RATP : • Un nouvel outil portable de contrôle, de saisie et d’impression (INGENICO IWL 280), mais pas de paiement dans un premier temps • Un nouveau serveur de gestion des équipements ePV (CONVERSE) L’enjeu pour l’entreprise est de procéder à la dématérialisation de la saisie des procèsverbaux et des quittances, activités actuellement réalisées à l’aide de carnets à souches papiers, renseignées manuellement par les agents et traités en back-office, à l’aide de la mise en place de deux nouveaux outils. Cet équipement conduirait à une évolution des modalités de réalisation de l’activité de contrôle mais aussi de contrôle des ventes et comptabilité SCC, ainsi que de recouvrement. Ce projet s’inscrit également dans un contexte d’obsolescence matérielle et logicielle de la gestion actuelle de la solution de contrôle des titres télébillettiques de l’entreprise (LDPC). La dématérialisation de la chaîne de traitement des infractions permettrait non seulement « d’accélérer et simplifier les modalités de paiement des PV », mais aussi « d’augmenter le taux de recouvrement des PV en diminuant le nombre de PV classés RI50 … et de renforcer la fiabilité des adresses saisies ». 6 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Cette mise en place permettra également une « optimisation du pilotage de l’activité », notamment en « facilitant la fourniture à l’encadrement d’indicateurs de pilotage de lutte contre la fraude ». Le périmètre concerné Les effectifs concernés par la mise en place du projet : Changements envisagé par la Salariés concernés par le projet direction de projet (source dossier CHSCT) Agents réalisant des activités de contrôle : • Baisse du temps de saisie d’une infraction, d’un PV Equipes de contrôle des départements CML (environ 950 agents) et SEM (environ 6000 Un seul terminal pour le contrôle agents) et la verbalisation Simplification du processus Contrôle des ventes : • • Contrôle des ventes SEM (environ 50 agents) Comptabilité des quittances SCC Homogénéisation du service (SEM/CDV) : transfert de 2 ETP de CML vers SEM Pôle de recouvrement (39 agents) Accueil téléphonique et face à face : Baisse du nombre de saisies anticipées Service relation clients (environ 80 agents) Modification mineure des écrans de saisie OASIS Le planning du projet Dans le dossier CHSCT, le planning suivant est indiqué : 7 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Le déploiement sera précédé de deux phases pilotes de mise en place du matériel sur le terrain et de réalisation des travaux préalables dans les sites : • Novembre 2015 - avril 2016, phase de « pilotes techniques » : test du matériel et de débuggage des logiciels. Tests réalisés par une équipe SEM ligne 5 (5 appareils) et une équipe CML de l’attachement de Noisy-Le Grand (5 appareils), soit une vingtaine d’utilisateurs pilotes. • A partir de mai 2016, phase de « pilotes sites » : déploiement du matériel sur les équipes SEM de la ligne 5 (100 agents) et CML de l’attachement de Noisy-Le Grand (100 agents). Nous n’avons pas encore de précisions sur le calendrier de déploiement, au-delà de mai 2016 si ce n’est que le déploiement est ensuite prévu site par site jusqu’en avril 2017. 8 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 1.2. L’analyse de la problématique et le choix du périmètre de la mission 1.2.1. La problématique retenue lors du cadrage Dans le cadre des activités de contrôle des titres de transport, de verbalisation, de recouvrement des PV et de comptabilisation des quittances, l’enjeu de l’introduction d’un terminal électronique pour remplacer le traditionnel bloc papier des procès-verbaux et des quittances, et l’écriture au crayon, est multiple et impacte l’ensemble de la chaîne de traitement des amendes, du corps de contrôle, au pôle recouvrement en passant par le contrôle des ventes. Les représentants du personnel s’interrogent sur l’impact du projet sur les conditions de travail des agents concernés. En effet, ces derniers expriment des interrogations relatives aux adaptations nécessaires en matière de pratiques métier : Quels changements induits par la mise en place de ce matériel pour les agents de contrôle ? Quels changements dans les logiciels ? Les représentants du personnel sont également surpris par la subite urgence prise par le projet, le projet étant en réflexion depuis plusieurs années au sein de la RATP (et déjà évoqué lors d’expertises précédentes). Ces derniers s’interrogent également sur le phasage du projet et notamment sur les phases pilotes. Le choix de l’outil est également source d’interrogation pour les représentants du personnel qui s’étonnent de constater que le matériel retenu n’ait pas donné lieu à une phase de test plus approfondie sur le terrain avant que le marché en soit passé (il est fait référence à la mise en place de tablettes pour les agents de gare de la ligne A, dont on constaterait à postériori, que l’outil ne serait peut-être pas adapté aux besoins du terrain), mais également de ne pas avoir pu accéder à l’appareil retenu. Il aurait été plus judicieux selon ces derniers de procéder à une phase de consultation sur le choix de l’outil, puis à une consultation sur l’impact de l’outil sur les conditions de travail, et l’organisation afférente. Ils ont également soulevé les risques liés au recueil du numéro de téléphone portable du contrevenant et à sa vérification « en direct » par le contrôleur, même si, suite à plusieurs alertes sociales, la direction s’est engagée en CHSCT à le suspendre. 9 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Enfin, les représentants du personnel s’inquiètent de l’utilisation de certaines fonctionnalités de l’outil, qui permettrait, le cas échéant, de tracer relativement précisément l’activité de chaque agent avec des inquiétudes sur la cybersurveillance, et impacterait notamment les méthodes de contrôle, mais également son pouvoir de discernement. Sur la question des pôles recouvrement et contrôle des ventes, les représentants du personnel évoquent une problématique de charge de travail relative à la diminution du nombre de postes, mais s’interrogent également sur les changements dans le système de traitement des amendes (logiciel, interface,…). La direction met en avant que la mise en place du projet ePV : • S’accompagnera d’une amélioration des conditions de travail des agents de terrain (réduction du nombre d’agrès, facilitation des saisies d’infractions, organisation du travail simplifié par la dématérialisation des flux), • • Contribuera à améliorer la relation client, notamment en garantissant la mise à disposition des clients des justificatifs lisibles et compréhensibles, en accélérant les modalités de paiement des PV, Améliorera le taux de recouvrement et en réduira le délai, • Permettra l’optimisation du pilotage de l’activité. Concernant la baisse d’effectifs au sein du pôle recouvrement (- 7 ETP), la direction évoque le fait que cette baisse n’est que budgétaire mais que le service fonctionne actuellement en surnuméraire avec des agents temporaires. Lors du cadrage de la mission nous avons donc observé que les points de vue sur les impacts du projet sont relativement divergents entre la direction et les représentants du personnel. Nous avons donc formulé deux hypothèses, instruites durant l’expertise : • La mise en place du ePV induira des changements de pratiques de travail pour les agents de contrôle, et pourrait remettre en question les pratiques liées au discernement, mais également la nécessité de reconstruire une expérience autour d’un nouvel outil de travail, particulièrement dans leurs relations avec la clientèle et la prévention des risques. 10 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 • Pour les agents du pôle recouvrement et du pole contrôle des ventes, les modifications de processus de traitement seront également source de changements dans les pratiques de travail (nature et charge). La disparition progressive de postes au sein de ces services impactera également leur cohésion et potentiellement la répartition de la charge de travail avec une période de transition plus complexe de coexistence de flux papier et dématérialisés. Notre expertise s’attache donc à instruire les questions suivantes : • Identifier les pratiques actuelles des agents de contrôle sur le terrain, de manière à projeter l’activité future avec l’utilisation du ePV, • L’impact de la mise en place du ePV sur la relation avec les voyageurs (temps de rédaction d’une contravention, positionnement de l’agent,…), • Appréhender les potentialités techniques du matériel retenu et des logiciels développés pour l’activité, • Appréhender au mieux les changements dans l’activité de travail pour les agents des pôles recouvrement et contrôle des ventes (réduction d’effectif et répartition de la charge de travail, changements dans les interfaces logiciels, dans les pratiques et la coexistence de flux papier et dématérialisés,…). Investiguer le processus de gestion du projet, notamment sur le dispositif de déploiement et l’accompagnement des agents sur le terrain (besoins en formations, retours d’utilisateurs,…). • La présentation du projet au CHSCT bien en amont du déploiement général (après Mai 2016) représente un avantage en matière de prévention des risques professionnels si la consultation et l’avis du CHSCT permettent de faire évoluer le projet, si cela s’avère nécessaire, dans le sens de l’amélioration des conditions de travail. Mais cela induit aussi des contraintes pour analyser les impacts prévisionnels sur l’activité future des utilisateurs alors que l’outil futur n’est pas encore testé sur le terrain et que les applicatifs sont en cours de développement. Nos investigations ont donc été limitées sur les impacts a priori du projet, sans possibilité d’observer le test de l’appareil en condition réelle, ni même de recueillir l’avis de testeurs. Il en a été même pour les services de traitement des ePV (recouvrement, contrôle des ventes, comptabilité quittance). De plus le calendrier de l’expertise a contraint à la réalisation des entretiens et observations durant la période estivale, marquée par des fréquentations différentes et par un arrêt d’un tronçon du RER A. En complément de l’étude des impacts, l’expertise pourra conduire à des préconisations relatives à l’implication du CHSCT dans la suite du projet, particulièrement lors des phases pilotes préalables au déploiement général. 11 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 1.2.2. La démarche mise en œuvre Nous avons combiné plusieurs modes de recueil d’informations afin de percevoir au mieux les spécificités de l’organisation actuelle et de l’exercice des métiers concernés par le projet. Pour cela, notre démarche privilégie les contacts terrain et articule : • Des observations de l’activité de travail avec des équipes des entités concernées par le projet, au sein de SEM et de CML, afin de mieux appréhender l’activité réelle de travail et à apprécier par nous-même la situation initiale et les impacts potentiels du projet sur les situations de travail. Rappelons que la prévention des risques doit s’appuyer sur la connaissance des situations réelles de travail. • Des entretiens individuels : Analyse du projet vu par ses concepteurs et par l’encadrement, de manière à comprendre la logique du projet, les objectifs, les évolutions envisagées, les contraintes, les conditions de succès, les impacts (en termes d’écarts avec l’existant) et les risques. Présentation du matériel retenu et des évolutions SI. Egalement des entretiens individuels avec les acteurs de la prévention : RH, préventeur, ingénieur sécurité, médecins du travail,… • Des entretiens au poste de travail et entretiens collectifs avec des agents appartenant aux entités concernées par le projet, au sein de SEM et de CML, de manière à comprendre l’activité et les déterminants des conditions de travail, à recueillir le point de vue (attentes, observations, …) des salariés sur le projet de PV électronique. Les terrains retenus, pour tenir compte de la préparation des sites pilotes tout en diversifiant les investigations seraient les suivants (sous réserve de modifications notamment en raison de l’arrêt partiel du RER A) : Contrôle SEM : Ligne 5 (terrain du pilote technique) Ligne 4 (2e terrain pour diversifier) Contrôle CML : Attachement de Noisy Le Grand (terrain du pilote technique) Attachement de Bastille (2e terrain pour diversifier) Services de traitement Contrôle des ventes SEM et Comptabilité des quittances SCC des PV : Service recouvrement CML Par ailleurs, SECAFI s’est appuyé sur les analyses faites dans les expertises précédentes, ce qui permet, pour la présente expertise, de limiter les observations de l’activité de contrôle comme au service recouvrement. L’analyse de données et de documents sur les activités, les effectifs, les lieux de travail, les changements engagés dans l’entreprise en lien avec le projet de PV électronique. Mais également des données techniques relatives au matériel retenu (Cf. Liste en Annexe). 12 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 2. Besoins et attentes des différentes activités liées au Contrôle envers le projet ePV Lors de nos entretiens avec les agents, les agents ont été invités à répondre par trois mots à la question suivante : « Qu’est-ce qui définit selon vous un contrôle bien fait ? », Le nuage de mots ci-dessous restitue le poids de chacun des 79 mots recueillis, regroupés en thématiques. RAPIDITE SECURITE RELATION CLIENT REGLES METIERS COLLECTIF DE TRAVAIL DISCERNEMENT CONFLIT Ces thématiques se retrouvent de manière prégnante dans les résultats de notre développement. 13 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 2.1. Des déterminants de l’activité de Contrôle à prendre en compte pour l’ePV 2.1.1. Une mise en œuvre hiérarchisée des fondamentaux du métier Les entretiens et observations ont permis d’identifier un socle commun de compétences entre les agents de contrôle SEM et CML. Ce socle concerne les fondamentaux du métier de contrôle à proprement parler. Or, au vu de nos investigations, il apparaît que la mise en œuvre de ces savoir-faire est hiérarchisée de la manière suivante : Détermination collective du l'environnement de contrôle Sécurisation de cet environnement Exercice des marges de manoeuvre individuelles Déterminer collectivement les cadres d’activité : Le collectif de travail et le travail en équipe est une des notions les plus fréquemment remontée lors des entretiens. Il s’agit en fait du point de départ essentiel à l’activité de contrôle. Les savoir-faire liés à ce collectif sont principalement de deux ordres : • Le choix du terrain de contrôle : L’équipe décide de l’endroit où aura lieu le contrôle, en fonction du moment de la journée, du type de fréquentation, de l’agencement des lieux (pas trop proche d’un escalator, avec un espace suffisant pour bien se positionner face au contrevenant concernant le métro…). • Le « décrochage » : Le décrochage est l’acte par lequel l’équipe décide collectivement de cesser l’activité de contrôle. Les motifs du décrochage sont principalement de deux ordres : - Un volume ou un flux de voyageurs crée subitement des conditions défavorables pour la sécurité 14 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 - Une situation grave (type agression, ou début d’émeute par exemple) lors de laquelle l’équipe ne se sent pas en capacité d’assurer ni sa mission, ni sa protection. Le principe est alors de prioriser la sécurité des agents, en la faisant passer avant l’activité dite « de production ». Cette pratique est déjà conditionnée par le bon fonctionnement du collectif de travail, étant donné qu’elle est le fruit d’un arbitrage entre maintenir la sécurité et préserver l’image des contrôleurs : « On ne doit pas non plus donner l’impression de perdre la face » ; « Il faut qu’on arrive à la fois à se soustraire des situations dangereuses, et à la fois à ne pas donner l’impression d’être faibles devant ceux qui l’ouvrent un peu plus que les autres… ». AVIS SECAFI Ces choix collectifs déterminent à la base les conditions de l’activité de contrôle. Ce n’est que dans ce cadre-là que les fondamentaux du métier de contrôle, qu’ils soient collectifs ou individuels, vont pouvoir s’exercer. Le maintien d’un environnement de travail sécurisé : un savoir-faire collectif Une fois l’environnement de travail déterminé, le collectif en assure la sécurisation durant le contrôle grâce à trois moyens : • La verbalisation en binôme : lorsqu’une fraude est constatée, le contrevenant est emmené à l’écart du flux et est verbalisé par un agent de contrôle. La règle du binômage impose alors la présence d’un collègue à ses côtés, qui à la fois joue dans le rapport de force face au contrevenant, mais aussi dans la surveillance de l’environnement de travail. • La présence du chef d’équipe, dans une posture de veille globale : le chef d’équipe (OCD chez CML), a pour rôle de rester en retrait pour surveiller l’activité de contrôle dans sa globalité : respect du programme, et surtout surveillance du déroulement des contrôles (survenue d’une situation de tension, besoin d’aide d’un collègue…). REMARQUE SECAFI Lors de nos observations au sein de SEM, nous avons suivi une équipe constituée de seulement 3 agents (dont la chef d’équipe). Ce nombre réduit a entraîné des situations de contrôle en heure de pointe durant lesquelles le binômage n’a pas été pratiqué (sinon, une seule opportunité de contrôle à la fois) et la chef d’équipe a été amenée à verbaliser. Cela montre que, dans certaines circonstances, ces pratiques métiers peuvent être mises à mal. 15 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 • La substitution : Lors de la substitution, un agent prend la place de son collègue lorsque ce dernier est en difficulté relationnelle. Les entretiens et observations ont montré une diversité de pratiques : certains poursuivent la rédaction du PV de leur collègue (si ce dernier n’avait pas encore rempli son numéro de matricule), certains reprennent le PV depuis le début. Cela peut par exemple être dicté par le comportement de la personne. Ainsi, dans certains cas, redemander au contrevenant des informations qu’il a déjà données peut venir accentuer un climat de tension déjà marqué. Illustration issue des observations de travail : Un agent commence un PV avec une personne qui devient manifestement de plus en plus agressive (« Je n’ai pas à vous donner ces informations ! » ; « Là, faut arrêter !! »). Au bout d’un moment, une collègue doit prendre le relais. Les relations entre l’agent et le contrevenant se détendent un peu mais l’impatience sur le fait de fournir des données personnelles se fait toujours ressentir. C’est pourquoi la collègue ne lui redemande pas son adresse et poursuit le PV amorcé, mais en y apposant son numéro de matricule. AVIS SECAFI La substitution a permis à l’agent de reprendre un PV en cours pour optimiser les échanges avec le contrevenant. Cela a été possible uniquement parce que le carnet de PV n’est pas nominatif. Avec le ePV, le PV devra être repris du début. Par ailleurs, ces techniques collectives aident à soulager la charge mentale. En effet, l’agent doit demeurer vigilant à de nombreux déterminants : 16 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Le contrevenant La rédaction du PV L'agent de contrôle L'activité des collègues L'environnement de travail Nous identifions dans ce schéma différentes sources de déterminants de la charge mentale lors de l’activité de contrôle : • Le contrevenant : L’agent de contrôle doit en effet à la fois : - Gérer le déroulé des échanges : c’est-à-dire être attentif à ce qui est dit (parfois avec une locution difficile ou dans une langue étrangère), et avoir la réponse appropriée (Cf. : infra sur la mise en œuvre de savoir-faire individuels). - Pressentir la survenue d’un risque d’agression : dans la posture du contrevenant, ses mouvements, son attitude en général,… • La rédaction du PV : L’agent doit également s’assurer de la validité du PV qu’il est en train d’écrire. Cela concerne essentiellement le remplissage des bons champs et la lisibilité de l’écriture. Les observations et entretiens ont montré que sur ces sujets, le support actuel du PV est bien maîtrisé. 17 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 • L’environnement de travail : Cela concerne tout ce qui se déroule autour de la zone de contrôle c’est-à-dire essentiellement le comportement des flux de populations : densification rendant plus complexe le contrôle, personnes qui prennent parti pour le contrevenant… D’ailleurs, la survenue d’une émeute est une crainte très fortement exprimée par les agents rencontrés. Illustration issue des observations de travail : Un agent demande sa carte d’identité à un contrevenant. Le contrevenant lui donne et elle commence à noter l’adresse de ce dernier sur le PV. Brusquement, le contrevenant se précipite sur elle pour lui arracher la carte mais est arrêté par un collègue qui immobilise l’agresseur. L’agent en rédaction n’a eu aucune réaction de surprise. A posteriori elle nous indiquera « l’avoir vu venir » alors même qu’elle avait les yeux rivés sur le carnet : « Même si on n’en a pas l’air, on reste toujours vigilant à notre environnement. Là, je l’avais senti commencer à avoir des gestes désordonnés, de va et vient vers moi… ». • L’activité des collègues : L’agent reste toujours vigilant à l’activité de ses collègues afin de s’assurer que le contrôle se déroule sans difficultés de leur côté : « Il faut toujours qu’on puisse se voir les uns les autres » ; « On reste toujours un peu en veille pour les collègues ». AVIS SECAFI La charge mentale lors de l’activité de contrôle est lourde, et au cœur des questions de sécurité. En effet, le risque d’une baisse de vigilance peut être de créer un terrain plus favorable aux agressions et freiner les capacités de l’agent à les anticiper et les prévenir. Le binômage ainsi que la présence du chef d’équipe viennent alors soulager la charge mentale de l’agent, essentiellement pour ce qui relève de la vigilance au contrevenant (par le binôme) et à l’environnement de travail et l’activité des collègues (par le chef d’équipe ou OCD). Cela entraine une sécurité accrue du contrôle. L’influence de l’introduction d’un nouvel outil sur la charge mentale est déterminante à identifier pour anticiper d’éventuels impacts sur la sécurité des agents en contrôle. 18 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Un éventail de marges de manœuvre individuelles pour un contrôle « en bonne intelligence » : Le troisième type de savoir-faire concerne cette fois la manière dont le contrôleur va, sur le plan individuel, gérer son activité. Cette gestion est un équilibre à trouver dans la relation avec la personne : Client Contrevenant Posture commerciale Posture autoritaire Afficher une bonne image de la RATP Assurer sa propre sécurité et la régularisation de la situation Pour gérer cet équilibre, l’agent dispose d’un panel de pratiques de métiers qu’il doit utiliser et combiner en fonction des situations spécifiques qu’il rencontre : • Le « lâcher-prise » : Cette pratique correspond au décrochage à l’échelle individuelle. L’agent choisi, au vu des échanges avec la personne, de privilégier sa propre sécurité au détriment de la régularisation de la situation • Le discernement : Le code de déontologie en donne une définition. Il s’agit de reconnaître, « avant toute décision », dans la situation du voyageur, des faits qui ne lui incombent pas (« pièges tarifaires, dysfonctionnement d’appareil, mauvaise information, .... »). Cette reconnaissance évite de créer un sentiment d’injustice chez l’usager et donc une situation potentiellement tendue. 19 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 AVIS SECAFI Les pratiques du lâcher-prise et du discernement peuvent entraîner l’annulation d’un PV déjà commencé. En effet, elles sont souvent mises en œuvre après que les échanges avec le contrevenant, et souvent même la rédaction du PV, aient été amorcés. Illustration issue des observations de travail : Une jeune personne mineure est identifiée sans titre de transport, elle ne peut pas payer tout de suite car a oublié son portefeuille et semble très intimidée par l’agent de contrôle. L’agent amorce un PV. Lors des échanges, la mineure explique qu’elle a été déposée trop loin par sa mère et a dû donc prendre le métro mais qu’elle ne sait pas comment cela fonctionne. L’agent cesse alors la rédaction du PV, lui explique comment fonctionnent les tickets et que c’est une règle à respecter impérativement, sans quoi la prochaine fois il y aura contravention. L’agent de contrôle nous dit par la suite : « On voit bien que ce n’est pas sa faute, que ce n’est pas fait sciemment et visiblement, elle ne recommencera pas » Pour que ces pratiques Métier soient possibles, l’annulation d’un PV doit demeurer librement à la main de l’agent. • La mise en œuvre de « jeux d’acteurs » : Il s’agit là des attitudes que peut adopter un agent face au contrevenant pour affirmer son autorité et pallier le manque de prérogatives officielles : « Nous n’avons pas vraiment de droit sur l’usager, par exemple on ne peut pas le retenir… Du coup on l’intimide » (Cf. : partie traitant du manque de droit des agents). AVIS SECAFI Les jeux d’acteurs mis en œuvre par les contrôleurs exigent une certaine contenance de la part de l’agent. Cette contenance se construit avec l’expérience et est permise que s’il y a maîtrise de l’agent sur son environnement et ses outils de travail. En cas d’aléas, ou de situations mal connues, l’agent perd de l’aisance et les jeux d’acteurs seront difficiles à mettre en œuvre. Ce point ne doit pas être négligé lors de l’introduction d’un nouvel outil (Cf. partie suivante). 20 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 • Les mesures de clémence : L’agent peut choisir d’appliquer le tarif en dessous du tarif constaté, excepté pour les contraventions de 60 euros, s’il estime que cela est justifié au vu de la situation particulière de la personne qu’il a en face de lui ou que c’est ce qu’il y a de mieux à faire au vu de la teneur des échanges. AVIS SECAFI Tout comme lors du discernement ou du lâcher-prise, la mesure de clémence intervient souvent au fil des échanges avec le contrevenant. L’agent dispose de latitudes pour choisir le montant, et/ou de ne le remplir jusqu’à la fin. • La maîtrise de la durée des échanges : La majorité des agents rencontrés ont évoqué l’importance de maîtriser la durée des échanges avec le contrevenant. En effet, plus cette durée s’allonge et plus les tensions peuvent apparaître : « Ce n’est jamais bon un échange qui dure… » ; « Les personnes sont en général de plus en plus tendues au fil de la conversation, il faut donc écourter au maximum » ; « Il faut être rapide ». Les différentes pratiques évoquées précédemment permettent en grande partie à l’agent d’avoir la main sur la durée des échanges : écourter les négociations par une mesure de clémence, un lâcher-prise, ou l’exercice du discernement. AVIS SECAFI La maîtrise par les agents de la durée des échanges ne doit alors pas être entravée, sous peine de voir s’accentuer les tensions. C’est pourquoi les outils à dispositions des agents doivent leur permettre rapidité et réactivité. Globalement, l’activité de contrôle, une activité nécessitant une perpétuelle adaptation et donc des marges de manœuvre : Discernement (situation, pouvoir) ... Environ -nement Situation ADAPTATION Horaires Colllectif (binome, collègues, RE) Voyageurs 21 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 2.1.2. Des difficultés communes à SEM et SCC dans l’exercice de l’activité Une relation clientèle qui se durcit : De nombreux agents ont évoqué lors de nos entretiens une population d’usagers de plus en plus « difficile » : « Les gens sont de plus en plus irrespectueux » ; « On est sujet à bien plus d’altercations maintenant qu’il y a même 5 ou 10 ans ». • Des difficultés invoquées de différents ordres : Les agents nous ont décrit différents types de difficultés : - Une mise à mal de leur fonction : « Ils n’ont plus de respect pour l’autorité » ; « Maintenant l’uniforme n’impressionne plus » ; « les contrôleurs, nous ne sommes presque plus craints ». - Des clients qui supportent de moins en moins le contrôle : « Pour eux ils sont clients et supportent mal de se faire contrôler » ; «Aujourd’hui, le client est roi… » - Des travailleurs de plus en plus agressifs : « De plus en plus de Mr tout le monde qui sort du travail partent vite en vrille » ; « Souvent ces gens-là partent au quart de tour, alors qu’on n’aurait pas soupçonnés ça de ce type de personne » Illustration issue des observations de travail : Lors d’un briefing d’une équipe que nous avons suivi était évoqué le cas d’un cadre qui a frappé un contrôleur subitement lors des échanges. C’était un sujet de discussion qui a pris du temps et sur lequel les agents ont beaucoup insisté auprès de nous : « C’est de plus en plus fréquent » 22 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 • L’identification de différents facteurs Lorsque nous avons demandé aux agents comment ils expliquaient cette évolution, nous sommes plutôt restés sur le champ du sociétal : - Des clients de plus en plus exigeants : avec l’idée que, de plus en plus, « tout leur est dû ». - Une précarité croissante engendrant une agressivité de plus en plus fréquente : « Les gens sont de plus en plus mal dans leur vie donc agressifs » ; « Ils sont de plus en plus poussés à frauder avec des revenus qui se précarisent… et ils ne sont pas contents quand ils se font prendre » ; « On voit de plus en plus de gens mal dans leur vie qui boivent ou qui fument… donc qui partent facilement dans l’agressivité ». - Une transparence accrue concernant les prérogatives des contrôleurs : « Maintenant, avec les médias et les réseaux sociaux, les clients savent ce qu’on peut faire ou ne pas faire et ils s’engouffrent dans la faille… » ; « Une fois il y a eu un reportage làdessus, après ça les clients savaient qu’on n’avait pas le droit de les retenir… » ; « Ils connaissent même le « bis » quand on simule un appel à la police ». AVIS ET RECOMMANDATION SECAFI Sans nous prononcer sur ces évolutions sociétales, nous faisons le constat qu’il s’agit d’un facteur de tension abondamment cité par nos interlocuteurs. Il entraîne une dégradation de la perception qu’ont les agents de contrôle de leurs marges de manœuvre pour gérer les conflits et un alourdissement de leur charge émotionnelle. Or, face à ce facteur de tension, la contenance et les « jeux d’acteurs » que l’agent de contrôle est en mesure d’afficher face au contrevenant prend toute son importance. Cette contenance ne doit pas se trouver remise en cause lors du déploiement d’un nouvel outil que l’agent ne maîtrisera pas complètement, surtout en période d’apprentissage, ou qui pourra présenter des défaillances techniques lors des échanges. Un nombre d’agrès important et à la fiabilité discutée Les agents nous dressent un portrait mitigé du parc de matériel mis à leur disposition par l’entreprise. 23 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 • Des agrès en grand nombre, complétés par de nombreuses fournitures à emporter également sur le terrain Liste non exhaustive de l’ensemble des agrès emporté par les équipes lors des missions : - LDPC (1/agent), - LDPE (Décodeur, 1 ou 2 par équipe), - TPE (1 ou 2 par équipe), - Carnet PV (au moins 1 par agent, souvent 2), - Carnet Quittances (pour SCC, au moins 1 par agent), - Carnet de BIF (SEM, au moins un par agent), - Empoche (chaque agent), - Talkie (au moins un pour 3 agents), - Tetra (1 par équipe), - Téléphone portable (1 pour le Responsable d’équipe), … Cette liste d’agrès est complétée par de nombreuses fournitures que les agents emportent pour leur mission : agrafeuse, blanc corrector, gilet pour canalisation, crayons, solution pour nettoyage des mains, gants, guide d’information des lignes,… Du point de vue des agents, « Ça fait beaucoup d’outils à transporter en même temps ». Si une partie des agrès sont portés à la ceinture, nombre d’agents se sont pourvus de sacoches personnelles (ou de sacs à main). Ces derniers sont « plutôt bien remplis ». • Du matériel à la fiabilité discutée Les agents rapportent que « pour bien faire notre travail, on a besoin de bons agrès qui fonctionnent ». Or de nombreux retours sont fait sur des problèmes liés au matériel : 24 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 - LDPE : « gros et encombrant pour juste vérifier un petit ticket », « pas de problèmes particuliers avec le LDPE, si ce n’est sa taille importante » - LDPC : Selon les agents le LDPC est « l’agrès essentiel, il sert à réaliser 80% des contrôles, les 20 autres % sont des tickets, sans lui on ne peut rien faire ». De nombreux retours négatifs sont fait sur le matériel LDPC, de nature très différentes : « problèmes de tenue de la charge », « ils sont souvent HS », « les coques sont cassées », « Ils sont souvent en réparation », « on est souvent obligé de les relancer pendant les missions, voir pendant une opération de contrôle », « anomalies de fonctionnement : passage en mode maintenance de façon impromptue »,… Afin de prévenir les situations de défaillance, les équipes prennent systématiquement un LDPC supplémentaire avant de partir en mission. Ce sont généralement les responsables d’équipes qui emportent un LDPC afin de pouvoir palier au dysfonctionnement de celui d’un agent. Le port du LDPC est également variable selon les agents. Si certains agents passent la sangle autour de leur poignet, afin notamment de libérer leurs 2 mains facilement en lâchant le LDPC et en le laissant pendre, d’autres préfèrent tenir le LDPC dans leur mains sans le sangler, craignant que l’arrachage de ce dernier ne leur emporte le poignet. - TPE : Sont évoqués des problèmes de connexion du matériel au réseau lors de la réalisation de transactions. Certains endroits sont connus des agents pour être des zones dans lesquelles le TPE ne pourra se connecter, comme par exemple « dans la salle inférieure de la station Nation ». De plus, le matériel ne permet pas l’utilisation de certaines cartes de crédit, comme par exemple « les cartes de type ELECTRON ». 25 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Le fait de ne pas être en mesure de procéder à un encaissement par carte induit un surcroit d’activité pour les agents : Ces derniers se voient contraints de produire un PV, et donc de facturer des frais de dossier en supplément de l’amende forfaitaire. Ces derniers remplissent également le rapport complémentaire pour expliquer les circonstances du PV. • Le nombre d’agrès, une source de tension collective En dehors des agrès portés par chaque agent pour les missions, certains, comme le TPE ou le décodeur, sont partagés par l’ensemble de l’équipe. Le port de ces agrès, relativement volumineux, peut s’avérer source de tension. En effet, si les équipes s’organisent pour rendre équitable la répartition dans le temps du port de ces agrès, les échanges que nous avons eu avec les agents montrent que c’est un sujet fort dans le fonctionnement, qui peut très vite générer de la tension. Illustration issue des observations de travail : A l’issue d’un brief présentant la mission du jour, la première question posée à l’issue de la prise de parole du responsable de mission fut « qui prend le TPE aujourd’hui ? » • Retour d’expérience sur la mise en place du nouvel uniforme RATP Les agents nous font un retour très mitigé sur la nouvelle dotation proposée par l’entreprise. En effet, si cette dotation a été « imposée contre 3200 points qui nous ont été retirés, ce qui amène nombre d’entre à se trouver en situation déficitaire de points de dotation », le regard porté sur les habits fournis est dur : « les pantalons s’usent rapidement entre les jambes, pour nous qui marchons beaucoup », « Les vestes ne sont pas adaptées à l’activité de contrôle : les poches intérieures ne permettent pas de mettre un carnet de PV ou de quittances ». Quant à la nouvelle sacoche proposée, certains agents ne l’ont même pas commandée : « vu ce qui nous a été présenté, je pense qu’en une semaine, les coutures vont lâcher, je vais continuer avec mes anciens outils personnels » AVIS ET RECOMMANDATION SECAFI Ces constats concernant les dysfonctionnements récurrents de leur matériel évoqués par les agents ont un impact non seulement sur le bon déroulement des actions de contrôle et de verbalisation, mais également sur le pan de la valorisation du métier au sein de l’entreprise où à l’extérieur. En effet, si l’image des activités de contrôle auprès du grand public est de fait dégradée, l’exercice de cette activité au travers l’utilisation d’outils déficients participe à un renforcement de ce sentiment, à l’image de ce propos d’un agent « déjà qu’on ne nous aime pas, mais en plus, on n’arrive pas à travailler correctement ». L’image de l’entreprise pâtit également de cet état de fait. 26 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Concernant la mise en place d’un nouvel agrès, il est important de prendre les précautions suivantes, issues de notre recueil de données concernant le LDPC. Le LDPC cristallise les attentes relatives au terminal ePV, étant l’agrès s’en rapprochant le plus, et celui que le ePV est censé remplacer de manière la plus prégnante : - Tout d’abord, afin de s’assurer de bonnes conditions d’appropriation du nouvel agrès, il conviendra de s’assurer non seulement de la bonne qualité du matériel mis à disposition, de sa solidité notamment, de son poids, mais également de sa bonne prise en main et de sa facilité d’utilisation. - De plus, la question de la tenue en main de l’agrès est essentielle et ne pourra être traitée qu’à travers des tests d’utilisation sur le terrain et par de futurs utilisateurs du matériel. Ces tests permettraient également, entre autre, de mesurer la tenue dans la durée du matériel, des batteries, et également l’impact de ce nouvel outil sur la durée de l’acte de verbalisation. - Enfin, il semble essentiel de donner à voir aux futurs agents utilisateurs, une organisation claire et efficace du processus de maintenance du matériel. - Le processus d’appropriation d’un nouvel outil passera également par une offre adaptée en matière de formation, et notamment les éléments concernant la maintenance dite « de premier niveau » de l’agrès, c’est-à-dire les phases de base de test et de remise en fonctionnement d’un agrès présentant des dysfonctionnements sur le terrain. - La dotation en agrès est également un sujet essentiel pour les agents. Au regard des dysfonctionnements évoqués ci-dessus, il sera important de mettre à disposition des agents une flotte d’appareils leurs permettant, le cas échéant, de disposer de plus d’appareils que d’utilisateurs (chiffre à déterminer). Un « manque de droits » induisant une théâtralisation de la relation avec les contrevenants Les agents renvoient fortement le « manque de droits » dont ils disposent pour réaliser leurs activités de contrôle « Le code des transports n’est plus adapté, il date de Napoléon ». Ils expriment à quel point, de ce fait, la théâtralisation de leurs activités est importante. N’ayant pour ainsi dire « aucun droit ni de retenir une personne, ni d’exiger une pièce d’identité », il s’avère également que les clients sont de mieux en mieux informés sur leurs droits et sur ceux des contrôleurs « aujourd’hui, les clients nous disent « vous n’avez pas le droit », avant ça n’était jamais le cas ». 27 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Les agents vivent également difficilement le fait que leur assermentation, très impliquante pour eux, signifie si peu pour les voyageurs, à l’image de cette parole d’agent « L’assermentation ne représente rien pour eux … c’est un poids pour nous, mais rien pour eux (les contrevenants) ». La situation actuelle est telle que les agents rapportent qu’il n’est possible, aujourd’hui, que de « verbaliser les gens qui acceptent le contrôle, mais ceux qui le refusent, on ne peut quasiment rien faire à part intimider ». De fait, les agents mettent en place des stratégies d’intimidation afin de s’assurer de pouvoir retenir les contrevenants au plus tôt lors des contrôles. A l’image des pratiques du contrôle de bus en statique, durant lesquels les agents Agents de contrôle de contrôle obstruent littéralement la porte arrière afin d’empêcher les voyageurs de descendre du bus. Si cette pratique n’entre pas strictement dans les pratiques recommandées par l’entreprise, elle a pour vertu « de nous permettre de faire notre travail et de remplir nos objectifs » (une agent). L’enjeu récupérer une étant de réussir pièce d’identité à des contrevenants avant que ces derniers ne sortent du bus, et ne soient plus situés Responsable d’équipe dans un espace RATP. AVIS ET RECOMMANDATION SECAFI Le constat effectué par les agents de n’être finalement en mesure de verbaliser qu’une partie des contrevenants met ces derniers face à un véritable « casse-tête éthique », comme l’exprime l’un d’entre eux « on continue à taper ceux qui sont solvables, les autres, ma foi… ». En effet, si la grande majorité des agents porte la conviction de traiter l’ensemble des contrevenants de la même façon, de nombreux éléments amènent ces derniers à « vivre dans un sentiment de frustration quasi-permanent ». Pour pallier au manque de droits auquel ils doivent faire face, les agents développent des postures, des jeux d’acteurs et théâtralisent au maximum leur relation avec un contrevenant. 28 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Tout en s’assurant qu’ils ne se trouvent pas en situation de danger (veille attentive de l’environnement immédiat, binômage, regard du Responsable d’équipe), les agents mettent tout en œuvre pour recouvrir les contraventions immédiatement. Ces derniers ont effectivement en tête « les objectifs tacites fixés pour les agents de contrôle, soit 11 actes par jour par agent ». Les postures différentes entre SEM et CML (Cf. chapitre précédent) permettent de mesurer à quel point le fait de pouvoir se rendre visible dans les stations, derrière les portillons, pour les agents SEM est un facteur de prévention de l’exposition au risque d’agression. En effet, une grande majorité de contrevenants ne seront pas en situation irrégulière car ils ne se mettront pas dans cette situation, qui relèverait du défi des agents de contrôle. Dans le cadre de la mise en œuvre d’un procédé électronique de traitement des verbalisations, il semble important de prendre en compte l’impact en matière d’image de ce type d’appareil. En effet, comme nous le rapporte un agent, « avec l’ePV, les clients seront impressionnés par le matériel, ils verront que les PV sont traités en direct, pas comme avec nos vieux carnets poussiéreux ». D’un côté l’image technologique pourra par son efficacité participer positivement à la théâtralisation mise en place par les agents pour procéder aux actes de verbalisation. Mais en revers, il conviendra de bien s’assurer que, en mettant les contrevenants de fait, dans des situations perçues comme bien plus « enfermantes » qu’auparavant avec des risques accrus d’agression. Un paradoxe dans lequel les agents se trouvent pris en permanence : Production Niveau de la prestation Couverture du territoire 29 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 • Production : S’il ne semble pas exister de position officielle de la direction sur les attentes en matière de production de PV de chaque agent, ces derniers évoquent l’existence d’objectifs tacites concernant le nombre d’actes attendus pas jour et par agent : « on attend de nous une production de 11 actes par jour et par agent, mais vous ne trouverez rien d’officiel sur ce chiffre » (un agent). Cette production tacitement attendue mais jamais formalisée s’exprime notamment dans les échanges avec la hiérarchie, comme nous le rapporte un agent « « au brief, on nous fait la remarque « hier vous n’avez pas étés bons » ». • Couverture du territoire : L’objet des équipes de contrôle réside notamment dans « l’affirmation de la présence de la RATP sur l’ensemble des lignes et du territoire que nous couvrons » (un chef d’équipe). Les agents sont donc amenés, à travers les fiches de mission, à rayonner sur un territoire sur lequel les différentes zones présentent des caractéristiques très différentes les unes des autres, maillant « des zones à forte fréquentation, des zones à fort potentiel de fraude et des zones moins « rentables » » (un agent). • Niveau de prestation : Les agents font état de nombreuses remarques concernant la réalisation de contrôles dans des situations à leurs yeux dégradées, c’est-à-dire « lorsqu’il y a dans une station, un événement qui donne une image négative de la RATP, comme par exemple un escalier roulant en panne, des retards de trains, des stations sales, … ». Dans ces conditions, les agents évoquent les difficultés auxquelles ils doivent faire face, de « procéder à un contrôle des titres de transport, tout en s’exposant au mécontentement des usagers » (un agent). AVIS ET RECOMMANDATION SECAFI L’articulation des trois champs Production, Couverture du territoire, Niveau de prestation est un véritable « casse-tête » pour les agents qui sont amenés à doser les questions de production et de couverture du territoire en intégrant des données mouvantes relatives notamment au niveau de prestation proposée par l’entreprise. Le contexte d’indices de production, tacites mais bien présents dans les esprits et dans les paroles des uns ou des autres, même s’ils en sourient la plupart du temps, en laissant entendre qu’ils sont avant tout sur le terrain et que c’est le terrain qui détermine les chiffres, les agents ont bien en tête cette donnée. La pression exercée peut conduire selon les agents à des situations d’exposition à des risques, souvent sur la dimension collective de la prévention du risque d’agression. Par exemple lorsqu’un agent « se précipite sur des contrevenants pour vite faire ses PV, sans forcément prendre garde à la situation globale et à ses collègues … la fonction de binôme n’est alors plus assurée, le collectif est délité » (un responsable 30 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 d’équipe). La question du niveau de prestation, évoquée fortement par les agents, revoie à celle de l’évolution des conditions de contrôle et des attendus en matière de résultats. En effet, la tension exprimée sur la nécessité de poursuivre une mission de contrôle, dès lors qu’il est déploré un incident dans une station, dénote une véritable évolution des mentalités. Comme le rapporte un agent, « avant on ne se trouvait jamais dans ce genre de situation, de contrôles dans une station très sale ou avec un escalier roulant hors service. Maintenant, on ne nous dit plus de quitter les lieux, on reste ». Cette notion est exprimée fortement par un autre agent sous la forme de « On a banalisé l’incident d’exploitation », ce qui dénote un resserrement des conditions de réalisation des contrôles, mais peut également être vécu par les agents comme un manque de reconnaissance des difficultés rencontrées sur le terrain : « négliger le contexte du travail au profit d’une production augmentée » (un responsable d’équipe). Cette dynamique doit être surveillée, afin d’assurer notamment la prévention de l’exposition à des situations conflictuelles, auxquelles les agents sont confrontés quotidiennement. 2.1.3. Les pratiques et besoins plus spécifiques à SCC L’objet des équipes SCC est le contrôle multimodal. Leurs missions sont organisées de manière à permettre à une (ou deux) équipe(s) de contrôle de se rendre sur différents points identifiés afin de procéder à des actions de contrôle dont les formes sont multiples et fonction des modes de transport. Des pratiques différentes de SEM D’une manière générale, les pratiques de contrôle diffèrent de celles de leurs collègues de SEM. En effet, là où ces derniers se rendent bien visibles, en général au niveau des tripodes d’entrée dans les stations, afin de permettre aux contrevenants éventuels de les identifier et de se munir d’un titre de transport, les agents SCC se dissimulent au regard des contrevenants, en surveillant les franchissements de barrière afin d’interpeler et de sanctionner le contrevenant. 31 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 La présence d’agents en civil Les équipes de contrôle comportent systématiquement des agents en uniforme RATP, et sont parfois complétées en général par un, voire deux agents en civil. Il existe également des équipes entièrement en civil. Agents de contrôle en uniforme, dissimulés Flux de voyageurs Agent de contrôle en civil, au centre du flux Exemple de mission de contrôle METRO à la station Bibliothèque François Mitterrand, niveau des tripodes d’entrée Quel que soit le mode de transport contrôlé, les agents en civil peuvent intervenir dans le déroulement du processus de contrôle. En effet, du fait de leurs pouvoirs relativement réduits pour réaliser les contrôles, les agents ont accentué la partie impact psychologique de l’acte de contrôle en lui conférant une certaine théâtralité, notamment à l’aide des agents en civil, ces derniers étant des agents ayant les mêmes prérogatives que les autres. Habillés en civil et portant un brassard orange « RATP Sécurité » il est estimé que cela leur confère un ascendant psychologique sur le contrevenant, à l’image des inspecteurs que l’on retrouve dans les séries télévisées ou les films. Ils se présentent comme un « recours » pour un agent dont l’action de contrôle se complique. Lors des accompagnements, nous avons pu constater de nombreuses fois une situation de contrôle qui commençait à se déliter (le contrevenant refusant de présenter ses papiers, tentant de s’en aller,…). L’agent interpelle alors son collègue en civil « monsieur s’il vous plait », l’agent en civil présente sa carte et intervient dans la résolution du conflit. 32 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Cette méthode de substitution « théâtralisée » est un trait important de la prévention du risque d’agression pour les agents. En effet, s’il ne s’agit pas d’une réelle substitution (l’agent en civil ne fait qu’amener le contrevenant à présenter ses papiers et, de par sa présence à proximité, entretient une certaine forme de sérénité dans la relation entre les protagonistes de la situation), cette méthode de jeux d’acteurs, vise à prévenir un grand nombre de situations potentiellement explosive, mais également de procéder à de nombreux encaissements. Les équipes constituées d’agents uniquement en civil visent à pouvoir contrôler de manière très discrète les modes de transport. Les agents approchent les clients de manière discrète, présentant leur carte et échangeant à voix basse avec ces derniers. Les PV ou quittances sont établis également de manière très discrète. Le savoir-faire des agents dans de telles situations est important et les pratiques d’isolement du contrevenant également appliquées : extraire le contrevenant d’une partie encombrée du mode de transport pour l’amener à un endroit moins exposé, procéder à l’acte de verbalisation discrètement et poursuivre l’activité de contrôle. Le responsable d’équipe ayant toujours la fonction de transversalité, avec la contrainte supplémentaire de faire circuler le TPE de manière discrète entre les agents en ayant besoin. 2.1.4. Les pratiques et besoins plus spécifiques à SEM Chez SEM, les équipes de contrôle présentent certaines spécificités : Une composition d’équipe qui change régulièrement Chez SEM, les équipes de contrôle sont appelées équipes « Maîtrise Du Territoire » (ou MDT). Ce sont des équipes dédiées. Toutes les lignes n’en ont pas le même nombre à disposition. Par exemple, au vu de sa taille et du nombre de stations à gérer (ligne responsable de l’ensemble de ses stations), la ligne 4 a 5 équipes MDT à sa disposition mais beaucoup de lignes n’en ont pas autant, voire pas du tout. A cela s’ajoute la mise à disposition d’équipes dites « mobiles » dont la création est décidée le jour-même avec l’éventuel surplus d’effectif à disposition. 33 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Les agents des équipes MDT y restent pour une durée de 42 jours. Cela étant renouvelable. Leur affectation est, contrairement aux équipes mobiles, basée sur le volontariat. Par ailleurs, les chefs d’équipe nous ont été décrits comme relativement stables sur leur poste. Des équipes n’effectuant pas exclusivement du contrôle Les équipes MDT, contrairement au SCC, ne consacrent pas l’intégralité de leur service au contrôle. L’autre part de leur activité concerne, comme l’intitulé des équipes l’indique, la maîtrise du territoire. Cette activité recouvre en fait différentes tâches et principalement : - Compter les toxicomanes et « PSIE » (Personnes Séjournant Indûment dans les Espaces) présents dans les stations et les noter sur une feuille de décompte - Voir si certains ont besoin d’aide, et demander à d’autres d’évacuer les lieux : « On leur demande comment ça va, on voit si il faut appeler le SAMU social. Sinon, on leur demande de bouger » Au global, les équipes consacrent environ une moitié de leur temps au contrôle et l’autre moitié à la maîtrise du territoire. D’ailleurs, les statistiques de la journée (nombre de verbalisation par jour et par agent) sont doublées, pour les ramener à une journée de contrôle entière. L’encadrement : « C’est 50%contrôle-50% maîtrise du territoire » AVIS SECAFI De part une pratique moins fréquente que chez SCC, les agents SEM sont généralement moins aguerris à l’activité de contrôle, même si ils sont amenés à la pratiquer régulièrement. Ainsi ils seront aussi amenés à manipuler moins fréquemment l’ePV, ce qui peut allonger la durée de la période d’apprentissage. Illustration : Lors d’un accompagnement d’une équipe SEM dans les stations, nous avons constaté à quel point les novices (ou les agents peu rompus à l’exercice du contrôle) avaient la nécessité de disposer de plus de temps que les autres pour élaborer leur PV : relecture attentive, recherche des codes infraction sur la feuille saumon… Une approche du contrôle caractérisée par l’affichage de l’uniforme Nos entretiens et observations chez SEM ont montré une conception spécifique du contrôle. 34 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Cette conception se caractérise par l’affichage clair de l’uniforme, à la sortie des « tripodes ». La stratégie que nous a été présentée et celle du filtrage en amont des contrevenants qui, voyant la présence des contrôleurs vont rebrousser chemin pour acheter un titre de transport : « On ne contrôle plus en civil » ; « On ne prend pas les gens au dépourvu, ils savent à quoi ils s’exposent ». De cette stratégie découle une activité de contrôle essentiellement basée sur la vérification de Pass Navigo et de tickets de transport. En effet, les agents n’attendent pas la survenue d’un fraudeur pour contrôler mais contrôle « dans le flux ». 35 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 2.2. Une nécessaire vigilance sur la gestion de la transition et l’évolution des charges de travail dans les services de traitement des ePV 2.2.1. Pôle Recouvrement de CML : un projet impactant l’organisation du service et la gestion des reclassements Le pôle Recouvrement est une des structures centrales de l’unité opérationnelle (SCC). Situé dans les locaux de la rue Jules Vallès il a pour mission de procéder à la gestion de l’ensemble des PVI élaborés dans le réseau, ainsi qu’à leur recouvrement. Le service accueille aussi bien des titulaires, qu’un grand nombre de « CDD internes », soit des missions de 3 mois renouvelables pour des agents issus des autres entités de la RATP. Les agents en missions sont généralement des agents souhaitant passer un temps hors des métiers de contact clientèle : restrictions temporaires, reclassement,… Le pôle recouvrement a un effectif « d’environ 45 agents » et est composé des entités suivantes : Pôle Effectif moyen (description par le responsable du service) Taxation 5 à 7 agents / jour Logistique 1,5 agents / jour Unité de recouvrement : 40 titulaires + des agents en missions • Plateau téléphonique • Accueil face/face L’organisation du service est dépendante des agents présents, et fonction des restrictions des agents. En effet, nombre des agents en mission présentent des restrictions médicales Priorité de staffing : l’accueil physique (maximum 3 agents). Un agent ne pouvant être seul, un autre peut l’accompagner et réaliser une activité autre dans le box d’à côté (exemple : taxation). 36 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Synopsis de cheminement des PVI depuis leur arrivée au sein du Pôle recouvrement : PVI Pôle Taxation Support recouvrement Scan des PVI et saisie Pôle Logistique dans OASIS par un prestataire Plateau téléphonique Accueil en face à face Unité de recouvrement Les PVI en provenance des lignes et attachements sont livrés au pôle Taxation, dont les agents procèdent au tri des PVI : déchirés, illisibles,… Les PVI utilisables sont transmis au pôle logistique qui procède à leur expédition vers le prestataire en réalisant la saisie dans la base de données OASIS. C’est également le pôle logistique qui réceptionne les PVI au retour de chez le prestataire et qui procède à la gestion de leur archivage. Une fois dans la base de données les PVI peuvent être traités par l’unité de recouvrement : • Soit les contrevenants se présentent au service recouvrement et leurs cas sont traités en face à face au pôle accueil, • Soit les contrevenants joignent le service recouvrement par téléphone (appels entrants) et ce sont les agents du plateau téléphonique qui réceptionnent les appels. Les agents du plateau téléphoniques ont également pour mission de relancer les contrevenants pour assurer le paiement des PVI (appels sortants). 37 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Problématiques des différents pôles : • Pôle taxation : Une activité très manuelle et répétitive de tri des PVI en fonction de leur validité juridique. Selon le responsable du service, « une activité requérant rigueur et attention ». Traitement d’environ 700 PVI en moyenne par jour. Un effectif majoritairement constitué d’agents présentant des inaptitudes « Les restrictions contact clientèle ne peuvent aller qu’à la taxation ». Des critères de validité des PVI très « agent dépendants ». En dehors des grands référentiels très macros proposés aux agents, et des formations « très synthétiques », les agents ont une grande latitude pour décider si un PVI est valide ou non. Les critères de lisibilité sont notamment les plus variables en fonction des agents. • Pôle logistique Activité de gestion des PV papiers : expédition vers le prestataire, réception des retours, archivage. « En moyenne 3000 à 7000 PV partent chaque jour chez le prestataire ». Les agents de ce pôle ont une formation particulière, sont peu nombreux et le poste ne les occupe pas à la journée. L’organisation du fonctionnement du pôle est à leur main. Il doivent faire face à une contrainte temporelle forte dans l’activité : « faire la mallette (de PVI) le matin pour le coursier ». • Plateau téléphonique : Gestion de deux types d’appels : Appels entrants Appels sortants Objets principaux : Réclamations, paiements les agents contactent les contrevenants pour par téléphone,… assurer le recouvrement des PVI, rappel à 60 jours « des appels en réaction, plus difficiles à traiter, … nombreuses créations d’anticipés » formation nécessaire : Formation nécessaire : 5 jours + accompagnement tutorat 1 jour + accompagnement tutorat. « Moins d’expertise mise en œuvre car l’agent connait le dossier avant d’avoir le contrevenant au téléphone ». De plus nombreux appels entrant depuis la Un gros stock de dossiers en appels sortants mise en place des SMS adressés aux à traiter : « En permanence 8000 dossiers, et on contrevenants. a environ 10 jours glissants pour les traiter ». La formation de téléacteur se réalise par étages : 5 jours + quelques mois de pratique avant d’être titularisé. Un taux d’échec de 50% sur les agents formés, de nombreux agents décident de retourner à leur affectation d’origine à l’issue de la formation. 38 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Principaux logiciels utilisés : OASIS (base de données), e-Protal (système de paiement en ligne) « Une activité en plein boum, notamment du fait de l’accent qui est mis sur les appels sortants » (un responsable d’équipe). Un absentéisme important et un fonctionnement dégradé : De fortes contrainte pour composer les équipes, du fait des nombreuses restrictions et de l’absentéisme … « je ne sais que le matin même combien d’agents seront disponibles pour cette activité ». De nombreux échecs suite à la formation « un taux d’échec d’environ 50 % ». Illustration de l’absentéisme, issue des observations de travail : Le jour de notre venue, Présence de 10 titulaires, 6 missions et absence de 8 agents. 7 agents étaient également en vacances (staff réduit). Une problématique forte sur le traitement des appels entrant : les « anticipés » Le système tel qu’il fonctionne actuellement, fait qu’un PVI, lorsqu’il est élaboré par un agent de ligne mettra « entre 8 et 10 jours » pour être saisi dans la base de donnée, c’est-à-dire pour que le prestataire l’implémente dans OASIS (cf. synopsis ci-dessus). Or il s’avère que « aujourd’hui, près de 30% des PVI, s’ils doivent être réglés, le sont en moins de 7 jours ». Les agents sont donc très régulièrement obligés de créer des PVI temporaires dans la base de données, en échangeant avec le contrevenant par téléphone (identification du numéro du PV, champs importants, montants de l’amende,…), PVI temporaires qui seront par la suite reconnectés au PVI réel lors de sa saisie par le prestataire. Illustration issue des observations de travail : Lors de nos observations, nous avons passé un temps avec un téléacteur qui a été amené à gérer plusieurs appels entrants. D’une manière générale, le contexte dans lequel les contrevenants effectuent leurs appels impacte fortement la qualité des échanges : Des enfants crient derrière la personne au téléphone, le contrevenant parle très mal le français, … un contrevenant disposant non pas de l’original du PVI, mais d’une copie carbone bleu mal imprimée, … Nous avons assisté à la création d’un « anticipé », ce qui nous a permis de mesurer à quel point la récupération des informations présentes sur le PVI (notamment le numéro de 3 lettres et 3 chiffres) est difficile lorsque la relation entre l’agent et le contrevenant est médiatisée (téléphone). L’agent nous rapporte de plus sa perception d’une évolution clientèle : depuis 4 ou 5 ans, les clients appellent de n’importe où : d’un café, d’une gare, d’un bus, du lieu de travail, des enfants bruyants,… avant, ils appelaient depuis chez eux, au calme » 39 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 • Accueil physique Avec le développement du paiement Internet (et les avantages qu’il représente : réduction de 20 Euros, déplacement évité,…), « l’accueil physique a fortement diminué ces dernières années, divisé par 2 depuis 3 ans » (responsable du pôle). Malgré tout, l’accueil physique reste le poste pourvu en priorité dès le matin, en fonction de l’effectif présent. Une formation importante est nécessaire : 5 jours + quelques mois. Cette activité requière « de la technique, mais également des compétences en gestion de la relation ». Le tutorat y est important. Le poste d’accueil-orientation est partagé avec le Trésor Public, les box d’accueils RATP sont situés à l’étage au-dessus de la salle d’attente. AVIS ET PRECONISATION SECAFI Au sein du service recouvrement, les attentes autour de l’ePV sont contrastées. En effet, si certains y voient un véritable levier d’amélioration de leurs conditions de travail, comme la disparition des « Anticipés » par exemple, d’autres y voient la disparition pure et simple de leur activité de travail (taxation), et ne se projettent que difficilement dans la future organisation du service. De plus, les agents que nous avons rencontrés, en juillet 2015, s’ils ont connaissance des grandes lignes du projet n’en avaient pas une vision très précise, même s’ils ont malgré tout conscience que le projet serait prochainement mis en œuvre. • Des changements dans l’organisation du service : Les impacts de la mise en place du ePV sur le service en matière d’emploi seraient la suppression de 7 postes, dont 2 MD : pour les activités de logistique et taxation, 2 postes par jour occupés par des titulaires devraient disparaitre. Mais ces changements impacteront surtout la capacité du service pour accueillir des agents temporaires présentant des restrictions au contact clients, alors qu’il est fait état d’ « environ 1000 agents temporaires dans l’entreprise ». Cet impact sur les capacités de reclassement en interne dans l’entreprise nécessite d’être pris en compte. De plus, de nombreux agents présentant des inaptitudes et présents actuellement dans le service ne pourront aller sur le plateau téléphonique et s’interrogent sur ce que l’entreprise prévoit de leur proposer. • Des changements dans le travail : Une réduction drastique des « anticipés » : Avec l’ePV, selon toute logique, les PVI seront saisis sur le terminal et très rapidement transmis automatiquement dans la base de données OASIS. Pour les agents du pôle recouvrement positionnés sur les postes de téléphone entrant, cela impliquera a priori une diminution forte des créations d’« anticipés ». 40 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Les agents n’auront plus à « créer » le PV dans la base de données si le contrevenant téléphone rapidement, dans la semaine suivant la verbalisation. Ce constat pourrait participer à d’une amélioration des conditions de travail des agents sur le plateau, vu les difficultés rencontrées par ces derniers pour créer les PVI dans la base OASIS. Evolution de la charge de travail : La disparition des RI50, envisagée comme un réel progrès par tous, ne va-t-elle pas générer, à effectif constant, une surcharge de travail pour les agents du pôle recouvrement ? En effet, le « filtre » actuellement réalisé par le service taxation fait sortir nombre de PVI du le circuit de recouvrement. A l’avenir, ce volume de PVI ne seront plus invalidés et entreront dans le système. Cela augmentera donc la charge de traitement des PV pour l’effectif actuel du service, en intégrant que les agents du pôle taxation ne seront pas tous à même d’être redéployés sur le plateau téléphonique. Evaluation de la charge de travail durant la période de déploiement : durant la première phase de Pilote, le service sera amené à organiser des postes spéciaux pour intégrer les quelques (100 ? 200 ?) PVI élaborés à l’aide du ePV, qui ne sera probablement pas connecté. Il conviendra de prévoir bien en amont la charge de travail que représentera cette nouvelle activité dans un service fonctionnant déjà en mode dégradé. La montée en compétence des agents sera également à surveiller de près, notamment du fait du turn-over important dans ce service. Des postes de travail intégrant les contraintes liées à l’activité de traitement des ePV devront être mis en place. Evaluation de la charge de travail durant la période de coexistence des deux circuits : il conviendra également de ne pas négliger le circuit hors numérique (actuel), qui nécessite des ressources sur les pôles taxation et logistique (traitée en interne ou en externe). Actuellement, certaines tâches de l’activité logistique sont réalisées par un prestataire externe : scan des PVI, saisie manuelle des informations dans OASIS. On peut s’interroger sur la réalisation de ces activités à l’avenir et notamment : - Pendant la phase de déploiement des ePV, la baisse des PVI papiers sera forte mais devrait durer « au moins un an et demi », - A l’issue de la période de déploiement, lorsque seulement quelques entités continueront à utiliser les carnets à souches (KHEOPS,…) ? De plus, il semble nécessaire de mettre en place un système de maintien des compétences sur des tâches appelées à ne plus être réalisées qu’en très petite quantité, afin de garantir à l’entité le maintien d’une bonne qualité de service. Afin de faciliter la tâche des téléacteurs appelés à émettre de plus en plus d’appels sortants, il serait important, dans le cadre de la mise en place du projet ePV, de donner la possibilité aux téléacteurs de disposer d’une reproduction exacte (image) du PVI dont disposera le 41 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 contrevenant. Ceci afin de faciliter les échanges au téléphone entre les deux protagonistes, notamment pour permettre l’identification rapide d’informations nécessaires au traitement du dossier par l’agent. • Conditions de travail dans le service : Postes du plateau téléphonique : Si le matériel mis à disposition des agents est un matériel standard utilisé sur nombre de plateaux téléphoniques, la mise à disposition de doubles écrans constitue un vrai plus pour réaliser une activité où les agents sont amenés à consulter plusieurs logiciels en même temps. En revanche, lors des observations, nous avons mesuré à quel point l’ambiance sonore peut rapidement devenir perturbante tant les postes sont rapprochés. Certains dispositifs de réduction des bruits ambiants pourraient être mis en place, suite à une étude fine de cette problématique, notamment dans une perspective de développement de l’activité. Les aménagements de postes du pôle taxation, qui accueillent des agents souvent reclassés et qui peuvent avoir des problèmes de santé, ne présentent pas l’aspect qualitatif et professionnel que l’on pourrait en attendre. Il s’agit de tables recyclées. La plupart des éléments mis à disposition des agents semblent être récupérés de divers origines (sièges, armoires,…), ce qui ne participe pas à créer un climat propice à la bonne réalisation d’une activité nécessitant « concentration et rigueur ». Une grande frustration est également générée par la comparaison inévitable avec les postes du plateau téléphonique. Dans l’éventualité d’un maintien d’une partie de l’activité de ce pôle, il conviendrait de procéder à des améliorations des postes de travail, notamment des sièges, certains agents présentant des douleurs dorsales qui pourraient se trouver accentuées. Concernant le poste d’accueil des contrevenants, il semble que les préconisations proposées dans une précédente expertise (Conditions de Travail et prévention des risques professionnels dans l’entité « pôle Recouvrement », réalisée en décembre 2013), n’ont pas encore pu être mises en œuvre à ce jour. Des interrogations subsistent notamment sur l’adaptation du plan de travail sur lequel est positionné le poste de saisie informatique relativement à l’hygiaphone et à la place disponible pour utiliser le clavier. Ergonomie des logiciels : nous avons pu constater à quel point les différentes applications utilisées par les agents présentent des interfaces différentes. Les agents sont amenés très souvent à réaliser des copier/coller d’informations (numéro de dossier, nom,…) d’une application vers une autre. Par exemple la mise en place d’un échéancier de paiement, « un appel sur deux » (un téléacteur), nécessite un grand nombre de copier/coller. Dans une perspective de développement de l’activité de téléacteurs, et de l’intégration de nombre de nouveaux agents sur ces postes, un effort d’harmonisation des interfaces pourrait être mené (TPE, OASIS, SIG, Base phrases type,…). 42 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 2.2.2. Des services Comptabilité quittances et Contrôle des ventes de SEM : la question charge de travail au cœur du déploiement de projet Chez CML, le service comptabilité quittance est chargé du traitement des quittances émises par les agents de contrôle. Chez SEM, le service contrôle des ventes assure (entre autre) la même mission mais pour les BIF. Ce tableau explicite les différences entre ces deux supports de paiement. Quittance BIF - Chez CML - Chez SEM - La quittance est un support permettant l’extinction du PV par un paiement immédiat - Permet également l’extinction du PV - Le paiement est effectué par l’agent de contrôle avec son empoche qui achète des blocs de carnets aux différents tarifs et les utilise au fil de son activité - L’argent récolté avec les BIF est versé tous les jours par la personne chargée de distribuer ces derniers lors de l’activité de contrôle (souvent le chef d’équipe MDT ou mobile) - Le paiement des différentes quittances est injecté « au fil de l’eau », quittance par quittance - L’argent récolté avec les quittances passe par un flux direct pour les paiements en CB, et par un versement par les agents individuellement tous les 15 jours pour les chèques et espèces Nos observations et entretiens avec les agents de ces deux services ont mis en exergue deux types d’activité bien différents. Nous détaillerons ces spécificités avant d’évoquer l’impact du projet ePV sur l’organisation de ces fonctions supports. L’activité au service comptabilité quittance : un traitement fouillé et détaillé des données • Les effectifs du service : le service est composé en principe de 3 titulaires et 4 à 5 agents en renfort. Or au moment de notre intervention, 1 poste de titulaire était vacant et un autre agent titulaire en arrêt longue durée et 3 anciens contrôleurs étaient en renfort. • Une activité exigeante de recroisement de données Les agents doivent saisir les recettes, en recroisant les montants et les rapports d’activité pour que tout coïncide. Ils gèrent les recettes d’environ 1200 agents, qui versent par quinzaine. C’est un processus complexe qui demande une rigueur importante dans le croisement de sources de données multiples : 43 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Ouverture des enveloppes administratives et tri par ordre alphabétique en fonction des agents Côté agent : Souches et relevé détaillé des quittances, Papier émis par la fiche d’activité, relevé CB, Banque chèques et espèces (si il y en a), bordereaux de versement et rapport d’incident (si il y Contrôle de conformité grâce au recoupement des données Données Copelia en a) Saisie des données dans un logiciel spécialement créé pour le service : matricule agent, date de versement, nombre de quittances (numéro commençant et finissant), montant espèce, remplissage volet anomalie si besoin… Vérification du montant général à l’aide de l’état comptable général sur le site de la banque pour identifier d’éventuelles anomalies sur les montants globaux Un recroisement de données « micros » abondantes et complexes 44 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Les agents interrogés témoignent alors d’une charge mentale très élevée, nécessitant une connaissance assez fine de l’activité des contrôleurs afin d’entrer dans le détail quittance par quittance. • Un important retard accumulé Nous avons pu constater lors de nos investigations que le service a à gérer un retard important car était traitées au moment de notre venue (le 9 juillet) la deuxième quinzaine de mai. Ce retard est lié au cumul d’un manque d’agents et d’un volume d’activité très important : - La configuration des effectifs : avec un titulaire en activité sur 3 postes, et des effectifs en renfort qui ne sont là que temporairement et qu’il faut donc reformer à chaque fois Une titulaire : « En 7 ans j’ai eu à former 24 personnes ! » - 1200 agents dans le périmètre du service, qui versent toutes les quinzaines d’où plus de 2000 relevés à analyser par mois (en comptant les absences) L’activité du contrôle des ventes SEM : une vision globale et un traitement des BIF qui représente une faible part de l’activité • Effectifs du service : les effectifs du contrôle des ventes sont organisés de la manière suivante (on nous a précisé que sur cet organigramme, les noms des agents ne sont pas toujours à jour) Cela correspond à environ 65 agents. Notons que pour donner un ordre de grandeur par rapport au service comptabilité quittance, le traitement des BIF ne concerne ici qu’environ 300 agents. 45 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 • Une activité dont le traitement des BIF ne compose qu’une petite partie : Le rôle du service de contrôle des ventes SEM est de certifier les ventes du réseau, c’est-à-dire les BIF mais pas seulement. D’ailleurs, l’activité principale du service est le traitement des titres en retour. Les agents adoptent un point de vue global sur l’activité, qui s’illustre par : - Des sources de données multiples et couvrant un périmètre large : IXXI (traitement anomalies complexes) Contrôle CSA BIF Contrôle de ligne BIF CDV SEM Service clientèle SAV titre de transport Agence Co / Point info ADUP (anomalies) - Un référencement des BIF dans leur volume global, et non pas BIF par BIF : Actuellement, les agents de contrôle font un versement au cours de l’achat des carnets de BIF, puis l’activité est suivie par système de gestion de stock. Les agents du CDV SEM reçoivent alors par service et par équipe, une fiche d’activité, et saisissent les éléments de cette fiche dans le logiciel SEVO. Une seule session est créée par fiche de ce type : Saisie dans SEVO du volume de BIF des différentes catégories au global, pas BIF par BIF Rapprochement entre données CB dans SEVO et données des relevés TPE (heure, montant) 46 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Les observations et les agents du service témoignent d’un temps de traitement d’environ 10 à 20 minutes par feuille (donc par session) en fonction du taux d’anomalies. La tâche est également facilitée par le fait que les chefs d’équipes centralisent l’ensemble des relevés TPE en faisant un bilan global. Notons que la fréquence des anomalies a été décrite comme relativement élevée, avec un exemple montré de 71 anomalies en une journée. Un nombre de 30 par jour a été cité comme relativement habituel. • Un important retard accumulé : Les agents nous ont indiqué traiter des données de mars lors de notre passage en juillet. Un retard de 217 jours a été évoqué sur une ligne. Les personnes rencontrées en entretiens ou lors des observations ont évoqué un contexte de fortes tensions avec l’encadrement, en précisant que le service venait de sortir. Ce contexte ayant entraîné un absentéisme élevé et une désorganisation du travail, il est en grande partie responsable selon eux du retard constaté lors de notre passage. Le projet ePV : les principaux impacts : • L’uniformisation des deux entités vers un système d’ « e-quittance ». Ainsi, à terme, ePV sera connecté directement à SEVO et le contenu de l’activité des agents de contrôle sera saisi automatiquement dans le logiciel. Le temps de saisie manuel des agents (Cf.:supra) sera donc supprimé. Les documents papiers seront uniquement utilisés lors de la recherche d’anomalies afin de conserver une trace physique. Durant le début du déploiement, ePV ne sera pas tout de suite raccordé à SEVO. Les agents auront alors seulement à cette étape un ticket ePV et le BIF annulé comme support à la place des BIF actuels. Par ailleurs, le système concret de collecte des recettes au sein des équipes de contrôles (par qui ? Jusqu’où les agents de contrôles font-ils des bilans ou pas ?), restait à déterminer au moment de notre intervention. 47 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 • Le rassemblement de l’activité des deux services au sein du contrôle des ventes : il est prévu de transférer deux postes de titulaires du service comptabilité quittance vers le contrôle des ventes. Ce dernier ne traitera alors plus de BIF mais des equittances. Cela aura pour principale conséquence une multiplication des sessions à ouvrir car le besoin sera alors d’une session par agent et par service plutôt qu’une session par équipe et par service. • Des groupes de travail doivent s’ouvrir en septembre AVIS ET RECOMMANDATION SECAFI Pour les services Comptabilité quittances et Contrôle des ventes, au vu de ces constats, le point de vigilance que nous pouvons identifier concerne la question de la charge de travail. En effet, le gain de charge lié au transfert informatique de données d’ePV à SEVO reste à nuancer et ce pour deux principales raisons : - Il sera nécessaire pour les agents du contrôle des ventes d’ouvrir un nombre bien plus élevé de sessions avec les e-quittances qu’avec le système de BIF actuel. - Nos observations ont montré que le temps de saisie n’était pas du temps perdu dans le sens où il permet à l’agent d’accéder avec transparence aux données d’activité. Ce dernier peut alors détecter de manière anticipée les anomalies, ou a minima, recueillir toutes les données utiles pour en trouver la cause a posteriori. Le ePV va alors rendre opaque le détail des données d’activité (boîte noire), ce qui va augmenter de manière significative le temps consacré à la gestion des anomalies. Par ailleurs, les agents ne seront plus en mesure de les anticiper avant que le système le leur signale. Le retard pris dans les deux services vient encore accentuer ce point de vigilance concernant la charge, mais aussi interroger la pertinence de transférer uniquement 2 postes de la comptabilité quittance au contrôle des ventes. A notre sens, l’encadrement devra rester vigilant sur le niveau de charge du service lors du déploiement et avoir la latitude de constater une insuffisance en la matière. Des moyens humains devront alors être donnés pour assurer la fluidité de l’activité et la tenue de délais de traitement satisfaisants. Les besoins en formation des agents SEM (a priori aucune personne physique rencontrée à la comptabilité quittance n’est concernée par ce transfert) doivent également être précisés 48 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 2.3. Les attentes exprimées sur ePV par les agents rencontrés 2.3.1. La posture des agents rencontrés face au projet : entre attente et indifférence En introduction, nous précisons que les agents rencontrés ont manifesté soit de l’indifférence face au projet (« Cela ne va pas changer grand-chose… »), soit de l’attente. Cette posture d’attente est liée à différents points : - La diminution du nombre d’agrès à porter : il s’agit là de la préoccupation la plus exprimée. Il existe une forte attente sur ce point et un grand regret sur le fait qu’il sera encore nécessaire de prendre le TPE. - Une modernisation de l’équipement, qui valoriserait la profession de contrôleur et fera gagner du « sérieux » face au contrevenant : « On est encore avec nos blocs papier…Ça fait un peu ringard » ; « Pour l’affichage, on va gagner à se montrer avec un équipement électronique, ça fait plus sérieux… ». - Un certain retard par rapport à d’autres entreprises : « Eux ils l’ont déjà depuis un moment » ; « Il est temps qu’on s’y mette, on est dans les derniers » ; « Il faut vivre avec son temps d’autres le font déjà ! » 2.3.2. Des attentes liées à l’adéquation entre l’équipement et les contraintes de l’activité de contrôle Lors des entretiens, les agents ont manifesté de nombreuses attentes à ce sujet. Nous distinguerons dans notre développement celles liées au matériel lui-même, et celles liés à l’interface informatique. 49 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Les exigences liées au matériel : « Solide et pratique » Concernant le matériel à proprement parlé, les préoccupations des agents concernant différents points : • La solidité du matériel : Cette notion de solidité recouvre deux idées : résistance au choc (« On a une activité de terrain » ; « On est dans la foule, sur le terrain, il nous faut du matériel solide ») et étanchéité (« Quand on est amenés à contrôler sous la pluie, il ne faut pas que ça fasse tout planter ») • La tenue de la charge : L’autonomie de l’ePV a été un point soulevé de manière très récurrente par nos interlocuteurs. Derrière cela, il y a la crainte d’une panne en cours de service qui entraînerait pour l’agent l’impossibilité de verbaliser : « Il faut que la batterie tienne largement le temps d’un service, et ait bien le temps de se recharger avant le service suivant ! » ; « Un carnet ne tombe pas en panne de batterie » • • Des accessoires adaptés : Les accessoires cités par les agents sont : • Une sacoche solide et qui garde le matériel accessible • Un nombre suffisant de rouleaux pour la durée du service Un rétroéclairage bien réglé : La qualité du rétroéclairage a également été évoquée comme un progrès, notamment dans le cadre de verbalisation en station mal éclairée. Néanmoins, une crainte est également exprimée sur la visibilité de l’écran en plein soleil (« Si c’est comme les téléphones aujourd’hui, parfois on ne voit plus rien quand on est en plein soleil et pour notre travail ce serait très embêtant ») • Des craintes de vol à aborder avec les agents : Très fréquemment lors des entretiens, la question du vol du matériel ePV a été abordée. Les craintes portaient d’une part sur l’impossibilité de poursuivre l’activité de contrôle (tout comme le cas de panne de batterie), et d’autre part sur les conséquences pour l’agent luimême (responsabilité notamment) : « C’est un appareil plus moderne, le voler est plus tentant » ; « Si on nous l’arrache, comment fait-on ? » AVIS ET RECOMMANDATION SECAFI Le projet devra alors éclaircir ces points et être en mesure d’apporter une solution d’urgence pour que l’agent concerné par un vol/ une détérioration puisse poursuivre son service. 50 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Concernant l’interface informatique : « fluide, intuitif, aidant » L’idée soulevée en entretiens avec les agents de contrôle était la suivante : « Il faut que ce soit aussi pratique pour nous que le papier, voire plus si possible ». Pour ce faire, les conditions posées étaient les suivantes : • Un équipement qui ne doit pas jouer sur la durée des échanges : La gestion de la durée des échanges est une compétence à part entière du contrôleur et un outil pour réguler les tensions avec le contrevenant (Cf.: 2.1.1). En lien avec cela, les agents ont exprimé le souhait d’une interface fluide et réactive c’est-à-dire que la saisie se fasse rapidement, sans que le système ralentisse et qu’une aide à la saisie vienne accélérer le temps passé par l’agent à se concentrer sur la frappe du PV : « Quand on a quelqu’un de pressé en face de nous, ou que la tension commence à monter il ne faut pas qu’on soit à la merci d’un logiciel qui rame ! » • L’idée appréciée des champs pré-remplis : A l’heure actuelle,, certains agents pré-remplissent leurs matricule sur les PV pour gagner du temps lors du contrôle. L’idée que l’ePV puisse pré-remplir l’heure, la date ou encore le matricule est perçue très positivement, dans le sens où cela viendra diminuer la durée des échanges avec le contrevenant : « On va gagner du temps » ; « Ça fait toujours du temps en moins pendant lequel on retient les gens » • Le souhait d’un outil qui soulagerait la charge mentale du remplissage du PV : A de nombreuses reprises, les agents ont précisés que si l’outil leur signalait les champs manquants dans le PV, sans bloquer pour autant la validation de ce dernier, ce serait une aide importante : « Parfois, on est concentré sur autre chose et on ne voit pas qu’un champ manque » ; « Il faudrait que l’outil nous signale quand un champ manque au moins, si il n’est pas rempli ce ne sera pas par oubli » • La suppression des RI 50 : La suppression des PV illisibles grâce à l’informatique est là aussi perçu comme un vrai progrès : « On aura plus à craindre que nos PV soit illisibles » ; « Ça fait toujours un souci en moins… » 51 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Des attentes fortes sur le niveau de formation La qualité de la formation a été présentée par bon nombre de nos interlocuteurs comme une condition essentielle à la réussite du projet. Cette qualité est définie de la manière suivante : - Une durée de formation théorique suffisante : « Il ne faut pas que cela soit bouclé en une heure ou deux, il faut avoir le temps de bien voir toutes les possibilités » ; « Il faut nous présenter l’outil suffisamment longtemps pour qu’on se familiarise » - Une formation qui ne doit pas s’arrêter au théorique : « On ne doit pas nous former déconnecter du terrain » ; « Il faut que l’on ait moyen de passer par une phase de formation pratique » ; « On ne doit pas passer de la salle de formation au contrôle en réel, il faudrait par exemple qu’on ait pendant quelques temps papier et ePV et en fonction du contrevenant, on s’entraine tranquillement avec le ePV…. » AVIS ET RECOMMANDATION SECAFI Lors de nos investigations, nous avons pu observer un agent débutant dans la verbalisation. Bien que ses hésitations auraient pu avoir des répercussions sur la relation au contrevenant (demande deux fois de la même information, temps de « blancs » pendant lesquels le contrevenant manifestait son impatience…), l’aide d’un agent plus expérimenté venait compenser cela. Avec l’ePV, dans un premier temps, l’ensemble du personnel sera apprenant. Nous alertons alors sur le fait que cela peut entrainer des situations tendues sur le terrain. Une formation progressive des agents avec un mixage au sein des équipes des agents familiarisés avec ePV et d’autres pas pourrait être envisagée. De plus, la formation doit être adaptable en fonction du profil des agents. Ainsi, une personne déjà habituée à manipuler un smartphone n’aura pas les mêmes besoins que quelqu’un qui n’a pas de téléphone portable. La durée de l’apprentissage ou encore les questions posées ne seront pas les mêmes… Enfin, une attention particulière doit à notre sens être portée aux équipes mobiles qui sont déjà peu familiarisées avec la pratique même du contrôle. 52 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Des attentes sur une simplification dans l’exercice de l’activité de travail L’informatisation du processus de verbalisation génère des attentes en matière de simplification du travail, pour permettre aux agents de se détacher d’activités périphériques et se recentrer sur leur cœur de métier. Par exemple, la saisie et le traitement immédiat des données « devrait logiquement nous permettre de simplifier l’administratif, notamment la feuille de mission, et nous permettre d’être plus disponible pour les agents lors des contrôles » (un OCQ) Illustration issue des observations de travail : Lors d’une mission de contrôle en sortie de bus, statique, mais pas à un terminus, nous avons pu constater que les contraintes temporelles de réalisation du contrôle de l’ensemble des voyageurs, imposées par les horaires à respecter par le bus (arrêt d’une durée de 5 minutes maximum), permettent au responsable d’équipe de n’être disponible que peu de temps pour réaliser son activité de supervision du contrôle, du fait notamment de la nécessité de remplissage de la feuille de mission (numéro de voiture, horaires,…). De même, des attentes sont exprimées sur le post-traitement des informations, notamment en fin de mission pour élaborer le bilan. AVIS ET RECOMMANDATION SECAFI Le système mis en place devrait permettre de simplifier la partie administrative de l’activité, notamment le bilan de fin de mission, mais également les activités périphériques durant la réalisation de la mission. 53 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 3. Les apports et contraintes du futur système ePV identifiés à ce jour 54 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 3.1. Regard sur l’ergonomie d’un nouvel outil informatique 3.1.1. Rappel ergonomique sur la conception d’un outil informatique Les deux champs de conception à instruire dans le cadre du développement d’un nouvel outil utilisant l’informatique sont les suivants : Conception / choix du matériel Conception des logiciels Alors que le traitement des informations est réalisé par le logiciel et peut s’apparenter à la partie « activité mentale » de l’utilisateur, l'interface est le seul canal de communication entre ce dernier et le produit informatique qu'il utilise. Cette interface doit donc être conçue de façon à rendre concrets et évidents des traitements informatiques qui sont par essence abstraits. De plus, l'interaction entre l'utilisateur et l'interface est nécessairement physique : elle passe par la vision, l'audition, le toucher, la motricité. On s'intéresse donc aussi à l'ergonomie des dispositifs d'entrée (clavier physique ou virtuel, souris, trackball, joystick, voix, gestes…) et de sortie, d'affichage des données (écrans, imprimantes…). Fort de ces préceptes, il est nécessaire que les choix et la conception soient adaptés aux caractéristiques des utilisateurs, mais également aux tâches qui seront réalisées à l’aide du dispositif. C’est dans cette optique que nous proposons d’analyser le dispositif choisi dans le cadre de la mise en place du ePV. Au regard de la documentation remise, il semble que l’argument « ergonomie de l’outil » prenne un sens plus de l’ordre de l’argument marketing que le sens propre du mot, décrit cidessus. 55 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Il n’est pas fait référence à l’activité de travail des agents de contrôle dans le descriptif du matériel. Extrait du document « Terminal ePV - Description du matériel - Version 3 - Mis à jour le 04 Décembre 2014 » 3.1.2. Le choix d’un terminal de télépaiement apporte avantages et contraintes Le matériel retenu (INGENICO iWL 280) est un terminal de paiement à écran tactile (3"5) et clavier numérique 16 touches pour la rédaction des PV et quittances. Il intègre un ensemble complet de solutions de paiement, avec de multiples options de connectivité sans fil (GPRS, 3G, Bluetooth) et la lecture de toute la télébillettique. Les possibilités de connexion 3G, de paiement bancaire ou de GPS… ne sont pas activées pour l’instant. Il s’agir d’un outil léger (306g), plus léger que LDPC, et de petite taille (150*78*44mm) qui « tient dans la main d’une femme ». Il comporte une impression thermique intégrée, pour l’impression directe de PV et quittances avec une capacité évaluée en moyenne à 25 quittances (avec double agent pour versement) et 20 PV (sans double). Par ailleurs, le remplissage des champs de formulaires (PV et quittances) va être « assisté » par ordinateur à plusieurs niveaux : • le remplissage automatique de champs obligatoires (lieu, mode, date, identification agent…) une fois ces informations renseignée en début de mission • la saisie alphanumérique supprimant les informations illisibles • la vérification de certaines informations saisies (existence de l’adresse dans les communes d’Ile-de-France, types et tarifs d’infraction) • la vérification des champs non remplis par oubli • la dématérialisation supprimant les problèmes de papier déchiré… 56 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Concernant la conception du matériel, nous ne pouvons avoir qu’un regard très distancié. Le matériel retenu est un matériel standard « adapté à l’activité de contrôle » selon le fournisseur. Les qualités « ergonomiques » de l’appareil sont ainsi valorisées dans le document de description du matériel, élaboré par le fournisseur : Extrait du document « Terminal ePV - Description du matériel - Version 3 - Mis à jour le 04 Décembre 2014 » • Mais un outil pour quel usage ? Des questions subsistent relativement à l’usage qui pourra être fait de ce terminal par les agents de contrôle. En effet, nous avons par exemple noté que dans leur activité de verbalisation, les agents ont développé un geste métier garantissant la bonne réalisation du contrôle, en protégeant la pièce d’identité du contrevenant lorsqu’ils remplissent le formulaire de PV, tel que prescrit dans les guides de référence métier : 57 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Extrait du document « mig080627_guide_pour_un_controle_fiable » Illustration du geste métier Nous pouvons rapporter quelques éléments issus de l’analyse bibliographique qui nous a été fournie sur le futur terminal : Une très grande partie du terminal sera occupée par l’écran tactile, sur lequel il ne sera pas possible d’appuyer une pièce d’identité. La partie constituée par le clavier numérique, soit environ un tiers de la surface de l’appareil pourra éventuellement être disponible et servir d’appui. Exemple de prise en main du matériel avec tenue d’une carte format Carte Bleue 58 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Quelle que soit l’information renseignée dans la procédure, l’intégralité de la surface de l’écran tactile est nécessaire : Champs de saisie Liste déroulante Captures d’écran extraites du document « ePV-Procédure contrôle et verbalisation V0.8 (6) » Dans le cas du remplissage de champs de saisie, environ la moitié de la surface de l’écran est occupée par le clavier alphabétique virtuel. AVIS ET RECOMMANDATION SECAFI Le passage au ePV va permettre une véritable saisie assistée par ordinateur, avec de multiples fonctionnalités très utiles et attendues par les agents. Elle facilitera la rédaction des PV et quittances de tous les agents, et pourra aussi apporter une aide précieuse aux agents de contrôle moins expérimentés (Cf. plus haut). Mais les analyses que nous avons menées concernant l’activité telle qu’elle est réalisée actuellement par les agents, nous amènent à poser quelques questions sur les pratiques futures d’utilisation du nouvel appareil : Nous pouvons tout d’abord nous interroger sur la question du maintien en main et en sécurité de la pièce d’identité du contrevenant. En effet, il semble que le futur matériel, de par son épaisseur, mais également du fait de la surface nécessaire pour remplir les champs, ne permettra plus de maintenir la pièce d’identité au même niveau qu’auparavant. Les agents voyaient deux avantages dans cette pratique : • Protéger la pièce et en prévenir un éventuel arrachage • Disposer, sans avoir à élargir leur champ de vision (i.e. bouger la tête ou les bras), des informations à reporter dans les champs du formulaire de PV papier. 59 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Le choix retenu est un matériel finalement peu adapté à la saisie de nombreuses informations alphabétiques : En effet, l’élaboration d’un PV ou d’une quittance nécessite avant tout de compléter des champs alphanumériques. Nous pouvons donc nous étonner des disproportions existantes entre la place réservée au clavier alphabétique, qui plus est virtuel, par rapport à celle réservée au clavier numérique : Surface disponible pour le clavier alphabétique virtuel : 33 touches + barre d’espaces Surface disponible pour les 16 touches du clavier numérique Le choix d’un clavier virtuel pour la partie alphabétique peut interroger, au regard des difficultés connues pour l’utilisation de ce type de procédé, notamment depuis le déploiement des « téléphones intelligents » (« Smartphones ») : difficulté d’activer la bonne touche du fait de la taille de ces dernières, utilisation d’un ustensile type stylet, développement de TMS, … De plus, la présence d’un clavier numérique physique de 16 touches ne relève pas de la nécessité absolue dans le cadre des activités de verbalisation, du moins pour l’instant, si ce n’est de permettre ultérieurement de procéder à la saisie des codes secrets lors des encaissements par carte bancaire (idem TPE). Le passage au terminal électronique a pour objectif, notamment, de simplifier les activités de saisie des informations relatives aux contrevenants. Or, du fait de l’occupation d’une grande partie de l’écran par le clavier virtuel, les propositions de choix multiples sont amputées et les deux premières propositions seulement sont accessibles à l’agent pour être sélectionnées, les autres étant masquées par le clavier (Cf. ci-dessus, illustration de gauche). Nous pouvons donc supposer que les agents seront amenés à renseigner un certain nombre de lettres du mot dont ils souhaitent que l’appareil leur fasse la proposition, avant que ce dernier n’entre dans les deux premiers choix possibles : • Au regard des préconisations faites par les psychologues cogniticiens, qui préconisent, dans « les 10 règles d’or de l’ergonomie pour les mobiles », de « limiter l’utilisation du clavier » (source LudoTic, ergonomie des interfaces), expliquant que « Si la taille des icônes et des boutons est limitée, celle des touches d’un clavier virtuel l’est encore plus : on peut aisément imaginer les contraintes que cela crée à une bonne partie des utilisateurs. La seule solution, dans ce cas, est de limiter au maximum la saisie clavier. », 60 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 • En prenant en compte également les contraintes temporelles de rapidité et de stabilité (bus) dans lesquelles les agents peuvent se trouver lors de la rédaction d’un PV. Ainsi la plus-value réelle de cette option de saisie intuitive pour certains champs (noms de rues par exemple) sera fortement réduite par la petite taille de l’écran « disponible » et le nombre restreint de propositions affichées (2 lignes). Le terminal choisi comporte des caractéristiques bien adaptées pour l’activité de contrôle : faible poids, format réduit, impression intégrée, lecture télébillettique, paiement CB. Mais son format et sa fonction principale de terminal de paiement vont aussi apporter des contraintes gênantes dans l’activité de verbalisation (saisie et visualisation, maintien de la pièce d’identité…). Il serait donc important de renforcer la démarche de prévention des risques et d’adaptation de l’outil aux activités. Ces travaux permettront, à partir d’un retour d’expérience centré sur les usages, de déterminer comment la housse, les développements logiciels et les pratiques professionnelles (Cf. plus loin) peuvent intégrer au mieux ces nouvelles contraintes. Plus tard, lors du renouvellement du matériel, elles seront aussi utiles dans les critères de choix d’un matériel de remplacement. Des accessoires complémentaires à bien adapter aux besoins Le terminal sera accompagné de périphériques permettant son utilisation dans les conditions du contrôle à la RATP (présentation par la responsable du projet) : • Un stylet pour faciliter la saisie tactile • Une housse de protection en silicone permettant à la fois de protéger le terminal des intempéries, mais également permettant une meilleure protection en cas de choc (chute, choc contre un mur,…). • Une attache permettant l’accrochage du terminal à la ceinture • Une sangle permettant le maintien du terminal dans la main sans avoir à le tenir, 61 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Illustration issue des observations de travail : Concernant la sangle de maintien du terminal dans la main, nous avons eu des retours mitigés sur l’utilisation de cette dernière avec le LDPC. En effet, si certains agents estiment très utile de pouvoir lâcher le LDPC pour procéder à l’acte de verbalisation, sans avoir à ranger ce dernier (en le laissant balancer sous le poignet), d’autres au contraire expriment une peur de se voir « tirer fort sur le poignet » par un contrevenant qui tenterait d’arracher le terminal des mains de l’agent. AVIS ET RECOMMANDATION SECAFI Ces accessoires semblent essentiels en complément du terminal, afin non seulement de garantir les meilleurs conditions d’usage de l’appareil, mais également pour permettre aux agents de disposer de possibilités diverses d’utilisation du matériel. Nous mettrons l’accent sur l’importance de palier, à travers les accessoires mis à disposition en complément du terminal, aux problématiques liées à la prescription de « positionnement du justificatif de telle sorte qu’il ne puisse être arraché ». Un dispositif technique devra être trouvé pour permettre aux agents de ne pas avoir à tenir le terminal d’une main, la pièce justificative et le stylet de l’autre, ce qui rendra leur activité très compliquée à réaliser. Il conviendra également de s’assurer de la bonne mise à disposition d’un dispositif de maintien du stylet sur le terminal en dehors des phases d’utilisation, amis également lors des phases d’utilisation (cordon ?), car comme nous l’ont dit les agents « le stylet, je ne nous donne pas une semaine pour se le faire voler ». De plus, afin de garantir une bonne adoption du matériel par les agents, li sera important de veiller à la bonne qualité des accessoires de maintien et rangement du terminal, ainsi qu’à leur durée de vie (Cf. retours concernant la nouvelle sacoche RATP). Concernant la sangle de maintien du terminal dans la main, il conviendra, au regard du retour d’expérience sur le LDPC, de permettre aux agents de choisir un maintien dans la main ou pas. 62 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 3.1.3. Une conception de logiciel qui doit intégrer usage et utilité Comme cela est décrit dans l’annexe « Ergonomie des logiciels », la conception des interfaces devra répondre aux critères d’usage et d’utilité exprimés dans la partie précédente. Lors de la présentation du terminal, nous n’avons malheureusement pas pu tester ce dernier en situation. Les logiciels implémentés dans le système étaient encore des versions « béta », en cours de développement et non finalisées. De plus, l’absence de rouleau de papier lors de la démonstration induisait un message d’erreur récurrent, à chaque phase d’utilisation. Au final, la démonstration était discontinue et nécessitait fréquemment de revenir à zéro. Le passage d’un carnet à souches à des interactions avec un logiciel Il semble important de rappeler que la transition du carnet à souche vers un dispositif électronique n’est pas neutre en matière d’implication de l’agent dans le remplissage du procès-verbal. Il est en effet connu que l’utilisation d’un système interactif monopolise une charge cognitive bien supérieure à celle d’un papier/crayon pour son utilisateur. L’attention se trouve « accaparée par l’écran », au détriment de la vigilance nécessaire dans l’exercice de l’activité de verbalisation, du fait notamment de la présence d’un système dynamique (un logiciel), différent fortement d’un système inerte comme le papier. Or nous avons pu constater à quel point l’activité de verbalisation procède d’un équilibre subtil entre l’attention portée sur la réalisation de la tâche de rédaction du procès-verbal ou de la quittance et la vigilance sur l’environnement dans lequel se déroule l’activité : 63 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Attitude imprévisible du contrevenant bon remplissage de l’ensemble des champs Identifica tion des codes infraction et des montants à régler ... Attitude des voyageurs alentours ... Ecriture soignée dans un environnement souvent mouvant Position et disponibilité des collègues immédiats, du responsable d’équipe Facteurs ayant trait à l’attention portée sur la réalisation de la tâche de rédaction Facteurs ayant trait à la vigilance sur l’environnement dans lequel se déroule l’activité Ces données en situation sont également variables en fonction de l’état interne de l’agent (fatigue, faim, situation personnelle,…), dont les facultés connaissent des variations tout au long de la durée de son service, selon ses relations avec les clients, l’environnement… AVIS ET RECOMMANDATION SECAFI Il sera important, dans le cadre du déploiement de l’outil et de la période d’apprentissage de permettre aux agents de pouvoir développer les « réflexes métiers » leur permettant d’accéder à une situation d’exercice de leur métier sereine en utilisant ce nouveau terminal. Pour ce faire, la nécessité de mettre en place un dispositif de formation accompagné d’un deuxième dispositif de montée en compétences semble primordiale. Si une première phase de formation initiale permettra aux agents de comprendre les logiques de fonctionnement de l’outil, de le prendre en main ; ensuite une période de développement et stabilisation des compétences liées à l’outil sera nécessaire. Cette deuxième période d’apprentissage devra impérativement s’inscrire dans une temporalité plus longue (plusieurs mois) et se dérouler dans un cadre particulier (tutorat, équipes utilisant à la fois carnet et ePV, formation renforcée si besoin…). Le regard sur les résultats des équipes en phase de montée en compétences devra être adapté au contexte (expérience, fonctionnement des outils, mises à jour logiciels,...). 64 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Processus de déploiement des terminaux : Il sera important, bien en amont de la présentation de l’appareil aux agents, et afin de prévenir l’exposition de ces derniers à des situations embarrassantes sur le terrain, même lors des phases de test, de procéder à un inventaire exhaustif des postures et gestes métiers mis en œuvre dans les situations de contrôle (tel le maintien de la pièce d’identité entre le carnet et le pouce). Cette préconisation implique de procéder, éventuellement en accompagnement des situations de test, mais préférablement en amont, à une véritable analyse ergonomique des situations de travail dans lesquelles les agents sont/ seront amenés à utiliser l’outil. Processus d’apprentissage : Au-delà d’un changement de posture, cette notion interroge le processus de recréation de gestes métiers, guidés par l’outil, et qui se développeront avec l’expérience et dans le temps. Il sera donc nécessaire de prendre en compte cette temporalité dans la phase de déploiement des terminaux, en adaptant notamment les attendus en termes de production (« objectifs tacites »). Un dispositif renforcé d’accompagnement devra être mis en place autour des agents qui se retrouveront en phases de test et d’apprentissage de ce nouvel outil. Le dispositif renforcé devra permettre aux agents de pouvoir se concentrer sur l’utilisation et l’apprentissage du fonctionnement du nouvel appareil, sans avoir à se soucier des éléments périphériques à l’acte de verbalisation (vigilance à l’environnement principalement). Un choc entre logique d’utilisation et logique de fonctionnement de l’outil Les accompagnements d’agents ont permis de saisir les différences de pratiques dans le remplissage des formulaires de PV. Différents facteurs influent sur l’ordre de remplissage du formulaire : 65 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Champs "importants" à remplir Situation à gérer ... Pièce-s justificative-s • Les « champs importants » Si les agents procèdent tous au « remplissage préférentiel des champs essentiels », ces derniers ne donnent pas toujours les mêmes réponses quant à la priorisation qui est faite des champs renseignés (par exemple, la date de naissance est un champ essentiel pour certains, mais pas pour d’autres). • La situation peut également guider l’ordre de remplissage : si l’urgence se fait sentir ou si, au contraire l’agent perçoit qu’il aura le temps de remplir correctement son PV, alors, il procédera à un remplissage ligne par ligne, sans avoir à déplacer la pièce d’identité du contrevenant. Au contraire, en cas de situation dégradée, l’agent pourra décider de ne retenir que certains champs, quitte à bouger la pièce justificative. • Informations sur les pièces justificatives : les différentes pièces justificatives qui sont présentées aux agents ne fournissent pas les informations aux mêmes endroits (exemple adresse sur une carte d’identité ou un permis de conduire, différence entre une carte d’identité et une carte de résident,…). Cette donnée peut guider l’ordre de remplissage du PV papier. AVIS ET RECOMMANDATION SECAFI Le passage par des observations fines des pratiques des agents en matière de remplissage des procès-verbaux est incontournable pour permettre au développement d’un outil efficace et aidant dans l’activité de verbalisation. Sans cette étape cruciale, nécessitant de recueillir sur le terrain les informations, puis de les confronter aux agents, afin de valider les constats, il est possible de générer des outils contreproductifs, nécessitant un tel « cout d’entrée/ d’utilisation » pour les agents que ces derniers s’en détournent et développent des stratégies de contournement afin de pallier aux manquements de l’outil. 66 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Ces analyses montreraient notamment la variété des pratiques d’utilisation du carnet de PV, mais également de remplissage (Cf. ci-dessus) et permettraient de déterminer avec plus de justesse les besoins de latitude concernant l’utilisation du logiciel : sessions propres à chacun permettant à un utilisateur d’adapter au mieux l’outil à son utilisation, tant sur les paramètres environnementaux (tout le monde ne souhaite pas un rétroéclairage de l’écran de la même intensité), que sur les paramètres de présentation des informations/ des champs à renseigner,… La limitation d’une pratique métier importante pour la prévention : la substitution Les accompagnements d’agents nous ont permis de prendre la mesure de l’importance du levier de prévention du risque d’agression que représente la pratique de la substitution entre agents. Sur cette question, les pratiques sont diverses : un agent peut continuer la rédaction d’un PV sur le carnet du collègue sur lequel il prend la main, ou décider de reprendre la procédure à zéro en remplissant un PV à partir de son propre carnet (et avec son matricule). C’est généralement le contexte qui guidera la procédure engagée par les agents : possibilité ou pas de reprendre une verbalisation à Zéro, niveau de réalisation des objectifs (un agent ayant réalisé plus de gestes qu’un autre)… AVIS ET RECOMMANDATION SECAFI Dans le cas du terminal ePV, le matériel est codifié au démarrage de la mission pour un agent. Il est donc prévu qu’un agent démarrant une procédure de verbalisation ne pourra pas s’interrompre et passer la main à un de ses collègues qui finaliserait la procédure sous son matricule (Substitution). Les agents perdraient là une marge de manœuvre importante dans leur activité. Le risque étant de voir des agents « baisser la garde » devant certains contrevenants en sachant que leur possibilité de sortie d’une situation conflictuelle se voit réduit. Le conflit éthique animant chaque agent (préserver sa santé tout en faisant son travail de contrôle) se trouverait renforcé par l’impossibilité de recourir à cette pratique de substitution, avec des enjeux de sécurité et de santé. 67 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 3.2. Les impacts potentiels sur les activités de travail et les collectifs 3.2.1. Des impacts identifiés par le projet qui touchent de nombreux métiers Le Plan de Management du projet ePV (V4 du 22/06/2015) identifie les impacts métier suivants : Process Mise à disposition outils de contrôle (lecteurs, carnets quittances / BIF…) Contrôle voyageur Verbalisation Acteur(s) Niveau d’impact REFONTE CML/SCC SEM / CSA et maîtrise du territoire MAJEUR REFONTE Déclaration de l’activité de contrôle Mise en recouvrement Contrôle des ventes (Suppression des BIF)1 Maintenance des équipements de contrôle Gestion du parc des équipements de contrôle Administration SI des nouveaux outils Maintien en condition opérationnel (MCO) : MAJ des procédures MCO REFONTE Idem + CRI REFONTE SEM/CDV MAJEUR M2E REFONTE M2E REFONTE IXXI NOUVEAU IXXI NOUVEAU Les nombreux documents de projet précisent ces impacts sous forme d’objectifs, d’améliorations ou d’axes de communication, principalement : • • pour les agents : o Faciliter l’activité : diminution du nombre agrès, aide à la saisie… o Homogénéiser les pratiques : moderniser et simplifier l’organisation, améliorer le les processus de gestion o Valoriser l’image par un outil moderne et performant pour l’entreprise : o Optimiser la lutte anti-fraude par des justificatifs informatisés, la réduction des délais de traitement, la fiabilité des adresses saisies, moins de PV incomplets ou non lisibles 68 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 o Faciliter le pilotage d’activité par l’homogénéisation des outils et pratiques, l’automatisation de la saisie des activités, les indicateurs de pilotage pour encadrement o Réduire les coûts de traitement grâce à la dématérialisation, à l’accélération et à la simplification des modalités de paiement AVIS SECAFI Les impacts identifiés sont nombreux, touchent des acteurs diversifiés et sont même qualifiés de « majeurs » pour les process de Contrôle voyageur et pour le Contrôle des ventes. Cependant, nous n’avons pas eu connaissance d’une analyse de ces impacts notamment en matière de conditions de travail, de santé et de sécurité au travail. Les analyses qui suivent visent à aider le CHSCT dans cette évaluation des risques du projet et la proposition de mesures de prévention. Elle permet aussi de montrer comment le projet répond ou pas aux attentes des futurs utilisateurs et des besoins de leurs activités. 3.2.2. Une harmonisation des pratiques de Contrôle induite par l’informatisation Un des objectifs importants du projet ePV est de « Harmoniser les pratiques ». En effet la direction considère que « Les contrôleurs de la RATP appartiennent à différents services (SCC, SEM, SEC), historiquement séparés. Ils ont des pratiques différentes. Par exemple, les agents SCC émettent des quittances alors que les agents SEM émettent des bulletins d’indemnité forfaitaire (BIF). Un même outil permettra d’harmoniser les pratiques ». Après la constitution du Département SCC, qui a regroupé les principaux corps de contrôles des différentes activités, l’ePV doit ainsi poursuivre le rapprochement des métiers, des processus et des outils de Contrôle des voyageurs, notamment entre les Départements SEM (Maîtrise du Territoire, CSA) et CML puis SEC. 69 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Le projet ePV est ainsi l’occasion d’un travail important de refonte des procédures. Il a commencé par SCC avec 5 réunions de Groupes de Travail réalisés en juin 2015 avec des cadres, maîtrises et assistants de tous les Attachements. Il a permis la rédaction d’un document (ePV : procédures – V0.8 du 23.06.15) qui décrit les procédures d’utilisation de l’appareil pour les agents de Contrôle du département CML. Il se poursuit pour SEM en septembre 2015 également avec des Groupes de travail mais seulement avec un échantillon de 4 ou 5 lignes. Les résultats de ces Groupes de Travail, la révision des procédures par IFR et les arbitrages qui s’ensuivront détermineront si les procédures seront d’emblée identiques entre SCC et SEM ou si elles seront différentes, au moins de façon transitoire. Mis à part la généralisation du système des Quittances, il n’existe pas a priori d’obligation de mutualisation d’emblée des procédures entre SEM et SCC. Cependant, les contraintes de fonctionnement de l’outil et la simplification des développements logiciels devraient renforcer la tendance à la mutualisation. De même, les données d’activités seront structurées de la même manière et collectées de façon automatique. Ainsi avec le projet ePV, les agents effectuant des missions de contrôle des voyageurs partageront : • un même outil • des procédures harmonisées • l’utilisation de quittances avec les mêmes procédures de versement • un suivi homogène et automatisé de l’activité, facilitant la collecte et la consolidation des données AVIS SECAFI L’analyse des déterminants de l’activité de Contrôle montre bien que les pratiques Métier sont en grandes parties communes mais aussi parfois spécifiques à SEM ou à SCC. L’informatisation de la verbalisation, comme de toute activité, conduit généralement à une standardisation des processus pour se caler sur le fonctionnement des logiciels. Néanmoins, compte tenu des enjeux d’efficacité du contrôle mais aussi de sécurité des agents, le projet ePV aura à prendre en compte ces déterminants sans viser une harmonisation ni trop rapide, ni complète. 70 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 3.2.3. Un suivi facilité de l’activité avec des enjeux de cybersurveillance Les quelques agents que nous avons rencontrés n’ont pas exprimés de forte préoccupation concernant les nouvelles possibilités de l’ePV pour la surveillance de leurs activités, de leurs déplacements ou de leur fonctionnement au sein des collectifs de travail. Néanmoins lors de notre rencontre avec les Médecins du travail, ceux-ci ont soulevé la crainte que cet outil soit perçu comme un moyen pour l’encadrement local de « démasquer les tricheries, d’arrêter les arrangements entre collègues… ». L’informatisation du Contrôle et de la verbalisation va effectivement faciliter les tâches de reporting aussi bien pour les agents que pour les chefs d’équipes ou pour l’encadrement. En effet l’outil permettra : l’enregistrement des activités de contrôle, l’archivage PV & quittances, la déclaration automatisée de l’activité de contrôle. Ainsi à tout moment, l’agent pourra accéder à son historique d’activité pour consulter les infractions réalisées en s’authentifiant et avec un accès limité aux informations personnelles saisies en respect des règles CNIL : Et en fin de journée, chaque agent pourra aussi éditer son journal d’activité et le remettre à son pilote, comme son récapitulatif de caisse. 71 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 L’entreprise compte aussi profiter des nouvelles possibilités offertes par l’ePV dans deux domaines : • Améliorer l’efficacité de la lutte contre la fraude : « Un matériel plus performant de contrôle, notamment avec plus d’informations partagées et un meilleur pilotage grâce à des indicateurs plus précis, est susceptible d’offrir une meilleure efficacité de la lutte contre la fraude. La possibilité d’accéder à une base d’informations (procédures, données contextualisées en fonction de la localisation, informations fraudeurs) permet aussi d’améliorer l’efficacité du contrôle. En outre, l’augmentation de la production, et donc du nombre de contrôle, renforce la dissuasion. » • Améliorer le pilotage de l’activité : « Les sites opérationnels doivent ressaisir (délais, erreurs) l’activité de leur équipe et ils le font à un niveau assez agrégé. Une prise en compte, sans ressaisie, des activités de contrôle permet d’améliorer la qualité de l’information des rapports d’activité, et permet d’améliorer les délais de production des données statistiques et de pilotage. Avec une solution ePV, la fourniture automatique de nouvelles données telles que le taux de contrôle, taux de verbalisation, par lieux, zones FFF, réseaux … ». Tous ces attendus, montrent bien la démultiplication des possibilités de pilotage et de suivi de l’activité par l’informatisation des traitements. De plus, elles pourraient encore être accrues à l’avenir par des éventuels compléments de développements logiciels. Ils sont pour l’instant hors périmètre fonctionnel du projet, mais sont déjà identifiés et pourront donner lieu à constitution d’un 2e lot : Paiement bancaire CB, Emission des fiches de mission, Géolocalisation. 72 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Les fonctionnalités de l’ePV nécessitent une sécurisation et une authentification de l’utilisateur. Cette identification conduit donc à la traçabilité individuelle de leur utilisation. En outre, le terminal est équipé d’un GPS qui pourra permettre la géolocalisation, et donc un suivi des déplacements (lieu et temps mémorisables). Toutes ces fonctionnalités renforcent les enjeux de cybersurveillance des salariés. En la matière, le Code du travail et la CNIL fixent le cadre (Cf. Annexe). En effet la loi « Informatique et Libertés » du 6 janvier 1978 modifiée par la loi du 6 août 2004 est applicable dès lors qu’il existe un traitement automatisé ou un fichier manuel (c’est-à-dire un fichier informatique ou un fichier « papier ») contenant des informations relatives à des personnes physiques. Les données à caractère personnel ne concernent donc pas seulement les contrevenants mais aussi les salariés. Enfin la CNIL vient de renforcer en juin l’encadrement de la géolocalisation. On retiendra notamment que l’employeur peut surveiller les désactivations du dispositif de géolocalisation par les salariés. L’entreprise doit aussi restreindre le nombre de destinataires pour les données collectées à des « personnes qui dans le cadre de leur fonction peuvent légitimement avoir connaissance des données au regard de la finalité du dispositif ». Enfin le suivi du temps de travail est uniquement réalisable s’il n’est pas possible par d’autres moyens. AVIS SECAFI L’informatisation de la verbalisation va faciliter les tâches de récapitulation, de mémorisation comme de suivi et de transmission des données d’activité des agents. Comme pour d’autres métiers, elle démultiplie ainsi les possibilités de pilotage et de surveillance par l’encadrement de terrain mais aussi de gestionnaires des sièges. Pour l’heure, le projet ne prévoit de reproduire que les outils déjà utilisés. Mais les objectifs énoncés par la RATP, comme les capacités du matériel et des systèmes informatiques, montrent bien que les outils de pilotage pourraient rapidement évoluer. Comme le préconise la CNIL, y compris pour les enjeux internes de surveillance des salariés, il convient donc de bien encadrer tous ces dispositifs de traitement automatisé des données, de restreindre et d’identifier les destinataires de ces informations, de limiter la géolocalisation et le suivi du temps de travail par ces outils. 73 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 3.2.4. Une systématisation du système de Quittance qui pourrait impacter le taux de recouvrement immédiat Le projet ePV prévoit l’arrêt du système des BIF actuellement en vigueur à SEM. En cas d’infraction constatée et de règlement immédiat par le contrevenant, tout agent saisira une quittance comme le pratique actuellement SCC. Ce passage aux eQuittances modifiera les conditions de versement à SEM avec de nouveaux bordereaux… Mais l’analyse des données d’activités comparées entre SEM et SCC montre des écarts importants dans le taux de recouvrement immédiat : Le nombre d’infractions réalisées par Journée est assez comparable entre agents SEM et SCC ; de l’ordre de 10. En revanche la proportion de BIF réalisés par SEM (43 à 45%) est presque deux fois supérieure à celle des Quittances effectuées par SCC (27 à 29%). Selon nos interlocuteurs, plusieurs motifs pourraient expliquer cet écart : différence de posture de contrôle plus ou moins « commerciale », culture et animation des objectifs, ciblage des points de contrôle à fort flux de fraude, difficulté recouvrement en réseau de surface… AVIS ET RECOMMANDATION SECAFI Au-delà de ces hypothèses, on peut néanmoins soulever le risque d’un passage des BIF aux Quittances pour les agents SEM sur la part des infractions recouvertes immédiatement et au final sur l’efficacité du recouvrement. 74 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 3.3. Des aspects importants du projet restent encore à déterminer 3.3.1. Les Pilotes seront essentiels pour associer les utilisateurs Après une longue période de définition des objectifs débutée en octobre 2013, de choix du matériel, de conception et de développement des systèmes d’information, de révision des procédures, le projet va bientôt entrer dans sa phase de pilote puis de déploiement. Après la consultation du CHSCT, cette nouvelle étape de « Pilote technique » va permettre de tester l’outil en situation réelle, par des utilisateurs de terrain. Elle permettra aussi d’élaborer les contenus des formations. Les 2 sites pilotes techniques sélectionnés sont une équipe de l’attachement SCC de Noisy et une équipe MDT du Nord de la Ligne 5. Il est prévu de doter chaque site de 5 à 10 outils. Mais avec les rotations d’équipe, on peut penser qu’une trentaine d’agents testeront l’outil durant cette période. Les modalités exactes de mise en œuvre de ces Pilotes techniques sont en cours de préparation et ne nous ont donc pas été transmises. De même seul le cahier des charges de formation a été élaboré. Ainsi les nouvelles procédures Métier et les supports de formation sont attendus seulement début 2016. L’objectif est de les finaliser en prenant en compte les retours des Pilotes techniques. 75 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Nos entretiens avec les agents, comme le courrier des Médecins du travail, montrent que les attentes sont fortes par rapport à ces phases Pilotes. Les agents expriment en effet le besoin d’ajuster l’outil au regard des problématiques du terrain et de pouvoir faire des allers-retours entre les utilisateurs et les concepteurs. Ces attentes sont d’autant plus fortes que, durant la conception, les Groupes de Travail ont été presque exclusivement réalisés avec des cadres et maîtrises. Il est prévu une durée de 5 mois pour ces Pilotes techniques. Puis un mois après, de lancer les Pilotes Sites SCC puis SEM. Cette 2e phase de Pilotes concernera des sites complets, avec une utilisation progressive de tous les agents, préalablement formés, de l’attachement SCC de Noisy et de la Ligne 5. Ces 2 Pilotes SEM et CML devraient durer 4 mois, dont 2 mois d’été. Dans la continuité, il est ensuite prévu de déployer tous les attachements CML et toutes les Lignes SEM en 4 mois. AVIS ET RECOMMANDATION SECAFI La méthodologie de conception mise en œuvre jusqu’à maintenant n’a pas encore associé les utilisateurs finaux du futur outil ePV. Les groupes de travail sur la conception des outils comme sur l’évolution des processus ont été presque exclusivement constitués par l’encadrement et les référents Métier. L’implication des agents de contrôle n’est prévue qu’à partir des Pilotes techniques. L’outil aura alors été choisi et les applicatifs conçus en ne laissant que de faibles marges de manœuvre d’adaptation. L’implication des utilisateurs est donc tardive. Pourtant cette association, la plus en amont possible, est essentielle à la réussite de la conception d’un projet de nouvelle technologie, comme le montrent les résultats de la démarche d’ergonomie des logiciels (Cf. Annexe). Dans ce contexte, les travaux menés dans les Pilotes vont donc être très importants. Mais leur méthodologie n’est pas encore établie. Et surtout quelles seront à ce niveau les moyens et les possibilités pour adapter et faire évoluer l’outil et les systèmes d’informations ? Et les délais prévus entre la fin des Pilotes et le déploiement général sont limités à un mois. Tout comme la consultation du CHSCT, l’expertise a été réalisée sans possibilité d’observer l’utilisation de l’ePV ni en conditions réelles ni par des utilisateurs. Nous avons juste pu avoir une démonstration d’un terminal qui fonctionnait encore mal. Une consultation en amont des pilotes est cependant favorable à une meilleure prise en compte des avis des Médecins et du CHSCT. Mais il conviendra de présenter au CHSCT, avant le déploiement, tous les éléments du projet qui sont encore indéterminés, notamment : contenu des formations, organisation de la maintenance, formulaire agent, méthode et résultats des Pilotes, évolutions des processus et de l’organisation des services d’appuis… 76 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 3.3.2. Un accompagnement qui se limite pour l’instant à une formation initiale Le dispositif de formation prévu sera différent pour les agents SEM et CML. En effet, pour CML tous les agents SCC et leur encadrement seront formés directement par des formateurs spécifiques en cours de recrutement. En revanche pour SEM, seuls les agents de maîtrise CSA et MDT et les cadres de secteur et maîtrise du territoire seront formés par l’IFR en tant que « formateurs relais ». Les environ 6000 agents CSA et MDT du département SEM seront formés par leur encadrement sur site selon une formation de type 2 dispensée par les « formateurs relais ». Le cahier des charges de formation prévoit deux volets : • « Théorique » de 3h en salle (max 20 participants) : pour une présentation du projet, axée sur les changements de process et de procédures métiers pour les équipes de contrôle • « Pratique » 3h (max 10) : pour manipuler l’équipement En consultant le cahier des charges, nous avons pu relever plusieurs points : • Des points importants seront rappelés sur le contexte règlementaire et sécuritaire et les évolutions avec ePV : o Codification des infractions avec abandon des niveaux o Distinction entre contravention et délit o Contraintes CNIL et réglementation sur les données à caractère personnel o Les agents formés auront aussi à signer une attestation, actant notamment la reconnaissance des consignes de sécurité à respecter lors de l’usage de l’ePV • Ainsi que sur les enjeux financiers du projet et du contrôle : sécuriser les recettes, valeur de l’équipement... • Il est aussi prévu de donner les « Principes d’ergonomie », mais sans aucune précision pour l’instant. Il est seulement énoncé que la formation pratique sera fondée sur : • o une « journée type » o avec « vérification du bon fonctionnement » A la fin de chaque session de formation, il est prévu un questionnaire d’évaluation des connaissances 77 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 • • Enfin des points de vigilance à l’attention des formateurs sont soulignés sur « la résistance au changement » et « les appréhensions sur la technicité » des publics à former En revanche, il n’est pour l’instant les points suivants ne sont pas mentionnés : o l’impact des changements d’outil et de procédures sur les « gestes métier » o les nouveaux risques liés à l’informatisation d’une activité o la prévention des risques en cas de dysfonctionnement de l’outil, particulièrement dans la relation client avec le contrevenant Les supports de formation seront réalisés par un cabinet externe d’abord pour CML/SCC. Puis ils seront adaptés par SEM/IFR pour son périmètre. L’élaboration finale de la formation devra s’appuyer sur l’expérience de la formation des Pilotes techniques. Mais la méthode d’évaluation des formations n’est pas encore précisée, notamment au regard de l’expérience des utilisateurs après la période d’apprentissage. AVIS ET RECOMMANDATION SECAFI En complément de ce qui a déjà été dit sur les enjeux de formation initiale et d’apprentissage dans l’analyse ergonomique, il serait nécessaire d’intégrer à la formation une partie spécifique à la prévention abordant par exemple : les risques de baisse de vigilance à l’environnement dans l’une utilisation d’un outil informatique ; une formation pratique sur: la « simulation de bug » ; les nouveaux gestes métiers préconisés face aux limitations des possibilités de substitution… Dans le cas de SEM, où les agents seront formés par leur encadrement en 2e niveau, il serait utile de prévoir un module complémentaire de « formation des formateurs ». Après la réalisation des premières formations et une période d’apprentissage suffisante, il sera aussi nécessaire d’évaluer la formation auprès des utilisateurs. Il pourra alors être analysé si des adaptations aux diversités d’usages et de profils sont nécessaires, et si des compléments ultérieurs seraient nécessaires à certains agents. 78 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 3.3.3. Un fort enjeu de logistique et de maintenance pour un outil essentiel à l’activité Le maintien en condition opérationnelle (MCO) est l'ensemble des mesures prises pour garantir que le passage en mode dégradé n'entraîne pas une altération inacceptable des conditions de travail habituelles. Dans le cadre d'un plan de continuité d'activité (PCA), le MCO couvre principalement la stratégie de sauvegarde utilisée et la méthodologie de déploiement de celle-ci sur un environnement dégradé ainsi que la réplication de la configuration des équipements. Il prévoit aussi, dans le cadre d'une production continue, le remplacement des pièces défectueuses, le diagnostic des pannes, la formation, la documentation. Comme évoqué plus haut les attentes des utilisateurs sont fortes vis-à-vis du projet ePV, avec des enjeux de logistique et de maintenance qui portent notamment sur : • La préparation, la mise à disposition et le remplacement du matériel (terminal, consommables et accessoires) avec une organisation interne : référent local, procédures de gestion du parc et de la maintenance, stocks, système de dépêches • L’installation et l’entretien des supports de connexion et de charge des terminaux • La robustesse d’un matériel emporté en mission et utilisé en intérieur comme en extérieur : terminal, batterie et pile de sauvegarde • L’adaptation des accessoires : stylet, housse, sacoche… • La logistique de dépannage par M2E avec des prestations externes : fréquence de passage selon les profils de site, délais de réparation, organisation de la logistique et partage des informations (délais, types de pannes…) via SAGAI Pour l’instant, ces points sont en cours de préparation avec M2E selon le calendrier suivant : • T4 2015 : participation aux recettes usine, à la qualification de la solution • T4 2015 : rédaction des procédures de maintenance et de gestion du parc • 2016 / 2017 : déploiement – paramétrage, installation et test des équipements • 2016 : suivi de fiabilité des équipements 79 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 AVIS ET RECOMMANDATION SECAFI L’ePV sera un outil essentiel à l’activité de contrôle et de verbalisation. De plus, il entre dans la relation avec le contrevenant, avec un enjeu de sécurisation des données personnelles recueillies. Les exigences de fiabilité du matériel sont donc forts tout comme l’efficacité de la logistique et de la maintenance qui vont être mises en œuvre. En l’état actuel de préparation des conditions de Maintenance, nous ne pouvons qu’émettre des points de vigilance sur l’opérationnalité de l’organisation qui va être mise en place et pourra être testée lors des Pilotes. Il nous semble aussi important de veiller aux diversités des besoins entre petits et grands sites, entre sites SCC et SEM, entre agents de contrôle permanents et « temporaires ». Nous attirons aussi l’attention sur l’intérêt du retour d’expérience sur la Maintenance, non seulement sur son efficacité mais aussi sur ce qu’elle peut renvoyer des conditions d’utilisation et des besoins des utilisateurs. Dans ce but, il est aussi important de prévoir un partage des informations et une analyse croisée avec les utilisateurs des pannes et de la maintenance. 80 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 3.4. Préconisations pour le Retour d’expérience et la Prévention des risques 3.4.1. Une prévention des risques à mieux intégrer au projet L’évaluation des risques professionnels fournie au CHSCT ne relève « aucune modification » Une évaluation des risques professionnels est jointe au dossier de consultation du CHSCT. Cette évaluation ne recense « aucune modification »dans la hiérarchisation des différents risques énumérés (selon le Référentiel Risques RATP). Et elle conclut que le projet ePV n’a « pas d’impact sur la hiérarchisation des risques ». Elle relève néanmoins que « le temps de la transaction diminue de deux minutes en moyenne ». Cette conclusion serait fondée sur quelques essais réalisés avec le Responsable de projet. Ces essais ont été réalisés « en bureau » et avec l’outil alors disponible. En effet, il est considéré que « Les risques pris par les contrôleurs dans l’exercice de leur métier diminuent avec un moindre temps de verbalisation ». L’objectif énoncé en interne est ainsi de « délivrer une quittance en moins de 2mn et un PVI en moins de 3mn ». Par ailleurs, l’évaluation met en avant la réduction du nombre et du poids des agrès transportés : 3 en moins par agent et gain de 527g. Enfin, en mesures d’accompagnement pour les équipes sont précisées les formations pour les agents et les managers. Elles visent notamment à limiter les risques accrus en période d’apprentissage. L’équipe projet a aussi identifié un autre apport de l’ePV pour renforcer la vigilance du Pilote d’équipe : « Le pilote doit garder un œil vigilant sur le déroulement des opérations et prévenir les conflits, tout en devant aujourd’hui consigner l’activité de l’équipe. L’ePV permettra de décharger le pilote de sa tâche de saisie d’activité pour se concentrer sur le bon déroulement des opérations, ce qui réduira les risques pris par l’équipe des contrôleurs ». 81 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Cependant le travail de fond engagé sur les procédures et les processus n’est pas mentionné. Peut-être parce que la Prévention des risques professionnels n’est pas explicitement intégrée dans la démarche. Ou que l’équipe interne d’Ergonomie n’est pas intervenue durant la phase de conception ? Des préconisations déjà formulées par l’IFAS et par les médecins du travail En amont de la consultation du CHSCT, la RATP a fait réaliser par l’Institut Français d’Action sur le Stress un « Diagnostic des RPS liés au projet Equipement PV électronique ». Les conclusions de cette étude (30/04/2015) ont été jointes au dossier de consultation. Cette étude a été réalisée à partir de : • 21 entretiens individuels, essentiellement d’encadrement, 2 agents SCC ont été vus • 3 entretiens collectifs avec des médecins du travail, des représentants syndicaux et des représentants de la direction • une visite au Pôle Recouvrement • une étude documentaire Les conclusions de ce diagnostic préalable des possibles impacts du projet en matière de RPS proposent une série de préconisations, notamment : la désignation d’un référent ePV par site des formations complémentaires pour les agents en difficulté un déploiement progressif avec un retour d’expérience rappel des procédures métier du contrôle, notamment du « binômage » pour assurer la sécurité de l’agent qui saisit vigilance sur les indicateurs d’activité (individuel/ collectif) Les Médecins du travail du périmètre SEM et SCC ont été invités à une réunion avec l’IFAS. Sollicités par l’équipe projet ePV sur les conseils du Préventeur, onze d’entre eux se sont aussi réunis et ont rédigé un courrier de 4 pages pour donner leur avis sur le projet ePV. Dans ce courrier détaillé, ils relèvent ainsi notamment : • « les améliorations attendues des conditions de travail des agents • des interrogations sur les impacts et les conséquences en termes notamment de travail, de charge mentale et cognitive, de formation et de problématiques spécifiques liées aux situations particulières • leur inquiétude commune concernant les répercussions pour les agents en inaptitude travaillant au pôle recouvrement comme agents de taxation » 82 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Et les médecins formulent également une série de préconisations et propositions que nous pouvons synthétiser ainsi : réaliser une évaluation amont des impacts de l’outil sur le travail prévoir des formations adaptées aux profils des agents prévenir les risques (malveillance, agression) par la redéfinition des consignes et l’anticipation des craintes assurer une veille attentive et effective par le management des situations difficiles mettre en place une démarche pluridisciplinaire d’évaluation et de prévention en amont réaliser un retour d’expérience diversifié auprès des utilisateurs des différents corps de métier prévoir des adaptations locales si besoin Lors de notre entretien avec les Médecins du travail, en juillet, ceux-ci n’avaient reçu aucune réponse à leur courrier. Les responsables du projet nous ont dit que les préconisations de l’IFAS avaient toutes été retenues. Et que celles des Médecins restaient à étudier. 3.4.2. Les recommandations complémentaires de SECAFI Nos analyses précédentes et les recommandations déjà formulées plus haut vont dans le même sens et complètent les préconisations du diagnostic des RPS et des Médecins du travail. En écho aux propos des Médecins, il nous semble effectivement essentiel de lancer au plus vite « une première étape efficiente de cette démarche ‘’Evaluation /Prévention’’ pluridisciplinaire en amont de la mise en application opérationnelle du projet ». Les recommandations suivantes visent donc à récapituler comment cette démarche pourrait être mise en œuvre à court et moyen termes. Elles placent ainsi au cœur de projet les utilisateurs de l’outil, ou plutôt du système ePV qui intègrent à la fois le terminal et le système d’information mais aussi l’organisation du travail, le management et la prévention. Certaines recommandations pourront être mise en œuvre dès maintenant sur les Pilotes, d’autres en préparation du déploiement général et certaines seulement à plus longue échéance en fonction des possibilités d’adaptation et d’évolution du matériel et des logiciels. 83 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 1. Intégrer la compétence ergonomique au sein de l'équipe projet 5. Organiser une veille et un appui managérial pour les situations problématiques et les agents en difficulté 2. Construire une boucle de prévention associant les différents acteurs Agents utilisateurs en situations 4. Renforcer l'accompagnement durant la période d'apprentissage et de transition 3. Prévoir un retour d'expérience large durant les Pilotes (outil, logiciel, métier, aléas...) RECOMMANDATIONS SECAFI Les 5 recommandations ci-dessous visent à améliorer la réussite économique et sociale du projet ePV qui vise à moderniser toutes les activités liées à la verbalisation. Elles s’inscrivent ainsi dans une démarche d’amélioration des conditions de travail et de prévention des risques le plus en amont possible. Les recommandations proposent ainsi d’enrichir la structure Projet dans une approche pluridisciplinaire et associant les principaux acteurs (équipe projet, management de terrain, RH et formateurs, acteurs de la prévention, agents utilisateurs). Chacune de ces recommandations est déclinée en propositions concrètes, en points de vigilance ou en pistes d’actions. 1. Intégrer la compétence ergonomique au sein de l'équipe projet • Centrer sur les usages le retour d’expérience réalisé dans les pilotes avec l’appui de compétences ergonomiques • Vérifier que l’utilisation de l’ePV préserve les prérogatives de décision et de discernement nécessaires à l’activité de contrôle et à ses exigences d’adaptation et de sécurité : maîtrise de la durée des échanges, lâcher-prise, mesures de clémence, substitution, jeux d’acteurs, binômage… • Mettre en œuvre une étude de l’ergonomie logicielle orientée utilisateur telle que détaillée précédemment et en annexe : à la fois pour le terminal ePV, mais aussi pour l’harmonisation des interfaces utilisées en services supports (TPE, OASIS, SIG, Base phrases type,…) 84 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 • Prévoir des études de terrain avec un panel représentatif d’utilisateurs pour vérifier les principaux paramètres d’utilisation du matériel : durée de saisie des PV et des quittances, tenue en main de l’agrès, fiabilité dans la durée du matériel et des batteries… • Envisager si des adaptabilités du système ePV (matériel, accessoires, logiciels, paramétrages…) sont nécessaires et possibles à plus ou moins court terme, pour prendre en compte les diversités de situations (sous-terrain/extérieur, statique/dynamique…) et de profils des agents (métier, niveau d’expérience, vision…) • Donner la possibilité aux téléacteurs du Recouvrement de disposer d’une reproduction exacte (image) du PVI imprimé dont disposera le contrevenant • Renforcer les dispositifs de réduction des bruits ambiants au plateau téléphonique du Recouvrement, suite à une étude fine de cette problématique, dans une perspective de développement de l’activité et réaliser l’adaptation du plan de travail du poste d’accueil des contrevenants au pôle Recouvrement (attendus depuis fin 2013) 2. Construire une boucle de prévention associant les différents acteurs • Associer davantage les utilisateurs dès la conception, en assurant une information préalable du projet au CHSCT, et en l’associant à cette démarche « centrée utilisateurs » • Travailler conjointement sur un Formulaire agent qui précise les engagements mutuels des agents mais aussi de l’entreprise, notamment en matière de responsabilité (vol, dégradation…) et de suivi de l’activité (non activation GPS et géolocalisation, finalités des données collectées, restriction des destinataires de ces données…) • Partager avec le CHSCT le retour d’expérience des phases Pilotes et les tableaux de bord du déploiement • Travailler sur les adaptations nécessaires des pratiques métiers en cas de Substitution impossible avec l’ePV • Prévoir des mesures de précaution en cas de dysfonctionnement de l’outil ; par exemple quelles modalités d’arrêt/retrait de la verbalisation si un terminal commence à dysfonctionner 85 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 • Etudier les impacts d’une meilleure efficacité de l’ePV qui à la fois renforce l’image et l’autorité (théâtralité) du contrôleur mais peut aussi accroître « la peur/ l’enfermement » du contrôle (pression, vérification de l’adresse, recueil du N° de portable) et le risque d’agressivité • Dans la période de maintien d’une partie de l’activité Taxation du Recouvrement, il conviendrait de procéder à des améliorations des postes de travail, notamment des sièges, certains agents présentant des douleurs dorsales qui pourraient se trouver accentuées 3. Prévoir un retour d'expérience large durant les Pilotes (outil, logiciel, métier, aléas...) • Inclure dans le retour d’expérience : le matériel et les accessoires, les logiciels, les formations, les gestes métier et le fonctionnement collectif, la logistique et la maintenance, les situations d’aléa • Bâtir une démarche pluridisciplinaire de retour d’expérience (intégrant notamment ergonomie et Qualité de Vie au Travail) • Veiller aux risques de biais dans la sélection des utilisateurs des pilotes (très motivés, peu critiques, triés par la hiérarchie, adeptes de nouvelles technologies…) • Eviter une écoute des remontées utilisateurs avec une vision trop centrée sur l’outil et pas assez sur les usages (courants et aléas) et sur les diversités (profils, situations) • Prévoir des tests étendus sur les temps de transaction avec ePV, en faisant la distinction entre temps de rédaction et temps de négociation • Associer les préventeurs à la démarche, notamment Médecins du travail et CHSCT pour proposer des actions d’amélioration et des mesures de prévention • Prévoir un retour d’expérience sur les formations (SCC et SEM), au-delà des évaluations de fin de session, après une période suffisante d’utilisation (questionnaire, entretiens) 4. Renforcer l'accompagnement durant la période d'apprentissage et de transition • Identifier les besoins de maintien des souches papier plus ou moins transitoires, le calendrier prévisionnel et les impacts sur l’organisation et les charges de travail notamment des services supports • Organiser et faire connaître le circuit de remontées pour les utilisateurs en prévoyant des retours sur la prise en compte de ce qui a été remonté 86 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 • Prévoir la possibilité d’accompagnement durant une 2e période d’apprentissage selon les besoins : tutorat, mixage des équipes (agents +/- familiarisés), formation renforcée • Eviter toute baisse d’effectif dans les services supports sans certitude qu’une baisse de charge prévue est bien constatée : • le Recouvrement, durant la phase de Pilote technique, devra d’abord intégrer manuellement les ePV saisis qui ne seront pas transmis par informatique • ensuite l’activité taxation va progressivement diminuer, mais des PV papier vont encore devoir être traités donc avec 2 circuits parallèles à maintenir • la diminution des RI 50 et autres PV invalides va augmenter le nombre de PV à recouvrer • au Contrôle des ventes la charge pourrait augmenter par la nécessité d’ouvrir un nombre bien plus élevé de sessions avec les e-quittances qu’avec le système de BIF actuel • et le temps consacré à la gestion des anomalies devrait devenir plus complexe (boîte noire) et donc plus long 5. Organiser une veille et un appui managérial pour les situations problématiques et les agents en difficulté • Sensibiliser l’encadrement de proximité à une écoute « bienveillante » sur les pannes et dysfonctionnements rencontrés par les agents pour cet outil qui est central dans leur activité • Recevoir et traiter les usages considérés a priori comme « non conformes » du ePV pour identifier les éventuels besoins d’adaptation ou risques du projet • Veiller dans l’attribution des objectifs, surtout durant la période d’apprentissage, à la bonne articulation des trois champs Production/ Couverture du territoire/ Niveau de prestation, afin d’assurer notamment la prévention de l’exposition à des situations conflictuelles, auxquelles les agents sont confrontés quotidiennement • Porter une attention particulière aux équipes mobiles SEM qui sont déjà peu familiarisées avec la pratique même du contrôle • Anticiper les impacts sur les capacités de reclassement dans les services support (recouvrement, comptabilité, contrôle des ventes), et le risque que de nombreux agents présentant des inaptitudes et présents actuellement dans le service Recouvrement ne pourront pas aller sur le plateau téléphonique 87 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 ANNEXES 88 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Planning de la mission et personnes rencontrées Dates 25/06/2015 après-midi 30/06/2015 après-midi 9/07/2015 16/07/2015 9/07/2015 après-midi 15/07/2015 15/07/2015 soirée 16/07/2015 matin 16/07/2015 Après-midi 17/07/2015 matin 17/07/2015 après-midi 21/07/2015 21/07/2015 22/07/2015 22/07/2015 22/07/2015 27/07/2015 26/08/2015 26/08/2015 27/08/2015 27/08/2015 Matin 28/07/2015 matin 28/07/2015 après-midi 04/09/2015 Matin 04/09/2015 Matin Personnes et qualités Lieu Entretiens individuels (OCQ) et collectifs (agents) Attachement de Noisy le Grand Pôle recouvrement (Jules Vallès) Pôle recouvrement (Jules Vallès) Service comptabilité quittance Jules Vallès Ligne 5, pôle nord Observation du travail : Equipe CSA, ligne 5 Ligne 5 Observations de travail : briefing et accompagnement contrôleur SCC Bastille Entretien avec le management de l’attachement de Noisy le Grand Entretien avec le management du pôle Recouvrement Entretiens et observations au sein du pôle Recouvrement Observations de travail et entretiens avec agents présents Entretien collectif OCQ Entretiens individuels 2 agents de maîtrise Entretien agent de maîtrise Entretien collectif agents MDT SEM MDT L4 station Les Halles Observation de travail : suivi d’une équipe MDT SEM MDT L4 Mme GOUX, responsable de projet ePV Dr JOUANNIQUE, KERLO-BRUSSET, TENNENBAUM, et ALLANIC, médecins du travail M. WIEBER, DUO SCC M. LE MAITRE, Préventeur SEM Mme SALGADO, Département Unité MSC-SEM, support Lignes métro et RER Entretiens avec la responsable de service et deux chefs d’équipe Observations de travail dans les unités du service Maison RATP, Bercy 2 entretiens collectifs Agents SCC (8 agents), entretien individuel OCQ, SCC Bastille Maison RATP, Bercy CML, Jules Vallès Maison RATP, Bercy Maison RATP, Bercy Service contrôle des ventes Jules Vallès Attachement de Noisy le Grand 3 Observations du travail en accompagnement des équipes Réseau RATP 2 entretiens collectifs Agents SCC (4+ agents), entretien individuel OCQ, Attachement de Noisy le Grand Entretien collectifs OCQ SCC Bastille Entretiens individuels (3 agents sur SEM L4) Entretien collectif OCD (Bastille) SEM MDT L4 et SCC Bastille Observations du travail équipe SCC Bastille Réseau RATP Observations du travail : équipe MDT Ligne 4 Réseau RATP 89 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Documentation à notre disposition • Un descriptif détaillé du matériel retenu (documentation technique du matériel iWL280), sur les différents matériels et critères ayant conduit au choix de celui-ci (Grille de notation) • Le cahier des charges élaboré pour le développement des applications RATP sur le matériel (Cahier des Spécifications Fonctionnelles et Techniques – Equipement ePV et Matrice des caractéristiques matérielles) • Le Plan Management Projet ePV-003 V4 • Données annuelles 2012, 2013, 2014 sur ne nombre de PV, de BIF/ Quittances, la répartition des modes de paiement par Département (RER, SCC, SEM, SEC) • Les cahiers des charges supports de formation dédiés au nouvel outil (ePV-CDC-158 EDB formation SEM V2) • Le calendrier « CHSCT » du déploiement du projet ePV • Les procédures métiers actuelles SCC (Guides Juridique, Contrôle fiable, Pratiques professionnelles) et projetées (ePV : procédures - V0.8) • Le RAPPORT 2014 DE LA SITUATION GENERALE DE L'HYGIENE, DE LA SECURITE ET DES CONDITIONS DE TRAVAIL • La Charte RATP pour le bon usage des Technologies de l’Information et de la Communication • Les protocoles Mutualisation du contrôle des ventes et Adaptation activités fonctionnelles et transversales • Point maintenance ePV – M2E (07/01) • Le rapport de diagnostic des RPS liés au projet élaboré par l’IFAS • Le courrier collectif de 4 pages adressé par des médecins du travail SST des départements SEM-CML sur le projet ePV à la direction de projet 90 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Délibération du CHSCT SEM CML du 01 juin 2015 « Demande Expertise sur le @PV Le CHSCT SEM-CML est consulté sur le projet « du contrôle et des titres de transport et verbalisation électronique, recouvrement des PV et comptabilisation des quittances » Le projet concerne directement : • Les agents en mission de contrôle des départements SEM et CML • Les agents du recouvrement, de la taxation et comptabilisation des quittances Soit un impact sur environ 6500 agents de l’Établissement SEM CML. Les changements concrets envisagés sont considérables. Ils portent notamment sur la rédaction des PVI, leur comptabilisation, leur taxation, leur recouvrement. Ils portent également sur l'effectif des agents puisque des postes doivent disparaître (au moins 7 postes ETP sur SEM et CML). Sans négliger la formation de l'ensemble des agents utilisant ce nouvel outil. Afin de pouvoir donner un avis sur les conséquences de ce projet sur le travail réel des agents, sur les conditions de travail et sur l’exposition des agents aux risques professionnels, les représentants du personnel au CHSCT souhaitent disposer d’une expertise réalisée par un cabinet agréé par le ministère du Travail, conformément à l’article L4614-12 du code du Travail. L’objet de l’expertise est le suivant : D'une part : • étudier la constitution technique de l'appareil en lui-même et de sa partie logiciel, en réalisant une expertise ergonomique, comme sa praticité in situ, son utilisation à prise et fin de service, son autonomie, son utilisation pour les droitiers et les gauchers, l'impact de ses matériaux sur l’environnement, ainsi que la possible nocivité de son système d'impression (BPA, encre, etc.) , sans que cette liste ne soit exhaustive, • une évaluation continuelle de la praticité de l'outil et des difficultés éventuellement rencontrées au fur et à mesure de son déploiement est nécessaire, • étudier la sécurisation des données et des risques de perte de celles-ci. D'autre part : • caractériser les changements réels induits par l'impact sur l'arrivée de cette nouvelle technologie auprès des agents en mission de contrôle (CML et SEM) et du « back office » (Pôle de recouvrement, agents de taxation, comptabilisation des quittances, etc.), • étudier la visibilité sur le reclassement des agents perdant leurs missions, • étudier l'augmentation de la charge de travail pour les agents restants, • étudier spécifiquement les risques psychosociaux, 91 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 • analyser la prévention des risques professionnels en vue de son inscription dans le document unique, • étudier les impacts de la nouvelle organisation du travail, ainsi que des outils, nouveaux ou non, nécessaire à sa réalisation, étudier les modalités de transition et le dispositif d’accompagnement, étudier les contenus et les modalités des formations à réaliser, formuler toute proposition qui paraîtrait utile pour l’amélioration des conditions de travail et de santé, et la prévention des risques professionnels. Dans le respect de l'article L.4121-1 et L.4121-2, trouver les mesures adaptées à la protection des salariés. Mandat est donné au membre du CHSCT SEM/CML, Marc DOREY, pour prendre toutes dispositions utiles et nécessaires à l'exécution de cette décision, notamment pour prendre contact avec un expert afin de voir le Comité désigner un cabinet. Éventuellement il pourra engager toutes les procédures administratives ou judiciaires requises pour la bonne application des missions et prérogatives du CHSCT. Pour : 6 Contre : 3 Abstention : 0 » 92 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Ergonomie des logiciels Il existe trois angles d’études portant sur les interactions homme/logiciel : > Un angle portant sur les caractéristiques physiques du poste de travail (postures de travail, ambiances thermiques, lumineuses, acoustiques, etc.) : on se situe au niveau plus large du contexte de mise en place du logiciel ; > Un angle portant sur les caractéristiques physiques du logiciel (codage couleur, taille des caractères, densité des données, etc.) : on se situe au niveau du confort d’utilisation du logiciel. ; il existe des normes relatives à ces points (AFNOR) ; > Un angle portant sur la compatibilité entre le logiciel, les procédures de travail et les caractéristiques mentales des utilisateurs. Les deux questions qui se posent sont : le logiciel est-il simple d’utilisation (utilisabilité)? Permet-il d’effectuer les tâches qui sont demandées à l’utilisateur (utilité)? L’ergonomie des logiciels étudie principalement le troisième angle. Elle concerne « l’adaptation du logiciel à l’usager en tant qu’il traite de l’information. En d’autres termes, l’objectif est d’adapter les comportements de l’ordinateur, c’est-à-dire ses manifestations externes, au fonctionnement cognitif de l’usager dans le sens évidemment d’une assistance la plus efficace et la moins contraignante » possible (Bisseret, 1982). « L’ergonomie est la mise en œuvre de l'ensemble des connaissances scientifiques relatives à l'Homme et nécessaires pour concevoir des outils, des machines et des dispositifs qui puissent être utilisés par le plus grand nombre avec le maximum de confort, de sécurité et d'efficacité » (Wisner, 1972) Une interface informatique doit satisfaire à deux grands critères : l’utilité et l’utilisabilité. Un système de bonne qualité ergonomique devra être à la fois utile et utilisable. La notion d’utilité > Les fonctionnalités proposées par le système doivent être utiles : l'interface doit servir à faire quelque chose, et ce quelque chose doit être pertinent au regard des objectifs de l'utilisateur. L'application doit servir un besoin. > Un système peut respecter tous les critères d'utilisabilité mais être inutile. C'est l'adéquation entre l'activité et l'outil qui permettra de dire que cet outil est utile. 93 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 > Les méthodes d'analyse de l'activité nous permettent de cerner quelles fonctionnalités doit fournir l'application, autrement dit quelles fonctionnalités sont utiles. > Dans le cas de l’utilisation de plusieurs logiciels, il est nécessaire de s’interroger sur les éventuelles fonctionnalités redondantes et plus largement sur leur articulation. > L’ergonome va s’intéresser à l’adéquation entre la tâche à réaliser, la façon dont celle-ci est effectuée (activité), et les fonctionnalités du logiciel). Il est fréquent de constater une inadéquation partielle entre la tâche à réaliser et ce que permet effectivement de faire le logiciel. La notion d’utilisabilité > Le système doit être facile à utiliser. L'interface doit donc permettre à l'utilisateur d'exploiter au mieux les fonctionnalités du système. Une interface utilisable doit permettre à l'utilisateur de réaliser une action rapidement et efficacement. > > De façon générale, l'utilisabilité d'un système comprend : • sa facilité d'utilisation, • sa facilité d'apprentissage, • son efficacité d'utilisation, • son utilisation sans erreurs, • la satisfaction de ses utilisateurs. L'utilisabilité se décline aussi différemment en fonction du contexte et de l’utilisateur. > Dans le cas de l’utilisation de plusieurs logiciels, il est nécessaire de s’interroger sur les différentes logiques d’utilisation des logiciels qui peuvent induire en erreur l’utilisateur (risque de confusion lié par exemple à une architecture proche mais malgré tout différente, sur l’utilisation d’un vocabulaire identique mais recouvrant des réalités différentes, etc.). > L’ergonome regarde s’il existe des systèmes d’aide à l’utilisateur, si celui-ci a la possibilité d’interrompre le travail en cours, si le logiciel dispose d’un système de sauvegarde, si l’utilisateur peut effectuer une autre tâche en parallèle, etc. 94 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 > L’utilité réelle d’un logiciel et sa facilité d’utilisation sont d’autant plus grands qu’il est conçu pour être compatible avec les modes de fonctionnement des utilisateurs au plan physiologique (perception, compatibilité des commandes, lisibilité...), au plan des tâches (lecture, saisie, dialogue...), au plan du langage (codes, lexique...), au plan cognitif (modélisation des raisonnements) et psychique (projets personnels...). Les impacts de la mise en place d’un logiciel peu ou pas adapté à l’utilisateur et à la tâche qu’il doit effectuer Impacts sur l’activité : > Erreurs et pertes de temps liées à la difficulté de prise en main du logiciel, > Données manquantes du fait de l’impossibilité d’intégrer les cas nouveaux ou non standards, > Utilisation d’autres outils en parallèle (par exemple outil ‘papier-crayon’) pour palier aux ‘défauts’ du logiciel et, de ce fait, augmentation de la charge de travail, etc. Impacts sur les relations sociales au travail : > La transformation du travail induite par la mise en place d’un logiciel a des répercussions humaines et sociales (logiciel remplaçant les échanges entre les personnes, pertes des informations qui se passaient de façon officieuse mais qui étaient nécessaires à la bonne marche du travail, tensions liées aux difficultés de maîtrise du logiciel, etc.) Impacts sur l’entreprise : > Désorganisation, coûts liés aux erreurs et pertes de temps, > Investissement ‘perdu’ dans un logiciel qui s’avère mal ou non adapté aux tâches à effectuer, > Apparition de risques psycho-sociaux, climat social se détériorant, etc. Impacts sur l’utilisateur : > Fatigue cognitive, > Stress, > Démotivation, etc. 95 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Brève bibliographie et références • E. Brangier. L'ergonomie des logiciels : approche psycho-ergonomique de l'interaction homme-ordinateur. Note bibliographique. • C.Bastien & D.Scapin. La conception de logiciels interactifs centrée sur l’utilisateur : étapes et méthodes. • J.M. Burkhardt & J.C. Spérandio. Ergonomie et conception informatique. • Normes AFNOR • Site web Ergolab 96 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 L’encadrement de la cybersurveillance par la CNIL Des moyens de cybersurveillance à encadrer Les fonctionnalités de l’ePV nécessitent une sécurisation et une authentification de l’utilisateur. Cette identification conduit donc à la traçabilité individuelle de leur utilisation. En outre, le terminal est équipé d’un GPS qui peut permettre la géolocalisation, et donc un suivi des déplacements (lieu et temps mémorisables). Toutes ces fonctionnalités renforcent les enjeux de cybersurveillance des salariés. En la matière, le Code du travail et la CNIL fixent le cadre. La loi « Informatique et Libertés » du 6 janvier 1978 modifiée par la loi du 6 août 2004 est applicable dès lors qu’il existe un traitement automatisé ou un fichier manuel (c’est-à-dire un fichier informatique ou un fichier « papier ») contenant des informations relatives à des personnes physiques. En effet, ces applications enregistrent de nombreuses informations à caractère personnel sur les clients mais aussi sur les salariés. La loi Informatique et Libertés fixe un cadre à la collecte et au traitement de ces données afin de les protéger, dans la mesure où leur divulgation ou leur mauvaise utilisation est susceptible de porter atteinte aux droits et libertés des personnes, ou à leur vie privée. L’article L1121-1 du code du travail (anciennement L120-2) précise également que « la mise en place d’un dispositif de contrôle des salariés ne doit pas conduire à apporter aux droits et libertés des personnes de restrictions qui ne seraient pas proportionnées au but recherché et justifiées par l’intérêt légitime de l’entreprise ». Le respect, par les entreprises et administrations, des règles de protection des données à caractère personnel est un facteur de transparence et de confiance à l’égard des salariés. C’est aussi un gage de sécurité juridique pour les employeurs qui sont responsables de ces traitements informatiques et de la sécurité des données personnelles qu’ils contiennent. Ils peuvent ainsi voir leur responsabilité, notamment pénale, engagée en cas de non-respect des dispositions de la loi. 97 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Le rôle de la CNIL et les obligations à respecter La CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) est l’autorité chargée d’assurer le respect des dispositions de la loi « Informatique et Libertés ». Elle a ainsi précisé dans quelles conditions des dispositifs de contrôle de l'activité des salariés peuvent être mis en place (fichiers du personnel, badges, pointeuses, autocommutateurs, vidéosurveillance...). Concernant ces outils de cybersurveillance, l’employeur doit au préalable consulter les représentants du personnel et informer les salariés. Ces dispositifs doivent également être déclarés à la CNIL. L’article L2323-32 du code du travail (anciennement L 432-2-1) stipule que : « Le comité d'entreprise est informé et consulté, préalablement à la décision de mise en œuvre dans l'entreprise, sur les moyens ou les techniques permettant un contrôle de l'activité des salariés ». Les employés doivent, dans tous les cas de figure, être informés individuellement de l'existence des traitements contenant des données personnelles les concernant par note, affichage, publication dans le journal interne, courriel. Pour faciliter l’application de cette Loi en entreprise, lors de sa refonte en 2004, il a été institué, la possibilité de désigner dans chaque entreprise concernée un correspondant à la protection des données ou Correspondant Informatique et Libertés (CIL) Il a vocation à être un acteur interne et un relais incontournable de la culture « informatique et libertés ». Sa désignation est facultative, mais exonère de déclaration la plupart des fichiers. Un renforcement de l’encadrement de la géolocalisation La CNIL vient de renforcer l’encadrement de la géolocalisation selon la nouvelle norme simplifiée n°51 de juin 2015. Ainsi la durée de conservation des données est limitée à 2 mois, l’activation d’un dispositif antivol ne peut intervenir que lorsque le vol constaté, le contrôle des km parcourus est impossible, mais l’employeur peut surveiller les désactivations du dispositif de géolocalisation par les salariés. Le nombre de destinataires pour les données collectées doit être restreint à des « personnes qui dans le cadre de leur fonction peuvent légitimement avoir connaissance des données au regard de la finalité du dispositif ». Et l’entreprise doit préserver la sécurité des données et empêcher l’accès par des tiers. Enfin le suivi du temps de travail est uniquement réalisable s’il n’est pas possible par d’autres moyens. 98 SECAFI CTS / RATP SEM-CML – Rapport d’expertise CHSCT ePV – 16.10.2015 Glossaire A3C Alternance courte au contrôle classique AFM Amende Forfaitaire Majorée AM Agent de Maîtrise AMOA Assistant du Maître d’Ouvrage AT Accident du Travail BIF Bulletin d’Indemnité Forfaitaire CIC Centre d’Information du Contrôle CML Commercial (Département) M2E Maintenance des Equipements et systèmes des Espaces MCO Maintien en Condition Opérationnelle MDT Maîtrise Du Territoire MOA Maître d’Ouvrage MOE Maître d’Œuvre OC Opérateur de Contrôle OCD Opérateur de Contrôle (métier de Développement) COSU AT COmité de SUivi des Accidents OCQ Opérateur de Contrôle Qualifié du Travail OFQ Opérateur Fonctionnel Qualifié CPP Code de Procédure Pénale OFQD Opérateur Fonctionnel Qualifié CSA Contrôle Sécurisation Assistance (métier de Développement ) CSOM Congé spécial d’ordre médical PEP Prime d’efficacité personnelle DDI Dossier de Décision d’Investissement PVI Procès-Verbal d’Infraction EAP Entretien d’Appréciation et de Progrès REX Retour d’EXpérience ePV PV électronique RH Ressources Humaines ETP Equivalent Temps Plein RPS Risques Psycho-Sociaux GIS Gestion Innovation Sociale RRH Responsable Ressources Humaines (Département) SCC Service du Contrôle Clientèle (CML) GPSR Groupe de Protection et de Sécurisation des Réseaux SCOR Service et Contrôle Opérationnel des Réseaux (accord) IAPR Institut d’Accompagnement Psychologique et de Ressources SEC Sécurité (Département) IHM Interface Homme Machine JUR Juridique (Département) LDM Lecteur Décodeur Magnétique LDPC Lecteur Décodeur Portable de Contrôle MD Métier en Développement MO Manager Opérationnel SEM Services et Espaces Multimodaux (Département) SI Système d’Information SIT Systèmes d'Information et Télécommunications (Département) de SRC Service Relation Clients / CML STIF Syndicat des Transports d’Ile-de-France TPE Terminal de Paiement Electronique OASIS Outils d'Analyse, de Suivi des Infractions, et de Statistiques UO Unité Opérationnelle 99