Musique: l`optimisme

Transcription

Musique: l`optimisme
PAYS:
£t:m.nl,
éco&entreprise
France
PAGE(S):
SURFACE:
1-12
23 %
PERIODICITE:
RUBRIQUE:
Médias & pixels
DIFFUSION:
275310
JOURNALISTE:
Véronique Mortaigne
Quotidien
... 9 juin 2015 - N°21894
MÉDIAS & PIXELS
LE PDG DE SONY MUSIC
VOIT LE STREAMING
COMME UNE
« RÉSURRECTION»
POUR LE SECTEUR
Musique:
l'optimisme
du PDG de Sony
Au Midem, Doug Morris estime
que le streaming réveille le marché
carne en quelque sorte la permanence de la musique.
« Nous vivons un moment extrasemble des acteurs ordinaire pour notre industrie. Ce
de la musique, car il va rendre le qui va arriver et vite, ce sont des
streaming populaire. » Voilà com- bonnes nouvelles pour la musique.
ment Doug Morris, l'actuel patron le suis très optimiste sur lefait que
mondial de Sony Music Entertain- le streaming porte en soi la résurment, la deuxième major mon- rection du secteur. Aufond, ce qui a
diale, invité à Cannes au Marché changé dans la musique, c'est la
international du disque et de l'édi- manière de la distribuer et de la
tion musicale (Midem), pour une vendre. Mais sans contenu, il nya
conférence le dunanche 7 juin, a pas de distribution », dit-il. Cet opcommenté l'arrivée attendue di\p- posant historique à la gratuité
(<< Free is death », n'a-t-il cessé de
pie sur le marché du streaming.
Fils d'un avocat et d'une profès- marteler) prend pour exemple de
seure de danse, M.Morris a grandi sortie du tunnel celui de l'indusdans la communauté juive de trie de la musique en Suède, de reLong Island en écoutant Chuck tour à des niveaux de revenus
Berry et ElvisPresley. Celui qui est identiques à ceux d'il y a dix ans.
devenu le « godfather », à la fois
parrain et vieux sage de l'industrie cc Point de basculement»
musicale, a d'abord voulu écrire « En 10 ans, notre industrie, qui
des chansons, rayon rock'n'roll, rapportait 30 milliards de dollars
caril professe, aujourd'hui comme par an, a vu son chiffre d'affaires
naguère, qu'il n'y a pas de carrières être divisé par deux », dit-il. «Mais
aujourd'hui nous sommes à un
d'artistes sans « hits ».
Doug Morris, dont le contrat point de basculement. Internet, qui
vient d'être reconduit pour a perturbé beaucoup de secteurs,
20 millions de dollars annuels en- prend désormais un tour positif. »
viron, affiche une sérénité enso- La musique est par essence imleillée. Avant cela, il a dirigé Uni- matérielle, dit-il. Qu'importe le
pourvu
qu'on ait
versal pendant 16 ans, mais aussi support
Warner. Selon Pascal Nègre, PDG l'ivresse, cette émotion qui gagne,
d'Universal France, « il est une ou non, les plus efficaces des patrons, à l'écoute d'un titre. Dans
icône de l'industrie musicale
comme il en reste peu », Dans sa vie, cette industrie complexe, le frisil a tout connu: le microsillon, le son est un acte fondateur.
Aujourd'hui, « les réseaux so4S-tours, le CD et le digital. Il in-
M
an
intuition est que
ce que vafaire Apple
va bénéficier à len-
ciaux sont devenus très utiles, car
quand vous postez unechanson sur
Facebook, Spotify ou You Tube,
beaucoup de personnes a~uent
pour lëcouter et l'apprécier. Nous
n'avons plus besoin d'être trop intelligents pour savoir ce que les gens
aiment », dit-il en souriant. « Cest
merveilleux à la fois pour l'industrie musicale et les jeunes talents. »
Depuis ses débuts dans la profession, Doug Morris a croisé « des
qénies », des hommes au flair imparable. Tel Ahmet Ertegun, le visionnaire fondateur di\tlantic Records, qui lui rachète en 1978Ie label Big Tree Records qu'il a fondé
pour publier des tubes, après en
avoir lui-même écrit sous les auspices de Bert Berns, le compostteur de Twist and Shout.
Devenu PDGdi\TCORecords,qui
abrite LedZeppelin, lesRolling Stones, Pete Townshend et 'Stevie
Nicks, il grimpe les échelons jusqu'au sommet de la maison mère,
Wamer Music. Il en part pour diriger sa concurrente, MCARecords,
qui vient d'être rachetée par le canadien Seagram. Il préside à l'acquisition de Polygram et à la naissance de lamajor française Universal Music Group (UMG),dont il
prend la tête avant de la quitter
pour limite d'âge en 2011. Quelques mois plus tard, il est appelé
par Sony Music.
A 76 ans, Doug Morris accompagne aujourd'hui le redressement
.......
....II __
~ ... _....II
....II
... ~
~
~_
PAYS: France
ftJll.ruJ,
éco&entreprise
RUBRIQUE.: Médias & pixels
PAGE(S): 1-12
DIFFUSION: 275310
SURFACE: 23 %
JOURNALISTE: Véronique Mortaigne
PERIODICITE: Quotidien
~ 9 juin 2015 - N°21894
d'une industrie mise à bas par la
gratuité et le déclin des ventes physiques. « C'est un business nette-
Dans son panthéon personnel figure James Levine, dit Jimmy Lavine, ingénieur du son, fils de docment meilleur. Il ny a pas de re- ker italien. fondateur en Iqqo. avec
tours,pas d'inventaires dans la mu- le producteur de cinéma Ted Field,
sique numérique », dit-il. Et il a su d'Interscope Records. En le finangarder la confiance de ses amis ar- çant à 50 %, Doug Morris réussi à
tistes. « Bono est mon préféré », accompagner avec talent la recondit-il. Il a donné sa chance aux jeu- version artistique de la jeunesse,
nes entrepreneurs
du rap, fré- du rock au hip-hop: d'Eminern à
quente Iay-Z et Beyoncé, aussi bien Tupac Shakur, Snoop Dogg au
que Suge Knight, ex-membre des 50 Cent,
Interscope
Records
gangs californiens, et cofondateur
change la face de lamusique monavec Ie rappeur Dr Dre de Death
diale. Doug Morris fait confiance,
Row Records, label historique du il sait déléguer. A Cannes, il a
hip-hop.
amené L.A. Reid, grand prêtre afro-
américain des musiques urbaines,
qu'il a nommé à la tête du label
EPIC. Car voici un autre de ses credos, mis en pratique dès son arrivée chez Sony Music en 2011 : restructurer et redonner une identité
forte aux marques maison : Columbia
(Dylan,
Springsteen,
Bowie, Adele, One Direction ...),
RCA (Usher, A$AP Rocky, Alicia
Keys ...) et Epic (Mariah Carey, Avril
Lavigne, Outkast) .•
VliRONIQUE
MORTAIGNE
ET ALAIN BEUVE-MliRY
« Nous vivons
un moment
extraordinaire
pour notre
industrie. Ce qui
va arriver, ce sont
desbonnes
nouvelles pour
la musique»
......
.... __
~... _
....1-
....
... !
~
~_