Comment se débarrasser du bégaiement en moins de 60 secondes

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Comment se débarrasser du bégaiement en moins de 60 secondes
1 Se débarrasser du bégaiement en moins de 60 secondes
COMMENT SE DÉBARRASSER DU BÉGAIEMENT
EN MOINS DE 60 SECONDES
PAR JOHN C. HARRISON
Traduit par Richard Parent
Bien que ce sujet ait déjà été abordé, il n’a pas été autant développé qu’il ne l’est ici.
Une autre version de cet article parut dans le Journal of Fluency Disorders. En passant,
une fois que vous aurez lu cet article, je vous invite à souper chez moi. On va faire cuire
un chat. Que dites-vous ? Comment puis-je faire une telle chose ? Mais quel est le
problème ? On va déguster du poisson-chat. Mais vous pensiez à quoi ?
Cet article n’est pas, non plus, ce que vous pensez. Il ne s’agit pas d’un article sur
une guérison rapide du bégaiement. Il est plutôt question d’un sujet plus terre à terre,
quelque chose qui fonctionne vraiment. Mais avant d’embarquer dans le vif du sujet, je
vous invite à lire deux citations publiées au cours de la dernière année. La première
provient d’un article paru dans l’AFS Newsletter, publié par l’Association for Stammerers
(AFS) d’Angleterre.
La capacité de l’enfant à parler avec fluence se développe en parallèle
avec sa croissance. Mais les attentes relatives à la fluence que leur
imposent leurs interlocuteurs et que les enfants s’imposent eux-mêmes
augmentent également. Lorsque ces demandes excèdent la capacité de
l’enfant, le bégaiement apparaît. Si, par la suite, les capacités de
l’enfant se développent suffisamment rapidement, ou si les attentes
relatives à la fluence augmentent lentement ou pas du tout, le
bégaiement disparaitra spontanément. Mais si les demandes continuent
à excéder les capacités de l’enfant, le bégaiement se poursuivra.
Cet article fait preuve d’observations avisées que nous sommes habitués de lire sur le
développement précoce du bégaiement. Cependant, cet extrait contient une affirmation
qui n’est pas vraiment exacte. Pouvez-vous dire laquelle ?
Maintenant, lisez l’extrait suivant provenant de matériel que j’ai reçu par la poste du
National Council on Stuttering.
(Le bégaiement) est un ensemble d’actions physiques qui entravent
l’élocution normale ou fluide que la plupart des gens prennent pour
acquise…Plusieurs jeunes enfants bégaient en faisant l’apprentissage du
langage. La plupart le verront disparaître; mais pour d’autres, le
problème persistera dans la vie adulte pour devenir chronique.
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Encore une excellente information mais qui recèle pourtant une erreur similaire.
Dans les deux cas, la fiction se situe au niveau de cette présomption que le bégaiement
adulte est un prolongement du même phénomène qu’à l’enfance (inhérent dans la phrase
« le problème persistera dans la vie adulte. ») J’avance qu’un tel langage est entièrement
trompeur.
Dans les pages qui suivront, je désire vous sensibiliser à une problématique dont on
ne parle pas souvent, sinon pas du tout. Je fais référence au langage du bégaiement, à sa
linguistique. Mon hypothèse est que le mot "bégaiement" est si lamentablement déficient
qu’il nous empêche de percevoir d’importantes différences, qu’il nous met en présence de
- et nous amène à croire à des - contre-vérités fondamentales, en plus de nous enfermer
dans une boite de laquelle peu d’individus peuvent s’extirper.
Je crois être suffisamment compétent pour aborder ce sujet puisque, pendant à peu
près 30 ans, j’ai dû composer avec un problème de bégaiement chronique. Aujourd’hui,
et depuis les 40 dernières années, le bégaiement n’est plus présent, pas plus qu’il ne
constitue un problème, dans ma vie. Ma sortie du bégaiement n’aurait pu se concrétiser
sans ces revirements de perception que je m’apprête à vous décrire.
Je vais aussi, par la même occasion, vous expliquer une manière de vous extirper de
cette boite.
NOTRE LANGAGE INFLUENCE NOTRE PERCEPTION
Il y a quelque temps, j’ai assisté à une présentation au sujet d’un langage unique
développé dans les barrios de Los Angeles, un langage parlé par les éléments les plus
durs du ghetto mexicain. La thèse du présentateur consistait à affirmer que la
prépondérance de termes colériques (ou violents), et l’absence totale de mots décrivant
des sentiments plus doux, imposaient littéralement à ces jeunes une perception violente
du monde, et cela aussi longtemps qu’ils utiliseraient ce langage pour communiquer.
Cette idée de l’influence du langage sur la formation de nos perceptions n’est pas
nouvelle. Ces problèmes furent abordés par la discipline de la Sémantique Générale1.
Wendell Johnson expliqua aussi cette idée très clairement dans son livre, People in
Quandaries.
Un des concepts nés de la Sémantique Générale est qu’il est difficile de percevoir, et
donc de travailler, ce pourquoi il n’existe pas de nom. Voici un exemple. Vous êtes en
1
La sémantique générale, système de pensée présenté par son auteur comme « non-aristotélicien », a été fondée par
Alfred Korzybski après qu'il eut pris conscience, au cours de la première guerre mondiale, que les mécanismes de
pensée qui ont pu provoquer cette guerre reposaient sur les postulats de la logique d'Aristote (principe d'identité, de
contradiction et du tiers-exclu), qui maintenaient l'Occident dans une logique du conflit. Il formula alors une nouvelle
logique, non-aristotélicienne, basée sur de nouveaux postulats, et qui correspondrait à l'évolution scientifique du XX°
siècle (physique quantique, théorie de la relativité de Einstein). Korzybski en expose les principes, principalement dans
son ouvrage majeur Science and Sanity, an introduction to non aristotelian systems and general semantics, dont la
première édition paraît en 1933.
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week-end de ski à Chamonix. Il est tôt le matin et vous vous préparez à cirer vos skis en
prévision d’une journée sur les pentes. À moins que vous ne connaissiez les divers types
de neige, comme la poudreuse et à gros grains, vous risquez de ne pas cirer vos skis
adéquatement. Les désignations de "poudreuse" et "à gros grains" vous permettent de
percevoir des différences qu’autrement vous n’auriez pas remarquées.
Voyons un autre exemple hypothétique. Supposons que nous avons une discussion
des plus animée sur la sexualité avant le mariage. Mais dans notre culture, on a pas de
termes pour décrire les diverses activités d’un couple : s’embrasser, échanger des
caresses, avoir des relations sexuelles et ainsi de suite. Pouvez-vous imaginer à quel point
une telle conversation peut devenir confuse ? Lorsque des imprécisions descriptives nous
amènent à confondre l’acte d’embrasser avec une relation sexuelle complète, on passe à
côté de divers degrés d’activités sexuelles. Cette absence de termes plus descriptifs limite
notre capacité à discuter (et peut-être à nous entendre) sur les questions discutées. La
seule chose dont on puisse vraiment parler se résume à cette seule dichotomie : devonsnous ou pas (avoir ces activités sexuelles avant le mariage).
On rencontre le même problème avec le bégaiement. On nous a vendu, à vous et moi,
l’idée que le "bégaiement" commençait à l’enfance pour se prolonger dans la vie adulte.
Cela est tout simplement faux. Ces disfluences qui apparaissent à l’enfance et qui,
presque toujours, disparaitront plus tard d’elles-mêmes, diffèrent des disfluences qui
persisteront dans la vie adulte. L’une ne constitue pas la continuation de l’autre. Ce sont
des phénomènes totalement séparés. Mais on les perçoit comme liés parce que nous
n’avons qu’un seul terme pour les désigner – bégaiement. Lorsque le rédacteur de la
deuxième citation affirme, en parlant du bégaiement, que « la plupart le verront
disparaître; mais pour d’autres, le problème persistera dans la vie adulte pour devenir
chronique, » il nous force à prendre pour acquis qu’il s’agit de problèmes identiques.
L’un est-il un prolongement de l’autre ? Oui.
Mais ils ne sont pas pour autant similaires. En vérité, ils ne font même pas partie de
la même catégorie. L’un est un phénomène émotionnel et (hors de tout doute) génétique.
L’autre est une stratégie, un comportement appris que nous avons développé afin de
composer avec le premier problème.
Comment, alors, contourner cette confusion engendrée par le mot "bégaiement ?"
La solution ne prend même pas 60 secondes à trouver. Elle n’en prend même pas six.
On a qu’à utiliser deux mots différents pour décrire ces deux phénomènes.
Mais le problème, c’est qu’un de ces mots n’existe pas encore. Mais cela ne doit pas
pour autant représenter un obstacle. On a qu’à faire comme bon nombre d’individus ont
fait avant nous dans pareille situation.
Inventer un nouveau mot.
Et vous verrez comment un problème devient plus limpide.
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QUE SE PASSE-T-IL LORSQUE NOUS SOMMES BREDOU ILLANTS ?
Je regardais, il y a quelques années, une émission d’affaires publiques sur le réseau
Cable News. Le modérateur était Daniel Schorr, un lecteur de nouvelles expérimenté que
j’avais connu dans les années 1960 alors que je travaillais comme "gofer2" sur une
émission intitulée « U.N. in action3. » Soudainement, en plein milieu d’une discussion,
alors que Schorr jonglait avec ses idées, il connut le plus long moment de disfluence que
je n’aie jamais vu dans les médias. « Um, um, um, um, err, err, err… » Cela se poursuivit
pendant six à huit secondes, jusqu’à ce qu’il puisse reprendre ses idées.
Quelle en était la cause ? Schorr est pourtant une personne raisonnablement fluide.
Que s’était-il produit pour qu’il devienne presqu’incohérent pendant un certain laps de
temps ? Pas besoin d’un Ph.D. pour répondre à cette question. Schorr était simplement
bredouillant 4, ce qui nuisait à sa capacité à s’exprimer.
Certains sites Internet définissent le terme "bredouillant" comme « avoir de la
difficulté à parler ». Ce phénomène aura cependant un impact différent selon les
individus. Certaines personnes semblent imperturbables. Placez-les en plein milieu d’un
tremblement de terre, présentez-les au Président des États-Unis ou surprenez-les les
culottes baissées, elles ne seront jamais décontenancées. Leurs idées seront toujours aussi
claires que des dominos et elles prononceront les mots sans répétition ni pauses.
Il en est autrement pour d’autres personnes. Demandez-leur à l’improviste de porter
un toast aux nouveaux mariés. Ils lèveront leur verre de champagne et deviendront tout
empêtrés. Leur toast sera rempli de umms et de ahhs, et leur discours dépourvu de toute
suite cohérente.
Pourquoi cela se produit-il ? En parti à cause de la génétique. Le système nerveux
sympathique de certaines personnes réagit fortement aux stimuli et se retrouve
soudainement dépassé à la moindre provocation. Ces individus glissent en plein
syndrome intégral du type "fuis ou bats-toi", accompagné d’un haut niveau d’adrénaline
et d’autres hormones mises en action suite au stress. Les jeunes enfants sont
particulièrement vulnérables à des niveaux inhabituels de stress, eux qui doivent se battre
simultanément avec leur développement intellectuel, émotionnel et physique en plus de
répondre aux demandes et pressions émanant d’un environnement non familier. Pas
étonnant que de tels stress se répercutent sur leur élocution.
Le développement verbal varie aussi (d’un individu à l’autre). Certains enfants
prendront plus de temps que d’autres à maîtriser les exigences du langage. Cependant, les
disfluences qui y seront associées ne seront généralement pas permanentes et
disparaîtront avec l’évolution de la croissance de l’enfant. On les verra se manifester
seulement lorsque le stress sera supérieur à ce que l’enfant pourra supporter.
2
Employé qui cherche les absents sur un plateau.
« Nations-Unies en action. »
4
Discombobulated (être contrarié ou confus).
3
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Ce sont à ces disfluences dépourvues d’efforts auxquelles pensent nos interlocuteurs
lorsqu’ils disent (par empathie envers nous) : « Oh, je bégaie aussi lorsque je suis
contrarié » - mais vous savez fort bien qu’ils ne subissent pas un de ces blocages qui
peuvent facilement gâter toute une journée. Ils subissent autre chose.
Puisque le fait d’être bredouillant joue un rôle important dans ce genre de disfluence,
donnons-lui un nom qui lui sera propre.
Nous l’appellerons bafouillage5.
Bon, voyons maintenant ce qu’on y gagne en ayant créé un mot distinct pour décrire
ce comportement. Supposons que vous venez tout juste de connaître un de ces blocages
monumentaux et votre interlocuteur, voulant aider, prononce la fameuse phrase :
« Écoute, ne t’en fais pas. Lorsque mes idées ne sont pas bien enlignées, je bégaie
aussi. »
« Non, non, » dites-vous. « Ce n’est pas la même chose. Vous bafouilliez. »
Votre interlocuteur réalise maintenant qu’il y a une différence puisque vous avez
utilisé un mot décrivant ce qu’il faisait et qui est bien différent de ce que vous faisiez.
« Mais alors » vous demandera-t-il, « si moi je bafouillais, toi, que faisais-tu ? »
« Je faisais quelque chose d’autre, » répondrez-vous. « Je _____. »
Quoi ?
Vous auriez pu, bien sûr, dire "bégaiement"; mais ce mot ne ferait que semer la
confusion puisqu’il est déjà chargé de tant de significations et d’associations confuses. Il
nous faut un autre terme. Un mot différent de bafouillage. Un mot qui puisse décrire ces
luttes et cette élocution bloquée de quelqu’un qui ressent tous ces sentiments et qui
démontre toutes ces actions physiques avec lesquelles vous et moi sommes si familiers :
la panique, déconnexion d’avec le moment présent, l’embarras, la peur, la frustration, etc.
Il s’agit d’un syndrome composé de sentiments et d’actions physiques qui, avec le temps,
deviendra (le syndrome) auto-suffisant et se perpétuera de lui-même, se développant pour
devenir une pure peur de performer.
Appelons donc ce genre de comportement blocage.
BA-FOUIL-LER v : Propos, discours incohérent, sans suite, confus. Comme
dans « Un bafouillage incompréhensible. » John définit le terme anglais
(bobulate) de la manière suivante : produire sans effort des répétitions de la
parole et caractérisé par l’absence d’inquiétude, de peur ou d’embarras.
BAFOUILLAGE n
BLOQUER v 1 : parler d’une manière caractérisée par une lutte (pour parler);
faire obstruction et nuire aux mécanismes de vocalisation et respiratoire. 2 :
créer des disfluences de la parole qui s’auto-perpétueront et qui généreront la
5
Bobulating.
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peur, l’anxiété et une grande inquiétude et qui résulteront souvent en évitement
de mots et de situations langagières spécifiques. – BLOCAGE n
Pour revenir à notre ami, vous lui expliquez, « Non, ce que tu faisais n’est pas
vraiment la même chose. Bien que tes mots furent prononcés de façon trébuchante, ils le
furent sans effort. Tu bafouillais. Alors que moi je fais quelque chose de différent.
Parfois, mes mots sont prononcés de manière hésitante parce que, je ne sais trop
comment, j’ai pris l’habitude de nuire à mon processus langagier. Je bloquais. Bien que
cela puisse sembler pareil, ça ne l’est pas. » Chaque comportement étant identifié par un
terme distinct, notre ami est maintenant capable de percevoir la différence.
Avouez que c’est bien plus facile, bien plus claire que d’essayer d’expliquer que son
bégaiement n’est pas comme votre bégaiement ?
SIMILAIRES ET POURTANT TRÈS DIFFÉRENTS
Il est aussi essentiel d’avoir deux mots différents car bafouillage et blocage peuvent
tellement sembler identiques. Prenez l’exemple suivant – Richard, quatre ans, accourt
vers sa mère en lui disant : « Regarde maman, j’ai trouvé un dan-dan-dan-dandelion. »
Que se passe-t-il ici ? Richard est excité, son émotion est au comble et il se bat avec
(pour lui) un nouveau mot difficile : dandelion. Mais sa façon de s’exprimer ne l’inquiète
nullement. Il se concentre à partager sa découverte. Son monde, à ce moment précis, n’est
pas moins exaltant qu’il ne l’était pour Thomas Edison au moment même où celui-ci
connecta, pour la première fois, deux filaments qui produisirent la première lumière
électrique.
Maintenant, comparons cette situation avec la suivante. Georges est un nouvel
étudiant au Lycée allant à un premier rendez-vous avec Marcia, une jolie étudiante de son
école. Georges est vraiment épris de Marcia et se sent à risque car il doute de pouvoir
satisfaire les attentes de cette dernière. Après de multiples hésitations, il finit par inviter
Marcia à un pique-nique; il veut à tout prix faire bonne impression. Ils se retrouvent
maintenant seuls dans les prés. La couverture est étalée sur le sol et ce repas que Georges
a si soigneusement préparé est bien présenté. Alors qu’ils s’apprêtaient à s’installer,
Georges aperçoit un superbe dandelion. Il se penche pour le cueillir puis l’offre à Marcia.
« Regarde ce merveilleux dan-dan-dan-dan-dandelion » dit-il avec son cœur qui bat
la chamade.
Georges a peur du mot "dandelion". Bien qu’il ait réussi à dire "dan" sans problème,
il a peur de compléter le mot. Mais il craint davantage d’initier le mot par peur de se
retrouver pris avec un long silence des plus embarrassants. Il retarde donc le moment
craint en répétant "dan" encore et encore, jusqu’à se sentir suffisamment confiant pour
compléter le mot.
Les répétitions de Georges découlent d’une dynamique entièrement différente de
celles de Richard. Pourtant, elles se ressemblent. C’est pour cette raison qu’il est
absolument essentiel d’utiliser des mots différents afin de mieux décrire ce que fait
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chacun d’eux. En se contentant de dire que Richard et Georges bégaient, on ne fait que
perpétuer la confusion tout en faisant ombrage aux véritables phénomènes en présence.
La première disfluence est un réflexe tout à fait inconscient, déclenché par un sentiment
de bredouillage6, une lutte avec les habiletés verbales et, peut-être, des facteurs
génétiques quelconques. Alors que l’autre est une stratégie, généralement accompagnée
d’une grande inquiétude, afin de se sortir de ce qui est perçu comme un blocage difficile
et menaçant.
En disant que Richard bafouille et que Georges bloque (en réalité, ce dernier
"temporise", autre version du blocage, alors qu’il répète la syllabe ou le son précédant
jusqu’à ce qu’il se sente "prêt" à prononcer la syllabe ou le mot craint) on distingue
immédiatement les nuances importantes. Plus important encore, la mère de Richard
n’aura pas à s’alarmer parce qu’il "bégaie". Pouvant maintenant distinguer entre
bafouillage et blocage, elle pourra ainsi mieux déceler la nécessité d’initier ou non une
quelconque action corrective.
LE POUVOIR DE DEUX MOTS
Peut-être trouvez-vous illusoire de penser faire une différence en utilisant deux
termes bien distincts. Mais c’est possible. Ils peuvent faire une différence énorme.
Tenez par exemple, il sera maintenant plus facile de savoir si le "bégaiement" dépend
de causes génétiques car on pourra désormais isoler cette partie bien déterminée du
processus du bégaiement dont il est question. Parlons-nous de bafouillage ? Bien sûr que
des facteurs génétiques y sont impliqués. Par contre, si nous parlons des stratégies que
nous avons développées pour passer au travers d’un blocage, il est alors évident que la
génétique n’intervient pas – pas plus que la génétique joue un rôle dans les stratégies que
vous concevez pour contourner ce gros bloc de béton barrant la route à un sentier du
Mont St-Hilaire (Québec, Canada).
L’existence de deux termes facilitera la tâche aux parents lorsque leur enfant aura un
problème exigeant une consultation auprès d’un orthoptiste.
Cela aidera aussi les chercheurs à bien circonscrire cette partie du phénomène du
bégaiement qu’ils voudront investiguer.
Et cela nous aidera, chacun de nous, à développer une image de soi plus réaliste et
d’avoir une idée plus exacte de ce que nous faisons en bloquant.
En vérité, enrichir le langage du bégaiement est à ce point essentiel pour mettre en
œuvre des changements que je ne peux concevoir comment nous pourrions nous
améliorer de façon importante et permanente en thérapie sans cela.
Alors, pourquoi ne pas profiter de cette cure-miracle de 60 secondes pour, enfin, se
débarrasser du bégaiement ? À sa place – au moins en pensée – substituez-lui bafouiller
et bloquer, ou deux autres mots de votre choix. Et voyez par vous-même si cela facilite la
6
Discombobulation.
8 Se débarrasser du bégaiement en moins de 60 secondes
compréhension des - et le travail à effectuer sur les - problèmes auxquels nous sommes
confrontés.
Traduction de How to Get Rid of Stuttering in Under 60 seconds, du livre de John C.
Harrison, Redefining Stuttering, What the struggle to speak is really all about; deuxième
édition révisée, pages 411 à 417; traduit par Richard Parent, mars 2010.
La version française (édition décembre 2009) en PDF, de Redéfinir le Bégaiement, se
trouve sur le site suivant :
http://www.mnsu.edu/comdis/kuster/Infostuttering/Harrison/redefiniriebegaimernt.pdf
Si vous désirez télécharger la version anglaise complète du livre de John, en voici
l’adresse : www.mnsu.edu/comdis/kuster/Infostuttering/Harrison/redefining.html
La majorité des versions françaises des textes de John traduits jusqu’à présent sont
disponibles, sur le site suivant : http://www.mnsu.edu/comdis/kuster/whatsnew09.html
(et
voir
What’s
new
from
2008,
2009
et
2010
http://www.mnsu.edu/comdis/kuster/whatsnew10.html )
Pour communiquer avec John ou Richard :
John : [email protected]
Richard : [email protected]