LES DEBUTS DU CHRISTIANISME ROME

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LES DEBUTS DU CHRISTIANISME ROME
ROME
LES DEBUTS DU
CHRISTIANISME
La présence de chrétiens est attestée pour la première fois à Rome, sous le règne de
Claude (41-54). Considérés comme des agitateurs indésirables, ils ne sont pas encore distingués des Juifs dans l’opinion romaine. Ainsi, ils peuvent, sans risque, recevoir l’apôtre Paul lors de sa première visite (57 - 58). Mais cette tranquillité ne dure pas : dès
Néron jusqu’à l’édit de Milan en 313, les persécutions alternent avec des périodes de
tolérance.
Fond de verre gravé du
chrisme. De tels objets
constituaient des cadeaux entre amis chrétiens.
❖ du grec ecclesia = assemblée des fidèles, ne
l’oubliez pas !
Pline, alors gouverneur en Bithynie, une province
romaine, écrit à l’empereur pour connaître la
conduite à tenir envers les chrétiens. Réponse
de Trajan :
“Mon cher Pline, tu as suivi la conduite que tu devais dans
l’examen de ceux qui t’avaient été dénoncés comme
chrétiens. Car on ne peut instituer une règle générale qui
ait, pour ainsi dire, une forme fixe. Il n’y a pas à les pour suivre d’office. S’ils sont dénoncés et convaincus, il faut
les condamner, mais avec la restriction suivante : celui qui
aura nié être chrétien et en aura par les faits eux-mêmes
donné la preuve manifeste, je veux dire en sacrifiant à nos
dieux, même s’il a été suspect en ce qui concerne le passé,
obtiendra le pardon comme prix de son repentir.
Quant aux dénonciations anonymes, elles ne doivent jouer
aucun rôle dans quelque accusation que ce soit; c’est un
procédé d’un détestable exemple et qui n’est plus de notre
temps…”
Pline le Jeune, lettres X, 96 et 97
AU CHAPITRE DES PERSÉCUTIONS
Domitien (81-96) n’épargne pas même les
membres de sa famille. Décïus entame une politique de répression systématique : un édit de
249 oblige tous les habitants de l’Empire à faire,
par un sacrifice, acte d’allégeance au culte
païen. De même Valérien (253 - 259) qui
ordonne la mise à mort des clercs et fidèles
refusant de renoncer à la foi chrétienne (martyre de Saint Laurent sur un gril). La dernière
grande vague de répression systématique est
l’œuvre de Dioclétien : deux édits, en 303 et
304, ordonnent la destruction des églises et des
livres saints, l’emprisonnement des clercs et des
fidèles, puis la mise à mort de tout chrétien
refusant de sacrifier au culte impérial.
❖ du grec kata kumbos = près de la combe. A l’origine, cette locution désignait uniquement le cimetière
de Saint-Sébastien, situé près d’un ravin. Ce cimetière n’ayant jamais été complètement abandonné, le
terme de “catacombe” a été ensuite employé pour
désigner toutes les nécropoles souterraines creusées
dans le tuf.
LES PREMIERS CHRÉTIENS
LES PERSÉCUTIONS
Accusant les Chrétiens d’avoir provoqué le grand incendie de Rome, Néron
déclenche en 64 la première vague de persécutions. Elles donnent lieu à de
grands spectacles et coûtent la vie à de nombreux fidèles dont, selon la tradition, les apôtres Pierre (en 64) et Paul (en 62 ou 64).
Par la suite, l’Eglise ❖ de Rome, l’une des plus anciennes de l’Empire et la première attestée en Occident, paye un lourd tribut aux persécutions. Légendes,
romans et cinéma les ont multipliées à l’excès. Elles sont, de Claude à
Constantin, entrecoupées de périodes d’apaisement et même de paix.
DE LA TOLÉRANCE À LA RECONNAISSANCE
La “petite paix”
En revanche Gallien (253-258) reste le premier à proclamer par édit la tolérance à l’égard des chrétiens. Il leur restitue leurs lieux de culte, leurs cimetières et … reconnaît même l’autorité spirituelle de l’évêque de Rome. Une
“petite paix” qui dure 40 années.
L’édit de Milan
Enfin en 312, dans un Empire déchiré, les légions de Constantin affrontent, au
pont Milvius, celles de Maxence, l’autre prétendant au pouvoir suprême. La
veille de la bataille, Constantin reçoit une vision : une croix portant une
devise en grec En toutô nika (triomphe par ceci). Il fait graver cette devise sur
les boucliers de ses soldats et, comme il remporte la victoire, il voit là une
intervention surnaturelle. Son édit de 313, l’édit de Milan, donne toute liberté
aux chrétiens et équivaut à reconnaître le christianisme comme religion
d’Etat.
LES CATACOMBES
POURQUOI DES CATACOMBES ?
Dans le courant du 2e s ap JC, la solution des cimetières souterrains, les catacombes, est imposée par deux facteurs :
le rite de l’inhumation remplace progressivement celui de l’incinéra➵
tion. Une inhumation occupe la place de plusieurs urnes cinéraires.
le surpeuplement de Rome (plus de 1 million d’hab.) renforce le
➵
besoin d’ espace pour de nouveaux cimetières.
Ainsi, hors les murs, le long des grandes voies (comme la via Appia) apparaissent les premières utilisations du sous-sol, les hypogées (du grec hypo : dessous et gé : terre) à partir desquels, au cours des siècles, se creuse l’immense
labyrinthe des catacombes ❖.
DES KILOMÈTRES DE GALERIES !
I, V régions
La reconnaissance du christianisme par Constantin (en
313) provoque la conversion des masses et l’apparition du
culte des martyres (il ne sera organisé officiellement qu’à
la fin du 4e s. par le pape Damase). Cela entraîne l’extension des catacombes. Jusqu’au 2e s., chaque catacombe
renferme quelques dizaines à quelques centaines de sépultures ; celles des 4e et 5e s. contiennent jusqu’à des dizaines de milliers de tombes, des plus humbles à celles, richement décorées, des notables de l’église (ex. la crypte des
papes à Saint-Callixte). Les catacombes se développent
alors sur plusieurs étages souterrains (4 à Saint-Callixte)
avec des kilomètres de galeries.
19
ecclésiastiques
mur d'Aurélien
18
basilique
catacombe
3
1
2
4
10
C
7
8
5
6
ABANDON ET REDÉCOUVERTE
17
16
15
13
11
9
12
14
BASILIQUES PALÉOCHRÉTIENNES
CATACOMBES
1 Saint-Pierre
2 Saints-Cosme-et-Damien
3 Sainte-Prudentienne
4 Sainte-Marie Majeure
5 Saint-Jean de Latran
6 Saint-Stéphane le Rond
7 Saints-Jean et Paul
8 Sainte-Sabine
9 Saint-Paul-hors-les-murs
10 Saint-Laurent
11 Catacombe de Commodille
12 Catacombe de Domitille
13 Catacombe de St-Callixte
14 Catacombe de St-Sébastien
15 Catacombe de Pretestate
16 Catacombe de la Via Latina
17 Catacombe des Saints-Pierre-etMarcellin
18 Catacombe de Priscille
19 Catacombe des Giordani
C : Colisée
Dès la fin du 5e siècle, les catacombes sont peu à peu
abandonnées. Les sépultures se concentrent autour des
grandes basiliques et des églises urbaines (surtout à partir
du milieu du 6e s.). Les papes les entretiennent jusqu’au
début du 10e siècle, où les reliques commencent à être
transférées à l’intérieur des villes pour éviter leur pillage
et leur commerce.
Elles sont redécouvertes dès la fin du 16e siècle par
Antonio Bossio, le premier “archéologue” paléochrétien.
En 1852 est fondée la Commission pontificale d’archéologie sacrée, chargée de la conservation des catacombes,
puis, en 1925, l’Institut pontifical d’archéologie chrétienne.
Aujourd’hui, sur les 18 grandes catacombes, seulement 6
sont ouvertes au public : Saint-Callixte, Saint-Sébastien,
Domitille, Sainte-Agnès, Saint-Laurent et Priscille (voir
plan).
Si les catacombes de Rome sont les plus connues, de nombreuses villes possèdent elles aussi un “réseau” de catacombes accessibles au public, ainsi Naples, Syracuse...
LE LANGAGE DES IMAGES
Ne pouvant pas professer ouvertement leur foi, les premiers chrétiens se servaient de symboles, qu’ils dessinaient sur
les parois des catacombes ou qu’ils gravaient sur les dalles qui fermaient les tombes. En voici quelques uns :
LE BON PASTEUR
C’est le symbole du
Christ portant l’âme
qu’il a sauvée.
Les agneaux (ou brebis), souvent représentés, sont l’image
de l’ensemble
des
chrétiens.
L’ANCRE
Symbole de
l’âme qui a
rejoint le port
de l’éternité,
donc de
l’espérance
fixée en
Dieu.
LE POISSON
LA COLOMBE avec un
rameau d’olivier dans
le bec est le
signe de la
paix de
l’âme.
Il se dit ΙΧΘΥΣ en
grec (prononcez
ictous). Disposées
verticalement les letres de ce mot forment
l’acrostiche de Ιησος Χριστος, Θεου Υιος, Σωτηρ
(Iesus Christos, Théos Uios, Soter =Jésus-Christ,
“L’ORANTE”
fils de Dieu, Sauveur).
Les mains
élevées et
Au centre de ce sarcophage, le CHRISME, formé des deux premières letétendues
tres de “Christos” en grec: Χ et Ρ, est entouré de l’α et de l’ω, première et
sont la position
dernière lettres de l’alphabet grec, qui signifient que le Christ est le début et
de prière des
la fin de toute chose. Les PAONS de chaque côté, sont des symboles de la
premiers
résurrection, et la VIGNE peut être une image du bonheur éternel que goutchrétent les
tiens.
Elus au
Ici
Paradis.
entourée
de colombes, elle symbolise doublement
l’âme qui vit dans la paix de Dieu.
Texte, conception et réalisation : René CUBAYNES, Michèle GOZARD - Edition 2001

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