Contraintes financières et ordre de financement hiérarchique des
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Contraintes financières et ordre de financement hiérarchique des
13-Cadot 27/11/13 13:18 Page 1909 In Économies et Sociétés, Série « Systèmes agroalimentaires », AG, n° 35, 11-12/2013, p. 1909-1929 Contraintes financières et ordre de financement hiérarchique des entreprises agroalimentaires : une approche par données d’enquête Julien Cadot Griisg, ISG Paris Jean-Laurent Viviani IGR, Université de Rennes 1 À partir de données d’enquêtes auprès d’entreprises agroalimentaires du Languedoc-Roussillon, notre recherche remet en question la relation supposée entre recours privilégié à l’autofinancement et contraintes financières ainsi que l’idée selon laquelle les coopératives seraient particulièrement contraintes financièrement. Cependant les contraintes financières qui pèsent sur les filiales de coopératives pourraient expliquer la concomitance de surcapacités de production et d’un sous-investissement chronique en marketing. Through direct observations on a sample of Languedoc-Roussillon (France) agribusiness firms, our research contradicts the conventional view of a positive relationship between internal finance and financial constraints as well as the idea that cooperatives are financially constrained. However, our results suggest that cooperatives’ subsidiaries face strong financial constraints. This can explain the coexistence of overinvestment in production capacity and underinvestment in marketing. 13-Cadot 27/11/13 13:18 1910 Page 1910 J. CADOT, J.-L. VIVIANI INTRODUCTION Le rationnement du capital, défini comme la situation dans laquelle les entreprises trouvent l’accès au financement trop difficile ou trop coûteux [Greenaway et al. (2007)], est souvent évoqué par les professionnels et les pouvoirs publics mais aussi la recherche académique [Audretsch et al. (2002) ; Carpenter et Petersen (2002)] comme une contrainte majeure au développement des PME. Cette contribution s’interroge sur les liens entre les modes de financement et le rationnement du capital. Une meilleure compréhension de ces interrelations offrira un éclairage nouveau sur le comportement d’investissement des PME agroalimentaires que nous spécifierons selon le type de gouvernance de ces entreprises : entreprises à capital fermé, entreprises à capital ouvert, coopératives et filiales ou groupements de coopératives. Il s’agit ici de considérer la diversité des structures de gouvernance caractéristiques du secteur agroalimentaire [Boland et al. (2008)]. La théorie du financement hiérarchique [Myers et Majluf (1984) ; Myers (1984)] selon laquelle les managers privilégient tout d’abord les sources internes de financement, puis l’endettement et, finalement, le financement par capitaux propres, et la théorie du rationnement du crédit [Stiglitz et Weiss (1981)] sont toutes les deux fondées sur le postulat d’asymétrie informationnelle entre investisseurs et managers. Les managers connaissent la valeur des opportunités d’investissement, ce qui n’est pas le cas des apporteurs des capitaux. L’asymétrie d’information peut également porter sur le comportement des dirigeants. Fazzari, Hubbard et Petersen (1988) ont établi un lien direct entre contraintes financières et la théorie du financement hiérarchique en introduisant les coûts informationnels du financement externe dans un modèle standard d’investissement. En effet, selon la théorie financière standard, les choix d’investissement devraient être indépendants de leurs modes de financement. Mais du fait des asymétries d’information, le coût des financements externes devrait être supérieur à celui du financement interne. Par conséquent, les entreprises devraient attendre de disposer de suffisamment de ressources internes avant d’entreprendre un investissement. C’est pourquoi la sensibilité des investissements aux cash flows constituerait une mesure robuste des contraintes financières. Ce résultat est à l’origine d’une littérature empirique abondante sur les contraintes financières. Devenue une mesure standard de la contrainte financière (plus la sensibilité est élevée, plus la contrainte est forte), cette sensibilité serait plus forte et significative pour les PME (cas de notre échantillon) car l’asymétrie d’information serait plus forte [Bond et al. (2003)]. 13-Cadot 27/11/13 13:18 Page 1911 CONTRAINTES FINANCIÈRES ET ORDRE DE FINANCEMENT 1911 Mais Kaplan et Zingales (1997) et Cleary (1999) ont fortement contesté la pertinence de la mesure. Ils démontrent que la sensibilité des investissements aux cash flows ne varie pas de façon monotone avec l’intensité des contraintes financières. Autrement dit, la relation entre une préférence pour l’autofinancement et les surcoûts informationnels des financements « externes » ne serait pas univoque. Plusieurs raisons sont évoquées. La situation financière de l’entreprise peut altérer la relation entre sensibilité des investissements aux cash-flows et contraintes financières [Cleary et al. (2007)]. En effet, la sensibilité des investissements aux cash flows peut-être négative pour les entreprises en difficulté financière car investir peut être la seule issue pour se tirer de difficultés financières (ce que la littérature anglo-saxonne nomme le gamble for resurrection). Mais cette sensibilité peut aussi être positive pour les entreprises dont le cash est abondant. En effet, l’effet d’une augmentation des cash flows sur la capacité d’investissement peut être amplifié par l’augmentation de l’accès à des capitaux externes [Baghat et al. (2004) ; Moyen (2004)]. Par ailleurs, Alti (2003) propose un modèle sans contraintes financières (pas d’asymétrie d’information) où la sensibilité des investissements aux cash flows varie avec l’âge des entreprises. La sensibilité de l’investissement aux cash flows dépend également de la nature de l’investissement. En effet, selon Hall (1992) les investissements en actifs tangibles réagissent plus que les investissements en R&D. Pour Almeida et Campello (2007), les entreprises contraintes financièrement peuvent être incitées à investir dans des actifs tangibles, de sorte que la sensibilité des investissements aux cash flows croît avec la tangibilité des actifs. Ce dernier point a ceci d’intéressant qu’il réconcilie deux phénomènes que Chaddad et Cook (2005) perçoivent comme contradictoires : la prévalence de contraintes financières et la surcapacité des entreprises coopératives US. La mise en œuvre empirique de l’étude des contraintes financières par la sensibilité des investissements aux cash flows comporterait des biais d’endogénéité difficiles à contourner, notamment du fait que les cash flows contiennent des informations pertinentes sur les opportunités d’investissement de l’entreprise [Gomes (2001)]. Moyen (2004) avance une autre explication : une relation positive entre l’investissement et les cash flows pourrait être générée car le niveau de dette est corrélé aux cash flows mais n’est pas pris en compte dans les régressions. Pour toutes ces raisons, l’analyse des contraintes financières par des mesures directes reste d’une importance fondamentale [Kaplan et Zin- 13-Cadot 27/11/13 1912 13:18 Page 1912 J. CADOT, J.-L. VIVIANI galès (1997)]. La première contribution du papier est de proposer et d’analyser, suivant en cela Hyyten et Vaanen (2006), une mesure directe de la contrainte financière. Les données « directes » dont nous disposons ont été obtenues par questionnaire dans le cadre du projet « Enquête Entreprises Agroalimentaires du Languedoc Roussillon 2010, Montpellier SupAgro, UMR Moisa », dont l’objectif est d’identifier à la fois l’environnement, les ressources et les comportements stratégiques des entreprises agroalimentaires du Languedoc-Roussillon. L’aspect financier n’est pas négligeable. Le questionnaire1 permet notamment de distinguer les contraintes financières et l’ordre de préférence des ressources financières envisagées. Nous sommes également en mesure de distinguer les entreprises en difficulté financière, d’établir des indicateurs de tangibilité et de gouvernance. Une deuxième contribution de cette recherche est d’explorer le lien entre la hiérarchie des financements (sources de financement privilégiées) et la contrainte financière (risques perçus sur l’obtention ou le coût des financements). La littérature empirique fournit un certains nombre de résultats concernant la sensibilité des investissements aux cash flows et diverses variables liées aux contraintes financières [voir par exemple Kaplan et Zingales (1997) ou Cleary (1999)] mais le lien entre les sources de financement privilégiées et les contraintes financières n’a, à notre connaissance, jamais été étudié par données d’enquête. Notre troisième contribution porte sur l’impact des structures de gouvernance sur le mode de financement et les contraintes financières des entreprises. Deux types d’entreprises sont caractéristiques du secteur agroalimentaire, les entreprises coopératives et les PME familiales [Boland et al. (2008)]. La gouvernance très spécifique des coopératives constituerait un obstacle à l’obtention de ressources financières externes [Cook (1995)]. C’est dans cette perspective que Chaddad et Cook (2005) comparent les contraintes financières des coopératives agroalimentaires américaines et des entreprises commerciales. L’article est organisé en deux parties : la première consiste en une présentation des données et une discussion des mesures des variables d’intérêt. La seconde délivre les résultats des analyses statistiques portant sur la relation entre le financement d’ordre hiérarchique et les contraintes financières. 1 80% des personnes interrogées sont les directeurs des entreprises considérées. Pour le reste, il s’agit très majoritairement des directeurs administratifs et financiers puis des directeurs adjoints ou des directeurs commerciaux. 13-Cadot 27/11/13 13:18 Page 1913 CONTRAINTES FINANCIÈRES ET ORDRE DE FINANCEMENT 1913 I. – DONNÉES ET MESURES L’enquête « EAA du LR-2010 »2 fournit un éclairage tout particulier sur l’industrie agroalimentaire en Languedoc-Roussillon. Celle-ci répond à un besoin de statistiques permettant d’avoir une vision plus représentative de la sphère agroalimentaire régionale que les statistiques officielles, ne prenant en compte que les entreprises de 20 salariés et plus. Une équipe de l’UMR Moïsa, chargée de la direction scientifique du projet a défini le champ de l’enquête selon une approche systémique allant de la production agricole en amont à la commercialisation en aval, et prenant en compte tous les établissements de 3 salariés et plus. Domergue et Couderc (2012) présentent en détail la méthodologie d’enquête. I.1. Échantillon La base de sondage se compose de 1 289 entreprises. L’échantillon en comprend 322. Sur ces 322 entreprises, 126 sont des coopératives ou apparentées (soit 39 % de l’échantillon), avec 101 coopératives de premier niveau. 19 sont des filiales de coopératives et 6 des groupements ou unions de coopératives. Les entreprises de la filière vin constituent le gros de l’échantillon, avec 129 entreprises (40 % de l’échantillon), tandis que les entreprises des filières fruits et légumes, céréales et produits animaux représentent respectivement plus ou moins 15 % de l’échantillon. La catégorie « produits divers », regroupant les entreprises non appartenant aux filières traditionnelles régionales (quelques chocolatiers, fabricants d’arôme, d’épices, de boissons, entreprises livrant des repas à des collectivités, etc.), est la moins importante en effectif. TABLEAU 1 Statut et filières des entreprises enquêtées Vins Fruits et Céréales Produits Produits légumes animaux divers Entreprises commerciales Coopératives stricto sensu Contrôlées par un groupe coopératif Groupe ou unions de coopératives 35 79 33 15 37 2 57 3 10 1 3 5 5 1 Total 129 50 34 2 Total 196 101 19 6 42 65 36 322 Données : EAA du LR – 2010 2 Enquête certifiée par le label d’intérêt général et de qualité statistique du Conseil national de l’information scientifique. 13-Cadot 27/11/13 13:18 Page 1914 1914 J. CADOT, J.-L. VIVIANI En plus de répondre au questionnaire sur les aspects stratégiques de leur activité, les entreprises enquêtées ont fourni leurs comptes sociaux sur les années 2007-2008-2009. Ceux-ci ont été complétés par des extractions de la base de données financières Diane3 sur les années 2003 à 2006. Le tableau 2 donne une idée de la taille moyenne de ces entreprises par filières et de la répartition de ces entreprises. TABLEAU 2 Chiffre d’affaires moyen par filières, en k€ Moyenne Écart-type N Vins Fruits et légumes Dérivés des céréales Prod. d’origine animale Produits divers 11 152 11 488 16 231 8 916 20 465 22 728 17 019 65 928 29 074 39 936 129 50 42 65 36 Total 12457 34062 322 Données : EAA du LR – 2010 I.2. Contraintes financières Hyytinen et Vaananen (2006) différencient les contraintes financières se traduisant par un surcoût des ressources financières externes de l’impossibilité d’obtenir les fonds nécessaires pour un investissement donné. Le questionnaire EAA-LR permet une distinction similaire, en différenciant les risques perçus par les entreprises sur les coûts et les risques de leur financement : « Dans quelle mesure les risques suivants affectent-ils l’entreprise : – Le coût des financements (réponse sur une échelle de 1 à 5) – Le volume des financements (réponse sur une échelle de 1 à 5) ». TABLEAU 3 Contraintes financières en termes de risques sur le financement Risques... ... sur le coût des financements ... sur le volume des financements Très faiblement Faiblement Moyennement Fortement Très fortement NSP 85 105 65 40 14 12 83 96 76 37 12 17 Données : EAA du LR – 2010 3 La base de données Diane porte sur l’ensemble des entreprises françaises ayant publié leurs comptes annuels auprès des greffes des tribunaux de commerce. 13-Cadot 27/11/13 13:18 Page 1915 CONTRAINTES FINANCIÈRES ET ORDRE DE FINANCEMENT 1915 Les réponses montrent que près de 15 % (environ 50) des entreprises de l’échantillon considèrent que leur financement est risqué, que ce soit du point de vue du coût des financements ou de leur disponibilité. I.3. Ordre de financement L’enquête EAA du LR (2010) fournit un indicateur direct de l’ordre de préférences des ressources financières via la question suivante : « Pour financer des investissements importants (et non obligatoires), quelle source de fonds privilégiez-vous ? » Voir tableaux 4a et 4b ci-après. Les réponses viennent contredire la théorie du financement d’ordre hiérarchique de Myers et Majluf (1984) : les entreprises privilégient l’emprunt à moyen et long terme. C’est la source privilégiée de financement pour près de 42 % des entreprises de droit commercial et 53 % des coopératives. Environ un tiers des entreprises, qu’elles soient coopératives ou non, envisagent l’autofinancement comme première source de financement. Une vraie différence apparaît sur les sources de financement alternatives à la dette à moyen et long terme et l’autofinancement : les coopératives comptent fortement sur les subventions tandis que l’acquisition d’actifs par du crédit-bail ou de la locationvente apparaît comme une source substantielle de financement pour les entreprises de droit commercial. Quatre groupes d’entreprises ressortent : – 47 entreprises qui privilégient l’autofinancement et ont ensuite recours à la dette à moyen et long terme, – 47 autres qui auraient d’abord recours à la dette à moyen et long terme puis l’autofinancement, – 42 qui privilégient l’endettement à moyen et long terme puis les subventions (très majoritairement des coopératives), – 33 entreprises qui considèrent la dette à moyen et long terme et le crédit-bail ou la location comme leurs deux principales sources de financement. Les deux derniers groupes d’entreprise ont ceci de particulier qu’elles ne mentionnent pas l’autofinancement comme source de financement envisagée. Est-ce par absence de capacité d’autofinancement ? Par volonté de faire jouer à plein l’effet de levier ? Ou d’une gouvernance particulière les amenant à restituer leurs trésoreries à une autre entité comme ce serait le cas pour des filiales d’entreprise ? Ce constat nous amène à constituer deux variables pour caractériser 5 30 3 2 0 0 12 78 9 20 5 1 187 Total 22 1 0 52 2 0 14 4 0 4 28 Empr. MLT 12 0 0 0 0 5 0 7 Appel de fonds 3 0 0 0 0 3 0 0 Capital risque 23 1 0 0 0 15 2 5 Crédit bail, loc.-vente 14 0 0 1 0 11 0 2 Subv. 0 0 0 0 0 0 0 0 Autre 21 1 1 1 1 9 1 7 NSP 1916 2 1 5 0 13 Empr. CT 13:18 40 0 62 Autofinancement Emprunt à court terme Emprunt à moyen ou long terme Appel de fonds auprès des propriétaires Crédit bail, location-vente Subventions Autre Autofin. Total Première source de fonds 27/11/13 Deuxième source de fonds TABLEAU 4a Sources de fonds privilégiées par les entreprises de droit commercial 13-Cadot Page 1916 J. CADOT, J.-L. VIVIANI 17 0 0 5 0 65 2 3 8 1 122 Total 9 0 0 1 0 4 0 24 3 0 0 0 0 2 19 Empr. MLT 4 0 0 0 0 3 0 1 Appel de fonds 3 0 0 0 0 3 0 0 Capital risque 5 0 0 0 1 4 0 0 Crédit bail, loc.-vente 47 0 0 1 1 31 2 12 Subv. 0 0 0 0 0 0 0 0 Autre 6 0 1 1 0 3 0 1 NSP CONTRAINTES FINANCIÈRES ET ORDRE DE FINANCEMENT Données : EAA du LR – 2010 2 6 4 Empr. CT 13:18 24 0 37 Autofinancement Emprunt à court terme Emprunt à moyen ou long terme Appel de fonds auprès des propriétaires Crédit bail, location-vente Subventions Autre Autofin. Total Première source de fonds 27/11/13 Deuxième source de fonds TABLEAU 4a Sources de fonds privilégiées par les entreprises coopératives 13-Cadot Page 1917 1917 13-Cadot 27/11/13 13:18 Page 1918 1918 J. CADOT, J.-L. VIVIANI l’ordre de financement hiérarchique, l’une prenant l’autofinancement comme référence et l’autre la dette à moyen et long terme. Les deux variables comportent trois modalités. Celles-ci sont, pour la première variable : – 0 quand l’autofinancement n’est pas mentionné dans les 2 premières sources de financement envisagés (159 entreprises), – 1 quand il n’est envisagé qu’en second lieu, souvent suite à la dette à moyen et long terme (64 entreprises), – 2 quand c’est la première source de financement envisagé (99 entreprises). Et pour la variable prenant la dette à moyen long terme comme référence de l’ordre de financement : – 0 quand la dette à moyen et long terme n’est pas mentionné dans les 2 premières sources de financement envisagés (104 entreprises), – 1 quand la dette à moyen et long terme n’est envisagée qu’en second lieu, souvent suite à la dette à moyen et long terme (76 entreprises), – 2 quand c’est la première source de financement envisagée (142 entreprises). I.4. Déterminants de la sensibilité des investissements aux cash flows et des contraintes financières I.4.1 Situation financière La situation financière des entreprises a un impact sur le comportement d’investissement. S’il est standard de considérer que les difficultés financières devraient impliquer un rationnement des financements [Cleary (1999)], nous avons vu en introduction que les managers peuvent avoir intérêt à investir quand l’entreprise est en difficulté financière. Nous utilisons comme indicateur de difficultés financières le score AFDCC 24 calculé à partir des données financières de 2009. Pour Fusier (2005), les entreprises pour lesquelles le score est inférieur à 2 4 Le score AFDCC 2 a été établi par l’Association française des Credit-Managers (AFDCC) et calibré par le Bureau Van DijK, éditeur de la base de données Diane. Il prend en compte la taille, la marge opérationnelle (EBIT/CA), l’impact financier (charges financières/CA), le fonds de roulement (en jours de CA), la trésorerie nette (en jours de CA), la capacité de financement (cash flows / (endettement moyen + % CA + % fonds propres). 13-Cadot 27/11/13 13:18 Page 1919 CONTRAINTES FINANCIÈRES ET ORDRE DE FINANCEMENT 1919 présentent un risque très élevé de défaillance. Ce sont les entreprises que nous considérons comme contraintes financièrement. I.4.2 Gouvernance Il est aisé de distinguer les coopératives de premier niveau des entreprises commerciales. En plus de cela, le questionnaire EAA-LR permet d’identifier les filiales de coopératives que nous considérerons comme des entreprises apparentées aux coopératives, avec les unions et les groupements de coopératives. Ensuite, il est également nécessaire de différencier les entreprises dont le capital est ouvert de celles dont le capital est fermé, ce que permettent les réponses à la question suivante : « Le capital de l’entreprise est-il détenu à plus de 98 % par la famille du dirigeant ? ». Notons que parmi les 196 entreprises de droit commercial, 127 sont des entreprises détenues à plus de 98 % par la famille du dirigeant, soit 65 %. 99 le présentent comme une volonté d’indépendance tandis que 9 considèrent que les banques prêtent suffisamment et 7 qu’elles disposent des ressources financières suffisantes. Parmi les 69 entreprises dont le capital est ouvert, 33 répondent que la raison principale est le besoin de fonds pour financer la croissance de l’entreprise, 20 ne savent pas donner la raison et 12 l’expliquent par une autre raison (1 LBO et partage de l’entreprise avec associés non familiaux). Dans la suite de l’article, nous considérerons la gouvernance selon quatre modalités qui pourront être des variables dummy pour isoler l’effet de chacune de ses modalités sur la variable étudiée : – l’entreprise familiale dont plus de 98 % du capital appartient à la famille du dirigeant, – l’entreprise à capital ouvert, – les coopératives, – les apparentées aux coopératives (filiales de coopératives et unions et groupements de coopératives). I.4.3 Tangibilité La tangibilité des actifs constitue l’un des déterminants du comportement d’investissement du fait de la possibilité de les utiliser comme contreparties financières [Almeida et Campello (2007)]. La difficulté consiste à mesurer la tangibilité. Almeida et Campello (2007) proposent plusieurs options : 13-Cadot 27/11/13 1920 13:18 Page 1920 J. CADOT, J.-L. VIVIANI – un score basé sur la structure de l’actif, – une mesure de la redéployabilité des actifs par secteurs, – une mesure de la cyclicité des secteurs (covariance historique des ventes et du PNB réalisée par Sharpe 1994]. Nous reprenons cette démarche en calculant la variable « tangibilité » proposée par Almeida et Campello (2007) à partir de la mesure proposée par Berger et al. (1996). Tangibilité = [Disponibilités + (0,715 * Créances Clients + 0,547 * Stocks nets + 0,535 * Immobilisations Nettes)] / Total Actifs Selon cette mesure, la tangibilité des actifs est à peu près équivalente pour chacune des filières, la valeur liquidative des actifs est en moyenne égale à 40 % du total des actifs, avec un écart-type compris entre 10 et un peu plus de 15 %. Nous pouvons également proposer une mesure de la redéployabilité des actifs par filières en supposant que plus le nombre d’entreprises engagées dans une filière donnée sur le périmètre régional est important, plus la possibilité de redéploiement de ces actifs est importante. L’enquête nous permet de déterminer le nombre d’entreprises par filières. Il nous semble toutefois nécessaire de prendre en compte l’hétérogénéité des entreprises au sein de chacune des filières. Pour cela, on peut se référer à une donnée qualitative, les réponses à la question ouverte suivante : « Pouvez-vous définir le métier de votre entreprise en quelques mots ? ». Force est de constater une certaine homogénéité des filières vins et fruits et légumes mais de fortes différences de métiers intra entreprises pour les autres filières. Cette hétérogénéité se reflète d’ailleurs dans la dimension des entreprises : les écart-types de chiffre d’affaires sont bien plus importants dans les filières « céréales », « animaux » et « divers » que dans les filières fruits et légumes ou vins. Nous proposons donc un classement par filière reflétant à la fois l’hétérogénéité et l’importance de la filière dans l’économie régionale afin d’obtenir un indicateur de la tangibilité des actifs : – 0 pour la filière « divers », – 1 pour les filières « céréales » et « animaux », – 2 pour la filière « fruits et légumes », – 3 pour la filière « vins ». Le tableau 5 dresse le bilan des variables utilisées. 13-Cadot 27/11/13 13:18 Page 1921 CONTRAINTES FINANCIÈRES ET ORDRE DE FINANCEMENT 1921 TABLEAU 5 Variables, indicateurs et mesures Variable Contraintes financières Indicateur Risque sur le coût des financements Risque sur le volume des financements Ordre de Source de financement financement hiérarchique Difficultés financières Scores Gouvernance Structure du capital Tangibilité Code Mesure CONTFINCO Contraintes : « fort » et « très fort » Non contraintes : « faible » et très faible CONTFINVOL Contraintes : « fort » et « très fort » Non contraintes : « faible » et très faible OFH Autofinancement 1er : 3 Autofinancement 2ème : 2 Autofinancement 3ème : 1 OFH2 Emprunt à MLT 1er : 3 Emprunt à MLT 2ème : 2 Emprunt à MLT : 1 DIFF_FIN Score AFDCC 2 < 2 (variable binaire) 2009 DIFF_FIN Score AFDCC 2 < 2 (variable binaire) 2008 STRUCCAP STRUCCAP = 0 si capital fermé 1 si capital ouvert 2 si apparenté coop. 3 si coopérative Valeur de liquidation TANG Score de Berger et al. Redéploiement (secteurs) TANG2 0 – Filière Divers 1 – Filières Céréales et animaux 2 – Filières F&L 3 – Filières Vins II. RÉSULTATS II.1. Analyses bivariées L’analyse bivariée ne met pas en évidence de lien significatif entre ordre de financement hiérarchique, autrement dit, le recours à l’autofinancement, et les contraintes financières. Les difficultés financières ont un impact significatif sur la probabilité d’être contraint en termes de coût, ce qui est assez logique : la banque détermine le taux d’intérêt selon le risque pris et perçu via les données financières. En revanche, et de façon surprenante, les difficultés financières ne sont pas significativement associées à une contrainte financière en termes de volume. 13-Cadot 27/11/13 13:18 Page 1922 1922 J. CADOT, J.-L. VIVIANI La gouvernance a également un effet significatif sur les contraintes financières : les entreprises à capital ouvert sont significativement moins contraintes en volume des financements que les entreprises à capital fermé. Les coopératives ne sont pas plus contraintes que les entreprises familiales. Plus surprenant, les coopératives sont significativement moins contraintes que les entreprises familiales lorsque la contrainte est considérée en termes de coût. La gouvernance des entreprises est aussi associée à l’ordre de financement hiérarchique : les entreprises à capital ouvert privilégient significativement la dette à moyen long terme par rapport aux entreprises familiales. Les coopératives tendent également à privilégier l’endettement (p-value entre 10 et 15 %). Enfin, la tangibilité, calculée à partir du ratio de valeur liquidative, n’est pas associée aux contraintes financières ni à l’ordre de financement hiérarchique. TABLEAU 6 Analyses bivariées Contraintes Ordre de financement financières hiérarchique Volume Coût AutoDette à financement MLT Ordre de fin. hiérarchique (1) Difficultés (2) Gouv. (1) Tangibilité Autofinancement Dette à MLT ...financières ...financières N-1 ... familiale ... ouverte ... app. Coop ... coopératives ... score (3) ... sectorielle (1) NS NS NS NS Ref NS NS NS NS NS NS +++ ++ Ref -NS -NS NS NS NS NS NS NS NS NS NS ----NS NS Ref ++ NS NS NS NS (1)Test exact de Fisher : relation positive/négative et significative à 10 % (+/-), 5 % (++/—), 1 % (+++/—-) (2)Test de Pearson : relation positive/négative et significative à 10 % (+/-), 5 % (++/—), 1 % (+++/—-) (3)Test de Student : relation positive/négative et significative à 10 % (+/-), 5 % (++/—), 1 % (+++/—-) Dans le test exact de Fisher, l’item référence de la variable catégorielle est désigné par le terme ref Données : EAA du LR – 2010 13-Cadot 27/11/13 13:18 Page 1923 CONTRAINTES FINANCIÈRES ET ORDRE DE FINANCEMENT 1923 L’analyse bivariée montre que les contraintes financières sont significativement corrélées aux difficultés financières rencontrées par les entreprises et à leur gouvernance. C’est moins le cas pour l’ordre de financement hiérarchique : seul l’indicateur construit avec la dette à moyen long terme comme source de financement privilégiée a une relation significative avec la gouvernance et avec la variable sectorielle de tangibilité. L’analyse de la relation entre les deux variables nécessite la prise en compte des difficultés financières, de la gouvernance et des différences sectorielles potentielles. Il faut donc réaliser une analyse multivariée. II.2. Analyses multivariées L’analyse multivariée (modèle logit) montre que l’ordre de financement hiérarchique et les contraintes financières sont significativement corrélés, toute chose égale par ailleurs. Par contre, contrairement à ce que l’approche conventionnelle des contraintes financières (celle initiée par Fazzari Hubbard et Petersen (1988)) suppose, les entreprises qui privilégient l’autofinancement sont les entreprises les moins contraintes financièrement et ce, que la contrainte soit considérée en termes de volume ou de coûts. Ces résultats vont dans le sens de Kaplan et Zingales (1997) ou encore Cleary (1999) : les entreprises non contraintes financièrement ont aussi tendance à utiliser l’autofinancement pour investir, de sorte que la sensibilité des investissements aux cash flows n’est pas nulle. Elle est même, pour ces deux contributions, supérieure à celle des entreprises contraintes financièrement. Les résultats sur la relation entre gouvernance et contraintes financières remettent aussi en question une idée largement répandue : les coopératives apparaissent comme significativement moins contraintes en volume que les entreprises familiales. Ce résultat va à l’encontre de l’hypothèse de Cook (1995), ainsi que des résultats obtenus par Chaddad et Cook (2005), qui établissent que les coopératives sont contraintes financièrement. La contradiction de ce résultat avec celui de Chaddad et Cook provient sans doute de la méthode de mesure de la contrainte. Elle n’est d’ailleurs pas surprenante dans la mesure où nos résultats mettent en évidence une relation négative entre contraintes financières et recours à l’autofinancement comme source privilégiée d’investissement alors que Chaddad et Cook (2005) prennent la sensibilité de l’investissement aux cash flows comme indicateur des contraintes financières. L’interprétation de ce résultat doit cependant être nuancée. Il ressort en effet que les entreprises apparentées aux coopératives, filiales ou 13-Cadot 27/11/13 1924 13:18 Page 1924 J. CADOT, J.-L. VIVIANI unions et groupements sont fortement contraintes financièrement, alors même qu’elles ont en charge les fonctions de marketing et de commercialisation des produits des coopératives5, pour lesquelles les coûts fixes et les investissements intangibles sont les plus élevés. Autrement dit, la question des contraintes financières doit peut-être se poser au niveau de chaque maillon de la chaîne de valeur des groupements coopératifs : les coopératives rencontreraient peu de contraintes pour les investissements nécessaires au développement et à la modernisation de l’appareil productif mais pourraient en revanche être limitées dans le financement de leurs politiques marketing et commerciales6. De façon moins surprenante, les entreprises dont le capital est ouvert sont moins contraintes financièrement, tout du moins en termes de coût, ce qui est cohérent avec la première raison évoquée pour expliquer l’ouverture du capital, le besoin de fonds pour financer la croissance. Les difficultés financières, mesurées par la probabilité d’être classées comme risquées par le score AFDCC2, ont un impact significatif sur les contraintes en termes de coût, ce qui confirme les premiers résultats obtenus par l’analyse bivariée. De façon plus surprenante, elles n’ont pas d’impact sur les contraintes financières en termes de volume, ce qui laisse supposer que le rationnement du capital n’obéit pas aux logiques expliquant un renchérissement du coût du crédit. L’indicateur sectoriel de tangibilité a un effet significatif sur la probabilité d’être contraint. L’analyse par modalités montre que les entreprises de la filière vin sont significativement plus contraintes que les autres. Ce résultat contredirait l’hypothèse selon laquelle la tangibilité réduit la probabilité d’être contraint financièrement [Almeida et Campello (2007)]. Cette interprétation est cependant très contestable : le nombre de filières considérées n’est pas suffisant pour établir un lien entre tangibilité intra filières et contraintes financières. Force est de reconnaître la faiblesse de notre indicateur. Enfin, le fait que les entreprises de la filière vin soient contraintes n’est pas surprenant étant donné la crise de cette filière qui dure maintenant depuis une dizaine d’années. Celle-ci se traduit d’ailleurs par des performances finan- 5 Pour une compréhension du phénomène de fililalisation dans les groupes coopératifs, voir Filippi et Triboulet (2003). 6 Notons que, d’un point de vue comptable, les dépenses nécessaires à la réalisation de la politique commerciale sont essentiellement des charges et non des investissements. D’un point de vue financier, la distinction nécessite une analyse fine de la structure des dépenses [Amadieu et Viviani (2011)]. 13-Cadot 27/11/13 13:18 Page 1925 CONTRAINTES FINANCIÈRES ET ORDRE DE FINANCEMENT 1925 cières sectorielles médiocres sur la période 2003-2009 [Cadot et Couderc (2012)]. TABLEAU 7 Contraintes financières et ordre de financement hiérarchique La variable « contraintes financières » étant binaire, qu’elle soit abordée en volume ou en coûts, les deux modèles économétriques sont des modèles logit. Les tests post-estimations assurent la stabilité des résultats : pseudo R2 > 0,12 ; de plus, la p-value du test de la qualité de l’ajustement (chi2) est supérieur à 0,50 pour les deux modèles. Contraintes financières ... en volume ... en coûts (CONTFINVOL) (CONTFINCO) Ordre de financement hiérarchique (OFH) Difficultés financières (DIFF_FIN) Difficultés financières n-1 (DIFF_FIN2) Capital ouvert (CAPOUV) Coopératives (COOP) Apparentées coopératives (APCOOP) Tangibilité sectorielle (TANG2) Constante Number of obs LR chi2(7) Prob > chi2 Pseudo R2 –0,9303*** (–2.65) 0,5030 (0.78) 0,7834 (1.21) –1,0699 (–1.55) –2,3303** (–2.50) 4,3902** (2.23) 0,7623** (2.48) –0,7899 (–1.15) –0,7805** (–2.25) 1,4905** (2.17) 0,9386 (1.35) –1,5015** (–2.09) –3,1732*** (–2.91) 5,5918*** (2.64) 0,8337*** (2.61) –1,4070* (–1.92) 112 20,0400 0,0055 0,1651 120 30,2700 0,0001 0,2322 Données : EAA du LR – 2010 III. – CONCLUSION Kaplan et Zingalès (1997) ont eu raison de plaider pour une observation directe des contraintes financières : notre analyse par questionnaire remet en question des idées répandues dans la communauté académique et les pouvoirs publics. D’abord, la relation positive entre la propension à privilégier l’autofinancement comme ressource financière et les contraintes finan- 13-Cadot 27/11/13 1926 13:18 Page 1926 J. CADOT, J.-L. VIVIANI cières perçues en termes de volume et de coût met à mal l’hypothèse conventionnelle de relation positive entre les contraintes financières et le recours à l’autofinancement. Notre recherche démontre précisément l’inverse : les entreprises privilégiant l’autofinancement sont celles qui se préoccupent le moins d’être contraintes financièrement, que ce soit par une incertitude sur les volumes de financement ou leurs coûts. Nos résultats sont en cela cohérents avec ceux de Kaplan et Zingales (1997) ou encore Cleary (1999). Ensuite, notre contribution amène à un réexamen de certaines idées sur la relation entre gouvernance et contraintes financières. Les entreprises dont le capital est ouvert perçoivent moins de risques dans le coût des financements futurs que les entreprises familiales. Plus surprenant, elles n’ont pas plus de certitudes que les autres sur leur capacité à obtenir des financements pour leurs investissements futurs. Les entreprises à capital ouvert sont donc moins contraintes financièrement... mais uniquement en termes de coût des financements et non de volume. Enfin, contrairement à ce qu’il est communément admis, les coopératives ne subissent pas de contraintes financières particulières. Ce résultat est toutefois à nuancer au vu des résultats obtenus sur les filiales de coopératives ou les unions et groupements de coopératives qui paraissent fortement contraintes. Une analyse par maillon de la chaîne de valeur semble ici pertinente. D’un point de vue strictement financier, cela reviendrait à s’interroger sur la relation entre contraintes financières et la nature des investissements, voie de recherche proposée par Almeida, Campello et Weisbach (2011), et d’intégrer les interdépendances entre les investissements réalisés à différents niveaux d’une même filière. Cela permettrait sans doute d’expliquer la concomitance de phénomènes de surcapacités, comme cela a été constaté pour les coopératives américaines dans les années 80, et peut-être aussi dans la filière viticole languedocienne actuelle, et d’un sous-investissement en R&D et en marketing, activités pourtant essentielles à une création de valeur durable. Par conséquent, nos résultats devraient alerter les dirigeants de groupes coopératifs (conseil d’administration des coopératives-mère ou des unions de coopératives) sur la gouvernance intra-groupe : il faut veiller à ce que les entités chargées de la commercialisation et du marketing des produits ne se retrouvent pas dans l’impossibilité de financer des investissements nécessaires à la compétitivité de l’ensemble du groupe alors même que les coopératives-mère ne sont pas contraintes financièrement. 13-Cadot 27/11/13 13:18 Page 1927 CONTRAINTES FINANCIÈRES ET ORDRE DE FINANCEMENT 1927 Cette alerte vaut aussi pour les pouvoirs publics. Les aides à l’investissement destinées aux coopératives appartenant à des groupes coopératifs (sous diverses formes) devraient avoir d’autant plus d’impact sur leur compétitivité qu’elles se traduisent par une amélioration du fonds de roulement pour le groupe dans son ensemble. Dans le cas contraire, les aides financières aux coopératives de premier niveau auraient comme unique effet de se substituer à un financement bancaire disponible et peu coûteux. Autrement dit, l’octroi des aides devrait être conditionné à une « bonne » gouvernance interne des groupes coopératifs, quand l’allocation des ressources financières optimise la création de valeur à long terme sur l’ensemble de la chaîne de valeur, au bénéfice des coopérateurs. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ALMEIDA H., CAMPELLO M. [2007], « Financial Constraints, Asset Tangibility, and Corporate Investment », Review of Financial Studies, vol. 20, n° 5, p. 1429-1460. ALMEIDA H., CAMPELLO M., WEISBACH S. [2011], « Corporate financial and investment policies when future financing is not frictionless », Journal of Corporate Finance, vol. 17, n° 3, p. 675-693. AMADIEU P., VIVIANI J.L. 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