se transforme en Rolls Le M4

Transcription

se transforme en Rolls Le M4
Banc d’essai ●●▶ Heckler & Koch HK416
Le M4
se transforme en Rolls
H&K 416
Lorsqu’on s’intéresse aux armes produites par Heckler & Koch, on pense immédiatement aux pistolets-mitrailleurs MP5, aux fusils d’assaut G3 et aujourd’hui
G36, voire à des armes aussi originales et innovatrices que le MP7A1 ou le
lance-grenade automatique GMG. On ignore souvent que, comme Porsche, HK
dispose d’un bureau d’étude tout aussi compétent lorsqu’il s’agit d’améliorer un
produit déjà existant. Leur dernier fusil d’assaut HK416 en est le meilleur
exemple.
L
e département de recherche
et
développement
d’Oberndorf est réputé pour
être l’un des plus prolifiques au
monde, mais la création d’armes
propres à la marque n’est que l’aspect le plus connu de son activité.
Le fusil d’assaut britannique SA80
en est l’illustration typique. Dernière
arme produite par les ateliers étatiques d’Enfield, celle-ci avait été
développée de manière chaotique
par trois équipes différentes et successives d’ingénieurs sans parvenir à
un résultat simplement acceptable.
Fiabilité désastreuse, problèmes
sérieux de qualité, maintenance
délicate, solidité toute relative, la
situation pouvait difficilement être
qualifiée de satisfaisante.
Une fois encore (on se souvient des
déboires du M16A1 au cours de la
guerre du Vietnam), la presse se fit le
relais de ces difficultés, poussant le
gouvernement britannique à réagir
de façon radicale. Le SA80 – ou
L85A1 selon sa désignation officielle – a donc fait l’objet à partir de
l’année 2000 d’un programme
d’amélioration mené par la firme
allemande, alors propriété de British
Aerospace. A la demande du
Ministère de la Défense Britannique
(MoD), HK a ainsi modifié plus de
deux cent mille armes, désormais
dénommées SA80A2.
Les modifications ont porté sur pratiquement toutes les parties mécaniques liées au fonctionnement de
l’arme : sans vouloir être exhaustif,
extracteur, éjecteur, ensemble mobile et tête de culasse, ressorts, percuteur, prise de gaz, canon (version
fusil-mitrailleur uniquement), exten-
1
Banc d’essai ●●▶ Heckler & Koch HK416
●●▶ Vue gauche d’un HK 416 au canon de 14,5 pouces
sion de canon, chien et chargeur ont
ainsi été réétudiés et redessinés à la
suite d’essais réalisés en climats arctiques, tempérés et tropicaux. Les
résultats ont été à la hauteur des
espérances et de l’investissement du
MoD. Le SA80 est passé du statut de
candidat sérieux à l’élection de la
plus mauvaise arme actuelle (au
point d’avoir été retiré de la liste des
armes de référence OTAN) à celui
de fusil d’assaut à la fiabilité exemplaire, à défaut d’être devenu miraculeusement ergonomique…
Mais c’est un autre aspect qui ne
pouvait être amélioré sans remplacer entièrement l’arme, ce qui ne
faisait pas partie du postulat de
départ ! Au cours de tests réalisés
sous le climat glacial de l’Alaska, le
SA80A2 a fait preuve d’un ratio de 1
incident pour 1980 coups tirés,
contre 1 pour… 110 avec l’arme
d’origine.
A l’autre extrémité de la plage de
température, des essais effectués au
Koweït ont permis de tirer en
moyenne 2480 coups avant qu’un
incident ne survienne, contre 60
malheureux coups (deux char●●▶ Détail du frein de bouche d’un HK
416 au canon de 10 pouces
geurs…) pour le SA80 !
Porté par la vague de ce succès qui
a permis à l’usine de remporter un
de ses plus beaux contrats de ces
dernières années, HK – redevenu
entre-temps allemand - s’est par la
suite attelé au dessin et à la production de pièces détachées pour la
mitrailleuse de 7,62 du même
client, la célèbre GPMG (General
Purpose Machine Gun).
HK est désormais devenu le fournisseur exclusif de pièces détachées
pour GPMG auprès du MoD britannique après un strict programme
d’évaluation des performances
ayant notamment classé les canons
« made in Oberndorf » à la première place en termes de durée de vie et
de précision.
Le commencement
Grâce à cette
expérience, HK
pouvait se permettre de s’attaquer à une
arme beaucoup
plus
réussie
mais finalement
tout aussi perfectible - le
M16 et son dérivé M4.
Contacté début 2001 par une
unité spéciale américaine, lassée
des incidents de tir à répétition et de
la durée de vie limitée de son arme
de dotation, HK a saisi l’opportunité
qui lui était enfin offerte d’exercer
ses talents sur une arme de référence à la diffusion mondiale. Le projet
de revalorisation (« mid-life improvement ») du M4 était en effet déjà
bien avancé en interne, mais nécessitait pour être poursuivi d’impliquer
directement un client potentiel,
notamment afin d’obtenir le prêt des
armes nécessaires au développement.
L’US SOCOM, ou du moins une partie de celui-ci, venait d’offrir à HK
cette possibilité, le tout sans que le
gouvernement américain ne mette
un centime dans l’opération puisque
la totalité du projet a été financée
sur fonds propres.
Bien que le dessin originel du M16
rende hommage à l’ingéniosité
(voire au génie) d’Eugène Stoner, il
était en effet devenu assez clair que
le M4 constituait une évolution mal
maîtrisée du concept originel. Le
M16 (modèles A2 et suivants) n’a en
effet pas subi la totalité des attaques
virulentes qui ont accablé le M4 lors
des derniers conflits au cours desquels il a été testé en conditions
opérationnelles réelles.
La raison la plus
probable est la
difficulté à maîtriser correctement
la réduction de la
longueur du canon et ses effets sur
●●▶ Mod. 329PD canon de 4’’
2
Banc d’essai ●●▶ Heckler & Koch HK416
La recette
le fonctionnement de l’arme en
environnement
difficile.
Raisonnablement fiable en usage
normal (entendez-là en temps de
paix) le M4 fait l’objet d’une longue
litanie de plaintes et de récriminations de la part des forces armées
américaines après sa mise en
œuvre
en
Irak
et
Afghanistan. Le conflit
dans le Golfe, essentiellement
mécanisé,
n’avait en effet pas
nécessité l’utilisation massive d’armes
individuelles,
contrairement
au
théâtre irakien et
plus encore afghan,
où le fusil d’assaut
devient l’outil de combat principal
des forces débarquées, aux côtés de
la mitrailleuse M249 dans le même
calibre.
Le phénomène, amplifié voire déformé par la presse et internet, où de
pseudos compte-rendu opérationnels ont circulé, a néanmoins mis en
avant des éléments factuels qu’il
était difficile de passer sous silence.
Ont été incriminés, en vrac, des
incidents de fonctionnement de
toutes natures, compliqués par une
La première piste était l’utilisation
du chargeur développé pour le
SA80A2 britannique. Il n’était bien
sûr pas sérieusement question de
s’affranchir de la compatibilité
avec le chargeur M16, bien
sensibilité
excessive à
l’encrassement
ainsi
qu’une durée de vie du
canon médiocre en tir automatique.
Il est vrai que les spécifications de
recette définies par l’armée US pour
le M4 limitent le tir d’endurance à
6000 coups. En usage intensif –on a
vu le tir en rafales curieusement
revenir à la mode ces dernières
années – cette limite, vite atteinte,
devient un maximum. Sur la base de
ce
constat,
les
ingénieurs
d’Oberndorf se sont mis au travail,
et après de nombreux essais impliquant l’usage systématique de la
visualisation du cycle de fonctionnement à l’aide d’une caméra haute
vitesse, ont cerné plusieurs axes de
développement.
●●▶ Détail du piston d’un HK 416 au
canon de 10 pouces
que ce dernier ne
soit pas d’une conception idéale. Un des problèmes majeurs du chargeur M16 est sa construction mal
contrôlée – divers fabricants en produisent selon des plans plus ou
moins fidèles à la définition d’origine, avec des résultats variables.
Certains chargeurs fonctionnent correctement, d’autres non, mais la
solidité est rarement leur qualité
première. Convaincus de l’importance de cet élément dans le bon
fonctionnement d’une arme automatique, HK a entièrement repris sa
conception et sa fabrication. Corps
tout acier au dessin modifié, ressort
spécifique, planchette élévatrice
métallique, protection anticorrosion, étanchéité améliorée, tout ce
qu’il était possible de faire sur cette
base a été fait. Il suffisait dès lors de
le réutiliser tel quel pour le HK416,
ce qui a constitué sans aucun doute
la phase la plus simple du projet.
L’autre axe de développement était
plus radical – conscient des inconvénients du système de fonctionnement par emprunt de gaz de la
famille AR15, où la veine gazeuse
actionne elle-même l’ensemble
mobile, HK a tout simplement décidé de greffer le système à piston
court du G36 dans l’optique de supprimer à la racine une bonne partie
3
Banc d’essai ●●▶ Heckler & Koch HK416
●●▶ Culasse démontée d’un HK 416
des problèmes de fonctionnement
du M4. Non pas que le système
repris par Stoner soit foncièrement
mauvais – après tout, le M16 s’est
vendu à des millions d’exemplaires
malgré cela – mais il n’est manifestement plus adapté à une arme dont
le canon est susceptible d’être jusqu’à deux fois plus court qu’à l’origine, et qui sera utilisé en tir automatique dans des conditions climatiques et de maintenance bien éloignées de l’idéal.
Le système de fonctionnement du
G36 n’est pas nouveau – d’autres
système, identiques ou très similaires, ont été développés il y a déjà
des décennies dont celui de l’AR18
pour rester dans la famille – mais il
est de l’avis de beaucoup probablement aujourd’hui le meilleur choix
pour un fusil d’assaut moderne.
En pratique, les premiers prototypes
ont été réalisés sur la base de carabines M4 existantes, et ont servi à la
finalisation du système moteur et au
développement des autres caractéristiques qui font du HK416 une
arme significativement différente.
Les pièces étaient alors largement
achetées aux Etats-Unis auprès de
différents fabricants de « clones »
M16, seule la partie spécifique étant
fabriquée à Oberndorf. Au fil du
cycle de développement, les pièces
ont été progressivement produites
par l’usine elle-même jusqu’à aboutir à une arme aujourd’hui réalisée à
100 % sur le site d’Oberndorf.
Les modifications apportées au système moteur ont immédiatement
porté leurs fruits. Un des inconvénients majeurs du système initial est
l’encrassement rapide de l’arme,
notamment lors de l’utilisation de
certaines munitions.
Cela se comprend aisément quand
on regarde le principe moteur – les
gaz chauds et chargés en résidus de
tir sont directement envoyés dans
l’ensemble mobile. Non seulement
celui-ci s’encrasse, mais la chaleur
de la combustion lui est directement
retransmise, ce qui assèche rapidement l’huile nécessaire à un bon
fonctionnement et diminue la durée
de vie des composants. Le système à
piston du G36 évite toute pénétration de gaz dans la carcasse supérieure, et règle d’un seul coup tous
ces problèmes. Non seulement l’arme reste propre – au point de n’exiger de nettoyage qu’après 5 ou 6000
coups tirés si nécessaire – mais l’ensemble mobile chauffe considérablement moins et peut être tenu en
4
Banc d’essai ●●▶ Heckler & Koch HK416
main même après une centaine de
coups tirés en rafale. Avantage
supplémentaire, on ne ressent plus le désagréable
phénomène de fuite de
gaz par le
levier d’armement
qui
survenait parfois sur le M16. Enfin, l’encrassement insidieux du tube de gaz par
les résidus de combustion (carbone
et dépôts cuivrés) n’est plus qu’un
mauvais souvenir. L’ensemble mobile est complété par un nouveau ressort récupérateur équipé d’un amortisseur contenant du granulé de
tungstène (encore une spécialité
maison) afin de diminuer les phénomènes de rebond.
L’autre amélioration porte sur le
canon et sa fixation. Réalisé de
façon traditionnelle pour HK – martelé à froid à partir d’une barre
d’acier Aubert & Duval puis chromé
– le canon du HK416 est fixé à la
carcasse supérieure par l’intermédiaire d’une pièce de serrage deux
fois plus longue qu’à l’origine, ce
qui améliore la résistance structurelle de l’ensemble. Disponible en 10,
14,5 et 20 pouces, le canon (rayé au
pas de 7 pouces) présente un profil
« lourd » dans les deux plus importantes longueurs afin de
répondre à des requis mettant
l’accent sur une quantité
importante de tirs en
rafales.
Le canon de
10 pouces arbo-
●●▶ Détail du Tambour de hausse
re quant à lui un profil moins massif,
au bénéfice bien sûr de la légèreté et
de la maniabilité. Une version à
canon de 16,5 pouces existe mais
ne semble correspondre qu’à un
besoin spécifique des forces de
l’ordre non fédérales des Etats-Unis,
qui s’affranchiraient ainsi des complications administratives liées à
l’achat d’une arme à canon court.
Un cache-flamme standardisé au
diamètre de 22 mm termine le
canon et autorise ainsi l’utilisation
d’un silencieux à montage rapide
comme l’excellent Rotex III de
Brügger & Thomet. Si cette dernière
possibilité n’est pas exigée, la version à canon de 10 pouces gagne à
être équipée d’un cache flamme
ouvert (type G36K) peut-être moins
robuste, mais beaucoup plus efficace pour réduire la lueur de bouche.
Le bloc de prise de gaz regroupe un
tenon de baïonnette, une interface
pour le guidon repliable, deux
anneaux de bretelle et un point de
fixation pour le lance-grenade de 40
mm. Celui-ci est dérivé de l’AG36,
mais se distingue par une interface
supérieure picatinny qui permet de
l’installer en quelques secondes.
Contrairement à l’AG36, il n’est pas
nécessaire de remplacer le gardemain pour l’installer. Une fois ôté,
l’AG416 peut recevoir une crosse
télescopique qui le transforme en
lanceur indépendant. Les organes
de visée repliables situés sur le côté
du lanceur peuvent quant à eux être
utilisés que le lanceur soit monté ou
non, et permettent de conserver le
simbleautage lorsqu’il est remonté
sur une autre arme.
Soucieux d’éviter tout départ de
coup accidentel pouvant survenir
en cas de chute conjointement à
l’utilisation d’amorces civiles, HK a
équipé l’ensemble mobile d’une
sûreté de percuteur dérivée de celle
développée pour le pistoletmitrailleur UMP. Les amorces militaires sont conçues pour éviter ce
genre de désagrément, mais il est
clair que l’utilisation de plus en plus
fréquente de munitions « match »
dans le but d’améliorer la précision
à grande distance a été un facteur
déterminant dans la décision d’installer un tel dispositif.
Dernier élément marquant de cette
transformation, le garde-main « 4
rails » a été conçu comme partie
intégrante du système, au point que
l’arme n’existe pas actuellement
dans une autre configuration. Usiné
à partir d’un profilé d’aluminium, le
garde main flottant est fixé sur
l’écrou de canon par l’intermédiaire
d’une vis de serrage imperdable.
Celle-ci peut être dévissée à l’aide
du mousqueton de bretelle ou, si
nécessaire, avec un tenon de la tête
de culasse, laquelle résistera de
toute façon bien mieux que la vis en
cas de serrage excessif ! Grâce au
généreux dimensionnement de la
pièce de serrage et à des tolérances
5
Banc d’essai ●●▶ Heckler & Koch HK416
précises, le garde-main permet un
démontage et un remontage sans
perte de zéro des éventuelles
optiques ou lasers (AN/PEQ-2 par
exemple) qui y seraient fixés. Le rail
supérieur est doté de repères numériques permettant de mémoriser la
position des différents accessoires.
Contrairement
aux
premiers
modèles dont les photos ont été
publiées dans la presse, l’arme de
série est équipée d’une nouvelle
crosse télescopique dotée d’un
●●▶ Talon de crosse interchangeable
appuij o u e
intégré et
de
logements pour
piles
type
CR123.
Le
sélecteur de tir
(sûreté – coup par
coup – rafale) est
ambidextre sur certaines
versions tandis que le puits de
chargeur est chanfreiné pour faciliter le rechargement. La poignée pis-
tolet du modèle d’essai
était fournie par Tango Down, mais
une poignée maison, à l’angle un
peu moins prononcé, a également
fait son apparition depuis peu.
Question de goût, puisque la majorité des innombrables accessoires
pour M4/M16 peuvent être utilisés
sur le HK416. Le garde-main picatinny est protégé par des protections
plastique qui se glissent en place et
se verrouillent en fin de course.
On regrettera qu’il ne soit pas
actuellement possible d’obtenir des
plaques plus courtes, permettant de
monter un accessoire sur le rail sans
ôter totalement celles-ci, mais il
est toutefois toujours possible
d’utiliser des protections
caoutchouc standard ou de
monter la poignée avant.
Les organes de visée ne
désorienteront pas les
habitués de la maison,
puisque le tambour de
hausse façon MP5 et
autres HK33 a été réutilisé. Il est simplement fixé
sur le rail picatinny par
l’intermédiaire d’un montage en deux parties serré
par une simple vis cruciforme.
A l’autre bout du rail, et selon
les versions, se trouve un guidon type MP5 (ici semi-cerclé)
sur rail picatinny, ou un guidon
repliable fixé sur le bloc de
prise de gaz. Ce dernier dégage
la vision vers l’avant en cas d’utilisation d’une aide à la visée et compense l’arcure du canon en cas de tir
(très) intensif. En contrepartie, étant
directement fixé sur le canon, il
chauffe beaucoup en tir intensif. A
chacun de choisir.
Sensible à l’agitation autour du
calibre 5,56 mm OTAN, dont l’efficacité terminale et la précision aux
plus longues distances ont été au
moins aussi critiqués que le M4, HK
a développé une version du HK416
chambrée en calibre 6,8 mm x 43
(ou 6,8 Rem. SPC). Malgré sa relative jeunesse, la cartouche de 6,8 SPC
est désormais bien connue. Basée
sur l’étui de l’ancienne 30
Remington, elle est généralement
équipée d’un projectile de 7,5 g
(115 grains) pour une vitesse à la
bouche (canon 14,5 pouces) d’environ 750 m/s, offrant ainsi une alternative intéressante aux deux
calibres OTAN que sont le 5,56 et le
7,62.
Le 6,8 n’est peut-être pas appelée à
devenir un calibre réglementaire à
l’avenir – imposer un nouveau
calibre n’a rien d’évident – mais HK
tient à être prêt « au cas où ».
Canon, tête de culasse, ressort récupérateur mais aussi chargeur sont
spécifiques au HK416 6,8 dont plusieurs exemplaires sont actuellement en évaluation opérationnelle.
Au final, quelques chiffres permettent de juger de la réussite de l’opération.
Lors d’une épreuve de recette organisée par un client, un HK416 à
canon de 10 pouces a tiré plus de
15000 cartouches sans un seul incident ni bris de pièces. Après 12000
coups, l’arme groupait encore cinq
6
Banc d’essai ●●▶ Heckler & Koch HK416
cartouches (type match) en un
pouce (2,54 cm) à 100 mètres. Plus
spectaculaire, à peine sorti de l’eau,
le HK416 est capable de tirer la cartouche en chambre sans aucun
dommage malgré les pressions
énormes subies par le canon et l’ensemble mobile.
Parmi d’autres secrets bien gardés,
trois orifices sont percés à l’extrémité de la crosse pour faciliter l’évacuation de l’eau et sont visibles sous
la plaque de couche. Croyez-moi
sur parole, c’est une épreuve à ne
pas tenter avec un AR15… ou
d’autres armes.
Mais le plus important reste que
depuis 2005, le HK416 est engagé
de façon opérationnelle sur la plupart des théâtres d’opération et
semble avoir répondu à toutes les
exigences de ses utilisateurs. C’est
bien là l’essentiel.
Les résultats
Quand on connaît la famille AR15/
M16, on est frappé par la qualité de
fabrication du HK416. L’arme est
très sérieusement réalisée, avec un
aspect « taillé dans la masse » qui
fait défaut au M4, beaucoup plus
frêle d’apparence. En contrepartie,
l’arme est plus lourde, notamment
en version 14,5 pouces, mais reste
avec ses 3,6 kg à un niveau raisonnable.
Toutes les manipulations sont évidemment instinctives pour qui a
l’habitude du M16, et l’on reste toujours admiratif devant l’ergonomie
générale d’une arme qui a pourtant
déjà quarante ans. Entretemps, le
polymère et les limiteurs de rafale
ont fait leur apparition mais ces
innovations n’apportent pas grandchose à une arme purement militaire, et leur absence n’a jamais contribué à ralentir la diffusion de la
famille M16. Au contraire, l’ergonomie et ce qu’on pourrait appeler –
faute de mieux – le « look and feel »
de cette famille d’arme ont toujours
représenté un facteur déterminant
dans le choix, souvent basé sur des
éléments très subjectifs, de cette
arme…
Le chargeur est représentatif de cette
impression générale de solidité. Le
chargeur M16, fabriqué en tôle
d’aluminium, ne donne en général
pas une grande impression de
robustesse. La planchette élévatrice
en plastique pique du nez dès la
moindre pression sur celle-ci, ce qui
n’augure rien de bon quant au cycle
d’alimentation de la cartouche. Le
chargeur HK n’a pas grand-chose de
commun avec ce dernier – la tôle
d’acier est épaisse et l’élévateur
métallique est parfaitement guidé
dans sa course verticale. De ce point
de vue, il rappelle les chargeurs AK,
ce qui est plutôt un compliment. Le
chargeur est disponible en version «
marinisée » qui se reconnaît à sa
planchette élévatrice de couleur
noire, tandis que la version standard
est équipée d’un élévateur de couleur gris acier.
Lors du chambrage de la première
cartouche, on constate que le levier
d’armement est plus ferme qu’à l’accoutumée, signe caractéristique
d’un ressort récupérateur plus étoffé.
7
Banc d’essai ●●▶ Heckler & Koch HK416
La poignée Tango Down, fine et un évite d’actionner involontairement mais on ne peut pas reprocher aux
peu plus inclinée qu’à l’ordinaire, celui-ci. La cadence de tir, située ingénieurs d’avoir privilégié la sécuest bien plus agréable que la poi- entre 800 et 900 coups / minute, est rité, puisque l’arme est destinée à
gnée d’origine et ne blesse pas le conventionnelle et permet de placer subir avec succès les tests de chute
majeur contre le pontet. Lorsque les sans trop de mal des rafales de deux imposés par les normes OTAN
couvre-rails plastique sont en place, coups, rendant en pratique le limi- AC225.
le garde-main est d’un diamètre plus teur de rafale superflu.
Les organes de visée sont quant à
important que le garde-main rond
eux tout simplement excellents –
du M4, ce qui demande un petit
La précision de notre modèle de test œilleton et guidon attirent spontanétemps d’adaptation avant de se faire
– à canon de 14,5 pouces – n’a pu ment l’œil vers un alignement «
complètement oublier.
être évaluée lors de l’essai au-delà cercle dans cercle » favorable à un
Quelques centaines de cartouches
tir rapide et permettent une
ne permettent certainement
bonne
précision aux dis●●▶ Groupement posé à 70 mètres avec des munitions MEN
pas de se faire une opinion
tances habituelles d’engavraiment complète du
1
gement. L’ajout d’une aide
2
HK416 dont on sent bien N 50
à la visée sans grossisse3
qu’il a été conçu pour supment – Aimpoint, EoTech
4
porter des environnements
ou autre – est un jeu d’en5
bien plus contraignants
fant compte tenu de la lon6
qu’un stand de tir. Ce qui
gueur du rail picatinny qui
7
est tout de suite évident
court du levier d’armement
8
après quelques chargeurs,
jusqu’au
guidon. Toutefois,
9
c’est que sa stabilité en tir
avec certaines optiques ins1 2 3 4 5 6 7 8 9
9 8 7 6 5 4 3 2 1
en rafales est sensiblement
tallées sur un montage bas,
meilleure – poids supérieur
il sera parfois nécessaire de
9
oblige – à celle du M4.
démonter la hausse afin de
8
Dans cet exercice, la poi7
pouvoir placer l’oculaire à
gnée avant, qui se monte
6
la bonne distance. Dans ce
sans outil sur le rail infé5
cas précis, une hausse de
4
rieur après en avoir retiré la
type « flip-up » s’avèrerait
3
protection, aide à la tenue
une option intéressante
2
de l’arme.
bien qu’il soit d’ores et déjà
1
possible de profiter du
vaste catalogue d’organes
Critiquée par certains pour
la modification de la position des soixante-dix mètres de notre de visée disponibles en accessoire
conventionnelle de tir qu’elle impo- stand, mais pour l’avoir essayé à pour le M4 et ses dérivés.
se, elle permet pourtant de tenir l’ar- d’autres occasions, il semble être Pour conclure
me fermement sans être incommodé capable de « tenir » les 1 à 2
par les rails picatinny dont les pro- minutes d’angle selon la munition et Le HK416 représente sans aucun
tections ne seront pas toujours mises jusqu’aux distances usuelles d’em- doute l’aboutissement de la plateploi de la 5,56 mm, ce qui est plus forme M4 dont il est dérivé, corrien place.
Une fois réglée (5 positions sont dis- que suffisant compte tenu de son geant ses défauts tout en conservant
ponibles) à la bonne longueur, la cadre d’utilisation. Aux 70 mètres ses (grandes) qualités. Tout ceci en
crosse s’avère bien plus agréable disponibles le jour de l’essai, les étant fabriqué en grande série de ce
que celle du M4. Les pentes gauche groupements réalisés sur appui (car- côté-ci de l’atlantique, ce qui est
et droite font un appuie-joue plus touches SS109 balle de 62 grs et suffisamment rare pour être souliconfortable que le tube d’origine, et M193 55 grs MEN) tenaient en tout gné… Une réussite à mettre au créla plaque de couche caoutchouc est cas dans ces valeurs, tandis que les dit d’Heckler & Koch, qui n’a pas
nettement plus ergonomique que la Black Hills 69 grs permettaient hésité à en faire le centre d’une
plaque en plastique, rigoureusement d’améliorer encore ces résultats. toute nouvelle famille d’armes dont
plate, qui équipe la crosse standard. Avec 27 N mesurés et une course le HK417 en 7,62 OTAN constitue
Dernière différence notable, le sys- directe, le départ est tout à fait satis- le dernier membre.
Frédéric GARDIEN
tème de réglage en longueur, dissi- faisant pour une arme d’assaut. Ce
mulé dans l’épaisseur de la crosse, n’est pas celui d’une arme de match,
CIBLE N. . . . . . . . . . . . . .
M....................
Crédits photos : Frédéric Coune
8

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