se transforme en Rolls Le M4
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se transforme en Rolls Le M4
Banc d’essai ●●▶ Heckler & Koch HK416 Le M4 se transforme en Rolls H&K 416 Lorsqu’on s’intéresse aux armes produites par Heckler & Koch, on pense immédiatement aux pistolets-mitrailleurs MP5, aux fusils d’assaut G3 et aujourd’hui G36, voire à des armes aussi originales et innovatrices que le MP7A1 ou le lance-grenade automatique GMG. On ignore souvent que, comme Porsche, HK dispose d’un bureau d’étude tout aussi compétent lorsqu’il s’agit d’améliorer un produit déjà existant. Leur dernier fusil d’assaut HK416 en est le meilleur exemple. L e département de recherche et développement d’Oberndorf est réputé pour être l’un des plus prolifiques au monde, mais la création d’armes propres à la marque n’est que l’aspect le plus connu de son activité. Le fusil d’assaut britannique SA80 en est l’illustration typique. Dernière arme produite par les ateliers étatiques d’Enfield, celle-ci avait été développée de manière chaotique par trois équipes différentes et successives d’ingénieurs sans parvenir à un résultat simplement acceptable. Fiabilité désastreuse, problèmes sérieux de qualité, maintenance délicate, solidité toute relative, la situation pouvait difficilement être qualifiée de satisfaisante. Une fois encore (on se souvient des déboires du M16A1 au cours de la guerre du Vietnam), la presse se fit le relais de ces difficultés, poussant le gouvernement britannique à réagir de façon radicale. Le SA80 – ou L85A1 selon sa désignation officielle – a donc fait l’objet à partir de l’année 2000 d’un programme d’amélioration mené par la firme allemande, alors propriété de British Aerospace. A la demande du Ministère de la Défense Britannique (MoD), HK a ainsi modifié plus de deux cent mille armes, désormais dénommées SA80A2. Les modifications ont porté sur pratiquement toutes les parties mécaniques liées au fonctionnement de l’arme : sans vouloir être exhaustif, extracteur, éjecteur, ensemble mobile et tête de culasse, ressorts, percuteur, prise de gaz, canon (version fusil-mitrailleur uniquement), exten- 1 Banc d’essai ●●▶ Heckler & Koch HK416 ●●▶ Vue gauche d’un HK 416 au canon de 14,5 pouces sion de canon, chien et chargeur ont ainsi été réétudiés et redessinés à la suite d’essais réalisés en climats arctiques, tempérés et tropicaux. Les résultats ont été à la hauteur des espérances et de l’investissement du MoD. Le SA80 est passé du statut de candidat sérieux à l’élection de la plus mauvaise arme actuelle (au point d’avoir été retiré de la liste des armes de référence OTAN) à celui de fusil d’assaut à la fiabilité exemplaire, à défaut d’être devenu miraculeusement ergonomique… Mais c’est un autre aspect qui ne pouvait être amélioré sans remplacer entièrement l’arme, ce qui ne faisait pas partie du postulat de départ ! Au cours de tests réalisés sous le climat glacial de l’Alaska, le SA80A2 a fait preuve d’un ratio de 1 incident pour 1980 coups tirés, contre 1 pour… 110 avec l’arme d’origine. A l’autre extrémité de la plage de température, des essais effectués au Koweït ont permis de tirer en moyenne 2480 coups avant qu’un incident ne survienne, contre 60 malheureux coups (deux char●●▶ Détail du frein de bouche d’un HK 416 au canon de 10 pouces geurs…) pour le SA80 ! Porté par la vague de ce succès qui a permis à l’usine de remporter un de ses plus beaux contrats de ces dernières années, HK – redevenu entre-temps allemand - s’est par la suite attelé au dessin et à la production de pièces détachées pour la mitrailleuse de 7,62 du même client, la célèbre GPMG (General Purpose Machine Gun). HK est désormais devenu le fournisseur exclusif de pièces détachées pour GPMG auprès du MoD britannique après un strict programme d’évaluation des performances ayant notamment classé les canons « made in Oberndorf » à la première place en termes de durée de vie et de précision. Le commencement Grâce à cette expérience, HK pouvait se permettre de s’attaquer à une arme beaucoup plus réussie mais finalement tout aussi perfectible - le M16 et son dérivé M4. Contacté début 2001 par une unité spéciale américaine, lassée des incidents de tir à répétition et de la durée de vie limitée de son arme de dotation, HK a saisi l’opportunité qui lui était enfin offerte d’exercer ses talents sur une arme de référence à la diffusion mondiale. Le projet de revalorisation (« mid-life improvement ») du M4 était en effet déjà bien avancé en interne, mais nécessitait pour être poursuivi d’impliquer directement un client potentiel, notamment afin d’obtenir le prêt des armes nécessaires au développement. L’US SOCOM, ou du moins une partie de celui-ci, venait d’offrir à HK cette possibilité, le tout sans que le gouvernement américain ne mette un centime dans l’opération puisque la totalité du projet a été financée sur fonds propres. Bien que le dessin originel du M16 rende hommage à l’ingéniosité (voire au génie) d’Eugène Stoner, il était en effet devenu assez clair que le M4 constituait une évolution mal maîtrisée du concept originel. Le M16 (modèles A2 et suivants) n’a en effet pas subi la totalité des attaques virulentes qui ont accablé le M4 lors des derniers conflits au cours desquels il a été testé en conditions opérationnelles réelles. La raison la plus probable est la difficulté à maîtriser correctement la réduction de la longueur du canon et ses effets sur ●●▶ Mod. 329PD canon de 4’’ 2 Banc d’essai ●●▶ Heckler & Koch HK416 La recette le fonctionnement de l’arme en environnement difficile. Raisonnablement fiable en usage normal (entendez-là en temps de paix) le M4 fait l’objet d’une longue litanie de plaintes et de récriminations de la part des forces armées américaines après sa mise en œuvre en Irak et Afghanistan. Le conflit dans le Golfe, essentiellement mécanisé, n’avait en effet pas nécessité l’utilisation massive d’armes individuelles, contrairement au théâtre irakien et plus encore afghan, où le fusil d’assaut devient l’outil de combat principal des forces débarquées, aux côtés de la mitrailleuse M249 dans le même calibre. Le phénomène, amplifié voire déformé par la presse et internet, où de pseudos compte-rendu opérationnels ont circulé, a néanmoins mis en avant des éléments factuels qu’il était difficile de passer sous silence. Ont été incriminés, en vrac, des incidents de fonctionnement de toutes natures, compliqués par une La première piste était l’utilisation du chargeur développé pour le SA80A2 britannique. Il n’était bien sûr pas sérieusement question de s’affranchir de la compatibilité avec le chargeur M16, bien sensibilité excessive à l’encrassement ainsi qu’une durée de vie du canon médiocre en tir automatique. Il est vrai que les spécifications de recette définies par l’armée US pour le M4 limitent le tir d’endurance à 6000 coups. En usage intensif –on a vu le tir en rafales curieusement revenir à la mode ces dernières années – cette limite, vite atteinte, devient un maximum. Sur la base de ce constat, les ingénieurs d’Oberndorf se sont mis au travail, et après de nombreux essais impliquant l’usage systématique de la visualisation du cycle de fonctionnement à l’aide d’une caméra haute vitesse, ont cerné plusieurs axes de développement. ●●▶ Détail du piston d’un HK 416 au canon de 10 pouces que ce dernier ne soit pas d’une conception idéale. Un des problèmes majeurs du chargeur M16 est sa construction mal contrôlée – divers fabricants en produisent selon des plans plus ou moins fidèles à la définition d’origine, avec des résultats variables. Certains chargeurs fonctionnent correctement, d’autres non, mais la solidité est rarement leur qualité première. Convaincus de l’importance de cet élément dans le bon fonctionnement d’une arme automatique, HK a entièrement repris sa conception et sa fabrication. Corps tout acier au dessin modifié, ressort spécifique, planchette élévatrice métallique, protection anticorrosion, étanchéité améliorée, tout ce qu’il était possible de faire sur cette base a été fait. Il suffisait dès lors de le réutiliser tel quel pour le HK416, ce qui a constitué sans aucun doute la phase la plus simple du projet. L’autre axe de développement était plus radical – conscient des inconvénients du système de fonctionnement par emprunt de gaz de la famille AR15, où la veine gazeuse actionne elle-même l’ensemble mobile, HK a tout simplement décidé de greffer le système à piston court du G36 dans l’optique de supprimer à la racine une bonne partie 3 Banc d’essai ●●▶ Heckler & Koch HK416 ●●▶ Culasse démontée d’un HK 416 des problèmes de fonctionnement du M4. Non pas que le système repris par Stoner soit foncièrement mauvais – après tout, le M16 s’est vendu à des millions d’exemplaires malgré cela – mais il n’est manifestement plus adapté à une arme dont le canon est susceptible d’être jusqu’à deux fois plus court qu’à l’origine, et qui sera utilisé en tir automatique dans des conditions climatiques et de maintenance bien éloignées de l’idéal. Le système de fonctionnement du G36 n’est pas nouveau – d’autres système, identiques ou très similaires, ont été développés il y a déjà des décennies dont celui de l’AR18 pour rester dans la famille – mais il est de l’avis de beaucoup probablement aujourd’hui le meilleur choix pour un fusil d’assaut moderne. En pratique, les premiers prototypes ont été réalisés sur la base de carabines M4 existantes, et ont servi à la finalisation du système moteur et au développement des autres caractéristiques qui font du HK416 une arme significativement différente. Les pièces étaient alors largement achetées aux Etats-Unis auprès de différents fabricants de « clones » M16, seule la partie spécifique étant fabriquée à Oberndorf. Au fil du cycle de développement, les pièces ont été progressivement produites par l’usine elle-même jusqu’à aboutir à une arme aujourd’hui réalisée à 100 % sur le site d’Oberndorf. Les modifications apportées au système moteur ont immédiatement porté leurs fruits. Un des inconvénients majeurs du système initial est l’encrassement rapide de l’arme, notamment lors de l’utilisation de certaines munitions. Cela se comprend aisément quand on regarde le principe moteur – les gaz chauds et chargés en résidus de tir sont directement envoyés dans l’ensemble mobile. Non seulement celui-ci s’encrasse, mais la chaleur de la combustion lui est directement retransmise, ce qui assèche rapidement l’huile nécessaire à un bon fonctionnement et diminue la durée de vie des composants. Le système à piston du G36 évite toute pénétration de gaz dans la carcasse supérieure, et règle d’un seul coup tous ces problèmes. Non seulement l’arme reste propre – au point de n’exiger de nettoyage qu’après 5 ou 6000 coups tirés si nécessaire – mais l’ensemble mobile chauffe considérablement moins et peut être tenu en 4 Banc d’essai ●●▶ Heckler & Koch HK416 main même après une centaine de coups tirés en rafale. Avantage supplémentaire, on ne ressent plus le désagréable phénomène de fuite de gaz par le levier d’armement qui survenait parfois sur le M16. Enfin, l’encrassement insidieux du tube de gaz par les résidus de combustion (carbone et dépôts cuivrés) n’est plus qu’un mauvais souvenir. L’ensemble mobile est complété par un nouveau ressort récupérateur équipé d’un amortisseur contenant du granulé de tungstène (encore une spécialité maison) afin de diminuer les phénomènes de rebond. L’autre amélioration porte sur le canon et sa fixation. Réalisé de façon traditionnelle pour HK – martelé à froid à partir d’une barre d’acier Aubert & Duval puis chromé – le canon du HK416 est fixé à la carcasse supérieure par l’intermédiaire d’une pièce de serrage deux fois plus longue qu’à l’origine, ce qui améliore la résistance structurelle de l’ensemble. Disponible en 10, 14,5 et 20 pouces, le canon (rayé au pas de 7 pouces) présente un profil « lourd » dans les deux plus importantes longueurs afin de répondre à des requis mettant l’accent sur une quantité importante de tirs en rafales. Le canon de 10 pouces arbo- ●●▶ Détail du Tambour de hausse re quant à lui un profil moins massif, au bénéfice bien sûr de la légèreté et de la maniabilité. Une version à canon de 16,5 pouces existe mais ne semble correspondre qu’à un besoin spécifique des forces de l’ordre non fédérales des Etats-Unis, qui s’affranchiraient ainsi des complications administratives liées à l’achat d’une arme à canon court. Un cache-flamme standardisé au diamètre de 22 mm termine le canon et autorise ainsi l’utilisation d’un silencieux à montage rapide comme l’excellent Rotex III de Brügger & Thomet. Si cette dernière possibilité n’est pas exigée, la version à canon de 10 pouces gagne à être équipée d’un cache flamme ouvert (type G36K) peut-être moins robuste, mais beaucoup plus efficace pour réduire la lueur de bouche. Le bloc de prise de gaz regroupe un tenon de baïonnette, une interface pour le guidon repliable, deux anneaux de bretelle et un point de fixation pour le lance-grenade de 40 mm. Celui-ci est dérivé de l’AG36, mais se distingue par une interface supérieure picatinny qui permet de l’installer en quelques secondes. Contrairement à l’AG36, il n’est pas nécessaire de remplacer le gardemain pour l’installer. Une fois ôté, l’AG416 peut recevoir une crosse télescopique qui le transforme en lanceur indépendant. Les organes de visée repliables situés sur le côté du lanceur peuvent quant à eux être utilisés que le lanceur soit monté ou non, et permettent de conserver le simbleautage lorsqu’il est remonté sur une autre arme. Soucieux d’éviter tout départ de coup accidentel pouvant survenir en cas de chute conjointement à l’utilisation d’amorces civiles, HK a équipé l’ensemble mobile d’une sûreté de percuteur dérivée de celle développée pour le pistoletmitrailleur UMP. Les amorces militaires sont conçues pour éviter ce genre de désagrément, mais il est clair que l’utilisation de plus en plus fréquente de munitions « match » dans le but d’améliorer la précision à grande distance a été un facteur déterminant dans la décision d’installer un tel dispositif. Dernier élément marquant de cette transformation, le garde-main « 4 rails » a été conçu comme partie intégrante du système, au point que l’arme n’existe pas actuellement dans une autre configuration. Usiné à partir d’un profilé d’aluminium, le garde main flottant est fixé sur l’écrou de canon par l’intermédiaire d’une vis de serrage imperdable. Celle-ci peut être dévissée à l’aide du mousqueton de bretelle ou, si nécessaire, avec un tenon de la tête de culasse, laquelle résistera de toute façon bien mieux que la vis en cas de serrage excessif ! Grâce au généreux dimensionnement de la pièce de serrage et à des tolérances 5 Banc d’essai ●●▶ Heckler & Koch HK416 précises, le garde-main permet un démontage et un remontage sans perte de zéro des éventuelles optiques ou lasers (AN/PEQ-2 par exemple) qui y seraient fixés. Le rail supérieur est doté de repères numériques permettant de mémoriser la position des différents accessoires. Contrairement aux premiers modèles dont les photos ont été publiées dans la presse, l’arme de série est équipée d’une nouvelle crosse télescopique dotée d’un ●●▶ Talon de crosse interchangeable appuij o u e intégré et de logements pour piles type CR123. Le sélecteur de tir (sûreté – coup par coup – rafale) est ambidextre sur certaines versions tandis que le puits de chargeur est chanfreiné pour faciliter le rechargement. La poignée pis- tolet du modèle d’essai était fournie par Tango Down, mais une poignée maison, à l’angle un peu moins prononcé, a également fait son apparition depuis peu. Question de goût, puisque la majorité des innombrables accessoires pour M4/M16 peuvent être utilisés sur le HK416. Le garde-main picatinny est protégé par des protections plastique qui se glissent en place et se verrouillent en fin de course. On regrettera qu’il ne soit pas actuellement possible d’obtenir des plaques plus courtes, permettant de monter un accessoire sur le rail sans ôter totalement celles-ci, mais il est toutefois toujours possible d’utiliser des protections caoutchouc standard ou de monter la poignée avant. Les organes de visée ne désorienteront pas les habitués de la maison, puisque le tambour de hausse façon MP5 et autres HK33 a été réutilisé. Il est simplement fixé sur le rail picatinny par l’intermédiaire d’un montage en deux parties serré par une simple vis cruciforme. A l’autre bout du rail, et selon les versions, se trouve un guidon type MP5 (ici semi-cerclé) sur rail picatinny, ou un guidon repliable fixé sur le bloc de prise de gaz. Ce dernier dégage la vision vers l’avant en cas d’utilisation d’une aide à la visée et compense l’arcure du canon en cas de tir (très) intensif. En contrepartie, étant directement fixé sur le canon, il chauffe beaucoup en tir intensif. A chacun de choisir. Sensible à l’agitation autour du calibre 5,56 mm OTAN, dont l’efficacité terminale et la précision aux plus longues distances ont été au moins aussi critiqués que le M4, HK a développé une version du HK416 chambrée en calibre 6,8 mm x 43 (ou 6,8 Rem. SPC). Malgré sa relative jeunesse, la cartouche de 6,8 SPC est désormais bien connue. Basée sur l’étui de l’ancienne 30 Remington, elle est généralement équipée d’un projectile de 7,5 g (115 grains) pour une vitesse à la bouche (canon 14,5 pouces) d’environ 750 m/s, offrant ainsi une alternative intéressante aux deux calibres OTAN que sont le 5,56 et le 7,62. Le 6,8 n’est peut-être pas appelée à devenir un calibre réglementaire à l’avenir – imposer un nouveau calibre n’a rien d’évident – mais HK tient à être prêt « au cas où ». Canon, tête de culasse, ressort récupérateur mais aussi chargeur sont spécifiques au HK416 6,8 dont plusieurs exemplaires sont actuellement en évaluation opérationnelle. Au final, quelques chiffres permettent de juger de la réussite de l’opération. Lors d’une épreuve de recette organisée par un client, un HK416 à canon de 10 pouces a tiré plus de 15000 cartouches sans un seul incident ni bris de pièces. Après 12000 coups, l’arme groupait encore cinq 6 Banc d’essai ●●▶ Heckler & Koch HK416 cartouches (type match) en un pouce (2,54 cm) à 100 mètres. Plus spectaculaire, à peine sorti de l’eau, le HK416 est capable de tirer la cartouche en chambre sans aucun dommage malgré les pressions énormes subies par le canon et l’ensemble mobile. Parmi d’autres secrets bien gardés, trois orifices sont percés à l’extrémité de la crosse pour faciliter l’évacuation de l’eau et sont visibles sous la plaque de couche. Croyez-moi sur parole, c’est une épreuve à ne pas tenter avec un AR15… ou d’autres armes. Mais le plus important reste que depuis 2005, le HK416 est engagé de façon opérationnelle sur la plupart des théâtres d’opération et semble avoir répondu à toutes les exigences de ses utilisateurs. C’est bien là l’essentiel. Les résultats Quand on connaît la famille AR15/ M16, on est frappé par la qualité de fabrication du HK416. L’arme est très sérieusement réalisée, avec un aspect « taillé dans la masse » qui fait défaut au M4, beaucoup plus frêle d’apparence. En contrepartie, l’arme est plus lourde, notamment en version 14,5 pouces, mais reste avec ses 3,6 kg à un niveau raisonnable. Toutes les manipulations sont évidemment instinctives pour qui a l’habitude du M16, et l’on reste toujours admiratif devant l’ergonomie générale d’une arme qui a pourtant déjà quarante ans. Entretemps, le polymère et les limiteurs de rafale ont fait leur apparition mais ces innovations n’apportent pas grandchose à une arme purement militaire, et leur absence n’a jamais contribué à ralentir la diffusion de la famille M16. Au contraire, l’ergonomie et ce qu’on pourrait appeler – faute de mieux – le « look and feel » de cette famille d’arme ont toujours représenté un facteur déterminant dans le choix, souvent basé sur des éléments très subjectifs, de cette arme… Le chargeur est représentatif de cette impression générale de solidité. Le chargeur M16, fabriqué en tôle d’aluminium, ne donne en général pas une grande impression de robustesse. La planchette élévatrice en plastique pique du nez dès la moindre pression sur celle-ci, ce qui n’augure rien de bon quant au cycle d’alimentation de la cartouche. Le chargeur HK n’a pas grand-chose de commun avec ce dernier – la tôle d’acier est épaisse et l’élévateur métallique est parfaitement guidé dans sa course verticale. De ce point de vue, il rappelle les chargeurs AK, ce qui est plutôt un compliment. Le chargeur est disponible en version « marinisée » qui se reconnaît à sa planchette élévatrice de couleur noire, tandis que la version standard est équipée d’un élévateur de couleur gris acier. Lors du chambrage de la première cartouche, on constate que le levier d’armement est plus ferme qu’à l’accoutumée, signe caractéristique d’un ressort récupérateur plus étoffé. 7 Banc d’essai ●●▶ Heckler & Koch HK416 La poignée Tango Down, fine et un évite d’actionner involontairement mais on ne peut pas reprocher aux peu plus inclinée qu’à l’ordinaire, celui-ci. La cadence de tir, située ingénieurs d’avoir privilégié la sécuest bien plus agréable que la poi- entre 800 et 900 coups / minute, est rité, puisque l’arme est destinée à gnée d’origine et ne blesse pas le conventionnelle et permet de placer subir avec succès les tests de chute majeur contre le pontet. Lorsque les sans trop de mal des rafales de deux imposés par les normes OTAN couvre-rails plastique sont en place, coups, rendant en pratique le limi- AC225. le garde-main est d’un diamètre plus teur de rafale superflu. Les organes de visée sont quant à important que le garde-main rond eux tout simplement excellents – du M4, ce qui demande un petit La précision de notre modèle de test œilleton et guidon attirent spontanétemps d’adaptation avant de se faire – à canon de 14,5 pouces – n’a pu ment l’œil vers un alignement « complètement oublier. être évaluée lors de l’essai au-delà cercle dans cercle » favorable à un Quelques centaines de cartouches tir rapide et permettent une ne permettent certainement bonne précision aux dis●●▶ Groupement posé à 70 mètres avec des munitions MEN pas de se faire une opinion tances habituelles d’engavraiment complète du 1 gement. L’ajout d’une aide 2 HK416 dont on sent bien N 50 à la visée sans grossisse3 qu’il a été conçu pour supment – Aimpoint, EoTech 4 porter des environnements ou autre – est un jeu d’en5 bien plus contraignants fant compte tenu de la lon6 qu’un stand de tir. Ce qui gueur du rail picatinny qui 7 est tout de suite évident court du levier d’armement 8 après quelques chargeurs, jusqu’au guidon. Toutefois, 9 c’est que sa stabilité en tir avec certaines optiques ins1 2 3 4 5 6 7 8 9 9 8 7 6 5 4 3 2 1 en rafales est sensiblement tallées sur un montage bas, meilleure – poids supérieur il sera parfois nécessaire de 9 oblige – à celle du M4. démonter la hausse afin de 8 Dans cet exercice, la poi7 pouvoir placer l’oculaire à gnée avant, qui se monte 6 la bonne distance. Dans ce sans outil sur le rail infé5 cas précis, une hausse de 4 rieur après en avoir retiré la type « flip-up » s’avèrerait 3 protection, aide à la tenue une option intéressante 2 de l’arme. bien qu’il soit d’ores et déjà 1 possible de profiter du vaste catalogue d’organes Critiquée par certains pour la modification de la position des soixante-dix mètres de notre de visée disponibles en accessoire conventionnelle de tir qu’elle impo- stand, mais pour l’avoir essayé à pour le M4 et ses dérivés. se, elle permet pourtant de tenir l’ar- d’autres occasions, il semble être Pour conclure me fermement sans être incommodé capable de « tenir » les 1 à 2 par les rails picatinny dont les pro- minutes d’angle selon la munition et Le HK416 représente sans aucun tections ne seront pas toujours mises jusqu’aux distances usuelles d’em- doute l’aboutissement de la plateploi de la 5,56 mm, ce qui est plus forme M4 dont il est dérivé, corrien place. Une fois réglée (5 positions sont dis- que suffisant compte tenu de son geant ses défauts tout en conservant ponibles) à la bonne longueur, la cadre d’utilisation. Aux 70 mètres ses (grandes) qualités. Tout ceci en crosse s’avère bien plus agréable disponibles le jour de l’essai, les étant fabriqué en grande série de ce que celle du M4. Les pentes gauche groupements réalisés sur appui (car- côté-ci de l’atlantique, ce qui est et droite font un appuie-joue plus touches SS109 balle de 62 grs et suffisamment rare pour être souliconfortable que le tube d’origine, et M193 55 grs MEN) tenaient en tout gné… Une réussite à mettre au créla plaque de couche caoutchouc est cas dans ces valeurs, tandis que les dit d’Heckler & Koch, qui n’a pas nettement plus ergonomique que la Black Hills 69 grs permettaient hésité à en faire le centre d’une plaque en plastique, rigoureusement d’améliorer encore ces résultats. toute nouvelle famille d’armes dont plate, qui équipe la crosse standard. Avec 27 N mesurés et une course le HK417 en 7,62 OTAN constitue Dernière différence notable, le sys- directe, le départ est tout à fait satis- le dernier membre. Frédéric GARDIEN tème de réglage en longueur, dissi- faisant pour une arme d’assaut. Ce mulé dans l’épaisseur de la crosse, n’est pas celui d’une arme de match, CIBLE N. . . . . . . . . . . . . . M.................... Crédits photos : Frédéric Coune 8