Miguel Ángel Marín, Màrius Bernardó (éd.), Instrumental music in

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Miguel Ángel Marín, Màrius Bernardó (éd.), Instrumental music in
Mélanges
de la Casa de Velázquez
Nouvelle série
45-2 | 2015
La sociedad cortesana en la Península Ibérica (siglos
XIV-XV)
Miguel Ángel MARÍN, Màrius BERNARDÓ (éd.),
Instrumental music in late eighteenth-century Spain
Jean Duron
Éditeur
Casa de Velázquez
Édition électronique
URL : http://mcv.revues.org/6700
ISSN : 2173-1306
Édition imprimée
Date de publication : 15 novembre 2015
ISBN : 978-84-909602-19
ISSN : 0076-230X
Référence électronique
Jean Duron, « Miguel Ángel MARÍN, Màrius BERNARDÓ (éd.), Instrumental music in late eighteenth-century
Spain », Mélanges de la Casa de Velázquez [En ligne], 45-2 | 2015, mis en ligne le 15 novembre 2015,
consulté le 22 novembre 2016. URL : http://mcv.revues.org/6700
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© Casa de Velázquez
Miguel Ángel Marín, Màrius Bernardó (éd.), Instrumental music in late eightee...
Miguel Ángel MARÍN, Màrius
BERNARDÓ (éd.), Instrumental music in
late eighteenth-century Spain
Jean Duron
RÉFÉRENCE
Miguel Ángel MARÍN, Màrius BERNARDÓ (ÉD.), Instrumental music in late eighteenth-century
Spain, Kassel, Edition Reichenberger, 2014, 470 p.
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Cet ouvrage collectif imposant, proposé par deux éminents spécialistes de la musique du
XVIIIe siècle espagnol, Miguel Ángel Marín et Màrius Bernadó, apporte de nouvelles
pierres à la recherche musicologique dans un domaine encore trop peu travaillé. Rédigé à
la fois en anglais et en espagnol, ce livre est fort bien présenté, avec une riche
iconographie consacrée principalement aux sources manuscrites et imprimées
espagnoles. Un index des noms soigné, des résumés de chaque texte et une abondante
bibliographie viennent compléter cet ouvrage très pratique d’utilisation.
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Après une introduction générale, l’ouvrage est disposé en quatre grandes parties,
successivement l’apparition en Espagne des différents genres de musique instrumentale,
l’étude de la copie de musique, de son marché et enfin une réflexion sur le style. Quelques
personnages servent de fil conducteur à cet ensemble, des mécènes tout d’abord, comme
les rois Charles IV et V, le duc d’Alba et la maison d’Osuna y Bonavente, des compositeurs
célèbres, comme Haydn, Boccherini et Brunetti, mais aussi des Espagnols à découvrir
comme Castel, Blasco de Nebra, Misón ; des théoriciens ; des virtuoses pianistes ou
guitaristes ; de nombreux copistes ; sans oublier un important libraire et imprimeur de
musique madrilène.
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L’ouvrage est particulièrement homogène du point de vue tant chronologique que
géographique. Il est encadré par deux textes complémentaires sur Brunetti, personnage
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central du livre. On ne sera pas étonné de constater combien les musiciens espagnols se
sont nourris de musique instrumentale italienne et allemande, mais aussi combien ils ont
su garder une identité propre. En revanche, les musiciens français sont
proportionnellement beaucoup moins représentés, même si quelques noms apparaissent
au détour d’un inventaire. Cette relative absence souligne-t-elle une réelle difficulté des
compositeurs français à exporter leurs œuvres ? une faiblesse des transferts culturels
entre les deux royaumes bourbons ? un désintérêt des Espagnols pour le goût français ?
ou est-elle due aux choix éditoriaux de cette publication ?
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L’un des éléments les plus remarquables de cet ouvrage se trouve dans l’étude des
différents groupes sociaux qui pratiquent, d’une manière ou d’une autre, la musique
instrumentale, depuis les compositeurs claviéristes (notamment les organistes), les
interprètes, la famille royale, les mécènes, les amateurs, les marchands de musique et les
publics disparates. Cette démarche récurrente rend la lecture de l’ouvrage
particulièrement agréable.
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Dans une synthèse remarquable, les deux éditeurs analysent les nombreux Problèmes et
défis que pose le sujet : une nécessaire classification du répertoire ; la question de la
réception des musiques étrangères en Espagne et leur influence sur les musiciens locaux ;
une belle définition du classicisme ; et une analyse intelligente de l’évolution du statut de
la musique dans de nouveaux espaces et pour de nouveaux publics. Y sont traités
successivement l’émancipation de la musique instrumentale, l’émergence de nouveaux
genres, l’expansion du marché pour les œuvres et les instruments, l’évolution du rôle
social du compositeur, la consolidation du statut de l’amateur, la transition d’un art
national à un art européen.
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Joseba Berrocal et Lluis Bertran traitent tous deux de Gaetano Brunetti. Après avoir établi
le catalogue de ses sonates pour violon et basse, complétant ainsi l’ouvrage de Germán
Labrador (2005), Berrocal met en évidence la grande variété des techniques utilisées ; il
souligne le parallèle entre le compositeur et Boccherini. Quant à Bertran, il s’intéresse à
l’évolution stylistique du compositeur à travers ses trios, la mettant en relation avec
l’entrée, dans le répertoire de la Cour, d’œuvres de musiciens étrangers, surtout, à partir
de 1780, de Haydn.
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Christian Speck, Loukia Drosopoulou et Rudolf Rasch apportent trois points de vue
complémentaires sur Boccherini. Le premier analyse par le menu la destination et les
sources des quintettes avec piano op. 56-57. La seconde présente ses connections avec le
personnel musical de la Cour, notamment avec ses copistes. Quant à R. Rash, spécialiste
de l’édition musicale européenne, il apporte un jour nouveau aux premières publications
madrilènes d’œuvres (pour la plupart perdues) de Boccherini chez le libraire del Castillo
qui « grave et imprime à Madrid ». Entre l’examen minutieux des annonces de presse
(1771-1773) et l’étude de l’inventaire du magasin (1787), Rash tente avec finesse de définir
la probabilité d’une édition madrilène de chaque recueil de Boccherini.
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Stephen C. Fisher, pour sa part, propose un texte passionnant sur les sources des
symphonies de Haydn conservées en Espagne, identifiant les copistes de la Cour, des
collections du duc d’Alba et de la Maison d’Osuna y Bonavente. Il note la grande
popularité de la musique de Haydn en Espagne à partir des années 1770 et rappelle la
commande de Cadiz en 1786 pour Les sept paroles du Christ sur la croix.
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Ces grandes figures du XVIIIe siècle européen représentent la moitié du volume. L’autre
moitié aborde des sujets plus pointus. José Carlos Gosálvez présente une synthèse de
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l’édition musicale madrilène et décrit les particularités du marché éditorial espagnol,
marché de petite dimension réservé à une clientèle locale, mettant en valeur les
compositeurs étrangers installés ou visitant le pays, et quelques musiciens locaux, dont
les œuvres circulent plus généralement en manuscrit. On trouvera dans ce texte une
bonne réflexion sur le statut des sources.
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Ana Lombardía s’appuie sur un corpus d’une centaine de duos de violons conservés à
Madrid. On y trouve les compositeurs à la mode de Paris ou de Londres, mais aussi des
Espagnols comme José Castel ou Manuel Pla. L’auteur souligne la grande variété de formes
et de niveaux techniques de ces pièces, distinguant les divertissements construits sur des
danses ou des airs à la mode de Vienne, les ouvrages strictement didactiques et de
véritables œuvres plus complexes pour le concert.
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Judith Ortega se penche sur les copistes du roi à l’époque des rois Charles III et IV. Elle
étudie le contexte institutionnel, les positions sociales et propose une classification des
mains des copistes titulaires ou occasionnels, différenciant les réalisations pour la
Chambre ou pour la Chapelle.
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W. Dean Sutcliffe défend avec conviction les œuvres pour clavier de Manuel Blasco de Nebra
(1750-1784), organiste de la cathédrale de Séville et important collectionneur d’œuvres
pour clavier parmi lesquelles se trouvent plusieurs pièces de compositeurs français. Son
corpus rassemble 59 mouvements écrits dans le style galant que l’auteur définit par
l’éloquence de la voix soliste, l’ornementation mélodique, les appoggiatures, et par une
forte inclination à la syntaxe symétrique.
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À partir des traités de compositions espagnols et d’œuvres pour guitare, Thomas Schmitt
poursuit cette réflexion, montrant comment les Espagnols s’approprièrent l’art de
« composer avec élégance en style simple » établi par Riepel (1752) et l’organisation
syntaxique proposée par Koch (1787), ouvrages qui inspirèrent le Tratado de Teixidor
(1816). La publication entière d’un mouvement de sa Sonata en Do et le tableau qui
l’accompagne permettent de mieux comprendre la démarche analytique proposée, même
si la description des fonctions tonales est parfois discutable.
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Enfin, Xosé Crisanto Gándara nous offre une charmante excursion dans le Portugal du
premier XVIIIe siècle, qui nous fait découvrir le très intéressant manuscrit MM-63 de
Coimbra, copié par un moine du couvent de Santa Cruz et qui témoigne de la réception
des sonates italiennes de Corelli et Albinoni, mais aussi du rôle considérable qu’ont joué
les institutions monastiques dans la diffusion de la musique instrumentale en Europe.
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L’organisation originale de ce volume, les articles qui se répondent les uns aux autres, les
fils conducteurs qui parcourent le volume, la qualité et l’originalité des textes, donnent à
ce livre un côté attachant et une grande unité. Le lecteur sera particulièrement intéressé
par la réflexion permanente de chacun des auteurs sur le statut et les fonctions des
sources.
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AUTEURS
JEAN DURON
Centre de musique baroque de Versailles
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