18 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
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18 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
FRANCE Catholique FRANCE n°2984 - 8 juillet 2005 3, 50 € www.france-catholique.fr ISSN 0015-9506 81 ème année - Hebdomadaire Les Français connaissent-ils Allemagne l’ ? BREVES FRANCE POLITIQUE : Dans sa conférence de presse du 30 juin, le Premier ministre a déclaré que la récidive devait conduire à des peines aggravées et que les décisions de justice devaient être rendues plus rapidement ; son plan pour l’emploi sera mis en place le 1er septembre ; 1000 radars devraient être installés sur les routes fin 2005 et 500 de plus en 2006. A deux ans des échéances électorales, les grandes manœuvres se multiplient au sein des partis ; lors d’un meeting à Grand-Quevilly, le 2 juillet, Laurent Fabius a dévoilé l’ébauche de son programme présidentiel. FINANCES PUBLIQUES : Le ministre délégué au Budget, François Coppé, a précisé le 28 juin que la hausse des dépenses dans le budget de 2006 sera limitée à 1,8% correspondant au taux d’inflation ; 5 300 emplois publics devraient être supprimés ; les déficits publics atteindraient 2,7% du PIB contre 2,9% cette année. D’autre part, le ralentissement de la croissance a réduit de 4 milliards les recettes fiscales de 2005 ; le gouvernement a donc annoncé son intention de vendre la totalité de ses parts dans les sociétés d’autoroutes partiellement privatisées ; il espère en retirer 11 milliards d’euros qui seraient consacrés à la réduction de la dette publique. Quant au déficit de l’UNEDIC, il devrait atteindre 3,4 milliards en fin d’année ; le nombre de chômeurs diminuerait au total de 67 000 en 2005. SOCIAL : Le secrétaire général de FO, JeanClaude Mailly, a donné le 29 juin rendezvous au Premier ministre en septembre, préparant une forte mobilisation avec les autres syndicats. Hausse du SMIC et de diverses allocations le 1er juillet, sauf pour les allocations de chômage, faute de moyens ; mais hausse du prix du gaz et des tarifs de transport. Le même jour, entrée en vigueur du dispositif du médecin traitant. Bien que les résultats de son plan de cohésion sociale tardent à se manifester, J.L. Borloo a pronostiqué le 1er juillet à Nancy une baisse du taux de chômage qui atteindrait 8% de la population active en 2007 et 6% en 2010 au lieu de 10% actuellement. COMMERCE : Le premier salon international pour un commerce équitable se tiendra en banlieue parisienne du 1er au 4 octobre avec une centaine d’exposants de plusieurs continents. CLIMAT : Conséquence de la vague de chaleur, 33 départements ont pris des arrêtés limitant l’usage de l’eau ; ils pourraient être plus de 70 cet été ; en particulier, les rivières ont du mal à refroidir les rejets d’eau des centrales nucléaires. On comptait le 29 juin en France 4 victimes de la canicule par hyperthermie. 2 JUSTICE : Dans le cadre de l’affaire Rhodia, la Justice a perquisitionné le 27 juin le domicile et les bureaux de Thierry Breton à Bercy en raison du rôle joué par l’intéressé comme administrateur du comité d’audit du groupe chimique entre 1998 et 2002. Une perquisition a également été menée à Canal+ relativement à une opération avec Thomson alors présidée par l’actuel ministre de l’Economie et des Finances. Surpris, le ministre a dénoncé une manipulation dans un contexte marqué par de fortes tensions entre politiques et magistrats. La cour d’assises spéciale de Paris a condamné le 29 juin à des peines de 2 à 20 ans de réclusion criminelle 14 militants basques et bretons jugés pour le vol de 8 tonnes d’explosifs à Plevin en 1999. Au procès des pédophiles d’Angers, entre 20 et 30 ans de réclusion criminelle ont été requis le 1er juillet contre les principaux accusés ; le verdict n’est attendu que vers le 25 juillet en raison du grand nombre de prévenus. TOURISME : Avec 6 230 000 visiteurs en 2004, la tour Eiffel est le monument payant le plus visité au monde ; une enquête menée par l’institut TNS révèle que 86% des visiteurs sont des étrangers ; sur les 14% de Français, seuls 2% sont des Franciliens. FRANCE G8 : A l’occasion de la Journée d’action contre la pauvreté, une dizaine de concerts ont été organisés le 2 juillet dans quelques grandes villes (Londres, Berlin, Paris, Moscou, Tokyo…) pour faire pression sur les dirigeants du G8 réunis les 6 et 7 juillet en Ecosse, afin qu’ils fassent davantage pour l’Afrique ; le même jour, 120 000 personnes ont défilé à Edimbourg dans le même but. De leur côté, J. Chirac, V. Poutine et G. Schröder réunis le 3 juillet à Kaliningrad ont affirmé la possibilité d’un accord sur le changement climatique au même sommet du G8. ESPACE : La sonde américaine Deep Impact a largué le 3 juillet un module de 370 kgs destiné à percuter la comète Tempel 1, à 133 millions de km de la terre, dans l’espoir de percer les secrets de l’origine du système solaire ; le choc équivalent à l’explosion de 4,5 tonnes de TNT devait créer un cratère dans le noyau de la comète et projeter dans l’espace des tonnes de particules donnant des informations sur les nuages de gaz et de poussière qui l’entourent ; les images du choc ont été enregistrées le 4 juillet. EUROPE : Les six partenaires du réacteur à fusion nucléaire ITER ont entériné le 28 juin à Moscou le choix du site de Cadarache (Bouches-du-Rhône) ; mais si l’Europe empoche la mise, le Japon a obtenu de substantielles compensations en termes de contrats et d’emplois. Les élus locaux es- FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 timent que la construction d’ITER créera 500 emplois directs et 3 000 indirects, dont 1 400 en Provence ; durant l’exploitation du site, 1 000 personnes seront employées par ITER, dont 400 scientifiques aux deux-tiers étrangers. Les 25 pays membres de l’Union européenne ont entériné le 27 juin les choix effectués par l’entreprise Galiléo, implantée à Bruxelles, pour mener à bien son projet de communications par satellites, concurrent du GPS américain et qui devrait être opérationnel en 2010. Tony Blair a annoncé le 1er juillet un sommet sur l’avenir de l’Europe à Londres à l’automne prochain. Réunis les 4 et 5 juillet à Evian, les ministres de l’Intérieur des principaux membres de l’Union européenne ont évoqué la lutte contre le trafic des stupéfiants, le terrorisme et la criminalité organisée. On apprenait au même moment que la CIA aurait monté à Paris un centre anti-terroriste ultra-secret en accord avec la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure). IRAN : Washington soupçonne le nouveau président élu d’avoir trempé dans la prise d’otages de 1979 à l’ambassade des EtatsUnis à Téhéran. De son côté, l’Iran a prévenu le 3 juillet l’Union européenne que toute proposition sur ses activités nucléaires serait subordonnée à la reconnaissance du droit de la république islamique aux technologies sensibles comme le nucléaire. ARABIE SAOUDITE : Le chef d’Ai-Qaïda en Arabie saoudite a été tué le 3 juillet à Ryad au cours d’un accrochage avec les forces de sécurité. IRAK : Le chef de la mission diplomatique égyptienne a été enlevé le 2 juillet à Bagdad ; c’est le premier enlèvement d’un ambassadeur depuis la chute de Saddam Hussein. TURQUIE : Le Premier ministre grec, Costas Caramanlis, se rendra prochainement en visite officielle à Ankara ; première visite de ce genre depuis 1959. ALBANIE : Les Albanais ont voté le 3 juillet pour des législatives cruciales pour l’avenir européen du pays ; un accord d’association avec l’Union européenne pourrait être signé en 2005 en fonction des résultats ; ceux-ci restaient incertains le 4 juillet. ALLEMAGNE : Le chancelier Schröder a annoncé le 1er juillet qu’il demandait au président de la République la dissolution du Bundestag afin d’organiser des élections anticipées. GRANDE-BRETAGNE : La reine Elizabeth II a passé en revue le 28 juin à Portsmouth la plus grande flotte internationale jamais rassemblée à l’occasion du 200ème anniversaire de la bataille de Trafalgar ; la France était représentée par six navires dont le porteavions Charles de Gaulle. J.L. EDITORIAL SOMMAIRE ACTUALITÉ 4 GOUVERNEMENT Subversion nihiliste Sarkozy sur tous les fronts Alice Tulle 5 SOCIETE Homophobie : de quelle peur parle-t-on ? Tugdual Derville 6 G8 Economie en Ecosse Yves La Marck 7 ELECTIONS La surprise en Iran Yves La Marck DOSSIER 8 AVANT LES JMJ Comprendre l’Allemagne entretien avec Edouard Husson Alexandre Liagat, Alexandre Da Silva, Denis Lensel ESPRIT 15 LECTURES 15e dimanche du temps ordinaire Père Michel Gitton 16 EN MEMOIRE DES JOURS 17 ECCLESIA 20 EGLISE 22 COMMUNAUTES Les bénédictines de Valognes 24 PHILIPPINES Otages en Irak Robert Masson Deux-cent millions d’esclaves Giancarolo Giojelli/Zenit Les femmes au Vatican Jacques Chastan par une moniale Le cardinal Jaime Sin Père Jean-François Thomas MAGAZINE 26 ”ARTS PREMIERS” L'homme et ses masques Alain Solari 28 TEMOIGNAGE 29 THEATRE "Candide..." "La savetière prodigieuse" 30 MUSIQUE Emotion et spirituel à Vézelay 32 MUSIQUE “Chemins de musique” à Ligugé 33 CINEMA 34 BLOC-NOTES 38 MULTIMEDIA CD-Rom ludo-éducatifs 39 TELEVISION Sélection de la semaine 36 LIBRAIRIE Michelle Cressent Jacques Chastan Pierre François Pierre François Pierre François "La moustache" Marie-Christine Renaud d’André Vie associative et d’Eglise Brigitte Pondaven Pierre Thomas Marie-Christine Renaud d’André Ethique, politique et Foi Couverture : © Emmanuel Chaunu Vous appréciez la nouvelle formule de “France Catholique” ? N’oubliez-pas que nous la devons, entre autres, à la générosité de nos annonceurs. N’oubliez pas de répondre favorablement à leurs sollicitations : bons réponses, etc. a légalisation quasi simultanée du pseudo-mariage homosexuel en Espagne et au Canada constitue un signe des temps des plus alarmants. Lorsque les Etats trouvent des majorités parlementaires pour avaliser des lois qui ne relèvent pas du choix politique proprement dit, c'est que la politique est malade, faute de reconnaître d'abord qu'une transgression de l'ordre familial atteint un domaine que l'on désigne généralement aujourd'hui comme symbolique et qui surplombe tous les choix qui reviennent à des dirigeants politiques. Ou bien alors il faut avaliser le trop célèbre slogan "tout est politique", ce qui est la formule la plus adéquate du totalitarisme moderne. Car le sommet du totalitarisme, bien au-delà des abus de pouvoir qui qualifient (d'ailleurs abusivement) "les régimes autoritaires", se situe dans la prétention d'être maître des symboles et des principes. Ce n'est pas pour rien que le cardinal Ratzinger et le philosophe Jürgen Habermas s'accordaient sur la nécessité de reconnaître "les fondements pré-politiques du politique". L'ordre anthropologique s'impose au politique pour mettre hors de toute délibération ce qui concerne le respect absolu des lois non écrites. Certes, il peut y avoir une ambiguïté dans la philosophie de la démocratie, que l'on retrouve chez tous les grands penseurs du contrat social (Rousseau et Hobbes par exemple), prolongée de nos par Gérard LECLERC jours par des théoriciens qui expliquent qu'en régime démocratique le lieu du pouvoir est "vide". En d'autres termes, il n'est rien d'incontestable, rien de définitif, rien qui ne soit soumis à une délibération qui peut rendre caduc ce qui la veille encore était considéré comme la règle. Qui ne voit les dommages considérables d'une telle conception qui, partant du refus absolu de l'autorité, aboutit à donner à l'opinion des pouvoirs exorbitants ? Et cela d'autant plus que la volonté de puissance est sans contrepartie. En période de nihilisme, tout est possible, y compris les législations eugénistes qui, furtivement, admettent le principe de l'éradication des défauts biologiques par la sélection qui élimine de fait les handicapés. Les régimes totalitaires d'hier s'étaient conféré ce type de pouvoir. Les démocraties se croient fondées à les imiter au prétexte qu'elles ne sont pas des régimes d'autorité. Dans le cas du pseudo mariage homosexuel, la transgression est patente. Elle justifie un devoir de désobéissance civique. Sera-t-il reconnu ? Obligera-t-on les officiers municipaux et les magistrats à agir contre leur conscience ? Dans cette hypothèse, le principe qui singularise la démocratie par rapport à la tyrannie serait bafoué, mais ce serait dans la logique d'une souveraineté de la loi qui marque l'ambiguïté fondamentale de la modernité. L'Eglise s'oppose à ces dérives avec la force de sa liberté spirituelle. Beaucoup s'en indignent et voudraient détruire cette liberté, ne serait-ce qu'en portant atteinte à la symbolique propre à l'institution. La pseudo ordination d'une femme prêtre à Lyon n'est pas une provocation anodine. On veut faire rentrer l'Eglise dans le désordre commun, et la rendre complice d'un nihilisme dont elle est aujourd'hui le seul adversaire résolu. ■ L FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 3 ACTUALITE GOUVERNEMENT par Alice TULLE Sarkozy sur tous les fronts Les "petites phrases" du ministre de l’Intérieur provoquent l’indignation de la gauche et l’embarras de ses collègues sans gêner Nicolas Sarkozy qui occupe méthodiquement le terrain. epuis quelque trente ans, il est acquis chez les socialistes qu’il faut "rassembler à gauche" pour gagner la bataille électorale et ensuite gouverner au centre. La phase du rassemblement est bien entendu celle des grands discours de rupture, qui ne pèsent plus grand-chose lorsque l’heure des compromis pragmatiques a sonné. Personne ne s’étonne de ce jeu – ni les partisans, ni les adversaires de la gauche. Nicolas Sarkozy, qui est manifestement en pré-campagne électorale, semble avoir choisi la même méthode. Pour le moment, il "rassemble à droite" sur le thème de l’autorité de l’Etat et du maintien de l’ordre – mais rien ne dit qu’il ne sera pas, s’il entre à l’Elysée, un président soucieux de maintenir les grands équilibres politiques par une attitude sagement centriste. Cependant, le ministre de l’Intérieur ne veut pas jouer avant l’heure le rôle arbitral dévolu au président de la République : il se soucie avant tout d’occuper le terrain en jouant de l’indignation de ses censeurs et du retentissement médiatique de ses actes et de ses propos – quels qu’ils soient. Telle qu’elle a été exécutée tout au long du mois de juin, cette tactique est un succès. D ( Déjà, après les échauffourées de Perpignan, le ministre tout récemment nommé avait déclaré qu’il jetterait les voyous en prison ; après la mort d’un jeune garçon frappé d’une balle à La Courneuve, il avait annoncé un "nettoyage au Karcher" de la Cité des 4 000 ; après le meurtre le 2 juin d’une jeune femme par un multirécidiviste remis en liberté, il s’était exclamé que le juge qui avait pris cette décision devrait "payer" pour sa "faute" ; après l’annulation, suite à une erreur technique, dans une procédure visant 22 personnages du milieu grenoblois, le ministre avait une fois de plus sévèrement mis en cause les magistrats. Chaque "petite phrase" de Nicolas Sarkozy a provoqué les vives réactions des syndicats de magistrats et des organisations de gauche qui ont dénoncé tantôt l’atteinte à la séparation des pouvoirs, tantôt le "populisme" du ministre de l’Intérieur. Les médias, qui avaient largement répercuté les diatribes ministérielles, ont fait un large écho à ces réactions qu’elles sollicitent d’ailleurs volontiers – pour faire du spectacle ou dans l’espoir de mettre le ministre en contradiction avec ses collègues, visiblement embarrassés. Mais Nicolas Sarkozy joue avec les médias et s’en joue. Dans leur succession d’instan- tanés, il capte l’instant, il fait l’image et les trois mots qui l’érige en fait marquant de la journée ou de la semaine. Les mises au point de la partie adverse et surtout l’évolution des enquêtes n’ont qu’un très faible impact : il est vrai que les décisions de mise en liberté provisoire sont collégiales, on sait maintenant que le jeune garçon tué à La Courneuve ne s’est pas trouvé au milieu d’une rixe entre gangs rivaux mais fut la victime accidentelle d’une "affaire de cœur". Les syndicats de magistrats publient des mises au point, la gauche soigne ses communiqués mais c’est encore le ministre de l’Intérieur qui fait l’actualité en annonçant qu’il va revenir à La Courneuve. Et son retour, dans l’après-midi du 29 juin, constitue d’ailleurs l’événement politique de la soirée. Pas de Nicolas Sarkozy propose 46 emplois immédiatement disponibles 4 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 vain effet d’annonce : l’homme qui parlait de "nettoyage" est accueilli par les huées d’une cinquantaine de jeunes gens mais il fait face et ses répliques sont sans appel. Surtout, il propose 46 emplois immédiatement disponibles, 150 places en contrat d’apprentissage et le parrainage de prestigieux établissements d’enseignement supérieur – retour discret de la discrimination positive qui vient d’être récusée par le président de la République. Autant de mesures concrètes qui s’inscrivent dans une "action de reconquête de la dignité". Le "Karcher" est enterré et le sondage du jour désigne Nicolas Sarkozy comme le futur vainqueur de la présidentielle, ce qui lui vaut soudain le respect des journalistes qui n’appréciaient pas son "populisme". Un rythme aussi haletant peut-il être maintenu très longtemps ? Le coureur qui saute les haies ne se pose pas de question, il court. ■ ACTUALITE De quelle peur par Tugdual DERVILLE parle-t-on ? près les Pays-Bas, la Belgique et le Canada, l’adoption, le 30 juin, d’une loi instaurant le mariage homosexuel en Espagne porte à quatre le nombre des pays ayant "brisé le tabou". Dans trois d’entre eux - la Belgique faisant exception - la loi inclut le droit à l’adoption d’enfants. En autorisant dès 1989 un "partenariat enregistré" le Danemark fut précurseur, bien avant le pacs français de 1999. Successivement, le Portugal, l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont suivi ce mouvement. L’adoption est même autorisée outre-Manche. En France, c’est comme "célibataires" adoptants ou par l’utilisation des techniques artificielles, qu’elles soient "bricolées" à domicile ou obtenues en Belgique, que des couples homosexuels peuvent obtenir des enfants. La Suède vient à son tour d’autoriser les lesbiennes à avoir recours à l’insémination artificielle et à la fécondation in vitro. Aux EtatsUnis, seul le Massachusetts reconnaît le mariage gay, les tentatives californiennes de 2004 qui inspirèrent le maire de Bègles s’étant soldées, comme en France, par leur annulation en justice. Peu à peu, dans les pays "développés", la pensée dominante impose aux esprits l’effacement de la distinction entre homme et femme comme élément structurant la société. De nouvelles "autorités morales", à l’image A d’Amnesty International, applaudissent comme un progrès cette évolution au nom du "principe d’égalité réelle". Et voilà les Eglises réduites à la protestation, impuissantes à faire valoir le droit des enfants, quand elles ne sont pas à leur tour mises en demeure de célébrer des mariages religieux homosexuels, là où l’union civile est déjà entrée en vigueur. En France, la nouvelle vague rose semble irrésistible. JoseLuis Zappatero est un modèle pour les socialistes. Là où la dominante libérale-libertaire ne permet plus une claire distinction entre droite et gauche, cette "question de société" leur apparaît une aubaine. D’autant qu’ils bénéficieront de puissants relais médiatiques. Quant à l’actuelle majorité, elle semble en passe de baisser les bras. Dominique de Villepin, s’il se déclare opposé au mariage et à l’adoption pour les couples homosexuels, prend soin d’ajouter la mention "à titre personnel" qui fragilise la crédibilité de sa déclaration. Comme son prédécesseur à Matignon, il se sent obligé de surenchérir : "La priorité, c’est de lutter contre toutes les formes de discrimination, dont les homosexuels sont encore trop souvent les victimes". Et il faut noter l’hommage qu’il rend à la gauche au surlendemain de la Gay-Pride : "Le Pacs a permis Ci-dessous, char de la dernière gay-pride à Paris : pour le droit au mariage républicain © F. AIMARD Est-ce céder à la paranoïa que de penser que la France donnera bientôt la possibilité aux couples homosexuels de bénéficier du régime du mariage républicain, avec faculté d’adopter des enfants ? Force est de constater en tout cas que les dénégations des politiques sont faibles. de progresser dans la voie du respect et de la tolérance. Je présenterai des mesures prochainement pour l’améliorer". Que signifie son vœu que "le débat puisse se poursuivre en toute sérénité" ? Des conseillers ministériels de l’actuelle majorité avouent que l’origine de ces propos est bien la peur. Le lobby homosexuel, implanté dans chaque parti, tétanise et terrorise. Cependant son audace irrite. Et même à gauche, malgré les discours convenus. Avant les élections régionales, tel candidat socialiste se laissait aller à confier son exaspération à un collègue du camp opposé, se disant écœuré du clientélisme gay sévissant en certains lieux, en certaines villes, dans son propre parti ! Certains prédisent que le voile se lèvera bientôt sur la rareté des "victimes de l’homophobie". L’emblématique Sébastion Nouchet qui dit avoir été incendié par des barbares est désormais suspecté d’être un mystificateur (l’Express du 23 mai). Ce fait-divers a pourtant déjà produit ses effets avec la création de la Halde, structure gouvernementale anti-discrimination installée le 23 avril. S’il y a quelque chose de profondément vrai et d’attristant dans le mot homophobie qui constitue depuis des années l’imparable sésame du lobby gay, c’est qu’il instille partout de la peur vis-à-vis des personnes homosexuelles. Et il n’est pas certain qu’elles y trouvent plus de respect. Chacun, sur ses gardes, censure sa liberté d’expression. L’hypocrisie s’installe. Mais pas totalement : les leaders féministes qui réclament la priorité à la lutte contre le sexisme ont osé protester contre les privilèges, jugés indus, obtenus par les gays... ■ Le lobby homosexuel, implanté dans chaque parti, tétanise et terrorise FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 ( SOCIETE 5 ACTUALITE MONDIALISATION par Yves LA MARCK Economie en Ecosse Le sommet du G8 à Gleneagles (6-8 juillet) a consacré l’annulation de la dette des pays pauvres sans se prononcer sur le financement de leur développement. endant huit jours, l’attention du monde développé, spécialement aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, a été attirée par une médiatisation sans précédent sur les problèmes de l’Afrique et les questions de développement. Il faut rendre cet hommage à ce communicateur de génie qu’est le premier ministre britannique Tony Blair, version publique du chanteur Bob Geldof qui a tenu à Edimbourg son grand concert live pendant qu’à quelques miles de là, Tony Blair écrivait la partition. L’Afrique en a besoin et on aurait mauvais gré d’ergoter sur les méthodes. Tout est bon à prendre. On se félicitera plutôt que la campagne des Eglises en faveur de l’annulation de la dette ait produit ses fruits et permis de renverser la vapeur. Les institutions financières internationales n’en peuvent mais. Elles n’en pensent pas moins pour autant. Deux logiques s’opposent radicalement : celle du don et celle du prêt. La théorie économique ne s’est toujours pas réconciliée avec la première. Fondée sur l’intérêt, qui représente le choix de l’avenir par rapport au présent, elle n’a jamais accepté une sorte de taux zéro qui est la négation de la notion de valeur et de prix. De la même façon, elle a jusqu’à présent hésité à quantifier P ( des biens réputés gratuits, donc sans valeur. Ceci est connu depuis la plus haute Antiquité. La surprise est venue cette fois de l’engagement personnel de Tony Blair, à contre-courant des autres gouvernements et spécialement de celui des Etats-Unis. Il a décidé sans grande consultation que l’Afrique et le changement climatique seraient les deux priorités du sommet, à la place du terrorisme et de la prolifération nucléaire. Il n’aura de la part du président Bush obtenu ni augmentation sensible des montants d’aide au développement ni aucune concession sur la protection de l’environnement. Il aura néanmoins réalisé une percée significative dans le domaine de la dette multilatérale (Banque Mondiale pour l’essentiel). Ce n’est pas grand-chose pour certains : 18 pays seulement pour quarante milliards de dollars dont on n’est même pas sûr qu’il sera possible de les reconstituer pour les consacrer aux secteurs sociaux. D’autres pays suivront. On a sans doute surestimé les forces et la volonté politique des grands argentiers de la planète. Néanmoins, quand on sait que le Honduras et le Nicaragua sont dans la liste des bénéficiaires, on mesurera le chemin accompli depuis le refus de toucher à la dette de ces pays ravagés en 1998 par la fa- meuse dépression Mitch. Depuis le tsunami est passé par là. Mais la dette des pays touchés en Asie attendra encore. La raison en est qu’ils sont plus intégrés dans les circuits financiers internationaux que l’on voudrait éviter de perturber gravement. On a fait une exception pour l’Afrique et quelques républiques bananières parce que cela n’a pas grande importance en macroéconomie (moins de 2% du commerce mondial). En bon lecteur de Montesquieu, Blair sait pourtant que l’Afrique n’est finalement pas une exception mais peut rapidement devenir la règle si le climat venait à se dérégler durablement. Le développement durable n’est en réalité que l’envers du sous-dévelop- L'économie libérale n'est-elle pas née en Ecosse de la dévalorisation de la "charité" ? 6 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 pement : réchauffement, désertification, déboisement, dépressions, le cycle est connu. Toute augmentation de l’aide serait annulée par de tels phénomènes. A l’inverse, une exploitation rationnelle des ressources naturelles dispenserait de la “charité” internationale, terme si galvaudé qu’il sert désormais aux économistes libéraux pour déconsidérer le don. L’économie libérale n’est-elle pas née en Ecosse de la dévalorisation de la “charité” qui pendant des siècles avait été la règle dans le monde et la providence du pauvre. Son fondateur, Adam Smith, Ecossais, est mort à Edimbourg en 1790. Deux cent quinze ans plus tard, il n’est pas indifférent que ce soit dans cette même ville que la situation a été jugée si grave que les pays les plus industrialisés sont amenés à revisiter – à la marge - ces fondamentaux. ■ ACTUALITE MOYEN-ORIENT surprise en Iran par Yves LA MARCK La L’élection à la présidence de la République iranienne d’un candidat quasiinconnu, contre le vétéran Rafsandjani, fait craindre un retour en arrière. L un poste élevé échappe au clergé. Mais c’est au profit des militants de la révolution, de ces jeunes portés par le mouvement dont on se souvient qu’il avait pris le nom des déshérités. D’origine modeste, et qui l’est resté, le nouveau président est un modèle d’austérité islamique autant que de militantisme populiste. Le contraste ne pouvait être plus flagrant avec le candidat du Bazar, qui règne sur le monopole de la pistache. Personne n’avait imaginé que la chute de Saddam Hussein en Irak signifiait rétrospectivement la victoire de ceux qui l’avaient combattu le plus ardemment en Iran. Et pourtant nous en voyons la logique. Déjà les chiites irakiens avaient pris dans le gouvernement de Bagdad la place dont ils avaient toujours été privés. Mais on ne pensait pas que l’effet de choc allait se répercuter de cette façon de l’autre côté de la frontière. Les observateurs avaient échafaudé un scénario différent. Les élections irakiennes allaient, croyait-on, faire des émules, la démocratisation gagner la théocratie iranienne, libérer la société d’un islam radical. Vu d’Iran, on ne doit pas avoir la même analyse de ce qui se passe en Irak. On n’y voit rien de semblable. La société irakienne était certainement plus sécularisée au temps du régime laic de Saddam qu’aujourd’hui. En revanche, la société iranienne s’est libéralisée depuis la disparition de l’imam Khomeini, et rapidement au cours des dernières années, même si la présidence réformiste est loin d’avoir produit les résultats attendus du fait de la division du pouvoir au sommet et de l’espèce de cohabitation avec le Guide Suprême, l’ayatollah Khamenei. Le retour d’une interprétation plus rigoureuse de la moralité publique risque de créer des tensions internes et d’aviver le conflit des générations. Un plus grand souci des inégalités sociales qui est à l’origine de la popularité du maire de Téhéran devrait susciter des politiques économiques différentes et un partage plus équitable des revenus du pétrole. A l’extérieur, les choses seront claires. La Maison Blanche avait commis l’imprudence – ou impudence – de rejeter par avance les élections. Le résultat, tout inattendu qu’il soit, est considéré à Washington comme une justification a posteriori, alors même que ce rejet a suscité un réflexe nationaliste. Les Etats-Unis préfèrent de toute manière que les choses soient claires, que l’ennemi se conforme à la description qu’on fait de lui. Ils ont gagné. La controverse qui se développait dans l’opinion américaine sur un retrait futur d’Irak est soudain devenue inactuelle. ■ Vu d’Iran, on ne doit pas avoir la même analyse de ce qui se passe en Irak FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 ( ’élection surprise le 23 juin à une majorité de plus de 62 % de M. Mahmoud Ahmadinejad a pris de court tous les observateurs qui donnaient l’ancien président Hachemi Rafsandjani gagnant. Au premier tour, le premier avait déjà déjoué tous les pronostics en talonnant le second de moins de deux points. Or le camp réformiste auquel appartenait le président sortant Khatami, divisé entre plusieurs candidats comme la gauche française en 2002, ne s’est apparemment pas reporté sur Rafsandjani dont les voix n’ont progressé que de 50% alors que son adversaire a quasiment triplé ses suffrages. La participation qui a reculé (de 62% à moins de 50%) exprime cette désaffection. Outre fraudes et manipulations, à quoi faut-il attribuer cette spectaculaire percée ? Une première clé serait le passé d’ancien combattant du nouvel élu. On a oublié aujourd’hui l’impact de la terrible guerre Irak-Iran qui a mobilisé des millions de jeunes hommes pendant huit ans (1980-88) et a fait 400 000 morts iraniens (et 300.000 irakiens). L’Iran voulait poursuivre la guerre jusqu’au renversement de Saddam Hussein qui était alors armé et appuyé par l’Occident tout entier. Agé de cinquante ans, M. Ahmadinejad est le pur produit de la génération Khomeini. Il est le premier président laique du pays. Pour la première fois, 7 DOSSIER ENTRETIEN AVEC EDOUARD HUSSON Comprendre l’Allemagne propos recueillis par Alexandre LIAGAT et Alexandre DA SILVA compléments de Denis LENSEL Les jeunes Français s’apprêtent à aller très nombreux en Allemagne pour les Journées Mondiales de la Jeunesse. A cette occasion, nous avons publié, les semaines dernières une série d’articles de DanielAnge sur les martyrs chrétiens sous le nazisme, faisant un portrait spirituel non convenu de l’Allemagne. Aujourd’hui voici le regard politique, assez décapant aussi, d’Edouard Husson,un universitaire catholique qui est bon connaisseur des relations franco-allemandes, de nos ignorances notamment. Des ignorances qu’il est urgent de combler pour combattre les conséquences négatives de l’échec du dernier référendum sur l’Europe. On ne reconstruira pas un - nécessaire - projet européen, sans faire un effort pour comprendre nos plus puissants voisins. 8 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 à l’heure des JMJ ■ Edouard Husson, quelle est cette "autre Allemagne" qui fait le titre et l’objet de votre livre ? Edouard Husson On pensait que notre voisin était beaucoup plus efficace que nous Les Français ont toujours eu des représentations très arrêtées de l’Allemagne. Jusqu’à une date récente, on a parlé du "modèle allemand" et l’on pensait que notre voisin était plus efficace que nous dans de nombreux domaines. Ayant vécu à Munich, j’ai vu une Allemagne différente de celle qu’on décrivait à Paris. Le pays dont je parle est aussi une "autre Allemagne" à cause de la réunification. Lorsque celle-ci s’est faite, beaucoup de Français étaient effrayés car ils voyaient l’Allemagne devenir, par réunion de la RFA et de la RDA, une puissance qui écraserait les autres sur le continent à échéance de cinq ou dix ans. Par ailleurs, l’Allemagne a beaucoup changé depuis une vingtaine d’années et, pour réfléchir sur l’Allemagne, il faut faire un bilan de la République fédérale et des modèles allemands qui se sont succédé dans l’après-guerre. ■ Reprenons votre première remarque sur le regard que les Français portent sur l’Allemagne… Beaucoup de dirigeants politiques et d’intellectuels français s’étaient habitués à la division de l’Allemagne et la jugeaient bonne pour la France. Après la chute du Mur, ces mêmes personnes ont été effrayées par un retour de l’Allemagne à sa politique de puissance : références historiques à l’appui, ils en concluaient à un abaissement de la France en Europe. DOSSIER ■ Peut-on dire que ces Français restent marqués par la vision forgée par l’historien Jacques Bainville au lendemain de la guerre de 14 : la France en paix quand l’Allemagne est divisée ? Les analyses bainvilliennes ont marqué de nombreux hommes d’Etat avant la seconde guerre mondiale comme après. Charles de Gaulle et François Mitterrand étaient lecteurs de l’auteur des "Conséquences politiques de la paix". Mais ils n’ont pas eu la même attitude à l’égard de notre voisin. François Mitterrand est resté bainvillien jusqu’à la réunification et même après. Il était convaincu que l’Allemagne devait rester divisée, il a cherché à savoir si la RDA était encore viable, il a voulu freiner le mouvement d’unification puis il s’est efforcé d’encadrer l’Allemagne lorsqu’elle a été réunifiée. C’est après coup, que certains reconstruisent l’histoire et sollicitent les sources pour dessiner un Mitterrand plus favorable qu’il n’était au processus de réunification. Cela dit, tout en m’étant opposé au traité de Maastricht, je reconnais volontiers que la politique "d’encadrement de l’Allemagne par l’Europe" de François Mitterrand était cohérente et, sans l’approuver, je comprends pourquoi il a échangé la réunification contre l’abandon du mark. ■ Et le général de Gaulle ? Bainvillien au lendemain de la guerre, il ne l’est plus lorsqu’il revient au pouvoir en 1958. Dans une conférence de presse de mars 1959, de Gaulle déclare même que la réunification est inéluctable, que c’est une Mitterrand a échangé la réunification contre l’abandon du mark bonne chose si elle a lieu dans le cadre d’un accord international strict comportant une organisation de la sécurité européenne, le respect des frontières issues de la seconde guerre mondiale et la renonciation de l’Allemagne à l’arme nucléaire. ■ Pourquoi ce changement d’attitude ? Parce qu’il a vu, à la différence de François Mitterrand, que l’Allemagne avait connu une mutation considérable au cours des années cinquante : 1/ elle a perdu les bases territoriales de la puissance prussienne. Du coup, les aristocrates prussiens ont été obligés à se mêler à l’ensemble de la société ; ils sont d’ailleurs devenus des ferments de renouveau économique et culturel. L’Allemagne a dès lors trouvé son centre de gravité dans les pays rhénans. 2/ l’Allemagne protestante a basculé du nationalisme au pacifisme, et ceci dès les années cinquante. Le paradoxe, c’est que les catholiques allemands ont adhéré à l’idée de réarmement au sein de l’Alliance atlantique alors que les protestants, qui avaient été FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 9 DOSSIER Eglise d’Allemagne A l’heure de Benoît XVI et des JMJ de Cologne Une marée spirituelle descendante ou montante ? Avant l’élection du cardinal Ratzinger comme Pape, l’Eglise d’Allemagne traversait une crise assez grave, en partie comparable à celle des autres Eglises d’Europe occidentale, avec le phénomène spécifique de l’hémorragie des "contribuables" de la Kirchensteuer, l’impôt ecclésial prélevé tous les ans tant chez les catholiques que chez les protestants. Depuis l’augmentation de la pression fiscale qui a résulté de la réunification de l’Allemagne après la chute du mur de Berlin en 1989, de nombreux citoyens allemands de tradition chrétienne ont brusquement senti leur conscience ecclésiale diminuer au point de refuser désormais de payer ce pourcentage de l’impôt. Souci d’économie ou désaffection spirituelle ? Sans doute ces deux motivations se sont-elles conjuguées. Le malheur est que ce phénomène se poursuit encore aujourd’hui, même s’il est légèrement compensé par une certaine quantité de retours. L’Eglise catholique d’Allemagne déplore actuellement 120.000 départs par an à ce titre de la désinscription à l’impôt d’Etat, sans compter 60.000 décès en excédent par rapport aux baptêmes, dans un pays où le naufrage démographique est devenu chronique depuis les décennies de l’immédiat après-guerre. Au total, c’est une baisse de 10% que l’on constate chez les catholiques allemands à ce titre, et une baisse encore plus forte chez les protestants, très nombreux notamment dans l’ex-Allemagne de l’Est où la double déchristianisation nazie puis communiste a été redoutable.. Sur le plan des relations avec Rome, outre quelques groupuscules "théologiques" s’autoproclamant sans modestie excessive "Wir sind die Kirche" ("Nous sommes l’Eglise") et dénonçant radicalement l’enseignement de Jean-Paul II et de Benoît XVI, une certaine différence, plutôt feutrée, se manifeste parmi les évêques : hôte des JMJ, l’archevêque de Cologne, Mgr Meisner, homme de confiance de Jean-Paul II - qui l’invita à le suivre en Albanie l’été 1993 – reste sans doute la figure épiscopale la plus emblématique de la fidélité sans conditions à Rome. Face à lui, le cardinal Lehmann, archevêque de Mayence, considéré à tort ou à raison comme plus " libéral ", a été engagé dans une controverse d’ordre pratique avec Jean-Paul II, à la fin des années 90, au sujet de la question de l’avortement, sachant que l’Eglise catholique allemande s’est impliquée dans des centres de conseils aux femmes envisageant cette solution de refuser la vie à leur enfant. De l’avis des catholiques les plus proches de Rome, le Cardinal Ratzinger, en devenant Pape, a choisi le nom de Benoît XVI pour récuser le relativisme actuellement dominant dans cette Europe dont saint Benoît est le patron. Sans qu’on puisse parler d’électrochoc spirituel, l’élection du Pape allemand a, d’après une enquête du quotidien centriste "Die Welt", apporté un regain de vigueur au sentiment religieux dans son pays, surtout, semble-t-il, en ex-Allemagne de l’Est. Globalement, 38% des personnes interrogées par l’enquête du journal considèrent que la foi chrétienne leur semble plus importante, alors que 52% déclarent que ça n’a rien changé pour elles. Affaire à suivre et à vérifier sur place cet été... Denis LENSEL plus nationalistes que les catholiques dans l’entre-deux-guerres, étaient résolument hostiles au réarmement et souhaitaient une réunification dans la neutralité. Les manifestations des Verts allemands contre les euromissiles ne furent qu’une forme tardive de ce pacifisme, la généralisation à l’ensemble de la RFA d’un mouvement né en terre protestante dans les années 1950. Cette mutation a eu une influence considérable sur la jeunesse allemande et le Général avait été sensible à ce pacifisme qui lui avait été confirmé par Konrad Adenauer. 3/ Enfin, De Gaulle constatait que la République fédérale était devenue, sous l’égide du chancelier Adenauer, une véritable démocratie qui s’appuyait sur une réussite économique étonnante. ■ Pourquoi De Gaulle n’a-t-il pas fait école ? Ce qu’on appelait le "miracle économique allemand" a réveillé la peur de l’Allemagne chez beaucoup de Français tout au long des années qui ont débouché sur la crise de Mai 1968. Cette peur s’est renforcée après 1968 lorsque le mark est devenu une monnaie de référence et lorsqu’il est apparu que notre voisin résistait mieux que nous à la crise mondiale. D’autre part, la plupart des dirigeants français restaient imprégnés de l’idée que l’Allemagne était une puissance dangereuse. L’image d’une Allemagne "géant économique et nain politique" paraissait alors satisfaisante. Les dirigeants français avaient d’autant plus de raisons de penser que la division de l’Allemagne serait durable que les Allemands en étaient eux-mêmes persuadés. Lors de la crise des euromissiles, ces dirigeants n’ont pas vu que le pacifisme des Verts ouest-allemands était aussi un pacifisme est-allemand. Par-delà le Mur, c’était une première manifestation unitaire. Nous savons aussi que l’opposition au régime communiste de RDA est apparue dans les milieux pacifistes que les dirigeants communistes avaient cherché à utiliser contre l’Ouest. A l’époque, dans Le syndrome finlandais, Alain Minc exprimait le sentiment de la classe dirigeante française, qui refusait l’idée de la réunification d’une Allemagne sortant de la logique des blocs. La réunification constitue un poids financier et humain considérable pour l’Allemagne 10 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 ■ Comment jugez-vous la politique de Mitterrand ? Le président français prononce devant le Bundestag, le 20 janvier 1983, un discours qui est considéré par ses biographes comme le sommet de sa diplomatie alors qu’il s’agit de sa plus grosse erreur de politique étrangère. François Mitterrand explique qu’il est nécessaire d’installer les euromissiles sur le territoire allemand et proclame son soutien à la politique d’Helmut Kohl. Ce dernier lui en a su gré, car la majorité des Allemands souhaitait la poursuite des négociations avec les Soviétiques. La politique d’amitié franco-allemande a été relancée, mais toute une partie de l’opinion publique allemande, Willy Brandt en tête, en a beaucoup voulu à François Mitterrand. ■ Cette période de confrontation Est-Ouest paraît bien lointaine… Il faut s’en souvenir si l’on veut comprendre les circonstances dans lesquelles s’effectue la réunification. En 1989, François Mitterrand se trouve pris dans un piège lorsque Helmut Kohl, grand Européen, se met à agir de manière unilatérale. Pire : le chancelier, qui disait que l’amitié franco-allemande était plus importante à ses yeux que le lien avec les Etats-Unis, n’informe pas François Mitterrand de ses décisions alors qu’il en prévient George Bush ! Dès lors, que peut faire le président français ? Il ne peut s’appuyer sur la social-démocratie et sur les Verts allemands, ni sur l’opinion publique allemande puisque tous lui gardent rancune du discours au Bundestag. François Mitterrand doit donc se résoudre à rappeler à Helmut Kohl ses engagements européens… puis s’efforcer d’encadrer l’Allemagne réunifiée par le traité de Maastricht. ■ On pouvait donc voter Oui au référendum sur Maastricht par crainte de la puissance allemande, et Non pour la même raison… En effet. Mais les néobainvilliens qui redoutaient l’Allemagne – tout comme les fédéralistes européens partisans d’aller beaucoup plus loin dans le sens de l’intégration européenne - ne se sont pas aperçus que l’Allemagne n’allait pas tirer grand parti de sa réunification. ■ Pouvait-on s’en rendre compte à l’époque ? En août à Cologne Le cardinal Joachim Meisner, archevêque de Cologne, a présenté les Journées Mondiales de la Jeunesse du mois prochain, dans un texte publié en mai dernier dans un dossier de l’agence de presse catholique allemande KNA. Pour illustrer le thème de cette rencontre de jeunes du monde entier, il souligne le rôle symbolique des Rois Mages qui sont partis d’Orient à la rencontre de l’Enfant-Jésus, en représentants de toute une humanité en chemin, dans le but de prier Dieu fait homme. A Cologne, ce sera le temps de la prière, de la fête et de la rencontre, un temps fort qui "pourra se dérouler sans difficulté". Cependant, l’archevêque de Cologne se déclare conscient qu’on doit toujours se poser la question critique de "la valeur à attribuer à de telles manifestations de masse pour la vie quotidienne de la foi dans les communautés paroissiales et dans les organisations religieuses". Mais ici encore, la jeunesse apporte un signe qui montre que les JMJ " projettent une lumière claire et persistante sur l’Eglise". Car "autant il est vrai que la foi se nourrit peu d’une euphorie constante, autant elle s’alimente pourtant de la conscience d’une communion étendue au monde, à partir de l’expérience de la proximité de Dieu, de la rédemption, de la paix et de la joie". Le Cardinal Meisner souligne la spécificité des JMJ en montrant qu’elles ne tiennent pas pour l’essentiel à "la présence de personnalités éminentes", car "au centre il y a le Christ". Il insiste aussi sur l’occasion présentée de surmonter tous les clivages nationaux. Ce grand rendez-vous ecclésial est placé sous le parrainage spirituel d’Edith Stein, la philosophe juive convertie passée par le Carmel de Cologne avant d’être arrêtée par la Gestapo en Hollande et de mourir à Auschwitz. Mais au-delà des grands modèles de foi, c’est la joie de la conversion et de la rencontre au quotidien qui est annoncée. "Rire, danser, discuter, prier, ensemble avec la jeunesse du monde entier", tel est le programme que fixe une collaboratrice de l’agence de presse catholique allemande KNA… " Je me réjouis énormément de ce rendez-vous de Cologne ", a dit Benoît XVI. Près de 600 évêques et cardinaux viendront assurer une présence auprès des jeunes par de nombreuses rencontres et catéchèses. Soit beaucoup plus encore qu’aux JMJ de Paris. D. L. FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 11 DOSSIER La démographie allemande, en fort déclin, montrait que la base de la puissance économique du pays était compromise à moyen terme. Par ailleurs, l’intégration de l’Allemagne de l’Est s’est faite à des conditions monétaires telles que le pays paie encore aujourd’hui la décision prise par Helmut Kohl de changer le mark à un pour un. Cela n’a pas été compris par les dirigeants français qui ont voulu l’union économique et monétaire pour participer à la puissance allemande alors que celle-ci était déjà menacée. Le retour au principe de la préférence commerciale ■ La réunification est devenue un fardeau… communautaire Elle constitue un poids financier et humain est la première considérable pour l’Allemagne d’aujourd’hui. Depuis 1990, le transfert annuel d’Ouest en Est condition d’un s’élève à 70 milliards d’euros, soit 3 à 4% du nouveau PIB. Or la productivité des nouveaux Länder ne dépasse pas 60 à 65% du niveau qu’elle atteint projet sur l’ancien territoire ouest-allemand. Le chômage est deux fois plus élevé à l’Est qu’à européen l’Ouest. La démographie des territoires de l’Est, qui était supérieure à celle de la RFA avant la chute du Mur, est tombée à 0,9 enfant par femme en âge de procréer et le vieillissement de la population est important car tous les jeunes qui le peuvent vont vivre à l’Ouest. Il y a également un fort contraste, à l’Est, entre les infrastructures neuves réalisées grâce aux transferts financiers et la situation économique dégradée. N’oublions pas non plus que la moitié de ces transferts concernent la redistribution sociale. ■ Pourquoi l’échange des marks à un pour un fut-il une erreur ? Au début, tout le monde était satisfait car les Allemands de l’Est disposaient tout à coup d’un pouvoir d’achat considérable et ont acheté massivement des biens de consommation à l’Ouest plutôt que de continuer à acheter des produits est-allemands de toute façon invenda- 12 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 bles à l’Ouest au prix du nouveau mark ; on a détourné l’Allemagne de l’Est de se mettre à produire occidental sur place ; la plupart des usines est-allemandes ont donc fermé et l’Etat a été obligé d’apporter une aide financière aux chômeurs. Par ailleurs, les syndicats ouestallemands ont voulu que les ouvriers de l’Est reçoivent le même salaire que ceux de l’Ouest : c’était très généreux, mais les patrons allemands ont préféré se délocaliser hors d’Allemagne plutôt que d’investir à l’Est. Le bilan financier pèse d’autant plus sur l’Allemagne que ce que nous avons appelé le "modèle allemand" était entré en crise dès la fin des années 1980. La réunification n’a fait que repousser un certain nombre de problèmes qui sont encore plus difficiles à résoudre aujourd’hui. L’Allemagne doit en effet tenter de sauver son système de protection sociale et assurer en même temps des transferts sociaux massifs vers l’Est. ■ Pourquoi contestez-vous la présentation par les Français du modèle allemand ? Parce qu’il y a eu deux modèles allemands ! Le premier modèle fut celui de Ludwig Erhard, ministre des Finances d’Adenauer : c’était un modèle fondé sur la rigueur monétaire, la compression des salaires et le libre-échange. Cette politique, menée dans le climat dynamique créé par la reconstruction du pays, a fait de l’Allemagne la première puissance exportatrice du monde et le pays s’est assuré une situation de quasi-monopole dans plusieurs secteurs tournés vers l’exportation. Ce modèle était efficace, mais il a enfermé l’Allemagne dans une impasse économique car le pays avait besoin de toujours plus de marchés à l’exportation car il refusait toute relance du marché intérieur allemand. Ce refus a été encore plus ferme au cours des années soixante-dix, à cause de la crainte des dérapages inflationnistes. Malgré tout, DOSSIER avec les surplus accumulés grâce aux exportations, avec les réévaluations constantes du mark qui s’ensuivaient, l’Allemagne avait pu créer à la fin des années soixante l’Etat-Providence le plus généreux de tout l’Ouest européen. C’est le deuxième modèle allemand, celui de la période Willy Brandt. Ceci au moment où l’Europe commençait à entrer en crise économique. Les engagements pris en Allemagne dans le domaine social ont donc été particulièrement difficiles à tenir. Mais les dirigeants allemands ont pensé pendant longtemps que le système pourrait être financé sans difficultés majeures car la puissance du mark donnait un pouvoir d’achat considérable. Autre paradoxe de l’économie allemande : les turbulences monétaires internationales, à partir des années 1970, ont fait du mark une monnaie-refuge, ce qui a poussé cette monnaie à la hausse. Ce fut un cadeau empoisonné pour l’Allemagne car elle s’imagina que le "mark fort" était le signe de sa bonne santé économique et qu’elle était invulnérable, à la différence de ses voisins. Dans les années 1970, c’est le président de la Bundesbank qui dit au président de la Federal Reserve Board, la banque centrale américaine, ce qu’il doit faire en matière de lutte contre l’inflation ! Mais le directoire de la Bundesbank n’avait pas vu qu’à partir du moment où le gouvernement américain restaurait la confiance des financiers dans le dollar, les Etats-Unis attireraient une masse considérable de capitaux internationaux, au détriment du mark. Ce qui s’est produit : les Etats-Unis attirent 75% aujourd’hui de l’épargne internationale. C’est ainsi que, peu à peu, l’Allemagne est à son tour entrée dans la crise économique. Sa situation ne cesse de s’aggraver. La partie Est du pays lui coûte de plus en plus cher et, avec l’euro, l’Allemagne n’a pas la possibilité de dévaluer alors qu’elle aurait besoin d’une monnaie faible. De plus, le pays se désindustrialise : les entreprises allemandes ont créé autant d’emplois hors d’Allemagne que l’intégration de la RDA en a détruits en Allemagne de l’Est. La situation financière des grandes entreprises et de nombreuses PME qui ont délocalisé est florissante, mais l’Allemagne compte 5 millions de chômeurs et les douloureuses réformes sociales ("Agenda 2010") ne créeront que 500.000 emplois dans l’hypothèse la plus favorable. Au total, la stratégie allemande de mondialisation a échoué. Au début des années 1990, le patronat allemand rêvait d’une sorte de partage du monde entre l’Allemagne les EtatsUnis et le Japon : aujourd’hui, les mêmes patrons s’estiment dupés par les Américains, y compris sur les marchés d’Europe centrale et orientale et c’est pourquoi ils ont soutenu Gerhard Schröder dans son opposition à la guerre en Irak. ■ Que peuvent faire les Allemands ? La France et l’Allemagne se ressemblent de plus en plus dans une situation de crise Un débat est engagé au sein du monde patronal sur l’avenir du capitalisme et que l’on peut schématiser en ces termes : faut-il continuer à suivre les Etats-Unis dans leur stratégie économique et militaire déstabilisatrice ? Fautil préférer un modèle européen de capitalisme pacifique, non impérialiste ? Mais l’Allemagne est à bien des égards prisonnière de choix effectués à la fin du siècle dernier : dans les années 1990, les investissements allemands aux Etats-Unis ont été multipliés par sept ; un million d’emplois aux EtatsUnis sont assurés par l’économie allemande. Il n’est donc pas si facile de se désengager… Plus globalement, en matière de libreéchangisme, les hommes d’affaires et les experts allemands sont encore plus dogmatiques que les Américains - alors que le retour au principe de la préférence commerciale communautaire est la première condition d’un nouveau projet européen. Le chancelier allemand exprime pleinement cette contradiction lorsqu’il affirme défendre l’emploi en Allemagne avant de se rendre à Pékin pour signer FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 13 DOSSIER ■ Que signifie pour l’Allemagne l’élection de Benoît XVI ? un accord sur des investissements qui priveront de travail un certain nombre de salariés allemands. Le chancelier dit aux Allemands que l’Etatprovidence coûte cher, que les salaires sont trop élevés, que les investissements étrangers se font rares, que la démographie va peser sur les retraites. Mais les citoyens voient bien que le démantèlement de l’Etat-providence les privera de toute protection face à la mondialisation. ■ Impasse totale ? J’estime que le débat est mal posé et mal mené. On peut accepter certains arguments des libéraux – par exemple sur la flexibilité – mais ces libéraux sont en contradiction avec euxmêmes puisqu’ils acceptent que la mondialisation soit menée par les Etats-Unis. Or vous savez que les Américains ont abandonné tous les principes fondateurs du libéralisme économique – l’équilibre budgétaire, la stabilité monétaire – et financent leur développement par les commandes de l’Etat, notamment dans le domaine militaire. Les anti-libéraux ont raison de dire que les réformes menées par Gerhard Schröder et JeanPierre Raffarin vont laisser les populations démunies face à une concurrence impitoyable et ils ont raison de poser la question de la protection des économies européennes et de la renonciation à la théorie du libre-échange. Mais ils sont trop souvent enfermés dans un keynésianisme ou un néo-marxisme non viables. On attend un homme politique qui proposera à la fois protection vis-à-vis de la concurrence déloyale (privilège monétaire américain, main d’œuvre chinoise des multinationales maintenue docile par le parti communiste) et le retour, à l’intérieur, à une économie de marché efficace. Pour conclure, la France et l’Allemagne se ressemblent de plus en plus, dans une situation de crise. La relance franco-allemande est une réponse à cette crise commune mais il n’y a pas d’accord de fond sur un certain nombre de grandes questions : le rôle déstabilisateur des EtatsUnis tout particulièrement. Comme le général de Gaulle l’avait compris, la pierre de touche de la coopération franco-allemande sera la capacité des deux pays à s’entendre face aux Etats-Unis. La France et l’Allemagne ont eu la même politique face à la guerre en Irak mais il faudrait maintenant que Paris et Berlin se posent le problème décisif de la puissance monétaire américaine. Nous n’en sommes pas encore là. 14 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 Les catholiques grincheux qui nous font le coup du “pape réac” sont complètement à côté de la plaque C’est un événement d’une immense portée. Ce pape, en prenant le nom de Benoît, en hommage à son prédécesseur souverain pontife durant la Première Guerre mondiale, exprime bien le pacifisme foncier qui est celui de la société allemande, la vocation, désormais, de l’Allemagne comme nation : servir, plus qu’une autre, la paix. Lorsque j’ai entendu que le cardinal Ratzinger succédait à Jean-Paul II, je me suis dit spontanément : " C’est la fin de la malédiction pour l’Allemagne ! Elle est définitivement réconciliée avec l’universel ". L’Allemagne est un pays très puissant apparemment mais encore profondément vulnérable : même si les Allemands d’aujourd’hui disent qu’ils normalisent leur rapport au passé, j’interprète la faible démographie allemande comme le signe d’un doute profond sur la question de savoir si l’Allemagne, comme nation, comme projet de vivre ensemble, a encore un sens. Là aussi, il est providentiel que les Journées Mondiales de la Jeunesse aient lieu cette année à Cologne. Un pape allemand, c’est un signe d’espoir : il ne faut pas oublier qu’en assassinant six millions de juifs, Hitler voulait anéantir le peuple du Décalogue, extirper le commandement " Tu ne tueras pas " de la conscience des Allemands. C’est pourquoi les catholiques grincheux qui nous font le coup du pape réac sont complètement à côté de la plaque. Ils ne voient pas les enjeux de demain. Si nous ne réagissons pas face au développement du clonage thérapeutique, nous sommes à la veille du "meilleur des mondes". Un pape venu du pays qui a mis en pratique le premier les idées eugénistes a beaucoup de choses à nous dire là-dessus. ■ Edouard Husson, “Une autre Allemagne”, Gallimard, 396 pages, 26,90 euros. ESPRIT GBH Gouttes Buvables Homéopathiques Lectures de la messe du 10 juillet 2005 15ème dimanche du temps ordinaire par Michel GITTON ● La question, ce dimanche, est celle du disciple qui voudrait bien croire à la transformation magnifique que lui annonce le Seigneur, mais qui voit pendant ce temps-là la situation inchangée. Le chrétien, engagé à la suite du Christ dans l’aventure du Royaume, est comme le soldat sorti de la tranchée sur la parole de son chef et qui sent les balles siffler autour de lui. Où est le changement, où est l’avancée ? ● A cette question, il existe plusieurs réponses. Il y a celle, théologique, de saint Paul qui nous parle de la rédemption commencée, mais non encore terminée : la création a été soumise au pouvoir du "néant" par le péché de Satan relayé par celui d’Adam, son salut viendra du relèvement de l’homme, or celui-ci se fait en deux temps, d’abord la justification qui transforme les cœurs des croyants et y fait habiter l’Esprit Saint, ensuite le salut proprement dit qui touchera les corps et les sociétés (la "délivrance de notre corps", ce qui ne veut évidemment pas dire la mort qui nous séparerait de notre corps, au contraire, il s’agit de le retrouver tel qu’il doit être !). ● Le Christ a fait plusieurs usages des images de la germination, toujours pour souligner la nouveauté imprévisible des fruits de la grâce. La parabole du semeur, telle que nous l’avons ce dimanche a la particularité de juxtaposer la forme paradoxale du premier énoncé et son explication qui mène en fait dans une autre direction, la forme première souligne surtout l’attitude du semeur, attitude en apparence illogique, puisqu’il semble faire fi de toute prévision et qu’il répand la semence sans tenir compte du terrain, cette gratuité, cette surabondance, se révèlent malgré tout payantes puisqu’au terme, la part féconde a dépassé par son fruit inespéré toute la partie perdue, image du "risque de Dieu" dont la grâce finit par l’emporter, sinon au niveau de chaque individu, au moins au niveau de l’humanité. L’autre forme souligne, de façon plus morale, la responsabilité de chacun devant l’initiative de Dieu, et détaille les tentations et les dangers de cette germination en nous de la Parole. Si on ne voit pas tout de suite pousser la semence, c’est aussi parce que notre péché la retarde ! ■ FORMULE DE L’ABBÉ CHAUPITRE N°64 Traditionnellement utilisée en cas de jambes lourdes Abbé Chaupitre depuis 1908 Ceci est un médicament. Lire attentivement la notice. Demandez conseil à votre pharmacien. Si les symptômes persistent, consultez votre médecin. Distribué par : Arkomédika LABORATOIRES PHARMACEUTIQUES BP 28 - 06511 CARROS Cedex Tél : 04 93 29 11 28 - www.arkopharma.com Titulaire et exploitant : Arkopharma LABORATOIRES PHARMACEUTIQUES BP 28 - 06511 CARROS Cedex Tél : 04 93 29 11 28 - www.arkopharma.com 9607-Illustration : C.Caroff - visa GP n°0606G03P405 ● Jésus, quant à lui, préfère l’image de la germination. Non qu’il ignore celle de l’enfantement dont se sert ici saint Paul, mais parce qu’elle lui permet d’autres développements. La comparaison a un passé dans l’Ancien Testament, comme on le voit avec la première lecture. Du côté de Dieu, il y l’irrigation, la végétation étant vue comme la réponse de la terre au don du ciel. Dans ces pays de sécheresse où toute la nature dépend des précipitations, nous avons là une image parlante de l’initiative de Dieu, qui vient à son heure. Le fruit de la végétation est ce résultat inespéré de quelques jours de pluie. De même pour nous, la grâce peut tout changer d’un jour à l’autre et faire se lever une merveilleuse moisson, hier encore improbable. ESPRIT En mémoire des jours Le prix de la vie Par Robert Masson lorence Aubenas, et son guide Hussein Anoun, ont donc été libérés. Après des mois de détention, en des conditions de parfaite inhumanité. Ce sont des revenants de la mort, qui durant plus de cinq mois furent retranchés du monde des vivants. Mais pas de leur mémoire, qui restait fidèle, et secrètement convaincue de les revoir un jour, qui tardait tout de même. Le courage des leurs soutenait l’espérance de tous. La joie fut à la mesure de l’épreuve, et elle avait pour elle la grâce de l’unanimité. Il en avait d’ailleurs été ainsi, pour Georges Malbruno et Christian Chesnot, qui eux aussi avaient eu à connaître le même sort. Peut-il y avoir pire que cette pratique de la prise d’otage, qui nous renvoie à la nuit des temps, quand la barbarie était de règle, et l’homme un loup pour l’homme. A l’évidence, les choses n’ont pas changé autant qu’on voudrait le croire. L’Irak s’enfonce dans un océan de douleur qui rend problématique jusqu’à la libération des otages quand leurs geoliers consentent enfin à les libérer. Comment arrêter cette descente aux abîmes, où tout un peuple est en train de perdre pieds en Irak ? La guerre F est décidément un vrai malheur, qui déchaîne les démons humains. L’un des geôliers de Florence Haubenas, était d’une telle véhémence que ses victimes l’avaient surnommée “l’imprécateur”. On ne saurait mieux dire de ces prédateurs d’humanité, qui ne voient dans leurs semblables que des proies à saisir. L’impressionnant c’est la capacité de sauvegarde de leurs victimes. Leurs “prisons tombeaux” n’ont pas enseveli Florence Aubenas ni Hussein Anoun. L’homme est décidément plus grand que ce qui peut l’écraser. Ce n’est pas la moindre leçon de ce retour des ténèbres, qui nous font comprendre un peu mieux le prix de la vie. ■ Nostalgie eut-on dire que l’histoire suit un cours aussi irréversible qu’il pourrait paraître ? Quarante ans après les événements que l’on sait en Algérie, la rupture semblait totale pour les Français qui avaient fui ce pays, dont ils s’estimaient ressortissants à jamais. Les blessures de leur exode demeuraient si profondes, qu’ils préféraient ne plus trop en parler. Est-ce aussi vrai qu’on pourrait le croire ? Quelques signes, en tout cas, montrent les permanences du souvenir. Les Français originaires de là-bas ceux qu’on appelait les “pieds noirs”- reviennent tous ces temps en Algérie, pour décider ou non du maintien de leur cimetière, en terre algérienne. Ce ne fut pas le moindre drame pour les familles, de laisser leurs morts, sur une terre qu’ils avaient dû aban- P 16 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 donner. Jules Roy en son temps en avait fait l’expérience, lorsqu’il s’était décidé, avant de mourir, à faire son propre pèlerinage sur la tombe de sa mère. C’était la démarche de beaucoup d’autres, appelés au retour par le regroupement de cimetières, décidé récemment par les autorités conjointes des deux pays. Pour d’autres raisons, on peut constater par ailleurs une renaissance de ce qui est plus que du simple tourisme. Dans ce pays qui n’est plus le leur, des gens retrouvent leurs racines, et très souvent le lieu où ils ont vécu. Ils osent frapper à la porte des maisons, ou des appartements qui étaient les leurs. Ils y sont généralement bien accueillis, avec le sentiment de n’être pas des étrangers. Les sentences de l’histoire ne sont pas sans recours. On est heureux de se retrouver, on promet de se revoir. On se demande, au besoin, pourquoi on est parti. Ce n’est évidemment pas si simple de refaire le passé. Mais au moins, on se rappelle qu’on fut hier des voisins, qui ne s’entendaient pas si mal. L’histoire est tragique, et habile à dresser des hommes les uns contre les autres. Mais elle n’efface pas pour autant ce qu’il y eut de meilleur entre les humains, sur cette terre d’Algérie. Il est bon d’en garder mémoire. ■ pourtant bien loin de ses lieux d’origine, de cette forêt de Kirovka, à des centaines de kilomètres de Moscou, d’où l’on a tiré les bois dont est faite cette église. La plus grande, paraît-il, de tout l’Occident. Par trains spéciaux, tout est arrivé à Sylvanès il y a dix ans. Y compris ceux qui ont construit cette église, des ouvriers venus des profondeurs de la Russie eux aussi. Ce fut une aventure comme seul André Gouze, ce “moine musicien” comme l’appelle Claude Vigée, peut en entreprendre, lui qui a tiré l’abbaye de Sylvanes de l’oubli. Le propos d’André Gouze était de faire de cette église un signe d’unité. On en sait les urgences, à un moment où tout presse l’Orient et l’Occident de respirer de leurs deux poumons. Cette église est pour le moins symbole de cette attente. Une iconostase, offerte par les pères jésuites de Meudon, orne la nef orthodoxe. Ici les grandes confessions chrétiennes ont leur place. On est au cœur de l’Eglise qui vient. Des foules de pèlerins qui ne s’y trompent pas, montent vers cette église, qui est trésor secret. Le problème, c’est que les bois qui constituent son ossature, n’ont pas aussi facilement qu’on espérait adopté le climat du Rouergue. Il faut traiter l’ensemble de la construction pour la protéger, il en va de sa survie. Cette église peut Eglise en péril disparaître. Ses amis se mobilisent pour la sauver. Ils ont deux pas de Sylvanes, ce besoin de tous. C’est une belle lieu hérité des siècles cause, qui mérite de nous tous cisterciens, se dresse mobilisation. ■ une église russe, dans une Association Fra Angelicocouronne de forêt qui ne la Andréi Roublov, Prieuré des dépayse pas vraiment. On est Granges - 12360 Sylvanès A Deux cent millions d’esclaves Ils sont deux cents millions dans le monde, dont trente millions d’enfants obligés de travailler dans la clandestinité, alors que cinq à sept millions de mineurs asiatiques sont destinés à la prostitution. Ces chiffres sur l’esclavage dans le monde sont tirés d’une enquête de Giancarlo Giojelli présentée dans un ouvrage italien intitulé "Gli schiavi invisibili" (Les esclaves invisibles), publié aux éditions Piemme. Dans cet entretien accordé à Zenit, Giancarlo Giojelli explique. ■ Un peu plus de 57 ans se sont écoulés depuis la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, et pourtant l’esclavage est encore un phénomène vaste et répandu. Combien d’esclaves y a-t-il encore dans le monde ? Quels sont les pays les plus touchés ? Giancarlo Giojelli : Depuis un demi siècle la Déclaration sur les Droits de l’Homme marque la fin de l’esclavage. Deux siècles de déclarations internationales, l’abolition progressive des esclaves dans tous les pays du monde… il semblerait absurde de parler encore d’esclavage, et pourtant ce sont des chiffres des Nations unies ; en ce moment l’on répertorie 200 millions d’esclaves dans le monde. Au début du XIXe siècle ils étaient 15 millions. Un bilan consternant. Ce sont des hommes contraints de travailler dans les mines chinoises, des femmes des Balkans, du Nigeria et du Sud-est asiatique obligées de se prostituer sur les routes et dans les maisons closes de tous les pays occidentaux et industrialisés sans exception. Ce sont des enfants roumains et des nomades vendus par leurs familles aux marchands du sexe et au racket du vol et de la drogue qui agissent en Europe, et surtout en Italie, entre Rome, Milan et Turin. Des millions d’enfants qui, au Pakistan et en Inde septentrionale sont obligés de travailler dans des conditions inhumaines dans les usines de tapis. Tant d’enfants qui travaillent dans les usines clandestines de la mafia chinoise entre Sesto Fiorentino et Prato en Italie. Des enfants – près de 200.000 – kidnappés en Ouganda et au Soudan méridional. Tous les pays, et tous les continents ont leurs esclaves, du travail, du sexe, de la guerre. Ils sont parmi nous, mais nous faisons semblant de ne pas les voir. Ils sont invisibles… ■ Dans votre livre, vous parlez d’esclavages anciens et nouveaux... Malheureusement les modalités sont toujours les mêmes. L’illégalité ne sert souvent qu’à augmenter les prix. Les enfants et les femmes kidnappés dans les 200 guerres oubliées que connaît notre planète, de l’Océanie à l’Afrique et à l’Amérique du sud, sont utilisés comme marchandises pour la guerre et le sexe. Les hommes, les femmes et les enfants qui fuient les horreurs d’une condition de vie inhumaine dans le sous-continent asiatique deviennent la proie des marchands d’êtres humains qui les font passer de manière .../... CHINE A Shanghai, pour succéder à Mgr Jin Luxian, un évêque auxiliaire, âgé de 42 ans, a été ordonné avec l’accord du Saint-Siège, indique "Eglises d’Asie", l’agence des Missions étrangères de Paris. Le 28 juin, à 9 h. du matin, par une chaleur de 36°, 2.500 catholiques et des représentants des autorités chinoises avaient pris place dans la cathédrale Saint-Ignace, dans le quartier de Xujiahui, à Shanghai. Ils étaient venus assister à la cérémonie d’ordination de Mgr Joseph Xing Wenzhi, le nouvel évêque auxiliaire de Shanghai. Mgr Aloysius Jin Luxian, évêque "officiel" du diocèse de Shanghai, présidait la cérémonie et était assisté par deux évêques, Mgr Matthew Hu Xiande, du diocèse de Ningbo, dans la province voisine du Zhejiang, et Mgr Joseph Ma Xuesheng, du diocèse de Zhoucun, ville de la province du Shandong dont est originaire Mgr Joseph Xing. Agé de 89 ans, Mgr Jin Luxian a présidé la cérémonie jusqu’à l’ordination proprement dite, pour ensuite passer le relais à Mgr Joseph Xing. Agé de 42 ans, le jeune évêque auxiliaire est appelé à succéder à Mgr Jin. Mgr Jin a dû être hospitalisé à plusieurs reprises ces derniers temps. Selon les informations données par le diocèse de Shanghai, le nouvel évêque auxiliaire a été élu le 17 mai dernier par les représentants de l’Eglise de Shanghai, soit les prêtres du diocèse (au nombre de presque 130), les religieuses qui ont prononcé des vœux définitifs et des représentants des fidèles. Selon Mgr Jin Luxian, le nouvel évêque a aussi reçu l’assentiment de Rome et la présence de représentants des autorités chinoises à la cérémonie d’ordination indique que le pouvoir chinois n’a pas émis d’objection à cette ordination. Si Mgr Jin a été ordonné évêque auxiliaire "officiel" de Shanghai en 1985 et installé évêque en titre en 1998, Mgr Joseph Fan Zhongliang en est l’évêque "clandestin". Reconnu par Rome et étroitement surveillé par la police, Mgr Fan souffre de la maladie FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 17 clandestine dans les pays européens et souvent les revendent aux organisations criminelles, aux mafias italiennes et internationales qui les exploitent comme main-d’œuvre pour la criminalité, les travaux clandestins, la drogue, la prostitution. Ce sont les mafias siciliennes, la Ndrangheta en Calabre, la Sacrée Couronne dans les Pouilles, alliées de la mafia russe et ukrainienne, des "cosche" albanaises, des clans nigérians et nord africains. Les "triades" chinoises œuvrent seules, mais l’on peut dire qu’il existe au moins 80 groupes organisés. En Italie, l’article 601 qui interdit l’esclavage est encore en vigueur. Il y a eu près de 700 arrestations dans le pays et il y aurait 30.000 esclaves… Et ce n’est que la pointe de l’iceberg. ■ Des femmes, des enfants, garçons et filles, sont les plus touchés. Pouvez-vous nous préciser les chiffres ? Deux cents millions d’esclaves ; 30.000 en Italie, surtout des femmes obligées de se prostituer. Selon le Bureau international du travail, près de 30 millions d’enfants seraient obligés de travailler de manière clandestine dans le monde. Les enfants soldats sont près de 200.000. Il y aurait entre cinq et six millions de mineures asiatiques dans les maisons close du monde entier. Le trafic d’êtres humains est à présent, après la drogue et les armes, la troisième source de financement de la criminalité organisée au niveau mondial avec des complicités qui impliquent des agences gouvernementales, des policiers corrompus, des institutions chargées d’effectuer des contrôles et qui deviennent le moteur de nouvelles formes de recrutement. ■ On parle beaucoup du Soudan... Le Soudan, où le nord, arabe et islamique mène une guerre sans merci contre le sud, africain, chrétien et animiste, a été et est depuis longtemps un centre de recrutement d’esclaves. Les deux millions de morts au cours de cette guerre oubliée, ne sont qu’un aspect de cette tragédie. Les villages du sud où font irruption les miliciens arabes, appuyés par l’armée régulière, sont détruits, les hommes massacrés tandis que les femmes et les enfants sont emmenés comme esclaves. Certaines personnes comme l’évêque de Rumbek, Mgr Mazzolari, missionnaire combonien et des associations comme "Solidarité Chrétienne" ont délivré des milliers d’esclaves, en les rachetant à des marchands arabes, comme cela se faisait au siècle dernier avec saint Daniel Comboni ou l’ordre espagnol des Trinitaires. ■ Quelles sont à votre avis les solutions pour mettre fin à ce marché terrible ? d’Alzheimer. Selon Mgr Jin Luxian, qui s’est exprimé à ce sujet dans une interview accordée à l’Associated Press, le 23 juin 2005, un accord tacite est intervenu entre Rome et Pékin. Aux termes de celui-ci, Mgr Joseph Xing prendra la succession de Mgr Jin Luxian le temps venu et il ne sera pas nommé de successeur à Mgr Fan. "Rome a dit qu’après la mort de l’évêque clandestin, il n’y aura plus de division", a précisé Mgr Jin Luxian. Mgr Joseph Xing est né le 17 avril 1963 dans le diocèse de Zhoucun, au sein d’une famille de quatre enfants. Il est entré au séminaire de Sheshan, séminaire régional, en 1983. Selon la brochure publiée à l’occasion de l’ordination, le préfet des études de l’époque, le P. Yao Jingxing, le décrit comme un séminariste "simple et honnête", assidu à la prière. Ordonné à la prêtrise le 2 juin 1990, le P. Joseph Xing a ensuite enseigné la liturgie et l’histoire de l’Eglise au séminaire, avant d’en devenir le directeur spirituel. C’est en 1996 que le jeune prêtre rejoint le diocèse de Shanghai, avec l’accord de son évêque, Mgr Ma Xuesheng et, à la fin 1997, il est nommé curé de Songjiang, une paroisse de Shanghai. Un an plus tard, il est vicaire général du diocèse et recteur du séminaire de Sheshan. Il est par ailleurs nommé à la présidence de la Commission pour les affaires de l’Eglise catholique de la ville de Shanghai. En 2003-2004, il part aux Etats-Unis, pour une année d’études auprès de la société missionnaire des Maryknoll, à New York. Il a accompagné Mgr Jin à l’étranger à l’occasion de plusieurs voyages, en 1990 en Australie, en 1999 en Europe, et a suivi deux formations de courte durée, l’une à Hongkong en 1994 et l’autre aux Philippines en 1995. Selon le P. Larry Lewis, des Maryknoll, qui a côtoyé de près le nouvel évêque, Joseph Xing est "un homme de prière, à la foi profonde et au jugement sûr". ZF05062807 Les grandes déclarations au niveau international n’ont guère servi. Mais on peut faire trois choses. La première est de s’informer, de parler de ce qui se passe. La deuxième, très simple, est l’adoption à distance : trente euros par mois permettent à un enfant du tiers monde de grandir et d’étudier. On sauve une vie et on permet la création dans chaque village d’un groupe de personnes en mesure de dénoncer ce qui se passe, d’aider leur concitoyens, d’être des personnes libres ou capables de se battre pour la liberté. La troisième, aider les organisations qui, même en Italie, œuvrent pour libérer de l’esclavage des milliers de femmes et d’enfants. Le livre propose une série de sites internet ou il est possible de trouver des informations et contacter les ONG de confiance qui ont montré savoir œuvrer avec efficacité. ZF05062705 18 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 VANNES Le Pape ayant accepté la démission de la charge pastorale d’évêque de Vannes (Morbihan) que lui a présentée Mgr François-Mathurin ayant atteint 75 ans, a nommé pour lui succéder Mgr Raymond Centène le mardi 28 juin. Mgr Centène était jusqu’à présent chancelier du diocèse de Perpignan. Fils de M. Marcel Centène et de Mme, née Annie Gras, viticulteurs, dernier d'une fratrie de trois, Mgr Ray- mond Centène est né le 20 mars 1958 à Banyuls-sur-Mer (66). Après avoir suivi sa scolarité au collège de Port- Vendres et au lycée François Arago de Perpignan, Mgr Raymond Centène a fait des études de droit à la faculté de Perpignan. Il entre au séminaire régional de Toulouse en 1987; il est au séminaire français de Rome et à l'Université pontificale grégorienne (Rome) de 1989 à 1994. Mgr Raymond Centène est docteur en droit et licencié en théologie spirituelle. Il a été ordonné prêtre le 27 juin 1993 pour le diocèse de Perpignan. Il a été notamment aumônier de prison, de scouts et de collèges et curé de paroisse. MGR GUY GAUCHER Le Pape a accepté la démission de la charge d'évêque auxiliaire de Bayeux et Lisieux, que lui a présentée Mgr Guy Gaucher, qui a eu 75 ans le 5 mars 2005. Mgr Guy Gaucher était évêque auxiliaire de Bayeux et Lisieux depuis 1987. Mgr Guy Gaucher, ordonné prêtre pour le diocèse de Paris le 17 mars 1963, a fait profession religieuse chez les carmes le 1er octobre 1972. Après avoir été vicaire de la paroisse Sainte-Claire à Paris (1962-1964) puis aumônier des étudiants de la Sorbonne au centre Richelieu (19641967), Mgr Guy Gaucher est entré au noviciat des pères carmes à Bordigné (1967). Il a été ensuite dans une fraternité carmélitaine en HLM et vendeur en librairie à Orléans (1968-1985). Mgr Guy Gaucher a été professeur de spiritualité au séminaire d'Orléans (19801984), chargé de cours à l'Institut catholique de Paris et maître des étudiants carmes (1985-1986). Avant d'être nommé évêque auxiliaire de Bayeux et Lisieux en 1987, Mgr Guy Gaucher était évêque de Meaux (1986-1987). Il était en charge du rayonnement national et international de sainte Thérèse de Lisieux, membre de la Commission épiscopale des mouvements apostoliques et des associations de fidèles et membre du Comité épiscopal pour le Renouveau et les mouvements d'animation spirituelle. LEON DEHON Jean-Paul II avait évoqué la date du 24 avril 2005 pour une béatification du prêtre français Léon Dehon (18431925), fondateur de la Congrégation des prêtres du Sacré Cœur de Jésus, plus connus, notamment en Afrique sous le nom de “déhoniens”. Entre temps, le Pape est mort et des extraits de textes du Père Dehon, bien conformes au discours de nombreux publicistes catholiques de l’époque, stigmatisant le rapport des juifs à l’argent et appelant les catholiques à protéger leur or, ont été largement diffusés sur internet. Léon Dehon avait été un admirateur du comte de Chambord, espérant que celui-ci restaurerait la monarchie française. Puis il était devenu un de ces abbés démocrates pour lesquels comptait, avant toute préoccupation politique, la diffusion de la doctrine sociale de l’Eglise. La conférence épiscopale française a signalé à Rome le problème et les début de la polémique actuelle. Aucune nouvelle date n’a été proposée pour cette béatification. Dans une interview à l’agence Zenit du 30 juin dernier, le père José Ornelas Carvalho, supérieur des déhoniens, s’insurge : «La plupart des papiers des agences de presse et des quotidiens, très souvent caractérisés par leur caractère polémique, se fondent sur une connaissance superficielle et partiale de l’œuvre et de la personnalité de Léon Dehon. Toutes les œuvres du Père Dehon, dont les textes incriminés, ont été publiées intégralement. Elles ont été soumises à l’examen des censeurs de la congrégation pour les causes des saints. Et jamais, il n’y a eu la moindre "dissimulation" comme l’a écrit Le Monde, dans son édition du 10 juin 2005. [...] « L’attitude du père Dehon à l’égard du peuple juif est bien loin d’être antisémite. Il met en avant en particulier la dimension providentielle de ce peuple dans l’histoire du salut, formant le vœu également que les grandes figures de l’Ancien Testament soient insérées dans le calendrier liturgique de l’Eglise catholique. Et pour ne citer qu’un texte sur ce sujet : "Il (le peuple juif) est un peuple providentiel. Dieu ne l’a pas abandonné de manière définitive. Il le garde comme témoin de l’histoire et des Saintes Ecritures. Il lui réserve encore en don une grande mission dans les derniers temps du monde…" [...] Le procès en béatification n’a pas été interrompu en 1952, contrairement à certaines affirmations, pour la simple raison que la cause n’a été introduite qu’en 1952. « Dans l’œuvre publiée du Père Dehon, il n’y a aucune référence à Karl Lueger faisant l’apologie de l’antisémitisme. Relier l’œuvre du Père Dehon à celle de Lueger, dont Hitler fit l’éloge dans Mein Kampf, est donc une grave diffamation. L’article du Monde soutient que le pape Léon XIII avait pris ses distances vis-à-vis de Léon Dehon, mais il le nomma consulteur de la Congrégation chargée à l’époque de la mise à l’Index, en précisant : "On sait que j’approuve vos positions parce que je vous confie la tâche de celui qui doit juger la doctrine des autres". » Le père José Ornelas Carvalho avance encore comme argument de l’innocence de Léon Dehon : « En tant que consulteur de la Congrégation chargée de la mise à l’Index, il a agit avec vigueur afin que soit instruit le procès à l’égard de l’Action française. Chargé de rédiger le rapport sur ce sujet, il cita expressément l’antisémitisme de l’Action française comme un des motifs d’une de ses éventuelles condamnations. Zenit : Une partie de la communauté juive française soutient toutefois que dans son Catéchisme social apparaissent des phrases offensives à l’égard du peuple juif… Père José Ornelas Carvalho : Nous déplorons la manière dont est diffamée une personnalité comme celle de Dehon, en utilisant des textes pris hors de leur contexte et cités d’une manière mutilée qui ne fait que faire ressortir leur dimension négative. Je tiens à préciser que ce qui a animé le père Dehon dans toutes ses positions est l’engagement actif à combattre les injustices sociales de son temps, en particulier la pratique de l’usure, et il en a dénoncé les causes. Le père Dehon souhaitait l’avènement d’une autre société, "le renouveau social chrétien".» ZF05063008 TRANSGRESSION Le groupe “Femmes consacrées aux ministères” a organisé, le 2 juillet à Lyon, une prétendue ordination à la prêtrise catholique de Mme Geneviève Beney, 55 ans, résidant dans le Gard, épouse d’un protestant, sans enfants. L’imposition des mains a été faite par trois femmes “évêques”, une Allemande, une Autrichienne et une SudAfricaine, dont “l’ordination” n’est pas plus valide, en présence d’une soixantaine de personnes dont quelques journalistes, à bord d’une péniche navigant sur la Saône au pied de la colline de Fourvière. Le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, avait prévenu qu’une telle cérémonie constituait sans équivoque un acte grave de rupture avec l’Eglise catholique, source de blessures et de souffrances inutiles. FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 19 ESPRIT CURIE ROMAINE Les femmes, Propos recueillis par Jacques CHASTAN Vatican le le féminisme Lucienne Sallé travaille depuis bientôt trente ans au Conseil pontifical pour les laïcs, au Vatican. Auteur de plusieurs livres, dans lesquels elle partage son expérience et ses convictions, Lucienne Sallé ne montre pas de fausse pudeur sur son travail de responsabilité. ■ Lucienne Sallé, qu’est-ce que le Conseil pontifical pour les laïcs ? Enfin les consulteurs, choisis et mis à contribution selon leur spécialité : juristes, scientifiques, théologiens... Membres et consulteurs se réunissent tous les 18 mois. ■ Toutes ces personnes sont des laïcs ? Des prêtres, des laïcs, des évêques et cardinaux. Le cardinal Wojtyla a été luimême consulteur. Il avait participé activement à la rédaction de la Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps, Gaudium et Spes. C’est pourquoi on dit qu’il avait un petit favoritisme pour pour le Conseil pour les laïcs ! ■ Quelles sont vos interventions ? C’est un des organismes de la Curie Romaine, spécialement demandé au Concile Vatican II. Lorsqu’il a été mis en place, en 1967, en même temps que le Conseil Justice et Paix, il représentait une grande innovation : pour la première fois, la mission des laïcs dans le monde devenait l’objet d’attention et d’études au niveau universel de l’Eglise. Nous sommes en quelque sorte la courroie de transmission entre le Pape et les laïcs. D’une part, le Conseil est chargé des contacts avec diverses catégories de personnes, les jeunes, avec les Journées Mondiales de la Jeunesse en particulier, mais aussi les relations hommes-femmes, la dignité des personnes âgées... et, d’autre part, il étudie des questions concernant les laïcs, comme la vie sacramentelle, la paroisse, l’engagement des universitaires... ■ Quels sont les différents statuts dans ce Conseil ? ■ Etes-vous aussi les référents quant à toutes les communautés nouvelles de laïcs ? Il y a d’abord les permanents qui ne sont pas plus de vingt, du président au portier. Puis les membres, nommés pour cinq ans, qui sont actuellement trente-six. Le Conseil a la responsabilité de reconnaître les associations catholiques qui ont un caractère international, selon des critères qui sont définis par le Droit 20 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 Canonique. En plus de l’étude des statuts, cela suppose des rencontres avec les responsables et une bonne connaissance de la réalité des associations dans les divers pays. Nos démarches ne sont jamais isolées, nous travaillons en lien avec les autres congrégations, comme la Doctrine pour la Foi. Ou celle du clergé ou des religieux, si par exemple il y a plusieurs branches dans les communautés que nous étudions. ■ Vous avez été membre de délégation du Saint-Siège aux Nations-Unies... J’ai été membre de la délégation du Saint-Siège aux conférences des Nations Unies pour la femme. Ce thème a été introduit en 1975 à Mexico. Au départ les questions concernaient l’égalité hommefemme dans la vie courante. Dès 1985, à Nairobi, les questions sont devenues plus pointues : éthique, morale. Nous sentions une pression beaucoup plus forte des féministes qui exigeaient une reconnaissance de droits spécifiques à la femme. De 1985 à 1995, tout s’est accéléré, avec la hantise d’une surpopulation de la planète. On nous projetait des images apocalyptiques d’une terre débordée d’humains. Au milieu de cela, le Saint-Siège apparaissait comme un empêcheur de tourner en rond. ■ Pourtant, on ne peut pas dire que vous représentiez l’Etat le plus important ! Aux Nations Unies, c’est le Saint-Siège ESPRIT qui intervient et non pas l’Etat du Vatican. C’est justement un paradoxe : face à tous les autres pays qui envoient des délégations parfois fort nombreuses, celle du Saint-Siège est toujours restreinte : vingt personnes à la Conférence de Pékin ! Or nous étions très remarqués. C’est une certaine compétence par rapport à l’humanité qui nous donne cette importance. Nous sommes libres, et nous posons les questions de fond sans chercher à les cacher. Les autres s’en rendent compte. ■ Etiez-vous très attaqués ? Il y avait toutes sortes de réactions. La queue devant notre petit bureau ne désemplissait pas. Certains venaient pour demander conseil, d’autres pour récriminer. A Pékin, en 1995, nous avons eu une responsable de délégation remarquable : Mary Ann Glendon, une mère de famille, juriste à Boston. En apercevant des féministes américaines chevronnées devant notre bureau, elle a d’abord été plutôt contrariée… Mais il fallait montrer que nous n’avions pas peur des pressions et des conflits, au détriment de la vérité. Je viens d’écrire un livre sur Thérèse Cornille, fondatrice des Foyers Claire Amitié. J’ai découvert, en l’étudiant de près, une belle spiritualité, très simple, qui aboutit à quelque chose de concret : l’aide aux filles-mères, aux adolescentes blessées. Malgré sa cécité, Thérèse Cornille a eu un rayonnement hors du commun. Tous ceux qui la rencontraient en gardaient un souvenir inoubliable, et se seraient mis en quatre pour elle. C’est une vraie proposition de spiritualité pour les laïcs. © NOUVELLE CITÉ ■ Quelle figure de laïque peut être un modèle pour les femmes aujourd’hui ? gagent dans une vie communautaire et spirituelle. Ces réalisations me touchent beaucoup, d’autant plus qu’un de mes principaux centres d’intérêt est la place de la femme. ■ Que sont les Foyers Claire Amitié ? ■ Vous avez écrit plusieurs livres à ce propos. Quelle est votre conviction sur la femme dans l’Eglise ? Des lieux d’accueil pour les jeunes filles et jeunes femmes les plus défavorisées. Thérèse Cornille a ouvert le premier en 1954. Il en existe à présent huit en France, où se développent une vie familiale et une réadaptation sociale. Ils sont également au nombre de huit en Afrique, Brésil et Cambodge, où des groupes importants sont accueillis pour des formations. Les animatrices de ces foyers s’en- La découverte fondamentale que j’ai faite, depuis que je travaille dans la Curie romaine, est que dans l’Evangile, toutes les femmes anticipent : les saintes femmes précèdent les apôtres au tombeau du Christ, Marie-Madeleine verse le parfum d’ensevelissement sur Jésus avant sa passion… Quand Jean-Paul II et Benoît XVI parlent de la dimension mariale, ils affirment que la femme a le génie d’anticiper. ■ Comment trouvera-t-elle sa juste place dans l’Eglise de demain ? L’image prophétique est celle de JeanPaul II et Mère Térésa, main dans la main. Je les revois, faire le tour du stade en jeep à Calcutta, ensemble. Pour les visites des mourants, Jean Paul II a eu besoin d’elle. C’est la présence de Mère Térésa qui attestait la rencontre de toute l’Eglise universelle avec ces personnes particulières. La femme trouve naturellement sa place si le ministère pétrinien et le sacerdoce ministériel s’appuient sur sa grâce particulière. ■ Lucienne Sallé, “Prier 15 jours avec Thérèse Cornille”, éd. Nouvelle Cité, 128 p., 12,50 euros FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 21 ESPRIT BENEDICTINES DE VALOGNES Vie ordinaire dans par une moniale une Abbaye normande A notre demande, une moniale bénédictine du Cotentin, nous a envoyé ce témoignage, qui pourrait être celui de tant d’autres vies données à Dieu aujourd’hui-même en France. 22 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 D.R. L 'Abbaye bénédictine Notre-Dame de Protection a été fondée à Cherbourg en 1623, par Charlotte de la Vigne, et s’est établie à Valognes en 1626. Révolution française, loi de séparation... l’histoire de cette communauté féminine, rattachée à la congrégation bénédictine de Subiaco, n’est ni plus simple ni plus calme que celle de bien d’autres. On ne veut pas oublier ici, entre autres épisodes, que c’est grâce au soutien de l’abbaye Ste-Scholastique de Dourgne (Tarn) que la communauté put reprendre souffle après la guerre de 40 et ses bombardements. Ou qu’en 1961, l’Abbaye fonda, au Burkina Faso, à Koubri, un monastère africain, qui compte, aujourd’hui, une trentaine de moniales et de jeunes en formation. Le monastère est indépendant depuis 1986, mais des contacts subsistent naturellement entre les deux communautés. Ici des femmes essayent donc de vivre pleinement la tradition monastique chrétienne, centrée sur l’unique recherche de Dieu, à la suite du Christ. C’est pour répondre à cet amour que la moniale désire consacrer sa vie à Dieu, non en pure perte, mais en pure gratuité. Il s’agit d’être avec Dieu, de demeurer avec Lui, Lui parler dans le secret et le silence d’une présence mutuelle vivante. Un curieux mélange d’austérité et de tendresse, de labeur et de repos, de peine et de joie. Je crois, à travers cette vie donnée quotidiennement, que Dieu vaut la peine d’être recherché, aimé, adoré, servi pour Lui-même. On ne rentre pas au monastère pour faire carrière… Et la fécondité spirituelle ne se situe pas au niveau de l’agir, mais de l’être. Fruit de l’amour : être simplement des témoins de la gratuité de l’amour de Dieu, et de l’amour fraternel au sein d’un groupe de femmes qui ne se sont pas choisies, mais se trouvent réunies là par appel de Dieu, pour vivre ensemble. Nous sommes séparées du monde mais, plus Dieu s’approche de nous, plus nous sommes unies, de façon On ne rentre pas au monastère pour faire carrière cachée et silencieuse, apparemment inefficace, à nos frères et sœurs dans le monde. L’amour qui nous attire dans la solitude avec Dieu ouvre notre cœur à la compréhension des autres et nous pousse à les porter dans la prière. Le monastère est une école de charité. C’est en découvrant la profondeur de la miséricorde de Dieu dans notre propre vie que nous apprenons à aimer autrui. Nous aimons nos Sœurs, malgré et avec les différences et tout ce qui pourrait nous séparer, et nous sommes aimées d’elles. Dans les conflits qui peuvent surgir au quotidien, le pardon - "avant le coucher du soleil" dit Saint Benoît- fait revenir une paix nouvelle dans les cœurs et ouvre à l’essentiel : c’est par l’amour fraternel que nous entrons dans l’Etre même de Dieu : "Où sont amour et charité, Dieu est présent". Le travail est inséparable de notre vie, le travail qui est notre coopération à l’œuvre de création, que Dieu nous donne comme une mission. Saint Benoît a écrit : "L’oisiveté est ennemie de l’âme" et "C’est alors qu’ils sont vraiment moines, quand ils vivent du travail de leurs mains". Le travail assure la subsistance de chacune et contribue à fortifier l’unité et la cohésion de toute la communauté. Il témoigne également de l’importance de la vie fraternelle : c’est un service. Il s’effectue au maximum en silence, car, depuis les premiers temps du monachisme, il est considéré comme une manière de prier : remplir son cœur de lumière divine en même temps que les mains sont occupées. Depuis 1962, les Sœurs fabriquent du pain d’autel – hosties dorées - qui sert à des paroisses et des ESPRIT communautés environnantes et aussi plus lointaines. du temps à Dieu, gratuitement, dans une louange En 1976, la Communauté a ouvert un atelier de pâte commune – le chant des hymnes, des psaumes, des de fruits. La vente est assurée au monastère, également cantiques, la proclamation de la Parole de Dieu - et la par correspondance et sur internet (www.boutiquesprière personnelle. theophile.com/abbaye.valognes). Les pâtes de fruits "Ecoute, mon fils, dit Saint Benoît, prête l’oreille de sont fabriquées de manière artisanale, avec le plus ton cœur". Un certain temps est réservé, chaque jour, grand soin. pour la ‘lectio divina’ (c’est-à-dire la lecture priée de L’ accueil : L’hospitalité est de tradition dans les la Bible, des Pères de l’Eglise, auteurs spirituels anciens abbayes, et "l’hôte qui frappe à la porte est reçu comme ou contemporains) qui nourrit et abreuve la vie spirile Christ lui-même" dit saint Benoît dans la Règle des tuelle. La prière de chaque sœur est une expérience très moines. personnelle, vécue selon son tempérament, ses aptiEnsemble, moniales et hôtes, nous allons à Dieu tudes et les appels intérieurs qu’elle perçoit, les mouvedans des vocations différentes. A l’église, dans le jardin, ments de son cœur. ou dans l’intimité de la chambre, l’hôte goûtera au La prière, en nous - comme en tout chrétien – est silence monastique qui est l’œuvre de l’Esprit Saint. un don de Dieu pour lui. C’est par la prière que je L’accueil est simple, il me laisse rejoindre par peut être un lieu priviléDieu, que je Le rencontre, gié de prière, de recueilL’écoute, Lui parle, que j’aclement, de contemplation. cueille son amour et que Il est également un terrain j’essaie de Lui répondre. de recherche, d’approfonC’est par la prière que j’apdissement de la foi, dans la prends à me connaître, à rencontre avec l’une ou me construire moi-même, l’autre des moniales, ou en pour mieux comprendre et groupe : lumière d’espérencontrer les autres. rance pour les quêteurs de Pour Dieu et pour le Abbaye Notre-Dame de Protection – 8 rue des Capucins 50700 Valognes - Tél. : 02 33 21 62 88 Dieu. monde, la moniale veille et La prière : L’église est le cœur du monastère. Six prie. Il n’est en vérité pas de tâche plus belle qu’il lui fois par jour, les moniales s’y rassemblent pour donner soit donnée à accomplir. ■ Pour Dieu et pour le monde, la moniale veille FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 23 ESPRIT IN MEMORIAM Le cardinal Jaime Sin âne du Seigneur et libérateur des Phi eu de temps avant de se retirer, le cardinal-archevêque de Manille, Jaime Sin, avait déclaré à un journal national, avec son humour habituel, qu’il était ,comme l’ âne sur lequel Notre Seigneur était entré à Jérusalem, simplement un instrument. Lui qui jouait souvent de la signification de son nom “Sin” en anglais (à savoir “péché”) fut un homme de grâce, reconnaissant que tout est grâce. Etonnante présence de la Divine Providence, en effet, en cette existence totalement consacrée, selon sa devise épiscopale “Serviam”, au service de Dieu et de l’Eglise. Le quatorzième enfant d’une famille de seize, dont sept moururent en bas âge, d’un père émigré chinois qui fit fortune dans les affaires et d’une mère philippine d’origine espagnole, propriétaire terrienne, il se donna entièrement au Seigneur et à la Bienheureuse Vierge Marie (à laquelle il attribuait sa guérison miraculeuse d’un asthme qui aurait pu lui interdire toute activité), et par là-même, au peuple philippin qu’il aima intensément, tout en ne fermant pas les yeux sur les défauts et les faiblesses de celuici. Il fut un combattant, utilisant une habileté chinoise pour vaincre les méandres politiques, pour s’attirer la sympathie des médias. Sa vision pragmatique des événements, sa spiritualité simple et enracinée, ainsi que sa longévité comme prélat (il fut le plus jeune évêque, puis le plus jeune cardinal de l’Eglise) lui permirent de sortir son pays d’une crise majeure, celle de la dictature, sinon hélas des crises qui suivirent et qui continuent à miner la nation philippine. Il donna à l’Eglise aux Philippines ses contours actuels et joua un rôle majeur en Asie, pour l’avenir du catholicisme. P 24 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 Quand il parlait, les présidents successifs écoutaient, même si souvent ils n’étaient pas d’accord. Il fut capable de renverser un dictateur, Marcos, d’aider au renversement d’un autre président, Estrada, et disparaît au moment où la présidente Gloria Macapagal-Arroyo, qu’il aida à mettre en place, est compromise, comme le reste de la classe dirigeante, dans une corruption et des scandales sans fin et sans fond. Critiqué d’ailleurs, y compris dans certains milieux romains, pour son engagement politique jugé excessif, il n’éprouva jamais de complexe face à la sphère géopolitique. Sans doute le plus politique des archevêques de Manille depuis la fin de l’ère coloniale espagnole, il fut capable, pendant trente ans, de gérer un diocèse qui devint une force spirituelle, politique et économique (le second diocèse le plus riche au monde après celui de Los Angeles, disait-il parfois). L’autorité s’alliait en lui avec le pouvoir. Les grands le respectaient, le craignaient parfois, les riches essayaient de le gagner à leur camp, les pauvres le regardaient comme un libérateur lors de la “révolution du rosaire” en 1986 qui fit tomber le président Marcos. Malgré les oppositions, il ne craignit jamais de s’investir en politique, considérant que la séparation entre l’Eglise et l’Etat, inscrite dans la constitution philippine, ne signifie pas pour l’Eglise isolation. Après l’immense victoire d’Edsa I en 1986, Edsa II, début 2001, mouvement pour renverser le président Estrada, ne fut pas perçu comme une libération par les pauvres mais comme une injustice. Le Cardinal, qui avait œuvré pour que le président soit déposé et remplacé par la vice-présidente d’alors, Gloria Macapagal-Arroyo, comprit trop tard la fausse manœuvre et présenta publiquement des excuses aux pauvres, reconnaissant que l’Eglise les avait négligés et les avaient rendu des proies faciles entre les mains des puissants et des égoïstes. Malgré ce geste apaisant, il subsista désormais une cassure entre l’Eglise dans sa hiérarchie et l’immense peuple des pauvres de ces îles tropicales. La confiance ne fut pas regagnée. Une des preuves en Avec Cory Aquino est le nombre de personnes défilant devant le cercueil du Il donna à l’Eglise aux Philippines ses contours actuels D.R. Nous avons annoncé la mort du cardinal Sin dans le dernier France Catholique. Voici l’hommage que lui rend notre ami le Père Jean-François Thomas, prêtre français qui s’occupe des enfants de la rue à Manille. ESPRIT par le P. Jean-François THOMAS s.j. Cardinal pour rendre leurs derniers hommages, comparé à celui des gens qui ont fait des heures et des heures de queue, pour un même hommage, lors de la mort soudaine de l’acteur-candidat présidentiel malheureux Fernando Poe Jr, allié de l’ancien président Estrada. Durant ces dernières années, considérablement affaibli par un diabète qui réduisit peu à peu ses fonctions vitales, dans un mystérieux parallèle avec la longue agonie du Saint-Père Jean-Paul II, il souffrit de cette brisure d’avec les pauvres, d’autant plus que ceux qui joignaient les sectes se faisaient de plus en plus nombreux, que la corruption ne cessait de s’accroître, hissant les Philippines au second rang mondial, que l’instabilité politique,due aux mensonges et à la mauvaise gestion de la nouvelle présidente, laissait entrevoir de nouveau la menace de sombres perspectives pour le pays. Après cette disparition, qui se produit en plein marasme présidentiel, il semble que l’épiscopat cherche en vain une voix qui puisse prendre le relais. Depuis ces derniers mois, celle d’un autre archevêque, Oscar Cruz, a retenti durement et courageusement pour dénoncer la corruption liée aux jeux illégaux, véritable plaie dans tout le pays. Mais de là à pouvoir “chausser les chaussures du Cardinal”, comme le dit Monseigneur Tagle, évêque d’Imus, il y a un pas bien difficile à franchir pour l’instant. Quant au protégé et fils spirituel, depuis ses années de Séminaire, du Cardinal, le jeune évêque Socrates Villegas, il est pour l’instant à la tête du minuscule diocèse de Bataan, sans directe influence sur le reste du pays, même s’il est bien connu par toutes les autorités. Quel est donc le prélat qui pourra continuer l’œuvre commencée par le cardinal Sin pour mettre en pratique, et ne pas le laisser dans le champ clos des mots et des promesses, un véritable amour des pauvres ? Souvent très engagés politiquement ou très proches des familles privilégiées, beaucoup d’évêques ne présentent pas un front uni, alors que lorsque le Cardinal était encore en charge et en pleine possession de ses moyens physiques, il était le berger de tous les pasteurs qui se rangeaient sagement derrière lui, même en grognant. Certains analystes de l’Eglise prévoient un éclatement de l’épiscopat, comme cela s’est produit dans le reste de la société ces dernières années. Une ère est sans doute close, un grand vide D.R. (1928-2005) lippins Certains analystes de l’Eglise prévoient un éclatement de l’épiscopat s’est installé pour dénoncer les vices, condamner les abus, appeler au respect de la vie. Comment sans son guide l’Eglise des Philippines va-t-elle faire face à la prolifération des sectes, à la raréfaction des vocations sacerdotales, à la nécessaire réforme de la vie et des pratiques du clergé ? Peut-être cette absence sera-t-elle aussi l’opportunité du surgissement de nouvelles figures, jusque-là écrasées par la personnalité d’icône du Cardinal ? Cependant le temps presse, même si l’Eglise, à cause de son âge respectable,sait attendre patiemment et prendre les moyens qui portent du fruit sur le long terme. Le nouvel archevêque de Manille, Mgr Gaudencio Rosales, ne cache pas son inquiétude face à l’agressivité du prosélytisme néo-protestant et aux conversions à l’Islam, surtout à Mindanao où se déroule, depuis plusieurs années une guerre rangée entre les groupes du mouvement d’indépendance musulman et l’armée régulière. Le Cardinal a avancé patiemment, comme l’âne portant Jésus, sachant qu’il ne servait pas sa propre gloire, malgré les honneurs. Certains ajoutent que cet âne avait un ânon. Ce dernier est attendu pour prendre la relève. Il devra faire face à des bouleversements qui risquent d’être moins pacifiques que ceux des crises précédentes. Gageons que le bon Cardinal n’abandonnera pas son peuple. ■ FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 25 EXPOSITIONS "ARTS PREMIERS"... L' homme et ses m par Alain SOLARI Le musée Jacquemart-André accueille une exceptionnelle collection de masques provenant des musées Barbier-Mueller de Genève et Barcelone. Une exposition-poème réalisée avec le concours de Michel Butor. ls sont 87, uniques et surprenants. Ils proviennent des cinq continents. Les plus récents ne datent que du siècle passé (le XX e ) ; les plus anciens ont cinq mille ans, comme cette pièce sumérienne du IIIe millénaire avant JC qui est un petit masque de statue (les statues, elles aussi devaient parfois dissimuler leur visage). Le musée JacquemartAndré accueille un ensemble exceptionnel de masques provenant des musées Barbier-Mueller de Genève et de Barcelone. Si quelques uns sont "connus", la plupart sont présentés au grand public pour la première fois. Joseph Mueller, né en Suisse alémanique en 1887, a réuni une riche collection de toiles, sculptures et masques. Sa fille Monique a acquis, avec son époux Jean-Paul Barbier, de nombreuses œuvres qui se sont ajoutées au fond Mueller. En 1977, ils ont ouvert à Genève le musée qui porte leur nom, lequel conserve notamment une remarquable collection de masques. 20 ans plus tard, le musée (municipal) Barbier-Mueller de Barcelone bénéficiait du dépôt (sous forme de prêt à long terme) des pièces précolombiennes. Les collections BarbierMueller constituent la Tête funéraire. Égypte, Fayoum. Antiquité tardive, Ier-IIe siècles apr. J.-C. Bois, pigments naturels, incrustations d’ivoire et de jais. I Grand masque-heaume. Archipel Bismarck, Iles Vitu (French Islands). Bois dur, polychromie ocre, blanche et teinte bleu-vert. 26 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 Masque funéraire. Mexique, civilisation de Teotihuacan. Epoque classique, 200-600 apr. J.-C. Serpentine. Devenir un autre que soi-même, n'est-ce pas le désir de tout le monde ? plus importante collection privée d’art primitif au monde (Jean-Paul Barbier ne prise guère le terme "d’arts premiers" : "s’il y a des arts premiers, dîtes-moi quels sont les arts derniers", disait-il le jour de la présentation de l’exposition à la presse). "C’est une exposition où l’intervention du poète est fondamentale", déclare Jean-Paul Barbier. Et il précise : "Michel Butor a été placé en face de 125 masques… et on l’a laissé méditer… Il a décidé de les grouper en 15 "chœurs"… avec, à chaque fois, un huitain, un petit poème, qui fait parler les masques… L’accent a été mis tout particulièrement sur l’aspect esthétique". Faute de place, la sélection opérée par le poète a été limitée aux 87 pièces exposées. De son côté, Michel Butor précise : "je les ai classées selon le genre de questions qu’ils nous posent... Ils ont été choisis de façon à nous donner tout un arc en ciel d’émotions". Au-delà de l’émotion esthétique qu’elles suscitent, quelle était la finalité des magnifiques pièces exposées au musée Jacquemart-André ? "Devenir un autre que soi-même, n’est-ce pas le désir de tout le monde ? Porter, ne serait-ce que pour une heure, le visage de quelqu’un de plus prestigieux, de plus valeureux ?… se protéger des autres, mais surtout, peutêtre, de soi-même ? Devenir le piège et l’image d’une figure de l’autre monde ?… Ainsi s’exprime AlainMichel Boyer en introduction au superbe cata- Masque facial féminin kplekple bla de l’ensemble goli. Côte d’Ivoire, peuple Baoulé. Bois mi-dur polychrome (brun-rouge rehaussé de noir et de blanc). Masque funéraire. Indonésie, est de l’île de Java. Premier millénaire apr. J.-C. Feuille d’or. asques logue édité à l’occasion de cette exposition. "Je est un autre", écrivait Rimbaud. Misant sur des critères poétiques et esthétiques, les organisateurs de l’exposition se sont permis quelques audaces. Un terrifiant masque de tankiste anglais de la première guerre mondiale peut en côtoyer un autre, à vocation votive, de la culture du Louristan (Iran ancien) qui remonte au VIIIe ou VIIe siècle avant JC. Dans le cas du masque de tankiste, si le cartel ne précisait pas l’origine, un néophyte pourrait l’attribuer à quelque société primitive, tant il est surprenant. Ici, le rapprochement ne semble pas incongru. Mais on peut rester sceptique devant tel masque de protection de l’US Air Army (1940) ou celui d’un joueur de hockey sur glace. Scepticisme auquel répond Jean-Paul Barbier : "le gardien de but, avec son visage démoniaque, est transfiguré. Ce n’est plus un homme, c’est un être surnaturel". Cette originalité mise à part, beaucoup de pièces exposées sont des masques africains. Ce sont ceux auxquels on penserait le plus spontanément. Mais d’autres proviennent de contrées aussi éminemment "exotiques" que… la Suisse ! Comme ce masque Schnider du canton de Saint-Gall (XIX e siècle) ; ou cet autre, pour le carnaMasque bram. val, provenant des Centre du Vietnam, Peuple Joraï, sous-groupe Grisons. Que signaler Bböhnar-Jolong. Bois léger, d’autre, parmi les pigments noirs et blancs. merveilles exposées ? Le parti-pris de l’exposition permet de s’affranchir de toute connaissance scientifique ou ethnographique et de laisser libre cours à des préférences personnelles parfaitement arbitraires. Limitons-nous à des fonctions ou à des régions qui ne viennent pas à l’esprit du commun des mortels. Ou à des émotions esthétiques comme celles que Masque facial. Gabon, Peuple Vuvi. Bois mi-dur, polychrome (noir, blanc et bleu). Masque facial. Congo-Brazzaville, cours supérieur du Likuala. Peuples Mahongwé ou Ngaré. Bois-mi-dur polychrome (noir, blanc et rouge). EXPOSITIONS suscite ce masque "bram", provenant du Vietnam (peuple Joraï). Ou ce masque "yei", des Etats-Unis (Arizona, peuple Navajo) avec son indispensable plume d’aigle. Des USA également, tel masquependentif appartient à la culture du Mississipi (1200-1600 après JC). Celui-ci, de l’île de Lombok (Indonésie), peut faire penser, par sa stylisation, à certaines sculpMasque casque tures de notre féminin eze nnwanye. Moyen-Age. Mais Sud du Nigeria, peuple c’est un masque Igbo, groupe Izzi. Bois mi-dur, pigments noirs et blancs. d’acteur. Celui-là (Chine, Qidan, dynastie Liao, 907-1125 après JC) évoque le repos et la sérénité. C’est un masque mortuaire en bronze doré. Le visiteur est accueilli par une merveille : un masque cérémoniel tibétain (bouddhisme tantrique, XVI-XVIIe siècle). Comme ses congénères, et comme toujours au musée Jacquemart-André, il est remarquablement mis en valeur. Plongées dans une semi-pénombre, les salles réservent l’excellent éclairage aux masques. Le seul inconvénient est de rendre quelques cartels difficilement lisibles. "Nous regardons ces masques et ces masques nous regardent… Ils nous renvoient nos propres énigmes", dit Michel Butor d’une exposition qu’il ne faut pas laisser passer. ■ Masque funéraire. Nord du Pérou. Culture de Vicus ou Mochica (ancien Mochica). 200 av. J.-C.700 apr. J.-C. Cuivre, coquillage. "L’Homme est ses Masques, chefs-d’œuvre des musées Barbier-Mueller de Genève et Barcelone", jusqu’au 28 août 2005. Au Musée JacquemartAndré, 158 boulevard Haussmann, 75008 Paris. Tous les jours de 10h à 18h. Le catalogue de 375 pages (Michel Butor, AlainMichel Boyer, Floriane Morin) contient de superbes photographies des masques exposés (Editions Hazan). FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 27 LIVRES TEMOIGNAGE Conversion d’un coeur par Jacques CHASTAN humain Michelle était révoltée contre la vie, contre cette société, et contre toute idée de Dieu. Rencontrant le Christ, elle trouve la paix et l’amour de Dieu. Elle nous livre son cheminement sur un ton touchant de vérité. out commence par une baignade dans l’Atlantique : Michelle, à une heure où elle ne sort jamais, et à un endroit où elle ne nage pas habituellement, sauve Edouard de la noyade. La mère de cet enfant, pour la remercier, lui offre une boîte de chocolat. Mais sa grand-mère, Marie, ne compte pas en rester là : peut-on s’acquitter d’une vie ? Imprégnée de la spiritualité du Mouvement Sève, dont elle fait partie, Marie envoie un ouvrage de Marguerite Hoppenot à celle qui a sauvé son petit fils. Le livre s’intitule Cette vie qui m’est donnée. Marie ne désire rien de plus que de parler de ce trésor sans prix qu’est la vie. Mais la réponse de Michelle ne tarde pas, intransigeante : “Je suis très touchée de votre attention. Mais je ne crois pas en Dieu. Veuillez ne plus essayer de m’en parler.” Marie reprend la plume, rétorque qu’elle respecte absolument les positions de Michelle. C’est le début d’une correspondance de plus de deux ans, entre ces deux femmes que tout séparait : la distance, les milieux, les convictions religieuses, l’histoire, les situations financières...Rien ( D.R. T ne les empêchera de nouer des liens d’amitié très forts. Marie sent en Michelle une personne très généreuse, guidée par une profonde soif de servir, mais extrêmement démunie, déroutée par l’existence. Michelle sent en Marie une personne solide, une femme sensible qui la comprend, la première épaule sur laquelle elle peut enfin s’appuyer. Les mois passent. Un jour, Michelle reproche à Marie : “Vous ne me parlez jamais de vous.” Marie s’explique : “Mais vous m’aviez demandé de ne pas vous parler de Dieu. Or ma vie c’est Dieu...” Michelle hésite, puis accepte : “Ah ? Ca ne fait rien, parlez m’en quand même !” Quel chemin intérieur Michelle a-t-elle suivi depuis sa première lettre ? Elle s’est ouverte peu à peu à la C’est le début d’une correspondance entre deux femmes que tout séparait 28 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 recherche de Celui qui donne sens à nos vies. A travers la lecture de Claire d’abord, une femme au caractère entier, qui lui renvoya son propre miroir. Puis à travers Etty, dont l’abnégation de soi dans les camps de la mort lui renvoya un modèle à suivre. Puis Zundel enfin, qui par son affirmation : “Le Royaume de Dieu est dans le cœur de l’homme” décide Michelle à se laisser introduire auprès du Seigneur. Aujourd’hui, elle est auxiliaire de vie auprès des personnes âgées. Avec Marie, elles ont décidé de publier leur histoire, et leur correspondance épistolaire, dans un livre envoyé tel une semence capable de craqueler un peu l’âme intérieure, on ne sait où... ■ Michelle Cressent, “Le fardeau ou les ailes”, éditions Salvator, 155 pages, 15 €. Dédicaces : St-Jean de Luz, 18 juin, Maison de la Presse Jaspart-Million à partir de 16 h. - Urt, 14 juillet abbaye de Belloc 15h-16h30 THÉÂTRE "CANDIDE..." "LA SAVETIÈRE PRODIGIEUSE" La vie par Pierre FRANÇOIS combien de personnes "Candide" n’évoque-t-il pas le lycée, avec les explications savantes du professeur de Lettres mettant en valeur l’amertume de la dérision derrière la douceur d’un texte parfaitement policé ? Ce conte est repris sous forme de pièce au Lucernaire (qui continue son activité avec un autre propriétaire). Dans un décor évoquant le cirque et la magie, deux personnages interprètent tous les rôles. L’un est un Candide plus naïf qu’on ne l’a jamais imaginé, l’autre incarne à la fois ses rencontres et le récitant. Avec pour tous accessoires une table et six tabourets ils nous emmènent voir le tremblement de terre de Lisbonne, la découverte de l’El Dorado, les rencontres furtives avec Cunégonde, etc. La subtilité du texte n’empêche pas de rire franchement des évocations voilées au sujet des mœurs de cette Dulcinée inconstante autant qu’intéressée. Ou de la description de l’absurdité de la souffrance. Mais d’un rire qui apprécie autant la finesse de l’expression que la situation rapportée elle-même. La mise en scène apporte incontestablement quelque chose de plus au récit qu’une simple lecture solitaire, tout en restant fidèle à sa lettre. De sorte que cette histoire déjà connue captive son public. Il faut dire que le spectacle a eu le temps de se peaufiner : cela fait dix ans que l’adaptation du conte de Voltaire par Jacques Kraemer et René Loyon tourne avec Nicolas Dufour et Virgil Mergnat, après avoir été jouée par ses adaptateurs… Avec "la savetière prodigieuse" de Federico Garcia Lorca, on reste dans le conte philosophique tout en s’écartant du style dix-huitième siècle. Pas moins de neuf comédiens se partagent treize personnages dans un double espace scénique. Double dans la mesure où le décor n’emplit pas toute la scène et où entre les limites de celuici et celles du plateau s’installent les voisins, spec- A © MARION DUHAMEL De Voltaire à Lorca, souvent les auteurs font passer des convictions politiques contestataires à travers la fiction. Et cela porte. contée tateurs du couple central lorsqu’ils n’en sont pas les bourreaux. Assister dans un théâtre de quartier parfaitement climatisé à une pièce dont tous les éléments sont si bien réglés est un vrai confort. Ici, les comédiennes-chanteusesdanseuses de claquettes jouent de ces dernières "La savetière prodigieuse" aussi bien que la comédie, les guitaristes-chanteurs-comédiens remplissent leurs trois offices à la perfection, avec une tessiture remarquable au passage. La femme du savetier est peste autant qu’amoureuse. Elle qui pousse la délicatesse jusqu’à énoncer le nombre et les qualités de ses prétendants à la face de son mari se met à chanter l’attachement qu’elle lui porte - et lui trouver soudain toutes les vertus - une fois que, lassé, il est parti. Au-delà des thèmes de la difficulté à faire comprendre à l’autre l’amour qu’on lui porte et de celui de l’invariabilité des caractères, celui de l’influence de l’entourage est tout aussi permanent. Pour autant est-il exact que le malheur de quelqu’un soit toujours de la faute d’un autre ? Sans doute pas. Tout cela on le sait, mais il y a la manière de le dire qui nous le fait ressentir comme une découverte psychologique et un enrichissement moral. Pour toutes ces subtilités et pour une mise en scène hors pair, qui parvient à réaliser un changement de décor à vue sans qu’on s’en aperçoive, ce spectacle est vraiment à voir. ■ La manière de le dire qui nous le fait ressentir comme une découverte (1) "Candide ou l’optimisme", de Voltaire. Avec Nicolas Dufour et Virgil Mergnat. Du mardi au samedi (20h), le dimanche (17h). Au Lucernaire, 53 rue Notre-Dame des Champs, 75006 Paris. Places à 30/20/15/1 €. Tél. 01.42.22.66.87. (2) "La savetière prodigieuse", de Federico Garcia Lorca. Avec Julie Delarme, Bernard Douby... Mardi, vendredi, samedi (20h30), mercredi et jeudi (19h), samedi et dimanche (16h). Au Théâtre Artistic Athévains, 45 bis rue Richard Lenoir, 75011 Paris. Places à 25/14/10 €. Tél. 01.43.56.38.32. FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 29 MUSIQUE VÉZELAY Musique, carrefour de l’émotion et Unie aux spiritualités contemporaines, la musique religieuse traverse les époques en les exprimant. ézelay. Quand la possibilité s’est offerte à Pierre Cao d’y organiser un festival de musique, il a tout de suite estimé qu’un tel lieu ne pouvait donner à résonner que des sons en accord avec sa sacralité. Cette option l’a logiquement conduit à en faire une tribune pour l’art vocal. Il fallait aussi que l’événement soit emprunt de convivialité. Il y a donc entre les écoutes des respirations, des rencontres avec les artistes. Durant ces moments de gratuité d’autres musiciens expriment des harmonies différentes, du divertissement classique au jazz en passant par la chanson française. Pour rendre compte de cette volonté délibérée, la manifestation ne se présente pas comme un "festival" - terme qui connote une ambiance guindée– mais comme "Les rencontres musicales de Vézelay". (1) Cela n’empêche pas la compétence ni la volonté pédagogique, et chaque concert est précédé d’une conférence musicologique. De là à dire que l’orateur s’exprimera toujours dans un langage accessible, Pierre Cao l’espère mais n’ose le garantir. Car en musique comme dans tous les métiers, aujourd’hui comme à l’époque de Molière, un langage simple est souvent - hélas – perçu comme un signe d’incompétence. Drôle de public qui paie pour, de préférence, ne pas comprendre ce qui lui est dit ! Mais ici, un tel désir masochiste a peu de chance d’être satisfait. En effet, Pierre Cao a enfin voulu que ces rencontres soient à la portée des bourses familiales, ce qui aboutit à un prix environ moitié moins cher que d’autres initiatives. L’aventure dure depuis cinq ans. Elle a notamment pris pour thème les vêpres ou la liturgie de la messe et plusieurs cd peuvent donner une idée de la qualité des travaux proposés. (2) Qu’il soit permis de signaler en particulier le "Jean-Sébastien Bach : Motteten", par l’ensemble Arsys Bourgogne avec lequel Pierre Cao travaille depuis de longues années. Cette version a en effet été considérée par V 30 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 Chaque concert est précédé d'une conférence musicologique quelques spécialistes comme étant de référence. Cette année le thème retenu a été "David, le roi musicien". Et donnera lieu à une douzaine de concerts, du 25 au 28 août. Chaque journée suivra le même horaire. A 15h, une conférence musicologique au sujet de ce qui débutera une heure plus tard au même endroit. A 18h, la rencontre entre le public et les artistes du jour dans les jardins Jules Roy, agrémentée d’un divertissement musical gratuit. Et à 19h sera donnée l’introduction musicologique au concert de 21h. Deux œuvres seront consacrées au personnage de David lui-même -"Le roi David" de Honneger et le "Davidde penitente" de Mozart- les autres revendiquant le roi musicien pour auteur. Si on classe les œuvres par ordre chronologique, on remarque en premier les chants spirituels judéo-espagnols, de la seconde moitié du XVIème siècle. A cette époque les poèmes religieux juifs - mais subissant l’influence de la poésie arabe – chantés sur des mélodies profanes rencontrent le mysticisme cabaliste séfarade. Les 12 chants interprétés - même si leur origine remonte jusqu’au Xème siècle – sont nés au cœur de ce nouveau creu- MUSIQUE du spirituel set mystique. Ils ont été choisis pour leur importance dans la liturgie séfarade, tant la quotidienne que celle des cérémonies qui rythmaient l’année. Cette interprétation a eu à cœur de restaurer les conditions dans lesquelles cette musique était produite à l’époque, d’où le petit nombre de chanteurs par exemple. De là à dire qu’ils vont nous faire vivre les mêmes émotions que celles d’un peuple à la spiritualité différente de la nôtre… On est dans une période où la musique est entièrement adressée à Dieu. Quatre programmes sont témoins de la religiosité du XVIIème siècle. C’est une des périodes où on a fait le plus de musique, notamment pour la Réforme en Allemagne, qui reprend tout le psautier en langue vernaculaire. Les mentalités ont alors changé et la musique devient un discours de l’homme à l’homme sur Dieu, même si elle reste dans la dépendance du texte révélé. Mais la seconde moitié de ce siècle va voir éclore les "états d’âme" musicaux. Seront ainsi donnés les Psaumes de David selon l’"italienische Manière" à travers des œuvres notamment d’un Heinrich Schütz – qui fusionna le © PASCAL LAMBOT par Pierre FRANÇOIS Basilique de Vézelay Une période où la musique est entièrement adressée à Dieu "stylus luxurians" italien et la tradition chorale germanique– ou de Nicolaus Bruhns et Dietrich Buxtehude, maîtres du "stilo concertato" qui inspirera J.S. Bach. Heinrich Schütz s’invitera encore pour un concert entièrement dédié à ses psaumes dans la basilique. Et on retrouvera son unique oratorio dans un concert consacré à cette forme musicale. Il voisinera alors avec Kasper Förster, dont on est presque certain qu’il fut élève de Carissimi à Rome. Quant à Dietrich Buxtehude et Nicolaus Bruhns, ils partageront un autre concert avec H.I.F. Biber, entièrement consacré aux psaumes pour basse et musique instrumentale. Ce sont le "Te Deum" et les "Grands motets" de Lully qui illustreront la musique religieuse française de l’époque. Le XVIIIème siècle sera représenté par le "Davidde penitente" de Mozart. C’est son dernier oratorio, écrit alors qu’il avait abandonné ce genre depuis 14 ans. Et, comme le délai de la commande était très court, il reprit sa "grande messe en ut mineur" de 1782 pour la transformer et travailler le thème des remords de David au moment de la mort de son enfant adultérin. On est dans la période au cours de laquelle l’instrumentation va prendre le pas sur la voix, la technique sur la spiritualité. L’idée de musique religieuse est mise à mal, les églises devenant des salles de concert. Thibaut, à Heidelberg, réagit dans son ouvrage "La pureté de la musique". Il prône alors le retour à une musique religieuse simple, sur le modèle de Palestrina. Le parallèle peut être fait avec ce qui se passa à l’époque de Luther et du concile de Trente. Le XIXème siècle offrira "Wie der Hirsch schreiet", de Mendelssohn, que Schumann considérait comme un chef-d’œuvre de musique religieuse contemporaine. Ces rencontres se termineront par “Le roi David”, l’œuvre qui fit de Honneger le "roi Arthur" alors qu’il n’avait que 29 ans. Elle est ici donnée dans sa version originelle. On arrive au bout du coup de balancier qui avait suivi l’essor de la musique instrumentale, avec une musique à thématique religieuse qui se retrouve jouée dans un contexte de théâtre… ■ (1) "Rencontres musicales de Vézelay", Pôle d’art vocal de Bourgogne, 89450 Vézelay. Rens. 03.86.32.34.24, www.rencontresmusicalesdevezelay.com. Tarif de 10 à 20 € à l’unité, de 35 à 80 € pour 2 à 4 concerts, 144/130 € pour l’ensemble. (2) "Pierre Menault : Vêpres pour le Père La Chaize", Arsys Bourgogne, La Fenice, direction : Jean Tubéry. 2001. Enregistré à l’église St Lazare d’Avallon. K 617. "Biber : Musique au Dôme de Salzbourg", Arsys Bourgogne, direction Pierre Cao. 2003. Enregistré à la Chapelle des Parlementaires (Paris). Ambroisie. "Jean-Sébastien Bach : Motteten", Arsys Bourgogne et les Basses Réunies, direction Pierre Cao. 2002. Ambroisie. "Vêpres sous Charles VI à Vienne", Arsys Bourgogne, L’Arpeggiata, Christina Pluhar, direction Pierre Cao. 2002. Enregistré à la Chapelle des Parlementaires (Paris). Ambroisie. FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 31 MUSIQUE LIGUGÉ Musique vivante, par Pierre FRANÇOIS lien social Dans une perspective de foi, ces experts musicaux que sont les moines ouvrent des chemins de découverte dans un monde en recherche de sens. ’abbaye de Ligugé organise durant le mois de juillet des rencontres musicales. Des propos du président de l’association "Chemins de musique" - ancien musicien professionnel et père abbé du monastère– on retient que la visée, au contraire du formalisme musical, est de susciter la compréhension et le goût de la musique pour en vivre. Le problème actuel de la musique, dit-il, est qu’elle est perçue surtout comme un divertissement. Mais les moines savent tout le dynamisme qu’elle procure à un esprit en quête de sens et de vérité. Cela fait huit ans que Ligugé a pris l’initiative de différentes manifestations pour le faire redécouvrir. Interventions dans les écoles, confrontations entre des musiques de civilisations différentes, conférences, éditions de CD... Le souci de “Chemins de musique” est d’aider le public à retrouver le sens du langage musical et d’aider ainsi à une construction de la personne et du lien social. En effet, la musique est un vrai langage, même quand elle ne repose pas sur un texte. C’est le cas par exemple de Haydn qui exprime parfaitement la spiritualité des "sept dernières paroles du Christ en croix" dans des pièces pour quatuor à cordes. Ce langage nourrit un rapport complexe et positif aux différentes cultures. Il traverse les époques tout en se les appropriant. Mais en même temps porte témoignage de la mentalité d’une période ou d’une culture aux autres. C’est parce que la musique est un véhicule de communication sociale qui crée une communion entre les êtres qu’elle peut devenir facteur d’intégration, comme cela se pratique dans des ateliers auprès de personnes en situation de précarité. Cet été auront lieu dans ces perspectives durant quatre weekends, du 2 au 24 juillet, des journées thématiques centrées sur la musique vivante. A chaque fois, conférences ou ateliers et concerts se répondront. Les journées d’ouverture ont mis en présence musiques grégorienne et arménienne. Les gram- L 32 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 Les moines savent tout le dynamisme que la musique procure à un esprit en quête de sens et de vérité maires musicales ayant quelques règles communes - ici sur l’emploi de la modalité dans le langage monodique – on a pu élaborer un vrai dialogue entre la Schola du monastère et l’ensemble AKN. Le second week-end met en valeur deux périodes de transition. D’abord avec Guillaume de Machaut, un des premiers grands compositeurs de musique savante, dans une écriture très élaborée. Sa Messe de Notre-Dame (vers 1340) est une pièce-maîtresse pour la compréhension de l’évolution musicale en Occident. Le dimanche sera consacré à une autre période de transition : la Renaissance. "Cadences" et "gaillardises" étaient des formes musicales utilisées pour les danses du même nom dans le contexte du jeu colla voce, réunissant instruments et voix autour de compositions polyphoniques. C’est par l’écoute et par la pratique qu’il est prévu d’initier les participants à ce week-end. Poursuivant sa progression chronologique, le troisième week-end abordera "le chant de l’âme au XVIIe siècle" avec le thème du Cantique des Cantiques, qui met en valeur la recherche incessante de l'époux et de l'épouse comme un désir profond jamais assouvi (Olivier Vernet et l’ensemble In ore Mel). Avant d’offrir "Les suites anglaises" de J.-S. Bach au clavecin par Pierre Hantaï. Le dernier week-end reprendra cet hommage à Bach. Un concert regroupera des œuvres créées autour du thème musical correspondant au nom du maître : si bémol (B), la (A), do (C), si bécarre (H). Ont été conviés à cette aventure Bach luimême, Schumann, Liszt, Honegger, Roussel, Eisler, Françaix, Webern et Daniel Meier. Et ce sera l’occasion de célébrer le cinquantenaire de la mort de Paul Claudel et d’Arthur Honneger par des dialogues poésie-musique. Après deux conférences sur le rapport de Claudel à la musique, un concert en trois parties - dont une création de Pierre Doury – évoquera les figures de ces géants. Autant de manières d’entrer plus avant dans le sens de la vie et dans le dialogue que suscite la foi. ■ Chemins de Musique, Abbaye Saint-Martin, 86240 Ligugé, tél : 05.49.55.89.00. Site : www.cheminsdemusique.fr CINEMA La guerre des mondes Ray, un modeste docker, reçoit ses deux enfants pour le week-end. Mais les relations ne sont pas au beau fixe entre ce père peu concerné et ces enfants en révolte. Peu après, un étrange orage s’abat sur la région, avec des éclairs, mais pas de coups de tonnerre. Intrigué, Ray et ses voisins sortent dans la rue pour comprendre ce qui se passe. Tous assistent à d’étranges phénomènes : la chaussé se fend et une cavité se creuse. Et voilà qu’une terrible machine sur trois pieds en sort, détruisant tout sur son passage. Après les gentils extraterrestres («Rencontre du troisième type», «ET»), Steven Spielberg met en scène des hommes venus d’ailleurs fort peu amènes et agressifs, dans cette libre adaptation du célèbre roman de HG Wells. Les images sont très impressionnantes, parfois très belles (en particulier celles des paysages ensanglantés), mais le spectateur reste un peu sur sa faim, tant le message est court et les événements répétitifs. M.-L. R. Film fantastique américain (2005) de Steven Spielberg, avec Tom Cruise (Ray Ferrier), Justin Chatwin (Robbie Ferrier), Dakota Fanning (Rachel Ferrier), Tim Robbins (Ogilvy), Miranda Otto (1h56). Sortie le 6 juillet 2005. Au suivant ! Directrice de casting, Jo est une jeune femme solitaire. Alors qu’elle s’occupe de faire incinérer son chien, elle fait la connaissance de Bernard, un comédien. Cette petite comédie, qui ressemble davantage à une succession de sketchs, est assez mineure. Elle a le mérite de faire rire parfois et sans vulgarité et de mettre en valeur l’immense talent de Clovis Cornillac, qui écrase un peu sa charmante partenaire. M.-L. R. Comédie de mœurs française (2004) de Jeanne Biras, avec Alexandra Lamy (Jo), Clovis Cornillac (Bernard), Juliette Roudet, Jerry Rudes, Rastko Jankovic, Charlotte Nguyen (1h30). Sortie le 29 juin 2005. LA MOUSTACHE Une fable très Originale par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ cesser de le faire marcher, mais la jeune femme s’étonne et finit par lui dire qu’il n’a jamais porté de moustache. Peu à peu, le doute s’insinue en Marc, qui commence à douter de tout et de lui-même. Complot ou lente glissade vers la folie ? On ne le saura jamais vraiment, mais cela n’a guère d’importance. Avec beaucoup de rigueur, Emmanuel Carrère décrit la dérive de cet homme, en filmant toute son histoire de son point de vue. L’ambiance est oppres- Une plongée étonnante dans l’angoisse d’un homme qui glisse insensiblement vers la folie. L orsqu’un romancier adapte et met en scène son propre livre, le résultat est souvent une réussite, car il est le plus à même de restituer en images son univers et son style. Emmanuel Carrère (fils d’Hélène Carrère d’Encausse) est l’auteur de romans portés au cinéma par d’autres («La classe de neige», «L’adversaire»), mais c’est la première fois qu’il met lui-même en scène un de ses romans (son premier film était «Retour à Kotelnitch», un documentaire). Cela fait dix ans que Marc porte la moustache, mais, un jour, il décide de la raser. Lorsqu’il rentre chez lui, Agnès, sa femme, ne s’aperçoit de rien. Pire, ses amis et ses collègues de travail ne remarquent rien non plus. Agacé, Marc demande à Agnès de ( Des comédiens exceptionnels servent une histoire originale et captivante sante à souhait, grâce à des images superbes et à une interprétation sensationnelle. Vincent Lindon est parfait dans son rôle d’homme qui perd pied, tandis qu’Emmanuelle Devos (qui interprétait déjà un rôle d’épouse dans «L’adversaire») joue avec beaucoup de finesse des ambiguïtés de son personnage. Derrière le brillant exercice de style (qui donne vraiment le vertige), on devine une fable sur la crise du couple. A cet égard, la fin positive est réconfortante. ■ La moustache. Comédie dramatique française (2004) de Emmanuel Carrère, avec Vincent Lindon (Marc), Emmanuelle Devos (Agnès), Mathieu Amalric (Serge), Hippolyte Girardot (Bruno), Cylia Malki (Samira), Macha Polikarpova, Fantine Camus (1h26). Sortie le 6 juillet 2005. Le courage d’aimer Dans le Paris de 1999, Shaa, une jeune paumée fait la connaissance d’un chanteur des rues. C’est le coup de foudre et la jeune fille, apprentie chanteuse, lui propose de former un duo. Mais, peu après, alors qu’ils se produisent dans un club, un producteur débauche Shaa, qui quitte son homme. Il avait clamé haut et fort qu’il renonçait à sortir ce film, déjà dans la boîte au moment de la sortie des «Parisiens». Pourtant Claude Lelouch est revenu sur sa décision et, après un nouveau montage, sort cette bluette qui mêle les personnages et les histoires. Paris est joliment filmé et la musique de Francis Lai est entraînante. Cependant on ne dépasse pas le niveau du roman-photo, charmant, mais léger, tout comme le comportement des uns et des autres. Marie-Lorraine ROUSSEL Comédie dramatique (2004) de Claude Lelouch, avec Mathilde Seigner (Anne et Clémentine), Maïwenn (Chaa), Massimo Ranieri (Massimo), Michel Leeb (Michel Gorkini), Arielle Domsbale (Sabine Duchemin), Yannick Soulier, Pierre Arditi, Line Renaud, Francis Perrin (1h43). Sortie le 6 juillet 2005. FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 33 BLOC-NOTES Laon) sur le thème "Des vélos pour trouver sa voie". Contact : Véronique Lévêque, 5, place Jeanne d'Arc, 02350 Liesse Notre-Dame, ✆ 03.23.22.17.98. ✔ Pour les 15/18 ans, "5 jours sur les pas du père Wresinski et du père Dehon", sont prévus du 10 au 15 août, sur les routes de l'Aisne. Contact : Brigitte de Rozières, ✆ 03.23.25.67.92. ✔ Un "camp chantier" est prévu du 16 au 19 août, pour les 18/25 soutenez votre hebdo chèque à l’ordre de FRANCE CATHOLIQUE abonnez-vous 60 rue de Fontenay offrez un abonnement 92350 Le Plessis-Robinson ❒ Mme ❒ Mlle ❒ M. Nom/prénom : ..................................................................................... Adresse : ........................................................................................................................... ........................................................................................................................................... Code postal : .....................Ville : ..................................................................................... ❒ Je souscris un premier abonnement à FRANCE CATHOLIQUE : 1 an = 75 € (au lieu de 110) (*)(**) et je reçois un cadeau ❒ un bocal de GRIOTTINES® (poids net 570 g) (***) Si vous offrez cet abonnement à un parent, un ami, ce cadeau peut être envoyé chez vous (****) gratuitement et sans engagement (*****) ❒ Je veux recevoir une centaine d’exemplaires récents du journal à distribuer dans ma paroisse = 10 € (de participation aux frais de port) mer par Jésus", par Jean Vanier ; du 17 au 23 juillet "Vous tous qui avez soif, venez !", par le père Gosselin, courriel : foyer. [email protected] Gironde ✔ Une semaine monastique à l'abbaye du Rivet, 33124 Auros, est prévue du 22 au 30 juillet. Partage de la vie monastique proposé à des jeunes filles de 18 à 30 ans : prières et offices, travail, temps d'enseignement et de prière personnelle. Sœur Godelieve, ✆ 05.56.65.05.30. ✔ Au monastère du Broussey, 33410 Rions, ✆ 05.56.62.60.90, des rencontres spirituelles sont organisées : du 5 (19h) au 7 août (16h) "Marie, attentive à la Parole de Dieu", par le frère Jean-Marcel ; le 15 août : journée mariale, fête de l'Assomption ; du 22 (19h) au 28 août (16h) "Désert et prière". Courriel : [email protected] Haut-Rhin ✔ "Un temps pour Dieu", du 5 au 17 septembre 2005. Prier, célébrer, réfléchir, travailler et partager quelques jours de la vie de la Communauté, au Monastère des Clarisses Capucines en Alsace, 5 rue Oberhof, 68240 Sigolsheim, pour jeunes femmes 18-35 ans, Dates et durée à définir avec les sœurs. Contacts ✆ 03.89.78.23.24, courriel : [email protected] Site : http://monasteresigolsheim.free.fr Haute-Savoie ✔ Au centre "La Flatière", Foyer de Charité, 943, route de la Flatière, 74310 Les Houches, ✆ 04. 50.55.50.13, fax 04.50.54.59.11, une retraite est prévue du 1er au 7 août "Aimer l'Eglise", par le père Gardès. Courriel : retraite. [email protected] Hautes-Pyrénées ✔ Pour les filles de 18 à 30 ans, les Sœurs de Saint-Joseph de Tarbes proposent une marchepèlerinage entre Saint-Bertrandde-Comminges et Lourdes sur le thème des JMJ "Nous sommes venus l'adorer". En quatre étapes (20 kms environ par jour), du 11 (soir) au 16 juillet (matin). Rens./ insc. : Communauté du Mambré, 65150 Cantalous, ✆ 05.62.98. 99.63, courriel : sjtmambre@ wanadoo.fr Hauts-de-Seine ✔ Au centre spirituel Manrèse, 5, rue Fauveau, 92140 Clamart, ✆ 01.45.29.98.60, retraite individuelle, pour les 18/30 ans, du 24 au 31 juillet, avec le père Roland-Gosselin. Jura ✔ Le sanctuaire Notre-Dame de Mont-Roland, B.P. 246, 39103 ✂ ❒ Je souhaite recevoir 5 numéros de FRANCE CATHOLIQUE L'ABUS D'ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. Aisne ✔ Une "Ecole de prière" pour les 11-13 ans est organisée : "tu as envie, comme les disciples de Jésus, d'apprendre à prier ?", tu peux venir, du 22 au 25 août, à la maison Ste-Croix de Belleu. Contact : Chantal Crea'ch, 9, rue Camille Desmoulins, 02100 StQuentin, ✆ 03.23.65.19.93. ✔ Un "camp vélo", pour les 12/15 ans est proposé du 22 au 26 août à Montbérault (au sud de ans, chez les Sœurs Clarisses, 25 rue de Bihécourt, 02490 Vermand, ✆ 03.23.66. 48.90. Bas-Rhin ✔ Le Foyer de Charité, 51, rue Principale, 67530 Ottrott, ✆ 03. 88.48.14.00, fax 03. 88.48.11.95, propose une retraite du 18 au 24 juillet : "Vivre dans l'espérance les tempêtes de l'existence : l'Apocalypse de Jean", avec le père Wolfram. Calvados ✔ La communauté des Béatitudes, Le Château, 14100 Herm iva l - l e s - Va u x , ✆ 02.31.32.00.44, fax 02.31.32.44.01, prévoit son rassemblement d’été pour tous (y compris familles) du 1 e r au 5 août, sur le thème "Regarde vers Lui, tu resplendiras", avec frère Rémy Schappacher, Philippe Madre, Nicolas Buttet, JeanFrançois Callens… Possibilité de participer à 1, 2, 3, 4 ou 5 jours au choix. Courriel : session. [email protected] Côte-d'Armor ✔ Au foyer de Charité, La Grand'Cour, Tressaint, BP 145, 22104 Dinan cedex ✆ 02.96.85. 86.00, fax 02.96.85.03.56, des retraites sont organisées : du 10 au 16 juillet "Se laisser transfor- (*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le préciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entreprises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement. BLOC-NOTES Dole cedex ✆ 03.84.79.88.00, fax 03.84.79.88.25, courriel : [email protected] propose des retraites et formations, notamment : du 17 (18h) au 22 juillet (14h) "Redécouvrir mon baptême", avec Sr Odette Sarda, enseignante à l'Institut catholique de Paris et membre du Centre national de pastorale liturgique et sacramentelle. Marne ✔ Au foyer de Charité, 4, Grande Rue, 51270 Baye, ✆ 03.26.52. 80.80, fax 03.26.52.72.15, retraite fondamentale du 18 (17h) [messe à 18h30], au 24 juillet (15h) "Pourquoi pleurer ? Qui cherches-tu ?", par le père Didier Lenouvel. Courriel : [email protected] Mayenne ✔ Session Saint-Benoît : du 9 au 16 juillet, pour jeunes de 18 à 35 ans qui veulent découvrir la vie monastique à l'école de Dom Guéranger en vivant avec les moines, partageant leur prière, leur travail, leur vie. Pour tout renseignement : Père Hôtelier, Abbaye Saint-Pierre, 72300 Solesmes, téléphone : 02 43 95 03 08, courriel : [email protected] Consulter : www.solesmes.com Pas-de-Calais ✔ La Maison "Ave Maria", 5, La Place, 62120 Wardrecques, ✆ 03.21. 93.55.48, propose une session biblique sur le thème "Découvrir saint Paul", avec le frère Masseo Caloz et l'Ecole de la Foi de Fribourg (Suisse), du 24 (15h) au 30 juillet (14h). Savoie ✔ Retraite au foyer de Charité, 73260 Naves, ✆ 04.79.22.91.02, du 18 au 24 juillet "La Vierge", avec le père Jacques Ravanel. Seine-et-Marne ✔ Au foyer de Charité, 10, rue Sommeville, 77380 Combs-laVille, ✆ 01.60.60. 20.62, fax 01.60.34.07.48, retraite "Dans la lumière des Béatitudes", du 25 au 31 juillet. Vendée ✔ Le Centre spirituel "L’immaculée" BP 4, 85450 Chaillé-lesMarais,✆ 02.51.56.72.06, propose une retraite selon la spiritualité ignatienne, ouverte à tous, du 16 au 23 août, "Le Christ, chemin d'unification de nos vies", avec sœur Marguerite de Thélin, du Sacré-Cœur, et le père Ephrem Tenaud, MdP. Yonne ✔ Retraites "à la carte" (dates et durée au choix du retraitant), pour apprendre à prier ou réfléchir à une question particulière ou prendre quelques jours de distance par rapport à la vie quotidienne, ac- compagnées par une religieuse du Sacré-Cœur, au Centre Sophie Barat, 11, rue Davier, 89300 Joigny, ✆ 03.86. 92.16.40, fax 03.86.92.16.49, courriel : centresophie-barat@ wanadoo.fr, site : http://centre. barat.free.fr Stages d'été ✔ Le Centre de formation à l'action civique et culturelle propose 3 stages sur l'enseignement social et politique de Jean-Paul II et sur la mission des laïcs, pour tous. Ces stages sont adaptés à chaque âge : pour les adultes, du 13 au 17 juillet, un programme plus ramassé laissant plus de place au partage d'expériences et à l'action concrète ; pour les lycéens, du 2 au 7 août, une initiation générale avec des exercices pratiques et développement de l'esprit critique ; pour les étudiants, du 24 au 31 août, une formule plus universitaire avec beaucoup d'implication personnelle, une majorité de séances en petits groupes, des cycles à options et des intervenants extérieurs. Rens ✆ 01.47. 63.77.86, site : http://www.centre deformation.net/agenda/Stages.pdf Fondacio ✔ La communauté œcuménique, Maison Notre-Dame, 23 rue de l’Ermitage, 78000 Versailles, ✆ 01.30.83.03. 60, propose une session couples pour les 25/50 ans "S’aimer et construire son couple". Quatre jours pour faire le point sur sa relation de couple et y accueillir un nouvel élan, du 13 au 16/17 juillet, à Saint-Pierre-deChartreuse (Alpes). Véronique Callet ✆ 04.77.20.49.50, courriel : [email protected] Pèlerinage ✔ Marie-Gabrielle Leblanc, historienne d'art, conduira un voyage culturel et pèlerinage en Égypte avec le professeur A.A. Sadek (égyptologue et coptologue, diacre copte-orthodoxe), et le père Arnaud Toury (diocèse de Reims) : du 26 décembre 2005 au 4 janvier 2006 : "L'Egypte des pharaons et des coptes, sur les pas de la sainte famille et des pères du désert". Basse, Moyenne et Haute Égypte, églises et monastères coptes, temples et sites pharaoniques, trajet de la Sainte Famille, rencontre avec le clergé copte, des artistes et le peuple d'Égypte, campagne, villages et déserts égyptiens. Nuits au centre spirituel copte et œcuménique Anafora, au désert entre Le Caire et Alexandrie. 1200 € ✆ 01.48.07. 05.84, fax 01.48.07.03.09. Courriel : Mariegabrielle@ wanadoo.fr [email protected] fax : 01.46.30.04.64 ABONNEMENTS À FRANCE CATHOLIQUE France, 6 mois : 58 € / 1 an (47 numéros) : 110 € / Etranger, 1 an : 122 €. Abonnement soutien : 250 €. Pour la Belgique, virements à l'ordre de E. Kerkhove, chaussée de Dottignies 50 7730 Estaimpuis, tél. 056.330585, compte bancaire : 275.0512. 029.11. Pour les autres pays, procédez par virements postaux internationaux sur notre compte chèque postal SCE 43 553 55 X La Source, ou bien par mandats internationaux à l'ordre de la SPFC ou par chèques bancaires libellés en euros et payables en France ou par chèques bancaires domiciliés à l'étranger moyennant une surtaxe de 18 €, ou par carte bancaire via le site internet www.france-catholique.fr Le journal ne rembourse pas les abonnements interrompus du fait de l'abonné / Ne paraît pas en août. PETITES ANNONCES Tarif : la ligne de 35 lettres : 6 €. Domiciliation : 9 €. Communiqué dans le bloc-notes, forfait : 20 € ➥ Local commercial à louer, 47 m2, tél. 01.46. 32.70.03 - Le Plessis-Robinson (92). ➥ Paris XVIII e , Foyer Léon Bloy, loue grand 2 pièces, 500 euros, proximité basilique de Montmartre, à JH étudiant, motivé pour approfondissement spirituel. Tél. : 01.53.41.89.05, laisser coordonnées pour un rappel. ➥ C.A.S.A. est une association qui permet aux 18/35 ans de guider des visites dans divers monuments religieux en France durant l’été. CASA : 28 rue Molitor, 75016 Paris, tél. 01.46.51.39.30. [email protected] / www.guidecasa.com ➥ Réparation d’orgues : 01.39.55.33.29. ➥ Les descendants (de 140 Vendéens/LoireAtlantique), venus dans le Sud-Ouest en 1800, se réunissent au siège de leurs racines. Familles Blanlœil, Blanleuil, Blanleil, Egron et tous descendants ; tous à Treize Septiers bourg en Vendée, (lieu-dit "Les Godelinières"), à la salle du plan d'eau ombragé, le 10 juillet, à partir de 8h pour le rassemblement de cousinade. Rens. tél. 06.73.81.64.01 ou 06.62.60.63.81 ou 02.40.54.41.93 ou 05.45.78.83.19. FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaire N° Commission Paritaire de la Presse : 1006 I 85771 valable jusqu’au 31 octobre 2006 CNIL : 6778405 60, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson Téléphone : 01.46.30.79.06 - 01.46.30.37.38 - Fax. : 01.46.30.04.64. Courriel : [email protected] - CCP La Source 43 553 55 X édité par la Société de Presse France Catholique, s.a. au capital de 327.136 euros. - 418 382 149 R.C.S. Nanterre Président : Hervé Catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric Aimard (Itinéris 06.08.77.55.08) - Conseiller de la direction : Robert Masson - Editorialiste : Gérard Leclerc - Rédaction : Anne Montabone - Secrétaire de rédaction : Brigitte Pondaven Abonnements/Comptabilité : Marie-José Carreira. Imprimé par IPPAC-Imprimerie de Champagne, ZI les Franchises, 52200 Langres Les documents envoyés spontanément ne sont pas retournés. L'essentiel des collaborateurs du journal est composé de bénévoles. Forum internet ouvert à tous http://www.france-catholique.fr FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 35 ETHIQUE, POLITIQUE ET FOI pour vos vacances n de livres - à acheter résonance tio lec sé e ell uv no tte Dans ce s essais mettant en utre part. nous avons privilégié de part et la politique d’a ne d’u e ral mo la et la religion L'EMBRYON CITOYEN de Christine Boutin Référence : 3599610 324 pages - 18,60 € Notre société n'en finit pas d'interroger le futur clonage, médecine prédictive, thérapie génique, filiation réinventée... Les biotechnologies relancent le débat sur l'avenir de l'homme. Un embryon, sans visage ni parole, en aurait-il la clé ? Christine Boutin refuse de laisser aux seuls spécialistes le débat bioéthique. Elle ne récuse ni la science ni la raison, bien au contraire, mais elle fait aussi appel à la générosité pour que la nation choisisse les voies qui respectent l'humanité. L'ÉVANGILE FACE AU DÉSORDRE MONDIAL de Michel Schooyans Référence : 3500782 348 pages - 18,60 € Nouvel ordre international mondialisation, globalisation... Derrière ces mots se cachent un débat largement méconnu et un projet dont les enjeux ne sont guère mesurés. Face aux grands débats politiques actuels sur la bioéthique, voilà la réponse scientifique de l'Eglise catholique. LA FACE CACHÉE DE L'ONU de Michel Schooyans Référence : 3599461 286 pages - 16,80 € Ce livre brise un tabou : l’ONU, fortement influencée par la pensée anglo-saxonne, est en train d’enterrer la conception réaliste des droits de l’homme qu'elle tend à considérer comme le produit de conventions qui, une fois ratifiées, acquièrent force de loi. Rognant la juste souveraineté des nations, elle se pose de plus en plus en super-État mondial. Cette dérive de n’a rien de fatal : elle appelle cependant la réaffirmation urgente du rôle de la société civile et de ce capital prodigieux qu’est la personne humaine. BIOÉTHIQUE ET POPULATION : LE CHOIX DE LA VIE de Michel Schooyans Référence : 3598133 304 pages - 10,00 € Les progrès de la science sont tels que l'homme dispose maintenant d'un pouvoir de plus en plus grand sur la vie. De nombreuses questions rejaillissent, incontournables. Jusqu'où peut-on aller ? Jusqu'où doit-on aller ? Notre avenir se joue là. A contre-courant de cette "fascination" pour la mort, fréquemment répandue dans notre société... si nous choisissions la vie ? LE CRASH DÉMOGRAPHIQUE de Michel Schooyans Référence : 3599198 224 pages - 15,00 € Ce livre analyse les causes et les conséquences - dramatiques - du déclin démographique manifeste dans tous les pays. Faisant écho à la parole de l'Eglise, il dénonce les faux problèmes. Aujourd'hui, le danger, pour l'avenir, n'est plus dans la "surpopulation" mais dans la pénurie de "capital humain", dans la difficulté d'accéder au savoir, dans la mauvaise répartition des ressources, dans la volonté des pays développés de garder pour eux la jouissance de leurs richesses. Il est urgent de réaffirmer la valeur absolue de toute vie humaine dans un monde où la "culture de mort" tend à dominer la société. POURQUOI VEUT-ON TUER L'ÉGLISE ? de Gérard Leclerc Référence : 3597432 450 pages - 20,00 € Les médias qui s'attaquent à l'Eglise catholique, par le biais de diverses "affaires", se distinguent trop souvent par le caractère extrêmement superficiel de leurs analyses. Dans cet ouvrage, seront traitées de manière approfondie les affaires Eugen Drewermann, Jacques Duquesne, Jacques Gaillot, mais aussi les attaquent subies par le pape Jean-Paul II. L'auteur prend en flagrant délit d'incompréhension et d'incompétence quelques-unes des grandes plumes de la presse française. VERS UN NOUVEL AGE ? de Samuel Rouvillois Référence : 3590437 208 pages - 8,99 € Le Nouvel Age proclame la disparition prochaine du christianisme. Il conviendrait de rejeter tout. L'homme peut-il trouver en lui - et en lui seul - sa plénitude et son épanouissement ? Peut-il se sauver lui-même ? Le Nouvel Age se présente comme une réponse à ces aspirations, résorbant peu à peu toute idée de relation personnelle possible entre Dieu et l'Homme. Une analyse rigoureuse qui passionnera ceux qui cherchent à comprendre leur époque. 36 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 PAIX PAR LE PARDON (LA) de Evelyne Massoud Référence : 3550720 396 pages - 20,00 € Avec Mansour Labaky, nous rencontrons les riches et les pauvres, les bien portants et les malades. Nous mettons nos pas dans ceux d'un disciple qui, aujourd'hui chargé d'honneurs et de reconnaissance, plonge sans ciller son regard, dans celui de l'enfant qu'il fut et qui gambadait dans les collines de son Liban bien-aimé. Lorsque la violence ensanglanta son royaume, l'homme, se souvenant de ce Notre Père, le récita jusqu'au bout, jusqu'au "pardon". FRÈRES DANS LA RIZIÈRE de Jacques Danois Référence : 3503091 324 pages - 16,80 € Qu'ils aient combattu au Viêtnam pour ou contre le communisme, des milliers de jeunes hommes ont connu l'étrange fraternité de l'angoisse et d'une bien silencieuse espérance. Quel que soit leur camp, ces jeunes guerriers ont enduré les mêmes souffrances, côtoyé la même mort, gardé les mêmes blessures. Les récits captivants nous transforment en témoins directs de cette aventure. Un livre dont on ne ressort pas indemne. LA NUIT DES BOURREAUX de Jan Chryzostom Korec Référence : 3593894 372 pages - 23,00 € 1950, Tchécoslovaquie. Jan Chrizostom Korec est jésuite, il a 26 ans. Il survivra aux interrogatoires et aux sévices de la police secrète du régime communiste. A 27 ans, il sera ordonné évêque dans la clandestinité. Jean-Paul II le nommera cardinal en 1991. LA PIEUVRE SCIENTOLOGIQUE de Julia Darcondo Référence : 3503729 396 pages - 18,60 € Anciennement dans la Scientologie, l'auteur nous révèle les rouages de cette organisation très secrète. Ce n'est qu'en montant dans les échelons qu'elle a découvert les règles inhérentes à la Scientologie. Un livre qui nous ouvre les yeux sur un réseau qui manipule bien des institutions. LE PIANO ROUGE de Tosca Marmor Référence : 3581501 252 pages - 13,60 € Rouge : couleur de la souffrance, couleur de la passion… Tosca Marmor, pianiste viennoise naturalisée française, a connu les deux guerres, la déportation… A Auschwitz, le SS R. Hoess lui "offre" pour Noël, un piano maculé de sang. L’artiste livre aussi les souvenirs de sa vie brûlée par l’amour. ETHIQUE, POLITIQUE ET FOI IL ÉTAIT UNE FOIS, LA CANICULE de Michelle d’Astier de la Vigerie Référence : 3523669 256 pages - 14,00 € Jeanne, une personne âgée, fait face à son plus grand ennemi : la canicule. Rien ne prévoyait cette chaleur. Alors que ses enfants partent en vacances, Jeanne agonise… VATICAN INCONNU VATICAN INCONNU de Jacques Martin Références : 3579323 176 pages - 15,00 € Le Vatican, trésor artistique caché du grand public, nous est ouvert avec ce livre. Mgr Martin Jacques Martin ayant passé plus de 50 ans dans ces lieux, nous fait visiter chapelles et appartement particuliers. A chaque pas, nous nous arrêtons pour admirer fresques ou détails témoins de la grande (et parfois de la petite) histoire. L'auteur nous fait partager son enthousiasme et sa culture comme il l'a fait tant de fois pour les grands de ce monde venus saluer le Souverain Pontife. LUMIÈRE DERRIÈRE LES BARREAUX de Paul Duclos Référence : 3579380 278 pages - 13,60 € 1945, fin de la guerre et dénonciations des "collabos". Les condamnations à mort sont nombreuses. Fac à la mort, une triple évidence se fait jour : égalité des hommes devant la mort, danger de toutes les idéologies, miséricorde infinie de Dieu. Ministres de Vichy, préfets, amiraux ou simples miliciens incultes, ils rencontrent tous leur destin, devenu rencontre avec leur Seigneur. Lettres des détenus et témoignages des derniers instants font la force du livre. LA NOUVELLE-CALÉDONIE ANCIENNE de Claude Rozier Référence : 3588050 322 pages - 23,00 € La Nouvelle Calédonie… Elle porte l’image d’une île paradisiaque. Mais, pour les Français, elle a été une île de déportation. Qu’en est-il vraiment ? Quelle était la vie avant la prise de possession française en 1853 ? Ce livre répond à ces questions en s’en tenant aux documents d’époque. ENQUÊTE SUR LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION de Frédéric Aimard et Samuel Pruvot Référence : 3599826 396 pages - 18,80 € À travers portraits, entretiens, dialogues, réflexions fondamentales, les journalistes de France Catholique tissent un passionnant témoignage à plusieurs voix, qui permet finalement de se faire une idée personnelle des enjeux de la Nouvelle Évangélisation. une idée qu'il faudra ensuite confronter à d'autres réalités, débats et enquêtes. Car la Nouvelle Évangélisation, ce n'est pas tant ce qui a été vécu ces dernières décennies que ce qui est en train d'advenir parmi nous et que beaucoup ne découvriront peut-être qu'avec ce livre... GÉNÉRATION JMJ de Marie-Sophie Boulanger, Aude de Chantérac, Elise Corsini, Denis Lensel, Référence : 3502184 432 pages - 18,60 € En mai 1968 sur les barricades, leurs parents parlaient de la mort de Dieu. Trente ans plus tard, ces jeunes envahissent à leur tour Paris, mais pour annoncer une révolution de l'Amour au nom du Christ, derrière un vieux pape à l'âme juvénile. Ce livre brosse le portrait de cette jeunesse présente sur tous les continents et rassemblée au cours des Journées Mondiales de la Jeunesse. DÉCLIN OU SURSAUT DE LA FOI ? de André Manaranche Référence : 3599776 178 pages - 15,00 € Ce livre voudrait montrer que la question “France, pays de mission ?” n’est pas neuve et fournir à la mémoire les grandes étapes de cette réflexion, lancée d’abord par des hommes du terrain, des apôtres qui tapaient dans le ballon au lieu de regarder le match du haut des tribunes pour se livrer à des paris. Il voudrait surtout porter le débat à son vrai niveau : celui de la Révélation biblique. Car Dieu lui-même s’est voulu “au risque de l’homme” en se faisant homme : il s’est exposé à l’amour et au refus ; exposé aussi aux interprétations des chrétiens, qui ont parfois frisé le dérapage. LES PLUIES DE L'ARRIÈRE-SAISON de Ephraïm Référence : 3587714 142 pages - 14,94 € Ephraïm fait œuvre de témoin en nous livrant l'expérience spirituelle qui est à l'origine de la communauté des Béatitudes. Voici le récit de l'extraordinaire itinéraire qui l'a conduit des “désordres de mai 68” à la “volonté de se garder pour le Royaume”. Il décrit le chemin qui le conduira par la suite, lui et les premiers membres de sa communauté, du protestantisme au catholicisme. Bon de commande à retourner, avec votre règlement par chèque, à l'ordre de France Catholique, 60, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson ✁ ❏ L'embryon citoyen .............................................3599610.......18,60 € ❏ L'Évangile face au désordre mondial ..................3500782.......18,60 € ❏ La face cachée de l'ONU...................................3599461.......16,80 € ❏ Le crash démographique....................................3599198 ......15,00 € ❏ Bioéthique et population : le choix de la vie ......3598133 ......10,00 € ❏ Pourquoi veut-on tuer l'Église ? ..........................3597432.......20,00 € ❏ Vers un Nouvel Age ?.........................................3590437.........8,99 € ❏ Paix par le pardon (La) .......................................3550720.......20,00 € ❏ Frères dans la rizière ..........................................3503091.......16,80 € ❏ La nuit des bourreaux ........................................3593894.......23,00 € ❏ La pieuvre Scientologique..................................3503729.......18,60 € ❏ Le piano rouge...................................................3581501.......13,60 € ❏ Il était une fois, la canicule ................................3523669.......14,00 € ❏ Vatican inconnu ................................................3579323.......15,00 € ❏ La Nouvelle-Calédonie ancienne .......................3588050.......23,00 € ❏ Lumière derrière les barreaux.............................3579380.......13,60 € ❏ Enquête sur la nouvelle évangélisation...............3599826.......18,80 € ❏ Génération JMJ ..................................................3502184.......18,60 € ❏ Déclin ou sursaut de la foi ? ...............................3599776.......15,00 € ❏ Les pluies de l'arrière-saison ..............................3587714.......14,94 € TOTAL DE MA COMMANDE ............................................... € Merci de rajouter les frais de port :.....................................................€ 3 € pour une commande jusqu'à 10 € 5 € pour une commande jusqu'à 40 € 7 € pour une commande jusqu'à 99 € TOTAL à payer ................ € frais de port offerts à partir de 100 € Adresse de livraison de ma commande : Nom : ........................................................................... Prénom : .......................................................................................... Adresse : ................................................................................................................................................................................. Code postal : ....................................Ville :............................................................................................................................ FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 37 MULTIMEDIA ■ LE PETIT MONDE DE T’CHOUPI Dès 2 ans, CD-rom PC/Mac, éd. Nathan, diff. Mindscape, 29 €. T'choupi, petit personnage aimable, bien dessiné et tout en rondeurs, conduit sa vie dans la joie et la bonne humeur. Ses journées sont pourtant bien remplies. Aussi a-t-il bien besoin de l’aide du jeune joueur appelé à le seconder dans ses activités quotidiennes : s'habiller, faire la cuisine ou encore ranger sa chambre. Pour aider T'choupi, l’enfant doit reconnaître divers objets sur lesquels cliquer. Rien de difficile grâce à un curseur de souris qui prend la forme d'une grosse patte grise qui remue et change de forme au moment voulu. Des comptines et un atelier de coloriage complètent cette série de jeux courts, simples et bien adaptés aux tout-petits. ■ EVEIL ET CRÉATIVITÉ 3 à 7 ans, 5 CD-rom PC, éd. Génération 5, 30 €. Ce coffret créatif fait appel à l’imagination et à la fantaisie des enfants de 3 à 7 ans tout en développant leur habileté manuelle, leurs réflexes, leurs capacités d’adaptation... Chaque cédérom invite à de nombreux jeux et exercices variés autour d’un thème : jouer avec sa voix, s’initier à la création graphique, courir l’aventure, apprendre la musique, bricoler. D’un rapport qualité / prix imbattable, cette sélection couvre une large gamme d’activités d’éveil et de découverte déclinées dans des logiciels riches en contenus. ■ LÉMO 5 à 7 ans, 2 CD-rom PC, éd. Mindscape, 40 € Aventure au pays des lettres, ce programme ludique d’apprentissage de la lecture à été conçu en collaboration avec des spécialistes de l'éducation et des orthophonistes. Une histoire introduit le monde de chaque lettre avant qu’un écran d'interactivité ne propose jeux et surprises.. Un "livre de Lémo" se constitue également tout au long de l'aventure, dans lequel l'enfant peut retrouver toutes les histoires entendues. Le programme repose sur une pédagogie remise à l’endroit, aidant l’enfant à s’approprier d’abord les lettres et groupes de lettres qui sont à la base du français, à repérer les sons, puis à assembler les lettres pour former des syllabes et des mots. Des comptines pleines d'humour viennent renforcer la distinction des lettres souvent confondues. L'environnement graphique et sonore mêle avec bonheur illustrations, modélisations et animations 3D… ■ SCOOBY DOO 2 6 à 10 ans, CD-rom PC/Mac, éd. Montparnasse multimedia / Géo, diff. Mindscape, 30 €. Rak, le fils d’un chef de tribu des Cro-Magnon, a disparu, enlevé par des inconnus. Sethi va tenter de le retrouver. En suivant un scénario palpitant, l’enquête permet de découvrir la vie quotidienne à la préhistoire, superbement reconstituée et animée. L’intrigue plonge l'enfant dans le paléolithique supérieur, entre -30.000 et -20.000 ans avant J.C., au moment où Cro-Magnon et Neandertal se sont sans doute croisés. Il s’initie aux techniques et coutumes des premiers hommes : chasse au mammouth, traque d’animaux dans la steppe, confection de tipi, outils de silex et d’os de rennes… et rencontre les personnages-clés de la tribu. Des fiches illustrées permettent d’en savoir plus sur la préhistoire. 38 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 SELECTION CD-Rom ludo-éducatifs par Pierre THOMAS ■ LA STATUETTE MAUDITE DE L’ONCLE ERNEST 8 à 12 ans, CD-rom PC/Mac, éd. Emme, 35 €. Pour cette aventure non linéaire, à solutions multiples, Chipikan recherche une formule secrète à travers toute l'Asie méridionale. En partant pour les terres enneigées du Népal, il ne se doute pas du long périple qui l’attend. Il devra surmonter bien des épreuves. Heureusement, il pourra compter sur le robot entièrement programmable et évolutif imaginé par l’oncle Ernest. L’intuition et la jugeote du joueur lui seront également fort utiles ! Ce scénario, parmi les plus abouti des "Oncle Ernest", enrichit une série qui ne peut que séduire par son univers réaliste et poétique comme par son originalité et la qualité de sa documentation. A noter l’exceptionnelle durée de vie de cet épisode, foisonnant de jeux et d’énigmes. ■ VOL DE NUIT CD-Rom PC/Mac, éd. Génération 5,40 €. Que serait l’impact des myriades d’insectes sur notre environnement si chaque nuit, les chauves-souris n’en prélevaient environ le tiers de leur poids et cela, durant quelque 180 jours d’affilée ? Indispensables aux équilibres naturels les animaux méconnus sont également responsables, dans les pays chauds, de la fructification de certaines plantes. Ce cédérom des chauvessouris d’Europe, très soigné et accessible à tous, fourmille de données techniques (les vitesses de vol, le système ultra performant du sonar,…), mais aussi historiques, littéraires, biologiques, sans oublier panoramas, vidéos, diaporamas, informations insolites, records, jeux, tests de connaissances et autres puzzles. ■ L’ENCYCLOPÉDIE DES OISEAUX L’encyclopédie des oiseaux, 2 CD-Rom PC, éd. Montparnasse multimedia / Géo, diff. Mindscape, 45 € Accessible à tous, cette encyclopédie des oiseaux d’Europe surprend par l’importance de son contenu : plus de 450 espèces décrites, 1600 photos haute résolution, 8 heures de sons MP3, 40 vidéos, une interface claire, des fiches richement illustrée donnant accès au chant de l'oiseau correspondant… Mais elle étonne aussi par la panoplie d’outils mis à la disposition de l’utilisateur : un carnet interactif permet d'importer ses propres photos et films et de noter ses observations ; la base de données, modifiable peut s’enrichir de nouvelles espèces en fonction des observations réalisées et chacun peut aussi créer des diaporamas personnalisés. Le coffret contient également un aide-mémoire de poche richement illustré. ■ DE LA MER AU SEL CD-Rom PC/Mac, éd. Génération 5,40 € Ce cédérom réalisé en collaboration avec l’Ecomusée du marais salant, vous propose de découvrir les marais salants charentais et de mieux connaître le sel. Au programme de votre voyage interactif, l’histoire des marais salants de Charente-Maritime de l’époque gauloise jusqu’à nos jours, des animations pour comprendre comment fonctionne un marais salant, la récolte du sel, la préparation du marais, le travail du saunier au fil des saisons, de petites expériences pour comprendre le principe d’un marais salant et tous les secrets du sel. Vous pourrez observer les plantes et les animaux qui vivent dans ces marais, profiter d’une visite guidée et visionner un film "Les quatre saisons du marais salant". TÉLÉVISION Les grandes manœuvres RENDEZ-NOUS NOTRE FILLE Quand l’administration par M.-Ch.RENAUD d’ANDRÉ n’a pas de cœur ឭឭ Est-on en mesure d’élever un en- Le beau capitaine Armand de La Verne parie, avec ses amis, de faire la conquête de la première femme qui entrera dans la pièce. C’est Marie-Louise qui se présente. ឭឭឭ Voilà l’un des films les plus fins et les plus brillants de René Clair. Des couleurs magnifiques soulignent la cruauté de cette histoire, magistralement interprétée. C’est drôle, émouvant et pathétique, et la fin laisse un goût amer. ឭឰ La conduite du héros est des plus légères, mais la leçon est bien cruelle. On ne badine pas avec l’amour. Comédie dramatique française (1955) de René Clair, avec Gérard Philipe (Armand de La Verne), Michèle Morgan (Marie-Louise Rivière), Jean Desailly (Victor Duverger), Pierre Dux, Jacques François, Yves Robert, Brigitte Bardot (1h47). Diffusion le lundi 11 juillet, sur France 3, à 23h30. L’île de Sercq, un tout petit monde Cet émouvant téléfilm pose une terrible question : peut-on élever un enfant quand on a un QI très faible ? M artin et Petra Kaminski sont des gens simples, à l’intelligence modeste et sans grande culture. Mais ils ont un cœur énorme et ils élèvent leur fille Lona, 5 ans, avec beaucoup de tendresse et d’amour. Un jour, le médecin qui s’occupe de l’enfant, constate qu’elle présente certains retards sur le plan intellectuel et il suggère aux parents de faire appel à une assistante familiale. Celle-ci se révèle tellement envahissante et directive qu’ils lui demandent de ne plus revenir. Mais la machine infernale est enclenchée et, très vite, Lona leur est retirée par les services sociaux. fant lorsqu’on n’a pas un QI très élevé ? Telle est la question ignoble qui est posée dans ce téléfilm adaptation d’un fait authentique. Il y a du Kafka dans cette histoire qui plonge un couple de parents dans une affaire qui les dépasse et aurait pu les briser. Les comédiens (dont Matthias Brandt, fils de l’ancien chancelier allemand) sont sensationnels, car ils parviennent à exprimer, sans trop d’excès, la simplicité de leurs personnages. ឭឭឰ Heureusement que les parents sont des êtres débordant d’amour pour leur fille, car on ne peut pas dire que les autorités sociales soient gâtées (mépris ( Un couple modeste est brutalement plongé dans un monde kafkaïen des autres, dureté de cœur, prétention, etc.). Quant à la famille d’accueil, elle se montre intelligente et noble. ■ Rendez-nous notre fille. Téléfilm allemand (2004) de Stephan Wagner, avec Juliane Köhler (Petra Kaminski), Matthias Brandt (Martin Kaminski), Amber Bongard (Lona Kaminski), Anneka Kim Sarnau (Annett Fink), Heikko Deutschmann (Kai Gerber), Lena Stolze (Gabriele Lohse), Aglaia Szyszkowitz (1h28). Diffusion vendredi 15 juillet, sur Arte, à 20h40. Les frangines Michel Baumont règne en souverain sur une petite île située à 35 km des côtes françaises, mais rattachée à la couronne d’Angleterre, moyennent un modeste loyer annuel. ឭឭឭ Ce drôle de petit paradis anglonormand est visité, de temps en temps, par la reine d’Angleterre. Il y a dans ce documentaire un humour et un esprit très british. Mais, il ne faut pas s’y tromper ! Si le long de la côte sauvage le système fonctionne bien, les insulaires craignent que l’île ne résiste pas aux pressions extérieures. «Il faut évoluer, oui, mais pas trop vite !». Réjouissant. A la mort de son père, Alix, un ravissant top model, apprend de la bouche du notaire, qu’elle a une demi-sœur, à laquelle son défunt père lègue la moitié de sa fortune. Furieuse, Alix comprend qu’elle devra vendre sa maison... ou la partager. Lorsqu’elle rencontre sa demi-sœur, c’est le choc : Noémie est chauffeur routier et elle est aussi gouailleuse que la belle Alix est sophistiquée et élégante. ឭឭ Avec un sujet pareil, on pouvait craindre le pire. Aussi la surprise est-elle grande de découvrir une charmante comédie, qui joue astucieusement sur les différences entre les deux comédiennes, les côtés pimbêche de l’une et populaire de l’autre faisant merveille. Arielle Dombasle est parfaitement utilisée et elle sait modérer son jeu pour éviter l’outrance. C’est parfois excessif quand même, mais c’est très amusant. Et, pour une fois, les choses sont à peu près équilibrées entre la prolo et la «grande-duchesse». ឭឭ Cette histoire rigolotte distille quelques belles leçons de vie. Au contact l’une de l’autre, les deux demi-sœurs vont apprendre à s’estimer et à s’aimer. Documentaire de Joost Seelen (0h55). Diffusion le jeudi 14 juillet, sur Arte, à 22h45. Téléfilm français de Laurence Katrian, avec Arielle Dombasle (Alix), Michèle Bernier (Noémie), Pedro Mourao (Marc-Antoine), Paul Pires (Lorenzo), Isabel Cruz (Ingrid). Diffusion le mercredi 13 juillet, sur TF1, à 20h55. FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 39 "Les derniers Araméens" Voyage avec Robert et Lucienne Masson A partir de 1550 € - Pays traversé : Turquie Voyage culturel du 16 au 26 octobre, accompagné par le conférencier Sébastien de Courtois. Dans le saint des saints, une colombe semble venir se désaltérer... Midyat, Pâques, Dans la grande église de l'ensemble du clergé "la fête des fêtes", réunit êque. En ce jour, l'év de our et du peuple aut ne saurait diminuer e aucune tragédie historiqu vaincu". été a r nfe "l'e la certitude que Après les exorcismes et les formules de renonciation à Satan, avant la récitation du Credo, Mgr Aktas oint l'enfant de myrrhon, huile sainte, signe de réconciliation, d'illumination et de consécration. Face aux pressions de conversion à l'islam, et à l'exode grandissant, le baptême d'un enfant demeure un événement majeur de la vie communautaire, mêlant joie et gravité. Le cimetière du village de Killeth, et ses remarquables cénotaphes syriaques. De facture récente, ces monuments funéraires s'inspirent néanmoins de modèles anciens. Le village ayant été déserté par tous ses habitants, seules les tombes conservent le souvenir révolu d'une présence chrétienne sur cette terre d'Orient. L'historien Sébastien de Courtois vient de publier un ouvrage intitulé "Les derniers Araméens". Ce livre reçoit un très grand succès autant chez les libraires que dans les critiques. Nous avons la joie et l'honneur de vous proposer de vivre onze jours en compagnie de l'auteur qui vous conduira avec passion dans les lieux qu'il a longuement fréquentés et dans lesquels il a appris à connaître cette partie très méconnue des confins de la Turquie, redécouvrant une histoire extrêmement riche et une population d'autant plus ouverte à accueillir des hôtes qu'elle n'habite pas une région fréquentée par les touristes. DIMANCHE 16 OCTOBRE PARIS - ISTANBUL LUNDI 17 OCTOBRE DIYARBAKIR - MIDYAT Visite du centre ville de Diyarbakir et de son ancien quartier chrétien où des églises sont laissées à l'abandon. Entrée dans le Tur Abdin, par une porte magistrale : le site d'Hasankeif où coule le Tigre. MARDI 18 OCTOBRE MIDYAT - AÏN WARDO - MONASTERE SAINT-LAZARE Midyat, est la capitale du Tur Abdin. Visite d'Aïn Wardo, situé sur le sommet d'une colline et possèdant une importante église fortifiée, dédiée à Mar Hadbshabo, saint Dominique. MERCREDI 19 OCTOBRE MIDYAT - NAUSAYBIN - MONASTERE SAINT-EUGENE Expédition sur les contreforts orientaux du Tur Abdin, vers la Syrie, à Nausaybin, l'ancienne Nisibe. L'église Saint-Jacques, construite au IVe siècle, représente l'ultime vestige de cette page d'histoire. Marche sur les flancs du mont Izlo où se trouve le monastère Saint-Eugène, lieu de fondation du premier monastère du Tur Abdin. JEUDI 20 OCTOBRE MIDYAT - SAINT-GABRIEL Découverte du monastère Saint-Gabriel qui constitue le vrai centre spirituel et politique du Tur Abdin. Rencontre avec les Araméens. VENDREDI 21 OCTOBRE MIDYAT- SALAH - HÂH Visite du monastère Saint-Jacques-le-Reclu-de-Salah qui selon la tradition hagiographique, fut fondé au IVe siècle... Ensuite, route pour le monastère de la Vierge à Hâh. SAMEDI 22 OCTOBRE MARDIN - URFA Mardin, au pied de la ville, le petit monastère SaintMichel offre une vue inoubliable sur le début de la plaine de Mésopotamie... DIMANCHE 23 OCTOBRE URFA - HARRAN -URFA Découverte d'Urfa, l'ancienne Edesse de l'Antiquité... LUNDI 24 OCTOBRE URFA - ANKARA - ISTANBUL MARDI 25 OCTOBRE ISTANBUL Visite de Sainte-Sophie... Découverte de Saint-Sauveurin-Chora, joyau de la cité par l'éclat et la fraîcheur de son décor intérieur, de ses peintures et mosaïques. MERCREDI 26 OCTOBRE ISTANBUL - PARIS Un ancien du village de Kferzé. ✁ Bon à retourner à Terre Entière, 10 rue de Mézières, 75006 Paris Tél. 01.44.39.03.03, fax 01.42.84.18.99. ❏ Je demande une documentation complète pour le voyage "Les derniers Araméens" du 16/10/2005 au 26/10/2005. ❏ Je demande la brochure "Croisières et Voyages culturels" qui comporte toute la programmation 2005. Nom :............................................. Prénom : ......................................................... Adresse : ................................................................................................................. ............................................................................................................................... Code postal : ..............Ville :................................................................................... Au sud du Tur Abdin, Nusaybin, l'ancienne Nisibe. Autrefois un grand centre urbain et marchand placé sur la route de la Soie, la ville abrita une importante communauté chrétienne dès les origines apostoliques.