18 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005

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18 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
FRANCE Catholique
FRANCE
n°2984 - 8 juillet 2005
3, 50 €
www.france-catholique.fr
ISSN 0015-9506
81 ème année - Hebdomadaire
Les Français
connaissent-ils
Allemagne
l’
?
BREVES
FRANCE
POLITIQUE : Dans sa conférence de presse
du 30 juin, le Premier ministre a déclaré que
la récidive devait conduire à des peines aggravées et que les décisions de justice devaient être rendues plus rapidement ; son
plan pour l’emploi sera mis en place le 1er
septembre ; 1000 radars devraient être installés sur les routes fin 2005 et 500 de plus
en 2006.
A deux ans des échéances électorales, les
grandes manœuvres se multiplient au sein
des partis ; lors d’un meeting à Grand-Quevilly, le 2 juillet, Laurent Fabius a dévoilé l’ébauche de son programme présidentiel.
FINANCES PUBLIQUES : Le ministre délégué
au Budget, François Coppé, a précisé le 28
juin que la hausse des dépenses dans le budget de 2006 sera limitée à 1,8% correspondant au taux d’inflation ; 5 300 emplois
publics devraient être supprimés ; les déficits
publics atteindraient 2,7% du PIB contre
2,9% cette année. D’autre part, le ralentissement de la croissance a réduit de 4 milliards
les recettes fiscales de 2005 ; le gouvernement a donc annoncé son intention de
vendre la totalité de ses parts dans les sociétés d’autoroutes partiellement privatisées ; il
espère en retirer 11 milliards d’euros qui
seraient consacrés à la réduction de la dette
publique. Quant au déficit de l’UNEDIC, il
devrait atteindre 3,4 milliards en fin d’année ; le nombre de chômeurs diminuerait au
total de 67 000 en 2005.
SOCIAL : Le secrétaire général de FO, JeanClaude Mailly, a donné le 29 juin rendezvous au Premier ministre en septembre, préparant une forte mobilisation avec les autres
syndicats.
Hausse du SMIC et de diverses allocations le
1er juillet, sauf pour les allocations de chômage, faute de moyens ; mais hausse du prix
du gaz et des tarifs de transport. Le même
jour, entrée en vigueur du dispositif du
médecin traitant.
Bien que les résultats de son plan de cohésion sociale tardent à se manifester, J.L.
Borloo a pronostiqué le 1er juillet à Nancy
une baisse du taux de chômage qui atteindrait 8% de la population active en 2007 et
6% en 2010 au lieu de 10% actuellement.
COMMERCE : Le premier salon international
pour un commerce équitable se tiendra en
banlieue parisienne du 1er au 4 octobre avec
une centaine d’exposants de plusieurs continents.
CLIMAT : Conséquence de la vague de chaleur, 33 départements ont pris des arrêtés
limitant l’usage de l’eau ; ils pourraient être
plus de 70 cet été ; en particulier, les rivières
ont du mal à refroidir les rejets d’eau des
centrales nucléaires. On comptait le 29 juin
en France 4 victimes de la canicule par hyperthermie.
2
JUSTICE : Dans le cadre de l’affaire Rhodia,
la Justice a perquisitionné le 27 juin le domicile et les bureaux de Thierry Breton à
Bercy en raison du rôle joué par l’intéressé
comme administrateur du comité d’audit du
groupe chimique entre 1998 et 2002. Une
perquisition a également été menée à
Canal+ relativement à une opération avec
Thomson alors présidée par l’actuel ministre
de l’Economie et des Finances. Surpris, le
ministre a dénoncé une manipulation dans
un contexte marqué par de fortes tensions
entre politiques et magistrats.
La cour d’assises spéciale de Paris a condamné le 29 juin à des peines de 2 à 20 ans de
réclusion criminelle 14 militants basques et
bretons jugés pour le vol de 8 tonnes d’explosifs à Plevin en 1999.
Au procès des pédophiles d’Angers, entre 20
et 30 ans de réclusion criminelle ont été
requis le 1er juillet contre les principaux accusés ; le verdict n’est attendu que vers le 25
juillet en raison du grand nombre de prévenus.
TOURISME : Avec 6 230 000 visiteurs en
2004, la tour Eiffel est le monument payant
le plus visité au monde ; une enquête menée
par l’institut TNS révèle que 86% des visiteurs sont des étrangers ; sur les 14% de
Français, seuls 2% sont des Franciliens.
FRANCE
G8 : A l’occasion de la Journée d’action
contre la pauvreté, une dizaine de concerts
ont été organisés le 2 juillet dans quelques
grandes villes (Londres, Berlin, Paris, Moscou,
Tokyo…) pour faire pression sur les dirigeants
du G8 réunis les 6 et 7 juillet en Ecosse, afin
qu’ils fassent davantage pour l’Afrique ; le
même jour, 120 000 personnes ont défilé à
Edimbourg dans le même but. De leur côté, J.
Chirac, V. Poutine et G. Schröder réunis le 3
juillet à Kaliningrad ont affirmé la possibilité
d’un accord sur le changement climatique au
même sommet du G8.
ESPACE : La sonde américaine Deep Impact
a largué le 3 juillet un module de 370 kgs
destiné à percuter la comète Tempel 1, à 133
millions de km de la terre, dans l’espoir de
percer les secrets de l’origine du système solaire ; le choc équivalent à l’explosion de 4,5
tonnes de TNT devait créer un cratère dans le
noyau de la comète et projeter dans l’espace
des tonnes de particules donnant des informations sur les nuages de gaz et de poussière qui l’entourent ; les images du choc ont
été enregistrées le 4 juillet.
EUROPE : Les six partenaires du réacteur à
fusion nucléaire ITER ont entériné le 28 juin
à Moscou le choix du site de Cadarache
(Bouches-du-Rhône) ; mais si l’Europe empoche la mise, le Japon a obtenu de substantielles compensations en termes de
contrats et d’emplois. Les élus locaux es-
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timent que la construction d’ITER créera 500
emplois directs et 3 000 indirects, dont
1 400 en Provence ; durant l’exploitation du
site, 1 000 personnes seront employées par
ITER, dont 400 scientifiques aux deux-tiers
étrangers.
Les 25 pays membres de l’Union européenne
ont entériné le 27 juin les choix effectués
par l’entreprise Galiléo, implantée à
Bruxelles, pour mener à bien son projet de
communications par satellites, concurrent
du GPS américain et qui devrait être opérationnel en 2010.
Tony Blair a annoncé le 1er juillet un sommet
sur l’avenir de l’Europe à Londres à l’automne prochain.
Réunis les 4 et 5 juillet à Evian, les ministres
de l’Intérieur des principaux membres de
l’Union européenne ont évoqué la lutte contre
le trafic des stupéfiants, le terrorisme et la criminalité organisée. On apprenait au même
moment que la CIA aurait monté à Paris un
centre anti-terroriste ultra-secret en accord
avec la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure).
IRAN : Washington soupçonne le nouveau
président élu d’avoir trempé dans la prise
d’otages de 1979 à l’ambassade des EtatsUnis à Téhéran. De son côté, l’Iran a prévenu
le 3 juillet l’Union européenne que toute
proposition sur ses activités nucléaires serait
subordonnée à la reconnaissance du droit de
la république islamique aux technologies
sensibles comme le nucléaire.
ARABIE SAOUDITE : Le chef d’Ai-Qaïda en
Arabie saoudite a été tué le 3 juillet à Ryad
au cours d’un accrochage avec les forces de
sécurité.
IRAK : Le chef de la mission diplomatique
égyptienne a été enlevé le 2 juillet à Bagdad ;
c’est le premier enlèvement d’un ambassadeur
depuis la chute de Saddam Hussein.
TURQUIE : Le Premier ministre grec, Costas
Caramanlis, se rendra prochainement en
visite officielle à Ankara ; première visite de
ce genre depuis 1959.
ALBANIE : Les Albanais ont voté le 3 juillet
pour des législatives cruciales pour l’avenir
européen du pays ; un accord d’association
avec l’Union européenne pourrait être signé
en 2005 en fonction des résultats ; ceux-ci
restaient incertains le 4 juillet.
ALLEMAGNE : Le chancelier Schröder a
annoncé le 1er juillet qu’il demandait au président de la République la dissolution du
Bundestag afin d’organiser des élections
anticipées.
GRANDE-BRETAGNE : La reine Elizabeth II a
passé en revue le 28 juin à Portsmouth la
plus grande flotte internationale jamais rassemblée à l’occasion du 200ème anniversaire
de la bataille de Trafalgar ; la France était
représentée par six navires dont le porteavions Charles de Gaulle.
J.L.
EDITORIAL
SOMMAIRE
ACTUALITÉ
4 GOUVERNEMENT
Subversion
nihiliste
Sarkozy sur tous les fronts
Alice Tulle
5 SOCIETE
Homophobie : de quelle peur parle-t-on ?
Tugdual Derville
6 G8
Economie en Ecosse
Yves La Marck
7 ELECTIONS
La surprise en Iran
Yves La Marck
DOSSIER
8 AVANT LES JMJ
Comprendre l’Allemagne
entretien avec Edouard Husson
Alexandre Liagat, Alexandre Da Silva, Denis Lensel
ESPRIT
15 LECTURES
15e dimanche du temps ordinaire
Père Michel Gitton
16
EN MEMOIRE DES JOURS
17
ECCLESIA
20
EGLISE
22
COMMUNAUTES Les bénédictines de Valognes
24
PHILIPPINES
Otages en Irak
Robert Masson
Deux-cent millions d’esclaves
Giancarolo Giojelli/Zenit
Les femmes au Vatican
Jacques Chastan
par une moniale
Le cardinal Jaime Sin
Père Jean-François Thomas
MAGAZINE
26 ”ARTS PREMIERS”
L'homme et ses masques
Alain Solari
28
TEMOIGNAGE
29
THEATRE "Candide..." "La savetière prodigieuse"
30
MUSIQUE
Emotion et spirituel à Vézelay
32
MUSIQUE
“Chemins de musique” à Ligugé
33
CINEMA
34
BLOC-NOTES
38
MULTIMEDIA
CD-Rom ludo-éducatifs
39
TELEVISION
Sélection de la semaine
36
LIBRAIRIE
Michelle Cressent
Jacques Chastan
Pierre François
Pierre François
Pierre François
"La moustache"
Marie-Christine Renaud d’André
Vie associative et d’Eglise
Brigitte Pondaven
Pierre Thomas
Marie-Christine Renaud d’André
Ethique, politique et Foi
Couverture : © Emmanuel Chaunu
Vous appréciez la nouvelle formule de
“France Catholique” ? N’oubliez-pas que
nous la devons, entre autres, à la
générosité de nos annonceurs. N’oubliez
pas de répondre favorablement à leurs
sollicitations : bons réponses, etc.
a légalisation quasi simultanée du pseudo-mariage homosexuel
en Espagne et au Canada constitue un signe des temps des plus
alarmants. Lorsque les Etats trouvent des majorités parlementaires pour avaliser des lois qui ne relèvent pas du choix politique proprement dit, c'est que la politique est malade, faute
de reconnaître d'abord qu'une transgression de l'ordre familial atteint
un domaine que l'on désigne généralement aujourd'hui comme symbolique et qui surplombe tous les choix qui reviennent à des dirigeants politiques. Ou bien alors il faut avaliser le trop célèbre slogan "tout est
politique", ce qui est la formule la plus adéquate du totalitarisme moderne. Car le sommet du totalitarisme, bien au-delà des abus de pouvoir
qui qualifient (d'ailleurs abusivement) "les régimes autoritaires", se
situe dans la prétention d'être maître des symboles et des principes.
Ce n'est pas pour rien que le cardinal
Ratzinger et le philosophe Jürgen Habermas
s'accordaient sur la nécessité de reconnaître "les fondements pré-politiques du politique". L'ordre anthropologique s'impose
au politique pour mettre hors de toute délibération ce qui concerne le respect absolu
des lois non écrites. Certes, il peut y avoir
une ambiguïté dans la philosophie de la
démocratie, que l'on retrouve chez tous les
grands penseurs du contrat social (Rousseau
et Hobbes par exemple), prolongée de nos
par Gérard LECLERC
jours par des théoriciens qui expliquent
qu'en régime démocratique le lieu du pouvoir est "vide". En d'autres termes, il n'est rien d'incontestable, rien de
définitif, rien qui ne soit soumis à une délibération qui peut rendre
caduc ce qui la veille encore était considéré comme la règle.
Qui ne voit les dommages considérables d'une telle conception qui,
partant du refus absolu de l'autorité, aboutit à donner à l'opinion des
pouvoirs exorbitants ? Et cela d'autant plus que la volonté de puissance
est sans contrepartie. En période de nihilisme, tout est possible, y compris
les législations eugénistes qui, furtivement, admettent le principe de l'éradication des défauts biologiques par la sélection qui élimine de fait les
handicapés. Les régimes totalitaires d'hier s'étaient conféré ce type de
pouvoir. Les démocraties se croient fondées à les imiter au prétexte
qu'elles ne sont pas des régimes d'autorité.
Dans le cas du pseudo mariage homosexuel, la transgression est
patente. Elle justifie un devoir de désobéissance civique. Sera-t-il reconnu ? Obligera-t-on les officiers municipaux et les magistrats à agir
contre leur conscience ? Dans cette hypothèse, le principe qui singularise la démocratie par rapport à la tyrannie serait bafoué, mais ce serait
dans la logique d'une souveraineté de la loi qui marque l'ambiguïté
fondamentale de la modernité. L'Eglise s'oppose à ces dérives avec la
force de sa liberté spirituelle. Beaucoup s'en indignent et voudraient
détruire cette liberté, ne serait-ce qu'en portant atteinte à la symbolique propre à l'institution. La pseudo ordination d'une femme prêtre à
Lyon n'est pas une provocation anodine. On veut faire rentrer l'Eglise
dans le désordre commun, et la rendre complice d'un nihilisme dont elle
est aujourd'hui le seul adversaire résolu. ■
L
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3
ACTUALITE
GOUVERNEMENT
par Alice TULLE
Sarkozy
sur tous les fronts
Les "petites phrases" du ministre de l’Intérieur provoquent
l’indignation de la gauche et l’embarras de
ses collègues sans gêner Nicolas Sarkozy
qui occupe méthodiquement le terrain.
epuis quelque trente
ans, il est acquis chez
les socialistes qu’il
faut "rassembler à
gauche" pour gagner
la bataille électorale et ensuite
gouverner au centre. La phase
du rassemblement est bien
entendu celle des grands discours de rupture, qui ne pèsent
plus grand-chose lorsque
l’heure des compromis pragmatiques a sonné. Personne ne
s’étonne de ce jeu – ni les partisans, ni les adversaires de la
gauche.
Nicolas Sarkozy, qui est
manifestement en pré-campagne électorale, semble avoir
choisi la même méthode. Pour
le moment, il "rassemble à
droite" sur le thème de l’autorité de l’Etat et du maintien de
l’ordre – mais rien ne dit qu’il ne
sera pas, s’il entre à l’Elysée, un
président soucieux de maintenir les grands équilibres politiques par une attitude sagement
centriste.
Cependant, le ministre de
l’Intérieur ne veut pas jouer
avant l’heure le rôle arbitral
dévolu au président de la République : il se soucie avant
tout d’occuper le terrain en
jouant de l’indignation de ses
censeurs et du retentissement
médiatique de ses actes et de
ses propos – quels qu’ils soient.
Telle qu’elle a été exécutée tout
au long du mois de juin, cette
tactique est un succès.
D
(
Déjà, après les échauffourées de Perpignan, le ministre
tout récemment nommé avait
déclaré qu’il jetterait les voyous
en prison ; après la mort d’un
jeune garçon frappé d’une balle
à La Courneuve, il avait annoncé un "nettoyage au Karcher" de la Cité des 4 000 ;
après le meurtre le 2 juin d’une
jeune femme par un multirécidiviste remis en liberté, il s’était
exclamé que le juge qui avait
pris cette décision devrait "payer" pour sa "faute" ; après l’annulation, suite à une erreur
technique, dans une procédure
visant 22 personnages du milieu grenoblois, le ministre avait
une fois de plus sévèrement mis
en cause les magistrats.
Chaque "petite phrase" de
Nicolas Sarkozy a provoqué les
vives réactions des syndicats
de magistrats et des organisations de gauche qui ont dénoncé tantôt l’atteinte à la
séparation des pouvoirs, tantôt
le "populisme" du ministre de
l’Intérieur. Les médias, qui
avaient largement répercuté
les diatribes ministérielles, ont
fait un large écho à ces réactions qu’elles sollicitent d’ailleurs volontiers – pour faire du
spectacle ou dans l’espoir de
mettre le ministre en contradiction avec ses collègues, visiblement embarrassés.
Mais Nicolas Sarkozy joue
avec les médias et s’en joue.
Dans leur succession d’instan-
tanés, il capte l’instant, il fait
l’image et les trois mots qui
l’érige en fait marquant de la
journée ou de la semaine. Les
mises au point de la partie
adverse et surtout l’évolution
des enquêtes n’ont qu’un très
faible impact : il est vrai que les
décisions de mise en liberté
provisoire sont collégiales, on
sait maintenant que le jeune
garçon tué à La Courneuve ne
s’est pas trouvé au milieu d’une
rixe entre gangs rivaux mais
fut la victime accidentelle
d’une "affaire de cœur".
Les syndicats de magistrats
publient des mises au point, la
gauche soigne ses communiqués mais c’est encore le ministre
de l’Intérieur qui fait l’actualité
en annonçant qu’il va revenir à La
Courneuve. Et son retour, dans
l’après-midi du 29 juin, constitue d’ailleurs l’événement
politique de la soirée. Pas de
Nicolas Sarkozy propose 46 emplois
immédiatement disponibles
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vain effet d’annonce : l’homme
qui parlait de "nettoyage" est
accueilli par les huées d’une
cinquantaine de jeunes gens
mais il fait face et ses répliques
sont sans appel. Surtout, il propose 46 emplois immédiatement disponibles, 150 places
en contrat d’apprentissage et le
parrainage de prestigieux établissements d’enseignement
supérieur – retour discret de la
discrimination positive qui
vient d’être récusée par le président de la République.
Autant de mesures concrètes
qui s’inscrivent dans une "action de reconquête de la dignité". Le "Karcher" est enterré
et le sondage du jour désigne
Nicolas Sarkozy comme le futur
vainqueur de la présidentielle,
ce qui lui vaut soudain le respect des journalistes qui n’appréciaient pas son "populisme".
Un rythme aussi haletant
peut-il être maintenu très
longtemps ? Le coureur qui
saute les haies ne se pose pas
de question, il court. ■
ACTUALITE
De quelle
peur
par Tugdual DERVILLE
parle-t-on ?
près les Pays-Bas, la
Belgique et le Canada, l’adoption, le
30 juin, d’une loi instaurant le mariage
homosexuel en Espagne porte
à quatre le nombre des pays
ayant "brisé le tabou". Dans
trois d’entre eux - la Belgique
faisant exception - la loi inclut
le droit à l’adoption d’enfants.
En autorisant dès 1989 un
"partenariat enregistré" le Danemark fut précurseur, bien
avant le pacs français de 1999.
Successivement, le Portugal,
l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont suivi ce mouvement.
L’adoption est même autorisée
outre-Manche.
En France, c’est comme
"célibataires" adoptants ou par
l’utilisation des techniques
artificielles, qu’elles soient
"bricolées" à domicile ou obtenues en Belgique, que des
couples homosexuels peuvent
obtenir des enfants. La Suède
vient à son tour d’autoriser les
lesbiennes à avoir recours à
l’insémination artificielle et à la
fécondation in vitro. Aux EtatsUnis, seul le Massachusetts reconnaît le mariage gay, les
tentatives californiennes de
2004 qui inspirèrent le maire de
Bègles s’étant soldées, comme
en France, par leur annulation
en justice.
Peu à peu, dans les pays "développés", la pensée dominante
impose aux esprits l’effacement
de la distinction entre homme et
femme comme élément structurant la société. De nouvelles
"autorités morales", à l’image
A
d’Amnesty International, applaudissent comme un progrès
cette évolution au nom du
"principe d’égalité réelle". Et
voilà les Eglises réduites à la
protestation, impuissantes à
faire valoir le droit des enfants,
quand elles ne sont pas à leur
tour mises en demeure de célébrer des mariages religieux homosexuels, là où l’union civile
est déjà entrée en vigueur.
En France, la nouvelle vague
rose semble irrésistible. JoseLuis Zappatero est un modèle
pour les socialistes. Là où la
dominante libérale-libertaire ne
permet plus une claire distinction entre droite et gauche,
cette "question de société" leur
apparaît une aubaine. D’autant
qu’ils bénéficieront de puissants
relais médiatiques.
Quant à l’actuelle majorité,
elle semble en passe de baisser
les bras. Dominique de Villepin,
s’il se déclare opposé au mariage et à l’adoption pour les
couples homosexuels, prend
soin d’ajouter la mention "à titre
personnel" qui fragilise la crédibilité de sa déclaration. Comme
son prédécesseur à Matignon, il
se sent obligé de surenchérir :
"La priorité, c’est de lutter
contre toutes les formes de
discrimination, dont les homosexuels sont encore trop souvent les victimes". Et il faut
noter l’hommage qu’il rend à la
gauche au surlendemain de la
Gay-Pride : "Le Pacs a permis
Ci-dessous,
char de la dernière
gay-pride à Paris :
pour le droit au
mariage républicain
© F. AIMARD
Est-ce céder à la paranoïa que
de penser que la France donnera bientôt la possibilité aux couples
homosexuels de bénéficier du régime du mariage républicain, avec faculté
d’adopter des enfants ? Force est de constater en tout cas que les
dénégations des politiques sont faibles.
de progresser dans la voie du
respect et de la tolérance. Je
présenterai des mesures prochainement pour l’améliorer".
Que signifie son vœu que "le
débat puisse se poursuivre en
toute sérénité" ? Des conseillers
ministériels de l’actuelle majorité avouent que l’origine de ces
propos est bien la peur. Le lobby
homosexuel, implanté dans
chaque parti, tétanise et terrorise. Cependant son audace
irrite. Et même à gauche, malgré
les discours convenus. Avant les
élections régionales, tel candidat socialiste se laissait aller à
confier son exaspération à un
collègue du camp opposé, se
disant écœuré du clientélisme
gay sévissant en certains lieux,
en certaines villes, dans son
propre parti ! Certains prédisent
que le voile se lèvera bientôt sur
la rareté des "victimes de l’homophobie". L’emblématique
Sébastion Nouchet qui dit avoir
été incendié par des barbares
est désormais suspecté d’être
un mystificateur (l’Express du
23 mai). Ce fait-divers a pourtant déjà produit ses effets avec
la création de la Halde, structure
gouvernementale anti-discrimination installée le 23 avril.
S’il y a quelque chose de
profondément vrai et d’attristant dans le mot homophobie
qui constitue depuis des années
l’imparable sésame du lobby
gay, c’est qu’il instille partout
de la peur vis-à-vis des personnes homosexuelles. Et il
n’est pas certain qu’elles y
trouvent plus de respect. Chacun, sur ses gardes, censure sa
liberté d’expression. L’hypocrisie s’installe. Mais pas totalement : les leaders féministes
qui réclament la priorité à la
lutte contre le sexisme ont osé
protester contre les privilèges,
jugés indus, obtenus par les
gays... ■
Le lobby homosexuel, implanté dans
chaque parti, tétanise et terrorise
FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
(
SOCIETE
5
ACTUALITE
MONDIALISATION
par Yves LA MARCK
Economie en Ecosse
Le sommet du G8 à Gleneagles (6-8 juillet)
a consacré l’annulation de la dette des pays
pauvres sans se prononcer sur le financement
de leur développement.
endant huit jours,
l’attention du monde
développé, spécialement aux Etats-Unis
et en Grande-Bretagne, a été attirée par une
médiatisation sans précédent
sur les problèmes de l’Afrique et
les questions de développement. Il faut rendre cet hommage à ce communicateur de
génie qu’est le premier ministre
britannique Tony Blair, version
publique du chanteur Bob
Geldof qui a tenu à Edimbourg
son grand concert live pendant
qu’à quelques miles de là, Tony
Blair écrivait la partition.
L’Afrique en a besoin et on
aurait mauvais gré d’ergoter
sur les méthodes. Tout est bon
à prendre. On se félicitera plutôt que la campagne des Eglises
en faveur de l’annulation de la
dette ait produit ses fruits et
permis de renverser la vapeur.
Les institutions financières
internationales n’en peuvent
mais. Elles n’en pensent pas
moins pour autant.
Deux logiques s’opposent
radicalement : celle du don et
celle du prêt. La théorie économique ne s’est toujours pas
réconciliée avec la première.
Fondée sur l’intérêt, qui représente le choix de l’avenir par
rapport au présent, elle n’a
jamais accepté une sorte de
taux zéro qui est la négation de
la notion de valeur et de prix.
De la même façon, elle a jusqu’à présent hésité à quantifier
P
(
des biens réputés gratuits, donc
sans valeur. Ceci est connu depuis
la plus haute Antiquité. La surprise
est venue cette fois de l’engagement personnel de Tony Blair, à
contre-courant des autres gouvernements et spécialement de
celui des Etats-Unis. Il a décidé
sans grande consultation que
l’Afrique et le changement
climatique seraient les deux
priorités du sommet, à la place
du terrorisme et de la prolifération nucléaire.
Il n’aura de la part du président Bush obtenu ni augmentation sensible des montants
d’aide au développement ni
aucune concession sur la protection de l’environnement. Il
aura néanmoins réalisé une
percée significative dans le
domaine de la dette multilatérale (Banque Mondiale pour
l’essentiel).
Ce n’est pas grand-chose
pour certains : 18 pays seulement pour quarante milliards
de dollars dont on n’est même
pas sûr qu’il sera possible de
les reconstituer pour les consacrer aux secteurs sociaux.
D’autres pays suivront. On a
sans doute surestimé les forces
et la volonté politique des
grands argentiers de la planète.
Néanmoins, quand on sait que
le Honduras et le Nicaragua
sont dans la liste des bénéficiaires, on mesurera le chemin
accompli depuis le refus de
toucher à la dette de ces pays
ravagés en 1998 par la fa-
meuse dépression Mitch. Depuis le tsunami est passé par là.
Mais la dette des pays touchés
en Asie attendra encore. La
raison en est qu’ils sont plus
intégrés dans les circuits financiers internationaux que l’on
voudrait éviter de perturber
gravement. On a fait une exception pour l’Afrique et
quelques républiques bananières parce que cela n’a pas
grande importance en macroéconomie (moins de 2% du
commerce mondial).
En bon lecteur de Montesquieu, Blair sait pourtant que
l’Afrique n’est finalement pas
une exception mais peut rapidement devenir la règle si le
climat venait à se dérégler
durablement. Le développement durable n’est en réalité
que l’envers du sous-dévelop-
L'économie libérale n'est-elle pas née en
Ecosse de la dévalorisation de la "charité" ?
6 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
pement : réchauffement, désertification, déboisement,
dépressions, le cycle est connu.
Toute augmentation de l’aide
serait annulée par de tels phénomènes. A l’inverse, une exploitation rationnelle des
ressources naturelles dispenserait de la “charité” internationale, terme si galvaudé qu’il
sert désormais aux économistes libéraux pour déconsidérer
le don. L’économie libérale
n’est-elle pas née en Ecosse de
la dévalorisation de la “charité”
qui pendant des siècles avait
été la règle dans le monde et
la providence du pauvre. Son
fondateur, Adam Smith, Ecossais, est mort à Edimbourg en
1790. Deux cent quinze ans
plus tard, il n’est pas indifférent que ce soit dans cette
même ville que la situation a
été jugée si grave que les pays
les plus industrialisés sont
amenés à revisiter – à la marge
- ces fondamentaux. ■
ACTUALITE
MOYEN-ORIENT
surprise en Iran
par Yves LA MARCK
La
L’élection à la présidence de la
République iranienne d’un candidat quasiinconnu, contre le vétéran Rafsandjani,
fait craindre un retour en arrière.
L
un poste élevé échappe au
clergé. Mais c’est au profit des
militants de la révolution, de
ces jeunes portés par le mouvement dont on se souvient qu’il
avait pris le nom des déshérités. D’origine modeste, et qui
l’est resté, le nouveau président est un modèle
d’austérité islamique
autant que de militantisme populiste. Le
contraste ne pouvait être plus
flagrant avec le candidat du
Bazar, qui règne sur le monopole de la pistache.
Personne n’avait imaginé
que la chute de Saddam Hussein en Irak signifiait rétrospectivement la victoire de ceux
qui l’avaient combattu le plus
ardemment en Iran. Et pourtant nous en voyons la logique.
Déjà les chiites irakiens avaient
pris dans le gouvernement de
Bagdad la place dont ils avaient
toujours été privés. Mais on ne
pensait pas que l’effet de choc
allait se répercuter de cette
façon de l’autre côté de la frontière.
Les observateurs avaient
échafaudé un scénario différent. Les élections irakiennes
allaient, croyait-on, faire des
émules, la démocratisation
gagner la théocratie iranienne,
libérer la société d’un islam radical. Vu d’Iran, on ne doit pas
avoir la même analyse de ce qui
se passe en Irak. On n’y voit rien
de semblable. La société irakienne était certainement plus
sécularisée au temps du régime
laic de Saddam qu’aujourd’hui.
En revanche, la société iranienne s’est libéralisée depuis la
disparition de l’imam Khomeini,
et rapidement au cours des dernières années, même si la présidence réformiste est loin d’avoir
produit les résultats attendus
du fait de la division du pouvoir
au sommet et de l’espèce de
cohabitation avec le Guide
Suprême, l’ayatollah Khamenei.
Le retour d’une interprétation
plus rigoureuse de la moralité
publique risque de créer des
tensions internes et d’aviver le
conflit des générations. Un plus
grand souci des inégalités sociales qui est à l’origine de la
popularité du maire de Téhéran
devrait susciter des politiques
économiques différentes et un
partage plus équitable des revenus du pétrole.
A l’extérieur, les choses
seront claires. La Maison
Blanche avait commis l’imprudence – ou impudence – de rejeter par avance les élections. Le
résultat, tout inattendu qu’il soit,
est considéré à Washington
comme une justification a posteriori, alors même que ce rejet
a suscité un réflexe nationaliste.
Les Etats-Unis préfèrent de
toute manière que les choses
soient claires, que l’ennemi se
conforme à la description qu’on
fait de lui. Ils ont gagné. La
controverse qui se développait
dans l’opinion américaine sur un
retrait futur d’Irak est soudain
devenue inactuelle. ■
Vu d’Iran, on ne doit pas avoir la même
analyse de ce qui se passe en Irak
FRANCECatholique N°2984 8
JUILLET
2005
(
’élection surprise le
23 juin à une majorité de plus de 62 %
de M. Mahmoud Ahmadinejad a pris de
court tous les observateurs qui
donnaient l’ancien président
Hachemi Rafsandjani gagnant.
Au premier tour, le premier
avait déjà déjoué tous les pronostics en talonnant le second
de moins de deux points. Or le
camp réformiste auquel appartenait le président sortant Khatami, divisé entre plusieurs
candidats comme la gauche
française en 2002, ne s’est apparemment pas reporté sur
Rafsandjani dont les voix n’ont
progressé que de 50% alors
que son adversaire a quasiment
triplé ses suffrages.
La participation qui a reculé
(de 62% à moins de 50%) exprime cette désaffection.
Outre fraudes et manipulations, à quoi faut-il attribuer
cette spectaculaire percée ?
Une première clé serait le
passé d’ancien combattant du
nouvel élu. On a oublié aujourd’hui l’impact de la terrible
guerre Irak-Iran qui a mobilisé
des millions de jeunes hommes
pendant huit ans (1980-88) et
a fait 400 000 morts iraniens
(et 300.000 irakiens). L’Iran
voulait poursuivre la guerre jusqu’au renversement de Saddam
Hussein qui était alors armé et
appuyé par l’Occident tout
entier.
Agé de cinquante ans,
M. Ahmadinejad est le pur produit de la génération Khomeini.
Il est le premier président laique
du pays. Pour la première fois,
7
DOSSIER
ENTRETIEN AVEC EDOUARD HUSSON
Comprendre
l’Allemagne
propos recueillis par
Alexandre LIAGAT
et Alexandre DA SILVA
compléments de Denis LENSEL
Les jeunes Français s’apprêtent
à aller très nombreux en
Allemagne pour les Journées
Mondiales de la Jeunesse. A
cette occasion, nous avons
publié, les semaines dernières
une série d’articles de DanielAnge sur les martyrs chrétiens
sous le nazisme, faisant un
portrait spirituel non convenu
de l’Allemagne. Aujourd’hui
voici le regard politique, assez
décapant aussi, d’Edouard
Husson,un universitaire
catholique qui est bon
connaisseur des relations
franco-allemandes, de nos
ignorances notamment. Des
ignorances qu’il est urgent de
combler pour combattre les
conséquences négatives de
l’échec du dernier référendum
sur l’Europe. On ne reconstruira
pas un - nécessaire - projet
européen, sans faire un effort
pour comprendre nos plus
puissants voisins.
8 FRANCECatholique N°2984
8 JUILLET 2005
à l’heure des JMJ
■ Edouard Husson, quelle est cette "autre Allemagne"
qui fait le titre et l’objet de votre livre ?
Edouard
Husson
On
pensait que
notre voisin
était
beaucoup
plus
efficace
que nous
Les Français ont toujours eu des représentations très arrêtées de l’Allemagne. Jusqu’à
une date récente, on a parlé du "modèle allemand" et l’on pensait que notre voisin était
plus efficace que nous dans de
nombreux domaines. Ayant
vécu à Munich, j’ai vu une
Allemagne différente de celle
qu’on décrivait à Paris.
Le pays dont je parle est
aussi une "autre Allemagne" à
cause de la réunification. Lorsque celle-ci s’est faite, beaucoup de Français étaient effrayés car ils
voyaient l’Allemagne devenir, par réunion de la
RFA et de la RDA, une puissance qui écraserait
les autres sur le continent à échéance de cinq
ou dix ans.
Par ailleurs, l’Allemagne a beaucoup changé
depuis une vingtaine d’années et, pour réfléchir sur l’Allemagne, il faut faire un bilan de la
République fédérale et des modèles allemands
qui se sont succédé dans l’après-guerre.
■ Reprenons votre première remarque sur le regard que
les Français portent sur l’Allemagne…
Beaucoup de dirigeants politiques et d’intellectuels français s’étaient habitués à la division de l’Allemagne et la jugeaient bonne pour
la France. Après la chute du Mur, ces mêmes
personnes ont été effrayées par un retour de
l’Allemagne à sa politique de puissance : références historiques à l’appui, ils en concluaient
à un abaissement de la France en Europe.
DOSSIER
■ Peut-on dire que ces Français restent marqués
par la vision forgée par l’historien Jacques
Bainville au lendemain de la guerre de 14 : la
France en paix quand l’Allemagne est divisée ?
Les analyses bainvilliennes ont marqué
de nombreux hommes d’Etat avant la
seconde guerre mondiale comme après.
Charles de Gaulle et François Mitterrand
étaient lecteurs de l’auteur des "Conséquences politiques de la paix". Mais ils
n’ont pas eu la même attitude à l’égard de
notre voisin.
François Mitterrand est resté bainvillien jusqu’à la réunification et même
après. Il était convaincu que l’Allemagne
devait rester divisée, il a cherché à savoir
si la RDA était encore viable, il a voulu
freiner le mouvement d’unification puis il
s’est efforcé d’encadrer l’Allemagne lorsqu’elle a été réunifiée. C’est après coup,
que certains reconstruisent l’histoire et
sollicitent les sources pour dessiner un
Mitterrand plus favorable qu’il n’était au
processus de réunification. Cela dit, tout en
m’étant opposé au traité de Maastricht, je
reconnais volontiers que la politique "d’encadrement de l’Allemagne par l’Europe" de François Mitterrand était cohérente et, sans l’approuver, je comprends pourquoi il a échangé la
réunification contre l’abandon du mark.
■ Et le général de Gaulle ?
Bainvillien au lendemain de la guerre, il ne
l’est plus lorsqu’il revient
au pouvoir en 1958. Dans
une conférence de presse
de mars 1959, de Gaulle
déclare même que la
réunification est inéluctable, que c’est
une
Mitterrand
a échangé la
réunification
contre
l’abandon
du mark
bonne chose si elle a lieu dans le cadre d’un
accord international strict comportant une
organisation de la sécurité européenne, le
respect des frontières issues de la seconde
guerre mondiale et la renonciation de
l’Allemagne à l’arme nucléaire.
■ Pourquoi ce changement d’attitude ?
Parce qu’il a vu, à la différence de François
Mitterrand, que l’Allemagne avait connu une
mutation considérable au cours des années
cinquante :
1/ elle a perdu les bases territoriales de la puissance prussienne.
Du coup, les aristocrates prussiens ont été obligés à se
mêler à l’ensemble de la
société ; ils sont d’ailleurs
devenus des ferments de
renouveau économique et
culturel. L’Allemagne a dès
lors trouvé son centre de
gravité dans les pays rhénans.
2/ l’Allemagne protestante a basculé du nationalisme
au pacifisme, et ceci dès les
années cinquante.
Le paradoxe, c’est que les
catholiques allemands ont
adhéré à l’idée de réarmement au sein de l’Alliance
atlantique alors que les
protestants, qui avaient été
FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
9
DOSSIER
Eglise d’Allemagne
A l’heure de Benoît XVI et des JMJ de Cologne
Une marée spirituelle descendante ou montante ?
Avant l’élection du cardinal Ratzinger comme Pape, l’Eglise
d’Allemagne traversait une crise assez grave, en partie comparable à
celle des autres Eglises d’Europe occidentale, avec le phénomène
spécifique de l’hémorragie des "contribuables" de la Kirchensteuer,
l’impôt ecclésial prélevé tous les ans tant chez les catholiques que
chez les protestants.
Depuis l’augmentation de la pression fiscale qui a résulté de la
réunification de l’Allemagne après la chute du mur de Berlin en 1989,
de nombreux citoyens allemands de tradition chrétienne ont
brusquement senti leur conscience ecclésiale diminuer au point de
refuser désormais de payer ce pourcentage de l’impôt. Souci
d’économie ou désaffection spirituelle ? Sans doute ces deux
motivations se sont-elles conjuguées. Le malheur est que ce
phénomène se poursuit encore aujourd’hui, même s’il est légèrement
compensé par une certaine quantité de retours.
L’Eglise catholique d’Allemagne déplore actuellement 120.000
départs par an à ce titre de la désinscription à l’impôt d’Etat, sans
compter 60.000 décès en excédent par rapport aux baptêmes,
dans un pays où le naufrage démographique est devenu chronique
depuis les décennies de l’immédiat après-guerre. Au total, c’est
une baisse de 10% que l’on constate chez les catholiques
allemands à ce titre, et une baisse encore plus forte chez les
protestants, très nombreux notamment dans l’ex-Allemagne de
l’Est où la double déchristianisation nazie puis communiste a été
redoutable..
Sur le plan des relations avec Rome, outre quelques groupuscules
"théologiques" s’autoproclamant sans modestie excessive "Wir
sind die Kirche" ("Nous sommes l’Eglise") et dénonçant
radicalement l’enseignement de Jean-Paul II et de Benoît XVI, une
certaine différence, plutôt feutrée, se manifeste parmi les évêques
: hôte des JMJ, l’archevêque de Cologne, Mgr Meisner, homme de
confiance de Jean-Paul II - qui l’invita à le suivre en Albanie l’été
1993 – reste sans doute la figure épiscopale la plus emblématique de
la fidélité sans conditions à Rome. Face à lui, le cardinal Lehmann,
archevêque de Mayence, considéré à tort ou à raison comme plus "
libéral ", a été engagé dans une controverse d’ordre pratique avec
Jean-Paul II, à la fin des années 90, au sujet de la question de
l’avortement, sachant que l’Eglise catholique allemande s’est
impliquée dans des centres de conseils aux femmes envisageant cette
solution de refuser la vie à leur enfant.
De l’avis des catholiques les plus proches de Rome, le Cardinal
Ratzinger, en devenant Pape, a choisi le nom de Benoît XVI pour
récuser le relativisme actuellement dominant dans cette Europe dont
saint Benoît est le patron.
Sans qu’on puisse parler d’électrochoc spirituel, l’élection du Pape
allemand a, d’après une enquête du quotidien centriste "Die Welt",
apporté un regain de vigueur au sentiment religieux dans son pays,
surtout, semble-t-il, en ex-Allemagne de l’Est. Globalement, 38% des
personnes interrogées par l’enquête du journal considèrent que la foi
chrétienne leur semble plus importante, alors que 52% déclarent que
ça n’a rien changé pour elles. Affaire à suivre et à vérifier sur place
cet été...
Denis LENSEL
plus nationalistes que les catholiques dans
l’entre-deux-guerres, étaient résolument hostiles au réarmement et souhaitaient une réunification dans la neutralité. Les manifestations
des Verts allemands contre les euromissiles ne
furent qu’une forme tardive de ce pacifisme, la
généralisation à l’ensemble de la RFA d’un
mouvement né en terre protestante dans les
années 1950. Cette mutation a eu une influence considérable sur la jeunesse allemande et le
Général avait été sensible à ce pacifisme qui
lui avait été confirmé par Konrad Adenauer.
3/ Enfin, De Gaulle constatait que la République fédérale était devenue, sous l’égide
du chancelier Adenauer, une véritable démocratie qui s’appuyait sur une réussite économique étonnante.
■ Pourquoi De Gaulle n’a-t-il pas fait école ?
Ce qu’on appelait le "miracle
économique allemand" a réveillé la
peur de l’Allemagne chez beaucoup
de Français tout au long des années
qui ont débouché sur la crise de
Mai 1968. Cette peur s’est renforcée après 1968 lorsque le mark est
devenu une monnaie de référence
et lorsqu’il est apparu que notre
voisin résistait mieux que nous à la
crise mondiale.
D’autre part, la plupart des
dirigeants français restaient imprégnés de l’idée que l’Allemagne était
une puissance dangereuse. L’image
d’une Allemagne "géant économique et nain politique" paraissait alors
satisfaisante.
Les dirigeants français avaient d’autant
plus de raisons de penser que la division de
l’Allemagne serait durable que les Allemands
en étaient eux-mêmes persuadés. Lors de la
crise des euromissiles, ces dirigeants n’ont pas
vu que le pacifisme des Verts ouest-allemands
était aussi un pacifisme est-allemand. Par-delà
le Mur, c’était une première manifestation unitaire.
Nous savons aussi que l’opposition au régime communiste de RDA est apparue dans les
milieux pacifistes que les dirigeants communistes avaient cherché à utiliser contre l’Ouest.
A l’époque, dans Le syndrome finlandais, Alain
Minc exprimait le sentiment de la classe dirigeante française, qui refusait l’idée de la réunification d’une Allemagne sortant de la logique des blocs.
La
réunification
constitue un
poids financier
et humain
considérable
pour
l’Allemagne
10
FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
■ Comment jugez-vous la politique de Mitterrand ?
Le président français prononce devant le
Bundestag, le 20 janvier 1983, un discours qui
est considéré par ses biographes comme le
sommet de sa diplomatie alors qu’il s’agit de
sa plus grosse erreur de politique étrangère.
François Mitterrand explique qu’il est nécessaire d’installer les euromissiles sur le territoire
allemand et proclame son soutien à la politique d’Helmut Kohl. Ce dernier lui en a su gré,
car la majorité des Allemands souhaitait la
poursuite des négociations avec les Soviétiques. La politique d’amitié franco-allemande
a été relancée, mais toute une partie de l’opinion publique allemande, Willy Brandt en tête,
en a beaucoup voulu à François Mitterrand.
■ Cette période de confrontation Est-Ouest paraît bien
lointaine…
Il faut s’en souvenir si l’on veut comprendre
les circonstances dans lesquelles s’effectue la
réunification. En 1989, François Mitterrand se
trouve pris dans un piège lorsque Helmut Kohl,
grand Européen, se met à agir de manière unilatérale. Pire : le chancelier, qui disait que
l’amitié franco-allemande était plus importante à ses yeux que le lien avec les Etats-Unis,
n’informe pas François Mitterrand de ses décisions alors qu’il en prévient George Bush !
Dès lors, que peut faire le président français ? Il ne peut s’appuyer sur la social-démocratie et sur les Verts allemands, ni sur l’opinion publique allemande puisque tous lui
gardent rancune du discours au Bundestag.
François Mitterrand doit donc se résoudre à
rappeler à Helmut Kohl ses engagements européens… puis s’efforcer d’encadrer l’Allemagne
réunifiée par le traité de Maastricht.
■ On pouvait donc voter Oui au référendum sur
Maastricht par crainte de la puissance allemande, et
Non pour la même raison…
En effet. Mais les néobainvilliens qui redoutaient l’Allemagne – tout comme les fédéralistes européens partisans d’aller beaucoup
plus loin dans le sens de l’intégration européenne - ne se sont pas aperçus que l’Allemagne n’allait pas tirer grand parti de sa réunification.
■ Pouvait-on s’en rendre compte à l’époque ?
En août à Cologne
Le cardinal Joachim Meisner, archevêque de Cologne, a présenté les
Journées Mondiales de la Jeunesse du mois prochain, dans un texte
publié en mai dernier dans un dossier de l’agence de presse catholique
allemande KNA. Pour illustrer le thème de cette rencontre de jeunes du
monde entier, il souligne le rôle symbolique des Rois Mages qui sont
partis d’Orient à la rencontre de l’Enfant-Jésus, en représentants de
toute une humanité en chemin, dans le but de prier Dieu fait homme.
A Cologne, ce sera le temps de la prière, de la fête et de la rencontre,
un temps fort qui "pourra se dérouler sans difficulté".
Cependant, l’archevêque de Cologne se déclare conscient qu’on doit
toujours se poser la question critique de "la valeur à attribuer à de telles
manifestations de masse pour la vie quotidienne de la foi dans les
communautés paroissiales et dans les organisations religieuses". Mais ici
encore, la jeunesse apporte un signe qui montre que les JMJ " projettent
une lumière claire et persistante sur l’Eglise". Car "autant il est vrai que
la foi se nourrit peu d’une euphorie constante, autant elle s’alimente
pourtant de la conscience d’une communion étendue au monde, à
partir de l’expérience de la proximité de Dieu, de la rédemption, de la
paix et de la joie".
Le Cardinal Meisner souligne la spécificité des JMJ en montrant qu’elles
ne tiennent pas pour l’essentiel à "la présence de personnalités
éminentes", car "au centre il y a le Christ". Il insiste aussi sur l’occasion
présentée de surmonter tous les clivages nationaux.
Ce grand rendez-vous ecclésial est placé sous le parrainage spirituel
d’Edith Stein, la philosophe juive convertie passée par le Carmel de
Cologne avant d’être arrêtée par la Gestapo en Hollande et de mourir à
Auschwitz. Mais au-delà des grands modèles de foi, c’est la joie de la
conversion et de la rencontre au quotidien qui est annoncée. "Rire,
danser, discuter, prier, ensemble avec la jeunesse du monde entier", tel
est le programme que fixe une collaboratrice de l’agence de presse
catholique allemande KNA…
" Je me réjouis énormément de ce rendez-vous de Cologne ", a dit
Benoît XVI. Près de 600 évêques et cardinaux viendront assurer une
présence auprès des jeunes par de nombreuses rencontres et
catéchèses. Soit beaucoup plus encore qu’aux JMJ de Paris.
D. L.
FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
11
DOSSIER
La démographie allemande, en fort déclin,
montrait que la base de la puissance économique du pays était compromise à moyen
terme. Par ailleurs, l’intégration de l’Allemagne
de l’Est s’est faite à des conditions monétaires
telles que le pays paie encore aujourd’hui la
décision prise par Helmut Kohl de changer le
mark à un pour un.
Cela n’a pas été compris par les dirigeants
français qui ont voulu l’union économique et
monétaire pour participer à la puissance allemande alors que celle-ci était déjà menacée.
Le retour au
principe de la
préférence
commerciale
■ La réunification est devenue un fardeau…
communautaire
Elle constitue un poids financier et humain
est la première
considérable pour l’Allemagne d’aujourd’hui.
Depuis 1990, le transfert annuel d’Ouest en Est condition d’un
s’élève à 70 milliards d’euros, soit 3 à 4% du
nouveau
PIB. Or la productivité des nouveaux Länder ne
dépasse pas 60 à 65% du niveau qu’elle atteint projet
sur l’ancien territoire ouest-allemand. Le chômage est deux fois plus élevé à l’Est qu’à européen
l’Ouest. La démographie des territoires de l’Est,
qui était supérieure à celle de la RFA avant la
chute du Mur, est tombée à 0,9 enfant par
femme en âge de procréer et le vieillissement
de la population est important car tous les jeunes qui le peuvent vont vivre à l’Ouest. Il y a
également un fort contraste, à l’Est, entre les
infrastructures neuves réalisées grâce aux
transferts financiers et la situation économique dégradée. N’oublions pas non plus que
la moitié de ces transferts concernent la redistribution sociale.
■ Pourquoi l’échange des
marks à un pour un fut-il
une erreur ?
Au début, tout le
monde était satisfait car les Allemands de
l’Est disposaient tout à
coup d’un pouvoir
d’achat considérable et ont acheté
massivement
des biens de
consommation à l’Ouest
plutôt que de continuer à acheter des produits
est-allemands de toute
façon invenda-
12 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
bles à l’Ouest au prix du nouveau mark ; on a
détourné l’Allemagne de l’Est de se mettre à
produire occidental sur place ; la plupart des
usines est-allemandes ont donc fermé et l’Etat
a été obligé d’apporter une aide financière aux
chômeurs. Par ailleurs, les syndicats ouestallemands ont voulu que les ouvriers de l’Est
reçoivent le même salaire que ceux de l’Ouest :
c’était très généreux, mais les patrons allemands ont préféré se délocaliser hors d’Allemagne plutôt que d’investir à l’Est.
Le bilan financier pèse d’autant plus sur
l’Allemagne que ce que nous avons appelé le
"modèle allemand" était entré en crise dès la
fin des années 1980. La réunification n’a fait
que repousser un certain nombre de problèmes
qui sont encore plus difficiles à résoudre aujourd’hui. L’Allemagne doit en effet tenter de
sauver son système de protection sociale et
assurer en même temps des transferts sociaux
massifs vers l’Est.
■ Pourquoi contestez-vous la présentation par les
Français du modèle allemand ?
Parce qu’il y a eu deux modèles allemands !
Le premier modèle fut celui de Ludwig Erhard,
ministre des Finances d’Adenauer : c’était un
modèle fondé sur la rigueur monétaire, la compression des salaires et le libre-échange. Cette
politique, menée dans le climat dynamique
créé par la reconstruction du pays, a fait de
l’Allemagne la première puissance exportatrice
du monde et le pays s’est assuré une situation
de quasi-monopole dans plusieurs secteurs
tournés vers l’exportation.
Ce modèle était efficace, mais il a enfermé
l’Allemagne dans une impasse
économique car le pays avait
besoin de toujours plus de
marchés à l’exportation
car il refusait toute
relance du marché intérieur
allemand. Ce
refus a été
encore plus
ferme au cours
des années
soixante-dix,
à cause de
la crainte
des dérapages inflationnistes.
Malgré tout,
DOSSIER
avec les surplus accumulés grâce aux exportations, avec les réévaluations constantes du
mark qui s’ensuivaient, l’Allemagne avait pu
créer à la fin des années soixante l’Etat-Providence le plus généreux de tout l’Ouest européen. C’est le deuxième modèle allemand, celui
de la période Willy Brandt. Ceci au moment où
l’Europe commençait à entrer en crise économique.
Les engagements pris en Allemagne dans le
domaine social ont donc été particulièrement
difficiles à tenir. Mais les dirigeants allemands
ont pensé pendant longtemps que le système
pourrait être financé sans difficultés majeures
car la puissance du mark donnait un pouvoir
d’achat considérable.
Autre paradoxe de l’économie allemande : les turbulences monétaires internationales, à partir des
années 1970, ont fait du
mark une monnaie-refuge,
ce qui a poussé cette monnaie à la hausse. Ce fut un
cadeau empoisonné pour l’Allemagne car elle s’imagina
que le "mark fort" était le
signe de sa bonne santé
économique et qu’elle était invulnérable, à la différence de ses voisins. Dans les
années 1970, c’est le président de la
Bundesbank qui dit au président de la Federal
Reserve Board, la banque centrale américaine,
ce qu’il doit faire en matière de lutte contre
l’inflation !
Mais le directoire de la Bundesbank n’avait
pas vu qu’à partir du moment où le gouvernement américain restaurait la confiance des financiers dans le dollar, les Etats-Unis attireraient une masse considérable de capitaux
internationaux, au détriment du mark. Ce qui
s’est produit : les Etats-Unis attirent 75%
aujourd’hui de l’épargne internationale.
C’est ainsi que, peu à peu, l’Allemagne est à
son tour entrée dans la crise économique. Sa
situation ne cesse de s’aggraver. La partie Est
du pays lui coûte de plus en plus cher et, avec
l’euro, l’Allemagne n’a pas la possibilité de
dévaluer alors qu’elle aurait besoin d’une monnaie faible. De plus, le pays se désindustrialise :
les entreprises allemandes ont créé autant
d’emplois hors d’Allemagne que l’intégration
de la RDA en a détruits en Allemagne de l’Est.
La situation financière des grandes entreprises et de nombreuses PME qui ont délocalisé
est florissante, mais l’Allemagne compte 5 millions de chômeurs et les douloureuses réformes
sociales ("Agenda 2010") ne créeront que
500.000 emplois dans l’hypothèse la plus favorable.
Au total, la stratégie allemande de mondialisation a échoué. Au début des années 1990,
le patronat allemand rêvait d’une sorte de partage du monde entre l’Allemagne les EtatsUnis et le Japon : aujourd’hui, les mêmes patrons s’estiment dupés par les Américains, y
compris sur les marchés d’Europe centrale et
orientale et c’est pourquoi ils ont soutenu
Gerhard Schröder dans son opposition à la
guerre en Irak.
■ Que peuvent faire les Allemands ?
La France et
l’Allemagne
se
ressemblent
de plus en
plus dans
une situation
de crise
Un débat est engagé au sein du monde patronal sur l’avenir du capitalisme et que l’on
peut schématiser en ces termes : faut-il continuer à suivre les Etats-Unis dans leur stratégie
économique et militaire déstabilisatrice ? Fautil préférer un modèle européen de capitalisme
pacifique, non impérialiste ?
Mais l’Allemagne est à bien des égards prisonnière de choix effectués à la fin du siècle
dernier : dans les années 1990, les investissements allemands aux Etats-Unis ont été multipliés par sept ; un million d’emplois aux EtatsUnis sont assurés par l’économie allemande. Il
n’est donc pas si facile de se désengager…
Plus globalement, en matière de libreéchangisme, les hommes d’affaires et les
experts allemands sont encore plus dogmatiques que les Américains - alors que le retour
au principe de la préférence commerciale communautaire est la première condition d’un
nouveau projet européen. Le chancelier allemand exprime pleinement cette contradiction
lorsqu’il affirme défendre l’emploi en Allemagne avant de se rendre à Pékin pour signer
FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
13
DOSSIER
■ Que signifie pour l’Allemagne l’élection de Benoît XVI ?
un accord sur des investissements qui priveront
de travail un certain nombre de salariés allemands.
Le chancelier dit aux Allemands que l’Etatprovidence coûte cher, que les salaires sont trop
élevés, que les investissements étrangers se font
rares, que la démographie va peser sur les retraites. Mais les citoyens voient bien que le démantèlement de l’Etat-providence les privera de
toute protection face à la mondialisation.
■ Impasse totale ?
J’estime que le débat est mal posé et mal
mené. On peut accepter certains arguments des
libéraux – par exemple sur la flexibilité – mais
ces libéraux sont en contradiction avec euxmêmes puisqu’ils acceptent que la mondialisation soit menée par les Etats-Unis. Or vous savez
que les Américains ont abandonné tous les principes fondateurs du libéralisme économique –
l’équilibre budgétaire, la stabilité monétaire – et
financent leur développement par les commandes de l’Etat, notamment dans le domaine
militaire.
Les anti-libéraux ont raison de dire que les
réformes menées par Gerhard Schröder et JeanPierre Raffarin vont laisser les populations
démunies face à une concurrence impitoyable et
ils ont raison de poser la question de la protection des économies européennes et de la renonciation à la théorie du libre-échange. Mais ils
sont trop souvent enfermés dans un keynésianisme ou un néo-marxisme non viables.
On attend un homme politique qui proposera
à la fois protection vis-à-vis de la concurrence
déloyale (privilège monétaire américain, main
d’œuvre chinoise des multinationales maintenue
docile par le parti communiste) et le retour, à
l’intérieur, à une économie de marché efficace.
Pour conclure, la France et l’Allemagne se
ressemblent de plus en plus, dans une situation
de crise. La relance franco-allemande est une
réponse à cette crise commune mais il n’y a pas
d’accord de fond sur un certain nombre de grandes questions : le rôle déstabilisateur des EtatsUnis tout particulièrement. Comme le général de
Gaulle l’avait compris, la pierre de touche de la
coopération franco-allemande sera la capacité
des deux pays à s’entendre face aux Etats-Unis.
La France et l’Allemagne ont eu la même politique face à la guerre en Irak mais il faudrait
maintenant que Paris et Berlin se posent le problème décisif de la puissance monétaire américaine. Nous n’en sommes pas encore là.
14 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
Les
catholiques
grincheux qui
nous font le
coup du
“pape réac”
sont
complètement
à côté de la
plaque
C’est un événement d’une immense portée.
Ce pape, en prenant le nom de Benoît, en hommage à son prédécesseur souverain pontife
durant la Première Guerre mondiale, exprime
bien le pacifisme foncier qui est celui de la
société allemande, la vocation, désormais, de
l’Allemagne comme nation : servir, plus qu’une
autre, la paix. Lorsque j’ai entendu que le cardinal Ratzinger succédait à Jean-Paul II, je me suis
dit spontanément : " C’est la fin de la malédiction pour l’Allemagne ! Elle est définitivement
réconciliée avec l’universel ".
L’Allemagne est un pays très puissant apparemment mais encore profondément vulnérable :
même si les Allemands d’aujourd’hui disent qu’ils
normalisent leur rapport au passé, j’interprète la
faible démographie allemande comme le signe
d’un doute profond sur la question de savoir si
l’Allemagne, comme nation, comme projet de
vivre ensemble, a encore un sens. Là aussi, il est
providentiel que les Journées Mondiales de la
Jeunesse aient lieu cette année à Cologne. Un
pape allemand, c’est un signe d’espoir : il ne
faut pas oublier qu’en assassinant six millions de
juifs, Hitler voulait anéantir le peuple du Décalogue, extirper le commandement " Tu ne tueras
pas " de la conscience des Allemands. C’est
pourquoi les catholiques grincheux qui nous font
le coup du pape réac sont complètement à côté
de la plaque. Ils ne voient pas les enjeux de demain.
Si nous ne réagissons pas face au développement du clonage thérapeutique, nous sommes à
la veille du "meilleur des mondes". Un pape venu
du pays qui a mis en pratique le premier les
idées eugénistes a beaucoup de choses à nous
dire là-dessus. ■
Edouard Husson, “Une autre Allemagne”,
Gallimard, 396 pages, 26,90 euros.
ESPRIT
GBH
Gouttes Buvables
Homéopathiques
Lectures de la messe
du 10 juillet 2005
15ème dimanche
du temps ordinaire
par Michel GITTON
● La question, ce dimanche, est celle du disciple qui voudrait
bien croire à la transformation magnifique que lui annonce le
Seigneur, mais qui voit pendant ce temps-là la situation
inchangée. Le chrétien, engagé à la suite du Christ dans
l’aventure du Royaume, est comme le soldat sorti de la
tranchée sur la parole de son chef et qui sent les balles siffler
autour de lui. Où est le changement, où est l’avancée ?
● A cette question, il existe plusieurs réponses. Il y a celle,
théologique, de saint Paul qui nous parle de la rédemption
commencée, mais non encore terminée : la création a été
soumise au pouvoir du "néant" par le péché de Satan relayé
par celui d’Adam, son salut viendra du relèvement de
l’homme, or celui-ci se fait en deux temps, d’abord la
justification qui transforme les cœurs des croyants et y fait
habiter l’Esprit Saint, ensuite le salut proprement dit qui
touchera les corps et les sociétés (la "délivrance de notre
corps", ce qui ne veut évidemment pas dire la mort qui nous
séparerait de notre corps, au contraire, il s’agit de le
retrouver tel qu’il doit être !).
● Le Christ a fait plusieurs usages des images de la
germination, toujours pour souligner la nouveauté
imprévisible des fruits de la grâce. La parabole du semeur,
telle que nous l’avons ce dimanche a la particularité de
juxtaposer la forme paradoxale du premier énoncé et son
explication qui mène en fait dans une autre direction, la
forme première souligne surtout l’attitude du semeur,
attitude en apparence illogique, puisqu’il semble faire fi de
toute prévision et qu’il répand la semence sans tenir compte
du terrain, cette gratuité, cette surabondance, se révèlent
malgré tout payantes puisqu’au terme, la part féconde a
dépassé par son fruit inespéré toute la partie perdue, image
du "risque de Dieu" dont la grâce finit par l’emporter, sinon
au niveau de chaque individu, au moins au niveau de
l’humanité. L’autre forme souligne, de façon plus morale, la
responsabilité de chacun devant l’initiative de Dieu, et
détaille les tentations et les dangers de cette germination en
nous de la Parole. Si on ne voit pas tout de suite pousser la
semence, c’est aussi parce que notre péché la retarde ! ■
FORMULE DE L’ABBÉ CHAUPITRE N°64
Traditionnellement
utilisée en cas de
jambes lourdes
Abbé
Chaupitre
depuis 1908
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Demandez conseil à votre pharmacien.
Si les symptômes persistent, consultez votre médecin.
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9607-Illustration : C.Caroff - visa GP n°0606G03P405
● Jésus, quant à lui, préfère l’image de la germination. Non
qu’il ignore celle de l’enfantement dont se sert ici saint Paul,
mais parce qu’elle lui permet d’autres développements. La
comparaison a un passé dans l’Ancien Testament, comme on
le voit avec la première lecture. Du côté de Dieu, il y
l’irrigation, la végétation étant vue comme la réponse de la
terre au don du ciel. Dans ces pays de sécheresse où toute la
nature dépend des précipitations, nous avons là une image
parlante de l’initiative de Dieu, qui vient à son heure. Le fruit
de la végétation est ce résultat inespéré de quelques jours de
pluie. De même pour nous, la grâce peut tout changer d’un
jour à l’autre et faire se lever une merveilleuse moisson, hier
encore improbable.
ESPRIT
En
mémoire des jours
Le prix de la vie
Par
Robert Masson
lorence Aubenas, et son
guide Hussein Anoun,
ont donc été libérés.
Après des mois de détention,
en des conditions de parfaite
inhumanité. Ce sont des revenants de la mort, qui durant
plus de cinq mois furent retranchés du monde des
vivants. Mais pas de leur mémoire, qui restait fidèle, et
secrètement convaincue de les
revoir un jour, qui tardait tout
de même. Le courage des leurs
soutenait l’espérance de tous.
La joie fut à la mesure de l’épreuve, et elle avait pour elle
la grâce de l’unanimité. Il en
avait d’ailleurs été ainsi, pour
Georges Malbruno et Christian
Chesnot, qui eux aussi avaient
eu à connaître le même sort.
Peut-il y avoir pire que
cette pratique de la prise d’otage, qui nous renvoie à la nuit
des temps, quand la barbarie
était de règle, et l’homme un
loup pour l’homme. A l’évidence, les choses n’ont pas
changé autant qu’on voudrait
le croire. L’Irak s’enfonce dans
un océan de douleur qui rend
problématique jusqu’à la libération des otages quand leurs
geoliers consentent enfin à les
libérer. Comment arrêter cette
descente aux abîmes, où tout
un peuple est en train de perdre pieds en Irak ? La guerre
F
est décidément un vrai malheur, qui déchaîne les démons
humains. L’un des geôliers de
Florence Haubenas, était
d’une telle véhémence que ses
victimes l’avaient surnommée
“l’imprécateur”. On ne saurait
mieux dire de ces prédateurs
d’humanité, qui ne voient
dans leurs semblables que des
proies à saisir. L’impressionnant c’est la capacité de sauvegarde de leurs victimes.
Leurs “prisons tombeaux”
n’ont pas enseveli Florence
Aubenas ni Hussein Anoun.
L’homme est décidément plus
grand que ce qui peut l’écraser. Ce n’est pas la moindre
leçon de ce retour des ténèbres, qui nous font comprendre un peu mieux le prix
de la vie. ■
Nostalgie
eut-on dire que l’histoire suit un cours aussi
irréversible qu’il pourrait
paraître ? Quarante ans après
les événements que l’on sait
en Algérie, la rupture semblait
totale pour les Français qui
avaient fui ce pays, dont ils
s’estimaient ressortissants à
jamais. Les blessures de leur
exode demeuraient si profondes, qu’ils préféraient ne
plus trop en parler. Est-ce
aussi vrai qu’on pourrait le
croire ? Quelques signes, en
tout cas, montrent les permanences du souvenir. Les Français originaires de là-bas ceux qu’on appelait les “pieds
noirs”- reviennent tous ces
temps en Algérie, pour décider
ou non du maintien de leur cimetière, en terre algérienne.
Ce ne fut pas le moindre
drame pour les familles, de
laisser leurs morts, sur une
terre qu’ils avaient dû aban-
P
16 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
donner. Jules Roy en son
temps en avait fait l’expérience, lorsqu’il s’était décidé,
avant de mourir, à faire son
propre pèlerinage sur la tombe
de sa mère. C’était la démarche de beaucoup d’autres,
appelés au retour par le regroupement de cimetières,
décidé récemment par les autorités conjointes des deux
pays. Pour d’autres raisons, on
peut constater par ailleurs une
renaissance de ce qui est plus
que du simple tourisme. Dans
ce pays qui n’est plus le leur,
des gens retrouvent leurs racines, et très souvent le lieu
où ils ont vécu. Ils osent frapper à la porte des maisons, ou
des appartements qui étaient
les leurs. Ils y sont généralement bien accueillis, avec le
sentiment de n’être pas des
étrangers. Les sentences de
l’histoire ne sont pas sans recours. On est heureux de se retrouver, on promet de se revoir.
On se demande, au besoin,
pourquoi on est parti. Ce n’est
évidemment pas si simple de
refaire le passé. Mais au
moins, on se rappelle qu’on
fut hier des voisins, qui ne
s’entendaient pas si mal.
L’histoire est tragique, et habile à dresser des hommes les
uns contre les autres. Mais
elle n’efface pas pour autant
ce qu’il y eut de meilleur entre
les humains, sur cette terre
d’Algérie. Il est bon d’en garder mémoire. ■
pourtant bien loin de ses lieux
d’origine, de cette forêt de Kirovka, à des centaines de kilomètres de Moscou, d’où l’on a
tiré les bois dont est faite
cette église. La plus grande,
paraît-il, de tout l’Occident.
Par trains spéciaux, tout est
arrivé à Sylvanès il y a dix ans.
Y compris ceux qui ont construit cette église, des ouvriers
venus des profondeurs de la
Russie eux aussi. Ce fut une
aventure comme seul André
Gouze, ce “moine musicien”
comme l’appelle Claude Vigée,
peut en entreprendre, lui qui a
tiré l’abbaye de Sylvanes de
l’oubli.
Le propos d’André Gouze
était de faire de cette église
un signe d’unité. On en sait les
urgences, à un moment où
tout presse l’Orient et l’Occident de respirer de leurs deux
poumons. Cette église est
pour le moins symbole de
cette attente. Une iconostase,
offerte par les pères jésuites
de Meudon, orne la nef orthodoxe. Ici les grandes confessions chrétiennes ont leur
place. On est au cœur de
l’Eglise qui vient. Des foules de
pèlerins qui ne s’y trompent
pas, montent vers cette église,
qui est trésor secret. Le problème, c’est que les bois qui
constituent son ossature,
n’ont pas aussi facilement
qu’on espérait adopté le climat du Rouergue. Il faut traiter l’ensemble de la construction pour la protéger, il en va
de sa survie. Cette église peut
Eglise en péril
disparaître. Ses amis se mobilisent pour la sauver. Ils ont
deux pas de Sylvanes, ce besoin de tous. C’est une belle
lieu hérité des siècles cause, qui mérite de nous tous
cisterciens, se dresse mobilisation. ■
une église russe, dans une
Association Fra Angelicocouronne de forêt qui ne la
Andréi Roublov, Prieuré des
dépayse pas vraiment. On est
Granges - 12360 Sylvanès
A
Deux cent millions d’esclaves
Ils sont deux cents millions dans le monde, dont trente millions d’enfants obligés de travailler dans la clandestinité, alors que cinq à sept
millions de mineurs asiatiques sont destinés à la prostitution. Ces
chiffres sur l’esclavage dans le monde sont tirés d’une enquête de Giancarlo Giojelli présentée dans un ouvrage italien intitulé "Gli schiavi
invisibili" (Les esclaves invisibles), publié aux éditions Piemme. Dans cet
entretien accordé à Zenit, Giancarlo Giojelli explique.
■ Un peu plus de 57 ans se sont écoulés depuis la Déclaration universelle des Droits de
l’Homme, et pourtant l’esclavage est encore un phénomène vaste et répandu. Combien
d’esclaves y a-t-il encore dans le monde ? Quels sont les pays les plus touchés ?
Giancarlo Giojelli : Depuis un demi siècle la Déclaration sur les
Droits de l’Homme marque la fin de l’esclavage. Deux siècles de déclarations internationales, l’abolition progressive des esclaves dans tous
les pays du monde… il semblerait absurde de parler encore d’esclavage,
et pourtant ce sont des chiffres des Nations unies ; en ce moment l’on
répertorie 200 millions d’esclaves dans le monde. Au début du XIXe
siècle ils étaient 15 millions. Un bilan consternant.
Ce sont des hommes contraints de travailler dans les mines chinoises,
des femmes des Balkans, du Nigeria et du Sud-est asiatique obligées de
se prostituer sur les routes et dans les maisons closes de tous les pays
occidentaux et industrialisés sans exception. Ce sont des enfants
roumains et des nomades vendus par leurs familles aux marchands du
sexe et au racket du vol et de la drogue qui agissent en Europe, et surtout
en Italie, entre Rome, Milan et Turin. Des millions d’enfants qui, au
Pakistan et en Inde septentrionale sont obligés de travailler dans des
conditions inhumaines dans les usines de tapis. Tant d’enfants qui
travaillent dans les usines clandestines de la mafia chinoise entre Sesto
Fiorentino et Prato en Italie. Des enfants – près de 200.000 – kidnappés
en Ouganda et au Soudan méridional. Tous les pays, et tous les continents ont leurs esclaves, du travail, du sexe, de la guerre. Ils sont parmi
nous, mais nous faisons semblant de ne pas les voir. Ils sont invisibles…
■ Dans votre livre, vous parlez d’esclavages anciens et nouveaux...
Malheureusement les modalités sont toujours les mêmes. L’illégalité
ne sert souvent qu’à augmenter les prix. Les enfants et les femmes
kidnappés dans les 200 guerres oubliées que connaît notre planète, de
l’Océanie à l’Afrique et à l’Amérique du sud, sont utilisés comme
marchandises pour la guerre et le sexe.
Les hommes, les femmes et les enfants qui fuient les horreurs d’une
condition de vie inhumaine dans le sous-continent asiatique deviennent
la proie des marchands d’êtres humains qui les font passer de manière
.../...
CHINE
A Shanghai, pour succéder à Mgr
Jin Luxian, un évêque auxiliaire, âgé de
42 ans, a été ordonné avec l’accord du
Saint-Siège, indique "Eglises d’Asie",
l’agence des Missions étrangères de
Paris.
Le 28 juin, à 9 h. du matin, par une
chaleur de 36°, 2.500 catholiques et
des représentants des autorités chinoises avaient pris place dans la cathédrale Saint-Ignace, dans le quartier de
Xujiahui, à Shanghai. Ils étaient venus
assister à la cérémonie d’ordination de
Mgr Joseph Xing Wenzhi, le nouvel
évêque auxiliaire de Shanghai. Mgr
Aloysius Jin Luxian, évêque "officiel"
du diocèse de Shanghai, présidait la
cérémonie et était assisté par deux
évêques, Mgr Matthew Hu Xiande, du
diocèse de Ningbo, dans la province
voisine du Zhejiang, et Mgr Joseph Ma
Xuesheng, du diocèse de Zhoucun,
ville de la province du Shandong dont
est originaire Mgr Joseph Xing.
Agé de 89 ans, Mgr Jin Luxian a
présidé la cérémonie jusqu’à l’ordination proprement dite, pour ensuite
passer le relais à Mgr Joseph Xing. Agé
de 42 ans, le jeune évêque auxiliaire
est appelé à succéder à Mgr Jin. Mgr
Jin a dû être hospitalisé à plusieurs
reprises ces derniers temps.
Selon les informations données par
le diocèse de Shanghai, le nouvel
évêque auxiliaire a été élu le 17 mai
dernier par les représentants de l’Eglise
de Shanghai, soit les prêtres du diocèse
(au nombre de presque 130), les religieuses qui ont prononcé des vœux définitifs et des représentants des fidèles.
Selon Mgr Jin Luxian, le nouvel évêque
a aussi reçu l’assentiment de Rome et
la présence de représentants des autorités chinoises à la cérémonie d’ordination indique que le pouvoir chinois n’a pas émis d’objection à cette
ordination.
Si Mgr Jin a été ordonné évêque
auxiliaire "officiel" de Shanghai en
1985 et installé évêque en titre en
1998, Mgr Joseph Fan Zhongliang en
est l’évêque "clandestin". Reconnu par
Rome et étroitement surveillé par la
police, Mgr Fan souffre de la maladie
FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 17
clandestine dans les pays européens et souvent les revendent aux organisations criminelles, aux mafias italiennes et internationales qui les exploitent comme main-d’œuvre pour la criminalité, les travaux
clandestins, la drogue, la prostitution. Ce sont les mafias siciliennes, la
Ndrangheta en Calabre, la Sacrée Couronne dans les Pouilles, alliées de
la mafia russe et ukrainienne, des "cosche" albanaises, des clans nigérians
et nord africains. Les "triades" chinoises œuvrent seules, mais l’on peut
dire qu’il existe au moins 80 groupes organisés. En Italie, l’article 601 qui
interdit l’esclavage est encore en vigueur. Il y a eu près de 700
arrestations dans le pays et il y aurait 30.000 esclaves… Et ce n’est que la
pointe de l’iceberg.
■ Des femmes, des enfants, garçons et filles, sont les plus touchés. Pouvez-vous nous
préciser les chiffres ?
Deux cents millions d’esclaves ; 30.000 en Italie, surtout des femmes
obligées de se prostituer. Selon le Bureau international du travail, près de
30 millions d’enfants seraient obligés de travailler de manière clandestine
dans le monde. Les enfants soldats sont près de 200.000. Il y aurait entre
cinq et six millions de mineures asiatiques dans les maisons close du
monde entier. Le trafic d’êtres humains est à présent, après la drogue et
les armes, la troisième source de financement de la criminalité organisée
au niveau mondial avec des complicités qui impliquent des agences
gouvernementales, des policiers corrompus, des institutions chargées
d’effectuer des contrôles et qui deviennent le moteur de nouvelles formes
de recrutement.
■ On parle beaucoup du Soudan...
Le Soudan, où le nord, arabe et islamique mène une guerre sans merci
contre le sud, africain, chrétien et animiste, a été et est depuis longtemps
un centre de recrutement d’esclaves. Les deux millions de morts au cours
de cette guerre oubliée, ne sont qu’un aspect de cette tragédie. Les
villages du sud où font irruption les miliciens arabes, appuyés par l’armée
régulière, sont détruits, les hommes massacrés tandis que les femmes et
les enfants sont emmenés comme esclaves. Certaines personnes comme
l’évêque de Rumbek, Mgr Mazzolari, missionnaire combonien et des
associations comme "Solidarité Chrétienne" ont délivré des milliers
d’esclaves, en les rachetant à des marchands arabes, comme cela se faisait au siècle dernier avec saint Daniel Comboni ou l’ordre espagnol des
Trinitaires.
■ Quelles sont à votre avis les solutions pour mettre fin à ce marché terrible ?
d’Alzheimer. Selon Mgr Jin Luxian, qui
s’est exprimé à ce sujet dans une interview accordée à l’Associated Press, le
23 juin 2005, un accord tacite est intervenu entre Rome et Pékin. Aux
termes de celui-ci, Mgr Joseph Xing
prendra la succession de Mgr Jin Luxian
le temps venu et il ne sera pas nommé
de successeur à Mgr Fan. "Rome a dit
qu’après la mort de l’évêque clandestin, il n’y aura plus de division", a
précisé Mgr Jin Luxian.
Mgr Joseph Xing est né le 17 avril
1963 dans le diocèse de Zhoucun, au
sein d’une famille de quatre enfants. Il
est entré au séminaire de Sheshan,
séminaire régional, en 1983. Selon la
brochure publiée à l’occasion de l’ordination, le préfet des études de
l’époque, le P. Yao Jingxing, le décrit
comme un séminariste "simple et
honnête", assidu à la prière. Ordonné à
la prêtrise le 2 juin 1990, le P. Joseph
Xing a ensuite enseigné la liturgie et
l’histoire de l’Eglise au séminaire, avant
d’en devenir le directeur spirituel.
C’est en 1996 que le jeune prêtre
rejoint le diocèse de Shanghai, avec
l’accord de son évêque, Mgr Ma Xuesheng et, à la fin 1997, il est nommé
curé de Songjiang, une paroisse de
Shanghai. Un an plus tard, il est vicaire
général du diocèse et recteur du séminaire de Sheshan. Il est par ailleurs
nommé à la présidence de la Commission pour les affaires de l’Eglise catholique de la ville de Shanghai. En
2003-2004, il part aux Etats-Unis, pour
une année d’études auprès de la société
missionnaire des Maryknoll, à New
York. Il a accompagné Mgr Jin à l’étranger à l’occasion de plusieurs
voyages, en 1990 en Australie, en 1999
en Europe, et a suivi deux formations
de courte durée, l’une à Hongkong en
1994 et l’autre aux Philippines en
1995. Selon le P. Larry Lewis, des Maryknoll, qui a côtoyé de près le nouvel
évêque, Joseph Xing est "un homme de
prière, à la foi profonde et au jugement
sûr".
ZF05062807
Les grandes déclarations au niveau international n’ont guère servi.
Mais on peut faire trois choses. La première est de s’informer, de parler de
ce qui se passe. La deuxième, très simple, est l’adoption à distance :
trente euros par mois permettent à un enfant du tiers monde de grandir et
d’étudier. On sauve une vie et on permet la création dans chaque village
d’un groupe de personnes en mesure de dénoncer ce qui se passe,
d’aider leur concitoyens, d’être des personnes libres ou capables de se
battre pour la liberté. La troisième, aider les organisations qui, même en
Italie, œuvrent pour libérer de l’esclavage des milliers de femmes et
d’enfants. Le livre propose une série de sites internet ou il est possible de
trouver des informations et contacter les ONG de confiance qui ont
montré savoir œuvrer avec efficacité.
ZF05062705
18 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
VANNES
Le Pape ayant accepté la démission
de la charge pastorale d’évêque de
Vannes (Morbihan) que lui a présentée
Mgr François-Mathurin ayant atteint 75
ans, a nommé pour lui succéder Mgr
Raymond Centène le mardi 28 juin.
Mgr Centène était jusqu’à présent
chancelier du diocèse de Perpignan.
Fils de M. Marcel Centène et de
Mme, née Annie Gras, viticulteurs, dernier d'une fratrie de trois, Mgr Ray-
mond Centène est né le 20 mars 1958 à
Banyuls-sur-Mer (66). Après avoir suivi
sa scolarité au collège de Port- Vendres
et au lycée François Arago de Perpignan, Mgr Raymond Centène a fait
des études de droit à la faculté de
Perpignan. Il entre au séminaire régional de Toulouse en 1987; il est au séminaire français de Rome et à l'Université pontificale grégorienne (Rome)
de 1989 à 1994. Mgr Raymond Centène est docteur en droit et licencié en
théologie spirituelle.
Il a été ordonné prêtre le 27 juin
1993 pour le diocèse de Perpignan. Il a
été notamment aumônier de prison, de
scouts et de collèges et curé de paroisse.
MGR GUY GAUCHER
Le Pape a accepté la démission de
la charge d'évêque auxiliaire de Bayeux et Lisieux, que lui a présentée Mgr
Guy Gaucher, qui a eu 75 ans le 5
mars 2005. Mgr Guy Gaucher était
évêque auxiliaire de Bayeux et Lisieux
depuis 1987.
Mgr Guy Gaucher, ordonné prêtre
pour le diocèse de Paris le 17 mars
1963, a fait profession religieuse chez
les carmes le 1er octobre 1972.
Après avoir été vicaire de la paroisse Sainte-Claire à Paris (1962-1964)
puis aumônier des étudiants de la Sorbonne au centre Richelieu (19641967), Mgr Guy Gaucher est entré au
noviciat des pères carmes à Bordigné
(1967). Il a été ensuite dans une fraternité carmélitaine en HLM et vendeur en
librairie à Orléans (1968-1985). Mgr
Guy Gaucher a été professeur de spiritualité au séminaire d'Orléans (19801984), chargé de cours à l'Institut catholique de Paris et maître des étudiants
carmes (1985-1986).
Avant d'être nommé évêque auxiliaire de Bayeux et Lisieux en 1987,
Mgr Guy Gaucher était évêque de
Meaux (1986-1987).
Il était en charge du rayonnement
national et international de sainte
Thérèse de Lisieux, membre de la Commission épiscopale des mouvements
apostoliques et des associations de fidèles et membre du Comité épiscopal
pour le Renouveau et les mouvements
d'animation spirituelle.
LEON DEHON
Jean-Paul II avait évoqué la date du
24 avril 2005 pour une béatification du
prêtre français Léon Dehon (18431925), fondateur de la Congrégation
des prêtres du Sacré Cœur de Jésus,
plus connus, notamment en Afrique
sous le nom de “déhoniens”. Entre
temps, le Pape est mort et des extraits
de textes du Père Dehon, bien
conformes au discours de nombreux
publicistes catholiques de l’époque,
stigmatisant le rapport des juifs à
l’argent et appelant les catholiques à
protéger leur or, ont été largement diffusés sur internet. Léon Dehon avait été
un admirateur du comte de Chambord,
espérant que celui-ci restaurerait la
monarchie française. Puis il était devenu un de ces abbés démocrates pour
lesquels comptait, avant toute préoccupation politique, la diffusion de la
doctrine sociale de l’Eglise.
La conférence épiscopale française
a signalé à Rome le problème et les début de la polémique actuelle. Aucune
nouvelle date n’a été proposée pour
cette béatification.
Dans une interview à l’agence Zenit du 30 juin dernier, le père José Ornelas Carvalho, supérieur des déhoniens, s’insurge : «La plupart des papiers des agences de presse et des quotidiens, très souvent caractérisés par
leur caractère polémique, se fondent
sur une connaissance superficielle et
partiale de l’œuvre et de la personnalité
de Léon Dehon. Toutes les œuvres du
Père Dehon, dont les textes incriminés,
ont été publiées intégralement. Elles ont
été soumises à l’examen des censeurs
de la congrégation pour les causes des
saints. Et jamais, il n’y a eu la moindre
"dissimulation" comme l’a écrit Le
Monde, dans son édition du 10 juin
2005. [...] « L’attitude du père Dehon à
l’égard du peuple juif est bien loin
d’être antisémite. Il met en avant en
particulier la dimension providentielle
de ce peuple dans l’histoire du salut,
formant le vœu également que les
grandes figures de l’Ancien Testament
soient insérées dans le calendrier liturgique de l’Eglise catholique. Et pour ne
citer qu’un texte sur ce sujet : "Il (le
peuple juif) est un peuple providentiel.
Dieu ne l’a pas abandonné de manière
définitive. Il le garde comme témoin de
l’histoire et des Saintes Ecritures. Il lui
réserve encore en don une grande mission dans les derniers temps du
monde…" [...] Le procès en béatification n’a pas été interrompu en 1952,
contrairement à certaines affirmations,
pour la simple raison que la cause n’a
été introduite qu’en 1952.
« Dans l’œuvre publiée du Père Dehon, il n’y a aucune référence à Karl
Lueger faisant l’apologie de l’antisémitisme. Relier l’œuvre du Père Dehon à
celle de Lueger, dont Hitler fit l’éloge
dans Mein Kampf, est donc une grave
diffamation. L’article du Monde soutient que le pape Léon XIII avait pris ses
distances vis-à-vis de Léon Dehon,
mais il le nomma consulteur de la
Congrégation chargée à l’époque de la
mise à l’Index, en précisant : "On sait
que j’approuve vos positions parce que
je vous confie la tâche de celui qui doit
juger la doctrine des autres". »
Le père José Ornelas Carvalho
avance encore comme argument de
l’innocence de Léon Dehon : « En tant
que consulteur de la Congrégation
chargée de la mise à l’Index, il a agit
avec vigueur afin que soit instruit le
procès à l’égard de l’Action française.
Chargé de rédiger le rapport sur ce
sujet, il cita expressément l’antisémitisme de l’Action française comme
un des motifs d’une de ses éventuelles
condamnations.
Zenit : Une partie de la communauté juive
française soutient toutefois que dans son Catéchisme social apparaissent des phrases
offensives à l’égard du peuple juif…
Père José Ornelas Carvalho : Nous
déplorons la manière dont est diffamée
une personnalité comme celle de Dehon, en utilisant des textes pris hors de
leur contexte et cités d’une manière
mutilée qui ne fait que faire ressortir
leur dimension négative. Je tiens à préciser que ce qui a animé le père Dehon
dans toutes ses positions est l’engagement actif à combattre les injustices sociales de son temps, en particulier la pratique de l’usure, et il en a
dénoncé les causes. Le père Dehon
souhaitait l’avènement d’une autre
société, "le renouveau social chrétien".»
ZF05063008
TRANSGRESSION
Le groupe “Femmes consacrées aux
ministères” a organisé, le 2 juillet à
Lyon, une prétendue ordination à la
prêtrise catholique de Mme Geneviève
Beney, 55 ans, résidant dans le Gard,
épouse d’un protestant, sans enfants.
L’imposition des mains a été faite par
trois femmes “évêques”, une Allemande, une Autrichienne et une SudAfricaine, dont “l’ordination” n’est pas
plus valide, en présence d’une soixantaine de personnes dont quelques journalistes, à bord d’une péniche navigant
sur la Saône au pied de la colline de
Fourvière. Le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, avait prévenu
qu’une telle cérémonie constituait sans
équivoque un acte grave de rupture
avec l’Eglise catholique, source de
blessures et de souffrances inutiles.
FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005 19
ESPRIT
CURIE ROMAINE
Les femmes,
Propos recueillis par
Jacques CHASTAN
Vatican
le
le féminisme
Lucienne Sallé travaille
depuis bientôt trente ans
au Conseil pontifical pour
les laïcs, au Vatican.
Auteur de plusieurs livres,
dans lesquels elle partage
son expérience et ses
convictions, Lucienne Sallé
ne montre pas de fausse
pudeur sur son travail de
responsabilité.
■ Lucienne Sallé, qu’est-ce que le Conseil
pontifical pour les laïcs ?
Enfin les consulteurs, choisis et mis à
contribution selon leur spécialité : juristes,
scientifiques, théologiens... Membres et
consulteurs se réunissent tous les 18 mois.
■ Toutes ces personnes sont des laïcs ?
Des prêtres, des laïcs, des évêques et
cardinaux. Le cardinal Wojtyla a été luimême consulteur. Il avait participé activement à la rédaction de la Constitution
pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce
temps, Gaudium et Spes. C’est pourquoi on
dit qu’il avait un petit favoritisme pour
pour le Conseil pour les laïcs !
■ Quelles sont vos interventions ?
C’est un des organismes de la Curie
Romaine, spécialement demandé au
Concile Vatican II. Lorsqu’il a été mis en
place, en 1967, en même temps que le
Conseil Justice et Paix, il représentait une
grande innovation : pour la première fois,
la mission des laïcs dans le monde devenait l’objet d’attention et d’études au
niveau universel de l’Eglise.
Nous sommes en quelque sorte la
courroie de transmission entre le Pape et
les laïcs. D’une part, le Conseil est chargé
des contacts avec diverses catégories de
personnes, les jeunes, avec les Journées
Mondiales de la Jeunesse en particulier,
mais aussi les relations hommes-femmes,
la dignité des personnes âgées... et, d’autre
part, il étudie des questions concernant les
laïcs, comme la vie sacramentelle, la paroisse, l’engagement des universitaires...
■ Quels sont les différents statuts dans ce
Conseil ?
■ Etes-vous aussi les référents quant à toutes les communautés nouvelles de laïcs ?
Il y a d’abord les permanents qui ne
sont pas plus de vingt, du président au
portier. Puis les membres, nommés pour
cinq ans, qui sont actuellement trente-six.
Le Conseil a la responsabilité de reconnaître les associations catholiques qui
ont un caractère international, selon des
critères qui sont définis par le Droit
20 FRANCECatholique N°2984
8 JUILLET 2005
Canonique. En plus de l’étude des statuts,
cela suppose des rencontres avec les responsables et une bonne connaissance de
la réalité des associations dans les divers
pays. Nos démarches ne sont jamais isolées, nous travaillons en lien avec les autres congrégations, comme la Doctrine
pour la Foi. Ou celle du clergé ou des religieux, si par exemple il y a plusieurs branches dans les communautés que nous étudions.
■ Vous avez été membre de délégation du
Saint-Siège aux Nations-Unies...
J’ai été membre de la délégation du
Saint-Siège aux conférences des Nations
Unies pour la femme. Ce thème a été introduit en 1975 à Mexico. Au départ les
questions concernaient l’égalité hommefemme dans la vie courante. Dès 1985, à
Nairobi, les questions sont devenues plus
pointues : éthique, morale. Nous sentions
une pression beaucoup plus forte des féministes qui exigeaient une reconnaissance de droits spécifiques à la femme. De
1985 à 1995, tout s’est accéléré, avec la
hantise d’une surpopulation de la planète.
On nous projetait des images apocalyptiques d’une terre débordée d’humains. Au
milieu de cela, le Saint-Siège apparaissait
comme un empêcheur de tourner en rond.
■ Pourtant, on ne peut pas dire que vous
représentiez l’Etat le plus important !
Aux Nations Unies, c’est le Saint-Siège
ESPRIT
qui intervient et non pas l’Etat du Vatican.
C’est justement un paradoxe : face à tous
les autres pays qui envoient des délégations parfois fort nombreuses, celle du
Saint-Siège est toujours restreinte : vingt
personnes à la Conférence de Pékin ! Or
nous étions très remarqués. C’est une certaine compétence par rapport à l’humanité qui nous donne cette importance.
Nous sommes libres, et nous posons les
questions de fond sans chercher à les
cacher. Les autres s’en rendent compte.
■ Etiez-vous très attaqués ?
Il y avait toutes sortes de réactions. La
queue devant notre petit bureau ne désemplissait pas. Certains venaient pour
demander conseil, d’autres pour récriminer. A Pékin, en 1995, nous avons eu une
responsable de délégation remarquable :
Mary Ann Glendon, une mère de famille,
juriste à Boston. En apercevant des féministes américaines chevronnées devant
notre bureau, elle a d’abord été plutôt
contrariée… Mais il fallait montrer que
nous n’avions pas peur des pressions et
des conflits, au détriment de la vérité.
Je viens d’écrire un livre sur Thérèse
Cornille, fondatrice des Foyers Claire
Amitié. J’ai découvert, en l’étudiant de
près, une belle spiritualité, très simple, qui
aboutit à quelque chose de concret : l’aide
aux filles-mères, aux adolescentes blessées. Malgré sa cécité, Thérèse Cornille a
eu un rayonnement hors du commun.
Tous ceux qui la rencontraient en gardaient un souvenir inoubliable, et se seraient mis en quatre pour elle. C’est une
vraie proposition de spiritualité pour les
laïcs.
© NOUVELLE CITÉ
■ Quelle figure de laïque peut être un modèle
pour les femmes aujourd’hui ?
gagent dans une vie communautaire et
spirituelle. Ces réalisations me touchent
beaucoup, d’autant plus qu’un de mes
principaux centres d’intérêt est la place de
la femme.
■ Que sont les Foyers Claire Amitié ?
■ Vous avez écrit plusieurs livres à ce propos.
Quelle est votre conviction sur la femme
dans l’Eglise ?
Des lieux d’accueil pour les jeunes
filles et jeunes femmes les plus défavorisées. Thérèse Cornille a ouvert le premier
en 1954. Il en existe à présent huit en
France, où se développent une vie familiale et une réadaptation sociale. Ils sont
également au nombre de huit en Afrique,
Brésil et Cambodge, où des groupes importants sont accueillis pour des formations. Les animatrices de ces foyers s’en-
La découverte fondamentale que j’ai
faite, depuis que je travaille dans la Curie
romaine, est que dans l’Evangile, toutes
les femmes anticipent : les saintes femmes précèdent les apôtres au tombeau du
Christ, Marie-Madeleine verse le parfum
d’ensevelissement sur Jésus avant sa passion… Quand Jean-Paul II et Benoît XVI
parlent de la dimension mariale, ils affirment que la femme a le génie d’anticiper.
■ Comment trouvera-t-elle sa juste place
dans l’Eglise de demain ?
L’image prophétique est celle de JeanPaul II et Mère Térésa, main dans la main.
Je les revois, faire le tour du stade en jeep
à Calcutta, ensemble. Pour les visites des
mourants, Jean Paul II a eu besoin d’elle.
C’est la présence de Mère Térésa qui
attestait la rencontre de toute l’Eglise universelle avec ces personnes particulières.
La femme trouve naturellement sa place si
le ministère pétrinien et le sacerdoce
ministériel s’appuient sur sa grâce particulière. ■
Lucienne Sallé, “Prier 15
jours avec Thérèse Cornille”, éd. Nouvelle Cité,
128 p., 12,50 euros
FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
21
ESPRIT
BENEDICTINES DE VALOGNES
Vie ordinaire dans
par une moniale
une
Abbaye normande
A notre demande, une moniale
bénédictine du Cotentin,
nous a envoyé ce témoignage,
qui pourrait être celui de tant
d’autres vies données à Dieu
aujourd’hui-même en France.
22 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
D.R.
L
'Abbaye bénédictine Notre-Dame de Protection a été fondée à Cherbourg en 1623,
par Charlotte de la Vigne, et s’est établie à
Valognes en 1626. Révolution française, loi
de séparation... l’histoire de cette communauté féminine, rattachée à la congrégation bénédictine de Subiaco, n’est ni plus simple ni plus calme que
celle de bien d’autres. On ne veut pas oublier ici, entre
autres épisodes, que c’est grâce au soutien de l’abbaye Ste-Scholastique de Dourgne (Tarn) que la communauté put reprendre souffle après la guerre de 40
et ses bombardements. Ou qu’en 1961, l’Abbaye fonda,
au Burkina Faso, à Koubri, un monastère africain, qui
compte, aujourd’hui, une trentaine de moniales et de
jeunes en formation. Le monastère est indépendant
depuis 1986, mais des contacts subsistent naturellement entre les deux communautés.
Ici des femmes essayent donc de vivre pleinement
la tradition monastique chrétienne, centrée sur l’unique
recherche de Dieu, à la suite du Christ.
C’est pour répondre à cet amour que la moniale
désire consacrer sa vie à Dieu, non en pure perte, mais
en pure gratuité. Il s’agit d’être avec Dieu, de demeurer avec Lui, Lui parler dans le secret et le silence d’une
présence mutuelle vivante. Un curieux mélange d’austérité et de tendresse, de labeur et de repos, de peine
et de joie. Je crois, à travers cette vie donnée quotidiennement, que Dieu vaut la peine d’être recherché,
aimé, adoré, servi pour Lui-même. On ne rentre pas au
monastère pour faire carrière… Et la fécondité spirituelle ne se situe pas au niveau de l’agir, mais de l’être.
Fruit de l’amour : être simplement des témoins de la
gratuité de l’amour de Dieu, et de l’amour fraternel au
sein d’un groupe de femmes qui ne se sont pas choisies, mais se trouvent réunies là par appel de Dieu,
pour vivre ensemble.
Nous sommes séparées du monde mais, plus Dieu
s’approche de nous, plus nous sommes unies, de façon
On ne
rentre
pas au
monastère
pour faire
carrière
cachée et silencieuse, apparemment inefficace, à nos
frères et sœurs dans le monde. L’amour qui nous attire
dans la solitude avec Dieu ouvre notre cœur à la
compréhension des autres et nous pousse à les porter
dans la prière. Le monastère est une école de charité.
C’est en découvrant la profondeur de la miséricorde de
Dieu dans notre propre vie que nous apprenons à aimer
autrui. Nous aimons nos Sœurs, malgré et avec les
différences et tout ce qui pourrait nous séparer, et
nous sommes aimées d’elles. Dans les conflits qui
peuvent surgir au quotidien, le pardon - "avant le
coucher du soleil" dit Saint Benoît- fait revenir une paix
nouvelle dans les cœurs et ouvre à l’essentiel : c’est par
l’amour fraternel que nous entrons dans l’Etre même
de Dieu : "Où sont amour et charité, Dieu est présent".
Le travail est inséparable de notre vie, le travail qui
est notre coopération à l’œuvre de création, que Dieu
nous donne comme une mission. Saint Benoît a écrit
: "L’oisiveté est ennemie de l’âme" et "C’est alors qu’ils
sont vraiment moines, quand ils vivent du travail de
leurs mains". Le travail assure la subsistance de chacune
et contribue à fortifier l’unité et la cohésion de toute
la communauté. Il témoigne également de l’importance de la vie fraternelle : c’est un service. Il s’effectue au maximum en silence, car, depuis les premiers
temps du monachisme, il est considéré comme une
manière de prier : remplir son cœur de lumière divine
en même temps que les mains sont occupées.
Depuis 1962, les Sœurs fabriquent du pain d’autel
– hosties dorées - qui sert à des paroisses et des
ESPRIT
communautés environnantes et aussi plus lointaines.
du temps à Dieu, gratuitement, dans une louange
En 1976, la Communauté a ouvert un atelier de pâte
commune – le chant des hymnes, des psaumes, des
de fruits. La vente est assurée au monastère, également
cantiques, la proclamation de la Parole de Dieu - et la
par correspondance et sur internet (www.boutiquesprière personnelle.
theophile.com/abbaye.valognes). Les pâtes de fruits
"Ecoute, mon fils, dit Saint Benoît, prête l’oreille de
sont fabriquées de manière artisanale, avec le plus
ton cœur". Un certain temps est réservé, chaque jour,
grand soin.
pour la ‘lectio divina’ (c’est-à-dire la lecture priée de
L’ accueil : L’hospitalité est de tradition dans les
la Bible, des Pères de l’Eglise, auteurs spirituels anciens
abbayes, et "l’hôte qui frappe à la porte est reçu comme
ou contemporains) qui nourrit et abreuve la vie spirile Christ lui-même" dit saint Benoît dans la Règle des
tuelle. La prière de chaque sœur est une expérience très
moines.
personnelle, vécue selon son tempérament, ses aptiEnsemble, moniales et hôtes, nous allons à Dieu
tudes et les appels intérieurs qu’elle perçoit, les mouvedans des vocations différentes. A l’église, dans le jardin,
ments de son cœur.
ou dans l’intimité de la chambre, l’hôte goûtera au
La prière, en nous - comme en tout chrétien – est
silence monastique qui est
l’œuvre de l’Esprit Saint.
un don de Dieu pour lui.
C’est par la prière que je
L’accueil est simple, il
me laisse rejoindre par
peut être un lieu priviléDieu, que je Le rencontre,
gié de prière, de recueilL’écoute, Lui parle, que j’aclement, de contemplation.
cueille son amour et que
Il est également un terrain
j’essaie de Lui répondre.
de recherche, d’approfonC’est par la prière que j’apdissement de la foi, dans la
prends à me connaître, à
rencontre avec l’une ou
me construire moi-même,
l’autre des moniales, ou en
pour mieux comprendre et
groupe : lumière d’espérencontrer les autres.
rance pour les quêteurs de
Pour Dieu et pour le
Abbaye Notre-Dame de Protection – 8 rue des Capucins 50700 Valognes - Tél. : 02 33 21 62 88
Dieu.
monde, la moniale veille et
La prière : L’église est le cœur du monastère. Six
prie. Il n’est en vérité pas de tâche plus belle qu’il lui
fois par jour, les moniales s’y rassemblent pour donner
soit donnée à accomplir. ■
Pour
Dieu et
pour le
monde, la
moniale
veille
FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
23
ESPRIT
IN MEMORIAM
Le cardinal Jaime Sin
âne du Seigneur et libérateur des Phi
eu de temps avant de se retirer, le cardinal-archevêque de Manille, Jaime Sin, avait
déclaré à un journal national, avec son humour habituel, qu’il était ,comme l’ âne
sur lequel Notre Seigneur était entré à
Jérusalem, simplement un instrument. Lui qui jouait
souvent de la signification de son nom “Sin” en anglais (à savoir “péché”) fut un homme de grâce, reconnaissant que tout est grâce. Etonnante présence de
la Divine Providence, en effet, en cette existence
totalement consacrée, selon sa devise épiscopale
“Serviam”, au service de Dieu et de l’Eglise.
Le quatorzième enfant d’une famille de seize,
dont sept moururent en bas âge, d’un père émigré
chinois qui fit fortune dans les affaires et d’une mère
philippine d’origine espagnole, propriétaire terrienne,
il se donna entièrement au Seigneur et à la Bienheureuse Vierge Marie (à laquelle il attribuait sa guérison miraculeuse d’un asthme qui aurait pu lui
interdire toute activité), et par là-même, au peuple
philippin qu’il aima intensément, tout en ne fermant
pas les yeux sur les défauts et les faiblesses de celuici. Il fut un combattant, utilisant une habileté chinoise pour vaincre les méandres politiques, pour
s’attirer la sympathie des médias. Sa vision pragmatique des événements, sa spiritualité simple et enracinée, ainsi que
sa longévité comme prélat (il fut le
plus jeune évêque, puis le plus
jeune cardinal de l’Eglise) lui
permirent de sortir son pays d’une
crise majeure, celle de la dictature,
sinon hélas des crises qui suivirent
et qui continuent à miner la nation
philippine. Il donna à l’Eglise aux
Philippines ses contours actuels et
joua un rôle majeur en Asie, pour
l’avenir du catholicisme.
P
24 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
Quand il parlait, les présidents successifs écoutaient, même si souvent ils n’étaient pas d’accord. Il
fut capable de renverser un dictateur, Marcos, d’aider au renversement d’un autre président, Estrada,
et disparaît au moment où la présidente Gloria
Macapagal-Arroyo, qu’il aida à mettre en place, est
compromise, comme le reste de la classe dirigeante,
dans une corruption et des scandales sans fin et sans
fond. Critiqué d’ailleurs, y compris dans certains
milieux romains, pour son engagement politique jugé
excessif, il n’éprouva jamais de complexe face à la
sphère géopolitique. Sans doute le plus politique des
archevêques de Manille depuis la fin de l’ère coloniale espagnole, il fut capable, pendant trente ans,
de gérer un diocèse qui devint une force spirituelle,
politique et économique (le second diocèse le plus
riche au monde après celui de Los Angeles, disait-il
parfois). L’autorité s’alliait en lui avec le pouvoir. Les
grands le respectaient, le craignaient parfois, les
riches essayaient de le gagner à leur camp, les pauvres le regardaient comme un libérateur lors de la
“révolution du rosaire” en 1986 qui fit tomber le
président Marcos. Malgré les oppositions, il ne craignit jamais de s’investir en politique, considérant
que la séparation entre l’Eglise et l’Etat, inscrite dans
la constitution philippine, ne signifie pas pour l’Eglise
isolation.
Après l’immense victoire d’Edsa I en 1986, Edsa
II, début 2001, mouvement pour renverser le président Estrada, ne fut pas perçu comme une libération
par les pauvres mais comme une injustice. Le Cardinal,
qui avait œuvré pour que le président soit déposé et
remplacé par la vice-présidente d’alors, Gloria Macapagal-Arroyo, comprit trop tard la fausse manœuvre
et présenta publiquement des excuses aux pauvres,
reconnaissant que l’Eglise les
avait négligés et les avaient
rendu des proies faciles entre
les mains des puissants et des
égoïstes. Malgré ce geste apaisant, il subsista désormais une
cassure entre l’Eglise dans sa
hiérarchie et l’immense peuple
des pauvres de ces îles tropicales. La confiance ne fut pas
regagnée. Une des preuves en
Avec Cory Aquino est le nombre de personnes
défilant devant le cercueil du
Il donna
à l’Eglise
aux
Philippines
ses
contours
actuels
D.R.
Nous avons annoncé la mort du
cardinal Sin dans le dernier France
Catholique. Voici l’hommage que lui
rend notre ami le Père Jean-François
Thomas, prêtre français qui s’occupe
des enfants de la rue à Manille.
ESPRIT
par le P. Jean-François THOMAS s.j.
Cardinal pour rendre leurs derniers hommages,
comparé à celui des gens qui ont fait des heures et
des heures de queue, pour un même hommage, lors
de la mort soudaine de l’acteur-candidat présidentiel malheureux Fernando Poe Jr, allié de l’ancien
président Estrada.
Durant ces dernières années, considérablement
affaibli par un diabète qui réduisit peu à peu ses
fonctions vitales, dans un mystérieux parallèle avec
la longue agonie du Saint-Père Jean-Paul II, il souffrit de cette brisure d’avec les pauvres, d’autant plus
que ceux qui joignaient les sectes se faisaient de
plus en plus nombreux, que la corruption ne cessait
de s’accroître, hissant les Philippines au second rang
mondial, que l’instabilité politique,due aux mensonges et à la mauvaise gestion de la nouvelle présidente, laissait entrevoir de nouveau la menace de
sombres perspectives pour le pays.
Après cette disparition, qui se produit en plein
marasme présidentiel, il semble que l’épiscopat cherche en vain une voix qui puisse prendre le relais.
Depuis ces derniers mois, celle d’un autre archevêque, Oscar Cruz, a retenti durement et courageusement pour dénoncer la corruption liée aux jeux
illégaux, véritable plaie dans tout le pays. Mais de là
à pouvoir “chausser les chaussures du Cardinal”,
comme le dit Monseigneur Tagle, évêque d’Imus, il y
a un pas bien difficile à franchir pour l’instant. Quant
au protégé et fils spirituel, depuis ses années de
Séminaire, du Cardinal, le jeune évêque Socrates
Villegas, il est pour l’instant à la tête du minuscule
diocèse de Bataan, sans directe influence sur le reste
du pays, même s’il est bien connu par toutes les autorités. Quel est donc le prélat qui pourra continuer
l’œuvre commencée par le cardinal Sin pour mettre
en pratique, et ne pas le laisser dans le champ clos
des mots et des promesses, un véritable amour des
pauvres ?
Souvent très engagés politiquement ou très
proches des familles privilégiées, beaucoup d’évêques
ne présentent pas un front uni, alors que lorsque le
Cardinal était encore en charge et en pleine possession de ses moyens physiques, il était le berger de tous
les pasteurs qui se rangeaient sagement derrière lui,
même en grognant. Certains analystes de l’Eglise
prévoient un éclatement de l’épiscopat, comme cela
s’est produit dans le reste de la société ces dernières
années. Une ère est sans doute close, un grand vide
D.R.
(1928-2005)
lippins
Certains
analystes
de l’Eglise
prévoient
un
éclatement de
l’épiscopat
s’est installé pour dénoncer les vices, condamner les
abus, appeler au respect de la vie.
Comment sans son guide l’Eglise des Philippines
va-t-elle faire face à la prolifération des sectes, à la
raréfaction des vocations sacerdotales, à la nécessaire réforme de la vie et des pratiques du clergé ?
Peut-être cette absence sera-t-elle aussi l’opportunité du surgissement de nouvelles figures, jusque-là
écrasées par la personnalité d’icône du Cardinal ?
Cependant le temps presse, même si l’Eglise, à cause
de son âge respectable,sait attendre patiemment et
prendre les moyens qui portent du fruit sur le long
terme. Le nouvel archevêque de Manille, Mgr
Gaudencio Rosales, ne cache pas son inquiétude face
à l’agressivité du prosélytisme néo-protestant et aux
conversions à l’Islam, surtout à Mindanao où se
déroule, depuis plusieurs années une guerre rangée
entre les groupes du mouvement d’indépendance
musulman et l’armée régulière.
Le Cardinal a avancé patiemment, comme l’âne
portant Jésus, sachant qu’il ne servait pas sa propre
gloire, malgré les honneurs. Certains ajoutent que cet
âne avait un ânon. Ce dernier est attendu pour prendre la relève. Il devra faire face à des bouleversements qui risquent d’être moins pacifiques que ceux
des crises précédentes. Gageons que le bon Cardinal
n’abandonnera pas son peuple. ■
FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
25
EXPOSITIONS
"ARTS PREMIERS"...
L' homme
et ses m
par Alain SOLARI
Le musée Jacquemart-André
accueille une exceptionnelle
collection de masques provenant
des musées Barbier-Mueller
de Genève et Barcelone.
Une exposition-poème réalisée
avec le concours de Michel Butor.
ls sont 87, uniques et surprenants.
Ils proviennent des cinq continents.
Les plus récents ne datent que du
siècle passé (le XX e ) ; les plus
anciens ont cinq mille ans, comme
cette pièce sumérienne du IIIe millénaire
avant JC qui est un petit masque de statue
(les statues, elles aussi devaient parfois dissimuler leur visage). Le musée JacquemartAndré accueille un ensemble exceptionnel de
masques provenant des musées Barbier-Mueller
de Genève et de Barcelone. Si quelques uns sont
"connus", la plupart sont présentés au grand
public pour la première fois. Joseph Mueller, né en
Suisse alémanique en 1887, a réuni une riche collection de toiles, sculptures et masques. Sa fille
Monique a acquis, avec son époux Jean-Paul
Barbier, de nombreuses œuvres qui se sont ajoutées au fond Mueller. En 1977, ils ont ouvert à
Genève le musée qui porte
leur nom, lequel conserve
notamment une remarquable collection de
masques. 20 ans plus
tard, le musée (municipal) Barbier-Mueller de
Barcelone bénéficiait du
dépôt (sous forme de
prêt à long terme) des
pièces précolombiennes.
Les collections BarbierMueller constituent la
Tête funéraire. Égypte, Fayoum.
Antiquité tardive, Ier-IIe siècles apr.
J.-C. Bois, pigments naturels,
incrustations d’ivoire et de jais.
I
Grand masque-heaume.
Archipel Bismarck, Iles Vitu
(French Islands). Bois dur,
polychromie ocre, blanche
et teinte bleu-vert.
26 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
Masque funéraire.
Mexique,
civilisation
de Teotihuacan.
Epoque classique,
200-600 apr.
J.-C. Serpentine.
Devenir un
autre que
soi-même,
n'est-ce
pas le désir
de tout le
monde ?
plus importante collection privée d’art primitif
au monde (Jean-Paul
Barbier ne prise guère
le terme "d’arts premiers" : "s’il y a des arts
premiers, dîtes-moi
quels sont les arts derniers", disait-il le jour de la
présentation de l’exposition à
la presse).
"C’est une exposition où l’intervention du poète est fondamentale",
déclare Jean-Paul Barbier. Et il précise : "Michel
Butor a été placé en face de 125 masques… et on
l’a laissé méditer… Il a décidé de les grouper en 15
"chœurs"… avec, à chaque fois, un huitain, un
petit poème, qui fait parler les masques… L’accent
a été mis tout particulièrement sur l’aspect esthétique". Faute de place, la sélection opérée par le
poète a été limitée aux 87 pièces exposées. De son
côté, Michel Butor précise : "je les ai classées
selon le genre de questions qu’ils nous posent... Ils
ont été choisis de façon à nous donner tout un arc
en ciel d’émotions". Au-delà de l’émotion esthétique qu’elles suscitent, quelle était la finalité des
magnifiques pièces exposées au musée Jacquemart-André ? "Devenir un
autre que soi-même, n’est-ce
pas le désir de tout le monde ?
Porter, ne serait-ce que pour
une heure, le visage de quelqu’un de plus prestigieux, de
plus valeureux ?… se protéger
des autres, mais surtout, peutêtre, de soi-même ? Devenir le
piège et l’image d’une figure de l’autre monde ?…
Ainsi s’exprime AlainMichel Boyer en introduction au superbe cata-
Masque facial féminin kplekple bla
de l’ensemble goli. Côte d’Ivoire, peuple
Baoulé. Bois mi-dur polychrome
(brun-rouge rehaussé de noir et de blanc).
Masque funéraire.
Indonésie, est de l’île de Java.
Premier millénaire
apr. J.-C. Feuille d’or.
asques
logue édité à l’occasion de cette exposition. "Je est
un autre", écrivait Rimbaud.
Misant sur des critères poétiques et esthétiques, les organisateurs de l’exposition se
sont permis quelques audaces. Un terrifiant masque de tankiste anglais de la
première guerre mondiale peut en
côtoyer un autre, à vocation votive, de
la culture du Louristan (Iran ancien)
qui remonte au VIIIe ou VIIe siècle avant
JC. Dans le cas du masque de tankiste,
si le cartel ne précisait pas l’origine, un
néophyte pourrait l’attribuer à quelque
société primitive, tant il est surprenant.
Ici, le rapprochement ne semble pas
incongru. Mais on peut rester sceptique
devant tel masque de protection de l’US Air
Army (1940) ou celui d’un joueur de hockey
sur glace. Scepticisme auquel répond Jean-Paul
Barbier : "le gardien de but, avec son visage
démoniaque, est transfiguré. Ce n’est plus un
homme, c’est un être
surnaturel". Cette originalité mise à part,
beaucoup de pièces
exposées sont des
masques africains. Ce
sont ceux auxquels on
penserait le plus spontanément. Mais d’autres proviennent de
contrées aussi éminemment "exotiques" que…
la Suisse ! Comme ce
masque Schnider du
canton de Saint-Gall
(XIX e siècle) ; ou cet
autre, pour le carnaMasque bram.
val, provenant des
Centre du Vietnam,
Peuple Joraï, sous-groupe
Grisons. Que signaler
Bböhnar-Jolong. Bois léger,
d’autre, parmi les
pigments noirs et blancs.
merveilles exposées ? Le parti-pris de l’exposition permet de s’affranchir de toute connaissance scientifique ou
ethnographique et de laisser libre cours à des préférences personnelles parfaitement arbitraires.
Limitons-nous à des fonctions ou à des régions qui
ne viennent pas à l’esprit du commun des mortels.
Ou à des émotions esthétiques comme celles que
Masque facial. Gabon,
Peuple Vuvi. Bois mi-dur,
polychrome
(noir, blanc
et bleu).
Masque facial.
Congo-Brazzaville,
cours supérieur
du Likuala. Peuples
Mahongwé ou Ngaré.
Bois-mi-dur polychrome
(noir, blanc et rouge).
EXPOSITIONS
suscite ce masque "bram", provenant du Vietnam (peuple
Joraï). Ou ce masque "yei", des
Etats-Unis (Arizona, peuple
Navajo) avec son
indispensable plume
d’aigle. Des USA également, tel masquependentif appartient à la culture
du Mississipi
(1200-1600 après
JC). Celui-ci, de
l’île de Lombok
(Indonésie), peut
faire penser, par
sa stylisation, à
certaines sculpMasque casque
tures de notre
féminin eze nnwanye.
Moyen-Age. Mais
Sud du Nigeria, peuple
c’est un masque
Igbo, groupe Izzi. Bois mi-dur,
pigments noirs et blancs.
d’acteur. Celui-là
(Chine, Qidan, dynastie
Liao, 907-1125 après JC) évoque le repos et la
sérénité. C’est un masque mortuaire en bronze
doré.
Le visiteur est accueilli par une merveille : un
masque cérémoniel tibétain (bouddhisme tantrique, XVI-XVIIe siècle). Comme ses congénères, et
comme toujours au musée Jacquemart-André, il
est remarquablement mis en valeur. Plongées dans
une semi-pénombre, les salles réservent l’excellent
éclairage aux masques. Le seul inconvénient est de
rendre quelques cartels difficilement lisibles.
"Nous regardons ces masques et ces masques
nous regardent… Ils nous renvoient nos propres
énigmes", dit Michel Butor d’une exposition qu’il
ne faut pas laisser passer. ■
Masque funéraire.
Nord du Pérou.
Culture de Vicus
ou Mochica (ancien
Mochica).
200 av. J.-C.700 apr. J.-C.
Cuivre,
coquillage.
"L’Homme est ses Masques, chefs-d’œuvre des
musées Barbier-Mueller de Genève et Barcelone",
jusqu’au 28 août 2005. Au Musée JacquemartAndré, 158 boulevard Haussmann, 75008 Paris. Tous
les jours de 10h à 18h.
Le catalogue de 375 pages (Michel Butor, AlainMichel Boyer, Floriane Morin) contient de superbes
photographies des masques exposés (Editions Hazan).
FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
27
LIVRES
TEMOIGNAGE
Conversion d’un coeur
par Jacques CHASTAN
humain
Michelle était révoltée
contre la vie, contre cette
société, et contre toute
idée de Dieu. Rencontrant
le Christ, elle trouve la
paix et l’amour de Dieu.
Elle nous livre son
cheminement sur un ton
touchant de vérité.
out commence par une baignade dans l’Atlantique :
Michelle, à une heure où elle ne
sort jamais, et à un endroit où
elle ne nage pas habituellement, sauve Edouard de la noyade. La
mère de cet enfant, pour la remercier,
lui offre une boîte de chocolat. Mais sa
grand-mère, Marie, ne compte pas en
rester là : peut-on s’acquitter d’une vie ?
Imprégnée de la spiritualité du Mouvement Sève, dont elle fait partie, Marie
envoie un ouvrage de Marguerite
Hoppenot à celle qui a sauvé son petit
fils. Le livre s’intitule Cette vie qui m’est
donnée. Marie ne désire rien de plus que
de parler de ce trésor sans prix qu’est la
vie. Mais la réponse de Michelle ne tarde
pas, intransigeante : “Je suis très touchée
de votre attention. Mais je ne crois pas
en Dieu. Veuillez ne plus essayer de m’en
parler.” Marie reprend la plume, rétorque
qu’elle respecte absolument les positions
de Michelle.
C’est le début d’une correspondance
de plus de deux ans, entre ces deux
femmes que tout séparait : la distance,
les milieux, les convictions religieuses,
l’histoire, les situations financières...Rien
(
D.R.
T
ne les empêchera de nouer des liens
d’amitié très forts. Marie sent en Michelle
une personne très généreuse, guidée par
une profonde soif de servir, mais extrêmement démunie, déroutée par l’existence. Michelle sent en Marie une
personne solide, une femme sensible qui
la comprend, la première épaule sur
laquelle elle peut enfin s’appuyer.
Les mois passent. Un jour, Michelle
reproche à Marie : “Vous ne me parlez
jamais de vous.” Marie s’explique : “Mais
vous m’aviez demandé de ne pas vous
parler de Dieu. Or ma vie c’est Dieu...”
Michelle hésite, puis accepte : “Ah ? Ca
ne fait rien, parlez m’en quand même !”
Quel chemin intérieur Michelle a-t-elle
suivi depuis sa première lettre ?
Elle s’est ouverte peu à peu à la
C’est le début d’une correspondance
entre deux femmes que tout séparait
28 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
recherche de Celui qui donne sens à nos
vies. A travers la lecture de Claire d’abord,
une femme au caractère entier, qui lui
renvoya son propre miroir. Puis à travers
Etty, dont l’abnégation de soi dans les
camps de la mort lui renvoya un modèle
à suivre. Puis Zundel enfin, qui par son
affirmation : “Le Royaume de Dieu est
dans le cœur de l’homme” décide
Michelle à se laisser introduire auprès
du Seigneur.
Aujourd’hui, elle est auxiliaire de vie
auprès des personnes âgées. Avec Marie,
elles ont décidé de publier leur histoire,
et leur correspondance épistolaire, dans
un livre envoyé tel une semence capable
de craqueler un peu l’âme intérieure, on
ne sait où... ■
Michelle Cressent, “Le fardeau ou les
ailes”, éditions Salvator, 155 pages,
15 €. Dédicaces : St-Jean de Luz, 18
juin, Maison de la Presse Jaspart-Million
à partir de 16 h. - Urt, 14 juillet abbaye
de Belloc 15h-16h30
THÉÂTRE
"CANDIDE..." "LA SAVETIÈRE PRODIGIEUSE"
La vie
par Pierre FRANÇOIS
combien de personnes "Candide" n’évoque-t-il pas le lycée, avec les explications savantes du professeur de Lettres
mettant en valeur l’amertume de la dérision derrière la douceur d’un texte
parfaitement policé ? Ce conte est repris sous
forme de pièce au Lucernaire (qui continue son
activité avec un autre propriétaire). Dans un décor
évoquant le cirque et la magie, deux personnages
interprètent tous les rôles. L’un est un Candide
plus naïf qu’on ne l’a jamais imaginé, l’autre incarne à la fois ses rencontres et le récitant. Avec
pour tous accessoires une table et six tabourets ils
nous emmènent voir le tremblement de terre de
Lisbonne, la découverte de l’El Dorado, les rencontres furtives avec Cunégonde, etc.
La subtilité du texte n’empêche pas de rire
franchement des évocations voilées au sujet des
mœurs de cette Dulcinée inconstante autant
qu’intéressée. Ou de la description de l’absurdité
de la souffrance. Mais d’un rire qui apprécie autant la finesse de l’expression que la situation rapportée elle-même.
La mise en scène apporte incontestablement
quelque chose de plus au récit qu’une simple lecture solitaire, tout en restant fidèle à sa lettre. De
sorte que cette histoire déjà connue captive son
public. Il faut dire que le spectacle a eu le temps
de se peaufiner : cela fait dix ans que l’adaptation
du conte de Voltaire par Jacques Kraemer et René
Loyon tourne avec Nicolas Dufour et Virgil Mergnat, après avoir été jouée par ses adaptateurs…
Avec "la savetière prodigieuse" de Federico
Garcia Lorca, on reste dans le conte philosophique
tout en s’écartant du style dix-huitième siècle.
Pas moins de neuf comédiens se partagent
treize personnages dans un double espace scénique. Double dans la mesure où le décor n’emplit
pas toute la scène et où entre les limites de celuici et celles du plateau s’installent les voisins, spec-
A
© MARION DUHAMEL
De Voltaire à Lorca, souvent
les auteurs font passer
des convictions politiques
contestataires à travers
la fiction. Et cela porte.
contée
tateurs du couple central lorsqu’ils n’en sont
pas les bourreaux.
Assister dans un
théâtre de quartier parfaitement climatisé à
une pièce dont tous les
éléments sont si bien
réglés est un vrai
confort. Ici, les comédiennes-chanteusesdanseuses de claquettes
jouent de ces dernières
"La savetière prodigieuse"
aussi bien que la comédie, les guitaristes-chanteurs-comédiens remplissent leurs trois offices à
la perfection, avec une tessiture remarquable au
passage. La femme du savetier est peste autant
qu’amoureuse. Elle qui pousse la délicatesse jusqu’à énoncer le nombre et les qualités de ses prétendants à la face de son mari se met à chanter
l’attachement qu’elle lui porte - et lui trouver soudain toutes les vertus - une fois que, lassé, il est
parti.
Au-delà des thèmes de la difficulté à faire
comprendre à l’autre l’amour qu’on lui porte et de
celui de l’invariabilité des caractères, celui de l’influence de l’entourage est tout aussi permanent.
Pour autant est-il exact que le malheur de quelqu’un soit toujours de la faute d’un autre ? Sans
doute pas. Tout cela on le sait, mais il y a la manière de le dire qui nous le fait ressentir comme
une découverte psychologique et un enrichissement moral. Pour toutes ces subtilités et pour une
mise en scène hors pair, qui parvient à réaliser un
changement de décor à vue sans qu’on s’en aperçoive, ce spectacle est vraiment à voir. ■
La manière
de le dire
qui nous le
fait ressentir
comme une
découverte
(1) "Candide ou l’optimisme", de Voltaire. Avec Nicolas
Dufour et Virgil Mergnat. Du mardi au samedi (20h),
le dimanche (17h). Au Lucernaire, 53 rue Notre-Dame
des Champs, 75006 Paris. Places à 30/20/15/1 €.
Tél. 01.42.22.66.87.
(2) "La savetière prodigieuse", de Federico Garcia
Lorca. Avec Julie Delarme, Bernard Douby... Mardi,
vendredi, samedi (20h30), mercredi et jeudi (19h),
samedi et dimanche (16h). Au Théâtre Artistic
Athévains, 45 bis rue Richard Lenoir, 75011 Paris.
Places à 25/14/10 €. Tél. 01.43.56.38.32.
FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
29
MUSIQUE
VÉZELAY
Musique, carrefour
de l’émotion et
Unie aux spiritualités
contemporaines, la musique
religieuse traverse les époques
en les exprimant.
ézelay. Quand la possibilité s’est offerte
à Pierre Cao d’y organiser un festival de
musique, il a tout de suite estimé qu’un
tel lieu ne pouvait donner à résonner
que des sons en accord avec sa sacralité.
Cette option l’a logiquement conduit à en faire une
tribune pour l’art vocal.
Il fallait aussi que l’événement soit emprunt de
convivialité. Il y a donc entre les écoutes des respirations, des rencontres avec les artistes. Durant ces
moments de gratuité d’autres musiciens expriment
des harmonies différentes, du divertissement classique au jazz en passant par la chanson française.
Pour rendre compte de cette volonté délibérée, la
manifestation ne se présente pas comme un "festival" - terme qui connote une ambiance guindée–
mais comme "Les rencontres musicales de
Vézelay". (1)
Cela n’empêche pas la compétence ni la volonté pédagogique, et chaque concert est précédé
d’une conférence musicologique. De là à dire que
l’orateur s’exprimera toujours dans un langage
accessible, Pierre Cao l’espère mais n’ose le garantir. Car en musique comme dans tous les métiers,
aujourd’hui comme à l’époque de Molière, un langage simple est souvent - hélas – perçu comme un
signe d’incompétence. Drôle de public qui paie
pour, de préférence, ne pas comprendre ce qui lui
est dit !
Mais ici, un tel désir masochiste a peu de
chance d’être satisfait. En effet, Pierre Cao a enfin
voulu que ces rencontres soient à la portée des
bourses familiales, ce qui aboutit à un prix environ
moitié moins cher que d’autres initiatives.
L’aventure dure depuis cinq ans. Elle a notamment pris pour thème les vêpres ou la liturgie de la
messe et plusieurs cd peuvent donner une idée de
la qualité des travaux proposés. (2) Qu’il soit permis
de signaler en particulier le "Jean-Sébastien Bach :
Motteten", par l’ensemble Arsys Bourgogne avec
lequel Pierre Cao travaille depuis de longues années. Cette version a en effet été considérée par
V
30 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
Chaque
concert est
précédé
d'une
conférence
musicologique
quelques spécialistes comme étant de référence.
Cette année le thème retenu a été "David, le roi
musicien". Et donnera lieu à une douzaine de
concerts, du 25 au 28 août. Chaque journée suivra
le même horaire. A 15h, une conférence musicologique au sujet de ce qui débutera une heure plus
tard au même endroit. A 18h, la rencontre entre le
public et les artistes du jour dans les jardins Jules
Roy, agrémentée d’un divertissement musical gratuit. Et à 19h sera donnée l’introduction musicologique au concert de 21h.
Deux œuvres seront consacrées au personnage
de David lui-même -"Le roi David" de Honneger et
le "Davidde penitente" de Mozart- les autres
revendiquant le roi musicien pour auteur.
Si on classe les œuvres par ordre chronologique, on remarque en premier les chants spirituels
judéo-espagnols, de la seconde moitié du
XVIème siècle. A cette époque les poèmes religieux
juifs - mais subissant l’influence de la poésie arabe
– chantés sur des mélodies profanes rencontrent le
mysticisme cabaliste séfarade. Les 12 chants interprétés - même si leur origine remonte jusqu’au
Xème siècle – sont nés au cœur de ce nouveau creu-
MUSIQUE
du spirituel
set mystique. Ils ont été choisis pour leur importance dans la liturgie séfarade, tant la quotidienne
que celle des cérémonies qui rythmaient l’année.
Cette interprétation a eu à cœur de restaurer les
conditions dans lesquelles cette musique était produite à l’époque, d’où le petit nombre de chanteurs
par exemple. De là à dire qu’ils vont nous faire
vivre les mêmes émotions que celles d’un peuple à
la spiritualité différente de la nôtre… On est dans
une période où la musique est entièrement adressée à Dieu.
Quatre programmes sont témoins de la religiosité du XVIIème siècle. C’est une des périodes où on a
fait le plus de musique, notamment pour la Réforme en Allemagne, qui reprend tout le psautier
en langue vernaculaire. Les mentalités ont alors
changé et la musique devient un discours de
l’homme à l’homme sur Dieu, même si elle reste
dans la dépendance du texte révélé. Mais la
seconde moitié de ce siècle va voir éclore les "états
d’âme" musicaux.
Seront ainsi donnés les Psaumes de David selon
l’"italienische Manière" à travers des œuvres notamment d’un Heinrich Schütz – qui fusionna le
© PASCAL LAMBOT
par Pierre FRANÇOIS
Basilique de Vézelay
Une
période où
la musique
est
entièrement
adressée
à Dieu
"stylus luxurians" italien et la tradition chorale
germanique– ou de Nicolaus Bruhns et Dietrich
Buxtehude, maîtres du "stilo concertato" qui inspirera J.S. Bach.
Heinrich Schütz s’invitera encore pour un
concert entièrement dédié à ses psaumes dans la
basilique. Et on retrouvera son unique oratorio
dans un concert consacré à cette forme musicale.
Il voisinera alors avec Kasper Förster, dont on est
presque certain qu’il fut élève de Carissimi à Rome.
Quant à Dietrich Buxtehude et Nicolaus
Bruhns, ils partageront un autre concert avec H.I.F.
Biber, entièrement consacré aux psaumes pour
basse et musique instrumentale.
Ce sont le "Te Deum" et les "Grands motets" de
Lully qui illustreront la musique religieuse française de l’époque.
Le XVIIIème siècle sera représenté par le "Davidde
penitente" de Mozart. C’est son dernier oratorio,
écrit alors qu’il avait abandonné ce genre depuis
14 ans. Et, comme le délai de la commande était
très court, il reprit sa "grande messe en ut mineur"
de 1782 pour la transformer et travailler le thème
des remords de David au moment de la mort de
son enfant adultérin. On est dans la période au
cours de laquelle l’instrumentation va prendre le
pas sur la voix, la technique sur la spiritualité.
L’idée de musique religieuse est mise à mal, les
églises devenant des salles de concert. Thibaut, à
Heidelberg, réagit dans son ouvrage "La pureté de
la musique". Il prône alors le retour à une musique
religieuse simple, sur le modèle de Palestrina. Le
parallèle peut être fait avec ce qui se passa à l’époque de Luther et du concile de Trente.
Le XIXème siècle offrira "Wie der Hirsch schreiet",
de Mendelssohn, que Schumann considérait
comme un chef-d’œuvre de musique religieuse
contemporaine.
Ces rencontres se termineront par “Le roi
David”, l’œuvre qui fit de Honneger le "roi Arthur"
alors qu’il n’avait que 29 ans. Elle est ici donnée
dans sa version originelle. On arrive au bout du
coup de balancier qui avait suivi l’essor de la musique instrumentale, avec une musique à thématique religieuse qui se retrouve jouée dans un
contexte de théâtre… ■
(1) "Rencontres musicales de Vézelay", Pôle d’art vocal
de Bourgogne, 89450 Vézelay. Rens. 03.86.32.34.24,
www.rencontresmusicalesdevezelay.com. Tarif de 10 à
20 € à l’unité, de 35 à 80 € pour 2 à 4 concerts,
144/130 € pour l’ensemble.
(2) "Pierre Menault : Vêpres pour le Père La Chaize",
Arsys Bourgogne, La Fenice, direction : Jean Tubéry.
2001. Enregistré à l’église St Lazare d’Avallon. K 617.
"Biber : Musique au Dôme de Salzbourg", Arsys
Bourgogne, direction Pierre Cao. 2003. Enregistré à la
Chapelle des Parlementaires (Paris). Ambroisie.
"Jean-Sébastien Bach : Motteten", Arsys Bourgogne et
les Basses Réunies, direction Pierre Cao. 2002.
Ambroisie.
"Vêpres sous Charles VI à Vienne", Arsys Bourgogne,
L’Arpeggiata, Christina Pluhar, direction Pierre Cao.
2002. Enregistré à la Chapelle des Parlementaires
(Paris). Ambroisie.
FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
31
MUSIQUE
LIGUGÉ
Musique vivante,
par Pierre FRANÇOIS
lien social
Dans une perspective de foi,
ces experts musicaux que
sont les moines ouvrent des
chemins de découverte dans un
monde en recherche de sens.
’abbaye de Ligugé organise durant le mois
de juillet des rencontres musicales. Des
propos du président de l’association "Chemins de musique" - ancien musicien professionnel et père abbé du monastère– on
retient que la visée, au contraire du formalisme
musical, est de susciter la compréhension et le goût
de la musique pour en vivre.
Le problème actuel de la musique, dit-il, est
qu’elle est perçue surtout comme un divertissement. Mais les moines savent tout le dynamisme
qu’elle procure à un esprit en quête de sens et de
vérité. Cela fait huit ans que Ligugé a pris l’initiative de différentes manifestations pour le faire
redécouvrir. Interventions dans les écoles, confrontations entre des musiques de civilisations différentes, conférences, éditions de CD...
Le souci de “Chemins de musique” est d’aider le
public à retrouver le sens du langage musical et
d’aider ainsi à une construction de la personne et
du lien social. En effet, la musique est un vrai langage, même quand elle ne repose pas sur un texte.
C’est le cas par exemple de Haydn qui exprime
parfaitement la spiritualité des "sept dernières
paroles du Christ en croix" dans des pièces pour
quatuor à cordes. Ce langage nourrit un rapport
complexe et positif aux différentes cultures. Il traverse les époques tout en se les appropriant. Mais
en même temps porte témoignage de la mentalité
d’une période ou d’une culture aux autres. C’est
parce que la musique est un véhicule de communication sociale qui crée une communion entre les
êtres qu’elle peut devenir facteur d’intégration,
comme cela se pratique dans des ateliers auprès de
personnes en situation de précarité. Cet été auront
lieu dans ces perspectives durant quatre weekends, du 2 au 24 juillet, des journées thématiques
centrées sur la musique vivante. A chaque fois,
conférences ou ateliers et concerts se répondront.
Les journées d’ouverture ont mis en présence
musiques grégorienne et arménienne. Les gram-
L
32 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
Les moines
savent tout le
dynamisme
que la
musique
procure à
un esprit en
quête de
sens et de
vérité
maires musicales ayant quelques règles communes - ici
sur l’emploi de la modalité
dans le langage monodique –
on a pu élaborer un vrai dialogue entre la Schola du monastère et l’ensemble AKN.
Le second week-end
met en valeur deux périodes
de transition. D’abord avec
Guillaume de Machaut, un
des premiers grands compositeurs de musique savante, dans une écriture très
élaborée. Sa Messe de Notre-Dame (vers 1340) est
une pièce-maîtresse pour la compréhension de l’évolution musicale en Occident. Le dimanche sera
consacré à une autre période de transition : la
Renaissance. "Cadences" et "gaillardises" étaient
des formes musicales utilisées pour les danses du
même nom dans le contexte du jeu colla voce,
réunissant instruments et voix autour de compositions polyphoniques. C’est par l’écoute et par la
pratique qu’il est prévu d’initier les participants à
ce week-end.
Poursuivant sa progression chronologique, le
troisième week-end abordera "le chant de l’âme
au XVIIe siècle" avec le thème du Cantique des
Cantiques, qui met en valeur la recherche incessante de l'époux et de l'épouse comme un désir
profond jamais assouvi (Olivier Vernet et l’ensemble In ore Mel). Avant d’offrir "Les suites anglaises"
de J.-S. Bach au clavecin par Pierre Hantaï.
Le dernier week-end reprendra cet hommage à
Bach. Un concert regroupera des œuvres créées
autour du thème musical correspondant au nom
du maître : si bémol (B), la (A), do (C), si bécarre
(H). Ont été conviés à cette aventure Bach luimême, Schumann, Liszt, Honegger, Roussel, Eisler,
Françaix, Webern et Daniel Meier.
Et ce sera l’occasion de célébrer le cinquantenaire de la mort de Paul Claudel et d’Arthur Honneger par des dialogues poésie-musique. Après
deux conférences sur le rapport de Claudel à la
musique, un concert en trois parties - dont une
création de Pierre Doury – évoquera les figures de
ces géants. Autant de manières d’entrer plus avant
dans le sens de la vie et dans le dialogue que suscite la foi. ■
Chemins de Musique, Abbaye Saint-Martin, 86240 Ligugé,
tél : 05.49.55.89.00. Site : www.cheminsdemusique.fr
CINEMA
La guerre des mondes
Ray, un modeste docker, reçoit ses deux enfants
pour le week-end. Mais les relations ne sont pas
au beau fixe entre ce père peu concerné et ces
enfants en révolte. Peu après, un étrange orage
s’abat sur la région, avec des éclairs, mais pas
de coups de tonnerre. Intrigué, Ray et ses
voisins sortent dans la rue pour comprendre ce
qui se passe. Tous assistent à d’étranges
phénomènes : la chaussé se fend et une cavité
se creuse. Et voilà qu’une terrible machine sur
trois pieds en sort, détruisant tout sur son
passage.
Après les gentils extraterrestres («Rencontre du
troisième type», «ET»), Steven Spielberg met en
scène des hommes venus d’ailleurs fort peu
amènes et agressifs, dans cette libre adaptation
du célèbre roman de HG Wells. Les images sont
très impressionnantes, parfois très belles (en
particulier celles des paysages ensanglantés),
mais le spectateur reste un peu sur sa faim, tant
le message est court et les événements
répétitifs.
M.-L. R.
Film fantastique
américain (2005) de
Steven Spielberg,
avec Tom Cruise (Ray
Ferrier), Justin
Chatwin (Robbie
Ferrier), Dakota
Fanning (Rachel
Ferrier), Tim Robbins
(Ogilvy), Miranda
Otto (1h56). Sortie le
6 juillet 2005.
Au suivant !
Directrice de casting, Jo est une jeune femme
solitaire. Alors qu’elle s’occupe de faire incinérer
son chien, elle fait la connaissance de Bernard,
un comédien.
Cette petite comédie, qui ressemble davantage à
une succession de sketchs, est assez mineure.
Elle a le mérite de faire rire parfois et sans
vulgarité et de mettre en valeur l’immense talent
de Clovis Cornillac, qui écrase un peu sa
charmante partenaire.
M.-L. R.
Comédie de mœurs
française (2004) de
Jeanne Biras, avec
Alexandra Lamy (Jo),
Clovis Cornillac
(Bernard), Juliette
Roudet, Jerry Rudes,
Rastko Jankovic,
Charlotte Nguyen (1h30).
Sortie le 29 juin 2005.
LA MOUSTACHE
Une
fable très Originale
par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ
cesser de le faire marcher, mais la
jeune femme s’étonne et finit par lui
dire qu’il n’a jamais porté de moustache. Peu à peu, le doute s’insinue en
Marc, qui commence à douter de tout
et de lui-même. Complot ou lente
glissade vers la folie ?
On ne le saura jamais vraiment,
mais cela n’a guère d’importance.
Avec beaucoup de rigueur, Emmanuel
Carrère décrit la dérive de cet homme,
en filmant toute son histoire de son
point de vue. L’ambiance est oppres-
Une plongée étonnante
dans l’angoisse d’un homme
qui glisse insensiblement
vers la folie.
L
orsqu’un romancier adapte et
met en scène son propre livre, le
résultat est souvent une réussite,
car il est le plus à même de restituer
en images son univers et son style.
Emmanuel Carrère (fils d’Hélène
Carrère d’Encausse) est l’auteur de
romans portés au cinéma par d’autres
(«La classe de neige», «L’adversaire»),
mais c’est la première fois qu’il met
lui-même en scène un de ses romans
(son premier film était «Retour à
Kotelnitch», un documentaire).
Cela fait dix ans que Marc porte la
moustache, mais, un jour, il décide de
la raser. Lorsqu’il rentre chez lui,
Agnès, sa femme, ne s’aperçoit de
rien. Pire, ses amis et ses collègues de
travail ne remarquent rien non plus.
Agacé, Marc demande à Agnès de
(
Des comédiens
exceptionnels
servent une histoire
originale et captivante
sante à souhait, grâce à des images
superbes et à une interprétation sensationnelle. Vincent Lindon est parfait
dans son rôle d’homme qui perd pied,
tandis qu’Emmanuelle Devos (qui interprétait déjà un rôle d’épouse dans
«L’adversaire») joue avec beaucoup de
finesse des ambiguïtés de son personnage. Derrière le brillant exercice de
style (qui donne vraiment le vertige),
on devine une fable sur la crise du
couple. A cet égard, la fin positive est
réconfortante. ■
La moustache. Comédie dramatique française (2004) de
Emmanuel Carrère, avec Vincent Lindon (Marc), Emmanuelle
Devos (Agnès), Mathieu Amalric (Serge), Hippolyte Girardot
(Bruno), Cylia Malki (Samira), Macha Polikarpova, Fantine
Camus (1h26). Sortie le 6 juillet 2005.
Le courage d’aimer
Dans le Paris de 1999, Shaa, une jeune paumée fait la
connaissance d’un chanteur des rues. C’est le coup de foudre et
la jeune fille, apprentie chanteuse, lui propose de former un duo.
Mais, peu après, alors qu’ils se produisent dans un club, un
producteur débauche Shaa, qui quitte son homme.
Il avait clamé haut et fort qu’il renonçait à sortir ce film, déjà
dans la boîte au moment de la sortie des «Parisiens». Pourtant Claude Lelouch est revenu sur sa
décision et, après un nouveau montage, sort cette bluette qui mêle les personnages et les histoires.
Paris est joliment filmé et la musique de Francis Lai est entraînante. Cependant on ne dépasse pas le
niveau du roman-photo, charmant, mais léger, tout comme le comportement des uns et des autres.
Marie-Lorraine ROUSSEL
Comédie dramatique (2004) de Claude Lelouch, avec Mathilde Seigner (Anne et Clémentine), Maïwenn (Chaa), Massimo Ranieri (Massimo), Michel
Leeb (Michel Gorkini), Arielle Domsbale (Sabine Duchemin), Yannick Soulier, Pierre Arditi, Line Renaud, Francis Perrin (1h43). Sortie le 6 juillet 2005.
FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
33
BLOC-NOTES
Laon) sur le thème "Des vélos
pour trouver sa voie". Contact :
Véronique Lévêque, 5, place
Jeanne d'Arc, 02350 Liesse
Notre-Dame, ✆ 03.23.22.17.98.
✔ Pour les 15/18 ans, "5 jours
sur les pas du père Wresinski et
du père Dehon", sont prévus du
10 au 15 août, sur les routes de
l'Aisne. Contact : Brigitte de
Rozières, ✆ 03.23.25.67.92.
✔ Un "camp chantier" est prévu
du 16 au 19 août, pour les 18/25
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dans ma paroisse = 10 € (de participation aux frais de port)
mer par Jésus", par Jean Vanier ;
du 17 au 23 juillet "Vous tous
qui avez soif, venez !", par le
père Gosselin, courriel : foyer.
[email protected]
Gironde
✔ Une semaine monastique à
l'abbaye du Rivet, 33124 Auros,
est prévue du 22 au 30 juillet.
Partage de la vie monastique proposé à des jeunes filles de 18 à
30 ans : prières et offices, travail,
temps d'enseignement et de prière personnelle. Sœur Godelieve,
✆ 05.56.65.05.30.
✔ Au monastère du Broussey,
33410 Rions, ✆ 05.56.62.60.90,
des rencontres spirituelles sont
organisées : du 5 (19h) au 7 août
(16h) "Marie, attentive à la Parole
de Dieu", par le frère Jean-Marcel ; le 15 août : journée mariale,
fête de l'Assomption ; du 22
(19h) au 28 août (16h) "Désert et
prière". Courriel : [email protected]
Haut-Rhin
✔ "Un temps pour Dieu", du 5
au 17 septembre 2005. Prier,
célébrer, réfléchir, travailler et
partager quelques jours de la vie
de la Communauté, au Monastère des Clarisses Capucines en
Alsace, 5 rue Oberhof, 68240
Sigolsheim, pour jeunes femmes
18-35 ans, Dates et durée à définir avec les sœurs. Contacts
✆ 03.89.78.23.24, courriel :
[email protected] Site :
http://monasteresigolsheim.free.fr
Haute-Savoie
✔ Au centre "La Flatière", Foyer
de Charité, 943, route de la Flatière, 74310 Les Houches, ✆ 04.
50.55.50.13, fax 04.50.54.59.11,
une retraite est prévue du 1er au
7 août "Aimer l'Eglise", par le
père Gardès. Courriel : retraite.
[email protected]
Hautes-Pyrénées
✔ Pour les filles de 18 à 30 ans,
les Sœurs de Saint-Joseph de
Tarbes proposent une marchepèlerinage entre Saint-Bertrandde-Comminges et Lourdes sur le
thème des JMJ "Nous sommes
venus l'adorer". En quatre étapes
(20 kms environ par jour), du 11
(soir) au 16 juillet (matin). Rens./
insc. : Communauté du Mambré,
65150 Cantalous, ✆ 05.62.98.
99.63, courriel : sjtmambre@
wanadoo.fr
Hauts-de-Seine
✔ Au centre spirituel Manrèse, 5,
rue Fauveau, 92140 Clamart,
✆ 01.45.29.98.60, retraite individuelle, pour les 18/30 ans, du 24
au 31 juillet, avec le père Roland-Gosselin.
Jura
✔ Le sanctuaire Notre-Dame de
Mont-Roland, B.P. 246, 39103
✂
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L'ABUS D'ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ.
Aisne
✔ Une "Ecole de prière" pour les
11-13 ans est organisée : "tu as
envie, comme les disciples de
Jésus, d'apprendre à prier ?", tu
peux venir, du 22 au 25 août, à
la maison Ste-Croix de Belleu.
Contact : Chantal Crea'ch, 9, rue
Camille Desmoulins, 02100 StQuentin, ✆ 03.23.65.19.93.
✔ Un "camp vélo", pour les
12/15 ans est proposé du 22 au
26 août à Montbérault (au sud de
ans, chez les Sœurs
Clarisses, 25 rue de
Bihécourt, 02490 Vermand, ✆ 03.23.66.
48.90.
Bas-Rhin
✔ Le Foyer de Charité, 51, rue Principale,
67530 Ottrott, ✆ 03.
88.48.14.00, fax 03.
88.48.11.95, propose
une retraite du 18 au
24 juillet : "Vivre dans
l'espérance les tempêtes de l'existence :
l'Apocalypse de Jean",
avec le père Wolfram.
Calvados
✔ La communauté
des Béatitudes, Le
Château, 14100 Herm iva l - l e s - Va u x ,
✆ 02.31.32.00.44,
fax 02.31.32.44.01,
prévoit son rassemblement d’été pour
tous (y compris familles) du 1 e r au 5
août, sur le thème
"Regarde vers Lui, tu
resplendiras", avec
frère Rémy Schappacher, Philippe Madre, Nicolas Buttet, JeanFrançois Callens… Possibilité de
participer à 1, 2, 3, 4 ou 5 jours
au choix. Courriel : session.
[email protected]
Côte-d'Armor
✔ Au foyer de Charité, La
Grand'Cour, Tressaint, BP 145,
22104 Dinan cedex ✆ 02.96.85.
86.00, fax 02.96.85.03.56, des
retraites sont organisées : du 10
au 16 juillet "Se laisser transfor-
(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks
disponibles. (****) Le préciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre
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nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.
BLOC-NOTES
Dole cedex ✆ 03.84.79.88.00,
fax 03.84.79.88.25, courriel :
[email protected]
propose des retraites et formations, notamment : du 17 (18h)
au 22 juillet (14h) "Redécouvrir
mon baptême", avec Sr Odette
Sarda, enseignante à l'Institut
catholique de Paris et membre
du Centre national de pastorale
liturgique et sacramentelle.
Marne
✔ Au foyer de Charité, 4, Grande
Rue, 51270 Baye, ✆ 03.26.52.
80.80, fax 03.26.52.72.15, retraite
fondamentale du 18 (17h) [messe
à 18h30], au 24 juillet (15h)
"Pourquoi pleurer ? Qui cherches-tu ?", par le père Didier Lenouvel. Courriel :
[email protected]
Mayenne
✔ Session Saint-Benoît : du 9 au
16 juillet, pour jeunes de 18 à 35
ans qui veulent découvrir la vie
monastique à l'école de Dom
Guéranger en vivant avec les moines, partageant leur prière, leur
travail, leur vie. Pour tout renseignement : Père Hôtelier, Abbaye
Saint-Pierre, 72300 Solesmes, téléphone : 02 43 95 03 08, courriel : [email protected]
Consulter : www.solesmes.com
Pas-de-Calais
✔ La Maison "Ave Maria", 5, La
Place, 62120 Wardrecques,
✆ 03.21. 93.55.48, propose une
session biblique sur le thème
"Découvrir saint Paul", avec le
frère Masseo Caloz et l'Ecole de
la Foi de Fribourg (Suisse), du 24
(15h) au 30 juillet (14h).
Savoie
✔ Retraite au foyer de Charité,
73260 Naves, ✆ 04.79.22.91.02,
du 18 au 24 juillet "La Vierge",
avec le père Jacques Ravanel.
Seine-et-Marne
✔ Au foyer de Charité, 10, rue
Sommeville, 77380 Combs-laVille, ✆ 01.60.60. 20.62, fax
01.60.34.07.48, retraite "Dans la
lumière des Béatitudes", du 25
au 31 juillet.
Vendée
✔ Le Centre spirituel "L’immaculée" BP 4, 85450 Chaillé-lesMarais,✆ 02.51.56.72.06, propose une retraite selon la spiritualité ignatienne, ouverte à tous,
du 16 au 23 août, "Le Christ,
chemin d'unification de nos
vies", avec sœur Marguerite de
Thélin, du Sacré-Cœur, et le père
Ephrem Tenaud, MdP.
Yonne
✔ Retraites "à la carte" (dates et
durée au choix du retraitant), pour
apprendre à prier ou réfléchir à
une question particulière ou prendre quelques jours de distance par
rapport à la vie quotidienne, ac-
compagnées par une religieuse du
Sacré-Cœur, au Centre Sophie
Barat, 11, rue Davier, 89300 Joigny, ✆ 03.86. 92.16.40, fax
03.86.92.16.49, courriel : centresophie-barat@ wanadoo.fr, site :
http://centre. barat.free.fr
Stages d'été
✔ Le Centre de formation à l'action civique et culturelle propose
3 stages sur l'enseignement social et politique de Jean-Paul II et
sur la mission des laïcs, pour
tous. Ces stages sont adaptés à
chaque âge : pour les adultes, du
13 au 17 juillet, un programme
plus ramassé laissant plus de
place au partage d'expériences
et à l'action concrète ; pour les
lycéens, du 2 au 7 août, une
initiation générale avec des exercices pratiques et développement de l'esprit critique ; pour
les étudiants, du 24 au 31 août,
une formule plus universitaire
avec beaucoup d'implication
personnelle, une majorité de
séances en petits groupes, des
cycles à options et des intervenants extérieurs. Rens ✆ 01.47.
63.77.86, site : http://www.centre
deformation.net/agenda/Stages.pdf
Fondacio
✔ La communauté œcuménique,
Maison Notre-Dame, 23 rue de
l’Ermitage, 78000 Versailles,
✆ 01.30.83.03. 60, propose une
session couples pour les 25/50
ans "S’aimer et construire son
couple". Quatre jours pour faire le
point sur sa relation de couple et
y accueillir un nouvel élan, du 13
au 16/17 juillet, à Saint-Pierre-deChartreuse (Alpes). Véronique
Callet ✆ 04.77.20.49.50, courriel : [email protected]
Pèlerinage
✔ Marie-Gabrielle Leblanc, historienne d'art, conduira un voyage
culturel et pèlerinage en Égypte
avec le professeur A.A. Sadek
(égyptologue et coptologue, diacre
copte-orthodoxe), et le père Arnaud
Toury (diocèse de Reims) : du 26
décembre 2005 au 4 janvier
2006 : "L'Egypte des pharaons et
des coptes, sur les pas de la sainte
famille et des pères du désert".
Basse, Moyenne et Haute Égypte,
églises et monastères coptes, temples et sites pharaoniques, trajet de
la Sainte Famille, rencontre avec le
clergé copte, des artistes et le peuple d'Égypte, campagne, villages
et déserts égyptiens. Nuits au centre spirituel copte et œcuménique
Anafora, au désert entre Le Caire
et Alexandrie. 1200 € ✆ 01.48.07.
05.84, fax 01.48.07.03.09. Courriel : Mariegabrielle@ wanadoo.fr
[email protected]
fax : 01.46.30.04.64
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➥ Local commercial à louer, 47 m2, tél. 01.46.
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➥ Paris XVIII e , Foyer Léon Bloy, loue grand
2 pièces, 500 euros, proximité basilique de Montmartre, à JH étudiant, motivé pour approfondissement spirituel. Tél. : 01.53.41.89.05, laisser coordonnées pour un rappel.
➥ C.A.S.A. est une association qui permet aux
18/35 ans de guider des visites dans divers monuments religieux en France durant l’été. CASA :
28 rue Molitor, 75016 Paris, tél. 01.46.51.39.30.
[email protected] / www.guidecasa.com
➥ Réparation d’orgues : 01.39.55.33.29.
➥ Les descendants (de 140 Vendéens/LoireAtlantique), venus dans le Sud-Ouest en 1800,
se réunissent au siège de leurs racines. Familles
Blanlœil, Blanleuil, Blanleil, Egron et tous descendants ; tous à Treize Septiers bourg en
Vendée, (lieu-dit "Les Godelinières"), à la salle
du plan d'eau ombragé, le 10 juillet, à partir de
8h pour le rassemblement de cousinade. Rens.
tél. 06.73.81.64.01 ou 06.62.60.63.81 ou
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FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
35
ETHIQUE, POLITIQUE ET FOI
pour vos vacances n de livres - à acheter résonance
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Dans ce
s essais mettant en
utre part.
nous avons privilégié de
part et la politique d’a
ne
d’u
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ral
mo
la
et
la religion
L'EMBRYON CITOYEN
de Christine Boutin
Référence : 3599610
324 pages - 18,60 €
Notre société n'en finit pas d'interroger le futur clonage, médecine
prédictive, thérapie génique, filiation réinventée... Les biotechnologies relancent le débat sur l'avenir
de l'homme. Un embryon, sans visage ni
parole, en aurait-il la clé ? Christine Boutin
refuse de laisser aux seuls spécialistes le
débat bioéthique. Elle ne récuse ni la
science ni la raison, bien au contraire,
mais elle fait aussi appel à la générosité
pour que la nation choisisse les voies qui
respectent l'humanité.
L'ÉVANGILE FACE AU
DÉSORDRE MONDIAL
de Michel Schooyans
Référence : 3500782
348 pages - 18,60 €
Nouvel ordre international
mondialisation, globalisation... Derrière ces mots se
cachent un débat largement méconnu et
un projet dont les enjeux ne sont guère
mesurés. Face aux grands débats politiques
actuels sur la bioéthique, voilà la réponse
scientifique de l'Eglise catholique.
LA FACE CACHÉE DE L'ONU
de Michel Schooyans
Référence : 3599461
286 pages - 16,80 €
Ce livre brise un tabou : l’ONU,
fortement influencée par la pensée
anglo-saxonne, est en train d’enterrer
la conception réaliste des droits de
l’homme qu'elle tend à considérer
comme le produit de conventions qui, une
fois ratifiées, acquièrent force de loi.
Rognant la juste souveraineté des nations,
elle se pose de plus en plus en super-État
mondial. Cette dérive de n’a rien de fatal :
elle appelle cependant la réaffirmation
urgente du rôle de la société civile et de ce
capital prodigieux qu’est la personne
humaine.
BIOÉTHIQUE ET POPULATION :
LE CHOIX DE LA VIE
de Michel Schooyans
Référence : 3598133
304 pages - 10,00 €
Les progrès de la science sont tels
que l'homme dispose
maintenant d'un pouvoir de plus en
plus grand sur la vie. De nombreuses
questions rejaillissent, incontournables. Jusqu'où peut-on aller ? Jusqu'où
doit-on aller ? Notre avenir se joue là. A
contre-courant de cette "fascination" pour
la mort, fréquemment répandue dans notre
société... si nous choisissions la vie ?
LE CRASH DÉMOGRAPHIQUE
de Michel Schooyans
Référence : 3599198
224 pages - 15,00 €
Ce livre analyse les causes et
les conséquences - dramatiques - du déclin démographique manifeste dans tous
les pays. Faisant écho à la
parole de l'Eglise, il dénonce
les faux problèmes. Aujourd'hui, le danger,
pour l'avenir, n'est plus dans la "surpopulation" mais dans la pénurie de "capital
humain", dans la difficulté d'accéder au
savoir, dans la mauvaise répartition des
ressources, dans la volonté des pays développés de garder pour eux la jouissance de
leurs richesses. Il est urgent de réaffirmer la
valeur absolue de toute vie humaine dans
un monde où la "culture de mort" tend à
dominer la société.
POURQUOI VEUT-ON TUER
L'ÉGLISE ?
de Gérard Leclerc
Référence : 3597432
450 pages - 20,00 €
Les médias qui s'attaquent
à l'Eglise catholique, par le
biais de diverses "affaires",
se distinguent trop souvent
par le caractère extrêmement superficiel de leurs analyses.
Dans cet ouvrage, seront traitées de
manière approfondie les affaires Eugen
Drewermann, Jacques Duquesne, Jacques
Gaillot, mais aussi les attaquent subies par
le pape Jean-Paul II. L'auteur prend en
flagrant délit d'incompréhension et d'incompétence quelques-unes des grandes
plumes de la presse française.
VERS UN NOUVEL AGE ?
de Samuel Rouvillois
Référence : 3590437
208 pages - 8,99 €
Le Nouvel Age proclame la
disparition prochaine du
christianisme. Il conviendrait de rejeter tout.
L'homme peut-il trouver en
lui - et en lui seul - sa plénitude et son épanouissement ? Peut-il se
sauver lui-même ? Le Nouvel Age se
présente comme une réponse à ces aspirations, résorbant peu à peu toute idée
de relation personnelle possible
entre Dieu et l'Homme. Une
analyse rigoureuse
qui passionnera ceux qui
cherchent à comprendre
leur époque.
36 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
PAIX PAR LE PARDON (LA)
de Evelyne Massoud
Référence : 3550720
396 pages - 20,00 €
Avec Mansour Labaky, nous
rencontrons les riches et les
pauvres, les bien portants et les
malades. Nous mettons nos pas dans ceux
d'un disciple qui, aujourd'hui chargé
d'honneurs et de reconnaissance, plonge
sans ciller son regard, dans celui de l'enfant qu'il fut et qui gambadait dans les
collines de son Liban bien-aimé. Lorsque
la violence ensanglanta son royaume,
l'homme, se souvenant de ce Notre Père,
le récita jusqu'au bout, jusqu'au "pardon".
FRÈRES DANS LA RIZIÈRE
de Jacques Danois
Référence : 3503091
324 pages - 16,80 €
Qu'ils aient combattu au Viêtnam pour ou contre le communisme, des milliers de jeunes
hommes ont connu l'étrange
fraternité de l'angoisse et d'une
bien silencieuse espérance. Quel que soit
leur camp, ces jeunes guerriers ont enduré
les mêmes souffrances, côtoyé la même
mort, gardé les mêmes blessures. Les récits
captivants nous transforment en témoins
directs de cette aventure. Un livre dont on
ne ressort pas indemne.
LA NUIT DES BOURREAUX
de Jan Chryzostom Korec
Référence : 3593894
372 pages - 23,00 €
1950, Tchécoslovaquie. Jan
Chrizostom Korec est jésuite,
il a 26 ans. Il survivra aux interrogatoires et aux sévices de la
police secrète du régime
communiste. A 27 ans, il sera ordonné
évêque dans la clandestinité. Jean-Paul II le
nommera cardinal en 1991.
LA PIEUVRE SCIENTOLOGIQUE
de Julia Darcondo
Référence : 3503729
396 pages - 18,60 €
Anciennement dans la
Scientologie, l'auteur nous
révèle les rouages de cette
organisation très secrète. Ce
n'est qu'en montant dans les
échelons qu'elle a découvert
les règles inhérentes à la Scientologie. Un
livre qui nous ouvre les yeux sur un réseau
qui manipule bien des institutions.
LE PIANO ROUGE
de Tosca Marmor
Référence : 3581501
252 pages - 13,60 €
Rouge : couleur de la souffrance, couleur
de la passion… Tosca Marmor, pianiste
viennoise naturalisée française, a connu
les deux guerres, la déportation…
A Auschwitz, le SS R. Hoess lui "offre"
pour Noël, un piano maculé de sang.
L’artiste livre aussi les souvenirs
de sa vie brûlée par l’amour.
ETHIQUE, POLITIQUE ET FOI
IL ÉTAIT UNE FOIS,
LA CANICULE
de Michelle d’Astier
de la Vigerie
Référence : 3523669
256 pages - 14,00 €
Jeanne, une personne âgée,
fait face à son plus grand ennemi : la canicule. Rien ne prévoyait cette chaleur. Alors
que ses enfants partent en vacances,
Jeanne agonise…
VATICAN
INCONNU
VATICAN INCONNU
de Jacques Martin
Références : 3579323
176 pages - 15,00 €
Le Vatican, trésor artistique
caché du grand public, nous est
ouvert avec ce livre. Mgr Martin
Jacques Martin
ayant passé plus de 50 ans dans
ces lieux, nous fait visiter chapelles et appartement particuliers. A chaque
pas, nous nous arrêtons pour admirer
fresques ou détails témoins de la grande (et
parfois de la petite) histoire. L'auteur nous
fait partager son enthousiasme et sa culture
comme il l'a fait tant de fois pour les
grands de ce monde venus saluer le
Souverain Pontife.
LUMIÈRE DERRIÈRE
LES BARREAUX
de Paul Duclos
Référence : 3579380
278 pages - 13,60 €
1945, fin de la guerre et
dénonciations des "collabos".
Les condamnations à mort
sont nombreuses. Fac à la
mort, une triple évidence se
fait jour : égalité des hommes
devant la mort, danger de toutes les idéologies, miséricorde infinie de Dieu. Ministres
de Vichy, préfets, amiraux ou simples miliciens incultes, ils rencontrent tous leur
destin, devenu rencontre avec leur Seigneur.
Lettres des détenus et témoignages des
derniers instants font la force du livre.
LA NOUVELLE-CALÉDONIE ANCIENNE
de Claude Rozier
Référence : 3588050
322 pages - 23,00 €
La Nouvelle Calédonie…
Elle porte l’image d’une île
paradisiaque. Mais, pour
les Français, elle a été une
île de déportation. Qu’en
est-il vraiment ? Quelle
était la vie avant la prise de possession
française en 1853 ? Ce livre répond à ces
questions en s’en tenant aux documents
d’époque.
ENQUÊTE SUR LA NOUVELLE
ÉVANGÉLISATION
de Frédéric Aimard et Samuel Pruvot
Référence : 3599826
396 pages - 18,80 €
À travers portraits, entretiens,
dialogues, réflexions fondamentales, les journalistes de France
Catholique tissent un passionnant
témoignage à plusieurs voix, qui
permet finalement de se faire une
idée personnelle
des enjeux de la Nouvelle
Évangélisation. une idée
qu'il faudra ensuite
confronter à d'autres réalités, débats et enquêtes. Car
la Nouvelle Évangélisation,
ce n'est pas tant ce qui a
été vécu ces dernières
décennies que ce qui est en train d'advenir
parmi nous et que beaucoup ne découvriront peut-être qu'avec ce livre...
GÉNÉRATION JMJ
de Marie-Sophie Boulanger, Aude de
Chantérac, Elise Corsini, Denis Lensel,
Référence : 3502184
432 pages - 18,60 €
En mai 1968 sur les barricades, leurs
parents parlaient de la mort de Dieu.
Trente ans plus tard, ces jeunes envahissent à leur tour Paris, mais pour
annoncer une révolution de l'Amour
au nom du Christ, derrière un vieux
pape à l'âme juvénile. Ce livre brosse
le portrait de cette jeunesse présente sur
tous les continents et rassemblée au cours
des Journées Mondiales de la Jeunesse.
DÉCLIN OU SURSAUT DE LA FOI ?
de André Manaranche
Référence : 3599776
178 pages - 15,00 €
Ce livre voudrait montrer que la question
“France, pays de mission ?” n’est pas
neuve et fournir à la mémoire les grandes
étapes de cette réflexion, lancée d’abord
par des hommes du terrain, des apôtres
qui tapaient dans le ballon au lieu de
regarder le match du haut des tribunes
pour se livrer à des paris. Il voudrait surtout
porter le débat à son vrai niveau : celui de la
Révélation biblique. Car Dieu lui-même s’est
voulu “au risque de l’homme” en se faisant
homme : il s’est exposé à l’amour et au refus ;
exposé aussi aux interprétations des chrétiens, qui ont parfois frisé le dérapage.
LES PLUIES DE L'ARRIÈRE-SAISON
de Ephraïm
Référence : 3587714
142 pages - 14,94 €
Ephraïm fait œuvre de témoin en nous
livrant l'expérience spirituelle qui est à l'origine de la communauté des Béatitudes. Voici
le récit de l'extraordinaire itinéraire qui l'a
conduit des “désordres de mai 68” à la
“volonté de se garder pour le Royaume”. Il
décrit le chemin qui le conduira par la suite,
lui et les premiers membres de sa communauté, du protestantisme au catholicisme.
Bon de commande à retourner, avec votre règlement par chèque, à l'ordre de
France Catholique, 60, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson
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❏ L'embryon citoyen .............................................3599610.......18,60 €
❏ L'Évangile face au désordre mondial ..................3500782.......18,60 €
❏ La face cachée de l'ONU...................................3599461.......16,80 €
❏ Le crash démographique....................................3599198 ......15,00 €
❏ Bioéthique et population : le choix de la vie ......3598133 ......10,00 €
❏ Pourquoi veut-on tuer l'Église ? ..........................3597432.......20,00 €
❏ Vers un Nouvel Age ?.........................................3590437.........8,99 €
❏ Paix par le pardon (La) .......................................3550720.......20,00 €
❏ Frères dans la rizière ..........................................3503091.......16,80 €
❏ La nuit des bourreaux ........................................3593894.......23,00 €
❏ La pieuvre Scientologique..................................3503729.......18,60 €
❏ Le piano rouge...................................................3581501.......13,60 €
❏ Il était une fois, la canicule ................................3523669.......14,00 €
❏ Vatican inconnu ................................................3579323.......15,00 €
❏ La Nouvelle-Calédonie ancienne .......................3588050.......23,00 €
❏ Lumière derrière les barreaux.............................3579380.......13,60 €
❏ Enquête sur la nouvelle évangélisation...............3599826.......18,80 €
❏ Génération JMJ ..................................................3502184.......18,60 €
❏ Déclin ou sursaut de la foi ? ...............................3599776.......15,00 €
❏ Les pluies de l'arrière-saison ..............................3587714.......14,94 €
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FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
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MULTIMEDIA
■ LE PETIT MONDE DE T’CHOUPI
Dès 2 ans, CD-rom PC/Mac, éd. Nathan,
diff. Mindscape, 29 €.
T'choupi, petit personnage aimable, bien dessiné et
tout en rondeurs, conduit sa vie dans la joie et la
bonne humeur. Ses journées sont pourtant bien remplies. Aussi a-t-il bien besoin de l’aide du jeune joueur
appelé à le seconder dans ses activités quotidiennes :
s'habiller, faire la cuisine ou encore ranger sa chambre.
Pour aider T'choupi, l’enfant doit reconnaître divers
objets sur lesquels cliquer. Rien de difficile grâce à un
curseur de souris qui prend la forme d'une grosse patte
grise qui remue et change de forme au moment voulu.
Des comptines et un atelier de coloriage complètent
cette série de jeux courts, simples et bien adaptés aux
tout-petits.
■ EVEIL ET CRÉATIVITÉ
3 à 7 ans, 5 CD-rom PC, éd. Génération 5, 30 €.
Ce coffret créatif fait appel à l’imagination et à la
fantaisie des enfants de 3 à 7 ans tout en développant
leur habileté manuelle, leurs réflexes, leurs capacités
d’adaptation... Chaque cédérom invite à de nombreux
jeux et exercices variés autour d’un thème : jouer avec
sa voix, s’initier à la création graphique, courir l’aventure, apprendre la musique, bricoler. D’un rapport qualité / prix imbattable, cette sélection couvre une large
gamme d’activités d’éveil et de découverte déclinées
dans des logiciels riches en contenus.
■ LÉMO
5 à 7 ans, 2 CD-rom PC, éd. Mindscape, 40 €
Aventure au pays des lettres, ce programme
ludique d’apprentissage de la lecture à été conçu en
collaboration avec des spécialistes de l'éducation et
des orthophonistes. Une histoire introduit le monde de
chaque lettre avant qu’un écran d'interactivité ne propose jeux et surprises.. Un "livre de Lémo" se constitue
également tout au long de l'aventure, dans lequel l'enfant peut retrouver toutes les histoires entendues. Le
programme repose sur une pédagogie remise à l’endroit, aidant l’enfant à s’approprier d’abord les lettres
et groupes de lettres qui sont à la base du français, à
repérer les sons, puis à assembler les lettres pour former des syllabes et des mots. Des comptines pleines
d'humour viennent renforcer la distinction des lettres
souvent confondues. L'environnement graphique et
sonore mêle avec bonheur illustrations, modélisations
et animations 3D…
■ SCOOBY DOO 2
6 à 10 ans, CD-rom PC/Mac, éd. Montparnasse multimedia / Géo, diff. Mindscape, 30 €.
Rak, le fils d’un chef de tribu des Cro-Magnon, a
disparu, enlevé par des inconnus. Sethi va tenter de le
retrouver. En suivant un scénario palpitant, l’enquête
permet de découvrir la vie quotidienne à la préhistoire,
superbement reconstituée et animée. L’intrigue plonge
l'enfant dans le paléolithique supérieur, entre -30.000
et -20.000 ans avant J.C., au moment où Cro-Magnon
et Neandertal se sont sans doute croisés. Il s’initie aux
techniques et coutumes des premiers hommes : chasse
au mammouth, traque d’animaux dans la steppe,
confection de tipi, outils de silex et d’os de rennes… et
rencontre les personnages-clés de la tribu. Des fiches
illustrées permettent d’en savoir plus sur la préhistoire.
38 FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
SELECTION
CD-Rom
ludo-éducatifs
par Pierre THOMAS
■ LA STATUETTE MAUDITE DE L’ONCLE ERNEST
8 à 12 ans, CD-rom PC/Mac, éd. Emme, 35 €.
Pour cette aventure non linéaire, à solutions multiples, Chipikan recherche une formule secrète à travers
toute l'Asie méridionale. En partant pour les terres
enneigées du Népal, il ne se doute pas du long périple
qui l’attend. Il devra surmonter bien des épreuves.
Heureusement, il pourra compter sur le robot entièrement programmable et évolutif imaginé par l’oncle
Ernest. L’intuition et la jugeote du joueur lui seront
également fort utiles ! Ce scénario, parmi les plus
abouti des "Oncle Ernest", enrichit une série qui ne
peut que séduire par son univers réaliste et poétique
comme par son originalité et la qualité de sa documentation. A noter l’exceptionnelle durée de vie de cet
épisode, foisonnant de jeux et d’énigmes.
■ VOL DE NUIT
CD-Rom PC/Mac, éd. Génération 5,40 €.
Que serait l’impact des myriades d’insectes sur
notre environnement si chaque nuit, les chauves-souris
n’en prélevaient environ le tiers de leur poids et cela,
durant quelque 180 jours d’affilée ? Indispensables aux
équilibres naturels les animaux méconnus sont également responsables, dans les pays chauds, de la fructification de certaines plantes. Ce cédérom des chauvessouris d’Europe, très soigné et accessible à tous, fourmille de données techniques (les vitesses de vol, le système ultra performant du sonar,…), mais aussi historiques, littéraires, biologiques, sans oublier panoramas,
vidéos, diaporamas, informations insolites, records,
jeux, tests de connaissances et autres puzzles.
■ L’ENCYCLOPÉDIE DES OISEAUX
L’encyclopédie des oiseaux, 2 CD-Rom PC, éd. Montparnasse multimedia / Géo, diff. Mindscape, 45 €
Accessible à tous, cette encyclopédie des oiseaux
d’Europe surprend par l’importance de son contenu :
plus de 450 espèces décrites, 1600 photos haute résolution, 8 heures de sons MP3, 40 vidéos, une interface
claire, des fiches richement illustrée donnant accès au
chant de l'oiseau correspondant… Mais elle étonne
aussi par la panoplie d’outils mis à la disposition de
l’utilisateur : un carnet interactif permet d'importer ses
propres photos et films et de noter ses observations ;
la base de données, modifiable peut s’enrichir de nouvelles espèces en fonction des observations réalisées et
chacun peut aussi créer des diaporamas personnalisés.
Le coffret contient également un aide-mémoire de
poche richement illustré.
■ DE LA MER AU SEL
CD-Rom PC/Mac, éd. Génération 5,40 €
Ce cédérom réalisé en collaboration avec l’Ecomusée du marais salant, vous propose de découvrir les
marais salants charentais et de mieux connaître le sel.
Au programme de votre voyage interactif, l’histoire des
marais salants de Charente-Maritime de l’époque gauloise jusqu’à nos jours, des animations pour comprendre comment fonctionne un marais salant, la récolte du
sel, la préparation du marais, le travail du saunier au fil
des saisons, de petites expériences pour comprendre le
principe d’un marais salant et tous les secrets du sel.
Vous pourrez observer les plantes et les animaux qui
vivent dans ces marais, profiter d’une visite guidée et
visionner un film "Les quatre saisons du marais salant".
TÉLÉVISION
Les grandes manœuvres
RENDEZ-NOUS NOTRE FILLE
Quand l’administration
par M.-Ch.RENAUD d’ANDRÉ n’a
pas de cœur
ឭឭ Est-on en mesure d’élever un en-
Le beau capitaine Armand de La Verne parie,
avec ses amis, de faire la conquête de la première femme qui entrera dans la pièce. C’est
Marie-Louise qui se présente.
ឭឭឭ Voilà l’un des films les plus fins et les
plus brillants de René Clair. Des couleurs magnifiques soulignent la cruauté de cette histoire,
magistralement interprétée. C’est drôle, émouvant et pathétique, et la fin laisse un goût amer.
ឭឰ La conduite du héros est des plus légères,
mais la leçon est bien cruelle. On ne badine pas
avec l’amour.
Comédie dramatique française (1955) de René Clair, avec Gérard
Philipe (Armand de La Verne), Michèle Morgan (Marie-Louise
Rivière), Jean Desailly (Victor Duverger), Pierre Dux, Jacques
François, Yves Robert, Brigitte Bardot (1h47). Diffusion le lundi 11
juillet, sur France 3, à 23h30.
L’île de Sercq,
un tout petit monde
Cet émouvant téléfilm
pose une terrible question :
peut-on élever un enfant
quand on a un QI très faible ?
M
artin et Petra Kaminski sont
des gens simples, à l’intelligence modeste et sans grande
culture. Mais ils ont un cœur énorme
et ils élèvent leur fille Lona, 5 ans, avec
beaucoup de tendresse et d’amour. Un
jour, le médecin qui s’occupe de l’enfant, constate qu’elle présente certains
retards sur le plan intellectuel et il
suggère aux parents de faire appel à
une assistante familiale. Celle-ci se
révèle tellement envahissante et directive qu’ils lui demandent de ne plus
revenir. Mais la machine infernale est
enclenchée et, très vite, Lona leur est
retirée par les services sociaux.
fant lorsqu’on n’a pas un QI très élevé ?
Telle est la question ignoble qui est posée dans ce téléfilm adaptation d’un fait
authentique. Il y a du Kafka dans cette
histoire qui plonge un couple de parents
dans une affaire qui les dépasse et aurait
pu les briser. Les comédiens (dont Matthias Brandt, fils de l’ancien chancelier
allemand) sont sensationnels, car ils
parviennent à exprimer, sans trop d’excès, la simplicité de leurs personnages.
ឭឭឰ Heureusement que les parents
sont des êtres débordant d’amour pour
leur fille, car on ne peut pas dire que les
autorités sociales soient gâtées (mépris
(
Un couple modeste
est brutalement plongé
dans un monde
kafkaïen
des autres, dureté de cœur, prétention,
etc.). Quant à la famille d’accueil, elle se
montre intelligente et noble. ■
Rendez-nous notre fille. Téléfilm allemand (2004) de
Stephan Wagner, avec Juliane Köhler (Petra Kaminski),
Matthias Brandt (Martin Kaminski), Amber Bongard (Lona
Kaminski), Anneka Kim Sarnau (Annett Fink), Heikko
Deutschmann (Kai Gerber), Lena Stolze (Gabriele Lohse),
Aglaia Szyszkowitz (1h28). Diffusion vendredi 15 juillet, sur
Arte, à 20h40.
Les frangines
Michel Baumont règne en souverain sur une
petite île située à 35 km des côtes françaises,
mais rattachée à la couronne d’Angleterre,
moyennent un modeste loyer annuel.
ឭឭឭ Ce drôle de petit paradis anglonormand est visité, de temps en temps, par la
reine d’Angleterre. Il y a dans ce documentaire
un humour et un esprit très british. Mais, il ne
faut pas s’y tromper ! Si le long de la côte
sauvage le système fonctionne bien, les
insulaires craignent que l’île ne résiste pas aux
pressions extérieures. «Il faut évoluer, oui, mais
pas trop vite !». Réjouissant.
A la mort de son père, Alix, un ravissant top model, apprend de la bouche du notaire, qu’elle a une demi-sœur, à
laquelle son défunt père lègue la moitié de sa fortune.
Furieuse, Alix comprend qu’elle devra vendre sa maison...
ou la partager. Lorsqu’elle rencontre sa demi-sœur, c’est le
choc : Noémie est chauffeur routier et elle est aussi
gouailleuse que la belle Alix est sophistiquée et élégante.
ឭឭ Avec un sujet pareil, on pouvait craindre le pire. Aussi la surprise est-elle grande de découvrir
une charmante comédie, qui joue astucieusement sur les différences entre les deux comédiennes,
les côtés pimbêche de l’une et populaire de l’autre faisant merveille. Arielle Dombasle est parfaitement utilisée et elle sait modérer son jeu pour éviter l’outrance. C’est parfois excessif quand même,
mais c’est très amusant. Et, pour une fois, les choses sont à peu près équilibrées entre la prolo et la
«grande-duchesse».
ឭឭ Cette histoire rigolotte distille quelques belles leçons de vie. Au contact l’une de l’autre, les
deux demi-sœurs vont apprendre à s’estimer et à s’aimer.
Documentaire de Joost Seelen (0h55). Diffusion le jeudi 14 juillet,
sur Arte, à 22h45.
Téléfilm français de Laurence Katrian, avec Arielle Dombasle (Alix), Michèle Bernier (Noémie), Pedro Mourao (Marc-Antoine), Paul Pires (Lorenzo),
Isabel Cruz (Ingrid). Diffusion le mercredi 13 juillet, sur TF1, à 20h55.
FRANCECatholique N°2984 8 JUILLET 2005
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"Les derniers Araméens"
Voyage avec Robert et Lucienne Masson
A partir de 1550 € - Pays traversé : Turquie
Voyage culturel du 16 au 26 octobre, accompagné par le conférencier
Sébastien de Courtois.
Dans le saint des saints,
une colombe semble venir
se désaltérer...
Midyat, Pâques,
Dans la grande église de
l'ensemble du clergé
"la fête des fêtes", réunit
êque. En ce jour,
l'év
de
our
et du peuple aut
ne saurait diminuer
e
aucune tragédie historiqu
vaincu".
été
a
r
nfe
"l'e
la certitude que
Après les exorcismes et les formules
de renonciation à Satan, avant la
récitation du Credo, Mgr Aktas oint
l'enfant de myrrhon, huile sainte,
signe de réconciliation, d'illumination
et de consécration. Face aux pressions
de conversion à l'islam, et à l'exode
grandissant, le baptême d'un enfant
demeure un événement majeur de la vie
communautaire, mêlant joie et gravité.
Le cimetière du village de Killeth,
et ses remarquables cénotaphes
syriaques. De facture récente, ces
monuments funéraires s'inspirent
néanmoins de modèles anciens.
Le village ayant été déserté par
tous ses habitants, seules les tombes
conservent le souvenir révolu
d'une présence chrétienne sur
cette terre d'Orient.
L'historien Sébastien de Courtois vient de publier
un ouvrage intitulé "Les derniers Araméens".
Ce livre reçoit un très grand succès autant chez
les libraires que dans les critiques. Nous avons la
joie et l'honneur de vous proposer de vivre onze
jours en compagnie de l'auteur qui vous conduira
avec passion dans les lieux qu'il a longuement
fréquentés et dans lesquels il a appris à connaître
cette partie très méconnue des confins de la
Turquie, redécouvrant une histoire extrêmement
riche et une population d'autant plus ouverte
à accueillir des hôtes qu'elle n'habite pas
une région fréquentée par les touristes.
DIMANCHE 16 OCTOBRE
PARIS - ISTANBUL
LUNDI 17 OCTOBRE
DIYARBAKIR - MIDYAT
Visite du centre ville de Diyarbakir
et de son ancien quartier chrétien où
des églises sont laissées à l'abandon.
Entrée dans le Tur Abdin, par une
porte magistrale : le site d'Hasankeif où coule le Tigre.
MARDI 18 OCTOBRE
MIDYAT - AÏN WARDO - MONASTERE SAINT-LAZARE
Midyat, est la capitale du Tur Abdin. Visite d'Aïn
Wardo, situé sur le sommet d'une colline et possèdant
une importante église fortifiée, dédiée à Mar
Hadbshabo, saint Dominique.
MERCREDI 19 OCTOBRE
MIDYAT - NAUSAYBIN - MONASTERE SAINT-EUGENE
Expédition sur les contreforts orientaux du Tur Abdin,
vers la Syrie, à Nausaybin, l'ancienne Nisibe. L'église
Saint-Jacques, construite au IVe siècle, représente l'ultime
vestige de cette page d'histoire. Marche sur les flancs du
mont Izlo où se trouve le monastère Saint-Eugène, lieu
de fondation du premier monastère du Tur Abdin.
JEUDI 20 OCTOBRE
MIDYAT - SAINT-GABRIEL
Découverte du monastère Saint-Gabriel qui constitue
le vrai centre spirituel et politique du Tur Abdin.
Rencontre avec les Araméens.
VENDREDI 21 OCTOBRE
MIDYAT- SALAH - HÂH
Visite du monastère Saint-Jacques-le-Reclu-de-Salah qui
selon la tradition hagiographique, fut fondé au IVe siècle...
Ensuite, route pour le monastère de la Vierge à Hâh.
SAMEDI 22 OCTOBRE
MARDIN - URFA
Mardin, au pied de la ville, le petit monastère SaintMichel offre une vue inoubliable sur le début de la
plaine de Mésopotamie...
DIMANCHE 23 OCTOBRE
URFA - HARRAN -URFA
Découverte d'Urfa, l'ancienne Edesse de l'Antiquité...
LUNDI 24 OCTOBRE
URFA - ANKARA - ISTANBUL
MARDI 25 OCTOBRE
ISTANBUL
Visite de Sainte-Sophie... Découverte de Saint-Sauveurin-Chora, joyau de la cité par l'éclat et la fraîcheur de
son décor intérieur, de ses peintures et mosaïques.
MERCREDI 26 OCTOBRE
ISTANBUL - PARIS
Un ancien du village de Kferzé.
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Bon à retourner à Terre Entière, 10 rue de Mézières, 75006 Paris
Tél. 01.44.39.03.03, fax 01.42.84.18.99.
❏ Je demande une documentation complète pour le voyage "Les derniers Araméens"
du 16/10/2005 au 26/10/2005.
❏ Je demande la brochure "Croisières et Voyages culturels" qui comporte toute la
programmation 2005.
Nom :............................................. Prénom : .........................................................
Adresse : .................................................................................................................
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Code postal : ..............Ville :...................................................................................
Au sud du Tur Abdin, Nusaybin, l'ancienne
Nisibe. Autrefois un grand centre urbain et
marchand placé sur la route de la Soie, la
ville abrita une importante communauté
chrétienne dès les origines apostoliques.

Documents pareils