Les dépenses de santé en élevage bovins lait Poitou
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Les dépenses de santé en élevage bovins lait Poitou
COLLECTION THEMA RÉSEAUX D’ÉLEVAGE POUR LE CONSEIL ET LA PROSPECTIVE les Dépenses De santé Dans les élevages bovins lait De poitou-charentes les chambres d’agriculture de poitou-charentes, en partenariat avec l’institut de l’elevage, ont mené une étude sur les frais vétérinaires en élevage laitier afin d’analyser les différents postes de dépenses sanitaires observés. ce travail a été réalisé à partir d’enquêtes conduites dans 20 élevages de la région. sur la campagne comptable 2009, la moitié d’entre eux a des dépenses de santé plutôt maîtrisées (inférieures à 60 €/vl/an) et l’autre moitié a des dépenses plus élevées (supérieures à 80 €/vl/an). > Tableau 1 : Profil des exploitations enquêtées Moyenne et écart mini-maxi Exploitations “frais vétos faibles” Exploitations “frais vétos élevés” Nombre de VL 65 (22 - 157) 69 62 Quota (litres) 536 000 (173 000 - 1 244 000) 531 000 540 000 Lait produit (litres) 489 000 (158 000 - 1 058 000) 498 000 479 000 62 (0 - 242) 47 76 0,55 (0,09 - 1,57) 0,33 0,79 Taux de mortalité veaux avant sevrage* 13 % (1 - 35) 11 % 15 % Frais vétérinaires (€/VL) 79 (35 - 128) 51 107 Cultures de ventes (ha) Nombre de mammites/VL/an* * Données à dire d’éleveur. Des frais vétérinaires De 79 €/vache/an en moyenne Dans les 20 exploitations enquêtées, les frais vétérinaires s’élèvent en moyenne à 79 €/VL/an, avec un minimum de 35 € et un maximum de 128 €. A titre de comparaison, la moyenne des frais vétérinaires des 46 fermes de référence de Poitou-Charentes est sur la même campagne de 72 €/VL/an pour un total de frais d’élevage de 269 €/VL. Le premier poste de dépense est le poste “mamelle”, comprenant les produits de traitement des mammites en lactation et les produits de tarisse- ment. Il représente à lui seul un tiers des frais vétérinaires.Viennent ensuite les problèmes autour de la reproduction et du vêlage : césarienne, caillette, fièvre de lait… Au total, ces deux postes représentent la moitié des dépenses vétérinaires. Les frais liés aux boiteries, aux veaux, au déparasitage ainsi qu’aux prophylaxies se retrouvent ensuite à des niveaux assez proches. Sommaire • • • • • Mammites et tarissement Reproduction et pathologies autour du vêlage Pathologies des veaux Boiteries et maladies du pied Parasitisme Poitou-Charentes 1 les Dépenses De santé Dans les élevages bovins lait De poitou-charentes Deux enquêtes réalisées il y a quelques années dans les Pays de la Loire (Fourichon C., 2001) et en Bretagne (Jégou V. et al., 2006) montrent des dépenses totales du même ordre, avec une part un peu plus importante des problèmes métaboliques et autour du vêlage, et une moindre incidence des problèmes de boiteries et de parasitisme. > Graphique 1 : Répartition moyenne des frais vétérinaires dans les 20 exploitations enquêtées (campagne 2009) 15 % 31 % 6% 9% Fourichon C., 2001 :Thèse : Evaluation de l’impact zootechnique et économique des troubles de santé en élevage bovin laitier (Pays de la Loire) Jégou V. et al., 2006 : Evaluation de l’impact économique des troubles de santé en élevage bovin laitier : enquêtes réalisées dans les élevages bretons du réseau ETRE (Bretagne) 9% 11 % 19 % Mammite + tarissement Repro + vêlage Veaux Déparasitage FCO et prophylaxie Boiteries Autre les méDicaments curatifs D’aborD Dans les exploitations enquêtées, la grande majorité des frais vétérinaires est constituée par l’achat de médicaments vétérinaires, les honoraires ne représentant que 20 % des dépenses. > Graphique 2 : Répartition des frais vétérinaires entre honoraires et médicaments 20 % Les traitements curatifs, destinés à guérir une maladie, représentent 73 % des achats de produits vétérinaires. Les traitements préventifs, destinés à empêcher qu’une maladie ne se déclare, représentent 27 %. Honoraires Médicaments 80 % > Graphique 3 : Répartition des médicaments vétérinaires entre préventifs et curatifs 27 % Préventif Curatif 73 % 2 les Dépenses De santé Dans les élevages bovins lait De poitou-charentes Des Dépenses Du simple au Double Les frais vétérinaires sont en moyenne de 51 €/VL/an dans les exploitations “frais vétos faibles” et de 107 €/VL/an dans les exploitations “frais vétos élevés”. Aucun poste ne permet à lui seul d’expliquer pourquoi certaines exploitations ont des frais plus élevés : le montant de chaque poste passe du simple au double entre les deux groupes. Néanmoins, le poste mammites et tarissement explique quasiment à lui seul la moitié de l’écart (21 €/VL/an). Dans l’échantillon enquêté, il n’y a pas de lien entre la taille de l’exploitation et le montant des frais vétérinaires, ni entre le système fourrager et les frais vétérinaires. Les exploitations “frais vétos élevés” ont en moyenne un niveau de production par vache plus élevé que les exploitations “frais vétos faibles” et sont davantage en sous réalisation de leur quota, mais ces observations ne sont pas statistiquement représentatives. > Tableau 2 : Coût des différentes pathologies et écart entre les groupes €/VL/an Toutes exploitations Exploitations “frais vétos faibles” Exploitations “frais vétos élevés” Ecart Mammites et tarissement 24 14 (27 %) 35 (33 %) 21 Pathologies des veaux 8 5 (10 %) 12 (11 %) 7 Problèmes repro et vêlage 15 11 (21 %) 19 (18 %) 8 Boiteries 5 3 (6 %) 6 (6 %) 3 Déparasitage 7 5 (10 %) 10 (9 %) 5 Prophylaxie dont FCO 7 5 (10 %) 9 (9 %) 4 Autres frais 12 7 (14 %) 16 (15 %) 9 Total 79 51 107 56 le coût De l’hygiène et De l’entretien (non inclus dans les frais vétérinaires) Outre les médicaments, la prévention des pathologies passe également par l’hygiène et l’entretien de la salle de traite, de la mamelle et des bâtiments. Dans les exploitations enquêtées, l’ensemble représente un coût de 31 €/VL/an, soit davantage que les produits de traitement mammites et tarissement. L’enquête réalisée en Bretagne donne des chiffres équivalents. Dans les exploitations “frais vétos élevés”, le coût de la prévention approche les 40 €/VL/an tandis qu’il n’est que de 20 €/VL/an pour les exploitations “frais vétos faibles”. Lorsque les cas de mammites et/ou de boiteries sont fréquents, non seulement le coût des traitements est élevé, mais en plus les éleveurs mettent en œuvre davantage de moyens préventifs pour essayer de maîtriser les problèmes. > Graphique 4 : Frais d’hygiène et d’entretien par vache et par an en euros/VL/an 35 30 25 10 20 15 6 10 5 13 Asséchants litière Désinfection des bâtiments Entretien machine à traire et manchons Lessive Hygiène mamelle 0 3 les Dépenses De santé Dans les élevages bovins lait De poitou-charentes Le médicament vétérinaire est considéré comme un outil essentiel pour des organismes à vocation sanitaire comme les Groupements de Défense Sanitaire. Pour autant son utilisation ne doit pas être banalisée et ce pour plusieurs raisons.Tout d’abord parce qu’une surmédicalisation coûte cher, même dans un cadre de prévention. Ensuite parce que le médicament ne doit pas être utilisé pour combler de mauvaises pratiques sanitaires. Une utilisation prolongée ou à mauvais escient d’antibiotique peut générer une accoutumance du pathogène et créer dans certains cas des antibiorésistances. Pour aider les éleveurs à mieux maîtriser le coût vétérinaire, les GDS en partenariat avec les Groupements Techniques Vétérinaires proposent depuis 2005 des formations “éleveur, infirmier de ses bovins”. On y apprend à examiner un bovin malade, à établir un diagnostic et à décider des soins à apporter. La FRGDS met également à la disposition des éleveurs des carnets sanitaires pour enregistrer leurs pratiques au quotidien. Une fois par an les éleveurs peuvent réaliser avec leur vétérinaire un bilan sanitaire annuel, permettant de les alerter sur une éventuelle dérive sanitaire et d’ajuster au mieux leurs dépenses vétérinaires. Jean-Luc GRAVELLE Président FRGDS Poitou-Charentes PRésERVER LE CAPiTAL “VAChEs” Quand un troupeau est bien alimenté et bien logé, il est en bonne santé et présente peu de pathologies. Dans la région, les problèmes d’acidose et de subacidose sont fréquents, parfois à cause des fourrages choisis ou de leur ordre de distribution, mais surtout à cause du manque de fibrosité de la ration, parce que les fourrages sont souvent défibrés dans les mélangeuses. Inversement, on rencontre des problèmes d’acétonémie chronique quand les animaux sont trop sous alimentés par rapport à leur potentiel de production. Les éleveurs oublient souvent que la ration des taries est aussi technique que celle des vaches en lactation. Quand les taries sont bien alimentées, et surtout avec un minéral adapté, on a moins de problème de non délivrance, de fièvre de lait ou de cailllette. Quant au logement des animaux, on constate fréquemment des boiteries sur des vaches logées sur des sols durs et le plus souvent glissant. Du côté des veaux, les éleveurs laitiers ont moins de pathologies que les éleveurs allaitants parce qu’il y a une moins grande concentration d’animaux, surtout quand les vêlages sont étalés. Mais ils savent souvent moins bien gérer les problèmes de diarrhées en délaissant plus facilement les vaccinations. En situation de crise les éleveurs bovins lait ont tendance à faire l’impasse sur des traitements préventifs (vermifuges, produits de tarissement), et sur le suivi technique d’élevage (mammites, cellules, reproduction) pour soulager leur trésorerie. Mais ce n’est pas forcément un bon calcul, cela ne fait que décaler le problème. Les animaux, c’est un capital à entretenir, comme le capital matériel. Propos recueillis auprès du Dr Jean-Paul JACQUES, Président du GTV des Deux-Sèvres Pour en savoir plus • Harmony BOUTIN Chambre d’agriculture de la Charente Tél. 05 45 84 09 28 • Christophe MAUGER Chambre d’agriculture de la Charente-Maritime Tél. 05 46 50 45 00 • Anne-Laure GOMAS Chambre d’agriculture des Deux-Sèvres Tél. 05 49 77 15 27 • Arnaud MOUILLET Chambre d’agriculture de la Vienne Tél. 05 49 36 33 63 Coordination régionale : • Benoît RUBIN - Institut de l’élevage Tél. 02 40 07 73 13 Dossier réalisé avec l’appui de Philippe ROUSSEL (Institut de l’élevage), Philippe DUBOIS (vétérinaire conseil COPAVENIR) et Xavier POUQUET (docteur vétérinaire, Secondigny 79) les réseaux D’élevage les réseaux d’élevage sont un dispositif partenarial associant des éleveurs et des ingénieurs des chambres d’agriculture et de l’institut de l’élevage. les partenaires financeurs le travail d’enquête réalisé en 2010 a reçu l'appui financier du casdar et de franceagrimer. avec la contribution financière du compte d'affectation spéciale "Développement agricole et rural" Octobre 2011 Document édité par l’institut de l’élevage - 149 rue de bercy, 75595 paris cedex 12 www.idele.fr - pub ie : 0011 55 030 - isbn : 978-2-36343-118-9 Création : bêta ¨pictoris - Réalisation : corinne maigret (institut de l’elevage) - Crédit photo : christophe mauger (ca 17) - philippe roussel (institut de l’élevage) APPRENDRE à MiEux uTiLisER LEs MéDiCAMENTs