Master-Theatre-Danse.. - theatre gerard philipe

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Master-Theatre-Danse.. - theatre gerard philipe
Le théâtre et la danse valent bien deux masters
Pour la reconnaissance du Théâtre et de la Danse
dans la nomenclature nationale des diplômes
Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) envisage de supprimer
de la liste des diplômes de master la mention « Théâtre » et la spécialité « Danse », proposées par de
nombreuses universités, au profit d’intitulés très généraux : « Arts du spectacle » ou « Arts de la scène
et du spectacle vivant ». Des mentions aussi vagues porteraient préjudice aux études et recherches
concernées. Elles rendraient illisible le contenu disciplinaire de ces formations. En licence, la formule
« Arts du spectacle » englobe ensemble le cinéma et les arts de la scène, tandis qu'en master, « Cinéma
et audiovisuel » bénéficient d'une mention indépendante. Le théâtre et la danse seraient ainsi dissous
alors qu’ils se distinguent clairement – à l’instar de la musique – dans les métiers et les secteurs
relevant du spectacle vivant.
Cette confusion ferait fi de l’étendue d’un tel domaine, qui représente environ 250.000
emplois et six milliards d’euros de chiffre d’affaires (sans compter les activités connexes) selon une
étude récente,1 et joue un rôle essentiel pour la vitalité de nos cités et le dynamisme de nos territoires.
Elle constituerait un signe de dédain de l’État envers les savoirs théoriques et pratiques bien
spécifiques que requièrent les différents métiers du théâtre, de la danse et des autres arts de la scène,
au moment où de solides partenariats entre universités, écoles supérieures d'art dramatique, écoles
supérieures de danse, conservatoires et autres institutions du spectacle vivant, mais aussi entre
formations universitaires et enseignement secondaire, attestent la pertinence pédagogique et les
débouchés professionnels de nos cursus, en dialogue avec le ministère de la Culture et de la
Communication.
L’ignorance de la spécificité de nos disciplines, incompréhensible à ce niveau élevé de
diplôme, occulterait en outre l’ampleur et la qualité des travaux scientifiques qui, depuis une
cinquantaine d’années, ont établi sur des bases solides la particularité de ces arts, tenant à la présence
vivante des interprètes et à leur relation réflexive avec les spectateurs. Leur identité doit être reconnue
pour qu’ils puissent échanger ensemble, ainsi qu’avec les autres arts.
Le souci de conférer davantage de cohérence et de lisibilité à l’offre publique d’enseignement
supérieur, que nous partageons, ne saurait conduire à l’écrasement de spécialités clairement identifiées
dans la plupart des systèmes universitaires du monde actuel (Theater Studies & Dance Studies,
Theaterwissenschaft & Tanzwissenschaft…), où les études théâtrales et chorégraphiques françaises
jouissent d’un prestige incontesté. L’administration ne saurait faire la sourde oreille à ces arguments,
dûment exposés dans le cadre d’une procédure de concertation. Elle ne peut nier l’existence, les acquis
et les nécessités de filières patiemment construites, correspondant à la réalité effective de deux champs
artistiques et scientifiques qui ont conquis leur autonomie, par rapport à la littérature comme vis-à-vis
de la musique. Le théâtre n’est pas la danse et c’est pour cela que ces arts peuvent dialoguer. Chaque
grande discipline des Arts mérite la reconnaissance d’un diplôme à l’instar de celles du Droit (qui
admet plus d’une vingtaine de mentions différentes), tout comme les Études de genre au sein des
Sciences sociales, ou l’Éthique et l’Esthétique en Philosophie.
C’est pourquoi nous, chercheurs et enseignants, artistes et praticiens de la scène ou du plateau,
responsables institutionnels, étudiants et diplômés de ces disciplines, exigeons l’inscription de deux
masters distincts « Théâtre et arts de la scène » et « Danse » dans la nomenclature nationale des
diplômes, au même titre que « Musicologie », « Arts plastiques », « Patrimoine et musées »,
« Cinéma et audiovisuel», « Audiovisuel, médias interactifs numériques, jeux », « Création
numérique », « Industries culturelles », « Design » ou « Mode », qui y figurent déjà.
Premiers signataires
Isabelle Ginot et Isabelle Launay, professeures, Mahalia Lassibile, Sylviane Pagès, Julie
Perrin, Christine Roquet, maîtres de conférences au Département Danse de l’université Paris 8 Saint1
Voir Industries culturelles et créatives en France, panorama économique, enquête du cabinet EY (Ernst &
Young) pour Francecreative.fr, 2013 : www.francecreative.fr/secteur/spectacle-vivant
Denis.
Sylvie Chalaye, Catherine Naugrette, Catherine Treilhou-Balaudé, professeures, et Daniel
Urrutiaguer, maître de conférences HDR à l’Institut d’études théâtrales de l’université Paris 3
Sorbonne Nouvelle.
Jean-Louis Besson, Christian Biet, Marielle Silhouette, professeurs, et Tiphaine Karsenti,
Sabine Quiriconi, Charlotte Bouteille-Meister, David Lescot (auteur et metteur en scène), Christophe
Triau (dramaturge), maîtres de conférences en études théâtrales à l’Université Paris Ouest Nanterre ;
Emmanuel Wallon, professeur de sociologie politique à l’université Paris Ouest Nanterre.
Mathilde Monnier, chorégraphe, directrice du Centre chorégraphique national de Montpellier.
NB : La collecte des premières signatures est en cours dans les milieux artistiques et
universitaires. Cette pétition sera ensuite publiée sur le site http://petitionpublique.fr et dans la presse
si les représentants de nos universités n’obtiennent pas d’assurance sur la reconnaissance des
mentions demandées.

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