Enquête publique
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Enquête publique
Votre contact : Département Politique générale Responsables Aménagement du territoire et Législation Tel : 081/390.742 ou 743 Email : [email protected] Namur, le 17 octobre 2013 Monsieur Philippe HENRY Ministre de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire et de la Mobilité de la Région wallonne Rue des Brigades d’Irlande, 4 5100 JAMBES Monsieur Jean-Marc NOLLET Vice-Président, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique, en charge de l’Energie, du Logement et de la Recherche Région wallonne Place des Célestines, 1 5000 NAMUR DGO4 Rue des Brigades d’Irlande, 1 5100 JAMBES Par courriel : [email protected] Objet : EOLIEN – Cartographie de l’éolien en Wallonie – Enquête publique Messieurs les Ministres, Madame, Monsieur, En qualité d’association de protection de la nature, nous avons participé au processus de consultation des parties prenantes sur le développement éolien en Région wallonne et rendu un avis d’initiative sur le projet de cadre de référence, ensuite révisé, actualisé et adopté par le Gouvernement wallon le 11 juillet 2013. A présent, nous prenons connaissance du projet de « carte positive de référence traduisant le cadre actualisé, associé à un productible minimal par lot permettant de développer le grand éolien à concurrence d’un objectif de 3800 GWh à l’horizon 2020 » soumis à enquête publique. Celui-ci amène quelques remarques et réflexions de notre part que nous tenions à vous partager. 2 1. Quant aux outils Deux outils sont élaborés à ce stade : un cadre de référence et une carte positive de référence. Ces deux outils ont valeur indicative, servant de recommandations pour encadrer le développement éolien en Région wallonne. Pour contrer les défauts du régime du « premier arrivé, premier servi », le Gouvernement indique avoir la volonté d’organiser un mécanisme d’attribution « par lots ». Celui-ci devrait être transcrit dans un cadre décrétal. Afin de pouvoir connaître clairement les effets de la carte soumise à consultation, il aurait été préférable de bénéficier au préalable de ce cadre décrétal. Il est, en effet, difficile de saisir l’utilité de la carte au stade actuel (en l’absence de décret) et de mesurer l’ensemble des implications de la carte sur le futur système par lots. De plus, le rapport sur les incidences environnementales (RIE) ne permet pas de se rendre compte de l’impact environnemental qu’aura la carte elle-même, ni son découpage en lots. Si nous nous réjouissons de l’existence d’un tel outil cartographique qui pourrait permettre de clarifier la situation pour les acteurs de l’éolien, nous émettons toutefois notre avis sous réserves quant à l’utilité de la carte et son statut. 2. Quant à la méthodologie de la carte Le dossier méthodologique renseigne Natagora comme source pour les cartes relatives à l’avifaune et aux chiroptères. Le RIE renseigne également les couches cartographiques fournies par le DEMNA et Aves-Natagora en 2010. Le RIE signale à cet effet que ces couches devraient être actualisées et complétées par leurs auteurs, « celles-ci n’ayant pu être réalisées dans le temps imparti ». Nous tenons à clarifier l’intervention de notre association dans le cadre de l’élaboration de la carte aujourd’hui soumise à enquête publique. Pour rappel, en octobre 2009, notre association propose au Ministre Henry un projet d’étude nommé « AVEOLE » qui consiste en l’élaboration d’une carte de sensibilité de l’avifaune aux risques liés aux éoliennes en Wallonie. Aucune suite n’est alors réservée à cette demande avant le courrier de septembre 2010 par lequel le Ministre Henry marque son accord formel pour la réalisation du projet AVEOLE qui lui « permettra de disposer d’un outil supplémentaire d’aide à la décision ». Malheureusement, la subvention pour la réalisation de ce projet n'est finalement octroyée qu'en septembre 2013 et ne concerne en fait plus l'élaboration d'une carte de sensibilité. Elle est désormais centrée sur l'impact environnemental des éoliennes sur le Milan royal. Parallèlement, en juin-juillet 2010, Aves-Natagora, en collaboration avec le DEMNA, transmet à l'ULg/Gembloux des données avifaunes partielles et préliminaires dans l’unique but alors d’évaluer la capacité d’accueil brute d’éoliennes sur le territoire wallon. Dans la note explicative accompagnant les données SIG sur les zones sensibles à l’éolien (sur laquelle se fondent le RIE et la méthodologie), elle précise ainsi clairement les limites de ces données. Celles-ci sont bien temporaires et évolutives, préliminaires, incomplètes et complémentaires à d’autres contraintes comme Natura 2000. Elles ne pouvaient donc en aucun cas être considérées comme Natagora | A.S.B.L. de prote ction de la nature | Siè ge social : rue Nanon 98 | B-5000 Namur | | tél. : +32 (0)81 – 390 720 | fax : +32 (0)81 – 390 721 | www.natagora.be | 3 suffisantes à l’élaboration d’une couche avifaune permettant l’élaboration d’une carte positive. S’agissant de données brutes et à défaut de réalisation du projet de carte de sensibilité de l'avifaune, l’association se dégage de toute responsabilité quant à l’interpétation des données faite par les auteurs de la carte positive soumise à enquête publique, quant à la sélection manifeste des données qui a été faite (voir explications ci-après aux points 4 et 5) et quant au retard pris dans la mise à jour des couches. Nous émettons dès lors de vives réserves sur la pertinence de la carte positive. Le RIE lui-même (pages 54-55) recommande d’ailleurs une mise à jour de ces couches et reconnaît le risque que cela comporte pour certaines espèces dans l’état actuel (Milan noir non cartographié par exemple). En outre, nous regrettons que, même sur demande, les couches vectorielles ("shapefile") des zones positives de la carte n’aient pas été mises à disposition dans le cadre de l’enquête publique. Celles-ci auraient été utiles et nécessaires à une meilleure analyse pour formuler nos observations de la manière la plus éclairée possible. Il y va, en l’espèce, d’un manque de transparence qui contrevient aux principes de bonne administration. Ces couches vectorielles auraient notamment permis de comparer les données finales avec les données brutes transmises afin d’émettre un avis global plus pertinent. La vérification des surfaces totales et spécifiques annoncées pour chaque contrainte aurait également pu être réalisée, ce qui est impossible avec les documents mis à disposition dans l’enquête. 1 3. Quant aux territoires exclus Concernant l’implantation d’éoliennes en zone forestière au plan de secteur, nous vous rappelons être fortement opposés à l’implantation d’éoliennes en forêt. Ces dernières constituent souvent les derniers grands espaces naturels d'un seul tenant. Les défrichements liés à l’implantation d’éoliennes en forêt et à leur accès contribueraient à morceler ces milieux bien plus riches biologiquement que des zones cultivées, créant des perturbations supplémentaires pour la faune et la flore sauvages. Rappelons que l’avifaune est particulièrement abondante en milieux forestiers (y compris dans certaines forêts résineuses) et que les migrations s’appuient souvent sur les massifs forestiers qui servent de repères. De même, les forêts sont l’habitat de certaines espèces de chiroptères pour lesquelles les lisières forestières constituent des lieux de chasse privilégiés en raison de l’abondance en insectes. Aucune zone forestière ne peut être considérée comme « pauvre en biodiversité ». Les forêts résineuses sont également l'habitat de plusieurs espèces Natura 2000, notamment le Pic noir et la Chouette de Tengmalm. En plus, les lisières et milieux ouverts (coupes et jeunes plantations) au sein des massifs résineux sont fréquentés par de nombreuses espèces Natura 2000 comme la Pie-grièche grise, la Bondrée apivore, le Torcol fourmillier, et pas mal d'autres espèces intéressantes "non-Natura 2000". Nous ne pouvons donc que déplorer que le productible potentiel global retenu par le travail de traduction cartographique des critères du CDR prévoit explicitement de l’ordre de 170 GWh/an pour les extensions en zone forestière. 1 Pour rappel l’article D.16. du Code de l’Environnement prévoit la mise à disposition de l’information environnementale sous un format particulier, à la demande, lorsque les formats disponibles sont insatisfaisants. Natagora | A.S.B.L. de prote ction de la nature | Siè ge social : rue Nanon 98 | B-5000 Namur | | tél. : +32 (0)81 – 390 720 | fax : +32 (0)81 – 390 721 | www.natagora.be | 4 Or, ce différentiel de 170 GWh ne semble justifié que pour atteindre l’objectif fixé par le Gouvernement wallon de 3800 GWh. Quel est le fondement de cet objectif ? Pourquoi ne pourrait-il pas être revu pour éviter l’atteinte à la zone forestière ? Ou pourquoi ce différentiel de 170 GWh n’est pas atteint par d’autres moyens (calcul du taux de réussite en zone de contrainte partielle, type de machine…) ? Les objectifs en matière d’énergie éolienne doivent pouvoir être atteints sans toucher à la forêt, feuillue ou résineuse, qui présente toujours plus de potentiel de restauration pour la biodiversité qu'un champ d'éoliennes. Par ailleurs, nous nous réjouissons que la carte exclut l’implantation d’éoliennes dans les territoires sous statuts de protection au sens de la loi sur la conservation de la nature (réserves naturelles, sites Natura 2000, etc.). Toutefois, comme déjà signalé, pour assurer une protection effective à ces territoires, il aurait fallu prévoir une zone tampon dans laquelle l’implantation d’éoliennes est également interdite. Cette zone se traduirait cartographiquement par un buffer de 200 mètres autour du territoire concerné voire plus en fonction du cas étudié. 4. Quant aux zones d’intérêt ornithologique Nous constatons avec satisfaction qu’une attention particulière est apportée aux Milans, à la Cigogne noire ainsi qu'aux oiseaux des plaines agricoles. Il nous paraît effectivement important d’attirer l’attention sur ces problématiques spécifiques par rapport à l’impact éolien sur l’avifaune. a) Milans Le Milan royal, espèce figurant dans l'Annexe I de la Directive Oiseaux, est toujours considérée « à la limite d’être menacée » selon la liste rouge des oiseaux menacés de l'UICN. En Belgique, si les populations de Milan royal ont récemment progressé en aire occupée et en effectif, l'espèce est toujours considérée comme « vulnérable » sur la Liste rouge des oiseaux nicheurs menacés de Wallonie (version 2010). Ceci est dû à la fragilité de la population dans les régions avoisinantes et à son faible effectif en Wallonie. Le Milan peut se déplacer jusqu’à 10-15 km de son nid au moment de la fauche des prés. Les chemins empierrés et les abords nus des éoliennes constituent un réseau de chasse pour lui. N’étant pas « effrayé » par les éoliennes, le Milan est par conséquent particulièrement sensible au risque de collision. En terme de dynamique des populations, si l’implantation des quelques parcs déjà en activité dans les cantons de l’Est (noyau de population principal du Milan royal en Wallonie) ne semble pas encore avoir eu d'impact négatif sur l'effectif nicheur de l'espèce, il faut cependant rester très prudent. En effet, étant donné l’inertie inhérente à la dynamique des populations des Milans (faible taux de reproduction et première couvée vers l’âge de trois ans), un effet sur la population (par exemple via une diminution du taux de survie des adultes) n'est détectable qu'après plusieurs années. De plus, avec la multiplication des parcs dans son aire de répartition centrale, un seuil critique pouvant entrainer un impact négatif sur les populations pourrait être atteint. Il est donc souhaitable de supprimer les zones favorables cartographiées entre les parcs existants de Steinbach, Butgenbach, Hunningen et Heppenbach et de passer l’ensemble de ces sites en zone d’exclusion intégrale (voir carte 1 ci-dessous). Natagora | A.S.B.L. de prote ction de la nature | Siè ge social : rue Nanon 98 | B-5000 Namur | | tél. : +32 (0)81 – 390 720 | fax : +32 (0)81 – 390 721 | www.natagora.be | 5 Pour le surplus, selon notre analyse de la carte positive, la problématique du Milan royal est globalement bien prise en compte. En effet, 85%2 de l’aire de répartition des Milans est préservée de tout implantation d’éoliennes. Néanmoins, nous constatons que 15% de l’aire de répartition de l’espèce est consacrée aux projets éoliens, et parmi ces 15%, près de 10% de cette superficie concerne des zones centrales pour le Milan ou des zones de forte sensibilité pour cette espèce (voir carte 1 ci-dessous). C’est le cas, par exemple, des nombreuses zones favorables dans la région de Gouvy et Saint Vith. Si l’ensemble de ces zones devait être mis en œuvre, cela entrainerait sans doute un impact sur la population de Milan royal. Tout octroi de permis dans ces régions ne devrait se faire sans connaître précisément la localisation des différents nids de Milans et leur distance par rapport au projet éolien. Carte 1: Délimitation des zones considérées comme favorables aux éoliennes selon la carte positive et qui sont néanmoins localisées dans des zones noyaux pour le Milan royal. La zone indiquée par la flèche rouge devrait être exclue de la carte positive et les zones indiquées par les flèches jaunes devraient faire l'objet d'une attention particulière. Concernant le Milan noir, comme le reconnaît le RIE, il n’a pas été cartographié faute de financement dans le temps imparti (voir commentaire sous le point 2). Ceci 2 En l’absence de données vectorielles de la carte, l’analyse n’a pas pu être réalisée précisément. Ces chiffres sont donc donnés à titre indicatif. Natagora | A.S.B.L. de prote ction de la nature | Siè ge social : rue Nanon 98 | B-5000 Namur | | tél. : +32 (0)81 – 390 720 | fax : +32 (0)81 – 390 721 | www.natagora.be | 6 représente un risque pour l’espèce vu qu’elle présente les mêmes enjeux que le Milan royal (page 55). Il y aurait lieu d’actualiser cette donnée. b) Oiseaux inféodés aux plateaux agricoles Il est important d'épargner certains grands plateaux agricoles qui composent un paysage typique (open field) en Wallonie et accueillent certaines espèces patrimoniales spécifiquement liées à ces habitats très ouverts (Busards, Vanneaux et Pluviers). Cette attention particulière doit permettre ainsi de refuser l’implantation de parcs éoliens dans les zones sensibles et ce, avant même d’envisager la mise en œuvre de mesures d’atténuation ou de compensation. En effet, certaines espèces inféodées au milieu agricole ne peuvent pas bénéficier de mesures de compensation. Même si un grand nombre d'espèces sont influencées négativement par l'agriculture intensive (disparition des haies, etc...), un petit nombre d'espèces spécialistes (et menacées à l'échelle européennes) sont justement favorisées par l'ouverture à l'extrême des milieux: les spécialistes des "steppes agricoles". Parmi celles-ci, les Vanneaux huppés, Pluviers dorés et Pluviers guignards qui, chez nous, utilisent surtout ce type d'habitat comme halte migratoire ou site d'hivernage. La littérature scientifique montre que la construction d'éolienne sur une "steppe agricole" supprime l'attractivité de l'habitat pour ces espèces (voir publication en fichier attaché qui démontre (voir figures très visuelles à la fin), par une étude avant/après qu'il y a bien une perte d'habitat en ce qui concerne le Vanneau. -> cette perte d'habitat n'est pas compensable par des mesures d'aménagements à petite échelle. Pour cette espèce (et ses cousins le Pluvier doré et le Pluvier guignard), seul le maintien de certaines plaines sans éolien pourrait garantir le maintien de cet habitat particulier (grande plaine agricole très ouverte)). Autrement dit, l'habitat devient défavorable au niveau du paysage. L'effet est significatif : disparition des groupes d'hivernants ou de migrateurs. Cet impact n'est pas compensable, puisqu'il faudrait théoriquement "créer" ailleurs des zones très ouvertes, ce qui n'est ni faisable ni souhaitable. Les autres zones à proximité sont souvent elles aussi concernées par des projets éoliens ou sont moins attractives: il n'est donc pas possible pour ces espèces de recréer des milieux favorables ailleurs. Concernant le Pluvier guignard, une grande partie de ses zones de halte se voient ainsi reprise en zone favorable, si ce n'est la partie de la Hesbaye qui est exclue pour des raisons de contraintes militaires. L'implantation de parc éolien pourrait également avoir un impact négatif sur la faible population de Busard cendré et Busard Saint-martin. Une analyse des zones favorables met d’ailleurs en évidence que plus de 85% de l’aire de répartition du Busard cendré en Wallonie se trouve au sein des zones favorables à l’implantation d’éoliennes. On constate, en effet, que les cinq périmètres définis par le GT busard comme particulièrement favorable aux busards (et qui font l'objet d'une politique de développement de méthodes agri-environnementales favorables aux busards) sont déjà concernés par des projets éoliens ou situés en zone favorable. Nous nous interrogeons donc sur la sélection qui semble avoir été faite parmi les plateaux agricoles d’intérêt majeur (page 55 du RIE). Certains d’entre eux ont en effet été placés en zone favorable sans contrainte d’exclusion alors que d’autres ont été placés en zone favorable avec au moins une contrainte partielle. Ainsi, par exemple, on ne retrouve pas mention du Plateau du Gerny, pourtant important pour le Pluvier Guignard en halte (espèce « parapluie » pour d’autres espèces de grande Natagora | A.S.B.L. de prote ction de la nature | Siè ge social : rue Nanon 98 | B-5000 Namur | | tél. : +32 (0)81 – 390 720 | fax : +32 (0)81 – 390 721 | www.natagora.be | 7 culture). Les plateaux de Thuin sud et de la Hesbaye entre Hannut et la Mehaigne (importants à la fois pour les busards et les pluviers) ne sont pas pris en considération dans leur totalité. Eu égard à l’ensemble de ces observations, afin d’assurer au mieux la protection de ces espèces, il serait donc préférable de prévoir, parmi les plateaux agricoles identifiés, des zones d’exclusion intégrale dans chaque noyau de plateaux agricoles et des zones de contrainte partielle pour le surplus. c) Oiseaux d’eau Le principal problème potentiel identifié se situe entre le nord-ouest du complexe des barrages de l’Eau d’Heure et le nord de la vallée de la Haute Sambre, où de grandes étendues sont attribuées à des zones favorables alors qu’on se situe aux abords de plusieurs sites humides importants pour les oiseaux. Concernant le cas particulier des Cygnes sauvages et de Bewick, la carte positive telle qu'elle est présentée ne permet pas d'évaluer la réelle prise en compte de ces deux espèces. Nous recommandons la mise en zone d’exclusion intégrale des sites d'alimentation subsistant, étant donné que plusieurs projets éoliens affectent déjà ces sites. d) Migration d’oiseaux La carte 1.28 est relative aux zones de concentration des migrations d’oiseaux uniquement. On constate dans l’ensemble, une bonne prise en compte des principaux couloirs de migration wallons. Notons cependant, qu’à cette échelle-ci, les particularités locales, notamment celles liées au relief, ne sont pas prises en compte. Les études d’incidences sur l’environnement des projets particuliers devront donc bien analyser cette problématique au niveau local. Nous attirons également votre attention sur la fragmentation aérienne du territoire qu’engendrera la réalisation des différents projets éoliens sur le teritoire wallon. Cette fragmentation constitue autant de barrières ou d’obstacles pour la faune volante. La multiplication des projets éoliens sur le territoire wallon pourrait engendrer un effet négatif sur le bon déroulement de la migration de la Grue cendrée par exemple. Il y aura donc lieu d’avoir une attention particulière à la configuration des différents projets afin de minimiser cet effet barrière. 5. Quant aux zones d’intérêt pour les chauves-souris Au préalable, nous tenons à souligner le fait que, comme pour les données avifaune, seules des données brutes ont été transmises par notre association. L’interprétation et la sélection de ces données pour la réalisation des différentes cartes ne sont donc pas de la responsabilité de Natagora-Plecotus. Trois cartes sont à analyser : 1.19-Cavités souterraines d’intérêt scientifique Natagora | A.S.B.L. de prote ction de la nature | Siè ge social : rue Nanon 98 | B-5000 Namur | | tél. : +32 (0)81 – 390 720 | fax : +32 (0)81 – 390 721 | www.natagora.be | 8 Cette carte nous semble mal titrée. Sauf erreur, tous les points repris sur la carte ne correspondent pas à des cavités souterraines d’intérêt scientifique au sens de la loi du 12 juillet 1973 sur la conservation de la nature et de l’arrêté du Gouvernement wallon du 26 janvier 1995 organisant la protection des cavités souterraines d'intérêt scientifique. L’annexe 2 du dossier méthodologique précise d’ailleurs qu’il s’agit des cavités correspondant aux sites d’hivernage des chauves-souris depuis 2007. Il semble effectivement que la carte reprenne l’ensemble des cavités. Qu’en est-il de la décision gouvernementale du 11 juillet 2013 ? De plus, il nous semble que toutes ces cavités n’ont pas la même importance. Certaines espèces de chauves-souris sont en effet plus sensibles que d’autres à l’éolien et toutes les cavités ne comportent pas le même nombre d’individus. Dans un souci de rigueur scientifique, ne pourrait-on pas établir une zone tampon d’une distance variable autour des cavités en fonction des espèces présentes en hibernation et du nombre d’individus? Le site de la Montagne Saint-Pierre, par exemple, en tant que site majeur d’hibernation pour les chauves-souris en Wallonie comme en Europe, doit pouvoir être placé totalement en zone d’exclusion intégrale. Nous proposons ainsi que : toutes les cavités abritant plus de 100 chauves-souris en hibernation soient reprises en zone d’exclusion intégrale avec une zone tampon de 4 km; toutes les cavités abritant de 50 à 100 chauves-souris en hibernation soient également reprises en zone d’exclusion intégrale avec une zone tampon de 500 m; toutes les cavités comprenant au moins un individu des espèces suivantes : Myotis myotis, Myotis dasycneme et Barbastella barbastellus, soient en zone d’exclusion intégrale avec une zone tampon de 4 km. Toutes les autres cavités pourraient alors être placées en zone de contrainte partielle avec une zone tampon de 500 mètres. 1.27-Zones d’intérêt pour les chauves-souris Nous nous interrogeons sur la pertinence d’une telle carte présentant les colonies d’estivage, le choix des espèces, la taille de la zone tampon et la prise en compte uniquement des sites d’estivage de quelques espèces. Bien que les colonies d’été ne soient à l’heure actuelle pas encore connues pour toutes les espèces, nous proposons de revoir cette carte de la manière suivante : Les colonies d’été des espèces suivantes : Pipistrellus nathusii, Myotis myotis, Myotis dasycneme et Barbastella barbastellus, Nyctalus noctula et Nyctalus leisleri, devraient être reprises en zone d’exclusion intégrale avec une zone tampon de 4 km autour de ces colonies; Les colonies d’été des espèces suivantes reprises à l’Annexe 2 de la Directive européenne CE/92/43 : Myotis emarginatus, Myotis bechsteinii, Rhinolophus ferrumequinum, Rhinolophus hipposideros, seraient placées en zone de contrainte partielle avec une zone tampon de 500m autour de ces colonies. 1.28-Zones de concentration des migrations d’oiseaux et de chauves-souris Cette carte ne reprend absolument pas les zones de concentration des migrations de chauves-souris. Il n’est d’ailleurs pas possible à l’heure actuelle d’établir une telle Natagora | A.S.B.L. de prote ction de la nature | Siè ge social : rue Nanon 98 | B-5000 Namur | | tél. : +32 (0)81 – 390 720 | fax : +32 (0)81 – 390 721 | www.natagora.be | 9 carte pour les chauves-souris puisque les couloirs de déplacement sont encore mal connus. Il y aurait lieu de rectifier. 6. Quant à la place réservée aux conclusions des études d’incidences pour l’application de la carte En tout état de cause, la décision d’implantations d’un parc éolien semble, sur de nombreux points, dépendre directement des résultats et conclusions de l’étude d’incidences, indépendamment de la carte positive. Certes, les EIE constituent une expertise scientifique indispensable pour éclairer l’autorité décisionnelle et lui permettre d’exercer son pouvoir en pleine connaissance de cause. Mais elles restent un outil à la décision parmi d’autres3 et, en aucun cas, ne peuvent se substituer à une décision à part entière dans laquelle le pouvoir d’appréciation de l’autorité décisionnelle ne s’exerce pas. Par conséquent, sans remettre en cause les compétences des différents auteurs de ces études, il nous semble qu’en procédant de la sorte, on perde de vue la fonctionnalité première de ces études d’incidences et l’on fasse peser sur leurs auteurs des responsabilités qu’il ne leur revient pas d’assumer. En outre, ne risque-t-on pas de déplacer le débat dans la sphère de la certitude scientifique avec le production de contre-études de même valeur scientifique ? La carte, avec les autres outils, devrait avoir pour objectif d’assurer contre ces travers. Pour le surplus, nous vous renvoyons à notre position générale communiquée en juin 20104. Nous nous tenons à votre disposition pour expliciter et discuter plus amplement de ces éléments. Nous vous remercions de l’attention que vous porterez à nos observations pour une meilleure prise en compte de la protection de la biodiversité dans le cadre du développement éolien. Copie de la présente est adressée à Monsieur Carlo DI ANTONIO, Ministre des Travaux publics, de l’Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine de la Région wallonne. Veuillez agréer, Messieurs les Ministres, Madame, Monsieur, l’expression de notre sincère considération. Pour Natagora, Son Président Emmanuël SERUSIAUX 3 Pour rappel, l’article D.69., §1er, du Code de l’Environnement énonce que « L’autorité compétente apprécie les incidences du projet en prenant en considération l’étude d’incidences sur l’environnement ou la notice d’évaluation des incidences sur l’environnement, les avis recueillis dans le cadre de la procédure en autorisation et toute autre information qu’elle juge utile. » 4 http://www.natagora.be/fileadmin/Natagora/Presse/Presse_2010/CP_pdf/20100621_Natagora_position_E oliennes.pdf Natagora | A.S.B.L. de prote ction de la nature | Siè ge social : rue Nanon 98 | B-5000 Namur | | tél. : +32 (0)81 – 390 720 | fax : +32 (0)81 – 390 721 | www.natagora.be |