Pour aller plus loin
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Pour aller plus loin
SOIREE PARTAGEE mardi 24 mars à 20h30 La Joconde a mal aux dents de Pierre Astrié et Le Groenland de Pauline Sales THEATRE DES 13 ANS Soirée partagée - Au Préau le 24 mars 2009 à 20h30 La Joconde a mal aux dents de Pierre Astrié Compagnie Là-bas théâtre L'EQUIPE DE CRÉATION texte/mis e en s cène Pierre As trié avec François Macherey s cénographie Daniel Fayet cos tumes Pas caline Duron lumières Chris tian Lidon lumières (repris e) Véronique Dauvin Nicolas Lalmand L'HISTOIRE L’espace d’une journée dans la vie de Paul, romancier aux prises avec un quotidien parsemé çà et là d’attentats suicides, sont amenés à se côtoyer Monna Lisa Gherardini, le supposé modèle de La Joconde, monsieur Sanchez, le plombier, madame Roméro, la voisine, Attila, le chien, Léonard de Vinci, le peintre, France, la fille du patron, Éric, l’éditeur, Faustine, la fille, Omar, l’ami déjanté, Djamila, la vendeuse enceinte, Ettore, l’assistant de Léonard de Vinci et jeune amant de Monna Lisa, Paul lui‐même et son voisin furieux… La seule absente est une autre Mona, la femme aimée, partie aux sports d’hiver avec le mari. En 1503 et en 2007, tous ces êtres en mal d’amour ou d’humanité nous livrent leurs désirs secrets et leurs funestes projets dans la voiture de Paul, au téléphone, au restaurant, dans l’atelier à Florence, tissent anarchiquement le tragicocasse imbroglio d’une journée comme tant d’autres… Il s’agit d’évoquer, en une heure, par un déluge de mots et dans une tyrannique tension une vingtaine de vies, entre splendides et pathétiques, qui racontent une vie. Ou plutôt une tranche de vie. Ou pour mieux dire une infime tranche de vie. Celle de Paul. L'AUTEUR Pierre Astrié a fait un « détour » de dix‐neuf ans au Brésil. Dans les théâtres de Rio (mais aussi de Brasilia, São Paulo, Recife…), en langue portugaise, il a travaillé avec de nombreux professionnels brésiliens de diverses générations, comme comédien et metteur en scène. Depuis son retour en France, il travaille régulièrement pour la compagnie Théâtre au Présent (Montpellier), a été comédien et collaborateur artistique du Zinc Théâtre (Béziers) de 1993 à 1999. Depuis 2001, il co ‐dirige la compagnie Là ‐bas théâtre. Il a toujours écrit, mais c’est seulement depuis quelques années, après son retour en France, qu’il a donné à lire ses textes. Plusieurs d’entre eux ont été créés au théâtre : Hamlet, le sel ! (Zinc Théâtre), Les couteaux de madame Bernard (Théâtre du Chaos), Une soirée chez Dumas le père (Cie In Situ), Lili la nuit (Humanithéâtre), La triste histoire de monsieur Desjardins, Hôtel Sinclair, La Joconde a mal aux dents, Fou de la Reine(Là ‐bas théâtre). Il a été accueilli en résidence d’auteur à la Maison d’Artistes de Sérignan (de 1999 à 2001), au C.N.E.S La Chartreuse de Villeneuve les Avignon (en 2003 et en 2005), à La Filature du Pont de Fer de Lasalle en Cévennes (de mai 2006 à janvier 2007). NOTES DE MISE EN SCENE Comment le dire ? Paul nous livre en vrac son monologue intérieur et les paroles adressées à ceux qu’il rencontre au cours de sa journée. Le rythme effréné et sans passage à vide de sa pensée dicte le rythme de son monologue. C’est un flot ininterrompu, sans points et sans virgules, sans limites et sans cadres, une sorte de vomissement permanent de phrases venues du conscient, de l’inconscient, du subconscient et autres cients. Si la structure proposée, les différents niveaux de jeu, exigent de l’interprète précision et virtuosité, nous éviterons toute démonstration et irons plutôt chercher un personnage tyrannisé, emprisonné, victime de ces excès, trop vite, trop de gens, trop de mots, trop de morts… trop de désamour alentour ? Comment le bouger ? Si l’on envisageait le texte comme une partition musicale, le bouger serait peut‐être le danser. Mais si nous éviterons le réalisme (Paul ne conduira pas, ne tiendra pas un téléphone, ne classera pas des bouquins), nous ferons en sorte de ne pas tomber dans l’excès de formalisme. Un juste milieu ? Découvrir ou inventer ces gestes et ces actions de l’intime, concomitants à ceux du social, du concret. Y a‐t‐il en nous un être secret qui prend son visage entre ses mains alors que ces mêmes mains sont occupées à une froide besogne ? Quels sont ces gestes et ces déplacements de nous non perceptibles à l’oeil nu ? Où le dire ? Paul est dans sa salle de bains, en voiture, au travail, au restaurant, au téléphone, sur les quais de la Seine, dans la loggia où Léonard de Vinci peint Monna Lisa, chez le traiteur chinois, dans les escaliers de l’immeuble où il vit, chez son voisin… Où est Paul ? Dans quel espace scénique va évoluer François, qui l’incarne ? Certainement pas, cette fois non plus, dans un espace réaliste. Un espace « mental »? Un endroit inquiétant en dehors des espaces concrets, un décor secret, un espace indescriptible et unique, celui de notre intime. Ecoutez Pierre Astrié lire le début du texte : www.chartreuse.org/Site/Cnes/Residents/Astrie_Pierre/Astrie.php Soirée partagée - Au Préau le 24 mars 2009 à 20h30 THEATRE DES 13 ANS Le Groenland de Pauline Sales Compagnie Le Bottom Théâtre L'EQUIPE DE CRÉATION mis e en s cène Marie-Pierre Bés anger as s is tée de Elis abeth Fély Dablemont avec Pauline Sales s on Laurent Sas s i lumières Cédric Cambon L'HISTOIRE Avance... Une femme parle à sa fille. Elle veut l’emmener ailleurs, dans un pays plus froid, plus blanc avec des ours polaires, des traîneaux et des fourrures. Elle lui parle des fausses et des vraies femmes, de sa naissance, des cheveux blancs sur les tempes, d’un gâteau au chocolat, des hommes, de son père, de l’envahissement. Sur le chemin, les nouvelles du monde, la violence du quotidien qui vient cogner. Elles se perdent dans le quartier, dans la ville. La petite veut rentrer à la maison. Va-t-elle l’abandonner, la laisser sur le trottoir avec autour de son cou un papier blanc mentionnant son adresse? Va-telle partir seule? Le Groenland est un texte qui secoue et se découd. Des fils qui se tissent au gré d’une nécessité intérieure, un formidable enragement. Interview de Pauline Sales, après la parution de Groenland : www.lmda.net/din/tit_lmda.php?Id=17689 L'AUTEUR Elle est comédienne et auteure. Sa première pièce, Dépannage, est créée au Festival de Blayes dans une mise en scène de Laurent Laffargue. L'été 2000, elle est invitée en résidence au Royal Court à Londres. L'année suivante, le Royal Court lui passe commande d'une pièce courte Il aurait suffi que tu sois mon frère, qui est présentée à Londres en mars 2002. La Bosse et Cake sont données en lectures publiques à La Mousson d'été. Le Groenland, commande du Bottom Théâtre, a été créé en 2003 dans une mise en scène de Marie-Pierre Bésanger et représentée à Valence dans le cadre du Festival Temps de Paroles 2005. L'infusion, a été mise en scène par Richard Brunel dans le cadre de « Cartel » en mai 2004 à la Comédie de Valence. Sa dernière pièce, Désertion a été créée en mars 2005 dans une mise en scène de Philippe Delaigue, pour la Comédie Itinérante. Depuis octobre 2002, elle est auteure associée et dramaturge de la Comédie de Valence. A partir de janvier 2009, elle co-dirigera le Centre Dramatique Régional de Vire avec Vincent Garanger. NAISSANCE DU PROJET Au début, une demande : Des femmes, un paysage, les cancers féminins... Ca t’intéresse ? Je réponds “oui” assez vite. Ce sont les mots “femme”... “paysage”... qui me font accepter. La mort. Que dire du cancer ? Comme tout le monde j’ai peur... pour moi... qu’il entre en moi... il y aurait des raisons... comme tout le monde... sauf que c’est moi et mes raisons. Septembre 2001. Nous sommes réunis à Ayen, petite commune du sud de la Corrèze. Il y a la Mutualité Agricole qui veut inscrire une action théâtrale dans son travail de prévention des cancers féminins. Il y a des femmes qui habitent ici, ou ailleurs, à la ville, des qui ont vécu le cancer et qui ont envie d’en parler, d’agir, des qui ne savent pas et qui veulent faire quelque chose pour ça, contre ça. Je suis là, j’écoute, je dis trois mots sur le théâtre : intime, plaisir, un lieu où trembler. Après, une histoire commence. Elles sont huit ou dix certains soirs, on travaille à partir d’improvisations, on se parle. Elles sont d’ici ou d’un peu plus loin, parlent de la campagne, des chemins où elles marchent le dimanche, des vaches qu’elles rentrent, du boulot à l’hôpital, à la mairie, du cancer de leur voisine, leur cousine... Et puis Josette parle du sien, des ses deux seins enlevés, de ce moment particulier dans sa voiture sur le trajet entre l’hôpital de Toulouse et sa maison, de sa petite fille qui pose sa tête sur ses genoux à son retour. Je ne sais pas ce qu’il est possible de faire, de dire, pour parler de la mort possible, de ce qui nous ronge. Je demande à Pauline Sales d’écrire sur ça. Je lui raconte les moments importants pour moi, les silences de Josette, des autres, et puis il y a tout ce que nous avons déjà partagé en faisant naître Mario et Lyse, tout ce qui s’est dit, et tout ce qui ne s’est pas dit. Pauline écrit déjà, puis elle vient rencontrer le groupe s’approche du travail, reçoit les mots des femmes, puis écrit encore. En mai 2002, Le Groenland est entre nos mains. [...] Marie-Pierre Bésanger J’ai rencontré ces femmes durant une matinée et je les ai interrogées vingt minutes chacune. Juste le temps de vérifier que nous avions toutes quelque part une recette de gâteau au chocolat. Que toutes, chevillée au corps, nous avions la sensation d’être trop gentilles, trop bonnes, clairement de se faire avoir. Et que peu d’entre nous se racontions en joli, lisse ou logique ce qui est accidenté, désordonné, et coupant c’est-à-dire notre vie. De là est né Le Groenland. La terre à découvrir. Pauline Sales DES PROLONGEMENTS POSSIBLES Cette soirée partagée a rapproché ces deux spectacles car ils sont tous deux des solos, voire des monologues intérieurs. Ils peuvent donc être la base d'un travail sur le monologue en littérature et/ou au théâtre, sur ses différentes fonctions, formes et représentations. Vous pouvez aussi travailler à partir de l'extrait pour vous interroger sur la mise en scène et la scénographie du spectacle Le Groenland. > Extraits et fonctions des monologues délibératifs et intérieurs : www.site-magister.com/ecrinvent.htm DANS GROENLAND IL Y A ... Marche. Ne t'arrête pas. Tu ne vas pas tomber. C'est pas grave si tu tombes. Chacun tombe une fois ou l'autre. Tu te relèveras. Rien. Il n'y paraîtra rien. Un bleu peut-être et alors? C'est ma couleur préférée. Avance. Je te regarde. Ne te retourne pas. Si tu te retournes et que je ne suis pas là c'est qu'il te faut des lunettes. Le docteur l'a dit. Nous irons demain ou un autre jour. De toutes les façons je suis là. Une des mains qui s'agitent c'est moi. Une glace qui fond sur un poignet c'est moi. Ne crie pas. Ça arrive je te l’ai dit. Tu t’es écorchée. Oui ça saigne. Je le vois. Je l’ai vu. Le rouge, ma chouette mon loup, il en faut toujours pour être heureux. Voilà redresse-toi. Ne pleure pas. Ça ne t’a pas fait mal. Imagine si tu t’étais coupé la jambe. Tu peux pleurer du moment que tu avances. Pas vers moi. De l’autre côté. Chaque pas que tu fais vers moi ne compte pas. Montre-moi comme tu sais courir. Des jambes de sprinteuse. Non, coureuse de fond, de mère en fille, de fille en chouette, de chouette en loup. Arrête. Je ne te porterai pas. N’y compte pas. Tu me fatigues. Je suis fatiguée. […] J’ai glissé des biscottes dans tes poches. Comme ça. Ça se conserve longtemps. N’oublie pas de mâcher. Que ça devienne du sable dans la bouche. Avale et puis après oublie. Ma chouette, mon loup. Double nœud à chaque pied. Je t’ai dit une expédition au Groenland ça ne se prépare pas des jours et des nuits à l’avance. Une expédition au Groenland ça se décide et c’est tout. Et surtout sans prévenir. Si c’est vrai. Arrête de croire que je ne dis pas la vérité. Je ne suis pas ailleurs comme ton père le dit. Tu le crois. Est-ce qu’il prend le temps de te parler de ce que tu ne comprends pas ? Ça suffit. Arrête de tomber. Tu veux du chocolat. Encore. Ton nez coule. Il n’y a pas de kleenex. Jamais. Inutile de chercher. Utilise la manche de ton pull. Quelqu’un désapprouve. À côté. Non là dans mon dos. Ou dedans. Oui sûrement. J'ai quelque chose à faire tu comprends. C'est urgent. C'est idiot, c'est bête, dommage mais ça ne peut plus attendre. Ne baisse pas les yeux. Ne dis jamais oui en premier ou choisis-le vraiment Ne porte jamais de cuir - sauf si c'est l'occasion. Nettoie ce qui s'encrasse facilement. Range régulièrement ton crâne. Ne recule pas face à la saleté. Habitue-toi à l'obscurité. Apprend à trier. Autorise-toi merde. Putain en dernier recours. Garde la vulgarité comme surprise. Excellente surprise. Contacts Relations Publiques Pascal 02 31 66 16 45 – Magali 02 31 66 16 02