Mon 1er 100 km (Antoine)

Transcription

Mon 1er 100 km (Antoine)
Un compte-rendu… voilà ce que j’ai promis à Bierenard… Mais je ne suis pas forcément
habitué mais je me lance.
Tout d’abord, revenons à la genèse de ce projet de parcourir 100km… Fin 2009, la
SaintéLyon m’a fait découvrir ce qu’on appelle l’ultra : tout ce qui dépasse le marathon.
Ces 69 km ont été super et pourquoi ne pas pousser la bête 30 km de plus ?!?
Je pensais initialement faire les 100km de Crest, un ultra-trail de 100km mais avec 9000 m de
dénivelé positif… Mais une opération de l’épaule début décembre pour réparer une vilaine
luxation, suivie d’un mois d’arrêt et une reprise accompagnée de quelques craintes sur les
parties descentes ont fait redimensionner ces 100 km à de la route.
Quel choix se présente alors à moi pour les mois d’avril ou mai : Belvès, Chavagnes ou
Steenwerck. Etude des parcours et seul Belvès a un parcours qui ne compte pas de multiples
boucles répétées et Chavagnes, c’est le championnat de France donc pas pour moi… enfin pas
encore !!!!
Donc le 25 janvier la préparation commence par quelques semaines de PPG (Préparation
Physique Généralisée) avec des côtes, de la VMA, des séances au seuil et tout l’éventail des
allures pour s’améliorer.
Viennent ensuite les semaines de préparation : les séances en semaine sont consacrées le
mardi à une petite séance de récupération, le mercredi à une séance d’allure rapide (lignes
droites, séances de 30’’-30’’, côtes…) le jeudi on travaille l’allure spécifique (11km/h). Le
WE est consacré à un gros bloc avec le samedi matin un séance dépassant 1 h et incluant une
partie plus ou mois longue à allure marathon (14 km/h) et le dimanche une sortie longue à
allure spécifique et travaillant sur la fatigue de la veille.
Mais ce qui devait arriver arriva et le 20 février lors de l’allure marathon, une douleur
sournoise à l’extérieur du genou gauche se fait sentir mais je n’en tiens pas vraiment compte,
je termine la séance normalement. Le reste de la journée ça me chatouillait un peu mais sans
plus. Le dimanche matin, 2h15 de prévus 25 km. Je pars à allure spécifique et au bout de 5 km
un douleur bien présente mais, erreur, je n’arrête pas au contraire j’insiste.
Le verdict, je le connais mais je ne m’y résous pas : TFL ou syndrôme de l’essui glace. LA
Tedinite du Facia Lata est la 2nde tendinite chez le coureur et nécessite du repos. Donc, en
accord avec mon coach, je stoppe une semaine.
Petit test une semaine plus tard : rien de mieux donc on met en route la grosse machine : kiné,
glacage, osthéopathe. 2nde semaine de repos et toujours rien de mieux.
Hors de question d’abandonner ce projet mais le doute s’installe. Une idée de génie me
traverse l’esprit : le podologue. RDV en urgence, on moule des semelles, on fait des séances
light en attendant les semelles. Elles sont livrées le 18 mars et le podologue et le kiné
m’annoncent qu’il faut ‘quelques’ séances pour s’habituer.
‘Quelques’ séances ?????? c’est quoi ??? 2 c’est déjà quelques non ?!?
Bref 15 jours passent avec les semelles mais la douleur est toujours présente, peut être moins
handicapante mais toujours là. L’entraînement suit.
Donc avec tout ça, seule sortie longue 3h00 à allure spécifique soit 33km, toujours avec la
douleur.
Je rappelle le podologue qui me propose de rehausser les semelles… pourquoi pas. Il faut 3
jours, de toute façon ça ne peut pas être pire…
Livraison des nouvelles semelles et sur les 2 séances suivantes : c’est pire… Que faire ?
Je pars donc pour la 3ème séance avec les nouvelles semelles… têtu le gars !!! mais décide en
fait de partir sans semelles correctrices , de les emmener dans le sac et advienne que pourra…
au bout de 15 mn c’est une catastrophe et là je décide de les remettre en place et… miracle…
plus aucune douleur… incroyable…. Bref…. Enfin rassuré, il me reste 15 jours avant la
course donc maintenant il faut se reposer.
On part le vendredi 23 avril, direction Belvès dans le Périgord Noir… Après 5h00 de route,
on arrive, retrait des dossards pour moi même et mon accompagnateur à vélo : Alvaro
surnommé Alva. Initialement, mon acolyte devait courir mais un épanchement à la rotule ne
lui laisse que le choix de m’accompagner à vélo.
Arrivée, à l’hôtel, dîner de coureur et tout le monde au dodo à 22h30.
Après une nuit très correcte, lever 06h00, il faut qu’on parte dans ¾ d’h ils ferments les accès
à 07h00 et le départ est donné à 08h00. Un coup d’œil sur la météo : matinée parfaite mais il
risque de faire chaud l’après midi.
Je laisse ma femme et ma fille dormir, elles nous retrouveront au fil du parcours et je pars
avec Alva, direction Belvès. Les accompagnateurs partent à 07h20 pour se poster au 8ème km
et attendre les bipèdes.
Me retrouvant seul, j’ai le temps de cogiter et de penser au profil du parcours. On commence
par 2km dans le village, 2 km de descente (qu’il faudra remonter au 98 ème…) et ensuite c’est à
peu près plat jusqu’au 45ème sauf quelques petites bosses. Du 45 au 65 c’est plus chaotique
pour ensuite redevenir à peu près plat jusqu’au 98ème. Objectif : entre 09h00 et 10h00…
Je décide donc de partir à l’allure prévue : 11km/h, de gérer ça en 2 marathons +1 semi donc
allons y étape par étape.
Le tour dans le village, la descente, puis le parcours nous fait passer devant l’hôtel où mais
admiratrices m’attendent, je m’arrête, je suis pas à 30 secondes près…
Je récupère Alva au 08ème km. On échange, pour savoir si tout va bien et les km défilent.
Mes supportrices sont postées à plusieurs endroits du parcours et les voir me fait énormément
de bien.
Le 1er marathon est passé en 03h45 tout va bien, je suis dans les temps. Seul hic, j’ai du mal à
me ravitailler, le solide ne passe pas vraiment. Par contre, mon accompagnateur, pour lui tout
va bien, il passe 5 bonnes minutes aux ravitaillements à déguster les mets sucrés et salés… Si
bien qu’on fait le yoyo !!!!
Mais à ce jeu, après le ravitaillement du 43ème km, plus d’Alva et là ça craint un peu car
commence au 45ème kilomètre une montée de 7km pour nous amener au 50ème km à Sarlat et
continuer encore un peu après. Et là cette montée dure dure… Elle est longue, c’est où
Sarlat ???
Ça y est j’entends le speaker, je vois l’arche du 50ème et Alvaro est là tranquille en train de
manger une merguez, il m’a doublé sans s’en rendre compte et s’est assuré que je n’étais pas
encore passé, donc pas inquiet il m’a attendu tranquillement. Il m’annonce que je passe en
62ème position, sur 480 c’est pas mal.
Je repars après un petit ravitaillement et rien de spécial jusqu’au 60ème km.
Mon genou va super bien, il commence par contre à faire chaud depuis le 45ème…
Par contre, au 60ème, là un énorme coup de bambou.
Persuadé que j’allais voir mes supportrices au 62ème je comptais dessus pour me remotiver
mais en fait non ce sera au 66ème…dur dur…
Je savais que j’allais avoir un coup de moins bien, c’est sûr, il faut laisser passer l’orage et
attendre que le mieux revienne.
Je décide de marcher quand j’en ai envie mais les phases de marche sont tout de même très
présentes.. trop à mon goût… mais bon il en reste 35 à parcourir.
Au 66ème, elles sont là ça fait du bien…
On a une petite boucle à faire de 5 km pour repasser au même endroit au 71 ème.
Alvaro me soutient, il me parle, me laisse tranquille quand il sent que je ne veux pas parler.
Au 70ème, j’appelle le coach qui me remotive, me dit que c’est normal, que l’important c’est
finir etc etc. Je peux encore atteindre les 10h00.
Mais qu’est ce que je fais là ??????
Ensuite tout s’enchaîne lentement, enfin les kilomètres se décomptent lentement mais les
minutes passent trop vite.
A ce moment je pense de 5km en 5km, je marche, trottine, re-marche, re-re-marche !!!!
Bon, au 90ème, c’est une partie qu’on connaît, ces 10 kilomètres ont les a fait à l’aller donc on
sera un peu comme chez nous !!!
Effectivement, à ce moment, ça va mieux, enfin tout est relatif, j’ai du mal à courir plus d’un
kilomètre d’affilée mais bon.
On parle même plus du chrono, il faut finir et puis c’est tout.
94km : ravitaillement. Bon il en reste 6 dont les 2 derniers qu’on ne compte pas donc 4
kilomètres : allez on s’autorise un peu de bière.
Coup de boost, on repart, je vois des gens en ligne de mire, il faut les rattraper, j’en remonte
quelques uns…
Arrivés au 98ème : c’est bon c’est la fin, la dernière côte de fou et on trottine tout doucement,
j’entends le speaker en haut de la côte à Belvès, je sais que ma femme et ma fille sont là haut
et qu’elles m’attendent.
Je monte, je monte et ça y est je vois l’arche, ma petite fille me rejoint, fait les 100 derniers
mètres en courant avec moi.. pas mal à 2 ans et 2 mois… elle court déjà, le chats font pas des
chiens !!!!!
Je la prends sur mes épaules pour passer la ligne d’arrivée…
Ça y est c’est fini… je suis vané, mort, explosé… impossible de bouger mais ça y est je suis
centbornard…
Encore une petite bière et on va chercher les résultats : 11h19mn37s, 97ème sur 346 arrivants
soit 130 abandons.
Une analyse 25 km par 25 km montre que le 1er était à 11,1 km/h (380 D+/477 D-), le 2nd à
10,4 km/h (600 D+/540D-), le 3ème 8,7 km/h (480 D+/530 D-) et le dernier....6,9 km/h (660
D+/600 D-).
Il est pas plat du tout selon le GPS et selon mon expérience non plus !!
Bilan : 640 km de préparation / 57h00
Conclusion : super expérience
Par contre, sans cette tendinite, j’aurai pu faire plus de sorties longues et il faut avoir plus
d’expérience de courses intermédiaires entre le marathon et les 100km, pour ma part, 1 seule
expérience avec la SaintéLyon…
L’année prochaine je reviendrai…
Programme 2010 :
06/06 : trail 60 km
14/10 : marathon de Montpellier : toucher les 3h00
début decembre : SaintéLyon