Époque douloureuse Je me souviens enfant, mes parents
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Époque douloureuse Je me souviens enfant, mes parents
Époque douloureuse Je me souviens enfant, mes parents emménageaient dans leur maison dans les années 1940, sans électricité, sans eau, la galère. Il fallait se rendre au puits rue de Verdun. Le soir je faisais mes devoirs à la lumerotte, une demi orange évidée avec de l’huile, nous étions quatre enfants, il y avait du mouvement, aussi la lumerotte s’éteignait souvent. Le lendemain le temps était neigeux et je partais à l’école dans la poudrerie poussée par le vent, la route était longue jusqu’à Palaiseau, parfois de mauvaises rencontres au loin, il y avait un fada faisant de grands gestes et grimaces pour nous faire peur. Je grandissais, j’allais faire les courses chez le dépanneur « Monsieur Gougis » au Pileu qui, après des moments d’attente, me servait selon mes tickets, au retour il m’arrivait de recevoir la drachée et je rentrais mouillée en pleurant. Plus tard, vers 14 ans, j’allais travailler à Paris, débutant les transports en commun, tap tap très coloré en peinture, très utile. Bondé de monde suivants les horaires, je riais des histoires de chacun, des bavardages, c’était familial et les rendez-vous à ce transport étaient joyeux. Je débutais dans un bureau comme employée aux écritures. J’ai rencontré un champagné qui m’a apporté toutes ses connaissances pour démarrer dans la vie. J’ai pris des cours, je prenais le métro et je fus surprise par un chafouin qui rodait dans les couloirs. J’ai quitté ce quartier pour rentrer aux Galeries Lafayette et là, chaque matin je prenais un ristrette « chez Paul » pour faire ma journée très pénible, je rencontrais toutes sortes de personnages, j’étais très vigousse de connaître ces lieux, à 21 ans, la fleur de l’âge, résistante à la vie. Madeleine Losco, 87 ans