Janvier 2016 Visualiser/Télécharger

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Janvier 2016 Visualiser/Télécharger
ISSN 0299 - 0342
CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS
N°341 • Janvier 2016
SEMAINE
5 du 27 janvier au 2 février
CNP
jeudi
Vivre sous un régime dictatorial
I
N
de Éric Sionneau, Jean-Louis Bargès et Max Coste
Débat avec Bernard S du collectif
Vigilance inter-syndicale antifasciste
Atelier le mercredi à 14h15
45’
LA BÊTE IMMONDE
É
M
A
T
H
È
Q
U
E
lundi LE SIGNE DU LION
19h30 1h40’ de Éric Rohmer
Soirée présentée par Philippe Fauvel,
chercheur en cinéma
14h15 1h36’
17h45
19h45
LES PREMIERS,
+
LES DERNIERS
16h00
mer-sam
dimanche
14h15
mer-sam
de Bouli Lanners
À suivre.
de Rémi Chayé
19h30
mer-sam
dimanche
14h15
16h00
17h30
LA BOITE À MALICE 16h15
Programme de courts métrages
1h52’
LES CHEVALIERS
BLANCS
de Joaquim Lafosse
À suivre.
LES HUIT
SALOPARDS
SEMAINE
38’ sans paroles
2h47’
dimanche
14h30
17h00
19h15
1h20’
TOUT EN HAUT
DU MONDE
20h00
C
2016
mer-dim
17h15
CAROL
21h30
de Todd Haynes
À suivre.
À suivre.
1h42’
A SECOND
CHANCE
de Tom Hooper
21h30
LES DÉLICES
DE TOKYO
de Naomi Kawase
À suivre.
1h37’
CHORUS
21h45
de François Delisle
1h27’
45 ANS
de Andrew Haigh
www.studiocine.com
À suivre.
T
H
È
Q
U
E
Le film imprévu
www.studiocine.com
Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35
Jeudi 31 décembre, les dernières
LE PROPHÈTE
de Roger Allers
de Michel Leclerc
44’ VF
UNE SURPRISE
POUR NOËL
de Chel White
1h21’ VF
1h35’
14h30
DES SINGES
MY SKINNY SISTER AUde ROYAUME
Mark Linfield, Alastair Fothergill
19h15
de Sanna Lenken
14h15
19h30
1h26’
14h15
21h00
2h28’
1h29’ VF
HECTOR
HOTEL
TRANSYLVANIA 2
de Jake Gavin
de Genndy Tartakovsky
2h05’
007 SPECTRE
L’ÉTREINTE
DU SERPENT
de Sam Mendes
de Ciro Guerra
1h42’
17h00 1h42’ NOUS TROIS
OU RIEN
19h00
de Kheiron
de Susanne Bier
1h53’
A
17h15
21h45
1h58’
de Thomas McCarthy
DANISH GIRL
M
14h30 1h30’
ARGENTINA
19h45
de Carlos Saura
jeu-ven
lun-mar
2h08’
SPOTLIGHT
É
14h15
21h45
de David Pablos
À suivre.
mer-sam
dimanche
N
2016
19h30 L’ENNEMI
SILENCIEUX séances de 21h ne seront pas assurées.
1h15’
de H. P. Carver
Vendredi 1er janvier, les séances
lundi
LE
VENT
DE
LA
PLAINE
ne
seront
assurées qu’à partir de 17h.
21h00 2h05’ de John Huston
14h15
1h33’ VF
SAUF
14h15 2h24’
lun-mar
LE
VOYAGE
D’ARLO
SEUL SUR MARS
mercredi
de Peter Sohn
19h15
de Ridley Scott
10h00
1h30’ VF
16h00
14h15 1h40’
LA VIE TRÈS PRIVÉE
19h45 DE MONSIEUR SIM
17h45
LES ÉLUES
de Quentin Tarantino
14h30
19h30
14h15
19h45
+
16h00
I
du 30 décembre au 5 janvier
1h45’
2h
14h15
17h15
19h30
C
1
17h00 2h03’
STRICTLY CRIMINAL
de Scott Cooper
21h45
Le film imprévu
www.studiocine.com
COSMOS
de Andrzej Zulawski
SAUF
lundi
mardi
16h15
SAUF
lun-mar
mercredi
10h15
16h00
SAUF
lundi
mardi
17h45
SAUF
lundi
mardi
17h30
21h30
17h15
21h15
1h42’
À PEINE J’OUVRE
LES YEUX
21h15
de Leyla Bouzid
2h06’
AU-DELÀ DES
MONTAGNES
de Jia Zhang-ke
17h30
21h30
Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire)
Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com
SEMAINE
CNP
jeudi
19h45
2 du 6 au 12 janvier
Au travail : coopérer plutôt que subir 53’
LE BONHEUR AU TRAVAIL
1h24’de Martin Meissonnier
2016
sans paroles
LE KID
de Charlie Chaplin
Débat avec Anne-Béatrice Martinez
et Stéphanie Sandeau-Gruber
1h50’
lundi
JOHNSON
19h30 JEREMIAH
de Sydney Pollack
Séance Ciné langues
1h35’
14h15
mercredi
17h15
LE VOYAGE mercredi
samedi
D’ARLO
de Peter Sohn
1h29’ VF
dimanche
14h15
HOTEL
mercredi
samedi
TRANSYLVANIA
2
L’
É
TÉ
DES
POISSONS
VOLANTS
17h15
de Genndy Tartakovsky dimanche
de Marcela Said
Sans canal fixe & les Studio MÉDECIN DE vendredi
CAMPAGNE 19h45
mardi OUT OF THE PRESENT 1h40’
de Thomas Lilti
1h32’ de Andrej Ujica
19h45 Soirée
présentée par Emmanuel Chicon,
14h00
LES HUIT
17h00 SALOPARDS
20h00 de Quentin Tarantino
2h47’
1h36’ de Bouli Lanners
AVANT PREMIÈRE
en présence du réalisateur
14h15
LES
SUFFRAGETTES
19h30 de Sarah Gavron
14h15 JE VOUS SOUHAITE
17h30 D’ÊTRE FOLLEMENT AIMÉE
19h30 de Ounie Lecomte
1h40’
1h26’
de Ron Howard
1h38’
LA FILLE 17h30
DU PATRON 21h30
de Olivier Loustau
1h26’
de Jake Gavin
17h45
21h45
2h06’
AU-DELÀ DES 21h30
MONTAGNES
1h43’
JANIS
de Jia Zhang-ke
ARGENTINA 21h45
14h30
EARLY WINTER
19h45 de Michael Rowe
de Carlos Saura
Le film imprévu
www.studiocine.com
2016
La Russie dans le monde et 1h58’
nos clichés : quelles lectures ?
VF
SEMAINE
14h15
mer-sam
dimanche
LE GARÇON
RUSSIE : LA NOSTALGIE DE L’EMPIRE ET LA BÊTE
jeudi de Vladimir Vasak et Liza Zambyslova
VF 17h15
20h00
débat avec Hélène Richard
du Monde diplomatique
de Mamoru Hosoda
VO
19h30
C I N É M A T H È Q U E
1h43’
1h20’
de Rémi Chayé
Séance Ciné langues
2h03’
mercredi
17h00 LE LABYRINTHE
DU SILENCE
de Jiulio Ricciarelli
14h15 1h58’
CAROL
17h00
19h15 de Todd Haynes
21h30
2h47’
14h15
LES HUIT
17h30 SALOPARDS
20h45 de Quentin Tarantino
1h38’
14h15 LA FILLE
PATRON
19h30 DU
de Olivier Loustau
1h38’
14h30 BANG GANG
D’AMOUR MODERNE
19h45 UNE HISTOIRE
de Eva Husson
1h42’
14h30 A SECOND
19h45 deCHANCE
Susanne Bier
Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35
1h25’
GAZ DE
FRANCE
de Benoît Forgeard
14h15
19h30
1h40’
JE VOUS SOUHAITE 17h30
D’ÊTRE FOLLEMENT
AIMÉE
21h30
1h36’
de Michael Rowe
18h00
19h30
mardi
19h30
21h30
17h45
21h45
1h58’
3 documentaires
LE GARÇON
ET LA BÊTE
Débat avec Maryse Artiguelong,
Observatoire des Libertés et
du Numérique / LDH
17h30
MISTRESS
AMERICA 21h45
de Noah Baumbach
1h43’
21h45
de Amy Berg
Le film imprévu
www.studiocine.com
17h15
19h30
Hommage à Tenguiz Abouladzé
2h25’
LE REPENTIR
En présence d’un spécialiste du cinéma georgien.
de Mamoru Hosoda VO
DANISH GIRL
de Tom Hooper
CHORUS
de François Delisle
1h45’
14h30 LES ÉLUES
19h45 de David Pablos
14h15
mer-sam
dimanche
17h30
16h15
LA FORTERESSE mercredi
de Avinash Arun
1h47’ L’ARBRE DU DÉSIR Atelier jeu le mercredi
1h17’ L’INCANTATION
1h10’ sans paroles
1h58’
1h37’
14h30
19h45
VF
C I N É M A T H È Q U E 1h19’
14h15
17h15 LES CHEVALIERS
BLANCS
19h30 de Joaquim Lafosse
14h30 2h00’
samedi
1h26’
2016
Festival d’un soir
14h15
CAROL
17h00
19h15 de Todd Haynes
21h30
14h15 2h47’
LES HUIT
17h30 SALOPARDS
20h45 de Quentin Tarantino
SAUF
JANIS
4 du 20 au 26 janvier
1h52’
de Ounie Lecomte
EARLY
WINTER
CNP
jeudi
lundi
AVANT-PREMIÈRE
lundi LA RANDONNÉE
TOUT EN HAUT 16h00
19h30
de Nicolas Roeg
DU MONDE dimanche
1h30’
de Amy Berg
www.studiocine.com
AU CŒUR 17h00
DE L’OCÉAN 21h30
HECTOR
14h15 MISTRESS
19h30 deAMERICA
Noah Baumbach
1h36’
19h45
2h09’
1h46’
14h30
19h45
AVANT PREMIÈRE
en présence du réalisateur
LES PREMIERS,
LES DERNIERS mercredi
programmateur à Sans canal fixe
CNP
3 du 13 au 19 janvier
1h30’
1h33’ VF
C I N É M A T H È Q U E
SEMAINE
samedi
dimanche
MONTE samedi
LÀ-DESSUS 14h15
de Sam Taylor et Fred Newmeyer
Ciné Concert Harold Lloyd
1h42’
A SECOND 17h45
CHANCE 21h45
de Susanne Bier
1h25’
GAZ DE
FRANCE
de Benoît Forgeard
1h26’
MISTRESS
AMERICA
de Noah Baumbach
21h45
SAUF
lundi
mardi
21h45
SAUF
jeudi
1h40’
JE VOUS SOUHAITE
D’ÊTRE FOLLEMENT AIMÉE 21h45
de Ounie Lecomte
1h38’
BANG GANG 21h45
UNE HISTOIRE D’AMOUR MODERNE
de Eva Husson
Le film imprévu
www.studiocine.com
Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire)
Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com
S
O
M
M
A
I
R
E
Janvier 2016 - n° 341
Édito
CNP
....................................................
3
.....................................................
4
Soirée ciné-langues - L’Été des poissons volants
..
5
Soirée cinén allemand - Le Labyrinthe du silence
...
5
................
5
...................
6
Soirée Bibliothèque, Mille mémoires
Partenariat Cinémathèque/Studio
Pour permettre au public une plus grande
fréquentation de ses collections (les plus riches
de région Centre), la bibliothèque propose de
nouveaux horaires.
Horaires d’ouverture :
lundi : de 16h00 à 19h45
mercredi : de 15h00 à 19h45
jeudi : de 16h00 à 19h45
vendredi : de 16h00 à 19h45
samedi : de 16h00 à 19h45
FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES
Cafétéria des Studio
gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),
LES FILMS DE A à Z
6
........................................
15
................................................
16
Cinémathèque
En bref
..................................
Humeur
J’ai un problème…
...................................
17
Bande annonce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Courts lettrages
Macbeth . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
accueille les abonnés des Studio
tous les jours de 16h00 à 21h45
sur présentation des cartes abonné et cafétéria.
Tél : 02 47 20 85 77
Les STUDIO sont membres
de ces associations professionnelles :
EUROPA
REGROUPEMENT
DES SALLES POUR
LA PROMOTION
DU CINÉMA EUROPÉEN
AFCAE
Rencontre avec
Alain Cavalier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
ACOR
À propos de
..............................
24
.....................................
26
Sangue del mio Sangue
ASSOCIATION
DES CINÉMAS DE L’OUEST
POUR LA RECHERCHE
(Membre co-fondateur)
À propos de
Histoire de fou(s)
Interférences
Images manquantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
Rendez-vousz au cinéma . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Jeune Public
ASSOCIATION
FRANÇAISE
DES CINÉMAS
D’ART ET ESSAI
..........................................
34
GNCR
GROUPEMENT
NATIONAL
DES CINÉMAS
DE RECHERCHE
ACC
ASSOCIATION
DES CINÉMAS DU CENTRE
(Membre co-fondateur)
FILM DU MOIS : Les Premiers, les derniers
GRILLE PROGRAMME
................
pages centrales
Prix de l’APF 1998
Site : www.studiocine.com
page Facebook : cinémas STUDIO
LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €.
ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Éric Rambeau,
Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill,
avec la participation de Marie Bertin, Gisèle Godet-Massey et de la commission Jeune Public.
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet.
ÉQUIPE DEgraphique
RÉALISATION contribue
: Éric Besnier,
Guérineaude
– DIRECTEUR
: Philippe Lecocq
– IMPRIMÉ
par PRÉSENCE
GRAPHIQUE, Monts (37)
Présence
à Roselyne
la préservation
l’environnement
et atteste
être reconnu
IMPRIM’VERT.
éditorial
JOYEUX ANNIVERSAIRE !
Aux Studio, le cinéma c’est vraiment
pour tout le monde !
Le 23 janvier 2016, nous fêterons les 3 ans de
Ciné-ma différence à Tours, aux Studio. En
partenariat avec l’Art et la Manière, l’Adapei
d’Indre et Loire et le soutien de la ville de Tours,
nous réservons, chaque mois, lors d’une séance
tout public, un accueil particulier aux personnes en situation de handicap ou présentant
des troubles du comportement.
Depuis 3 ans, plus de 2 000 spectateurs ont
assisté à 30 séances, organisées selon un
déroulement identique*, dans le cadre d’un dispositif national de 35 salles. Accueillis par 20
bénévoles, 5 permanents - Membres Actifs des
Studio et coordinatrice de L’Art et la Manière et salariés des Studio, enfants, adultes, familles,
groupes de résidents venus d’institutions ou de
foyers du secteur médico-social, abonnés ou
non se retrouvent dans une joyeuse mixité.
Certains sont devenus des habitués, ils reconnaissent les bénévoles, leur parlent, choisissent
leur place, seul ou à côté de spectateurs avec
qui ils entrent en relation, s’écartant de leur
groupe et de l’éducateur. Certaines personnes
viennent seules car elles savent qu’elles seront
accueillies et aidées. Des familles isolées, avec
un enfant en situation de handicap mental,
osent franchir le pas.
Libérés de leur anxiété et de la crainte du regard
des autres, tous se retrouvent pour le plaisir du
cinéma et des émotions qu’il procure, suivi parfois d’un goûter.
Les Studio ont fait le choix d’une programmation riche et exigeante, offrant une réelle diversité des films proposés, choisis dans la programmation générale ou Jeune Public, comédie
musicale : Les parapluies de Cherbourg, fiction :
Lulu femme nue ou Discount, documentaire :
Le Caravage, animation : Lettre à Momo ou
Phantom Boy et burlesque : Le Cirque, avantpremière nationale : Mune, Festivals : Planète
Satourne et Asiatique.
Le Logo bleu de Cinéma différence signale la
séance dans les carnets,
reprise sur le programme.
L’information circule chaque mois et rencontre
un public toujours aussi nombreux, varié,
enthousiaste. Elle est relayée par divers canaux
– MDPH, mission Culture et Handicap de la Mairie, MACT, CID-MAHT, Culture du cœur –
médias locaux, correspondants, membres actifs
et salariés des Studio et touche près de 80 établissements et services. Merci à tous pour ce
soutien.
L’écho rencontré auprès du public habituel et
de ce nouveau public nous encourage à poursuivre l’ aventure, convaincus du rôle joué par
le cinéma dans l’intégration sociale, l’ouverture
à l’autre et sur le monde. Les sourires et mots
échangés après les séances prouvent que cette
mixité est possible dans le respect des différences de chacun.
3 ans ! Ça se fête ! Pour souffler ensemble ces
3 bougies, nous vous proposons, le samedi
23 janvier à 14h15, en ciné-concert, Monte làdessus, réalisé en 1923 par S. Taylor, F. Newmeyer avec H. Lloyd, « le comique aux lunettes
d’écaille ». Il sera mis en musique par le pianiste
Jacques Cambra, avec le soutien de sa formation Fos’note et de l’Agence pour le Développement Régional du Cinéma, que nous remercions.
Nous poursuivrons la fête autour d’un goûter à
l’issue de la projection.
MB et GGM
* Édito de janvier 2013
www.studiocine.com
www.cinemadifference.com
Les CARNETS du STUDIO
n°341 •
janvier 2016
3
FILM DU MOIS
Les Premiers, les derniers
France/Belgique – 2015 – 1h38, de et avec Bouli Lanners, Albert Dupontel…...
C
ochise et Gilou, deux inséparables chasseurs de prime un peu déjantés, ont été
embauchés par un homme puissant et pas
vraiment au-dessus de tout soupçon pour
retrouver son téléphone portable high tech
dont le contenu, secret, doit absolument le
rester. Leur quête les mène dans un bout du
monde où ils vont croiser la route d’Esther et
de Willy, un jeune couple de marginaux paumés qui semblent en danger…
On a d’abord connu Bouli Lanners comme
acteur, un acteur remarquable au visage inoubliable dont le cinéma français et belge est
devenu de plus en plus friand : Aaltra, Avida,
Louise Michel, Mammuth de Kervern et Delépine, Enfermés dehors, Le Vilain, Neuf mois
ferme d’Albert Dupontel, mais aussi Quand la
mer monte de Yolande Moreau et Gilles Porte,
Rien de personnel de Gokalp, De rouille et d’os
d’Audiard, Jamais de la vie de Pierre Jolivet,
Lulu femme nue de Solveig Anspach, Je suis
mort mais j’ai des amis des frères Malandrin…
Et puis, on a découvert ses films, totalement
atypiques qui développaient un sens de l’espace absolument inimitable (dû sans doute à
son passé de peintre) dans des récits inattendus où le plat pays prenait les allures des
vastes espaces américains. Il y eut d’abord
Ultranova en 2004, Eldorado en 2008
(meilleur film belge, primé à la Quinzaine des
réalisateurs et aux Césars) et enfin Les Géants
en 2011 (meilleur film et meilleur réalisateur
belge, prix SACD à la Quinzaine des réalisateurs).
Cette fois-ci, c’est la Beauce que le réalisateur
liégeois réinvente totalement, cadre hivernal
magnifié par sa caméra, pour un western
d’une grande noirceur servi par un casting
merveilleux : d’abord, un couple qu’on n’est
pas près d’oublier : Bouli Lanners et Albert
Dupontel (méconnaissable et d’une intense
sobriété) mais aussi la Québécoise Suzanne
Clément, Michael Lonsdale, Serge Riaboukine,
Max Von Sydow, et Philippe Rebot, transfiguré… Un road movie hanté par la mort (le
réalisateur a été gravement malade lors de la
préparation du film) avec de troublantes
scènes religieuses…
Le réalisateur devait venir présenter son film
en avant-première le 20 novembre aux Studio
lors des Rendez-vous du Cinéma organisés
par l’Association des cinémas du Centre.
Coincé chez lui par les mesures de sécurité
anti-attentat, un émouvant dialogue par
Skype avait pu avoir lieu avec la salle (vous
pouvez en voir des extraits vidéo sur le site des
Studio dans la rubrique : Ça s’est passé aux
Studio ».
Un grand film d’aventures, magnifiquement
mis en images, après lequel vous ne verrez
plus de la même façon les étendues beauceronnes et le rail de béton de l’aérotrain… DP
Avant-Première mercredi 6 janvier.
Ciclic et les Studio proposent une rencontre avec Bouli Lanners, le réalisateur,
après la projection de 19h45
LES CARNETS DU STUDIO – n° 341 – janvier 2016 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305
www.studiocine.com – 08 92 68 37 01
jeudi 21 janvier - à partir de 18h00
jeudi 7 janvier - 19h45
Le CRE-SOL, MFRB (Mouvement français pour un
revenu de base) et le CNP proposent :
AU TRAVAIL : COOPÉRER PLUTÔT QUE SUBIR
Un tiers des salariés en France se disent « activement
désengagés » de leur emploi. Pourtant, c’est bien là que
nous passons une très grande partie de notre vie : au
travail.
Serait-il donc possible d’améliorer nos conditions de
travail et de retrouver du sens à nos activités ?
Certaines entreprises se sont penchées sur cette question et ont transformé leur organisation, redonnant de
l’autonomie à leurs salariés, pour devenir des «entreprises libérées».
Martin Meissonnier, réalisateur du film Le Bonheur
au travail (2014 – France – 84’), est allé à la rencontre
de plusieurs de ces entreprises qui ont su sortir du
cadre établi pour inventer de nouvelles formes d’organisation du travail.
Débat animé par Sarah Gaucher du Centre Réseau
d’Economie Solidaire, en présence de Anne-Béatrice
Martinez, de la société ABMédiaction qui vise à développer la qualité relationnelle et le bien être au travail
et Stéphane Sandeau-Gruber, co-président du Crésol, mouvement d’économie solidaire en région Centre
- Val de Loire.
jeudi 14 janvier - 20h00
Le CNP propose :
LA RUSSIE DANS LE MONDE ET NOS CLICHÉS :
QUELLES LECTURES ?
La Russie inquiète. Selon que ce mot a valeur de verbe
ou d’adjectif, le sens varie du tout au tout. En France,
on privilégie le verbe. Mais la Russie n’inquiète-t-elle
pas parce qu’elle est inquiète, aussi ? Et comment ne
le serait-elle pas après avoir vécu, de 1853 à nos jours,
toutes les agressions, toutes les humiliations, tous les
ravages, de la guerre de Crimée à l’extension de l’OTAN
après 1991 ?
Après le film Russie, la nostalgie de l’empire de Vladimir Vasak et Liza Zamyslova 2014 – France – 25’), le
débat sera animé par Hélène Richard, du Monde diplomatique.
4
– Les CARNETS du STUDIO
n°341 – janvier 2016
Le CNP propose son FESTIVAL D’UN SOIR 2016
CITOYENS SOUS SURVEILLANCE
La « Loi relative au renseignement » promulguée le 25
Juillet 2015 entend renforcer notre sécurité et prendre
en compte les « nouveaux moyens de communication »
qu’utiliseraient, aussi, ceux qui nous veulent du mal...
Il semble possible que cette loi ne permette pas de
mieux nous protéger, mais soumette par contre les
citoyens à un régime juridique de moins en moins respectueux des Droits de l’Homme.
La soirée s’organisera autour de trois documentaires et
d’un échange-débat avec un intervenant spécialisé.
Déroulement :
18h : Film Dossier Stasi Hans Kramer de Heike Bachelier (2009 – France – 52’),
19h: Pause-buffet,
19h45: Film La Conférence commune – loi renseignement du 26 mars 2015 de la Quadrature du Net (2014
– France – 47’),
20h30 : Échange-débat avec Maryse Artiguelon,
Observatoire des Libertés et du Numérique / LDH,
22h00 : Film Pistés par nos gènes de Philippe Borrel
et Gilbert Charles (2007 – France – 53’).
Conditions habituelles de participation aux frais du
CNP pour chaque documentaire ou pass pour la soirée
(6 € pour les abonnés aux Carnets des Studio, 8 € pour
les non-abonnés).
jeudi 28 janvier - 20h00
Retirada 37, la LDH, les Amis de Demain Le Grand
Soir, AED et le CNP proposent :
VIVRE SOUS UN RÉGIME DICTATORIAL
«Nous ne sommes tout de même pas en dictature !»,
répondent ceux qui justifient la mise en veilleuse de la
démocratie. C’est vrai. Mais qui peut exclure le basculement, y compris en Europe, dans un régime où les
pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire), réunis entre les
mains d’une seule personne ou d’un seul parti, s’exercent sans contrôle ? Les dictatures naissent sur fond
de crise sociale, politique, de nationalisme, de rejet de
l’autre, d’insécurité, de guerre ; elles règnent par la terreur ; elles emprisonnent, torturent, tuent leurs opposants. Comment font les peuples qui vivent sous un
tel régime pour relever la tête ?
Film : La Bête immonde de Eric Sionneau, Jean-Louis
Bargès et Max Coste (2015 – France – 45). Suivi d’un
débat avec Bernard S. du collectif Vigilance InterSyndicale Antifasciste.
Soirée Ciné langues – Mercredi 6 janvier-17h15
L’Été des poissons volants
Chili – 2014 – 1h35, de Marcela Said,
avec G. Cohen, F. Walker, M. Izquierdo...
Fille d’un riche propriétaire foncier, Manena
est une adolescente qui découvre, au cours
d’un été, ses premiers émois mais aussi un
monde qui existe silencieusement dans
l’ombre du sien : celui des indiens Mapuche
qui revendiquent l’accès aux terres, et s’opposent à son père...
Niveau : lycée
Projection gratuite pour les enseignants d’espagnol souhaitant organiser une séance pour
des classes.
Inscription nécessaire à l’adresse suivante :
[email protected]
Soirée CINÉ ALLEMAND – Mercredi 13 janvier-19h45
Le Labyrinthe du silence
Allemagne – 2015 – 2h03, de Giulio Ricciarelli,
avec A. Fehling, G. Voss, F. Becht...
Dans les années 50, à Francfort, un jeune
juriste ambitieux commence sa carrière avec
enthousiasme… même s’il ne s’occupe que
des accidents de voiture. Jusqu’au jour où il
découvre que des anciens Nazis continuent
tranquillement une vie tout à fait ordinaire,
sans être le moins du monde inquiétés. Il est
vrai qu’à cette époque de reconstruction, les
Allemands veulent surtout oublier. Malgré les
nombreux obstacles, le jeune homme s’obs-
tine et finit par découvrir des réalités que personne ne veut voir (et notamment celle des
camps de concentration). Basé sur des faits
historiques, ce film complexe et à la mise en
scène efficace suit la quête fiévreuse de ce justicier obsessionnel. Une ode à la vérité.
Projection gratuite pour les enseignants d’allemand souhaitant organiser une séance pour
des classes/Inscription nécessaire à l’adresse
suivante :
[email protected]
Partenariat avec l’Institut Goethe.
Partenariat Sans Canal Fixe – Mardi 12 janvier-19h45
Mille mémoires
Sans Canal Fixe propose cette année un
ensemble de films qui abordent la grande Histoire par le petit bout de la lorgnette individuelle.
Out of Present
All-Fr-Russ, de Andreï Ujica, 1996, 1h32
Mai 1991 : le cosmonaute soviétique Sergheï
Krikalev s’envole pour la station orbitale MIR,
qu’il va occuper pendant dix mois sous l’œil
de quatre caméras. A son retour, l’empire
soviétique a disparu, éclaté, démantelé. Pendant son séjour dans l’espace, pour ainsi dire
hors du présent, une ère s’est éteinte, une
autre est née. Ainsi Krikalev est-il devenu le
premier cosmonaute à effectuer une mission
pour un pays ayant cessé d’exister ! Le réalisateur relate, en parallèle à l’odyssée de Krikalev, les événements qui ont abouti au
putsch de Moscou, pendant quatre-vingtdouze minutes, soit la durée exacte d’une
rotation de la station MIR autour de la terre.
Projections présentées par Emmanuel Chicon, programmateur à Sans Canal Fixe et
au festival Visions du réel.
Les CARNETS du STUDIO n°341 – janvier 2016 –
5
Partenariat Studio/Cinémathèque – Lundi 25 et mardi 26 janvier-18h300
HOMMAGE A TENGUIZ ABOULADZE
Abouladzé, mort en 1994, a réalisé 7 films, de
1955 à 1984. Il fut l’un des artisans du renouveau du cinéma géorgien en république soviétique au temps du dégel puis de la stagnation
sous Brejnev.
Alliant réalisme et poésie, son cinéma plonge
dans la culture populaire, mais à la différence
des productions très codées de l’époque, il
présente de surprenants scénarios et des mises
en scène déroutantes ou burlesques, tragique
et regard politique critique oexistent.
Lundi 25 Janvier, 19h30
Le Repentir
1984 – URSS, 2h25.
Après l’enterrement en grande pompe du gouverneur despotique d’une ville géorgienne, sa tombe
est profanée et son corps exposé jour après jour.
Dans un long flashback, la coupable raconte
comment ce potentat a envoyé son père à la mort
et détruit des centaines de familles… Satire grinçante du pouvoir et farce à la Chaplin par
moments, mêlant aussi fantastique et réalisme,
ce film fut bloqué à sa sortie pendant 3 ans et
récompensé à Cannes en 1987. DB
En présence d’un spécialiste du cinéma georgien.
Mardi 26, 19h30
L’Arbre du désir
URSS - 1976, 1h47.
Juste avant la révolution, la vie tranquille d’un
petit village géorgien où l’on se consacre aux activités agricoles va se trouver perturbée par l’arrivée d’une très belle jeune fille. Mais l’humour et
la sensualité cèdent bientôt la place au tragique
et à la cruauté. Un film d’une grande beauté
plastique et un usage admirable de la couleur.DB
Mardi 26, 21h30
L’Incantation
URSS - 1967, 1h17.
Construit à partir de nouvelles populaires, filmsymphonie, film-parabole, L’Incantation est fait
de deux récits symétriques qui racontent l’affrontement violent entre les religions, au nom de la
loi tribale, et la fraternité commandée par la
conscience individuelle.
Très inscrit dans la réalité géorgienne et ses paysages, il nous propose une méditation à valeur
universelle. DB
w w w . s t u d i o c i n e . c o m
Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film),
vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle.
Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.
Les films
de
A
à
Z
www.studiocine.com
AVANT LES FILMS , DANS LES SALLES , AU MOIS DE JANVIER :
Trios piano and strings de Debussy, Ravel par le trio Ravel (Studio 1-2-4-5-6) • Pessoa em peossas de Bevinda (Studio 3-7)
Musiques sélectionnées par Éric Pétry de RFL 101.
Séance Ciné-ma différence : Monte là-dessus, samedi 23 janvier-14h15
007 Spectre
USA/Grande-Bretagne - 2015 - 2h28, de Sam Mendes, avec
Daniel Craig, Léa Seydoux, Christoph Waltz, Monica Bellucci…
C’est le moins qu’on puisse dire, le changement de direction à la tête du Centre pour la
Sécurité nationale, suite au décès de M, n’est
6
– Les CARNETS du STUDIO
n°341 – janvier 2016
guère favorable aux méthodes, parfois expéditives, de son agent le plus emblématique, le
fameux Bond, à un point tel que l’existence
même du M16 semble compromise ! Pour
autant, 007 n’en continue pas moins de poursuivre la mission, confiée par feue M, concer-
nant Marco Sciarra, criminel de grande envergure de son état. Cette enquête va remettre
« l’espion qu’on aimait » sur les traces de la
redoutable organisation, Spectre, et lui faire
découvrir des liens dont il ne soupçonnait pas
l’existence entre lui et ce redoutable ennemi
de la sécurité mondiale… Ce nouvel opus a été
réalisé dans l’idée de rendre hommage aux
films des années soixante et soixante-dix de la
saga, notamment du point de vue esthétique,
et d’être un film « voyageur » puisqu’il entraînera héros et spectateurs du Mexique à la
Grande-Bretagne, en passant par l’Italie, l’Autriche et le Maroc ! Attachez vos ceintures !
Sources : dossier de presse, telerama.fr
Filmographie sélective : American Beauty (1999), Les
Noces rebelles (2008), Skyfall (2012)
45 ans
Angleterre – 2015 – 1h27, de Andrew Haigh,
avec Charlotte Rampling, Tom Courtenay, Geraldine James...
Kate et Geoff préparent une fête pour leurs 45
ans de mariage. Mais une lettre informant de
la découverte du corps du premier grand
amour de Geoff, disparue 50 ans plus tôt,
vient tout bousculer...
Le premier et très beau film d’Andrew Haigh,
Week-end, traitait de la rencontre amoureuse,
ce second long métrage pourrait en être la
suite, 45 ans plus tard comme son titre l’indique. Le film semble, au départ, être sur des
rails, mais très vite, il va se montrer beaucoup
moins attendu que ce que l’on pourrait croire.
Sans charger inutilement aucun personnage,
il questionne, interroge et touche car il
résonne en chacun d’entre nous. Délicat mais
fort, il est, de plus, soutenu par un couple
d’acteurs mythiques et exceptionnels. Deux
icônes, qui ont débuté dans les années 60,
Tom Courtenay (La Solitude du coureur de
fond, Le Docteur Jivago) et Charlotte Rampling
que l’on ne présente plus. Ces deux rôles leurs
ont permis d’obtenir, chacun, le prix d’interprétation au dernier festival de Berlin. Deux
prix amplement mérités pour ce superbe film.
JF
Les fiches paraphées correspondent
à des films vus par les rédacteurs.
À peine j’ouvre les yeux
France/Belgique/Tunisie/Émirats Arabes Unis – 2015 – 1h42, de
Leyla Bouzid, avec Baya Medhaffar, Ghalia Benali, Montassar Ayari...
A
Farah, jeune Tunisienne de 18 ans, veut
démarrer une carrière musicale comme chanteuse dans un groupe de rock engagé. C’est
contre l’avis de sa famille et juste avant la
Révolution de janvier 2011. L’ambiance est à
la fois lourde et légère. D’un côté, on sent la
pression à l’époque du dictateur Ben Ali qui
ne supporte pas l’énergie créatrice et contestataire des jeunes. De l’autre, Farah mord la
vie à pleines dents. Elle est libre, impulsive.
Elle se dispute souvent avec sa mère qui
connaît les interdits de la société et veut la préserver. Mais jusqu’où ? Leyla Bouzid filme une
jeunesse qui se bat au quotidien. À peine
j’ouvre les yeux a reçu quatre prix en
novembre dernier, à Carthage, dans son
propre pays. Quelle belle reconnaissance pour
cette jeune réalisatrice de 30 ans ! MS
Argentina
Espagne- 2015 – 1h30, de Carlos Saura – film documentaire
Le grand réalisateur espagnol, âgé de 83 ans,
aime filmer la musique. Après Carmen,
L’Amour sorcier et différents films autour du
flamenco et du tango, il explore une fois de
plus la magie des musiques populaires. Cette
fois-ci, c’est de l’Argentine qu’il s’agit, pas celle
de Buenos Aires mais celle de la zamba, de la
chacarera, du chamame. Cinématographiquement très maîtrisé (belles images, montage
fluide), son documentaire manque peut-être
d’une dramaturgie pour donner du sens à ce
théâtre filmé.
Sources : telerama.fr – avoir-alire.com
A Second Chance
Danemark – 2015 – 1h42, de Suzanne Bier, avec Nikolaj CosterWaldau, Ulrich Thomsen, Maria Bieonnev
Andreas et Simon, tous deux policiers, sont
aussi de très bons amis. Alors que l’un vit une
vie tranquille avec sa femme et son jeune fils,
Simon, qui vient de divorcer, fréquente les
bars du coin. Un matin, ils reçoivent l’alerte
donnée par un voisin pour une violente disLes CARNETS du STUDIO n°341 – janvier 2016 –
7
pute conjugale entre deux junkies. Arrivés sur
place, Andreas découvre un bébé abandonné
dans un placard. Cette découverte va alors
connaître des répercussions dramatiques et de
manière inattendue sur sa vie personnelle.
Avec Une seconde chance, la talentueuse réalisatrice danoise – Brothers (2004), After the
wedding (2006), Serena (2014)… - a obtenu le
Prix du Jury au Festival international du Film
Policier de Beaune 2015. Prometteur !
Sources : dossier de presse, beaunefestivalpolicier.com.
montagnes retrace les espoirs, les amours et
les désillusions de ses personnages, c’est une
œuvre assez déchirante sur la sensation du
temps qui passe. Constamment passionnant,
surprenant, il possède un souffle peu courant,
et comme toujours chez Jia Zhang-Ke, il s’accompagne d’une très grande beauté plastique.
JF
Au royaume des singes
Voir pages Jeune Public
Au cœur de l’océan
USA – 2015 – 2h01, de Ron Howard,
avec Chris Hemsworth , Benjamin Walker , Cillian Murphy...
En 1820, lorsque George Pollard quitte les
côtes du Massachusetts à la barre d’un baleinier, il sait bien que cette campagne de chasse
sera rude (deux ans, tout de même...) mais il
ne s’attend pas forcément à ce que son navire
se voie attaqué par une baleine géante. Commence alors une longue histoire de lutte pour
la survie en milieu hostile.
Ron Howard (Da Vinci code, Apollo 13, Backdraft) est connu pour l’efficacité de ses réalisations, on ira voir avec une certaine curiosité
ce qu’il a pu tirer de l’adaptation de cette histoire réelle qui, elle-même, a donné naissance
à l’un des chefs d’oeuvre de la littérature mondiale : Moby Dick...
Sources : dossier de presse
Au-delà
des montagnes
Chine – 2015 – 2h06, de Jia Zhang-Ke,
avec Zhao Tao, Sylvia Chang, Dong Zijian...
Chine, 1999. À Fenyang, le cœur d’une jeune
fille, Tao, balance entre deux amis d’enfance
Zang et Lianzi. Zang est propriétaire d’une station service et compte bien prospérer, Liangzi,
lui, préfère rester dans sa ville et travailler
dans une mine de charbon. Le choix opéré par
Tao va marquer sa vie ainsi que celle de son
futur fils...
Partagé en trois époques (comme A touch of
sin, le précédent film de Jia Zhang-Ke, narrait
trois histoires), 1999, 2014, 2024, le film va
d’une Chine en profonde mutation à l’Australie
en promesse de vie meilleure. Au-delà des
8
– Les CARNETS du STUDIO
n°341 – janvier 2016
BangFrance
Gang
une histoire d’amour moderne
– 2015 – 1h38, de Éva Husson,
avec Finnegan Oldfield, Marilyn Lima, Daisy Broom...
B
Dans une banlieue aisée d’une cité balnéaire,
des adolescents se retrouvent pour repousser
les limites de leur sexualité au cours de nuits
clandestines, orgiaques et joyeuses...
Inspiré par un fait divers, le film ne cherche
cependant pas à être documentaire. Éva Husson a plutôt cherché à retranscrire la vérité de
personnages qui ont un rapport totalement
libre avec la sexualité. La réalisatrice ne les
juge jamais et ce qu’elle montre et qui nous
interroge c’est la dichotomie entre le ressenti
de ce qu’ils vivent et le regard moralisateur
posé par l’extérieur.
Le film se distingue aussi par le soin apporté
à sa forme. Éva Husson cite Wong Kar Wai et
Gus Van Sant comme sources d’inspiration et
ça se voit. Les mouvements de caméra sont
élégants, tous les déplacements ont été chorégraphiés comme des scènes de danse et la
photographie est superbe. Emmené par un
groupe de jeunes acteurs épatants, Bang gang
(une histoire d’amour moderne) signe la révélation d’une cinéaste à suivre. JF
Voir pages Jeune Public
Carol
New-York, années 50. Thérèse travaille dans
un grand magasin et fait la rencontre de Carol,
Une femme chante dans une chorale et ne
supporte pas la vue d’un bébé… Un homme
mène une existence presque misérable
quelque part au Mexique… Un jour, il vont
devoir se retrouver… parce que, dans un passé
lointain, ils ont été mariés, ont eu un fils et
que ce fils a brusquement disparu. Aujourd’hui, de nouveaux éléments d’enquête les
amènent donc à se revoir alors qu’ils ont
depuis lors suivi des chemins très différents.
Attention, Chorus n’est pas un polar, ce n’est
pas non plus un drame intimiste… cela ressemble plus à une douloureuse introspection
qui gagne le spectateur petit à petit.
Sources : Dossier de presse.
Sources : imdb.com
Les Chevaliers blancs
La Boîte à malice
USA – 2015 – 1h58, de Todd Haynes,
avec Cate Blanchett, Rooney Mara, Kyle Chandler..
une cliente aisée, prisonnière d’un mariage
peu heureux. Elles tombent amoureuses...
L’Amérique bourgeoise des années 50 et la
découverte de l’homosexualité sont deux
sujets qui étaient déjà présents dans Loin du
paradis, l’un des précédents films de Todd
Haynes. Carol est l’autre face de ce passionnant et superbe diptyque. Adapté d’un roman
de Patricia Highsmith, le film propose une
reconstitution particulièrement soignée et une
histoire d’une grande pudeur. Et après
Julianne Moore dans Loin du paradis et Safe
ou Kate Winslet dans Mildred Pierce, le film
est une fois de plus un magnifique écrin pour
ses actrices, Cate Blanchett (déjà présente
dans I’m not there) et Rooney Mara, qui a
obtenu avec ce rôle le prix d’interprétation au
dernier festival de Cannes. Apparemment, et
outre les films déjà cités, une nouvelle grande
réussite de l’auteur de Velvet Goldmine.
C
Lindon : Louise Bourgoin, Reda Kateb, Valérie
Donzelli… DP
Chorus
Canada – 2015 – 1h37, de François Delisle,
avec Sébastien Ricard, Fanny Mallette, Geneviève Bujold…
Cosmos
France/Belgique – 2015 – 1h52, de Joachim Lafosse,
avec Vincent Lindon…
France/Portugal – 2015 – 1h43, d’Andrzej Zulawski,
avec Sabine Azéma, Jean-François Balmer, Jonathan Genet…
Le président d’une ONG a convaincu des
familles françaises en mal d’adoption de financer une opération d’exfiltration (illégale) d’enfants de moins de cinq ans d’un pays d’Afrique
ravagé par une guerre civile. A la tête d’une
équipe de bénévoles, il a un mois pour trouver
300 enfants et les ramener en France. Commence alors un marathon mensonger où il
faut persuader les chefs de village qu’il va installer un orphelinat sur place, masquant ainsi
les vraies raisons de cette expédition…
Joachim Lafosse est un réalisateur belge qui
aime déranger. Il a déjà réalisé trois films
remarqués Nue propriété en 2006, Élève libre
en 2008, À perdre la raison en 2012. À partir
de l’affaire de l’Arche de Zoé, il a construit un
film implacable qui interroge certaines dérives
humanitaires, la corruption et le néo-colonialisme sous couvert de bonnes intentions. Couronné par le prix du meilleur réalisateur au
festival de San Sebastian, ce film propose un
très intéressant casting pour entourer Vincent
Witold, étudiant, vient d’échouer à ses examens de droit. Fuchs, lui, a quitté son emploi
dans une société de mode parisienne. Durant
quelques jours, ils se retrouvent à fréquenter
la même pension de famille. Là, d’étranges
signes préoccupants se succèdent avec des
pendaisons, d’abord celle d’un oiseau, puis
celle d’un bout de bois… Quelle sera la suivante ? Heureusement, une jeune femme vit
aussi sous ce toit. Or, si elle ne laisse pas
Witold indifférent, elle est mariée…
Le réalisateur de L’Important c’est d’aimer
(1975) et de La Note bleue (1990) revient après
15 ans d’absence avec Cosmos, adapté du
roman éponyme de Witold Gombrowicz. Le
film a reçu le Léopard d’Argent de la meilleure
réalisation au Festival de Locarno !
Source : dossier de presse.
Danish Girl
USA/Allemagne/Grande-Bretagne - 2015 - 2h00, de Tom Hooper, Eddie Redmayne, Alicia Vikander, Ben Whishaw…
D
Gerda et Einar Wegener forment un jeune
Les CARNETS du STUDIO n°341 – janvier 2016 –
9
couple de peintres bien en vue dans le Copenhague des années 20. Une commande de portrait à finir dans l’urgence va changer leur vie :
le modèle de Gerda ne pouvant se libérer, elle
demande à son mari de revêtir la robe de son
modèle et de prendre la pose. L’expérience,
troublante pour les deux, va opérer comme un
révélateur : Einar se sent véritablement luimême quand il est habillé en femme. Petit à
petit, avec l’appui indéfectible de Gerda, Einar
va devenir Lili. Mais la désapprobation générale va pousser le couple à s’installer à Paris,
la ville de tous les possibles… The Danish Girl
met en lumière le parcours d’une pionnière de
la cause transsexuelle : Lili Elbe sera, en effet,
la première personne à bénéficier d’une chirurgie de réattribution sexuelle, et à obtenir,
au Danemark, son changement d’identité. Le
film a reçu le Lion d’Or lors de la dernière Mostra de Venise.
Sources : dossier de presse
Les Délices de Tokyo
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Les Élues
Les dorayakis sont des pâtisseries traditionnelles japonaises composées de deux pancakes fourrés de la fameuse pâte de haricots
rouges confits, « AN ». Tokue, une femme de
70 ans, va essayer de convaincre Sentaro, le
vendeur de dorayakis, de l’embaucher. Tokue
détient en effet un secret, celui de la recette
d’une pâte absolument exquise. Une fois à
l’œuvre, la modeste boutique devient un
endroit incontournable grâce à Tokue…
Après Still the water (2014), Naomi Kawase a
choisi d’adapter le roman de Durian Sekegawa
qui l’a beaucoup touchée. Belle inspiration
puisque que Les Délices de Tokyo a été présenté au Festival de Cannes 2015 dans la
sélection Un Certain Regard.
Sources : dossier de presse.
Sources : dossier de presse.
Early Winter
L’Étreinte du serpent
Canada/Australie – 2015 – 1h36 – de Michael Rowe
avec Paul Doucet, Suzanne Clément…
Colombie – 2015 – 2h05, de Ciro Guerra, avec Nilbio Torres,
Antonio Bolivar, Yauenku Miguee, Jan Bijvoet…
David, la quarantaine, mène une existence
routinière avec sa femme Maya, d’origine
En forêt amazonienne, Karamakate, chaman
et dernier représentant de son peuple, vit en
– Les CARNETS du STUDIO
n°341 – janvier 2016
solitaire depuis de longues années. Son expérience fait de lui un véritable chullachaqui, un
homme sans souvenirs, ni émotions. Sa vie est
bouleversée par l’arrivée d’Evans, un ethnobotaniste occidental, qui est à la recherche d’une
plante sacrée à la vertu puissante, celle d’apprendre à rêver : la yakruna. Commence alors
pour ces deux hommes un voyage au cœur de
la forêt dans un entre-deux mondes où se
conjuguent entre autres le spirituel au poétique.
L’Étreinte du serpent est un film absolument
magnifique et envoûtant, sélectionné à la
Quinzaine des Réalisateurs. Pour l’histoire –
sublimée par le noir et blanc – C. Guerra s’est
inspiré des journaux des premiers explorateurs de l’Amazonie colombienne, l’ethnologue
Theodor Koch-Grünberg et du biologiste
Richard Evans Schultes. Le spectateur est
emporté par une expérience inattendue où
temps et espace se confondent. Aussi captivant que majestueux ! RS
Mexique – 2015 – 1h45, de David Pablos,
avec Nancy Talamantes, Oscar Torres…
Tijuana, une des villes les plus dangereuses
du Mexique. Deux très jeunes gens, Ulises et
Sofia, vivent leur premier amour. Mais Ulises
sert de rabatteur à son père et son grand frère,
tenanciers mafieux d’un bordel où sont enfermées des dizaines d’adolescentes. Sofia tente
de s’échapper, est rattrapée, menacée de
représailles sur sa famille.
Personnage amoureux mais très ambigu —
c’est le moins qu’on puisse dire —, Ulises doit
trouver une remplaçante à Sofia s’il veut la
libérer. Le piège de la romance se remet alors
en place pour une autre « élue »…
Présenté à Cannes dans la section Un Certain
Regard, le film de David Pablos décrit, sans
recourir à des images crues ou complaisantes,
une société sordide et cruelle. C’est un film
fort, complexe, dérangeant.
France/Japon/Allemagne – 2016 – 1h53, de Naomi Kawase,
avec Kirin Kiki, Masatoshi Nagase, Kyara Uchida…
E
russe, et leurs deux enfants. Pour combler son
épouse des derniers gadgets, il travaille seul
jour et nuit comme concierge dans une maison
de retraite. Mais quand il commence à soupçonner que Maya le trompe, c’est toute son
existence qui vacille, le passé menaçant de
tout emporter sur son passage.
D’origine australienne, poète, homme de
théâtre, journaliste, Michael Rowe a longtemps vécu au Mexique où il a tourné Année
Bissextile qui a remporté la Caméra d’Or au
festival de Cannes en 2010. Son cinéma
évoque celui de Bergman, mais sans les
paroles, tout se passant essentiellement en
longs plans séquences, dans le non-dit. Ce
nouveau film tourné au Canada a reçu le
Venice days award de la dernière Mostra de
Venise.
Sources : critikat.com – lapresse.ca
F
La Fille du patron
France – 2014 – 1h38, de Olivier Loustau,
avec Christa Théret, Olivier Loustau, Florence Thomassin...
Vital, 40 ans, travaille dans une usine textile
où il est chef d’atelier. Alix, 27 ans, le choisit
comme « cobaye » pour une étude ergonomique, sous couvert de l’anonymat car elle est,
en fait, la fille du patron. L’univers industriel
devient le cadre d’une romance entre Alix et
Vital, réservé et discret qui s’ouvre peu à peu...
Pour son premier film, Olivier Loustau pose la
question : Une histoire d’amour, pour réussir,
ne peut-elle exister qu’entre pairs, à qualification, affinités intellectuelles, emploi, milieu
social et économique égaux ?
Sources : dossier de presse, rouge-international.com
La Forteresse
G
Le Garçon et la bête
Voir pages Jeune Public
Film proposé au jeune public,
les parents restant juges.
Gaz de France
France – 2015 – 1h26, de Benoît Forgeard,
avec Philippe Katerine, Olivier Rabourdin...
La popularité de Bird, le président de la République française, est au plus bas. Michel Battement, éminence grise du chef de l’État, doit
trouver une solution. Il décide de réunir des
cerveaux pour une consultation secrète dans
les sous-sols de l’Élysée...
Attention, objet loufoque et atypique en vue.
Drôle et imprévisible, Gaz de France est un
objet cinématographique peu banal. L’univers
créé par Benoît Forgeard pour son premier vrai
long métrage (le précédent, Réussir sa vie,
étant une compilation de certains de ses
courts métrages) est étrange, et s’inspire, entre
autres, de séries télévisées françaises fantastiques des années 70 et 80. Son humour est
décalé, surprenant, distancié. Les acteurs
sont au diapason (mention spéciale à Philippe
Katerine, impayable en président Bird), mais
sous ses abords potaches, le film aborde aussi
des questions politiques importantes, comme
celle du storytelling, par exemple. Bref, l’Ofni
du moment. JF
Hector
Grande-Bretagne – 2015 – 1h26, de Jake Gavin,
avec Peter Mullan, Keith Allen, Natalie Gavin…
H
C’est l’hiver. Le froid est là et les fêtes de fin
d’année approchent. Dehors, Hector, SDF, se
réveille de son abri de fortune aux côtés d’acolytes familiers, Jimbo et Hazel. Solidaires, ils
se promettent de se retrouver à Londres
comme à chaque Noël. D’ici-là, Hector a un
rendez-vous médical à honorer à Glasgow.
L’occasion peut-être aussi de reprendre en
chemin quelques contacts…
Jake Galvin, plus connu jusqu’alors comme
photographe, voire acteur, nous propose avec
Hector un premier film sur une histoire pleine
d’humanité. L’itinéraire d’Hector va permettre
de multiples rencontres avec des personnages
souvent attachants dont le réalisateur a l’art
de dresser un portrait subtil en quelques
scènes. On pressent qu’Hector – excellent
Peter Mullan – au-delà de sa valise, traîne avec
lui un passé qui le hante. RS
Les CARNETS du STUDIO n°341 – janvier 2016 –
11
Hotel Transylvania 2
Voir pages Jeune Public
Les Huit salopards
USA – 2016 – 2h47 de Quentin Tarantino, avec Samuel L.
Jackson, Kurt Russell, Jennifer Jason Leigh, Tim Roth....
John Ruth, chasseur de primes, emmène
Daisy Domergue se faire pendre à Red Rock.
Mais le blizzard se lève et ils sont obligés de se
réfugier dans une auberge en pleine montagne
dans laquelle se trouvent déjà quatre personnes assez louches. Duperies et trahisons
en tous genres sont alors de mise, tout le
monde sortira-t-il vivant de l’auberge ? Rien
n’est moins sûr.
Un nouveau film de Quentin Tarantino est
toujours une belle promesse. Il s’est entouré
de son acteur fétiche, Samuel L. Jackson (six
collaborations avec le réalisateur), d’habitués,
Tim Roth (Reservoir dogs, Pulp fiction), Kurt
Russell (Boulevard de la mort) et de nouveaux
venus comme Jennifer Jason Leigh. Une fois
de plus, il semble nous avoir préparé un cocktail jouissif qui mêle émotions fortes, humour,
mise en scène au cordeau et dialogues gouleyants. Bref, tout pour faire de ces Huit salopards le film événement de ce début d’année
2016.
Sources : Dossier de presse
J
Janis
Je France
vous –souhaite
d’être follement aimée
2015 – 1h40, d’Ounie Lecomte, avec Céline
Sallette,Anne Benoît, Elyes Aguis, Françoise Lebrun…
Élisa, kiné, s’installe avec son jeune fils Noé,
à Dunkerque, le temps d’un remplacement. Ce
choix n’est pas un hasard, c’est dans cette ville
qu’elle est née sous X. En quête de sa mère
biologique, qui ne lui a laissé aucune lettre
explicative, Elisa persiste à vouloir renouer le
fil de son histoire. Alors que tout semble définitivement compromis, le hasard va venir
troubler le présent…
Après Une vie toute neuve (2009), Ounie
Lecomte nous présente ici son second film
avec une musique signée Ibrahim Maalouf. Je
vous souhaite d’être follement aimée – dernière
phrase de la lettre qui clôt L’Amour fou et
qu’André Breton adresse à sa fille – aborde
avec beaucoup de sensibilité et des acteurs
très justes, des thèmes chers à la réalisatrice
comme ceux du sentiment d’abandon, de
l’identité et de la filiation. Absolument remarquable ! RS
– Les CARNETS du STUDIO
n°341 – janvier 2016
Le Kid
Voir pages Jeune Public
Médecins
de campagne
France – 2015 – 1h40, de Thomas Litli,
avec François Cluzet, Marianne Denicourt…
Tous les habitants de ce coin de campagne
peuvent compter sur Jean-Pierre, le médecin
qui les ausculte, les soigne et les rassure jour
et nuit, 7 jours sur 7 depuis longtemps. Mais
Jean-Pierre tombe malade à son tour et il voit
débarquer une jeune médecin qui débarque de
son hôpital pour l’aider. Nathalie sera-t-elle
capable de s’adapter à cette vie nouvelle et à
remplacer celui qui se croyait jusque-là…
irremplaçable ?
Médecin, scénariste (Télé gaucho de Michel
Leclerc), réalisateur, Thomas Litli a connu un
très beau succès grand public avec Hippocrate, un formidable récit avec Vincent Lacoste
et Reda Kateb (César du meilleur second rôle)
qui faisait découvrir avec justesse et émotion
les dessous du monde hospitalier… Dans ce
nouveau film, il raconte le quotidien d’un
médecin dans un désert médical sur un ton
réaliste assez proche de celui de son précédent
film.
artistique à un haut niveau. Elle aimerait être
comme elle : sportive et mince ! Mais un jour,
Stella découvre que sa sœur souffre de boulimie et qu’entre ses interminables séances
d’entraînement, elle se fait vomir en cachette…
Elle essaye d’aider sa sœur en gardant ce
lourd secret.
Révélée à Berlin en 2013 avec Eating lunch,
un court métrage, consacré aux jeunes filles
anorexiques, Sanna Lenken réussit son film
avec une délicate maîtrise qui esquive élégamment son sujet pour se focaliser sur la relation
entre les deux sœurs : admiration, jalousie,
culpabilité. My skinny sister a reçu l’Ours de
cristal à la Berlinade.
Sources : dossier de presse.
Sources : arte.com – telerma.fr
Avant première : vendredi 8 janvier
et rencontre avec Thomas Lilti,
le réalisateur après la projection de 19h45
Mistress
America
USA – 2015 – 1h26, de Noah Baumbach,
avec Greta Gerwig, Lola Kirk, Matthew Shear...
USA – 2015 – 1h43, documentaire d’Amy Berg.
Janis Joplin est la véritable reine du blues
dans les années 60 ! Née au Texas, c’est une
enfant tourmentée, presque une paria pour
ses camarades. Amy Berg, réalisatrice et productrice de documentaires remarqués, nous
propose un superbe portrait de cette artiste
mythique et femme sensible en quête de liberté
et de reconnaissance, qui put s’épanouir grâce
à la musique. Après avoir chanté du bluegrass, celle qui adorait Bessie Smith, se tourna
vers le blues. A. Berg nous la montre avec ses
premiers groupes, le Big Brother and The Holding Company, puis le Kozmic Blues Band.
Scènes d’anthologie au Festival de musique
12
pop à Monterey (1967), à Woodstock (1969),
en studio où Janis répète aves ses musiciens
Summertime, version toujours aussi époustouflante aujourd’hui. Janis, c’est aussi la
drogue, l’alcool… Alors qu’elle prépare l’album
Pearl contenant Me and Bobby McGee, l’artiste
est rattrapée par ses démons. La femme à la
voix puissante et aux colliers disparaît à 27
ans, peu après Jimi Hendrix. Janis, on est fan! RS
K
M
Tracy, jeune étudiante aspirante écrivaine, est
déçue par la vie universitaire de New York jusqu’au jour où elle fait la connaissance de
Brooke, sa future belle-sœur. Elle côtoie alors
une femme plus âgée qu’elle, fonceuse, excentrique et qui semble mener la vie dont ellemême a toujours rêvé... Mistress America est
une comédie urbaine qui confirme le génie du
tandem Noah Baumbach et Greta Gerwig (la
magnifique Brooke) après le succès en 2012
de Frances Ha. Venez goûter à ce délice d’intelligence, à ce délire d’humour aux répliques
si révélatrices de l’instantanéité de notre
époque !
Sources : dossier de presse, lapresse.ca
Nous trois ou rien
France – 2015, 1h42, de Kheiron, avec Kheiron, Leila Bekhti,
Gérard Darmon, Zabou Breitman, Alexandre Astier...
Iran, années 1970, le Shah est encore au pouvoir... Hibat milite dangereusement pour plus
de démocratie. Il tombe amoureux de Fereshteh, l’épouse, et tous deux se retrouvent
parents. Face à une répression toujours
accrue, le jeune couple s’enfuit pour atterrir
dans une cité de banlieue parisienne.
Conte tragi-comique, Nous trois ou rien
semble tout oser et réussir à faire en sorte que
ça « passe » : mélange de vrai drame, d’histoire
d’amour, d’humour cocasse et de poésie, le
premier film de l’humoriste Kheiron Tabib se
veut un hommage au courage de ses parents,
à leur détermination à ne jamais baisser les
bras. Une fable où l’on rit, on l’on grince des
dents, le tout sur un ton enlevé et porté par
une mise en scène rigoureuse voire élégante...
Sources : telerama.fr, avoir-alire.com.
Monte là-dessus
Les Premiers, les derniers
Voir pages Jeune Public
Film du mois, voir au dos du carnet
My
Skinny Sister
Suède – 2015 – 1h35 – de Sanna Lenken,
Avant-première mercredi 6 janvier Ciclic et les Studio proposent une rencontre avec Bouli Lanners, le
réalisateur, après la projection de 19h45.
avec Rebecka Josephson, Amy Deasismont…
N
P
À 10 ans, Stella est une fille un peu ronde qui
admire sa sœur Katja qui fait du patinage
Les CARNETS du STUDIO n°341 – janvier 2016 –
13
Le Prophète
Voir pages Jeune Public
S
Seul sur Mars
USA – 2015 – 2h24, de Ridley Scott,
avec Matt Damon, Kristen Wiig…
À la suite d’un accident, laissé pour mort par
ses collègues sur la surface de Mars, Mark se
retrouve seul alors que l’arrivée de la prochaine mission est prévue pour... dans 4 ans...
Botaniste de formation, Mark se trouve alors
à devoir mettre ses qualités à bon usage pour
faire pousser des végétaux... En attendant, la
NASA a fini par comprendre qu’il était vivant
et entreprend de lancer une mission de sauvetage.
On sait Ridley Scott doué pour offrir un grand
spectacle qui ne demande pas au spectateur
de renoncer à ses neurones (du côté de la SF,
il nous a ainsi donné Alien et, surtout, Blade
runner...) ; on ne peut qu’espérer qu’il saura
se montrer ici à la hauteur de nos attentes.
Sources : telerama.fr, avoir-alire.com
Spotlight
USA – 2015 – 2h08, de Thomas McCarthy
avec Mark Ruffalo, Michael Keaton, Rachel McAdams.
Le film est inspiré de faits réels. Boston, 2001 :
le nouveau rédacteur en chef veut relancer le
Boston Globe, qu’il trouve ronronnant dans
une confortable routine. Une équipe spéciale
de journalistes, Spotlight (projecteur), est donc
chargée d’enquêter sur un curé accusé d’avoir
violé, en 30 ans, des dizaines de jeunes paroissiens. L’enquête durera un an, se heurtant à
de nombreux obstacles : s’attaquer à l’Église
catholique, surtout à Boston, n’est pas sans
risque. Ce qu’ils vont découvrir fera l’effet
d’une bombe.
Les critiques s’accordent à souligner une « évidente et indéniable réussite » qui trouve « la
distance parfaite entre le film à suspense et le
film-dossier, entre le plaisir et la colère, l’entertainment et l’indignation ».
Sources : dossier de presse.
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– Les CARNETS du STUDIO
n°341 – janvier 2016
Strictly
Criminal
USA –- 2015 – 2h03, de Scott Cooper,
avec Johnny Depp, Kevin Bacon, Benedict Cumberbatch…
Aussi incroyable soit-elle, cette histoire est
vraie ! Dans les années 70, le FBI ne veut rien
moins qu’éradiquer la mafia italienne ; alors,
pour parvenir à cette fin, la police est prête à
tout, et même à contracter une union contre
nature avec ceux qui ont également tout intérêt à cette liquidation. L’agent fédéral Connolly
est chargé de reprendre contact avec son ami
d’enfance, James « Whitey » Burger, membre
du Gang irlandais, et de lui proposer un marché : en collaborant avec le FBI pour mener à
bien ce projet commun, il ne subira, en contrepartie, aucune entrave pour mener sa « carrière ». Ce que le police ignore c’est qu’elle a
signé un pacte avec le diable : Whitey va devenir un des gangsters les plus puissants des
États-Unis. Soupçonné, notamment, d’avoir
tué 19 personnes, il ne sera jamais arrêté
(mais finira par se livrer à 81 ans) et conduira
à leur perte tous ceux qui l’auront aidé et/ou
qu’il aura arrosés : policiers, politiques, et
même son frère, avocat et président du Sénat
du Massachusetts… Ce film coup de poing
donne à voir un Johnny Depp méconnaissable
et totalement époustouflant, certains critiques
considèrent même que c’est sa meilleure prestation : c’est dire !
Sources : dossier de presse, telerama.fr
Les Suffragettes
Grande-Bretagne – 2015 – 1h46, de Sarah Gavron,
avec Carey Mulligan, Helena Bonham Carter, Meryl Streep...
Au début du siècle dernier, la colère monte
chez les femmes britanniques qui, après de
longues années de protestations pacifiques,
n’ont toujours pas obtenu le droit de vote.
C’est dans ce contexte que Maud, mère de
famille, va se lancer dans la mêlée, au moment
même où le mouvement dit des « suffragettes »,
mené par la très charismatique Emmeline
Pankhurst, va faire des choix d’actions beaucoup plus radicales, voire violentes. Ce choix
est loin d’être anodin tant la répression de
l’état se fait féroce, et tant l’engagement mili-
tant est difficilement compatible avec la vie
d’une respectable mère de famille.
Sources : imdb.com, nytimes.com
Une surprise pour Noël
U Tout en haut du monde
T La Vie très privée de M. Sim
V
Voir pages Jeune Public
France – 2015 – 1h40, de Michel Leclerc,
avec Jean-Pierre Bacri, Mathieu Amalric, Vimala Pons…
Monsieur Sim ne va pas bien : sa femme l’a
quitté, il a perdu son boulot, son vieux père
l’évite et il a une image très négative de luimême (ce qu’on peut comprendre !). Alors qu’il
est tout au fond du gouffre, on lui propose un
poste inattendu : devenir représentant en
brosses à dents entièrement bio qui vont révolutionner l’art du brossage. Au volant de sa
voiture de fonction (forcément hybride), M.
Sim part vers le sud…
Après le très beau succès de Au nom des gens
en 2010 (avec Jacques Gamblin et l’étourdissante Sara Forestier) puis Télé gaucho en
2012, tous les deux des comédies largement
autobiographiques, Michel Leclerc a voulu se
renouveler en adaptant un roman de Jonathan Coe. Démarrant comme une comédie
(avec une première scène hilarante), ce roadmovie explore une douce mélancolie. JeanPierre Bacri y est excellent (et pas râleur pour
un sou !) Notons que la musique est signée
Vincent Delerm et que Jeanne Cherhal a une
très belle (quoique invisible) prestation…
DP
Michel Leclerc est venu présenter son film aux
RDV du cinéma organisés par l’ACC en
novembre. Retrouvez un extrait de la rencontre sur notre site dans la rubrique « Ça
s’est passé aux Studio ».
Le Voyage d’Arlo
Voir pages Jeune Public
Cycle Nouvelles vagues et Avant-garde
Hommage à Tenguiz Abouladzé
Lundi 25 janvier – 19h30
PARTENARIAT
INÉMATHÈQUE/STUDIO
LeCRepentir
Cycle Cow-boys, Indiens et grands espaces
Lundi 4 janvier
de Tenguiz Abouladzé (1984) URSS/ Couleurs/ 2h25
Une soirée, deux films
Une soirée, deux films
19h30 - L’Ennemi silencieux
19h30 - L’Arbre du désir
de H.P. Carver (1930) USA Noir et blanc teinté 1h15
Mardi 26 janvier
de Tenguiz Abouladzé (1976) URSS Couleurs 1h47.
21h00
- Le Vent de la plaine
de John Huston (1960) USA Couleurs 2h05,
21h30 - L’Incantation
avec Lilian Gish et Charles Bickford.
de Tenguiz Abouladzé (1967) URSS Couleurs 1h17
Lundi 11 janvier – 19h30
Lundi 1er février – 19h30
Jeremiah Johnson
Partenariat Cinémathèque/Atelier super 8
Rohmer et la Nouvelle vague. Naissance d’un style.
de Sydney Polack (1972) USA Couleurs 1h50 avec Robert Redford.
Lundi 18 janvier – 19h30
La Randonnée
de Nicolas Roeg (1970) GB Couleurs 1h43
Le Signe du lion
de Eric Rohmer (1959) France Noir et blanc 1h40
avec Jean-Luc Godard et Stéphane Audran.
Soirée présentée par Philippe Fauvel, chercheur en cinéma.
Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque.tours.fr
Les CARNETS du STUDIO n°341 – janvier 2016 –
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humeur
Belles familles
Ici…
` HOT TENSION
Après le biopic chic, Yves Saint Laurent, Jalil Lespert
change totalement de registre : en effet, il se lance dans le thriller,
avec une nouvelle version de Chaos, film japonais de Hideo Nakata.
Ce chaos sera provoqué par l’enlèvement de l’épouse d’un homme d’affaires. Le réalisateur retrouvera Charlotte Le Bon dans le rôle d’une victime
pas si innocente que cela. Romain Duris lui donnera la réplique mais on ne sait
pas encore si ce sera en tant que conjoint ou ravisseur ; idem pour Jalil Lespert qui
sera aussi interprète de ce film « à rebondissements et à forte tension sexuelle ».
` UNE AMÉRICAINE À PARIS
Depuis Sils Maria, et un César à la clé, Kristen Stewart semble être devenue l’égérie d’ Olivier
Assayas. En effet, le duo se reforme pour Personal Shopper, une histoire de fantômes dans le
milieu de la mode ; et si le film sera tourné en langue anglaise c’est pourtant Paris qui en sera
le décor.
et apes
` SI LOIN, SI PROCHES
Alors que son Carol, avec la toujours impeccable Cate Blanchett (sauf quand elle se livre au culte
du Dieu de la Parfumerie dans une fameuse publicité), vient à peine d’être projeté sur les écrans,
que Todd Haynes travaille déjà sur un nouveau projet : une adaptation d’un ouvrage de Brian
Selznick (auteur, entre autres, de L’Invention d’Hugo Cabret, devenu un film de Martin Scorsese
en 2011), Wonderstruck. Occasion pour lui de retrouver Julianne Moore, avec laquelle, il avait
créé le sublime et bouleversant, Loin du paradis. Cette fois, le réalisateur ne plongera pas dans
une époque révolue mais dans deux : en effet, il va mettre en images l’histoire de deux enfants
sourds, l’un vivant en 1927, l’autre en 1977, et pourtant, mystérieusement connectés !
Quand on sait quelle gageure représentait, I’m Not There, sa « biographie » de Bob Dylan,
on se doute que le film devrait surprendre !
` AMOUR MONSTRE
2015 aura vu une double résurrection de Frankenstein et de sa créature :
l’une générée par Paul McGuigan, avec James McAvoy et Daniel Radcliffe,
l’autre par Bernard Rose ! 2016, verra le retour de sa fiancée sous
l’égide de Neil Burger. Celle qui devrait donner vie à la créature,
sera : Angelina Jolie ! On annonce « une version plus
légère et surréaliste que celle de James Whale »
en 1935 : espérons qu’elle sera aussi
inoubliable ! IG
16
– Les CARNETS du STUDIO
n°341 – janvier 2016
M
athieu Amalric ! Constat totalement incompréhensible pour ceux qui considèrent, à
l'instar de Noël Simsolo dans son Dictionnaire
de la Nouvelle Vague, qu'il est « L'héritier actuel
de la Nouvelle Vague en France : [...] comme
acteur et réalisateur [...] car son style de
cinéaste, comme son jeu de comédie, privilégie
cette attitude de la Nouvelle Vague où rigueur
et liberté faisaient un mélange détonant. »
Rigueur et liberté, peut-être, mais interprétation
identique d'un film à l'autre, trop souvent : en
quoi ses prestations dans Les Herbes folles, Un
conte de Noël, L'Amour est un crime parfait, La
Vénus à la fourrure ou d'Arrête ou je continue,
pour n'en citer que quelques unes, se distinguent-elles les unes des autres ? En rien : on
peut noter à chaque fois une certaine agitation,
appuyée par des salves de roulements d'yeux
qui ne sont pas sans rappeler ceux de Gollum
dans Le Seigneur des Anneaux ! Son Georges
Devereux pour Jimmy P. (Psychothérapie d'un
Indien des plaines) d'A. Desplechin, m'avait fait
entrevoir une lueur d'espoir, grâce à un jeu plus
contrasté plus subtil, lueur malheureusement
éteinte par son interprétation de Jérôme
Varenne, dans le récent Belles Familles de
Jean-Paul Rappeneau !
Mais, notons, à la décharge du comédien, qu'il
n'est pas le seul à manquer de subtilité dans le
huitième film (en presque cinquante ans) du réalisateur ! Car il faut bien le reconnaître ce ciseleur de scénarios, qui a aussi bien travaillé dans
le registre de la comédie enlevée que dans celui
du drame, aussi bien pour lui-même que pour
les autres : L'Homme de Rio pour et avec Philippe de Broca, Le Combat dans l'île pour et avec
Alain Cavalier ou Vie privée pour et avec Louis
Malle, par exemple ; ce réalisateur réputé pour
sa direction d'acteurs, l'élégance, le rythme, la
légèreté de ses films (cf La Vie de château, Les
Mariés de l'An II ou Le Sauvage) semble avoir
perdu toutes ses qualités dans Belles familles !
Ainsi, Nicole Garcia dans le rôle de la mère de
Jérôme et Jean-Michel Varenne (Mathieu Almaric et Guillaume de Tonquédec) adopte un jeu
digne des grandes heures d'Au théâtre ce soir :
pâmoison à répétition et voix forcée. Insupportable ! Karin Viard, quant à elle, dans le rôle de
Les CARNETS du STUDIO n°341 – janvier 2016 –
17
Bande annonce
Vis ma vie... privée !
L
es outils numériques nous concernent
tous : sites web, réseaux sociaux, partage de photos ... chaque jour nous les utilisons sans nécessairement nous en rendre
compte. Mais les avons-nous réellement
choisis ?
la dernière compagne du père disparu, semble
emperruquée (notons qu'elle arborait déjà cette
coiffure improbable dans L'Amour est un crime
parfait, où elle donnait déjà la réplique à
Mathieu Amalric qui n'a, pour autant, aucune
responsabilité ces dérapages capillaires), engoncée dans ses vêtements, dans sa maison (ben
voui, elle aurait dû hériter de l'imposante
demeure familiale, mais des manœuvres peu
délicates l'en ont chassée après la mort du Docteur Varenne, et l'ont conduite dans une minuscule maison de lotissement, dénuée de charme),
et dans son rôle! Quant aux autres comédiens,
Gilles Lellouche, Guillaume de Tonquédec ou
André Dussollier, ils jouent sans surprise une
partition qu'ils connaissent sur le bout des
doigts : le nouveau riche bling-bling, le bourgeois coincé et le sexagénaire charmant et maladroit. Si comme à son habitude, Jean-Paul
Rappeneau met en mouvement ses comédiens :
en avion, voiture, scooter ou train, il les/nous
entraîne à Paris, Londres, Shanghai, Zanzibar
et Ambray (ville imaginaire), dans ce film-là, le
mouvement n'est pas celui du tourbillon de la
vie, mais de l'agitation ne menant qu'au sur
place. On peut d'ailleurs observer un vrai souci
d'espace dans ce Belles familles. En effet, les différents lieux de tournage, Blois, les environs de
Tours avec la Grange de Meslay, Chatou et
Sèvres, différentes pièces de puzzle qui devraient
s'assembler pour former un tout, Ambray en
l’occurrence, apparaissent comme des éléments
hétéroclites, sans rapport les uns avec les
18
– Les CARNETS du STUDIO
n°341 – janvier 2016
autres. Ainsi le vaste appartement du personage
de G. Lellouche, plonge sur un panorama donnant à voir une importante agglomération, alors
que, quand on se trouve dans le centre ville, l'espace n'a plus aucun rapport : la ville semble être
de moyenne importance ! Perception également
ressentie lors des deux courses poursuites entre
les personnages d'Amalric et de Lellouche :
déploiement de « chevaux » disproportionné et
grotesque rapporté à la taille des routes
empruntées. Ce ne sont, malheureusement, pas
les seuls moments du film que l'on peut trouver
ridicules : c'est le cas de la scène de l'hôpital, où
le « fantôme » du père médecin se réconcilie avec
son fils alité, de celle où les deux femmes du ditmédecin se retrouvent pour un thé dans la
demeure familiale désormais cernée par de multiples immeubles, de celle du coup de foudre
entre la fiancée chinoise de Jean-Michel, (qui a
compris à distance que son futur mari était
tombé amoureux d'une autre femme), et le pianiste, chinois, juste avant le concert de « toutes
les vérités », mais aussi de la scène finale, célébrant les retrouvailles de Jean-Michel et de
Louise (Marina Vacth), courant l'un vers l'autre
devant l'aéroport de Shanghai, à laquelle il ne
manque que le « ba da ba da da da da da da
»Nicole Croisille et Pierre Barouh pour atteindre
le paroxysme du cliché !
Finalement, maintenant, j'ai aussi un problème
avec Jean-Paul Rappeneau, et ça, ça me pose
un vrai problème !
IG
Il y a fort à parier que nos outils se résument à l’acronyme GAFAM, pour Google,
Apple, Facebook, Amazon et Microsoft. Qui
peut se targuer de n’utiliser AUCUN produit de ces entreprises ?
Nous sommes quasiment tous en partie
dépendants d’une de ces sociétés qui apparaissent comme incontournables... et pourtant les choix sont multiples ! Les conséquences sont l’apparition de monopoles, le
manque d’innovation ou l’imposition de
Conditions Générales d’Utilisation souvent
incomprises... Tout cela contribue à nous
rendre encore plus dépendants de ces
outils.
Cependant des alternatives existent. Elles
sont souvent choisies par des personnes
qui refusent, pour rester en cohérence avec
leurs convictions, d’être esclave d’outils
qu’ils ne maîtrisent pas.
Jean-Louis Barrault, comédien, nous disait
«La liberté, c’est la faculté de choisir ses
contraintes.» Ce n’est pas faire ce qui nous
plaît, c’est bien être en capacité de choisir
de manière éclairée. Mais connaissez-vous
les enjeux qui sous-tendent votre utilisation des outils numériques ?
Au delà de cette simple liberté de choix, le
problème de cette dépendance à ces outils
centralisés, c’est la facilité donnée pour
une surveillance de masse généralisée.
Edward Snowden et d’autres lanceurs
d’alerte nous ont appris que, sous couvert
de nous protéger, certaines lois votées
visent à faciliter ces « écoutes » numériques.
Un début de solution serait d’utiliser des
formats ouverts et des outils numériques
libres afin d’aller vers plus de transparence. Pouvoir observer comment nos
outils sont faits, et les modifier au besoin
est indispensable : tout le monde n’est pas
garagiste, mais cela ne doit pas nous empêcher d’exiger de pouvoir ouvrir le capot et
de faire notre vidange nous-même si nous
en avons l’envie !
Association ADETI (Association de Développement
des technologies de l’information) pour le MFRB
(Mouvement français pour un revenu de base)
NOUS EN REPARLERONS PROCHAINEMENT…
Les CARNETS du STUDIO n°341 – janvier 2016 –
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Les rédacteurs ont vu :
Macbeth
de Justin Kurzel
Ralentis, nappes de brume, ciels
rouges, paysages trop sublimes : d’accord, le film ne fait pas toujours dans la
dentelle. Mais Macbeth n’est pas une tragédie de salon et ne supporterait pas une
mise en scène chichiteuse. Il faut rendre
palpables la beauté sauvage des Highlands, mais aussi le sang, la crasse, la
cruauté. Seule une dramaturgie à la
mesure de la démesure baroque des
crimes et des sentiments est capable de
rendre la magie de Shakespeare, cet
improbable mariage de l’extrême barbarie
et de l’extrême raffinement littéraire.
Sacré défi pour un cinéaste que de sublimer ces contradictions sans tomber dans
le ridicule ! Justin Kurzel le relève avec
brio. AW
Des choix de lumière et d’un tournage en décors écossais réels, une majestuosité fascinante des lieux se dégage
20
– Les CARNETS du STUDIO
n°341 – janvier 2016
pour contenir et supporter la dimension
dramatique du récit. Drapés dans leurs
lainages sombres et austères, les personnages n’en sont que plus troublants face
à leur destin inéluctablement tragique,
piégés dans un entre-deux, celui d’un
réalisme presque… onirique ? Une des
grandes forces de ce Macbeth avec
Michael Fassbender, si impressionnant.
RS
De la fureur, du feu, du sang, c’est
ce que l’on attend de Macbeth. Le contrat
est rempli, Justin Kurzel n’apporte sans
doute pas beaucoup à la longue liste des
adaptations de la pièce de Shakespeare
mais il ne démérite pas non plus. D’autant que le film est picturalement beau et
que Michael Fassbender semble être né
pour jouer ce rôle. C’est déjà pas mal. JF
Les comédiens donnent de leur personne. Indéniablement. Les images sont
extraordinaires de beauté même si cette
beauté est âpre, suintante de sang, de
sueur et de larmes. Pourtant, il y a des
choses qui ne fonctionnent pas dans le
film: ainsi on ne nous donne pas à ressentir le passage progressif de la démesure des ambitions à la démence, le passage du crime fondateur à la folie
sanguinaire pour lui, ou, pour elle, celui
du calcul meurtrier à l’insupportable
remord. Ce manque de nuances psychologiques entraîne une sorte de désincarnation des personnages qui ne sert en
aucun cas le propos. Dommage. IG
Cette année comme de nombreuses
autres, l’Oscar des meilleurs dialogues
devrait logiquement revenir à un petit
nouveau du nom de William Shakespeare. ER
Dommage que le réalisateur ait
tenu à ajouter des effets spéciaux spectaculaires et inutiles, la poésie brutale du
texte, la beauté désolée des landes écossaises, la musique qui transforme le récit
en longue cérémonie funèbre, le jeu poignant des deux acteurs principaux… suffisaient à emporter l’adhésion du spectateur. DP
Kurzel semble inventer un genre
nouveau : la géopsychologie ; dans un
décor aussi abrupt et sous-éclairé comment ne pas tourner autrement que criminel ? Tous les paysages sont là pour
suinter le crime... C’est peut-être le principal reproche à faire à ce Macbeth : en
faire un peu trop du côté de la sursignification des décors, des costumes, des
maquillages, etc. ER
Les CARNETS du STUDIO n°341 – janvier 2016 –
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Rencontre avec
Alain Cavalier
Rencontre avec Alain Cavalier
Alain Cavalier aux Studio © Roselyne Guérineau
Le Caravage
Vendredi 6 novembre 2015
Les Studio ont accueilli Alain
Cavalier venu présenter en avantpremière Le Caravage, film sur le
cheval de Bartabas. D’emblée, avant
la projection, le contact avec le
public est chaleureux avec ce grand
réalisateur.
«C’est très sympathique, une salle pleine !
C’est très réconfortant ! J’ai eu une
grande chance dans ma vie de cinéaste,
c’est de tomber amoureux d’un cheval.
C’est quelque chose de très fort. Ça m’a
pris beaucoup de temps pour le filmer. Au
début, je l’ai filmé pour moi ». Puis, A.
Cavalier a pensé nous en faire un film,
mais pas un documentaire ! « Ça ne dure
que 70 minutes. Courtoisie exquise »…
En tournant sur lui-même, à force de le
filmer, il avait « une certaine assiette.
C’est un film fait entièrement avec les
pieds ! Si j’avais eu un opérateur, un
ingénieur du son, je crois que Bartabas
ne m’aurait pas accepté. L’idée était aussi
d’être d’égal à égal ».
« J’ai rencontré Bartabas à un festival en
1992 où il présentait son film Mazeppa,
22
– Les CARNETS du STUDIO
n°341 – janvier 2016
et moi, Libera me. On a parlé petit à petit.
Il m’a dit que tous les matins, il apprenait
à son cheval des petites choses un peu
compliquées. Au début, je suis venu sans
caméra. Ça s’est terminé il y a un an ». Le
cheval est « un animal cinématographique. Il fait 800 kg. J’ai fait un film avec
Alain Delon, c’était un animal un peu
agressif, la même noblesse corporelle,
c’était magnifique ! ». Le Caravage et ses
voisins sont aussi « des stars, des prisonniers de luxe ».
« Mon seul souci est de copier la vie. Je
prenais Le Caravage comme il était. À la
prise de vue, c’est uniquement ce que
vous avez sous les yeux. Peu à peu je me
suis détaché dans mes films pour filmer
la vie ». Ici, « ce qui m’intéressait, c’était
le côté secret et inaccessible des choses.
Ce cheval, cet homme qui le fait travailler,
c’est presque de l’ordre de l’effet spirituel
sur moi ».
« Dans le film, on ne dit pas qu’il s’appelle
Le Caravage. Il y a des gens qui ne verront
pas le film et comme j’ai réalisé un film
sur De La Tour, il y aura des méprises… ».
Rires dans la salle ! Bartabas aurait
nommé son cheval ainsi en raison de la
couleur de sa robe et de tableaux du
peintre Le Caravage (La Conversion de
Saint Paul, …) et sans doute de son
approche du clair-obscur.
« C’est toujours le respect de ce que je vis,
de ce que je vois. J’arrivais à 7h30. Bartabas travaillait, il ne parlait pas. La palefrenière s’occupait du cheval, elle ne parlait pas. Je repartais après avoir dit
bonjour, au revoir. J’étais dans un autre
univers. C’était ce que j’avais vécu. J’ai
éliminé la finalité de ces exercices qu’est
le spectacle, car c’est infilmable. J’ai filmé
les «cuisines», c’est ça qui m’intéressait ».
Concernant la relation avec le cheval,
« j’entrais dans le manège ; au bout d’un
certain temps je savais s’il me disait :
« qu’est-ce que tu fous là ? » Je sentais
son humeur. Il regarde souvent la
caméra. La dernière image, il vous
regarde, il regarde la salle. Moi, je n’ai
jamais touché le cheval. Je crois que c’est
ce que j’ai fait de mieux pour ma relation
avec Bartabas ». Qu’est-ce que Bartabas
pense du film ? Cavalier lui a dit : « tu n’es
pas le Roi d’Espagne et je ne suis pas
Velasquez. Il m’a dit : tu as raison ! Il m’a
fait corriger 2 ou 3 petits trucs qui
n’étaient pas justes […] Bartabas pense
que c’est une trace cinématographique de
son travail. La relation entre lui et Le
Caravage, c’est une bulle. D’ailleurs, c’est
le cheval qui en est sorti pour venir me
voir ». Le réalisateur a été le plus touché
le jour où Bartabas a soigné son cheval
lui-même. « Il embrasse le cheval et
ensuite la palefrenière, ou inversement
selon les jours ». Ils n’ont jamais échangé
ensemble sur la façon de filmer. « Je suis
un travailleur qui filmait un travailleur ».
« Rien n’est plus formidable pour un
cinéaste de rencontrer quelqu’un, de passer du temps avec lui et de faire un film
[…] Là, j’ai toutes les libertés [à la différence du cinéma industriel].
Alain Cavalier salue la salle : « Vous êtes
adorables ». Magnifique soirée avec un
grand homme, non-dénué d’humour,
toujours très complice avec son public,
nous éclairant pleinement sur sa
démarche de filmeur. La soirée s’est poursuivie de manière conviviale dans le hall
des Studio.
RS
Les CARNETS du STUDIO n°341 – janvier 2016 –
23
à propos de
Sangue del mio sangue
l’époque contemporaine n’était que le reflet
affadi, persiflé, du temps passé. L’Inquisition brutale, impitoyable, cède la place à
l’oppression dérisoire du fisc, aux tracasseries de la police financière. Les fanatiques
aveugles et féroces ne sont plus à présent
que des hurluberlus vaguement dérangés,
des combinards à la petite semaine.
T
out d’abord dire la beauté des images,
des ombres et des lumières, de l’eau,
des crépuscules, des murs, des objets, des
visages. De la bande-son aussi, qui donne
à entendre par exemple un morceau de
hard rock du groupe Metallica chanté par
un chœur de très jeunes novices « vêtues de
probité candide et de lin blanc », déroutant
mélange d’époques et d’esthétiques. Tout le
film en réalité joue sur ce thème du
mélange, du double, de l’identité et de l’opposition. Si cette œuvre captivante a suscité
tant d’incompréhension et de critiques —
parfois outrancières — c’est faute peut-être
d’en avoir perçu la bipolarité, qui est son
essence même.
1630. Federico Mai veut assurer une sépulture chrétienne au moine Fabrizio, son frère
jumeau qui s’est suicidé par amour pour
une nonne soupçonnée de satanisme,
Benedetta. Lui-même succombera à la fascination, comme son frère. Tout au long du
procès en Inquisition il est hébergé par deux
sœurs qui, toutes les deux rousses et toujours vêtues à l’identique, sont sinon
jumelles, du moins de quasi sosies dans
leur apparence, la mécanique de leurs
gestes, leurs pensées, leurs paroles.
Années 2000. On retrouve par-delà les
siècles le même cadre : Bobbio, charmante
petite ville d’Émilie-Romagne, et le même
décor, lui-même dédoublé : le couvent est
24
– Les CARNETS du STUDIO
n°341 – janvier 2016
devenu prison, aujourd’hui désaffectée,
abandonnée. L’un des personnages principaux est un jeune escroc du nom de Federico Mai, joué par le même acteur que le
Federico Mai de 1630 ! On reconnaîtra
d’autres comédiens et comédiennes déjà
repérés dans la première partie. Par-delà les
différences une même thématique imprègne
les deux histoires : l’amour et la mort, avec
d’ailleurs semble-t-il la même intrication
qui fait de l’amour à la fois la cause de la
mort et une victoire sur la mort. Mais le
changement d’époque s’accompagne d’un
changement radical de sujet et, surtout, de
registre.
En 1630 le drame étouffant, quasi claustrophobique dans les murs resserrés du couvent, voyait finalement Benedetta triplement enfermée, dans une sorte
d’emboîtement cumulatif : emmurée
vivante dans un réduit maçonné à l’intérieur d’une cellule fermée à double tour,
dans ce couvent qui avait tout déjà d’une
prison. La partie contemporaine se passe,
au contraire, la plupart du temps à l’air
libre, au soleil, au café, dans des fêtes, et
l’atmosphère y est à l’humour, la cocasserie, la fantaisie. La tragédie baroque s’efface
complètement devant la satire caractéristique de la comédie italienne.
En fait ce qui soude les deux parties du film
et en assure la cohérence, c’est paradoxalement la permanence des ambiguïtés et
des ambivalences, de la construction en
miroir. Benedetta, étymologiquement la
bénie, est pourtant accusée de pacte avec
le diable. Jamais d’ailleurs on ne saura si
elle est une démone ou une sainte, voire
une simple mortelle incandescente. Mieux
encore, au bout de décennies de solitude,
de silence, de souffrances Benedetta meurt
mais c’est la rayonnante jeune femme qui
sort nue du caveau, double fantasmatique,
triomphant. Par ailleurs le patronyme de
Federico Mai signifie jamais. Jamais il n’aurait dû tomber amoureux de Benedetta,
puisqu’il la hait au point de tenter de la poignarder, et pourtant cela advint. Sans
oublier que, près de quatre siècles plus
tard, il est toujours là.
Dans le Bobbio contemporain, caché dans
ce même décor du couvent-prison vit un
autre personnage double, ambigu, un vieux
comte soi-disant vampire mais assurément
mafieux, à la tête d’une « Fondation » qui
ressemble diablement à une cosca, c’est-àdire une « famille » de Cosa Nostra. Est-il
comme tout vampire agréé ni mort ni
vivant, ou bien les deux à la fois ? Mais le
vieux monstre décati a beau marcher les
coudes serrés comme l’effrayant Nosferatu
de Murnau, il est risible avec ses deux dernières canines dont l’une est dévitalisée et
l’autre branlante !
Même le générique de fin étonne. Marco
Bellochio semble lui aussi s’y dédoubler, s’y
cloner à l’infini à travers les nombreux
membres de sa famille acteurs ou techniciens. Son propre fils Piergiorgio y joue le
double rôle de Federico Mai. La relation
père-fils se double donc d’une relation metteur en scène–acteur, symbolisée ironiquement, dans un étonnant jeu de miroirs, par
la relation vieux vampire-jeune escroc dans
la fiction. La fantaisie et la liberté créatrice
de Marco Bellocchio, jeune homme de
soixante-quinze ans, confèrent ainsi à ce
film schizophrène une résonance aussi
insolite qu’intrigante.
AW
Tout semble opposer les deux parties et
pourtant tout les rassemble, comme si
25
À propos
À propos
dede
Camoin
LaFabrice
Cité des
dangers
terroge : ssur la justice, le droit à la vengeance, sur le pardon, la légitimité de la
violence politique. Bientôt, les fractions
arméniennes se divisent : jusqu’où doiton aller pour que la communauté internationale reconnaisse le génocide arménien et leurs revendications ? Et qu’en
est-il des victimes collatérales ? Malheureusement nécessaires ou absolument
insupportables ?
L
e nouveau film de Robert Guédiguian
commence par un long prologue
tourné en noir et blanc qui met en scène
un épisode historique peu connu hors de
la communauté arménienne : en 1921,
à Berlin, un jeune militant arménien
nommé Soghomon Tehlirian exécuta, en
pleine rue et d’une balle dans la tête,
Talaat Pacha, l’un des organisateurs du
génocide arménien. Lors de son procès
(1), le tribunal prussien acquitta le jeune
meurtrier qui avait vengé le million et
demi de morts de 1918… Presque cent
ans plus tard, qu’un tribunal occidental
puisse légitimer la violence politique a de
quoi interpeler le spectateur !
Le récit se poursuit, soixante ans plus
tard, à Marseille, au cœur d’une famille
de petits commerçants arméniens. Avec
26
– Les CARNETS du STUDIO
n°341 – janvier 2016
le talent qu’on lui connaît pour filmer
« les petites gens », Guédiguian nous
décrit le quotidien de cette famille, entre
la grand-mère traumatisée par le génocide et l’exil, le père farouchement assimilationniste et le fils, Aram, qui veut
s’engager dans la lutte armée, poursuivant le combat de Tehlirian, en préparant un attentat contre l’ambassadeur
de Turquie à Paris. Attentat qui fait une
victime innocente, Gilles, un étudiant en
médecine. Le récit se scinde en deux : à
Marseille où la jeune victime rejoint la
famille d’Aram pour essayer de comprendre à la fois son drame et celui des
Arméniens. À Beyrouth où Aram a
trouvé refuge au milieu des milices chrétiennes au sein de l’Asala, l’armée révolutionnaire arménienne. De l’un et de
l’autre côté de la Méditerranée, on s’in-
Robert Guédiguian nous raconte, bien
sûr, une histoire arménienne, mais on y
croise aussi des Kurdes, des Palestiniens… et le propos prend une valeur
plus universelle, notamment quand le
père, modèle d’intégration, rappelle, un
jour, à Gilles, que les puissances occidentales ont beau jeu de déplacer les
frontières et de faire comme s’il n’y avait
personne dans les territoires qu’ils ont
ainsi redécoupés (2). Travaillé par la
mauvaise conscience, les morts de plus
en plus nombreux des attentats revendiqués par l’Asala (celui d’Orly dont on a
oublié, depuis, les 8 victimes), Aram
finira par laisser tomber un combat sanguinaire où il ne se reconnaît plus…
En voyant le film à la mi-novembre, il
était difficile de ne pas faire le parallèle
avec les attentats qui venaient d’ensanglanter Paris. La même escalade entre
les attentats ciblés du 11 janvier et les
attentats aveugles du 13 novembre qui
voulaient tuer massivement le plus de
Parisiens possibles (3). Difficile de ne pas
imaginer les mêmes discussions tactiques et l’arme de la terreur utilisée
sciemment et selon une graduation choisie (destructions patrimoniales, lapidations, décapitations, massacres…)
Impossible par contre d’imaginer chez
ces fous de dieu (4) une quelconque
mauvaise conscience. La revendication
de Daesh le proclame selon une prose
délirante : nul innocent ! Sous le regard
impitoyable d’un dieu dont on cherche
bien toute trace de miséricorde, ont été
exécutés froidement des centaines d’idolâtres, de pervers et de mécréants qui ne
méritaient que la mort.
DP
(1) Lors du procès, circulent des images des corps
suppliciés qui ne peuvent qu’évoquer ceux que fourniront, industriellement, les camps de la mort nazis
quelques années plus tard.
(2) Difficile de ne pas penser que, derrière l’émergence barbare de Daesh, il y a quand même toute
une histoire : sans remonter au dépeçage de l’empire ottoman et la partition coloniale entre la France
et la Grande Bretagne, on peut penser à la fabrication des Talibans pour lutter contre les Soviétiques
en Afghanistan ou la destruction de l’Irak par les
armées américaines…
(3) Même s’ils ont frappé sciemment la jeunesse
parisienne, celle qui va dans les cafés, les salles de
concert, les stades…
Fous de dieu dont le cinéma nous a décrit scrupuleusement la fabrication dans Paradise now de
Hany Abu-Assad (2005), Les Chevaux de dieu de
Nabil Ayouche (2012) et La Désintégration de Philippe Faucon (2012).
Les CARNETS du STUDIO n°341 – janvier 2016 –
27
Interférences
Marguerite
face à face
Marguerite
IMAGES MANQUANTES
C
omment transcrire à l’écran les
grandes tragédies du 20e siècle alors
que l’on sait pertinemment que tous les
choix débordent du plan purement artistique pour poser aussitôt des problèmes
d’ordre moral à peu près irréductibles.
On se souvient de la violence des critiques de Jacques Rivette à propos du
film Kapo (1961) de Gilles Pontercorvo
(pour lequel il n’avait qu’un « profond
mépris ») ou de celles de Claude Lanzmann lors de la sortie de La Liste de
Schindler de Spielberg (1994) qui seront
reprises, quelques années plus tard, pour
La Vie est belle de Roberto Benigni
(1997) : « La fiction est une transgression,
je pense profondément qu’il y a un interdit de la représentation » disait l’auteur
du définitif documentaire Shoah (1985).
Mais que se passera-t-il lorsque les derniers témoins auront disparu pouvait-on
s’interroger en apprenant la disparition
de Léon Zyguel qui illuminait de sa présence la scène la plus bouleversante du
film réussi de Marie-Castille MentionSchaar Les Héritiers ? Et quand il ne
reste plus de survivants ? On peut bien
sûr, comme le fait habilement Robert
Guédiguian, dans le prologue de son dernier film Une Histoire de fou, trouver une
28
– Les CARNETS du STUDIO
n°341 – janvier 2016
manière élégante et puissante pour
rendre incontournable le génocide arménien, sans le montrer, en reconstituant le
procès où fut acquitté le meurtrier de l’un
de ses instigateurs (lire pages 26-27) Ou
comme Rithy Panh dans le très beau
L’Image manquante (2013), reconstituer
celle du génocide cambodgien à l’aide de
simples figurines en pâte à modeler… À
leur instar, faut-il abandonner l’idée de
montrer ?
Deux jeunes cinéastes, dans un premier
film iconoclaste, osent affronter cette
impossibilité en inventant des dispositifs
cinématographiques inédits : Dans
Crosswind, la croisée des vents, le
cinéaste letton Martti Helde, tente de
rendre compte de la déportation massive
de son peuple par Staline. En travaillant
autour du concept de mémoire figée, il
filme de vastes scènes, en noir et blanc,
que la caméra explore vertigineusement,
au milieu des corps prisonniers de ce
temps suspendu. Dans Le Fils de Saül, le
réalisateur hongrois Laszlo Nemes ose
plonger sa caméra au cœur du trou noir
du camp d’extermination d’Auschwitz. En
décidant de filmer les Sonderkommando,
les déportés chargés de faire disparaître
les corps et les cendres des gazés, il
résous d’emblée une équation impossible : rendre vraisemblables les corps
cadavériques des déportés, puisque les
membres des Sonderkommando étaient
nourris et relativement bien traités – force
de travail indispensable de la vaste opération de nettoyage mémoriel – avant leur
élimination régulière. En se focalisant
ensuite uniquement sur le personnage de
Saül, en ne filmant que lui et ce qu’il
aperçoit, le cinéaste nous embarque dans
un voyage en enfer où l’on ne voit presque
rien, où toute la monstruosité de la
a reconnu comme sien est à la fois parfaitement documenté, juste dans le
moindre détail, et d’une portée narrative
mythologique, universelle : Orphée descendant aux enfers pour sauver Euridyce
comme le note Didi-Huberman (2) mais
aussi Antigone, qui brave l’interdiction
royale et sera enterrée vive, parce qu’elle
veut retrouver le corps de Polynice pour
lui donner une sépulture humaine…
Si j’avais été rapidement lassé par la
mémoire figée de Crosswind (mais je sais
qu’il a bouleversé de nombreux specta-
machine de mort SS est uniquement
entraperçu, dans la plus grande hébétude, au milieu d’une apocalypse sonore
où errent des hommes hagards. Dans
une magnifique lettre au cinéaste, l’historien des images Georges Didi-Huberman (1) parle de « conte-documentaire »,
tant le récit de cet homme déjà mort qui
décide de mettre en terre un enfant qu’il
teurs), le récit de Laslo Nemes m’a fait
vivre une expérience, certes éprouvante,
mais unique : un cauchemar éveillé où
s’est gravé, inoubliable, l’image de Saül
me regardant intensément.
DP
(1) Sortir du noir (Éditions de minuit)
(2)« Comme Orphée, il fait s’ouvrir la nuit en vouant
toute sa vie à sortir du noir un seul être aimé »
Les CARNETS du STUDIO n°341 – janvier 2016 –
29
Rendez-vous
Association
des cinémas
du Centre
21 novembre
Nicolas Pariser pour Le
Les 20, 21 et 22 novembre, les Studio accueillaient la
sixième édition des Rendez-vous du Cinéma en région
Centre-Val de Loire, L’ACC (Association des cinémas du
Centre) en profitait également pour fêter ses vingt ans.
Trois jours de fête, de films et de belles rencontres, trois
jours pour dire, une semaine après les attentats de Paris
qu’il faut continuer à vivre, à sortir. Aller au cinéma c’est
aller à la rencontre du monde et des autres, s’enfermer
dans une salle noire est peut-être aussi une façon de
résister. Trois jours intenses dont les brefs comptesrendus qui suivent vont essayer de se faire l’écho. JF
20 novembre
Julien Rappeneau pour Rosalie
Blum
Salle comble autour du
premier long-métrage de
Julien Rappeneau qui
sortira en mars prochain.
Plus connu comme scénariste, Largo winch, 36
Quai des orfèvres, le
cinéaste se dit ému et
fébrile de présenter Rosalie Blum à ses tout premiers spectateurs.
« Ça fait une quinzaine d’années que je suis
scénariste pour le cinéma. Je ne suis pas un
scénariste frustré. Quand vous écrivez la
scène, c’est déjà un vrai travail de mise en
scène. J’avais lu la BD Rosalie Blum et elle
m’avait beaucoup plu. C’était comme une
évidence de la mettre en scène : le ton, les
problématiques, les histoires... » Le réalisa-
30
– Les CARNETS du STUDIO
n°341 – janvier 2016
teur est très touché par les personnages et
la possibilité d’y mettre de l’humour et de
l’émotion, et « De croire à ces gens parce
qu’ils parlent de nous ; j’avais le sentiment
de ne jamais avoir vu cette histoire-là. J’y
trouvais une originalité qui n’existait pas. »
Julien Rappeneau a pris un réel plaisir à
composer avec des comédiens toujours très
justes dans leur rôle : Kyan Khojandi de la
série Bref, Valérie Lvovsky, qu’il admire.
Citons encore Alice Isaaz, « Une jeune
actrice qui a une force », Anémone, « Personnage clef, parfaite pour le rôle et qui ne bascule pas dans la caricature. » Le cinéaste
souhaiterait réaliser un second film. « Écrire
pour d’autres ça me plaît encore. J’adore
raconter des histoires, rencontrer des personnages. Pour l’instant je vais essayer de
faire les deux. Maintenant j’attends la sortie
du film. J’avance pas à pas. Je ferai le bilan
en mars. » Une belle rencontre qui s’est
poursuivie autour d’un verre et du gâteau
fêtant les vingt ans de l’ACC.
RS
Grand jeu
Le film aborde la question du
pouvoir, un sujet qui intéresse depuis longtemps son
réalisateur comme les titres
de ses courts-métrages le
montrent (Le Jour où Ségolène a gagné, La République,
Agit pop). « Ils ont été comme
les briques d’un échafaudage
qui aboutissent aujourd’hui à mon premier
long-métrage. » Nicolas Pariser n’a pas voulu
prendre un sujet d’actualité pour en faire un
film dossier. Ses points de départ ont été l’envie d’adapter Sous les yeux de l’occident de
Joseph Conrad et son intérêt pour l’appareil
politique et les militants d’extrême gauche.
Ce « Film d’espionnage hivernal » dont l’esthé-
21 novembre
Michel Leclerc pour
La Vie très privée de Monsieur Sim
« Le film sort le même jour que
Star wars, tout le monde rit
mais c’est pas drôle » lance en
préambule Michel Leclerc. En
adaptant pour la première fois
une œuvre préexistante (le
roman homonyme de Jonathan
Coe), il a eu « l’envie de trancher, de faire autre chose que
ce que j’avais déjà fait et de partir sur l’imaginaire d’un autre que moi », mais on ne se refait
pas et il a aussi retrouvé dans cette histoire des
thèmes, des sujets dans lesquels il s’est
reconnu. « En francisant l’histoire il m’a fallu
tique fait référence au Rideau déchiré d’Alfred
Hitchcock est aussi un hommage au cinéma
d’Eric Rohmer (en particulier à Triple agent
que Nicolas Pariser adule). « C’est un amusement fétichiste que de réunir Melvil Poupaud,
André Dussollier, Bernard Verley, entre
autres, qui ont tous tourné avec lui. »
Dans ce film politique sans message qui ne
dit pas ce qui est politiquement valide ou pas
et dont le but est de poser des questions, susciter les interrogations et engager le débat,
Nicolas Pariser a tenu à « Donner des chances
égales à tous les personnages, à être sérieux
en les montrant sous leur meilleur jour, sans
critique ni adhésion. » Dont Pierre, le personnage principal, « Être qui n’agit pas, ne dit
non à rien, et est dépourvu de volonté, une
maladie contemporaine très répandue. Il
tombe dans un piège car sa capacité de vouloir est effacée. » Un piège passionnant dans
lequel le spectateur, lui, à plaisir à
tomber.
trouver des correspondances, trouver des références qui parleraient, cette fois, à un public
français. Monsieur Sim est rassuré de toujours
trouver la même chose où qu’il aille et en même
temps angoissé de se rendre compte que tout se
ressemble. Réaliser que, où que l’on soit, il y a
toujours quelque chose (un téléphone, un
GPS...) qui indique où l’on se trouve, c’est très
angoissant, un peu comme si le monde était une
prison à ciel ouvert. » Cette « Comédie paradoxale » avec comme héros « Un dépressif
joyeux » a immédiatement séduit Jean-Pierre
Bacri qui a vu dans ce candide, une vulnérabilité, une gentillesse qu’il n’avait pas eu encore
trop l’occasion de jouer. Ajoutons l’apport du
travail de Vincent Delerm, ainsi que la participation de Jeanne Cherhal en Emmanuelle,
savoureuse voix de GPS pour souhaiter à ce « fan
de chansons » revendiqué de battre Star wars le
16 décembre. On peut toujours rêver, non ?
Les CARNETS du STUDIO n°341 – janvier 2016 –
31
22 novembre
Bouli Lanners pour
Les Premiers, les derniers
Bloqué dans une Belgique paralysée, Bouli Lanners n’a pu
rejoindre Tours. Mais, grâce à
Skype (et aux aptitudes techniques de bénévoles et salariés
associés à la manifestation), la
rencontre a eu lieu. « Les Premiers, les derniers est un film
sombre, représentatif d’un sentiment pessimiste mais, paradoxalement, mon
premier film qui se termine bien. Il dit qu’il faut
aller vers l’autre et profiter du temps qui passe.
Je suis parfois exaspéré par l’humanité mais
tant qu’il y a l’homme, j’y crois. » Né de la découverte des restes de l’aérotrain, Bouli Lanners a
commencé à écrire le film et a effectué de longs
repérages en Beauce. « Je voulais quelque chose
qui ressemble a un western avec une ligne d’ho-
22 novembre
Benoît Forgeard pour Gaz
de France
« L’imaginaire est un bien précieux à conserver, c’est une
bataille et mon film en est une
modeste. Vive l’imagination et
Vive la France ! » C’est par ce préambule étonnant que Benoît Forgeard a présenté son film horsnormes, inclassable. Ce curieux
objet tourné sur fond vert (comme
pour la météo à la télévision) est plein d’humour.
« Quand j’ai découvert qu’un gazier s’appelait
maintenant comme un film (Dolce Vita), je me
suis dit qu’un film pouvait bien prendre le nom
d’une entreprise. » Son approche est à la fois
32
– Les CARNETS du STUDIO
n°341 – janvier 2016
rizon très vaste. Ces paysages magnifiques ont
porté l’histoire. Il reste quelques codes du western dans les cadrages, les décors, les personnages, des références dans les dialogues ; mais
il y aussi mon amour du road-movie et un côté
presque fantastique. Gilou (le personnage
incarné par Bouli Lanners) est très proche de ce
que je suis, j’ai toujours su que je le jouerais et
d’autant plus quand le tournage a été reporté à
cause d’une opération du cœur que j’ai dû subir.
Ses peurs sont les miennes. » Le film est esthétiquement superbe, « Je peignais des paysages
semblables à ceux du film mais comme je n’ai
plus le temps de peindre, je me fais plaisir à travers des références, comme celle à Giorgio De
Chirico quand Jésus/Philippe Rebbot* s’en va
ou à Jean-François Millet et son Angelus lors de
la scène de l’enterrement. » Même à distance
l’émotion est partagée entre la salle et l’écran.
Un grand moment.
Vos critiques
*Incontestable vedette du week-end, vu également dans Rosalie Blum de Julien Rappeneau
et Les Chevaliers blancs de Joachim Lafosse.
NOTRE PETITE SŒUR, de Hirokazu KoreEda
Kore-Eda scrute à nouveau
les liens familiaux avec
beaucoup de pudeur et de
délicatesse.
Il filme le quotidien de 3
sœurs
adultes
qui
accueillent «une petite
sœur». Cette fratrie a vécu des drames et des
conflits mais a réussi à construire dans la
maison familiale une vie chaleureuse avec
beaucoup d’affection. Des destins se croisent dans cette histoire et le meilleur va en
découler. Beaucoup de poésie et de grâce
dans ce film, exprimées par des actes
simples du quotidien, un plat, un regard, un
geste. Les actrices sont formidables, la mise
en scène sobre et élégante. L’atmosphère
dégage une émotion simple, une harmonie
heureuse. CP
comique et poétique, son esthétique rappelle
celle des fictions télévisées des années 70/80,
celles par lesquelles Benoît Forgeard à découvert
les images. Gaz de France nous plonge dans les
entrailles de l’Élysée ou règne le président Bird
(Philippe Katerine, impayable) pour une intrigue
aussi décalée que réjouissante. Au milieu de personnages archétypaux, le réalisateur s’est
réservé un rôle particulier, quasi muet. « J’ai
trouvé le rôle parfait pour être là sans avoir à
apprendre de texte. C’était le rôle idéal, j’étais en
concurrence mais je me le suis attribué. »
Accompagnés par la musique de Bertrand Burgalat, un complice de longue date, on attend
maintenant impatiemment son prochain film
qu’il a décidé, cette fois, de tourner « En fond
réel. » On parie sur un résultat tout aussi surprenant.
JF
FATIMA, de Philippe Faucon
Fatima est un film sobre,
avec un récit linéaire, peu
de musique et un beau personnage central de femme
immigrée. Dans ce film, la
frontière entre fiction et réalité s’estompe une nouvelle
fois. Nous sommes plongés dans le quotidien de Fatima, femme de ménage qui élève
seule ses deux filles. […] Fatima est épuisée,
elle s’affaiblit, jusqu’à la chute, catharsis, le
corps de Fatima renonce, s’effondre, alors
que, parallèlement elle prend conscience de
sa condition et elle va réagir moralement, se
rebeller et renaître grâce à l’écriture. […] JC
Avec Fatima comme avec La Désintégration,
Philippe Faucon nous donne un film à la fois
court et dense qui exprime avec une grande
sobriété l’essentiel d’une situation sociale
telle que la vit une partie de la population
tenue trop éloignée de l’intérêt de l’autre. […
] Ici, la voie de l’examen souvent décriée, et
non dénuée de violence sociale, se révèle
comme potentiellement intégrative quand le
marché du travail (ou des stages) où règne
encore l’arbitraire le plus total se révèle
excluante avec toutes les conséquences qui
peuvent en résulter. […] Dans un film
comme dans l’autre, les portraits de mère
apparaissent très justes et très émouvants.
Et si on leur portait davantage d’attention ?
HR
[…] Belle leçon de vie et de dignité.
LE CARAVAGE, d’Alain Cavalier
Un documentaire sans commentaire sur le cheval de
Bartabas, qui donne à voir
et à entendre sans parasiter
l’image par des commentaires subjectifs ou pseudoobjectifs. Un documentaire
à l’image d’un tableau du Caravage justement, clair obscur, toutes les nuances de
marron déclinées entre la lumière et la
pénombre… Un cheval qui est un roi mais
un roi sans divertissement, bichonné,
entouré de mille soins et attentions mais qui
ne peut jamais exprimer sa fougue que le
temps d’un entraînement au petit matin,
fougue toujours contrôlée par le seigneur du
lieu, Bartabas, l’homme-cheval qui démolit
sa roulotte avec la même violence que son
cheval enfermé dans son box frappe le sol,
les tuyauteries de son sabot prisonnier… Un
chef d’œuvre, austère certes, mais un chef
d’œuvre, message d’amour d’Alain Cavalier
à un cheval nommé étrangement Le Caravage… CF
Rubrique réalisée par RS
Les CARNETS du STUDIO n°341 – janvier 2016 –
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JEUNE PUBLIC
La Forteresse
Inde – 2014 – 1h19, de Avinash Arun.
Tout public à partir de 8 ans
VO/VFInde dans les années 1990… Chinmay, onze ans, a quitté la ville et s’adapte mal à
sa nouvelle vie. Il va se lier d’amitié avec un groupe de garçons, une amitié qui les fera grandir...
Une vision juste et universelle de l’enfance.
ATELIER LE MERCREDI
Mercredi 20 nous proposons aux enfants à partir de 8 ans un jeu sur le film, ainsi qu’une
présentation par Manon du Tour du monde du cinéma.
Inscription par mail auprès de Jérémie : [email protected]
Le Voyage d’Arlo
USA – 2015 – 1h34, film d’animation de Peter Sohn. VF
à partir de 5 ans
Et si l’astéroïde qui a mis fin à l’ère des dinosaures avait raté la Terre ? Arlo, jeune apatosaure au grand cœur, va devoir affronter ses peurs avec l’aide d’un étonnant petit garçon
sauvage mais très dégourdi.
Une surprise pour Noël
USA – 2015 – 44 mn, deux courts-métrages d’animation de Chel White. VF
À partir de 3 ans.
Deux contes d’hiver sur lesquels souffle l’esprit de Noël, un joli cadeau pour les tout petits !
Tout en haut du monde
France – 2016 – 1h20, film d’animation de Rémi Chayé. AP
Tout public à partir de 8 ans
1882, Saint-Pétersbourg... Sacha, jeune fille de l’aristocratie russe décide de partir vers le
Grand Nord pour retrouver le navire de son grand-père, explorateur renommé qui n’est
jamais revenu de sa dernière expédition
ATELIER LE MERCREDI
Mercredi 27 après la séance de 14h15, atelier décors proposé aux enfants.
Inscription par mail auprès de Jérémie : [email protected]
Le Kid
USA – 1921 – 53 mn, film muet de Charlie Chaplin.
Tout public à partir de 5 ans.
Beaucoup de tendresse, de rire et d’humanité, dans ce long métrage avec accompagnement
musical.
Accueil des enseignants inscrits à École et cinéma.
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JEUNE PUBLIC
Le Prophète
USA/Canada/Liban/Qatar – 2015 – 1h30, film d’animation de Roger Allers. VF
Tout public à partir de 7 ans.
Une amitié naît entre Mustafa, auteur emprisonné pour ses écrits jugés dangereux et Almitra, petite fille muette mais espiègle. Elle est fascinée par ce poète-philosophe épris de liberté.
Adapté de l’œuvre poétique de l’auteur libanais Khalil Gibran.
Hotel Transylvania 2
USA – 2015 – 1h29, film d’animation de Genndy Tartakovsky. VF
À partir de 7ans
Dracula se fait du souci pour son petit-fils, beaucoup trop adorable ! Il va falloir lui apprendre
à devenir un vrai vampire…’
Monte là-dessus
USA – 1923 – 1h10, film muet de Sam Taylor et Fred Newmayer, avec Harold Lloyd,
Mildred Davis…
Tout public à partir de 6 ans
Harold stagne dans son job de petit vendeur. Il a une idée : faire de la publicité au magasin
en faisant escalader la façade par un ami acrobate. Sauf que…CINÉ-CONCERT
Samedi 23 à 14h15, pour l’anniversaire de Ciné-ma différence, ciné-concert suivi d’un
goûter.
+ logo Ciné-ma différence
Au royaume des singes
USA – 2015 – 1h21, documentaire de Mark Linfield et Alastair Fothergill. VFTout public
à partir de 8 ansDécouvrir le quotidien des macaques à toque qui vivent dans la jungle du
Sri Lanka à travers le destin particulier d’une petite femelle, tel est le propos de ce
splendide documentaire.
La Boîte à malice
Japon – 1993 à 1999 – 38 mn, courts métrages d’animation de Koji Yamamura.
Sans paroles
À partir de 3 ans
En ouvrant cette boîte à malice, on trouve de drôles d’animaux fantasques et poétiques…
Le Garçon et la bête
Japon – 2015 – 1h58, film d’animation de Mamoru Hosoda. SN - VO/VF
Tout public à partir de 10 ans
Kyuta est un jeune garçon solitaire qui habite à Shibuya, le monde des humains. Il
rencontre Kumatetsu, une bête venue d’un monde imaginaire, qui va devenir son guide
spirituel.
Par le réalisateur du superbe Les Enfants loups.
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