entre raison et passion
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entre raison et passion
édito Résolutions du Nouvel An : entre raison et passion E lle est curieuse, à bien y réfléchir, cette tradition qui veut qu’en début d’année, l’on décide de s’infliger une tâche que l’on ne réalisera pas. Car souvenezvous des dernières résolutions prises. Les avez-vous tenues ? Si oui, bravo, vous faites partie des espèces rares à avoir tenu le coup. Sinon, bienvenue au club. Car, c’est bien là la difficulté : tenir. La résolution vise un idéal, synonyme assez souvent de sacrifices, de forces internes qu’il faut savoir brimer. Ici, la passion est à l’œuvre, dans la genèse comme dans l’échec de la résolution. Dans le cas, somme toute classique d’un régime, un désir l’a fait naître (la volonté d’être belle, de plaire, de se sentir mieux dans son corps), un autre vient le contrarier (une furieuse addiction aux viennoiseries, par exemple). "Résiste", comme chantait France Gall, voilà souvent le mot d’ordre de la résolution, mais celui-ci n’est pas adressé au monde, il ne s’adresse qu’à nous-mêmes, à ce qui, dans notre nature, vient faire obstacle à nos pensées vertueuses. Et ces dernières atteignent plus facilement les lèvres que le cœur et il est plus facile de promettre que de tenir. La résolution a toujours, peu ou prou, quelque chose d’héroïque à nos yeux, elle vise l’au-delà de nous-mêmes. Ici réside sans doute sa plus grande faiblesse. Car c’est en visant plus bas, au cœur précisément, que nos projets puisent une motivation véritable. Pour la bonne cause Personne n’échappe à la bonne résolution, pas même nos pouvoirs publics qui depuis 1977 ont créé le label de Grande Cause Nationale. Cet agrément est attribué chaque année (par concours public et par le Premier ministre français) à un organisme à but non lucratif ou un collectif d'associations. Il leur permet, tout au long de l'année, d'organiser des campagnes de générosité publique et de diffuser gratuitement des messages sur les sociétés Décembre 2014 - Revue FNAIR n°140 2 publiques de télévision et de radio. Parmi les Grandes Causes Nationales de ces dernières années, citons la lutte contre les violences faites aux femmes (2010), la lutte contre la solitude (2011), l'autisme (2012), l'illettrisme (2013), l'engagement associatif (2014) et cette année, c’est la lutte contre le dérèglement climatique qui fera – théoriquement - l’objet de toutes les attentions médiatiques. Même si à l’instar de nos résolutions, les retombées ne sont pas toujours à la hauteur des espoirs formulés, ces causes ont l’intérêt d’apporter un éclairage sur des sujets sociétaux d’importance. Elles ont aussi une valeur pédagogique sur les souhaits que l’on formule : espoirs et déceptions vont souvent de pair et progressent proportionnellement. Cette loi quasi mathématique s’applique dans le domaine de la recherche médicale, auquel nous consacrons notre dossier. Des raisons d’espérer Prévention des maladies rénales, recherche de nouvelles sources de greffons, amélioration de la qualité de la greffe, thérapies géniques et médicamenteuses pour certaines maladies, miniaturisation dans le domaine de la dialyse,… Les pistes de recherche qui, demain, permettront d’améliorer la qualité de vie et de traitement des personnes atteintes d’insuffisance rénale chronique sont nombreuses. Attention cependant, nous prévient le Pr Ronco, auquel nous avons demandé de commenter toutes ces avancées, à ne pas donner de faux espoirs. Car mieux vaut tempérer un enthousiasme que briser des rêves. Les avancées et les raisons d’espérer n’en sont pas moins légitimes et c’est aussi l’un des buts de ce dossier de début d’année que de présenter la photographie rassurante d’un monde de la recherche en mouvement. A tous nos lecteurs, que cette année, au-delà de la réalisation de vos "bonnes résolutions", vous permette d’être simplement en accord avec vous-mêmes. Et de porter haut et fort les valeurs que notre association a voulu mettre en exergue dans sa carte de vœux : santé, soutien et solidarité ! Romain Bonfillon Rédacteur en chef