Bienvenue au pays de Mobility - ATE Association Transports et
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Bienvenue au pays de Mobility - ATE Association Transports et
D O S S I E R A U T O PA R TA G E Bienvenue au pays de Mobility 12 ATE MAGAZINE / SEPTEMBRE 2014 DOSSIER Autopartage Texte et photos: Jérôme Faivre «La Suisse, patrie de l’autopartage», «Les Suisses adeptes du carsharing». A en croire les coupures de presse étrangères, notre pays est la référence en la matière. Qu’en est-il vraiment? N ous nous savions friands de chocolat, grands voyageurs et même champions du recyclage. De là à nous considérer comme inconditionnels du partage de voitures, il y a de la marge. Une telle affirmation surprend d’autant plus quand on sait qu’un helvète sur deux est propriétaire d’une automobile. Mais d’où provient cette réputation qui nous colle à la peau ? Inutile de chercher bien loin, elle porte un nom anglicisé et habille nos routes de rouge depuis 1997 : Mobility. Un modèle du genre Car Mobility est à l’autopartage ce que Migros et Coop sont – ou plutôt étaient – à la grande distribution. La coopérative lucernoise porte à elle seule le marché du carsharing en Suisse. Par conséquent, elle en est aussi la figure de proue. Et ce n’est pas Viviana Buchmann, directrice de Mobility, qui prétendra le contraire. Suite à l’obtention en 2013 du Prix de marketing Gfm – qui, soit dit en passant, récompense «une entreprise sachant comme nulle autre combiner succès durable, esprit d’innovation et performances marketing exceptionnelles» – elle déclarait 1 : «Mobility a su grandir depuis un marché de niche. Elle a gagné en notoriété et est reconnue en tant que marque. Qui pense aujourd’hui à la mobilité pense aussi à Mobility.» La preuve par les chiffres. Un adulte suisse sur 60 est client de Mobility. La flotte de véhicules sur le territoire s’élève à 2650, répartis pour la plupart dans les villes et les agglomérations. A Zurich, par exemple, une voiture est disponible tous les 250 mètres. De plus, chaque localité d’au moins 5000 habitants abrite un emplacement Mobility. «En termes de densité, la Suisse est championne du monde!» affirme Viviana Buchmann. Seule en son royaume Grâce à une coopération de longue date avec les CFF et à la stratégie de la mobilité combinée, Mobility a su Lire la suite en page 16 Omniprésente sur nos routes, la flotte de véhicules rouges est l’emblème de l’autopartage en Suisse. ATE MAGAZINE / SEPTEMBRE 2014 13 DOSSIER Autopartage Voiture privée ou Mobility? Mobility annonce que la combinaison de ses services avec les transports publics permet d’économiser en moyenne 4000 francs par an comparativement à l’utilisation d’une voiture privée. Evaluez vous-aussi votre économie avec notre exemple à l’appui. 1. Calculez le coût annuel de votre voiture privée Amortissement du véhicule Divisez le prix d’achat par 10. 20 000 : 10 Dépréciation du véhicule Divisez le prix d’achat par 50. 20 000 : 50 400 Impôts Reportez votre taxe annuelle. Service, antipollution, réparations Selon votre kilométrage annuel, comptez 400 francs par tranche de 5000 km. Pneus d’hiver et été Selon votre kilométrage annuel, divisez le prix d’achat des huit pneus par leur durée de vie (environ 30000 km) en semestres. Parking Multipliez les frais mensuels de parking par 12. 400 1000 Assurance Reportez votre prime annuelle. Essence Multipliez la consommation moyenne par le prix de l’essence (1,78). Divisez par 100. Multipliez par votre kilométrage annuel. 2000 5,6 x 1,78 = 9,97 997 9,97 : 100 = 0,0997 0,0997 x 10 000 2 x 400 720 : 6 100 x 12 800 120 1200 Vignette autoroutière 40 francs 40 Divers (nettoyage, amendes) Estimez le coût annuel. 160 7117 francs TOTAL 1 2. Calculez le coût annuel de vos déplacements en transports publics Prix de l’abonnement Reportez le prix de votre abonnement ou évaluez la somme de tous vos billets. AG pour le trajet domicile–travail Neuchâtel–Berne 3550 Si s’applique, additionnez les abonnements de tous les membres de votre ménage. TOTAL 2 14 3550 francs ATE MAGAZINE / SEPTEMBRE 2014 DOSSIER Autopartage 3. Evaluez le coût annuel de Mobility Utilisation de Mobility Evaluez vos besoins hebdomadaires en Mobility*. Calculez les coûts de chaque trajet (km × tarif kilométrique + heures × tarif horaire). Multipliez le résultat par 52 semaines. Tarifs Mobility 3827 Trajet de 20 km, réservation de 3 heures Trajet de 60 km, réservation de 5 heures (20 x 0,64) + (3 x 2,80) + (60 x 0,64) + (5 x 2,80) = 73,60 73,60 x 52 190 Abonnement annuel Mobility Reportez le prix de l’abo: 190 francs pour les membres de l’ATE au lieu de 290. 4017 francs TOTAL 3 * L’utilisation de Mobility suppose de prendre les transports publics et de se déplacer à pied ou à vélo aussi souvent que possible. La location d’un véhicule Mobility fait sens quand les TP ne peuvent pas se substituer à une voiture, par exemple pour des raisons d’accessibilité ou de temps de trajet. (pour un véhicule Economy 5 places, essence et assurance incluses) Tarif horaire de jour (7h à 23h): 2,80 Tarif horaire de nuit (23h à 7h): 0,80 Tarif kilométrique (de 1 à 100 km): 0,64 Tarif kilométrique (à partir de 101 km): 0,32 Tous les tarifs sur: www.mobility.ch 4. Calculez à nouveau le coût annuel de vos déplacements en transports publics Prix de l’abonnement Reportez le prix de votre abonnement ou évaluez la somme de tous vos billets.** Pas de changement : AG pour le trajet domicile–travail Neuchâtel–Berne 3550 Si s’applique, additionnez les abonnements de tous les membres de votre ménage. 3550 francs TOTAL 4 ** La renonciation à une voiture privée au profit de Mobility engendre-t-elle pour vous des frais de transports publics supplémentaires? 5. Comparez les coûts annuels Avec une voiture privée Additionnez le TOTAL 1 et le TOTAL 2. 7117 + 3550 Avec Mobility Additionnez le TOTAL 3 et le TOTAL 4. 4017 + 3550 DIFFÉRENCE 10667 7567 – 3100 francs Conclusion J’économise annuellement 3100 francs en optant pour Mobility au lieu d’une voiture privée, sans contraintes supplémentaires dans ma vie quotidienne. Et vous? ATE MAGAZINE / SEPTEMBRE 2014 15 DOSSIER Autopartage Une automobile, différents utilisateurs: le système Mobility suppose de prendre les transports publics et de se déplacer à pied et à vélo autant que possible. Suite de l’article en page 13 se hisser au rang de «ceux qui comptent» dans le domaine des transports en Suisse. L’entreprise peut aussi s’appuyer sur une croissance régulière de sa clientèle, avec 28000 nouveaux membres sur les cinq dernières années. Selon sa directrice, Mobility profite de nouvelles tendances de société: «Pour toujours plus de personnes, il importe d’avoir une chaîne de mobilité sans maillon manquant, de pouvoir se rendre facilement d’un point A à un point B en combinant train, bus, vélo et même voiture Mobility. Aujourd’hui, les nombreuses liaisons de transports publics et les horaires cadencés permettent une mobilité combinée et rendent superflue la possession d’une voiture.» Une situation de rêve pour l’autopartage, qui soulève cependant une interrogation : qu’attend la concurrence ? L’emprise de Mobility empêche-t-elle la cohabitation avec d’autres services semblables? Mobility étouffe-t-elle le marché? Un élément de réponse: avant d’atteindre le potentiel théorique qu’on lui prête, à savoir un demi-million de clients, 16 Mobility, avec aujourd’hui quelque 112 000 membres et 52 000 sociétaires, a encore un long chemin devant elle. La voiture «spontanée» Bâle, le 23 juin 2014. Des journalistes de tout le pays et une poignée de badauds sont venus assister au lancement de «Catch a car», premier service de Suisse en « free-float », c’est-à-dire où les voitures sont disséminées aléatoirement dans un espace. Un nouveau coup de Mobility qui, pour l’occasion, s’est entourée de solides partenaires : un assureur et un importateur d’envergure nationale, ainsi que Suisse Energie et les CFF. «Catch a car» est un projet pilote d’une durée de deux ans, encadré par l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich et appelé à s’étendre à de nouvelles villes – à condition que le succès bâlois soit au rendez-vous. Il se distingue du système Mobility par le fait que les voitures répondent à un besoin « spontané » et pour un « aller simple ». Concrètement, Mobility requiert une réservation préalable et contraint de remettre le véhicule à son emplacement initial après utilisation. «Catch a car» met l’accent sur plus de souplesse. Il permet de localiser les voitures en temps réel, par smartphone ou site web, d’en prendre le volant sans réservation et de les abandonner sur des places de parc publiques au centre-ville. Pour cette solution de stationnement, «Catch a car» paie un forfait à la ville. Interrogée sur sa vision à long terme, Viviana Buchmann ne cache pas ses projets: «Notre objectif est de faire de «Catch a car» un élément à part entière de la mobilité urbaine.» Alors que Mobility se destine aux trajets plus ou moins longs, «Catch a car» s’attaque aux petites distances, à l’intérieur des villes et agglomérations. Plutôt que d’entrer en concurrence, les deux systèmes se complètent. Aujourd’hui encore, près de la moitié des citadins suisses utilisent leur propre voiture pour des distances inférieures à cinq kilomètres. Dans cette optique, «Catch a car» répond à une demande, et assène un nouveau coup à la possession d’une voiture privée. Avec les villes pour cible, où la moitié des ménages vivent déjà sans voiture privée, il reste néanmoins à déterminer si le concept n’empiétera pas sur d’autres formes de mobilité, moins nuisibles que l’automobile. En effet, le milieu urbain constitue un espace privilégié pour les transports publics et les déplacements à pied et à vélo. En misant sur des voitures peu polluantes et relativement adaptées à la ville – en l’occurrence les petites cylindrées VW Up – «Catch a car» revêt certes un côté écolo. Mais il serait regrettable que le dernier né des systèmes d’autopartage finisse par subtiliser au bus, au tram et à la mobilité douce une partie de leurs utilisateurs. Produits de niche Dans nos pays voisins, les acteurs de l’autopartage poussent comme des champignons. A leur tête, des entreprises de transports publics, mais aussi des constructeurs automobiles. En Allemagne, par exemple, les trois «magnats» du carsharing se nomment Flinkster, Drivenow et Car2go. Le premier cité est détenu par les chemins de fer allemands. Les deux autres systèmes sont des initiatives de l’industrie automobile, respectivement BMW et Daimler. L’intérêt marqué des constructeurs pour ATE MAGAZINE / SEPTEMBRE 2014 DOSSIER Autopartage Matthias Ackeret, « Mobility auf der Überholspur », persönlich, 11 novembre 2013 1 ATE MAGAZINE / SEPTEMBRE 2014 Ma voiture, notre voiture En parallèle à Mobility, l’autopartage entre particuliers se développe en Suisse. Les voitures se louent par internet ou dans une communauté. Mais quelles sont les chances de succès? A la question « Les Suisses sont-ils prêts à partager leur voiture ? », la réponse est: plus ou moins. C’est ce qui ressort de l’étude «Sharity », réalisée en 2012 par l’institut GDI. Ainsi, nous serions plus disposés à prêter nos livres, nos outils ou un logement de vacances que notre « bolide». Néanmoins, une automobile se partagerait plus volontiers qu’un ordinateur et, fort heureusement, qu’une brosse à dents ou des sous-vêtements (cf. graphique). Ces résultats viennent nuancer les propos de ceux qui annoncent l’avènement d’un nouveau modèle économique, celui de la consommation collaborative. La nouvelle devise « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se partage » ne semble pas être tout-à-fait entrée dans les mœurs. Une heure par jour Co-auteure de l’étude, l’économiste Karin Frick explique 2 : «En Suisse, beaucoup de gens participent à ces systèmes de partage parce qu’ils désirent faire des rencontres et pour une question de style de vie.» La pression économique n’est pas assez élevée pour que de nouvelles tendances naissent. «Cela se passe plutôt parce que c’est bon pour l’environnement ou parce qu’on préfère faire des choses ensemble plutôt que seuls. On a plaisir à participer à l’autopartage, même si on a les moyens de s’offrir sa propre voiture.» Ces derniers mois, plusieurs plateformes d’autopartage entre particuliers ont vu le jour. Avec un argument fort : en moyenne, une voiture est inutilisée 23 heures sur 24. En d’autres termes, l’automobile ne remplit sa fonction de moyen de transport qu’une heure par jour. Le reste du temps, elle représente un encombrement qui occupe de l’espace et enlaidit nos quartiers résidentiels. Dans cette perspective, partager une voiture signifie rationnaliser son utilité et, à grande échelle, désencombrer l’espace public. → Ce que nous (ne) partageons (pas)... 2,9 3,9 1,4 2,7 4,2 3,1 1,4 2,6 Sans problème 5 C’est ok 4 S’il le faut bien 3 A contrecœur 2 1 1= je ne partage avec personne, 5 = je partage avec tous © Source: GDI / Link Institut 2012. cette nouvelle forme de mobilité n’a rien de surprenant. Car, en fin de compte, si l’autopartage doit conduire à une baisse des ventes de véhicules – ce qui est à prévoir – le milieu automobile sera le premier à en subir les conséquences. En Suisse, rien de tel pour l’instant. Les constructeurs ne semblent pas prêts à venir défier Mobility sur ses terres. Pour retrouver un deuxième service de carsharing, c’est d’une loupe dont il faut se munir. Plus précisément, il faut se rendre à Delémont, auprès de Pascal Bourquard Jr., fondateur d’Electriceasy. Pour lui, l’avenir de l’autopartage réside dans l’électromobilité : «Notre flotte de voitures est entièrement électrique. L’autonomie de ces véhicules zéro émission est largement suffisante pour les déplacements entre deux communes ou à l’intérieur d’une agglomération » explique-t-il. « Notre système d’autopartage est technologiquement très avancé, tant du point de vue de la chaîne énergétique que des systèmes d’information. Il est possible de s’inscrire et d’utiliser un véhicule en cinq minutes, soit sur la borne de réservation, soit par internet, avec la certitude d’avoir toujours une voiture à pleine charge en début de location. » Après avoir séduit les villes du Jura et du Jura bernois, Electriceasy est disponible, depuis 2013, sur les campus de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne et de l’Ecole hôtelière Lausanne. Ces institutions se sont en effet laissées convaincre par le système. Philippe Vollichard, responsable et coordinateur du développement durable à l’EPFL, témoigne: « Notre école, très engagée dans les questions de durabilité, multiplie les actions de promotion des mobilités alternatives envers ses étudiants et ses collaborateurs. L’implantation de six stations de deux voitures électriques sur le campus répondait à cette stratégie, avec un système innovant mais robuste, qui fonctionne à satisfaction depuis plus d’un an. Nous avons, par exemple, décidé d’implanter cet automne une nouvelle station de deux voitures électriques sur notre campus Microcity à Neuchâtel.» Prochaine étape pour Electriceasy: d’autres régions de Suisse romande et Bâle. 17 DOSSIER Autopartage Qui partage sa voiture? Le réseau 2em est un des pionniers en Suisse de l’autopartage entre particuliers. La communauté met en contact les propriétaires de voitures et les locataires. Pour son fondateur, Youness Felouati, le service s’adresse aujourd’hui à un public sensible aux projets collaboratifs et adepte de solutions de consommation alternative : « Il s’agit de personnes mobiles et sensibilisées à la problématique du développement durable. » 2em annonce 10 % d’utilisateurs prestataires et 90 % de demandeurs. Aujourd’hui, un obstacle au développement de l’autopartage privé est la question de l’assurance. Le détenteur et non le conducteur d’un véhicule doit en assumer l’entière responsabilité. Youness Felouati, qui recherche activement une solution à ce problème, se veut optimiste: «Avec la multiplication des initiatives de l’économie collaborative, il est certain que le législateur finira par prendre des mesures afin de mieux encadrer les solutions existantes.» Trop de pouvoir d’achat En 2012, la société Mobilidée lançait la plateforme Cartribe. Contrairement à 2em, Cartribe ne met pas en relation offre et demande, mais facilite la planification et le partage d’un véhicule, par exemple au sein d’une famille ou d’un cercle d’amis. Ainsi, cet outil gratuit rend simple ce qui peut devenir un casse-tête : la gestion des plages de disponibilité, la réservation de la voiture, le lieu de parking ou encore la disponibilité des clés. Aujourd’hui, Cartribe compte un peu plus de 1000 utilisateurs réguliers. Pour le directeur de Mobilidée, Giorgio Giovannini, le pouvoir d’achat constitue un frein au développement de l’autopartage, « car il permet à une grande majorité de personnes de s’équiper en véhicules individuels motorisés. » A ses yeux, un travail de communication est nécessaire, afin de montrer les gains potentiels de l’autopartage pour un ménage : « Il faut insister sur le fait que la somme économisée pourrait servir à d’autres besoins, comme la formation, le logement ou la culture. » L’entrée d’un «grand» La sensibilisation à l’autopartage pourrait connaître cet élan nécessaire avec la plateforme Sharoo, lancée début mai. Derrière le slogan « Ma voiture est ta voiture », on Qui a les clefs de la voiture? Où est-elle garée? Depuis quelle heure est-elle disponible ? Grâce à de nouveaux outils, l’autopartage «prise de tête» semble appartenir au passé. retrouve un réseau de partenaires emmené par la Migros et sa filiale pour la mobilité électrique M-way, un assureur ainsi que Mobility. A l’image de 2em, Sharoo relie les propriétaires de véhicules avec les personnes qui aimeraient en louer. L’originalité du système est que le partage se fait sans remise des clés. Un « kit d’accès », qui repose sur une application pour smartphones, permet à lui seul de réserver la voiture, de la localiser et même d’ouvrir ses portes. De plus, Sharoo a réussi à résoudre le problème de l’assurance en proposant, avec son partenaire assureur, une protection tous risques. Pour un développement étape par étape, Eva Lüthi, directrice de Sharoo, indique travailler par régions : « Depuis mai, nous avons reçu quelque 3000 inscriptions. Nous avons débuté avec les villes de Zurich, Berne et Lucerne, suivies de Bâle, Winterthour et Saint-Gall en juillet. Actuellement, nous faisons notre entrée autour de Coire, Olten-Aarau-Baden ainsi que de Bienne-Soleure-Langenthal. Dans ces régions, nous recrutons des propriétaires de voitures ‹ pionniers›, qui reçoivent le kit d’accès Sharoo gratuitement (au lieu de 399 francs). » Pour Eva Lüthi, l’autopartage en Suisse a beaucoup de potentiel, même si on reste encore prudent quand il s’agit de prêter son automobile : « Nous sommes convaincus que notre service n’entre pas en concurrence avec Mobility. Il y a de la place pour les deux modèles. Afin que les Suisses puissent proposer leur voiture en toute sécurité sur la plate-forme, nous avons investi beaucoup de temps dans le but de réduire les barrières à l’entrée et de maximiser la confiance. Au final, c’est toujours le propriétaire de la voiture qui garde le contrôle. Il décide quand, comment et avec qui il souhaite partager son véhicule.» Liens utiles www.2em.ch www.cartribe.ch www.sharoo.com 2 Veronica DeVore, «Chambre, voiture, parking: tout se partage sur le web», swissinfo.ch, 12 février 2014. 18 ATE MAGAZINE / SEPTEMBRE 2014 DOSSIER Autopartage Perspectives réjouissantes : Ruedi Ursenbacher de l’association d’autopartage entre particuliers « Regenbogen» (arc-en-ciel). La voiture du quartier Depuis plus de 20 ans, à Mühlethurnen dans le canton de Berne, une vingtaine d’habitants se partagent une seule et même voiture. Une initiative économique qui a valeur d’exemple. Texte et photo: Stefanie Stäuble E n 1993, cinq habitants de Mühlethurnen se sont décidés à partager une seule et même voiture. A cette époque, Mobility en était à ses balbutiements et ne proposait pas ses prestations dans ce village à mi-distance entre Thoune et Berne. Aujourd’hui la situation est différente, puisque la place de la gare abrite désormais un emplacement Mobility. Dès lors, pourquoi la coopérative d’habitation «Regenbogen » (arc-en-ciel) maintientelle son système privé d’autopartage? « C’est bien plus commode quand la voiture est stationnée devant la porte», explique Ruedi Ursenbacher, co-instigateur de l’autopartage. Mais pour lui, la principale motivation de l’autopartage entre particuliers était et reste l’approche communautaire. «La vie anonyme ne m’intéresse pas. Je préfère au contraire ATE MAGAZINE / SEPTEMBRE 2014 vivre dans une communauté où on partage les biens et les aventures. Il n’est pas nécessaire qu’une voiture m’appartienne à moi tout seul. » Dans la coopérative d’habitation, l’autopartage fonctionne impeccablement. Comme le lotissement se trouve tout près de la gare, le véhicule n’est pas sollicité à outrance et personne n’exagère. Ceci est dû, notamment, à la forme de l’association. « Nous avons fixé des règles claires dans les statuts. Ainsi, chaque mois, un tirage au sort désigne la personne chargée des nettoyages et un membre du comité a la responsabilité de conduire la voiture au garage pour les services, etc.» Une solution économique Ruedi Ursenbacher, en sa qualité de professionnel des assurances – il est souvent l’invité de l’émission Kassensturz (« A bon entendeur » de la TV alémanique) et conseille l’ATE dans le domaine – n’a eu aucune peine à choisir la bonne couverture d’assurance. « Bien évidemment nous avons besoin d’une casco complète. De même, nous avons opté pour une protection bonus supplémentaire. Cependant, les sinistres sont rares et il s’agit généralement de petits dégâts de parcage. Mais comme les finances de l’association sont bonnes, nous pouvons même les payer avec notre propre caisse.» Qu’en est-il des coûts, comparés à ceux d’une voiture particulière et de Mobility ? « Ils sont avantageux », constate Ruedi Ursenbacher. « Nous payons 60 cts/km, essence comprise. En cas de solde positif en fin d’année, nous le restituons à nos membres. L’année dernière, le tarif était, en fin de compte, de 50 cts/km. » Ce remarquable rapport prix/prestation est, notamment, dû au fait qu’il n’y a ni frais administratifs ni frais de nettoyage. « Nous en sommes à notre troisième voiture d’occasion et nous comptons sur une durée d’utilisation moyenne de sept à huit ans.» Compte tenu de ce bilan positif, on peut regretter qu’il n’y ait pas davantage d’autopartage entre particuliers. « Je ne connais pas d’autres associations comparables à la nôtre » s’étonne Ruedi Ursenbacher. « Pour les consommateurs, Mobility est la solution idéale. Mais aujourd’hui cette entreprise d’autopartage est en situation de monopole. Elle a absorbé bon nombre de petites entreprises de la branche qui, malgré de bonnes idées, ne sont pas parvenues à se maintenir sur le marché suisse. » Fondez votre autopartage privé « Un système d’autopartage entre particuliers n’est ni compliqué, ni source de conflits », affirme Ruedi Ursenbacher après 21 ans d’expérience. « Il faut simplement des règles claires et un effectif de membres suffisant. Et, au départ, il s’agit de définir les besoins effectifs. » Envisagez-vous de créer un système d’autopartage entre particuliers ? Sur son site www.autopartage.ch, l’ATE vous propose un contrat type, ainsi que des modèles de calcul des coûts d’exploitation et des conseils en matière d’assurances. 19 DOSSIER Autopartage En route pour le covoiturage 2.0 Autre forme de mobilité collaborative, le covoiturage reste marginal en Suisse. Mais il pourrait prendre un virage à 180 degrés grâce à de nouveaux outils, reposant sur les technologies mobiles. tooxme.com Cette application pour smartphones relie en temps réel passagers et conducteurs dans le but de partager un trajet. Tooxme se distingue du covoiturage par le fait qu’il répond à un besoin immédiat, non-planifié et sur de courtes distances (7 km en moyenne). Les frais de trajet à la charge du passager s’élèvent à 1 franc par km. Entre 50 et 70% de cette somme sont octroyés au conducteur, le solde est prélevé par Tooxme. Olivier Perrotey, directeur: «Notre service redéfinit la manière de nous déplacer en utilisant la capacité excédentaire que représentent les sièges à vide dans chaque voiture. Tooxme vise à optimiser l’utilisation du parc automobile pour des gains écologiques et économiques ainsi que pour une réduction du trafic. » Tooxme compte 21 000 utilisateurs en Suisse romande, principalement à Lausanne et Genève. Objectif à terme : l’ensemble de la Suisse. e-covoiturage.ch La plate-forme gratuite de covoiturage venue de Suisse romande se destine aux personnes recherchant ou proposant des trajets réguliers, tels que les pendulaires. Elle est aussi très prisée lors de manifestations, comme les festivals, grâce à son système de remplissage automatisé des voitures. Président de l’association, Jean-François Wahlen annonce 19 000 membres en Suisse, dont plus de 3000 utilisateurs réguliers. A ses yeux, en matière de covoiturage, « la Suisse compte dix ans de retard par rapport à un pays Alors que l’autopartage consiste à se prêter une voiture, le covoiturage est l’utilisation simultanée d’un véhicule par plusieurs personnes qui effectuent ensemble le même trajet. comme la France, parce que les pouvoirs publics ne s’impliquent pas suffisamment à en faire la promotion. » carpooling.com Basé à Munich, voici le premier portail de covoiturage en Europe, avec six millions de membres annoncés et 900 000 trajets quotidiens. En Suisse, il est principalement utilisé outre-Sarine. Simon Baumann, responsable presse, estime que le covoiturage dans notre pays devrait connaître une forte croissance : « La plupart des Suisses ont un smartphone et je suis sûr qu’ils sont aussi prêts à ouvrir les portes de leur voiture et à partager un bout de trajet. » A l’image des autres plateformes, carpooling.com s’investit dans le développement d’applications mobiles: « C’est simplement très pratique de pouvoir offrir ou réserver un trajet quand on est en déplacement. » © Jérôme Faivre karzoo.ch 20 Karzoo est une plateforme de covoiturage gratuite, développée au Luxembourg et visant toute l’Europe, dont la Suisse. Elle s’adresse aux particuliers pour leurs déplacements domicile-travail et de loisirs, et aux entreprises souhaitant intégrer le covoiturage à leur plan de mobilité. Baptiste Hugon, directeur associé, est persuadé que la Suisse est propice au covoiturage : « A l’instar du Luxembourg, c’est un pays attirant de nombreux travailleurs frontaliers. D’où l’existence de problématiques de mobilité similaires, comme l’engorgement des axes routiers. Il est donc important d’offrir une solution de covoiturage aux automobilistes, afin qu’ils profitent d’un mode de transport plus économique, convivial et écologique. » Karzoo annonce 50 000 utilisateurs en Europe. ATE MAGAZINE / SEPTEMBRE 2014