Hommage à Oliver Stone

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Hommage à Oliver Stone
Hommage à Oliver Stone
Oliver Stone naît à New York en 1946. Après des études à l'université de Yale, il se rend à Saïgon pour
enseigner puis fait le tour du monde sur un navire marchand. À vingt-et-un ans, il s'engage dans l'armée et part
pour le Viêt-nam. Blessé à deux reprises, Oliver Stone gagne aux combats deux décorations prestigieuses. De
retour aux États-Unis, il reprend des études de cinéma à l'université de New York. C'est en 1974 qu'il fait ses
débuts d'auteur-réalisateur avec un film d'horreur, Seizure. Quatre ans plus tard, son scénario de Midnight
Express pour Alan Parker lui vaut l'Oscar. C'est à ses talents de scénariste que l'on doit également Scarface de
Brian de Palma en 1983 et L'Année du dragon de Michael Cimino deux ans plus tard. En 1984, il tourne Salvador,
brûlante analyse de l'interventionnisme américain saluée par la critique. Ce succès lui permet de monter Platoon
en 1986 d'après ses propres souvenirs. Le film remporte entre autres les Oscars du meilleur film et du meilleur
réalisateur. Chacune des œuvres de Oliver Stone est ensuite saluée comme un événement et suscite la
controverse, qu'il réclame avec JFK en 1991 l'ouverture des archives secrètes du gouvernement ou bien qu'il
choque avec la violence radicale de Tueurs-nés en 1994, ou tout récemment en rencontrant deux personnalités
historiques à l'aura sulfureuse, Fidel Castro dans Comandante et Yasser Arafat dans Persona non grata.
Oliver Stone, les fantômes de l'Amérique
De tous les cinéastes issus de la " Film School Generation " (Scorsese, Coppola, De Palma, Lucas, Spielberg),
Oliver Stone est sans doute le plus anachronique et le plus déconcertant. Au milieu des années 1980, alors que
les carrières de chacun évoluent à l'ombre ou à la lumière de la restauration esthétique et idéologique mise en
marche par Reagan, Stone entame une longue et vertigineuse plongée dans les entrailles de l'Amérique.
Prolongeant le grand courant hollywoodien de gauche des années 1970, sa filmographie trouve dans la mauvaise
conscience américaine un matériau brut (Guerre Froide, Viêtnam, hégémonie des États-Unis, manipulations
médiatico-politiques) dont aucune forme, de la sécheresse convulsive de Salvador au bouillonnement
incandescent de Tueurs-nés ou de L'Enfer du dimanche, ne saurait venir à bout. Très peu moralisateur, le cinéma
engagé de Stone pose sur le monde un regard ouvert, convulsif, en mutation perpétuelle, soumis uniquement à
l'urgence et à l'immédiateté des sujets qu'il aborde. On peut voir dans le formidable documentaire Persona non
grata, portrait en creux d'Arafat réalisé aux alentours de sa retraite de Ramallah en mars 2002, une forme
d'aboutissement naturel dans l'œuvre du cinéaste. Le refus de toute clarté, cette façon de " boire " jusqu'à
l'ivresse tout ce qui s'offre à la caméra (multiplicité des points de vue, immersion dans un maelström de reflets et
de témoignages contradictoires) y cherchent moins une quelconque " objectivité " que l'essence du cinéma
profondément militant de l'auteur : aux sources du chaos, dans un grand vertige d'images et de sensations.
Vincent Malausa, Les Cahiers du Cinéma
Platoon, 1986
Persona non grata, 2003
Comandante, 2003 (avant-première)