CR entrevue du 10 janvier avec V. Duclert ( PDF - 143.7 ko)

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CR entrevue du 10 janvier avec V. Duclert ( PDF - 143.7 ko)
Compte rendu de la réunion avec Vincent Duclert, Inspecteur général d’Histoire,
Président du Jury du CAPES Histoire-Géographie
La réunion s’est tenue à Paris le 10 janvier 2015 en présence de monsieur Vincent
Duclert, IG, Président du Jury du CAPES Histoire-Géographie, de monsieur Lucien Bély,
Président de l’AHMUF, de monsieur Jean-Claude Caron, Président de l’AHCESR, de
madame Véronique Gazeau, Présidente de la SHMESP et de monsieur Antonio Gonzales,
Président de la SOPHAU.
Le Président du Jury du CAPES a préféré dissocier la rencontre avec les associations du
Supérieur de celle avec l’APHG.
Pour le Président du Jury du CAPES, l’épreuve 2 du CAPES a très bien marché. Il y a
une professionnalisation du concours avec une épreuve 1 scientifique et une épreuve 2 qui est
une mise en œuvre. L’Histoire-Géographie et la Philosophie sont perçues comme les seuls
concours qui préservent un programme. Or, une menace plane toujours sur le maintien de
programmes pour les questions d’histoire du Capes, programmes fondés sur une périodisation,
à laquelle semble répondre une menace sur la place des disciplines dans l’enseignement
secondaire. D’aucuns verraient bien une abolition des disciplines au profit des savoir-faire.
Les programmes du secondaire, notamment ceux de Terminale L et ES, conçus sous la
présidence de Laurent Wirth, sont très bien adaptés. Les programmes de l’enseignement
civique de collège, lycée et lycée professionnel, largement élaborés par Alain Bergounioux,
sont déjà sortis et seront mis en œuvre à la prochaine rentrée. Mais, précisément, l’attribution
des heures d’enseignement « moral et civique » aux professeurs d’Histoire-Géographie est
contestée par les acteurs de la Vie scolaire, les professeurs de Français ou d’Arts plastiques,
les documentalistes… Laurence Lefebvre, une philosophe qui a participé à la mise en place de
l’enseignement artistique au lycée, demeure très influente sur les connexions entre Arts et
éducation morale et civique. Doit-on envisager une forme d’interdisciplinarité ? De plus, se
pose la question de l’évaluation de cet enseignement. Certains voudraient une évaluation soit
au brevet des collèges, soit au baccalauréat, soit aux deux. La « bataille » sur l’enseignement
moral et civique renvoie en fait à une bataille sur les horaires dévolus à l’Histoire-Géographie
qui conditionnent par réaction le nombre de postes mis au concours. Pour certains
représentants d’une conception très pédagogique de l’enseignement, la tentation est forte de
faire de l’histoire une discipline secondaire, et de concentrer les moyens sur le français, les
mathématiques et l’anglais. De ce point de vue, il ne faut pas se laisser abuser par les chiffres
de postes mis au concours du CAPES. Si, pour la campagne 2015, il y a 50 postes en plus, il
ne faut pas oublier que 2014 avait cumulé deux sessions du concours. De fait, le nombre de
poste au CAPES diminue et est en deçà des nécessités.
Les Inspecteurs généraux pourraient ne pas être associés à la réfection des programmes
conduite par le Conseil supérieur des programmes qui est présidé aujourd’hui par monsieur
Michel Lussault, actuel directeur de l'Institut français de l'éducation et professeur des
universités à l'École Normale Supérieure de Lyon. Il est envisagé de rencontrer ce dernier,
afin d’évoquer avec lui la part réciproque des compétences et des connaissances dans le projet
de socle commun élaboré par le CSP. Un retour vers la bivalence ou la trivalence (HistoireGéographie-Français) est avancé par certains groupes de réflexion. N’assiste-t-on pas à une
forme d’attaque sur le rôle des enseignements disciplinaires par les Sciences de l’Éducation ?
Et donc sur les volumes horaires de l’enseignement d’Histoire-Géographie ?
Le Président du CAPES ne souhaite pas revenir sur le fait qu’il n’y ait plus désormais
que trois questions en Histoire, du moins jusqu’en 2017, année de la fin de sa mission. Il
confirme que la coordination des programmes de l’Agrégation d’Histoire, de l’Agrégation de
Géographie et du CAPES d’Histoire-Géographie est acquise pour l’instant. Pour Vincent
Duclert, le problème des quatre périodes est secondaire. Nos collègues géographes sont par
ailleurs hostiles à un retour aux quatre périodes, car ce serait, pour eux, renoncer à la
bivalence, sauf à introduire une quatrième question également en géographie. Toutefois, on
pourrait envisager un retour aux quatre périodes avec un périmètre restreint des sujets.
L’enchâssement avec les questions d’agrégation reste un vrai problème sur lequel les deux
jurys devront se pencher. Pourquoi pas des questions d’Agrégation sur trois ans ? Enfin, V.
Duclert entend continuer dans la voie de la professionnalisation du concours du Capes et
mettre en œuvre le passage au numérique du concours : ainsi de l’utilisation de la technologie
numérique lors des oraux.
Au nom des quatre associations présentes,
Lucien Bély, Jean-Claude Caron, Véronique Gazeau, Antonio Gonzales
----------Ci-dessous, le compte rendu rédigé par Vincent Duclert.
« [Les points soulevés par les présidents des associations : Le rétablissement de quatre
questions de programme en histoire, la place de la recherche dans les masters Meef, les futurs
programmes du secondaire]
En tant que président du jury du capes externe d’histoire-géographie, nommé par Mme la
Ministre, j’ai un ensemble de responsabilités, la première étant d’assurer le bon
fonctionnement du concours, la régularité des procédures, l’égalité de traitement entre les
candidats, le recrutement et la nomination des membres du directoire (vice-président (e) s et
secrétaires généraux) et des membres du jury (en coordination avec le directoire), la bonne
marche matérielle des sessions d’écrits (admissibilité) et d’oraux (admission), la définition
des 6 questions de programme (3 en histoire, 3 en géographie) en relation avec les agrégations
(externes : Histoire, Géographie, et interne : Histoire et Géographie) puisque le lien est
désormais rétabli entre les quatre concours, ce que j’ai souhaité dès mon arrivée à la
présidence du capes en accord avec la Direction générale des ressources humaines (DGRH)
qui est en charge des concours de recrutement des enseignants.
Comme président du jury, je dois également mettre en œuvre le passage au numérique du
concours tel qu’il est demandé par la DGRH, et qui s’étalera sur les trois années restantes de
mon mandat (qui court sur quatre ans, et qui est renouvelable chaque année par un arrêté de
nomination de Mme la ministre).
J’ai en second lieu une responsabilité spéciale, hautement exigeante, celle de mettre en œuvre
la réforme des concours de recrutement dans le cadre de la refondation de l’école, à savoir la
transformation des épreuves permettant la professionnalisation des futurs professeurs en cours
de formation (puisqu’ils passent maintenant le concours avec un master 1 Meef). Avec le
directoire et des membres représentatifs du jury, et dans une information communiquée aussi
bien à la DGRH (qui publie les lettres de cadrage), qu’au groupe Histoire-Géographie de
l’Inspection générale et au doyen du corps de l’IGEN, j’ai défini, dans le respect de l’arrêté du
19 avril 2013, avec la latitude d’interprétation qu’il offre à cet égard et selon l’esprit de la
réforme de refondation de l’Ecole, la méthodologie précise des nouvelles épreuves. Ces
nouvelles épreuves visent à créer la professionnalisation des futurs professeurs sur la base
d’un réinvestissement pédagogique, d’une intelligence pédagogique au service de la
transmission, aux élèves et aux classes, des savoirs, des compétences et des cultures.
Ainsi définies et scrupuleusement exposées durant l’année 2013-2014 aux candidats et aux
préparateurs (via les lettres de cadrage et les sujets zéro), ces épreuves ont été couronnées de
succès puisque la première session du capes rénovée s’est achevée sur de hautes moyennes, à
tel point que le jury, en réunion plénière et par un vote souverain, a décidé de proposer à la
DGRH une liste complémentaire qui a été d’emblée acceptée. Le capes Histoire-Géographie a
été l’un des concours phares sur lesquels le ministre Benoît Hamon s’est appuyé pour
souligner la réussite du premier recrutement des professeurs de l’âge de la refondation.
Afin de donner les meilleures conditions de travail aux futurs candidats et à leurs
préparateurs, nous avons, avec le directoire et l’équipe des rapporteurs, rédigé un rapport
exhaustif du concours, véritable rapport cadre terminé dès la fin du mois d’août 2014 et
diffusé par les soins de la DGRH début septembre. Ce document contient tout ce dont les
candidats ont besoin pour se préparer efficacement et précisément aux épreuves.
Il s’agit en cela de stabiliser pour les années suivantes le concours et les épreuves dans la
forme et les pratiques qui ont donné satisfaction. Ce travail d’information et de stabilisation
est essentiel pour faire renaître les vocations, convaincre de l’importance de nos disciplines
dans l’enseignement secondaire et ainsi amener davantage d’étudiants vers les formations de
licence en histoire et géographie puis en master Meef. Nous nous donnons trois ans pour créer
cette forte culture du concours du capes histoire-géographie, et pour assurer la mutation
numérique et informatique – laquelle sera présentée dans le rapport du concours 2015 et pour
entrer en vigueur, raisonnablement, en 2017. A cela s’ajoute la nécessité d’obtenir du
Ministère l’égalité du temps de préparation entre l’épreuve 1 et l’épreuve 2 d’oral (cette
dernière est préparée seulement en deux heures contre quatre pour la première épreuve) : c’est
en bonne voie grâce à l’action de la DGRH.
A l’issue de mon mandat, il vous sera possible de solliciter mon successeur pour d’éventuelles
nouvelles évolutions. Pour ma part, il m’importe de lui transmettre un concours stabilisé,
reconnu par tous, et donnant satisfaction au ministère de l’Education nationale qui en est
responsable.
Concernant les actuelles questions de programme, j’attire votre attention sur le fait que la
question de contemporaine, « Citoyenneté, république, démocratie en France », commence en
1789 (pour s’achever en 1899). Cela signifie qu’elle débute en histoire moderne. J’ai eu de
nombreux retours d’universitaires satisfaits de pouvoir enseigner la Révolution française. La
compréhension des évolutions civiques, des enjeux démocratiques et de l’histoire de la
République au XIXe siècle ne peut se concevoir sans la connaissance des expériences
révolutionnaires sur un plan idéologique, social, juridique, avec la dimension des mémoires
révolutionnaires à l’œuvre, etc.
J’attire votre attention sur la manière dont l’apprentissage des questions de programmes par
des milliers d’étudiants vont leur donner des bases solides pour rendre intelligibles les
événements récents en France et, pour ceux qui réussiront le concours, à transmettre cette
intelligibilité à leurs élèves. Je pense particulièrement à la question de contemporaine déjà
mentionnée et à la question de médiévale, « Gouverner en Islam entre le Xe siècle et le XVe
siècle ». La spécialisation (relative) à laquelle les candidats sont invités permet précisément
d’atteindre ce stade d’intelligibilité et d’acquérir de l’autorité pédagogique.
Concernant la rotation des questions, il est possible d’indiquer à ce stade que le directoire
s’oriente, avec les autres directoires des concours, vers une stabilisation des questions pour
l’an prochain (session 2016) impliquant donc une faible rotation de celles-ci. Ce choix
participe de notre volonté de permettre aux candidats de préparer le concours dans les
meilleures conditions possibles et d’inscrire le capes rénové dans la durée.
Je pense avoir répondu au point relatif aux questions de programmes. Concernant les autres
points que vous m’avez soumis, la place de la recherche dans les masters Meef et les futurs
programmes du secondaire, je vous invite à rencontrer les personnes responsables de ces
dossiers, ce dont je ne suis pas.
Vincent Duclert
Président du jury du capes externe d’histoire-géographie »