Présidents et anciens présidents d`université Chroniques du blog

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Présidents et anciens présidents d`université Chroniques du blog
Présidents et anciens présidents d’université
Chroniques du blog Histoires d’universités. Année 2009
10 janvier 2009
Paris 8. Ses présidents
Galerie de portraits par ordre alphabétique, photographiés à la Présidence de l’université. Deux
femmes et huit hommes, présidents au cours des 40 années : 20% de femmes, une proportion deux
fois supérieure à celle observée en moyenne dans les universités… Aurait pu encore faire mieux !
Michel Beaud, économiste
Pascal Binczak (né en 1969), agrégé en droit public, président depuis 2006. Il s’agit d’un véritable
changement de génération : Pascal Binczak n’était pas né en 1968 !
Photo sur le site d’Educpros
Jacques Droz (1909-1998), historien, administrateur de l’université en 1968
Jean Cabot a pris la succession de Jacques Droz, géographe. Il est aujourd’hui décédé.
Francine Demichel (née en 1938), juriste en droit public, présidente de 1987 à 1991
Renaud Fabre (né en 1949), économiste, président de 1996 à 2001
Claude Frioux (né en 1933), soviétologue, président de 1971 à 1976 et de 1981 à 1986
Pierre Lunel (né en 1949), agrégé de droit romain, président de 2001 à 2006
Pierre Merlin (né en 1937), géographe et démographe, président en 1976
Irène Sokologorsky, professeur de russe, présidente de 1991 à 1996
02 mars 2009
Présidents de Reims Champagne-Ardenne.
Les présidents de l’Université depuis 1997. Jacques Meyer, mathématicien, président de 1997 à
2002. Gérard Mary, physicien, président de 2002 à 2007. Richard Vistelle, pharmacien, président
depuis 2007. Cliquer ici pour accéder aux photos des 3 présidents.
Présidents de 1971 à 1997 : Michel Devèze (historien), Jean La Men (pharmacien), Lucien Bernard
(physicien), André Laberrigue (physicien), Jean Raymond (angliciste), Claude Séverin (odontologue).
25 mars 2009
Présidente Madeuf
Brève. Lettre du 23 mars 2009 adressée au Premier ministre par Bernadette Madeuf, présidente de
Paris X Nanterre : cliquer ici. Inquiète des risques de radicalisation et pour les examens du second
semestre, la présidente demande au Premier ministre de suspendre les projets de décret et d’ouvrir un
vrai dialogue social. Elle dit “souhaiter une Université mobilisant toutes ses forces pour explorer avec
audace des chemins nouveaux”. Dommage que la présidente n’avance guère de propositions concrètes
: que penserait-elle de la création de Lycées d’Enseignement Supérieur LES ?
Photo et CV de Bernadette Madeuf sur l’excellent site Educpros : cliquer ici. Chroniques du blog sur
Paris X Nanterre : album photos, offre de formation, colloque sur l’évaluation dans l’enseignement
supérieur.
06 mai 2009
Président Brillard
Alain Brillard, mathématicien, est président de l’université de Haute Alsace, Mulhouse et Colmar
(UHA) depuis 2007 (CV du président sur le site d’Educpros) ; il a été reconfirmé comme président par
le conseil d’administration élu dans le cadre de la loi LRU. Comme la plupart des présidents
d’université, il a exercé des responsabilités dans l’UHA avant d’accéder à la présidence. 29 avril 2009
: ce sont les vacances ; le président est pourtant présent ; les présidents ne comptent pas leurs heures
de travail. Site de l’université.
L’université de Haute Alsace est créée en 1975 (Histoire de l’université), mais elle peut revendiquer
un passé bien plus lointain : “l’enseignement supérieur est apparu à Mulhouse en 1822 avec la création
d’un cours de chimie, prémices de l’ENSCMu, Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Mulhouse”
(Site de l’école). L’IUT de Mulhouse est créé dès 1968 (Site de l’IUT). L’UHA s’est donnée
clairement la mission d’être une université du territoire, au service de son développement économique
et social, par la formation et par la recherche. Les formations professionnelles sont très nombreuses
(Offre de formation).
Quels sont aujourd’hui les défis auxquels doit faire face un président d’une université de 7.618
étudiants en 2007-2008 (Note d’information de la DEPP), effectif en progression d’1,5% par rapport à
l’année précédente alors que les effectifs ont baissé de 2,6% dans l’ensemble des universités françaises
? Défis d’autant plus cruciaux que les autres universités de la région Alsace, les 3 universités de
Strasbourg, ont fusionné au 1er janvier 2009 pour former une université de plus de 40.000 étudiants
(Site de l’université de Strasbourg).
Deux questions au Président. 1. Premier bilan du passage, au 1er janvier 2009, de l’université aux
compétences élargies dans le cadre de la loi LRU (l’UHA fait partie des 20 universités candidates qui
sont dans ce cas) ? 2. L’avenir de l’université ?
Bilan du passage aux compétences élargies ? L’UHA a été candidate car elle n’a pas peur des défis
et parce qu’elle est forte de ses formations professionnelles. Alain Brillard répond à la question par
une formule choc, certes assez provocatrice mais totalement pertinente : “la LRU, ce sont les
responsabilités sans les libertés”.
La LRU responsabilise les universités certes, mais elle ne supprime pas le contrôle pesant du
ministère. L’autonomie en matière de gestion des ressources humaines, de recrutement et de
promotion des personnels enseignants et BIATOSS ? Elle demeure extrêmement faible. L’autonomie
en matière d’offre de formation ? L’UHA a connu une cruelle expérience pour l’habilitation de
certaines de ses licences professionnelles (avis de l’AERES) : effectifs étudiants trop peu nombreux et
peu d’informations sur le parcours des étudiants et le devenir professionnel des diplômés. Qu’est-ce
qui est important : le nombre global d’étudiants ou le bon devenir professionnel d’un nombre limité de
diplômés ? La réponse à cette question est cruciale : l’UHA doit mettre en ligne des données
chiffrées ; ce n’est pas encore le cas ; ces données doivent être produites par l’Observatoire régional,
l’ORESIPE, et diffusées sur le site de l’UHA (site de l’ORESIPE et chronique à venir).
L’avenir de l’UHA ? Alain Brillard, qui connaît la position du blogueur, répond immédiatement à la
question : il ne veut pas que l’UHA se transforme en plusieurs lycées d’enseignement supérieur
(créer 480 lycées d’enseignement supérieur). Sa réponse est tout à fait évidente pour un président
d’université. Pourquoi ? : l’université possède des ”pépites” qu’il faut porter à un niveau encore plus
haut : des masters, des centres de recherche labellisés.
Le blogueur demeure sceptique : pourquoi ne pas envisager plusieurs lycées d’enseignement
supérieur sur Mulhouse et sur Colmar (les infrastructures immobilières existent et sont de qualité) et
une université de recherche, accueillant des étudiants à partir du master, université transfrontalière,
mobilisant les points forts en formation et recherche de l’UHA, des universités de Bâle et de Fribourg,
une université assise sur trois pays, une innovation inconnue jusqu’à présent.
L’avenir de l’UHA ? Une université transnationale ?
10 mai 2009
Présidente Dumasy
Lise Dumasy, professeur de littérature française, est Présidente de l’université de Grenoble 3
Stendhal (CV et photo sur le site d’EducPros. Site de l’université). 5.684 étudiants en 2007-2008,
moins 5,9% par rapport à l’année précédente (Note d’information de la DEPP) ; 10.000 étudiants au
milieu des années 90.
L’université est bloquée depuis de nombreuses semaines. Stendhal fait partie des universités sur
lesquelles ce blog a attiré l’attention : “Cercle vicieux“. Lise Dumazy déclarait au Monde le 8 mai
2009 : “j’ai tout fait depuis quatorze semaines pour éviter la radicalisation. J’ai écouté tout le monde
pendant de longues heures. Mais aujourd’hui il faut prendre une décision”. Le 10 décembre 2008, elle
écrivait à Valérie Précresse lui demandant de reporter la réforme de la formation des enseignants à
la rentrée 2010 afin de pouvoir ouvrir un vrai dialogue (lettre du 10 décembre).
Demain, 11 mai 2009, est organisée par l’équipe présidentielle une consultation des étudiants et des
personnels pour sortir de la crise : lire le communiqué. Il faut très sincèrement espérer qu’une forte
majorité d’entre eux se prononceront pour la fin des blocages, la reprise des cours, l’organisation des
examens avant l’été.
Situation exceptionnelle. Lise Dumazy, militante SNESUP, est pour la deuxième fois présidente de
Stendhal : elle le fut une première fois entre 1999 et 2004. Elle le redevient en juin 2008 : Patrick
Chézaud n’était pas candidat à sa succesion (lire la note) ; seule candidate à la fonction (il y avait
pourtant deux listes pour les élections au conseil d’administration), Lise Dumazy est élue par 19
conseillers d’administration (3 votes blancs). A cette date, elle ne s’attendait sans doute pas à devoir
présider une université, une des leaders dans l’opposition aux “réformes” décidées par le
gouvernement.
Lise Dumazy est une femme qui a des convictions, qui est capable de différencier une gestion de
droite et une gestion de gauche à la tête de l’université. Je l’ai interviewée en juin 2004, à la fin de son
premier mandat (lire le compte rendu de l’entretien de 2004). Lise Dumazy analysait déjà certains des
problèmes récurrents d’une université de lettres et arts, langues, sciences du langage, communication
et médias (offre de formation de l’université), en particulier l’inégalité de traitement subie dans le
cadre du système national d’affectation des moyens.
En 2004, Lise Dumazy n’était pas favorable à la fusion des universités de Grenoble : qu’en pense-telle aujourd’hui ? Stendhal se satisfait-il de l’existence de l’EPCS “Grenoble Université” (site de
l’EPCS) ? “Non, l’EPCS prépare une sorte de holding qui ne s’occuperait que de la recherche, à côté
de collèges universitaires voués au 1er cycle, ce qui consacrerait la rupture entre enseignement et
recherche” (mail du 10 mai 2009″). Aller plus loin ? Fusionner ? “C’est à voir, si les composantes ont
un degré suffisant d’autonomie, ce qui est à étudier” (mail de ce même jour). Créer des Lycées
d’Enseignement Supérieur ? Lise Dumasy n’y semble pas favorable.
Note. Patrick Chézaud est élu Président de Stendhal en 2004. Il n’est pas candidat à sa succession en
juin 2008. Compte rendu de l’entretien effectué avec lui en juin 2004 : cliquer ici.
25 mai 2009
Président Vogel
Louis Vogel est président de l’université Panthéon Assas (Paris 2). C’est, semble-t-il, le seul
président en exercice à s’exprimer sur un blog personnel (lire la chronique “Blogs
d’universitaires“).
Louis Vogel est né en 1954 (CV et photo sur EducPros et sur Wikipedia). Agrégé de droit privé, il
est professeur des universités depuis 1989 (Orléans, Paris 10 Nanterre, Paris 2 aujourd’hui). Sa
spécialité d’enseignement et de recherche est le droit comparé : droit de la concurrence et droit
européen des affaires. Il est avocat aux barreaux de Paris, Francfort, Bruxelles et New-York.
Louis Vogel a été élu président de l’université de Paris 2 en juillet 2006 avec un fort beau score :
élection au 1er tour de scrutin par 84 voix contre 31. Panthéon-Assas (cliquer ici pour l’album photos)
est une université qui organise et délivre des diplômes de licence, de master et de doctorat en droit
(77% des 18.000 étudiants inscrits), en économie et gestion (20% des inscrits), en sciences
politiques et sociales (3% des inscrits). Paris 2 se proclame “la 1ère université de droit de France”.
Début 2007, Louis Vogel figure parmi la petite dizaine de présidents qui appellent à voter Nicolas
Sarkozy. En novembre 2007, partisan de la LRU, il est un des signataires de l’appel à “défendre
l’université”. Le 6 juin 2008, seul en liste, il est confirmé dans son mandat de président par 27 voix
et un bulletin blanc.
Le 9 avril 2009, lors d’une conférence de présentation de son établissement, Louis Vogel déclare :
“l’université est en crise, mais elle est le format d’avenir” (résumé de la conférence sur le blog). La
dernière intervention sur le blog concerne le rapport Darrois (réforme des professions du droit :
cliquer ici). L’université Panthéon-Assas a demandé à passer aux compétences élargies (loi LRU) au
1er janvier 2010.
Louis Vogel a succédé à Jacqueline Dutheil de la Rochère à la tête de l’université de Paris 2 en
2006. Le blogueur a interviewé la Présidente en juin 2004, lors de la recherche sur le gouvernement
des universités en France et en Italie. Point clé de l’entretien : la faible marge de manoeuvre du
président de l’université face au pouvoir des chefs des sections disciplinaires (droit public, droit
privé, histoire du droit…). Cliquer ici pour lire cet entretien.
04 juin 2009
Président Filâtre
Daniel Filâtre est président de l’université de Toulouse le Mirail (Toulouse 2), université de Lettres,
Langues et Arts, Sciences Humaines et Sociales, Sciences et Technologies.
Université traditionnellement à la pointe de la contestation et donc perturbée par les grèves de
cette année, mais “libérée” par les forces de l’ordre dans la nuit de mardi à mercredi : communiqué du
Président. Les effectifs étudiants y diminuent depuis plusieurs années.
Un professeur de sociologie fait appel aux forces de police. C’est original ! Faudrait-il donc revoir
tous les stéréotypes sur les sociologues (dire “sociologues de gauche” serait presque un pléonasme !) ?
Mais qui est donc Daniel Filâtre ? Son CV sur le site d’EducPros (cliquer ici) révèle une carrière tout
à fait non traditionnelle. Titulaire d’un CAPES, il enseigne dans le secondaire, puis il est ATER à
Toulouse 2 de 1988 à 1992 ; il est alors promu maître de conférences, puis professeur en 1998. 6 ans
entre un poste d’ATER et un poste de professeur, superbe carrière ! L’ascension continue : Daniel
Filâtre est élu président de l’université en 2006 ; il est confirmé Président LRU en 2008.
Daniel Filâtre cumule les responsabilités : une présidence dans la Conférence des Présidents
d’Université (CPU), un poste dans le comité scientifique du Réseau de Recherche sur l’Enseignement
Supérieur (RESUP, réseau fort absent des débats dans la crise) et surtout la co-présidence de la
commission de concertation sur la “mastérisation”, commission dont il devrait d’ailleurs
démissionner puisqu’elle est menée en bateau par le ministère (les projets de décret sont discutés dans
les instances ad hoc alors que la commission a à peine commencé ses travaux).
La carrière de Daniel Filâtre, sa carrière d’enseignant et de responsable politique universitaire, est
donc fort singulière. Un président d’université doit avoir des qualités de directeur gestionnaire et doit
pouvoir en imposer à ses pairs des différentes disciplines par une bonne légitimité scientifique. Le
président Filâtre a mené une recherche fort pertinente sur les universités et le territoire, critiquant
la multiplication des sites universitaires à l’instigation des collectivités territoriales, des villes
moyennes. Il en a fait le support de son habilitation à diriger des recherches.
L’éthique de la responsabilité, chère à Max Weber, doit certainement interroger Daniel Filâtre. Quel
avenir pour l’université qu’il préside ? Jusqu’à quel point faut-il accepter d’avaler des couleuvres (voir
la commission sur la masterisation) ? Faudrait-il démissionner de la présidence de l’université ?
Mais le capitaine ne quitte pas le navire qui prend l’eau !
Présidente Moulin Civil
9 juin 2009 : Françoise Moulin Civil est confirmée à l’unanimité Présidente de l’université de CergyPontoise (profession de foi). Née en 1952, elle est, depuis 2004, professeur de littérature et de
civilisation de l’Amérique latine à Cergy ; elle y a été directrice de l’UFR de Langues de 2006 à 2008
(CV sur Educpros). Elle était, jusqu’en début de semaine, membre de la “Commission Marois / Filâtre
sur la réforme de la formation des enseignants” (chronique “Président Filâtre“). L’université a
demandé et obtenu de passer aux compétences élargies (loi LRU) le 1er janvier 2009 (Françoise
Moulin Civil en avait fait un objectif important de sa campagne pour être élue
à l’automne
2008).
Seule candidate, Françoise Moulin Civil avait en effet été élue une première fois Présidente de
l’université en septembre 2008 (18 voix pour, 3 votes blancs), suite au départ de Thierry Coulhon,
président de Cergy depuis 2004, vice-président de la CPU depuis 2006 et devenu, à l’automne
2008, conseiller spécial de Valérie Pécresse (CV sur Educpros). Une linguiste a remplacé un
mathématicien, qui lui-même avait succédé à un linguiste, René Lasserre. Ce dernier avait pris la
succession de Bernard Raoult, fondateur de l’université.
Le parcours de la Présidente Moulin Civil, pour accéder à la plus haute fonction de l’université, est
tout à fait atypique. Agrégée d’espagnol, elle a enseigné 22 ans dans l’enseignement secondaire. En
2008, quand elle accède à la charge présidentielle, elle n’avait rejoint l’université de Cergy-Pontoise
que depuis 4 ans ; elle était certes alors directrice d’UFR, mais elle n’avait pas de fonction dans
l’équipe présidentielle de Thierry Coulhon et n’avait jamais été vice-présidente ou chargée de mission.
En outre, c’est la première femme à présider cette université. Le nombre de femmes “Présidentes”
d’une université demeure largement minoritaire, mais progresse ; il faut s’en féliciter.
Autre originalité. Françoise Moulin Civil a ouvert un blog de la présidence : “manière moins
institutionnelle de faire passer des informations concernant l’université”… “chacun peut réagir en
postant un commentaire” (signalement du blog par Michel Abhervé). Elle est, semble-t-il, la deuxième
à avoir pris cette initiative : le président Vogel l’a précédée. Bienvenue à la Présidente Moulin Civil
dans le club encore restreint des blogueurs universitaires qui écrivent sur les universités.
Un premier profil de la Présidente Moulin Civil ? Pas d’appartenance politique ou syndicale mise
en avant, une volonté d’aller de l’avant pour développer l’université de Cergy Pontoise dans le cadre
de la loi LRU, une vision non partisane de la réforme du statut des enseignants-chercheurs (le résumé
qu’elle fait du nouveau décret sur son blog est clair et honnête), une volonté d’être à l’écoute de tous.
Bref, une Présidente modérée, consensuelle et réformatrice.
11 juin 2009
Président Lasserre
Université de Cergy-Pontoise. Le 12 juin 2004 - il y a cinq ans et pour la recherche sur le
gouvernement des universités en France et en Italie, - le blogueur interviewait le Président René
Lasserre, professeur d’allemand, quelques jours avant la fin de son mandat quinquennal (1999-2004)
et donc avant l’élection de Thierry Coulhon, aujourd’hui conseiller de Valérie Pécresse. Ce dernier
n’était pas le “dauphin” de René Lasserre. René Lasserre avait succédé au Président Bernard Raoult,
fondateur de l’université.
Entretien de juin 2004 portant sur le gouvernement de l’université, les rapports entre la présidence
et les composantes, l’évaluation, l’offre de formation… “Le modèle de gouvernement de l’université
de Cergy-Pontoise est une variante de modèle présidentiel. Il y a unicité du bureau. Les membres du
bureau sont nommés par le président et proposés aux conseils. Ce modèle est important pour éviter les
bagarres entre les composantes. La situation risque toujours d’être instable : les juristes voulaient
prendre le pouvoir en 1996-1999 ; avec l’alliance des physiciens et des matheux, ils voulaient refaire
une vieille université mandarinale…”. Lire la suite.
Comme il l’avait laissé entendre à la fin de l’entretien de 2004, René Lasserre est “retourné à ses
chères études” : âgé de 63 ans, il dirige aujourd’hui le Centre d’information et de recherche sur
l’Allemagne contemporaine (CIRAC) et des masters (Commerce et management franco-allemands ;
Commerce international). Ce retour à la formation et à la recherche après un mandat présidentiel n’est
pas si fréquent et mérite d’être souligné.
19 juin 2009
Président Augé
Philippe Augé est président de Montpellier 1 depuis avril 2009 (CV sur EducPros et CV sur le site de
l’université). Seul candidat, il a été élu par le Conseil d’administration de l’université par 20 voix sur
22 : belle élection ! Montpellier 1 : Droit et Santé. Université séculaire ; la renommée internationale de
sa faculté de médecine dès le Moyen-Age.
Le Président Augé est jeune : 41 ans ! Son parcours de responsable dans l’université, avant l’accès à
la présidence, commence en 2002, à 34 ans. Alors maître de conférences en droit public, spécialiste de
finances publiques et de droit fiscal, il devient directeur du Service d’information et d’orientation,
vice-doyen de la faculté de droit et directeur des études de l’IPAG : l’homme semble ne pas fuir les
responsabilités (en 1988, il était président d’une corpo en Administration économique et sociale).
En 2004, il accède à une Vice-présidence, celle du Conseil d’administration, un poste clé pour accéder
un jour à la Présidence ; il figure donc dans l’équipe de Dominique Deville de Perrière, odontologue,
qui commence alors son mandat présidentiel (CV sur EducPros). Non candidate à sa succession, la
présidente compte exercer la présidence du PRES de Montpellier en voie de création. Philippe Augé
est favorable à la création rapide de ce PRES et à la fusion des 3 universités de Montpellier d’ici
2011.
En 2007, Philippe Augé élargit son champ de responsabilités : il est élu Président de la Conférence
des directeurs de SCUIOP IP (lire la chronique “Journées des SCUIO IP”). En 2008, il est réélu au
conseil d’administration de l’université sur la liste soutenant la confirmation de la Présidente Deville
de Perrière dans son mandat.
Président 7 ans après la première prise de responsabilités dans l’université : la carrière est rapide ;
elle est originale (à ma connaissance, c’est le premier directeur d’un SCUIO et président de la
conférence des directeurs à devenir président d’universités).
Philippe Augé doit aimer les responsabilités et a certainement une grande capacité de travail : en
parallèle à ses mandats, il a passé et obtenu en 2009 l’agrégation de droit public et est donc devenu
professeur des universités. Appartenance politique ? Ni connue, ni affichée.
Philippe Augé devrait quitter prochainement la Présidence de la Conférence des directeurs des SCUIO
IP. C’est François Mirabel qui le remplace à la tête du SCUIO IP de Montpellier 1. L’université
possède un Observatoire du suivi et de l’insertion professionnelle des étudiants (OSIPE) : lire la
chronique “SUIO, OVE, BAIP“.
05 juillet 2009
Président Pollet
Jean-Jacques Pollet, germaniste (CV et photo sur EducPros), a été le deuxième président de
l’université d’Artois (le premier était Alain Lottin). Il est élu à cette fonction au début de l’année 2000
à l’âge de 51 ans ; seul candidat, il l’a emporté au premier tour par 100 voix pour et 19 abstentions ou
bulletins blancs. Le blogueur l’a interviewé en avril 2004 : lire le compte-rendu de l’entretien.
L’université existe alors depuis presque dix ans : la phase pionnière de la création est alors terminée ;
il faut continuer à faire des investissements immobiliers, développer et faire labelliser des équipes de
recherche. Présider une université répartie dans cinq villes demeure une affaire difficile.
.
Quelques mois avant la fin de son mandat, début 2005, Jean-Jacques Pollet est nommé, sous la
présidence de Jacques Chirac, Recteur de l’académie de Rouen. En 2009, sous la présidence de
Nicolas Sarkozy, il est, à 60 ans, nommé Recteur de l’académie de Metz-Nancy. Fort belle
reconversion et longévité déjà importante dans la fonction de Recteur pour un ancien Président
d’université, nommé par des gouvernements de “droite”.
.
Recteur à Rouen entre 2005 et 2009, Jean-Jacques Pollet a mis en oeuvre les politiques
gouvernementales. Il est ainsi parvenu, aux fins de maîtriser la dépense publique, à supprimer 64
postes administratifs au sein du service déconcentré (le Rectorat) en créant des pôles de compétences
et en évitant que la même question soit traitée par plusieurs services. Début 2009, il organise les
consultations dans les lycées, en accompagnement de la mission de Richard Descoings.
.
Nommé recteur de l’Académie de Metz-Nancy en avril 2009, Jean-Jacques Pollet déclare à l’Est
Républicain le 18 juin : “le bac est le premier diplôme universitaire, il mérite aujourd’hui encore plus
que naguère cette fonction ; il n’est pas figé et pourra évoluer en fonction de la réforme du lycée… Le
sujet majeur aujourd’hui, c’est l’orientation“. Le blogueur se permet d’être en fort désaccord avec
le Recteur Pollet sur ces deux points. Le sujet majeur, ce n’est pas l’orientation, c’est la réforme du
premier cycle de l’enseignement supérieur (”Créer 480 Lycées d’Enseignement Supérieur“).
Président Lottin
Suite des chroniques sur l’Université d’Artois (première chronique : “Artois en photos“). Président
pendant 14 ans. Alain Lottin, professeur d’histoire moderne, a été président de Lille III de 1986 à
1991, administrateur provisoire de la nouvelle université d’Artois de 1991 à 1996, puis président de
cette même université d’Artois de 1996 à 2000. En 2000, il a 65 ans et fait valoir ses droits à la
retraite. Jean-Jacques Pollet est élu président d’Artois en 2000 (chronique à venir). Lui succèdent
Jacques Sys (chronique à venir), puis Christian Morzewski (chronique à venir).
Le blogueur a interviewé Alain Lottin en mars 2004 (recherche sur les Présidents français et les
Recteurs italiens) : lire le compte-rendu de l’interview. Alain Lottin retrace, avec passion et sans
langue de bois, l’histoire des universités dans la période clé qui va du milieu des années 80 (loi
Savary de 1984) au tournant des années 2000, la forte montée des effectifs étudiants puis leur
stabilisation à partir du milieu des années 90, la création des deux universités nouvelles “Artois” et
“Littoral”, la négociation avec les collectivités territoriales que cette création impliquait, le rôle et le
pouvoir du Président…
Alain Lottin termine son mandat présidentiel en 2000 pour entrer en retraite. Bien d’autres trajectoires
sont possibles : chronique à venir : “ce que deviennent les Présidents français et les Recteurs italiens
en fin de mandat”). Alain Lottin a publié de nombreux ouvrages d’Histoire du Nord de la France et
des anciens Pays-Bas à l’époque moderne : liste de ses publications. Ouvrage de 2007 : “La révolte
des Gueux en Flandres, Artois et Hainaut”.
06 juillet 2009
Président Sys
Suite des chroniques sur l’université d’Artois : “Président Lottin“, “Président Pollet“, “Artois en
photos“. Jacques Sys était âgé de 57 ans quand il a été élu Président de l’université en janvier 2005.
Seul candidat à la succession de Jean-Jacques Pollet, son élection n’a pas pour autant été un plébiscite
: 88 voix pour, sur 117 votants et 139 inscrits. Jacques Sys avait fait ses premières armes de
responsable universitaire en étant Vice-président du conseil scientifique de l’université de Lille III de
1991 à 1999. Quand il est arrivé dans l’université d’Artois au début des années 2000, il a pris
en charge l’école doctorale et l’UFR de Langues (il était agrégé d’anglais).
Le Président Sys a démissionné en septembre 2006 pour des raisons de santé. Il est mort en février
2007 ; il n’avait pas encore 60 ans. L’hommage de son successeur, Christian Morzewski (chronique
à venir), est en ligne sur le site de l’université : cliquer ici. Biographie et publications de Jacques Sys
sur les faits religieux : cliquer ici.
11 juillet 2009
Président Meyer
Jacques Meyer (trois photos), 8ème adjoint de la maire de Reims, en charge de la recherche, de
l’innovation et de l’éducation, a voté fin juin 2009, comme ses 58 collègues du Conseil municipal, la
venue de Sciences Po dans la “ville des Sacres”. Le coût pour les 3 collectivités territoriales
(Commune, Conseil général, Conseil régional) : 76 millions d’euros d’investissement et 3.000 euros
par étudiant et par an au titre de la participation des collectivités aux frais de scolarité des étudiants.
Le blogueur a dit sa ferme opposition à ce projet (”Sciences Po à Reims : Non !“) et demande qu’en
lieu et place soit créé à Reims un premier Lycée d’Enseignement Supérieur de 2.500 élèves (cliquer
ici). La chronique d’aujourd’hui questionne le Président Jacques Meyer. Ce professeur de
mathématiques de l’université de Reims Champagne Ardennes (URCA) est une personnalité
régionale, qui a toujours pris des responsabilités gestionnaires et politiques, à gauche.
Jacques Meyer au fil des ans. 1986 à 1989 : directeur de l’UFR de Sciences de l’URCA. 1989 à 1997
: premier directeur de l’IUFM de Champagne Ardenne. 1997 à 2002 : président de l’université.
Faute de pouvoir candidater à un second mandat de Président, il redevient, de 2002 à 2004, directeur
de l’UFR de Sciences (en avril 2004, le blogueur l’interviewe : lire le compte-rendu de l’entretien).
2004 : Jacques Meyer est élu Conseiller régional sur la liste de gauche et devient Vice-président,
délégué à l’enseignement supérieur, à la recherche et au sport. 2008, il est élu adjoint au maire.
Jacques Meyer ne cumule pas seulement deux mandats d’élu. Il est également premier secrétaire de
la Fédération du Parti Socialiste de la Marne ; à ce titre, il accueille le Congrés du Parti socialiste à
Reims en novembre 2008 (lire son discours d’ouverture). Il écrit régulièrement des articles pour le
blog de sa Fédération (cliquer ici), dont un article sur le PS et le mouvement des universités (cliquer
ici).
En tant qu’élu local et régional, le Président Meyer fait son travail de représentation. Le blogueur a
l’occasion de le photographier au Forum Régional Avenir Etudiant en décembre 2008 (cliquer ici), à la
manifestation interprofessionnelle du 19 mars 2009 (cliquer ici), aux Assises régionales Recherche et
Entreprises en mars 2009 (cliquer ici). Jacques Meyer manifeste le 1er mai dans les rues de Reims
(cliquer ici).
Adeline Hazan, maire de Reims, est ardente partisane du campus Sciences Po (chronique sur son
blog). L’est également son 1er adjoint en charge de l’enseignement supérieur, Serge Pugeault (cliquer
ici). Mais pourquoi Jacques Meyer, ancien Président de l’université, en charge de responsabilités
pour l’enseignement supérieur à la commune et à la région, premier secrétaire du PS dans la Marne
accepte-t-il le mirage du Transatlantic Campus in Reims (désormais présenté sur le site de Sciences
Po) et les inégalités sociales qu’il crée ? Les inégalités de traitement sont en effet flagrantes. 3.000
euros par an et par étudiant de Sciences Po ? Combien d’euros les collectivités donnent-elles à chaque
étudiant champardennais au titre des frais de scolarité ?
Tout est “mirage” dans le projet Sciences Po, à part son coût. Les effectifs annoncés par Sciences
Po sont un premier mirage : 80 étudiants à la rentrée 2010, oui ! Mais 1.800 étudiants d’ici 5-6 ans,
impossible, Sciences Po ne s’engageant à ouvrir qu’un Bachelor of Arts de 3 années d’études (dont
une année à l’étranger).
Reprenons les autres arguments des partisans du projet Sciences Po. Renforcer ”l’image de
dynamisme et de vitalité” de la ville de Reims : dépenser l’argent des contribuables, alors que la
ville est endettée et que la promesse de non-augmentation des impôts locaux a été martelée durant la
campagne des municipales, c’est faire preuve d’une vitalité dépensière irresponsable. “Compléter
l’offre de formation” : de quel droit les collectivités territoriales s’arrogent-elles une prérogative qui
est celle de l’Etat ? “20 à 25 millions d’euros par an au titre des retombées économiques” : de qui
se moque-t-on ? Seule une chose est certaine et d’innombrables projets le prouvent tout au long de
l’histoire : au final, tout projet est plus coûteux que prévu et les retombées financières sont inférieures
à celles attendues.
“Revitaliser la vie universitaire“. Avec quelques centaines d’étudiants et des professeurs qui
rentreront à Paris dès leurs cours dispensés ? L’argument doit plutôt être inversé : Sciences Po Reims
“dévitalisera la vie universitaire” parce que ce campus affaiblira l’université URCA. L’histoire du
Collège des Jésuites, lieu hautement symbolique choisi pour l’implantation de Sciences Po, a été celle
d’un combat, ouvert ou larvé, contre l’Université de Reims (lire la chronique).
Jacques, prenez la tête du combat de gauche pour la création d’un premier Lycée d’Enseignement
Supérieur à Reims, projet qui concernera 2.500 étudiants, projet permettant une plus grande
démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur que le campus élitiste de Sciences Po. Et même,
proposez-vous comme premier directeur pionnier de ce lycée. Il reste moins d’un an avant les
élections régionales : ce serait dommage que la Gauche perde la région parce qu’elle a commis l’erreur
de soutenir un projet “mirage”, un projet à classer dans la société ”bling, bling”. A bientôt de lire votre
contribution sur le blog de la Fédération du PS de la Marne : “stop au projet Sciences Po !“.
19 août 2009
Président Ethis
Emmanuel Ethis est élu Président de l’université d’Avignon et des Pays de Vaucluse le 14 juin 2007,
au premier tour de scrutin et à une large majorité (52 voix contre 19 à son concurrent, Jacques Maby,
directeur de l’UFR de Lettres et Sciences Humaines, et 5 blancs et nuls). Il est élu sur un contrat
d’objectifs qui comprend 15 projets (dont celui de faire d’Avignon l’université française de la culture).
Il prend ses fonctions en août, au moment même où la loi LRU est promulguée ! Une de ses premières
tâches est donc de réformer les statuts, de faire discuter de la composition des nouveaux conseils,
d’organiser les élections. Celles-ci ont lieu en mars 2008 : la liste qui le soutient, ”Construire ensemble
notre université”, emporte 11 des 12 sièges enseignants au Conseil d’administration. C’est donc fort
logiquement qu’il est confirmé dans ses fonctions par le nouveau CA (25 voix pour et une
abstention), le 24 avril 2008.
Qui est Emmanuel Ethis ? Le blogueur est impressionné par une trajectoire en tous points
remarquable : belle carrière scientifique, nombreuses publications depuis 1998 (CV actualisé sur le
site de l’université, CV au moment de l’élection de 2007), prise de responsabilités pédagogiques et
administratives dès sa nomination à Avignon, homme capable de tisser des réseaux, d’investir dans la
cité. Et communicateur hors pair : interventions fréquentes dans les medias, chroniques sur son
socioblog - “un making-of du spectateur”, 17 août 2009 : ”le voleur de baisers” -), mise en scène de
son image (photothèque en ligne) -. En deux mots : Emmanuel Ethis est un “vrai politique”.
Il est élu président à moins de 40 ans (il est né en décembre 1967 à Compiègne - CV sur Wikipédia -)
: c’est suffisamment rare pour être signalé ! Mais son élection était dans la logique du “dauphinat” : il
était vice-président en charge du conseil d’administration dans l’équipe du président sortant, Michel
Volle (président de 2002 à 2007). Et ce n’est pas tout : dans la même période, il dirigeait le
département des Sciences de l’information et de la communication, un master recherche et il était
directeur-adjoint du Laboratoire Culture et Communication.
Le plus souvent, les électeurs élisent un président parce qu’ils font confiance à quelqu’un qui a déjà
exercé des responsabilités dans l’université. Emmanuel Ethis pensait-il devenir président quand il a
été nommé maître de conférences à Avignon en 1998, à 31 ans ? Le voulait-il quand il y est
devenu professeur en 2003, à 36 ans ? 4 ans entre la thèse et l’habilitation à diriger des recherches : un
exploit !
Emmanuel Ethis ne fait pas non plus dans le commun pour ce qui est de sa trajectoire de formation
et de son identité disciplinaire. Il possède deux DUT (DUT Génie civil et génie climatique obtenu à
Reims ; DUT Gestion des entreprises et des administrations obtenu à Lille), maîtrise de sciences de
l’information et de la communication obtenue à Avignon. La thèse en sociologie est soutenue à Paris
(EHESS) et l’HDR en SIC à Grenoble. Compiègne, Reims, Lille, Avignon, Paris, de nouveau à
Avignon, Grenoble : bel exemple de mobilité donné aux étudiants.
Emmanuel Ethis est professeur en sciences de l’information et de la communication, mais il se qualifie
de sociologue des arts et de la culture, spécialiste de la sociologie du cinéma et de ses publics, de la
sociologie des publics de la culture. Culture, Avignon, Festival d’Avignon : il y consacre plusieurs de
ses recherches. Unité de la thématique de recherche depuis 15 ans : c’est un point fort pour faire
une carrière professionnelle rapide.
Mais pour être aujourd’hui un “bon” président, il faut d’autres qualités. Emmanuel Ethis les
possède également : construire des réseaux efficaces, jouer un rôle politique au niveau local pour
persuader les collectivités territoriales d’investir dans l’université, avoir une visibilité nationale en
intervenant dans les medias. Emmanuel Ethis vient d’obtenir une reconnaissance nationale : en juin
2009, Valérie Pécresse lui confie la présidence d’une commission “Culture et université” qui devra
rendre avant fin 2009 un rapport qui “servira de base à l’élaboration d’une stratégie d’actions
structurelles et politiques pour resserrer les liens entre culture et université”.
Emmanuel Ethis a donc tous les atouts pour réussir son mandat et être réélu pour un second mandat.
Mais peut-être son handicap est-il l’université qu’il préside : chronique à suivre : “Avignon, une
université ?”. Et que fera-t-il après avoir fait le Président d’université ? Il est sûr qu’il doit déjà y
penser. Carrière politique dans la région PACA ? Carrière dans le monde de la culture (devenir
directeur d’un grand festival) ? Carrière dans les médias ? L’avenir est ouvert !
21 août 2009
Présidents d’Avignon
Emmanuel Ethis est le 6ème Président de l’université d’Avignon et des Pays de Vaucluse. Il a succédé
en 2007 au Président Michel Volle, élu en 2002. Celui-ci était alors professeur de mathématiques et
vice-président en charge du conseil scientifique, était le seul candidat à la présidence. Son mandat
terminé en 2007, Michel Volle reprend ses fonctions d’enseignant-chercheur. Il enseigne dans le
département de Mathématiques et mène ses recherches dans le laboratoire d’analyse non linéaire et
géométrie. En 2008-2009, il est l’un des intervenants dans le séminaire d’analyse non linéraire et
optimisation (cliquer ici).
Présidents précédents : Henri Méloni (1997-2002), informaticien, Françoise Pécaut (1988-1992),
mathématicienne, Guy Cheymol (1984-1998).
25 août 2009
Président Luchaire
François Luchaire, professeur de droit public, est décédé le 7 août 2009, à l’âge de 90 ans.
Il s’est investi tout au long de sa vie dans la Cité, par exemple en tant qu’expert pour la rédaction de la
Constitution de 1958, comme membre du Conseil constitutionnel et comme juge à la Cour de justice
internationale de la Haye.
Il s’est également fortement mobilisé pour la transformation du système universitaire. Il a été cofondateur et premier Président élu de l’université Paris I Panthéon Sorbonne (1970-1976), Viceprésident de la Conférence des recteurs européens. Il a présidé le Comité National d’Evaluation.
De très nombreux hommages lui ont été rendus. On retiendra ceux de Valérie Pécresse, de JeanMichel Baylet (Parti Radical de Gauche). François Luchaire sur Wikipédia
29 août 2009
Président Peccoud
Les Universités de technologie (Compiègne, Troyes et Belfort-Montbéliard) ont un statut différent
de celui des autres universités. François Peccoud est le 3ème directeur de l’Université de Technologie
de Compiègne. Il succède à Guy Deniélou (1923 - 2008), fondateur de l’UTC et directeur de 1972 à
1987 (biographie sur Wikipédia) et à Michel Laveau
François Peccoud, interviewé par le blogueur en avril 2004 (cliquer ici pour lire l’interview), décrit
précisément les différences de statut : Conseil d’administration composé à égalité de personnalités
extérieures et d’élus par les enseignants, les étudiants, les personnels administratifs, et présidé par une
personnalité extérieure à l’université, Directeur nommé par le Ministre au sein d’une liste établie par
le CA (un enseignant de l’université ne peut être candidat), autonomie plus forte des universités de
technologie (en particulier en matière financière).
François Peccoud, après 9 ans de mandat en 2004, développe sa stratégie pour l’UTC : formation à
distance appuyée sur les nouvelles technologies, innovations techniques qui n’ignorent pas les
avancées des sciences humaines et sociales, incitations à la création d’entreprises par les ingénieurs,
développement à l’international en Chine en particulier. Il n’évoque pas de coopération avec les 2
autres universités de technologie (lire les chroniques : “Fusion des UT?“, “Président Stéphan“).
2ème quinquennat pour François Peccoud (2000) : cliquer ici. Cérémonie de départ en images (22
septembre 2005) : cliquer ici. Création de l’Association “Rendez-vous Création” par François
Peccoud (2005) : cliquer ici.
Président Stéphan
Ronan Stéphan, né en 1960, ingénieur et professeur associé des universités, président de l’Université
de Technologie de Compiègne depuis 2005, a été nommé en conseil des ministres du 29 juillet 2009 et
à compter du 1er septembre, Directeur Général pour la Recherche et l’Innovation (DGRI) au
Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (organigramme du ministère,
organigramme de la DGRI). Après avoir travaillé de longues années dans l’industrie, Ronan Stephan a
été, de 2003 à 2005, directeur des relations industrielles et du transfert de technologie au CNRS. CV
sur EducPros.
Autres chroniques sur Ronan Stephan : “L’Institut Européen de Technologie (IET) apposera un
label sur les diplômes nationaux” (EducPros, juillet 2008). “Universités - Entreprises : le loup est-il
dans la bergerie?” (France Inter, décembre 2007). Chevalier de l’Ordre National du Mérite (photos de
la cérémonie, juillet 2009).
Chroniques de ce blog sur la réorganisation de l’administration centrale du ministère. 2 avril 2009
: ”Mammouth dégraissé“. 6 avril 2009 : ”Mammouth dégraissé (suite)“.
Président Mérindol
Jean-Yves Mérindol a été nommé Directeur de l’Ecole Normale Supérieure (ENS) de Cachan (décret
du 26 août 2009) ; il en avait été nommé administrateur provisoire le 1er janvier 2009, en
remplacement de Claire Dupas.
Né en 1955, ancien élève de l’ENS Ulm, agrégé de mathématiques et docteur es sciences, Jean-Yves
Mérindol est nommé professeur en 1988. Il est élu président de l’université Louis Pasteur de
Strasbourg en 1997, à l’âge de 42 ans, après en avoir été vice-président (CV sur EducPros).
Que faire, en 2002 et à 47 ans, au terme d’un mandat de Président non renouvelable ? 2002, la droite
revient au pouvoir et Jean-Yves Mérindol, ancien responsable d’un syndicat d’enseignants de gauche,
le SGEN-CFDT SUP, ne peut en attendre merveille. Dommage, car Jean-Yves Mérindol est un
homme investi dans l’Université et plus largement dans la chose publique ; il fourmille d’idées de
rénovations. Il est membre, un temps, du Comité National d’Evaluation et du comité scientifique de
l’OST. De 2005 à 2008, il devient conseiller chargé de l’Education, de l’Université, de la Recherche et
des Technologies nouvelles au cabinet du maire de Paris. Pourquoi quitte-t-il ce poste en août 2008
? Toujours est-il qu’il redevient disponible sur le “marché” des responsabilités d’enseignement
supérieur.
En juillet 2007, il publie une libre opinion sur le blog de Jean-Louis Méla : “CA et présidents : une
bonne intention, de mauvaises solutions” ; il s’oppose au mode de gouvernement de la future loi LRU
: simultanéité de l’élection du CA et du Président menant à une politisation des élections, quasiimpossibilité de faire élire un enseignant externe à l’université, élection du Président par un CA
resserré (les personnalités extérieures n’étant pas électeurs). Lire une autre interview de juillet 2007
dans le Mensuel de l’Université (cliquer ici). Jean-Yves Mérindol n’est pas entendu par Valérie
Pécresse.
Elu ou nommé ? Qu’en pense aujourd’hui Jean-Yves Mérindol ? Est-ce mieux d’être élu Président
d’université dans le cadre de la LRU ou d’être nommé Directeur d’une ENS par un ministre de droite ?
Lire les chroniques de ce blog : “Elire le président” (chronique du 22 janvier 2009), “Des présidents
nommés ?“ (chronique du 29 mars 2009).
03 septembre 2009
Président Rollet
Philippe Rollet est élu président de l’Université de Lille 1 Sciences et Technologies en janvier 2007.
Vice-président en charge des finances dans l’équipe de direction sortante, celle du Président Baussart
(chronique à venir), il l’a emporté par 70 voix contre 46 voix pour Jean-Michel Robbes, vice-président
en charge du conseil scientifique, et 2 voix pour Claude Jauffret.
Election classique en ce sens qu’elle amène au
pouvoir un homme qui a déjà exercé des
responsabilités importantes dans l’université,
élection moins classique mais non exceptionnelle,
opposant deux collègues qui ont travaillé ensemble
dans la même équipe. Election dès le premier tour
mais de justesse, la majorité nécessaire étant de 69.
C’était le temps où le corps électoral, composé des
membres des 3 conseils, pouvait atteindre 140
membres (loi de 1984).
Janvier 2007, c’était plusieurs mois avant la loi LRU.
Mais celle-ci oblige Philippe Rollet à faire réformer les statuts de l’université et demander la
confirmation de son mandat, après l’élection des nouveaux conseils. C’est chose faite en juin 2008.
Seul candidat, il fait un meilleur score qu’en 2007 : il est confirmé par 21 voix et 3 abstentions,
seuls les membres du Conseil d’administration étant, selon la loi, LRU, électeurs. 70 voix en 2007, 21
un an et demi plus tard. Erreur de la loi LRU que d’avoir diminué les effectifs du corps électoral ;
il en va pourtant de la légitimité des présidents, surtout quand le taux de participation aux élections
n’est pas fort (cas à Lille 1 pour les dernières élections).
En 2008, il y a eu beaucoup trop d’élections de présidents d’université qui étaient candidats
uniques. Un seul candidat à Lille 1 et pourtant trois listes se sont affrontées lors des élections de mai :
“dynamisme, pluralité et engagement” (majoritaire chez les professeurs), “liste d’alliance SNESUP,
SNCS, CGT SUP (majoritaire chez les maîtres de conférences), et enfin “ouverture et indépendance”.
Les élus ne sont pas tombés dans le piège : deux candidats, cela aurait fait courir le risque d’un
président élu avec 10 voix à peine, le comble du ridicule. La loi LRU pousse donc aux candidatures
uniques : ce n’est pas bon pour la démocratie.
Mais qui est donc Philippe Rollet ? Il est né en 1952 : il est donc âgé de 56 ans quand il est confirmé
dans ses fonctions en 2008 ; il pourrait donc faire un second mandat de 4 ans à partir de 2012 (… mais
le paysage universitaire dans le Nord bouge beaucoup actuellement ! Chronique à suivre). C’est un
économiste, auteur entre autres d’un Que sais-je ?, avec Pierre Maillet, sur la croissance économique
(cliquer ici). Un économiste : l’université de Lille 1 a “l’élégance” (non inscrite dans ses statuts) de
faire alterner des présidents scientifiques (Hervé Baussard, Alain Dubrulle) et des présidents issus de
la composante intégrée en 1971 (lire la chronique “Lille 1 en photos“) : Jacques Duveau, économiste
(chronique à suivre), Jacques Lombard (anthropologue).
La carrière universitaire de Philippe Rollet est plus qu’honorable (CV et photo sur Educpros et
court CV sur le site de l’université). Cursus d’économie à Lille 1, docteur de 3ème cycle en économie
à 25 ans (il entre alors au CNRS), docteur d’Etat ès sciences économiques à 32 ans, agrégé
d’économie à 33 ans et donc nommé professeur : au Havre tout d’abord jusqu’en 1989, puis retour à
Lille 1 à 37 ans. Il est aujourd’hui professeur en classe exceptionnelle. Philippe Rollet a une
expérience internationale : il a enseigné à Namur et a eu des responsabilités dans des programmes ou
commissions européennes pour la recherche. Il a obtenu des reconnaissances académiques, dont celle
de docteur “honoris causa” de l’université de Timisoara.
Et l’homme, le président Rollet ? Le blogueur ne l’a jamais rencontré et bien évidemment ses
jugements sont tout, sauf définitifs. Ce n’est pas un homme qui recherche la médiatisation. Son “mot
du président” sur le site de l’université est sobre et plutôt banal : “une université ouverte sur le monde
et la société“. C’est un homme de convictions, de “gauche” comme le sont traditionnellement les
présidents de Lille 1. Il s’est impliqué dans le mouvement du printemps, signant, avec quelques autres
président(e)s, l’appel en faveur d’une refondation de l’université, l’appel au président Sarkozy pour
qu’il donne des “signes d’apaisement” (cliquer ici). Il n’hésite pas à critiquer un vote de la Conférence
des présidents d’université, demandant dès mars 2009 la reprise des cours. Impliqué mais sans être
chef de file de la contestation.
Un président indépendant, prudent et habile qui gère bien la contestation étudiante et enseignante
dans son université, plus “remuante” que la moyenne. Il ne répond pas, par exemple, au recteur
d’académie quand celui-ci lui reproche un vote du CA contre la loi LRU, fin 2007. Au printemps
dernier, il parvient à ce que le CA qu’il préside décide, dès le 22 mai, du calendrier d’examens avant
l’été, sachant cependant que les mots d’ordre de rétention des notes et de non-tenue des jurys sont
encore en vigueur dans son université.
Philippe Rollet a donc raison de déclarer qu’il est “pragmatique”. Et il semble que ce pragmatisme
soit payant. Il peut être fier d’avoir obtenu de beaux succès pour son université en 2008 et 2009
: l’éligibilité des universités du Nord au plan Campus, la création du PRES début janvier 2009, une
excellente évaluation de l’AERES pour l’offre de formation et la préparation des étudiants à la vie
professionnelle, une nouvelle organisation des laboratoires de recherche (chronique à suivre).
Mais le plus dur est devant Philippe Rollet. Quel sera le panorama universitaire dans la région
Nord Pas-de-Calais dans 5 ans ? Quelles sont les bonnes décisions à prendre ? Cette question vaut à
elle seule une prochaine chronique, tant la situation est complexe, sans doute tendue sur le terrain, et,
pour tout dire, présentement illisible.
Président Baussart
(04 septembre 2009)
Hervé Baussart, professeur d’énergétique et de génie des procédés, a présidé l’université de 2002 à
2007, après avoir été vice-président en charge du conseil d’administration dans l’équipe de direction
précédente (chronique à suivre :”Président Duveau”). Le blogueur l’a interviewé, à mi-mandat, en
2004 (lire l’interview). Le programme : “développer la gestion des ressources humaines”,
“positionner mieux l’université au niveau international”, “développer la vie étudiante”. Hervé Baussart
dresse, sans langue de bois, un constat de la gouvernance de son université : trop de composantes,
malaise des directeurs de composantes, rôle mineur des conseils face au pouvoir fort de l’équipe de
direction, insuffisante intervention de personnalités extérieures. Il ne se satisfait pas du
paysage universitaire de la région Nord : il faut le recomposer, l’unifier, mais les autres universités ont
peur de la puissance de l’université de Lille 1. Il est contre le renouvellement du mandat des
présidents ; c’est, en 2004, un point de vue minoritaire chez les présidents.
Hervé Baussart, durant son mandat, force au développement de l’évaluation. Celle-ci est une
tradition dans l’université, mais il faut encore et toujours lever les réticences. Il faut des indicateurs
dans tous les champs d’activité de l’université. Après son mandat, Hervé Baussart renforce son
implication dans l’évaluation. Il anime un colloque sur “l’évaluation et la mutation de l’université” et
il en publie le compte-rendu en octobre 2008 (cliquer ici). Il est nommé délégué scientifique de
l’AERES ; à ce titre, il participe par exemple à l’évaluation de l’université de Polynésie.
En 2004, Hervé Baussart disait qu’après son mandat il retournerait à “sa paillasse”, dans son labo. Il
enseigne effectivement aujourd’hui dans l’Ecole polytechnique universitaire de Lille, créée en 2002
pour regrouper les 8 formations d’ingénieurs de l’université (site de l’Ecole).
05 septembre 2009
Président Duveau
Jacques Duveau, professeur d’économie, a présidé l’université de 1997 à 2002, après avoir exercé
plusieurs responsabilités dans l’université dont celle de directeur de l’UFR de sciences économiques et
sociales, et au niveau national : il a été secrétaire national du SNESUP. Le blogueur l’a interviewé, à
mi-mandat, en 2004 (lire l’interview).
Durant son mandat, Jacques Duveau donne la priorité à la gestion financière : comment accroître les
marges de manoeuvre de l’université en ayant par exemple une politique maîtrisée des reports d’une
année sur l’autre ? Pour quels objectifs ? Faire participer l’université au développement local,
économique, social et culturel. Développement local : création au cours du mandat d’un fond
d’amorçage pour les jeunes entreprises innovantes. Les freins à l’action du président : les relations
avec l’Etat et la réglementation (il faut 2/3 des voix du CA pour modifier les statuts), l’organisation de
l’université (les composantes se comportent comme des petites et moyennes entreprises
indépendantes), les collègues qui ne veulent pas modifier des organisations du travail obsolètes,
l’absence de syndicats forts (paradoxal dans une université de “gauche” !), la méfiance des
collectivités territoriales à l’égard de l’université, perçue comme une quémandeuse de crédits…
Son mandat terminé, Jacques Duveau devient conseiller d’établissement (auprès des universités de la
région PACA). Dans le même temps, il est élu, en 2002, directeur du Pôle Universitaire Européen du
Nord Pas-de-Calais ; son mandat de deux ans est renouvelé de 2004 à 2006.
Le Pôle est un GIP qui associe une vingtaine d’institutions d’enseignement supérieur et des
collectivités territoriales (cliquer ici pour les activités du Pôle). ”A quoi sert un pôle” ? Jacques
Duveau expose ses idées dans un séminaire de l’AMUE en 2003 : cliquer ici. En 2004, Jacques
Duveau est relativement fier des réalisations du Pôle : développement de l’Observatoire régional des
études supérieures (ORES) (chronique à suivre), Maison de l’entrepreneuriat, meilleur accueil des
étudiants et des enseignants étrangers. Chronique à suivre sur la structuration universitaire en région :
Pôle, Opération Campus, PRES…
Qu’est devenu Jacques Duveau après 2006 ? Google et le moteur de recherche du site de
l’université ne trouvent pas de référence après 2006. L’annuaire fournit une adresse mail : il semble
donc que l’ancien président soit retourné faire l’enseignant-chercheur en économie. Jacques, le
blogueur serait fort heureux d’avoir de tes nouvelles !
27 septembre 2009
Président Christin
Suite de la chronique : “Démission du Président“. L’université Lumière Lyon 2 a connu deux
démissions de président en cours de mandat : Claude Journès élu en 2006 (succession de Gilbert
Puech - chronique à venir) et démissionnaire en 2008 ; Olivier Christin, élu en juillet 2008 et
démissionnaire en septembre 2009. Dans les deux cas, des tensions entre le président et le conseil
expliquent au moins une partie de la démission. Ils ne l’expliquent pas totalement pour Olivier
Christin : celui-ci va en effet prendre un poste de professeur à l’université de Neuchâtel (Suisse), à
compter du 1er janvier 2010. Président pendant moins d’un an et demi ! Rumeurs et annonce de son
départ sur Lyon Mag : cliquer ici et ici.
Olivier Christin a été élu président de l’université dans le cadre de la loi LRU (élection par les seuls
membres élus du conseil d’administration) : 14 voix en sa faveur contre 6 à son opposante, ClaudeIsabelle Brelot (2 votes blancs). La majorité est nette, mais 14 voix donnent-ils de la légitimité pour
présider une université, pas particulièrement facile à gouverner ?
Le président Christin, au moment de son élection en juillet 2008, pensait-il que sa carrière
professionnelle se poursuivrait en Suisse ? Rien ne l’indique à cette date : il faut lire profession de
foi de présidentiable et l’écouter et le voir à peine élu (regarder la vidéo du Progrès de Lyon). Son
programme : gouverner démocratiquement ; lutter contre la précarité d’une partie des enseignants,
des personnels administratifs et techniques, des étudiants ; faire de Lyon 2 une grande université des
humanités et des lettres ; renforcer son rôle dans la ville ; lui donner sa place et toute sa place dans le
PRES de Lyon et donc résister à la domination de Lyon 1, université scientifique. Il annonce que la
cooptation des personnalités extérieures du CA sera consensuelle parce que plurielle.
En fait, le blogueur est persuadé qu’Olivier Christin avait déjà d’autres ambitions que celle de
faire un mandat complet ou deux mandats de président. Sa trajectoire professionnelle le prouve. La
question est : quand a-t-il candidaté comme professeur à Neuchâtel (les recrutements internationaux
demandent du temps) et pourquoi l’a-t-il fait alors qu’il était jeune président ?
Qui est en fait Olivier Christin ? Il a aujourd’hui 48 ans (né en 1961) ; il fait partie de la nouvelle
génération de jeunes présidents. On peut retracer son itinéraire à partir de son CV sur le site de Lyon 2.
20 ans : après le bac, élève de l’école normale supérieure de Saint-Cloud. 22 ans : agrégé d’histoire
(1983). 28 ans (1989) : docteur en histoire moderne (”Iconoclasme et culte des images en France au
XVIe siècle”). 29-31 ans (1990-1992) : maître de conférences à l’Université de Nancy. Premier départ
à l’étranger (voir plus loin). 34 ans (en 1995, soit six ans après la soutenance du doctorat) : habilitation
à diriger des recherches (”Les paix de Religion. L’autonomisation de la raison politique au XVIe
siècle”). 35-36 ans (1996-1997) : maître de conférences à Lyon 2. Nommé professeur d’histoire
moderne à Lyon 2 en 1997, à 36 ans. Carrière exceptionnellement rapide pour un historien.
Carrière internationale. Elle commence dès 1992 à 31 ans : directeur adjoint de la Mission
historique de Göttingen (1992-1996). Elle se poursuit à Francfort sur le Main (1999), à Brown de
Providence (2001), à Genève et à Fribourg (2002 à 2004), au Warburg Institute à Londres (2004).
Olivier Christin construit son réseau, prend des responsabilités dans les Sociétés d’Histoire et dans
l’université, publie beaucoup (hélas pas sur les universités au 16ème siècle !) et devient “cumulant”
(directeur d’études à l’EPHE depuis 2003). En 2008, peut-être Olivier Christin hésite-t-il : “vais-je
faire le président ? me confronter à des conflits internes ? partir faire ma carrière à l’étranger ? une
carte de visite de président peut-elle m’aider dans ma carrière ?”.
C’est au cours de la quarantaine que bien des choix professionnels s’avèrent décisifs. Olivier Christin
a choisi de partir faire le professeur en Suisse. Faut-il lui jeter la pierre ? Non ! Les professeurs en
Suisse sont nettement plus payés que les professeurs en France (Honneur à la Suisse, ouverte aux
professeurs étrangers). Le blogueur est cependant choqué : l’intérêt individuel prime aujourd’hui
sur l’intérêt collectif (question de génération ?).
Les universités sont “libres et responsables”. Leurs présidents sont libres et donc peuvent faire
preuve de peu de responsabilité à l’égard de leur université. Le président Christin aura-t-il la
décence de reverser l’indemnité de président qu’il a perçue durant le début de son mandat ? Ne
serait-ce pas normal puisque le mandat n’a pas été mené à son terme ? Le blogueur en est certain :
Olivier Christin soigne en effet son image (de nombreuses photos sur Internet). A suivre donc !
12 octobre 2009
Président Puech
Gilbert Puech a été Président de l’université Lumière Lyon 2 de 2001 à 2006. Les deux
présidents qui lui ont succédé ont démissionné en cours de mandat : Claude Journés en
2008, Olivier Christin en 2009 (lire les chroniques : “Président Christin” et “Démission du Président“).
En 2004, le Président en fonction ne pouvait être réélu ; Gilbert Puech était partisan d’une réélection
possible (deux mandats de 4 ans). Que se serait-il passé s’il avait pu être candidat en 2006 et avait été
réélu ? On ne refait certes pas l’histoire, mais on ne peut pas ne pas se poser la question.
Le blogueur a interviewé le Président Puech en juin 2004 (lire l’interview). C’est un Président de
gauche ; il ne s’en cache pas et explique ce qu’est “gouverner une université à gauche”. Il s’exprime
sans langue de bois et ses prises de position sont encore aujourd’hui au coeur des défis universitaires :
relations avec l’Etat et les collectivités territoriales, rénovation immobilière, universités au centre de la
recherche, architecture des masters et sélection qui devra se faire à l’entrée du M1, droits d’inscription
payés par les étudiants d’un montant insuffisant, nécessaire fusion des 3 universités lyonnaises car
leur création au début des années 70 ne fut une affaire que de clivages politiques.
Gilbert Puech développe également une analyse moderne de la gouvernance de l’université, de la
nécessité d’avoir une équipe soudée autour du Président, d’une administration efficace et de
personnalités extérieures impliquées. Depuis 2004, la LRU a réalisé certaines des “revendications” de
Gilbert Puech (et de bien d’autres présidents) : la réforme des statuts de l’université est devenue plus
facilement réalisable, les conseils, élus juste avant le Président, ont désormais un mandat de même
durée que lui. Une des réformes souhaitées par Gilbert Puech n’a par contre pas été retenue par la LRU
: la possibilité donnée aux conseils de démettre le président ; cette lacune de la loi n’a cependant pas
empêché le démission de Claude Journès !
Gilbert Puech a aujourd’hui 63 ans. Il ne sera donc vraisemblablement pas candidat à la Présidence
de Lyon 2. Mais d’ailleurs qu’est-il devenu après la fin de sa Présidence ? En 2004, il parlait du
“désarroi de certains anciens présidents qui se retrouvent sans rien avoir à faire, de l’impossibilité
d’accepter une petite charge quand on a dirigé une chose aussi complexe que l’université, de la
nécessité de se préparer à réinvestir dans l’enseignement en s’appuyant sur les TICE”.
Gilbert Puech semble avoir trouvé un bon compromis : il est resté dans son université mais il a pris
des responsabilités qui sortent des frontières de celle-ci et qui ont un rapport étroit avec ses
compétences de chercheur, spécialiste de phonologie et phonétique expérimentale et de linguistique
africaine et passionné par les TICE (regarder la vidéo de Gilbert Puech sur le développement
nécessaire des TICE).
Gilbert Puech est directeur de FILTRE, formations innovantes en langues, et directeur de PERSEE,
“portail Internet donnant accès à l’intégralité de collections rétrospectives (documents anciens
numérisés) de revues françaises en sciences humaines et sociales” (Wikipédia). Certes, Gilbert Puech a
un devoir de réserve. Il n’empêche : on aimerait le lire et l’entendre sur le thème : “quel avenir pour
Lumière Lyon 2 ? quel président élire pour conduire une stratégie offensive ?“.
15 décembre 2009
Recteur Quesnel
Suite de la chronique “Etablissements privés“. Michel Quesnel est recteur de l’Université catholique
de Lyon depuis 2003 et président de l’Union des établissements d’enseignement supérieur catholique
(UDESCA) depuis 2007. Sa trajectoire professionnelle est d’une remarquable continuité au sein de
l’Eglise catholique et de ses institutions d’enseignement de haut niveau (CV sur le site de l’université
et CV sur EducPros). Longues études théologiques et bibliques jusqu’à l’obtention du doctorat en
1984. Entrée dans l’ordre des Oratoriens non mentionnée dans le CV. De 1978 à 2003, Michel
Quesnel enseigne à l’Institut catholique de Paris (professeur depuis 1991). Nombreux ouvrages : du
premier en 1978 (Les Epîtres aux Corinthiens) au dernier publié en 2008 (Saint Paul et les
commencements du christianisme). Michel Quesnel est né en juin 42 ; à 67 ans, envisage-t-il de se
retirer de ses responsabilités (”Professeurs âgés, partez!“) ? Site de l’université catholique de Lyon
: une fort regrettable absence d’information sur son mode de gouvernance.
24 décembre 2009
Président Marois
William Marois vient d’être nommé recteur de l’Académie de Créteil. C’est plutôt une promotion
par rapport à l’Académie de Bordeaux dans laquelle il était recteur depuis 5 ans : davantage
d’établissements, d’élèves et d’enseignants et… un rapprochement de la capitale. La longévité du
professeur Marois dans la fonction de recteur est incroyable : 17 ans sans interruption !
Mais qui est William Marois (CV sur EducPros, Biographie non consultée sur Who’s who in France
? - il faut payer 6 euros! -, aucune notice sur Wikipedia) ? Il est né en septembre 1956 à Orléans ; il a
donc 53 ans. La carrière est exceptionnelle. Docteur en Sciences économiques à 23 ans (1979),
maître assistant à 24 ans à Paris 1 (1980), professeur d’université à 25 ans (1981), nommé à Niamey
(Niger), après l’obtention de l’agrégation. A 27 ans (1983), l’expatrié rentre en France comme
professeur à Orléans. De 28 à 35 ans (1984 à 1991), il est directeur du Groupement de recherche du
CNRS (GdRe 335) portant sur “monnaie et financement”. Ses travaux de recherche s’exercent dans ce
champ : trois livres collectifs en vente sur le site de la FNAC, Politiques économiques (1998),
Monnaie, taux d’intérêt et anticipations (1992), Déséquilibres en économie ouverte (1999). 1999, dix
ans déjà et pas d’autres publications trouvées en ligne.
Mais, c’est normal, William Marois prend de plus en plus de responsabilités. Il est élu Président de
l’université d’Orléans en 1987, à l’âge de… 31 ans. Il le demeurera jusqu’en 1992. Je suppose qu’en
tant que président de l’université il n’a guère enseigné. Il n’a donc enseigné que 5 années en France,
en tant que maître-assistant puis professeur.
En 1992 en effet, il est nommé une première fois Recteur d’académie à Nancy-Metz (ce n’est pas
une petite académie) : à 36 ans. Après cinq ans en Lorraine, il est nommé Recteur à Rennes (19972000), puis à Montpellier (2000-2004), puis à Bordeaux (2004-2009), puis désormais à Créteil. 5
postes de recteur sans discontinuité. Du jamais vu ! Le poste de recteur est un poste politique : le
recteur est en effet le représentant du ministre de l’Education nationale et il doit appliquer la politique
définie par le gouvernement en matière d’éducation. De 1992 à 2009, William Marois a exercé ses
fonctions sous 3 Présidents de la république, et je ne sais plus combien de Premiers ministres et de
Ministres de l’Education nationale. William Marois a été nommé par la gauche et maintenu par la
droite, puis remaintenu par la gauche… Cela est incroyable mais vrai.
William Marois a fait parler de lui cette année car il a été en charge, avec Daniel Filâtre, de la
commission de concertation sur la mastérisation de la formation des maîtres. En 1998, sous la
gauche, il avait été responsable de la table ronde “enseignement professionnel”. Depuis mai 2007, il
est président de la Commission nationale d’évaluation de la formation des maîtres. Qu’a préconisé
William Marois dans son rapport sur la formation des maîtres de juillet 2009 (rapport distinct de celui
de Daniel Filâtre) ? Le rapport préconise l’organisation des concours en début de M2 et 10
propositions, dont “inscrire la formation des enseignants dans le cadre de masters de disciplines avec
des crédits de préprofessionnalisation en M1 (environ 30 à 40%) et de professionnalisation en M2
(environ 60%)”… “Articuler ces masters autout d’un “coeur de master” donnant aux étudiants un haut
niveau scientifique dans un champ disciplinaire et en appui sur des centres de recherche
reconnus”. Ces propositions sont reprises dans le projet de circulaire de la semaine dernière. Le
problème, c’est que personne ne veut de ce master hybride, à la fois “master professionnel” et
“master de recherche” (chronique : “35 à 3“). Que pense William Marois de ce rejet ? J’oubliais : les
recteurs ont un devoir de réserve !
William Marois fera-t-il le recteur jusqu’à sa retraite ? Si oui, il devrait encore pouvoir compter
sur deux postes (dont celui de Paris ?). Si non, que fera-t-il ? Je ne crois pas qu’il retournera faire le
professeur d’économie à Orléans. Il serait sans doute alors nommé IGAENR. Toujours est-il que
j’aimerais bien que quelqu’un m’explique sa longévité exceptionnelle et continue dans un poste de
recteur, sous la droite et sous la gauche ! A-t-il un réseau puissant sur lequel il s’appuie et qui
l’appuie ?
27 décembre 2009
Président Dulbecco
Philippe Dulbecco est président de l’université d’Auvergne (site de l’UDA) depuis Juin 2007
(Trajectoires de présidents ou d’anciens présidents dans la rubrique “Présidents” de ce blog). Il a
succédé à Annie Veyre. Son élection a été brillante : seul candidat en liste, il a obtenu 93 voix auprès
des 113 électeurs, membres des 3 conseils (CA, CS, CEVU). Le nouveau président n’a pas le temps
de ”chômer”, LRU oblige. Il lui faut faire adopter des nouveaux statuts pour l’université, faire élire les
nouveaux conseils LRU et se faire confirmer dans ses fonctions : c’est chose faite en moins de 3
mois. En décembre 2007, les électeurs lui ont donné une majorité écrasante : la liste qui le soutenait
(”UDA, un projet de développement pour l’université”) a obtenu 12 des 14 sièges du Conseil
d’administration dans le collège enseignants-chercheurs (chronique : “Mode de scrutin“). Il n’est donc
pas étonnant que Philippe Dulbecco soit confirmé, début 2008, dans ses fonctions par le nouveau CA :
réélu à l’unanimité moins une abstention. Par deux fois, en 2007 et début 2008, Philippe Dulbecco a
été élu à une écrasante majorité. Sa légitimité dans l’université est incontestable.
Mais qui est Philippe Dulbecco, professeur d’économie ? Il est né en juin 1966 (CV sur EducPros)
et est donc élu président de l’université d’Auvergne à 41 ans ; il fait partie de la nouvelle génération
des présidents (regarder la vidéo du mot du président : décontracté, en jean et sans cravate). Sa carrière
professionnelle est ”honorable” : DEUG d’économie obtenu à Nice à l’âge de 20 ans (1986), licence
puis maîtrise d’économie à 22 ans (1988). Après un ”DESS d’économie, spécialité génie du
développement industriel et un DEA d’économie, spécialité dynamique des économies ouvertes de
production”, il soutient, à l’âge de 27 ans, son doctorat “Coopération, concurrence et coordination
temporelle” (1993). Thématique intéressante ! Le futur président pense-t-il l’appliquer un jour dans le
champ universitaire ?
Philippe Dulbecco commence sa carrière professionnelle à 28 ans en 1994, en tant que maître de
conférences en économie à Lyon 2 ; il y reste 3 ans puis obtient sa mutation à l’université d’Auvergne
en 1997 (à 31 ans). Il soutient son habilitation à diriger des recherches en 2000 (34 ans), réussit
l’agrégation du supérieur en 2002 (à 36 ans, ce qui n’est pas particulièrement jeune) (liste des
publications jusqu’en 2005). Il part faire le professeur à Metz (classement de l’agrégation oblige) où il
ne reste que 2 ans. Le revoici donc à Clermont-Ferrand en 2004, comme professeur d’économie à
l’âge de 38 ans. Il faut noter que le parcours d’études et le parcours professionnel ont mené Philippe
Dulbecco à Nice, Lyon, Metz et Clermont-Ferrand. Belle mobilité !
2004, Annie Veyre est présidente de l’université d’Auvergne. Trois ans plus tard, Philippe Dulbecco
est élu Président. Extrême rapidité de la montée en responsabilités “administratives” ! Mais
trajectoire assez habituelle : le nouveau président occupait la charge de vice-président en charge du
Conseil scientifique ; on ne devient président qu’après avoir déjà exercé des charges dans son
université ou ailleurs. Le président ne fuit pas les responsabilités ; les recherche-t-il ? “Membre du
comité de suivi du master de 2005 à 2006, conseiller scientifique à la Direction générale de
l’Enseignement Supérieur (DGES) de 2006 à 2007, chargé de mission pour l’économie à la Mission
scientifique, technique et pédagogique du ministère de la Recherche et des nouvelles technologies,
expert auprès de l’ANR, membre nommé du Comité d’orientation du département de recherche sur
l’innovation et la concurrence de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques). La
liste complète des responsabilités, arrêtée en 2005, est impressionnante (une quarantaine : c’est trop
!). Dans ces fonctions, Philippe Dulbecco a, la plupart du temps, été “nommé” et il l’a été sous des
gouvernements de droite.
Le président Dulbecco est un ardent partisan de l’autonomie des universités, de l’autonomie de
l’université d’Auvergne, passée aux responsabilités et compétences élargies (RCE) au 1er janvier 2009
et qui demande à obtenir la dévolution de son patrimoine immobilier. Au moment de la publication de
la LRU, Philippe Dulbecco a critiqué l’absence d’autonomie en matière de sélection à l’entrée de
l’université et de fixation du montant des droits d’inscription. Dans une chronique de mars 2009 sur le
site de “Sauvons l’université”, au moment donc où le mouvement du printemps est à son apogée, il
livre sa conception de l’autonomie et se plaint amèrement ”d’une autonomie peau de chagrin“. Il ne
peut supporter que l’Etat reprenne d’une main ce qu’il a donné de l’autre (la loi LRU) :
“l’autonomie oui, mais à condition de restreindre les marges de liberté des universités autonomes”. Ce
que le président d’Auvergne veut : “redonner toutes les marges de manoeuvre financières aux
établissements ; parler vrai à l’ensemble des composantes des universités (en particulier aux IUT) et
rappeler le rôle décisif qui est le leur dans la conduite de tout projet de développement ; repenser la
répartition des moyens entre les établissements pour donner les mêmes chances à tous de se
développer vraiment dans un système non seulement nouveau, mais aussi plus exigeant ; réécrire
certes le décret régissant le statut des enseignants-chercheurs, mais sans remettre en cause la
nécessaire modulation des services et le pilotage au niveau de chaque université des promotions et
des carrières“. Chronique de ce blog “L’autonomie, c’est fini“.
Philippe Dulbecco est encore peu connu des médias, jusqu’au moment où, interviewé par le Figaro le
11 septembre 2009, il déclare : ”Une université se gère désormais en partie comme une entreprise.
En termes de management d’établissement, ça change tout. Il a fallu moderniser les procédures de
gestion, les ressources humaines, les services financiers. Nous pensons désormais comme des
gestionnaires de ressources humaines, ce qui n’était pas le cas avant. Nous initions notre propre
politique de développement“… “Lorsqu’un enseignant nous “fait gagner de l’argent”, grâce à ses
contrats de recherche ou à la formation continue, nous réfléchissons au partage des recettes”. Que n’at-il pas dit là ! Le titre de l’article (”Je gère mon université comme une entreprise”) est symptomatique
des dérives journalistiques. Ce qu’a dit le président d’Auvergne, c’est : “une université se gère
désormais en partie comme une entreprise”. La nuance “en partie” est disparue du titre de l’article.
D’accord avec Philippe Dulbecco pour rappeler que toute université - comme toute entreprise - doit
atteindre des résultats avec efficacité et efficience (faire le meilleur usage des ressources). D’accord
avec lui s’il n’oublie pas que l’université est un service public d’enseignement supérieur et de
recherche, que c’est au “Politique” de fixer les grandes orientations du champ, que c’est
au ”Politique” de veiller à ce que ce service public mette en oeuvre les valeurs républicaines (égalité
des chances, mixité sociale, laïcité, tolérance, absence de discriminations…). D’accord avec lui s’il
n’oublie pas l’existence des corps professionnels sur lesquels se fondent la production et la
diffusion du savoir et qui disposent de libertés universitaires. Il faut rappeler à Philippe Dulbecco
que l’entreprise universitaire ne se gère pas contre les salariés de l’université, que les entreprises qui
ont profité de la crise mondiale pour jeter des salariés à la rue ne sont pas des exemples à suivre !
Mais, au fait, l’université d’Auvergne est-elle gérée “en partie” comme une entreprise
? Chronique à suivre : “Made in UDA”.