: LE DERNIER DU CULTE... SPIDER EUROPA PININFARINA
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: LE DERNIER DU CULTE... SPIDER EUROPA PININFARINA
Il Corriere della Squadra N° QUARANTA DUE SPIDER EUROPA PININFARINA : LE DERNIER DU CULTE... Août 1984, bien avant les sombres évènements “Charlie Hebdo” du mois de Janvier dernier, la presse ne connaissait pas de restrictions quant à la religion. Aussi, un autre “Hebdo” (Auto Hebdo cette fois-ci) avait choisi de laisser le volant d’un Spider 124 Europa entre les mains de deux nones pour l’un de ses articles... En ce temps-là, vivaient les cabriolets. Ceux qui y étaient assis roulaient heureux, cheveux au vent. Et puis vint la crise, s’abattit la morosité. Peu survécurent, et parmi eux, le Spider Fiat réfugié aux Amériques. Aujourd’hui il nous revient, alléluia ! Q uel âge lui donnez-vous à cette Fiat 124 Spider ? Cinq, dix ans ? Vous êtes loin du compte car c’est au salon de Turin 1966 qu’elle fit son apparition ! Carrossée par Pininfarina, cette Fiat reprenait I’architecture de la berline dont elle était naturellement. issue mais recevait un splendide double arbre de 1 438 cm3 développant 96 ch (SAE à I’époque) accouplé à une boite cinq vitesses. L’ensemble approchait les 170 km/h et ne dépassait pas 15 000 F. Ce terme de spider était quelque peu galvaudé (étymologiquement, un spider est un emplace- ment qui, placé à I’arrière d’un cabriolet, peut recevoir des passagers ou des bagages) mais commercialement (et surtout aux USA) il était probablement plus efficace que Ie sempiternel “cabriolet” mis à toutes les sauces ou encore Ie “convertible” americain. De 1 400 cm3 la cylindrée passa très vite à 1 600 puis à 1 800 et un beau jour de 1974, Ie Spider disparut d’Europe, victime d’une conjoncture économique difficile. Les différentes crises automobiles marquaient la fin des petites productions et seule I’Amerique accueillait encore à bras ouverts 120 Même s’iI y a un petit décalage dans Ie temps, Ie Spider Pininfarina appartient pour moi à tout ce petit monde de la nouvelle vague. J’y assimile pêle-mêle Ie nouveaux cinéma français et italien, Ie twist, les yéyés et je verrais bien Jacques Charrier ou Brialy, assis dans un Spider, draguer Brigitte Bardot ou Bernadette Laffont à la terrasse d’un café de St-Germain des Près. D’ailleurs, lorsque vous roulez au volant de cette volture, vous percevez fugitivement dans Ie regard de vos voisins ce bizarre sentiment de décalage qu’ils éprouvent. C’est visiblement une voiture neuve ou plutôt nouvelle mais la ligne est ancienne, connue, il y a un truc quelque part. En réalite, Ie Spidereuropa donne à fond dans Ie rétro des années 60 mais avec suffisamment de recul pour ne jamais paraitre ridicule. Si, esthétiquement la Fiat a traversé les âges sans se dévoyer, I’évolution mécanique est également peu sensible. À I’avant, on retrouve des triangles, des ressorts helicoïdaux et une barre stabilisatrice et à I’arrière, un brave essieu rigide avec jambes de poussée, une barre Panhard et des ressorts hélicoïdaux. Le moteur est Ie 2 L, double ACT, monté sur les Quel joli parfum des années 60 avec cette élégante planche de bord mariant Ie cuir et Ie bois... Le Spider europa est un strict, deux places mais la plage arrière comme Ie coffre offrent un interessant volume pour les bagages. Argenta 2000, c’est-à-dire un quatre cylindres de1 995 cm3 alimenté par une injection indirecte électronique Bosch L-Jetronic. Malheureusement, les normes americaines d’antipollution sont passées par Ià et de 9 :1, la compression est passée à 8,2 : 1, la puissance chutant de 122 à 105 ch Din, Ie couple tombant de 17,5 mkg à 15,2. La transmission est à cinq rapports avec une 5e légèrement surmultipliée (0,88) mais Ie rapport de pont est relativement court (3,9 :1). D’ailleurs, la vitesse en cinquième à 1 000 t/mn n’est que de 30,4 km/h. Dans les variantes proposées, iI existe encore une boîte automatique à trois rapports (d’origine GM) et un modèle Volumex - compresseur mécanique avec pression de suralimentation de 0,4 bar - qui developpe 135 ch. Comme en 1966, la direction est à vis et galet et toujours comme iI y a 18 ans (une performance pour I’époque), les freins sont à disques sur les quatre roues. Seule concession au progres : I’équipement pneumatique. La Pininfarina hérite de Pirelli P6 de 185/60 HR 14 montés sur des jantes alliage de 5 1/2 par 14. Depuis 1966, Ie poids s’est accru d’un peu plus de 120 kg. LES DÉTAILS Température d’eau, manomètre d’huile, ouverture automatique du coffre arrière, vide-poches lateraux (au niveau des jambes), lève-vitres électrique, Ie spider Pininfarina offre un équipement tout a fait respectable. l Outre Ie tableau de bord plaque bois, Ie Spider Fiat reçoit des poignées de portes dans Ie plus beau style rétro. À I’exterieur, c’est plutôt raffiné mais à I’interieur, infiniment désagréable l Les petites tailles auront toutes les peines du monde à conduire la voiture car même dans sa position la plus rapprochée, Ie siège est loin des pédales ! ce joli cabriolet. On croyait ce spider disparu à tout jamais de nos routes lorsqu’au salon de Genève 1982 sur Ie stand Pininfarina... Déjà constructeur à I’origine de la voiture, Ie carrossier italien avait décidé de relancer la production et de prendre à son compte la commercialisation de la voiture, toujours avec I’aide de Fiat bien sûr, mais elle s’appellerait dorénavant Pininfarina Spidereuropa. L’enthousiasme des jeunes californiennes avait sauvé la voiture et elle nous revenait ainsi par un curieux ricochet. l 121