Cinquantenaire de la Faculté - Timone

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Cinquantenaire de la Faculté - Timone
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Allocutions du 20 novembre 2008
• Jean-François Pellissier
• Jean-Claude Gaudin
• Michèle Tregan
• Janine Ecochard
• Jean-Paul de Gaudemar
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De l'Université de la Méditerranée à la Faculté Timone - 2000 ans d'histoire de l'Ecole de médecine
de Marseille, Yves Baille et Georges François.
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Le cinquantenaire de la Faculté de Médecine de Marseille, Jean-François Pellissier.
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Historique de la construction, René Egger.
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Conception des salles d'enseignement et des laboratoires de recherche, Jacques Corriol.
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Évolution des méthodes d'enseignement, Pierre Champsaur.
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Évolution de la recherche, Jean-Paul Bernard.
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Évolution de la médecine, Jean-Robert Harlé.
51
Place de la Faculté de Médecine dans l'Université de la Méditerranée, Yvon Berland.
54
Les posters de l'exposition du cinquantenaire.
J.P.
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INFOMED Hors série - Décembre 2008
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2 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
Vous pouvez retrouver cette publication sur le site web de la Faculté
http://www.timone.univ-mrs.fr/medecine/
Allocution de bienvenue
Jeudi 20 novembre 2008
Professeur Jean-François PELLISSIER
Doyen de la Faculté de Médecine
• Madame
Janine
Ecochard, Vice Présidente
du Conseil Général,
• Monsieur Jean-Paul de
Gaudemar, Recteur de
l’Académie d’Aix Marseille, Chancelier des
Universités,
• Monsieur Bruno Gilles,
Sénateur des Bouchesdu-Rhône,
• Messieurs les Présidents d’Université
honoraires et en fonction,
• Messieurs les Doyens
et Directeurs d’UFR,
• Monsieur Jean-Paul
Segade, Directeur Général
de l’Assistance Publique
et son équipe de
direction,
Mesdames, Messieurs,
B
ienvenue à la Faculté de
Médecine de la Timone à
Marseille
pour
son
Cinquantenaire.
• Monsieur Jean-Claude Gaudin,
Maire de Marseille,
• Madame Michèle Tregan
représentant le Conseil Régional,
• Monsieur le Professeur
Guy Moulin, Président de la
Commission Médicale,
• Mesdames et Messieurs les
représentants de l’Agence
Régionale de l’hospitalisation et de
la Direction Régionale des Affaires
Sanitaires et Sociales,
• Mesdames et Messieurs les
Conseillers municipaux et les
Délégués Régionaux de l’Etat pour
les Organismes de Recherche,
d’enseignement et de technologie
• Mesdames et Messieurs les
membres du Conseil de la Faculté,
des Comités Pédagogiques et
Scientifiques,
• Mesdames et Messieurs les
Professeurs et Maîtres de
Conférences, Vous mes Chers
Maîtres, mes Chers Collègues et
Amis,
• Mesdames et Messieurs les
Directeurs des équipes de
Recherche,
• Mesdames et Messieurs les
Chefs de Clinique-Assistants, les
Internes et les étudiants,
• Mesdames et Messieurs les
Chefs de Service et Personnels de
la Faculté.
Et puis de façon très personnelle à
mes amis :
• Roland Blum, premier adjoint à la
Mairie de Marseille et Liliane, je
suis très heureux de vous avoir ici
ce soir,
• Les Médecins Généraux Pierre
Jeandel et Jean-Etienne Touze,
Marseillais venus de Paris,
• Les Professeurs Yves Baille,
Georges François, Robert Aquaron
et les amis du Patrimoine qui ont
réalisé l’exposition dans le Grand
Hall,
• Le Professeur Francis Giraud,
Maire de Roquefort La Bedoule
pour des raisons bien spéciales.
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Cette Faculté de Médecine a donc
50 ans.
1958, c’est aussi la création de la
Vème République avec le Général
de Gaulle et les ordonnances du
Professeur Robert Debré instituant
les
Centres
HospitaloUniversitaires.
Nous vous proposerons au cours
de cette soirée l’histoire de cette
Faculté dans sa conception avec
son architecte, Monsieur René
Egger, ses orientations stratégiques avec le Professeur
Jacques Corriol, bras droit du
Doyen Georges Morin.
Puis, nous vous montrerons les
évolutions pédagogiques avec
Pierre Champsaur, les progrès
scientifiques avec Jean-Paul
Bernard et le développement de la
Médecine avec Jean-Robert Harlé.
Notre Président, Yvon Berland
achèvera cette soirée en nous
précisant la place de la Faculté de
Médecine dans l’Université
d’aujourd’hui.
Je voudrais remercier toutes les
personnes et services de la Faculté
qui ont permis la réalisation de
cette soirée, et plus particulièrement le bureau décanal et le
service de la communication.
La Mairie de Marseille, le Conseil
Régional, le Conseil Général et
l’Académie d’Aix-Marseille ont été
les partenaires privilégiés dans le
développement de l’Enseignement
et de la Recherche tout au long de
ce demi siècle .
Je rappellerai :
• la création du Centre de Thérapie
Génique,
• le Centre d’expérimentation
physiopathologique,
la création du Centre d’Etude et de
Recherche Chirurgicale,
• le futur bâtiment pédagogique et
l’implantation CERIMED dans le
cadre du Contrat Plan Etat Région,
• la décision de réaliser la
Tumorothèque Départementale à la
Faculté pour notre CHU.
J’ai demandé aux responsables de
nos collectivités d’exposer leur
vision de notre établissement.
De gauche à droite,
Au premier rang :
F. Giraud, J. Ecochard, J.P. de Gaudemar, M. Tregan, O. Berland, Y. Berland, J.C. Gaudin, R. Blum, L. Blum, J.P. Segade
Au second rang :
M. Pena, J.P. Caverni, G. Peisser, G. Serratrice, G. François, Y. Baille, R. Aquaron, G. Moulin, P. Fuentes, P. Champsaur
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Allocution de
Jean-Claude GAUDIN
Sénateur Maire de la Ville de Marseille
Monsieur le Doyen,
Monsieur le Recteur,
Monsieur le Président de
l’Université,
Monsieur le Président du Conseil
Général,
Monsieur le Président du Conseil
Régional,
Monsieur le Directeur de l’AP-HM,
Chers collègues parlementaires,
Monsieur le premier adjoint des
Bouches du Rhône,
Monsieur le sénateur Bruno Gilles et
Monsieur le sénateur honoraire
Francis Giraud qui a tant participé,
avant de travailler considérablement
à la Haute Assemblée, avec vous les
professeurs et qui est l’ami de tous
ici.
Mesdames et Messieurs, Chers
collègues, Chers amis.
Très heureux, nous sommes réunis,
Monsieur le Doyen, à votre
invitation pour fêter les 50 ans de
notre Faculté de Médecine et sachez
qu’au nom de la ville de Marseille
j’apprécie le privilège qui m’est
donné de prendre la parole devant un
parterre aussi prestigieux et savant.
Marseille a toujours été réputé pour
la qualité de sa médecine.
Alors du fait de l’exercice que vous
m’avez octroyé, Cher Monsieur le
Doyen, je me suis plongé avec
délectation dans l’histoire médicale
de notre ville grâce aux écrits de
l’éminent Professeur Baille et je suis
remonté jusqu’à l’Antiquité,
rassurez vous je ne vais pas
développer tout ça.
Mais quand même, à l’époque où
Lutèce n’est encore qu’un village,
Marseille possède une université
florissante dont la réputation vient
juste après, me dit-on, celle
d’Athènes et d’Alexandrie. Son
prestige rayonne sur toute la
Méditerranée et Cicéron écrira que
l’Athènes des Gaules surpassait en
sciences et en sagesse tous les
peuples de la Grèce.
L’école de médecine directement
inspirée par la célèbre école
d’Alexandrie formera de grands
médecins dont l’histoire a retenu les
noms Démosthène, Crinas ou encore
Charmis. Marseille était dotée de
structure d’enseignement de la
médecine d’une telle qualité que
Jules César l’a prise en modèle.
Mesdames et Messieurs, Marseille
s’est toujours distinguée s’agissant
de la renommée de ses médecins
comme des cas que la ville a pu
abriter.
Je sais, vous pensez bien entendu
tous à ceux que vous avez soignés et
sauvés comme Emmanuel Vitria,
moi je vais un peu plus loin, je pense
aussi à Lazare, le premier ressuscité
de l’histoire et que, si on en croit la
légende, a converti Marseille. Belle
énigme médicale que vous
qualifierez en bon scientifique de
première mondiale en réanimation.
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D’ailleurs justement au-delà,
comme vous le savez, la
réorganisation de l’enseignement
médical de la loi de 1794 ne
concerne Marseille qu’en 1818 ;
grâce à la mobilisation des
médecins, la ville ouvre son école
secondaire à l’Hôtel Dieu.
En 1821, on ajoute une chaire
d’hygiène navale et des maladies
des gens de la mer dans le droit fil
de la création du bureau de santé
sous Louis XV.
Et ce n’est qu’en 1930 que nous
obtenons le titre de Faculté de
Médecine générale et coloniale et de
pharmacie, Monsieur le doyen
Vanelle.
Par la suite, plusieurs projets
farfelus ont vu le jour comme
l’installation de la Faculté sur
l’emplacement du stade vélo-drome.
Ils ont, Dieu merci, tous étaient
abandonnés.
Et en 1958, on ouvre la nouvelle
Faculté sur les terrains de la Timone.
La même année se créent les centres
hospitalo-universitaires à l’initiative
de Robert Debré. Il s’agit d’un
concept révolu-tionnaire qui sera la
clé de voûte de l’évolution du
sytème hospitalo-universitaire.
Fidèle à l’histoire de la ville, cette
Faculté s’est ouverte sur l’étranger
dès la fin des années 70 en
établissant des partenariats et des
échanges avec de nombreux pays,
sans oublier l’accueil des étudiants
et de médecins étrangers.
A ce jour, la Faculté, me dit on,
compte 233 professeurs, 134 maîtres
de conférences, 185 assistants-chefs
de clinique et praticiens hospitalouniversitaires et 350 personnels ;
14.750 thèses ont été soutenues,
8.845 étudiants.
Et à ce propos, Monsieur le Recteur,
vous savez que nous menons une
dure bataille, et ceci depuis
plusieurs années, pour arrêter la
baisse du nombre d’étudiants et
d’internes reçus à Marseille.
C’est d’autant plus injuste que nos
résultats sont toujours parmi les
meilleurs du pays.
Laurence Stern, écrivain et
ecclésiastique irlandais, a dit "si la
cause est bonne c’est de la
persévérance" et nous en avons
Monsieur le Recteur, les
parlementaires et moi-même, parce
que sans arrêt nous vous demandons
cela.
Soyez donc persuadé sur le sujet,
comme le furent ces grands
médecins qui ont ponctualisé la vie
de cette Faculté, le doyen Morin
considéré comme son père spirituel,
les doyens Henri Gastaut, Henri
Roux, Maurice Toga, Gérard
Guérinel, Yvon Berland, André Ali
Chérif et aujourd’hui vous-même
Monsieur le Doyen, cher Monsieur
Jean-François Pellissier.
Voilà ce que je voulais vous dire.
La qualité de l’enseignement est
reconnue d’une manière générale en
France et à l’extérieur.
Nous nous félicitons, nous les élus
de cette ville des relations que nous
avons pu établir tout autour du
bassin méditerranéen avec de
nombreux pays, chaque fois que
nous nous déplaçons vous y venez
aussi avec nous et permettez-moi de
dire, à ceux qui n’auraient pas déjà
entendu l’explication que j’ai
donnée un soir où nous nous
trouvions avec vous à Alger avec
beaucoup de Marseillais, tout d’un
coup on est venu dans une
conférence et on m’a dit "voilà le
Président de la république
Monsieur Boutéflika souhaite vous
voir" et oui peut être demain, après
demain ; on m’a dit "ah non, ici,
c’est tout de suite" et on est venu me
chercher ; et alors pendant que je
montais vers les sommets d’Alger
où se trouve le palais présidentiel,
en moi-même je me disais "que vat-il me dire, il va me parler de la
décolonisation, du traité d’amitié
franco algérien que nous n’arrivons
pas à concrétiser, peut être va-t-il
me remercier aussi pour le fait que
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c’est la ville de Marseille qui
entretient les cimetières d’Alger, peut
être va-t-il me dire tout cela" et je
me préparais quand même dans ma
tête à avoir quelques réponses ; et
puis Monsieur
le Président
Boutéflika me dit : "écoutez deux
choses ; la première, l’Ambassadeur
de France, je devais recevoir ses
lettres de créances que dans un mois
et je le reçois dans une heure afin
qu’il puisse vous accompagner et
puis ensuite je vais vous dire
quelque chose : nous venons de faire
un hôpital neuf à Oran mais nous ne
savons pas le faire fonctionner ; estce que vous pouvez m’envoyer
l’Assistance Publique des Hôpitaux
de Marseille". Voilà Monsieur
Segade ce qu’on nous a demandé,
voilà ce que nous avons fait et
aujourd’hui l’Hôpital d’Oran il
fonctionne bien entendu avec les
médecins là-bas en Algérie.
Voilà nous pouvons traverser la
Méditerranée, nous pouvons aller làbas, nous sommes bien reçus grâce
à vous, grâce à tout ce que vous
symbolisez, que vous représentez.
Il y a parmi vous quelques anciens
que j’ai l’habitude de rencontrer et
qui sont justement ceux qui ont
participé à ce succès de cette Faculté
de Médecine, vraiment je suis très
heureux et Monsieur Segade, vous
voyez bien, il y a peu de temps que
vous êtes là et vous êtes comment ?
et les professeurs de médecine ont
confiance en vous ; ce sont eux qui
ont demandé que vous veniez et
c’est pour ça que Monsieur Blum,
Monsieur Gilles et moi-même avons
fait le nécessaire avec le Professeur
Giraud auprès du gouvernement de
la république pour que ce soit vous
qui soyez là à leur écoute et pour
faciliter ce qu'ils font, tant ce qui se
fait ici est un symbole de réussite
pour nos concitoyens qui ont besoin
de la santé et pour le rayonnement,
bien entendu, de la Faculté de
Médecine et de nos universités.
Allocution de
Michèle TREGAN
Conseillère Régionale
représentant Michel VAUZELLE,
Président du Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d'Azur
Monsieur Jean-Paul de Gaudemar,
Recteur de l’Académie d’AixMarseille,
Monsieur Jean-Claude Gaudin,
Sénateur Maire de Marseille,
Monsieur Yvon Berland, Président
de l’Université de la Méditerranée,
Monsieur Jean-François Pellissier,
Doyen de la Faculté, qui vient de
nous accueillir,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les éminents
Professeurs et Médecins qui
enseignent et qui ont enseigné dans
cette Faculté,
Mesdames, Messieurs les Personnels
et les Etudiants,
C’est un très grand honneur pour
moi de représenter Michel Vauzelle
aujourd’hui.
Pour être franche, je le fais au pied
levé, le Président Vauzelle tenant à
être parmi vous aujourd’hui ayant
été malheureusement contraint, par
un emploi du temps un peu difficile,
et pour parler derrière Monsieur le
Maire, c’est vrai que c’est peut-être
plus facile pour Michel Vauzelle que
pour moi.
Parler derrière Monsieur Gaudin est
un exercice toujours extrêmement
difficile que je pratique de temps en
temps et qui me met dans une
situation un petit peu périlleuse,
d’autant que je suis plus compétente
en matière d’économie et d’emploi
qu’en matière d’Université et de
Médecine.
Mais je crois que j’ai cependant
deux atouts :
• Le premier, c’est de représenter la
Région au sein de l’Université de la
Méditerranée au côté d’Yvon
Berland et ce depuis 4 ans, donc je
connais un petit peu le
fonctionnement de l’Université, et
d’être depuis peu aussi à U1 au côté
de Monsieur Caverni et de côtoyer
régulièrement, dans des manifestations, les acteurs de la recherche
que vous êtes.
• Et puis j’ai un deuxième atout,
c’est celui d’être Marseillaise et
donc de pouvoir reprendre
complètement à mon compte ce qui
vient d’être dit par Monsieur le
Maire et je ne dirais pas un mot de
l’histoire de cette Faculté, ça était
trop bien dit par Monsieur le Maire.
Donc, juste si vous le permettez,
quelques mots pour vous rappeler le
soutien de la Région, que je pense
vous connaissez tous, mais quand
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même vous rappeler que notre
Région qui est une institution si
jeune, si jeune à côté des 2000 ans
d’histoire de la Faculté et des 50 ans
que nous fêtons aujourd’hui, de
cette Faculté qui est installée à la
Timone après avoir été au Pharo.
Donc notre jeune institution, dont
vous avez été, Monsieur le Maire, le
premier Président, c’est la Région.
Bien évidemment le Président
Vauzelle est très attaché au soutien
en général à l’Enseignement
Supérieur et à la Recherche et plus
particulièrement à la Faculté de
Médecine.
Alors rapidement, très rapidement,
nous vous avons accompagnés,
avant 2005, dans le cadre du contrat
d’objectifs sur des projets de
réaménagement de locaux et
créations de centres.
Depuis 2005, nous avons participé
financièrement à mettre en œuvre, la
magnétoencéphalographie.
Nous avons participé au Centre
d’Exploration Métabolique par
résonance magnétique.
Nous avons financé aussi des projets
extrêmement structurants sur
lesquels je reviendrai, notamment le
Génopôle et le Cancéropôle et
depuis 2000 dans le cadre de contrat
de plan 2000-2006, nous avons sous
maîtrise d’ouvrage du Conseil
Général et j’ai oublié de saluer,
pardon, ma Collègue Janine
Ecochard, avec le Conseil Général et
l’Université nous avons participé à
la réhabilitation des locaux de la
Faculté d’Odontologie.
Vous l’avez dit, Monsieur le Maire,
nous sommes tous fiers de la
progression de la Faculté de
Médecine et nous nous battrons,
bien évidemment à vos côtés.
Dernier projet, et pas des moindres,
auquel nous avons participé tous
ensemble, c’est l’installation de
l’ACUNS, du Conseil Académique
du Système des Nations Unies, où
nous avons hébergé la première
réunion internationale dans les
locaux de l’Hôtel de Région et
c’était un grand honneur pour nous
de participer aussi à cette
installation.
Nous continuerons aussi dans le
cadre de nos politiques de
développement économique, et je
terminerai là-dessus pour vous dire
combien nous avons besoin de
l’Université et de la Faculté de
Médecine pour développer nos Pôles
Régionaux d’innovation et de
développement économique solidaire, et notamment le Pôle
Bioméditerranée. J’ai participé au
Comité de Pilotage, ce matin, de ce
Pôle de développement économique
au côté des représentants du
Cancéropôle, et pour nous le
développement d’activité d’entreprise et d’emploi dans ce domaine de
la santé est un atout majeur pour
notre économie régionale ; donc
nous avons beaucoup travaillé
ensemble.
Donc,
nous
vous
avons
accompagnés depuis le début pour
faire avancer la Recherche dans ce
domaine de la Santé, essentielle dans
notre société d’aujourd’hui et faire
de la Faculté de Médecine de
Marseille un lieu d’enseignement
d’excellence.
Nous continuerons à le faire et au
nom du Président Vauzelle, je vous
transmets tous nos encouragements
pour le développement de cette
grande Faculté de Médecine et
développer ensemble toutes vos
activités.
Merci de votre attention.
Dans le cadre du contrat de projet
2007-2013, nous participons à la
réhabilitation de l’actuel bâtiment
des Neurosciences, ainsi qu’au
projet CERIMED, l’Infectiopôle ;
dans ces projets nous finançons à la
fois les bâtiments et le
fonctionnement.
8 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
Allocution de
Janine ECOCHARD
Vice-Présidente du Conseil Général des Bouches du Rhône
Déléguée à l'Éducation, représentant Jean-Noël GUÉRINI,
Président du Conseil Général
Tout d’abord, je voudrais
vous présenter les excuses et
surtout les regrets du
Président Jean-Noël Guérini
retenu par ses obligations. Il
m’a demandé de le remplacer
et de le représenter
aujourd’hui, et c’est évidemment pour moi un plaisir
et un honneur, à l’occasion de
la célébration du 50 ième
anniversaire de la Faculté de
Médecine de Marseille.
Cinquante années qui sont
venues conforter et renforcer
la réputation d’une Faculté
qui, de l’Université de
Massalia à nos jours, n’a
jamais failli à sa vocation et
s’est construite sa propre
histoire alliant détermination
et humanisme toujours
résolument tournée vers
l’avenir.
Monsieur le Maire,
Madame la Représentante du
Président du Conseil Régional,
Monsieur le Recteur,
Monsieur le Président de
l’Université de la Méditerranée,
Monsieur le Doyen de la Faculté de
Médecine,
Mesdames et Messieurs les
Professeurs, chercheurs, personnels
de la Faculté,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Je profite de l’occasion qui m’est
donnée pour souligner et saluer le
travail des professeurs, des
chercheurs, des équipes de directeurs
et d’administration, de ces hommes
et de ces femmes, qui par
l’excellence de ses formations et de
leurs engagements ont contribué, et
contribuent encore aujourd’hui, à
façonner le département et la France
de demain.
On ne peut que se féliciter que des
générations d’étudiants aient pu
bénéficier de l’esprit d’ouverture et
de la grande qualité des
enseignements dispensés à la Faculté
de Médecine et contribuent à leur
tour à la diffusion des valeurs
humanistes et citoyennes auxquelles
nous
sommes
tous
très
profondément attachés.
Si le Conseil Général des Bouches
du Rhône a développé depuis
plusieurs années maintenant un
partenariat spécifique avec la
Faculté de Médecine de Marseille
c’est avant tout au service de cette
expérience et de cette réputation.
Il nous semble, en effet, tout a fait
fondamental que le domaine de la
recherche biologique et médicale
fasse l’objet d’un soutien constant et
exigeant de la part des pouvoirs
publics.
Depuis l’année 2000, ce sont prêt de
2 millions d’euros qui ont ainsi été
investi au bénéfice des Facultés de
Médecine, Pharmacie et d’Odontologie et des instituts de recherche
et laboratoires associés, pour
soutenir la recherche médicale, pour
participer à l’acquisition d’équipement spécifique, à la construction
et à la rénovation du bâtiment.
INFOMED Hors-série - Décembre 2008
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Le Conseil Général
vous
accompagnera dans le cadre du
projet 2007/2013, notamment pour
la création d’un infectiopôle et d’un
centre européen de recherche en
imagerie médicale.
A ces investissements s’ajoutent les
opérations conduites dans le cadre
de partenariats engagés depuis de
nombreuses années avec l’AP-HM.
Ces opérations permettent en
particulier l’acquisition d’équipements technologiques innovants,
comme le PETSCAN et plus
récemment l’appareillage d’imagerie
EOS pour le service de radiologie
pédiatrique de l’hôpital de la
Timone.
Le Conseil Général s’est également
beaucoup impliqué dans la lutte
contre le cancer en collaboration
bien sûr avec l’institut Paoli
Calmettes, le CNRS et l’INSERM et
toutes les équipes dont les
recherches sont centrées sur cette
problématique.
C’est dire, Mesdames et Messieurs,
si nous sommes attentifs au
développement de la recherche
scientifique et à l’amélioration
constante des conditions de pratique
de la médecine.
La participation du Conseil Général
des Bouches du Rhône au projet de
création d’une TUMOROTHÈQUE,
qui sera située à la Faculté de
Médecine de Marseille, participe de
cette même logique ; 330.000 euros
ont déjà ainsi été votés lors de notre
dernière commission permanente, en
parfaite cohérence avec la politique
de santé et la politique de ce soutien
à l’enseignement supérieur et à la
recherche
développées
par
l’institution départementale.
Ces investissements correspondent à
une volonté de notre collectivité de
soutenir et de développer des filières
de formation et de recherche, des
recherches de pointe tout en
confortant une logique de santé
solidaire.
Il est bien de notre devoir de
participer au progrès de la science
dont bénéficient quotidiennement les
habitants des Bouches du Rhône et
en particulier par des programmes
préventifs et curatifs qui permettent
d’impulser.
10 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
C’est parce que la Faculté de
Médecine de Marseille depuis 50 ans
joue dans ce cadre un rôle essentiel
que nous continuerons à soutenir ses
projets et ses initiatives.
C’est parce que son action nous
semble essentielle que nous avons
souhaité mobiliser des moyens
exceptionnels vers des choix
volontaristes de politique publique et
rester attentifs à vos besoins à votre
devenir, à vos messages.
Monsieur le Président, Monsieur le
Doyen, Mesdames et Messieurs
vous l’avez compris, vous avez
trouvé en nous, et en particulier
auprès du Président du Conseil
Général Jean-Nöel Guerini, une
oreille tout à fait attentive ; soyez
assurés de notre présence à vos côtés
au service de la science, de ses
progrès et de l’avenir de notre
département.
Vous avez aujourd’hui 50 ans, 50
ans de réussite, 50 ans d’un parcours
exemplaire.
Je souhaite que les années suivantes
s’ouvrent vers un avenir plus radieux
encore.
Je vous remercie de m’avoir écoutée.
Allocution de
Jean-Paul de GAUDEMAR
Recteur de l'Académie d'Aix-Marseille
Chancelier des Universités
l’histoire mais aussi, je le
souhaite, d’une projection dans le présent et
dans l’avenir.
Monsieur le Sénateur Maire,
Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus
régionaux,
départementaux,
municipaux,
Mesdames et Messieurs chers
Collègues, Présidents, Doyens,
Professeurs,
Mesdameses et Messieurs,
Tout anniversaire, comme celui qui
nous rassemble ce soir, c’est à la
fois l’occasion d’un retour sur
Retour sur l’histoire
d’abord.
Monsieur
Gaudin vient de le faire
avec son talent habituel.
Je voudrais l’évoquer à
mon tour très rapidement
devant vous comme le
reflet de l’histoire de
l’Université toute entière,
de la place que la
Médecine y occupe, et
comme il s’agit de
médecine, de quelque
chose peut-être d’encore
un peu plus important,
d’une certaine manière
de l’histoire de la santé
publique dans notre pays.
Et tout cela est au moins
aussi intéressant parce
que, dans cette déjà très longue
histoire, de celle que l’on doit
appeler la Faculté de Médecine de
Marseille, une histoire de plusieurs
siècles, même si on prend l’histoire
la plus récente, puisqu’il se trouve
que par hasard, l’année 2008, c’est
à la fois l’année de ce cinquantenaire, le Président Berland nous
dira peut-être tout à l’heure qu’on
pourrait même rajouter quelques
années, mais c’est aussi l’année,
on pourrait dire, du 190 ème
anniversaire de l’installation de
l’Ecole de Médecine et de
Pharmacie à Marseille, et c’est
aussi le bicentenaire des
Académies.
Et c’est intéressant cette période
parce que c’est au fond deux
siècles au cours desquels se
constituent, sur les bases définies
par le Premier Empire, l’université
française, et non seulement
l’université, mais je dirais
volontiers tout le système éducatif.
Et quand on regarde de près
l’histoire de ces deux siècles, on y
voit une évolution extraordinaire
de la conception même que notre
pays, que nos sociétés développées
de façon générale, avaient de
l’Université.
Il y a 190 ans, ou il y a 200 ans, il
eut été difficile de dire, que la
Médecine, la Pharmacie, le
domaine de la santé d’une façon
générale, aurait occupé une place
telle que celle qu’elles ont
aujourd’hui. Je dirais même tout
net : on ne considérait pas qu’il
s’agissait là d’un domaine
universitaire. C’était un domaine
d’une autre nature, et dans la
mémoire que nous avons pu
reconstituer de notre académie
bicentenaire, et bien, ni en 1808
forcément, ni même en 1818, on ne
pouvait considérer que ces
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activités, qui avaient bien entendu
toute leur valeur, sans doute autant
qu’aujourd’hui, mais n’étaient pas
considérés comme appartenant au
monde de la science, de la
recherche.
L’université à l’époque, c’était
essentiellement les humanités,
même le droit, les sciences d’une
façon
générale,
étaient
inexistantes.
Il y a deux siècles seulement, et au
fond quand on regarde d’un peu
plus près cette histoire, on voit
petit à petit émerger le monde de
la science, on voit émerger et c’est
évidemment votre histoire à vous,
on voit émerger cette rencontre très
particulière entre la science et le
développement d’une société, des
hommes, ce que l’on pourrait
appeler tout simplement la santé
publique.
Et cette histoire en définitive elle
est assez récente. Elle est assez
récente, y compris dans la place
qu’elle prend.
Je regardais avec beaucoup
d’intérêt cette très jolie exposition
que vous avez dans le hall. Il y a
une photo des étudiants de
Médecine de 1940, qui nous
rapproche
déjà
de
près
d’aujourd’hui. Il y avait combien,
50 étudiants de Médecine à
l’époque ?
Je rappelle d’ailleurs que toute
l’Université d’Aix Marseille pour
l’essentiel, hormis bien sûr les
médecins ici, tenait dans ce petit
hôtel particulier de la rue Gaston
de Saporta d’Aix en Provence.
C’était quelques centaines
d’étudiants, une poignée de
professeurs, et c’était d’ailleurs en
raison de ça que je pourrais
raconter l’histoire : je me souviens
que lorsque j’étais recteur de
l’académie de Strasbourg, j’avais
découvert un jour que, en 1940,
lorsque les allemands avaient
envahi l’Alsace, on avait
déménagé
l’Université
de
Strasbourg vers Clermont-Ferrand.
Et je me souviens toujours m’être
dit "mais bon sang si ça se
produisait aujourd’hui comment je
ferais ?" 50 000 étudiants, des
milliers de personnels, c’eut été
déménager une ville.
Je rappelle toujours ce souvenir
parce que ça donne une idée très
précise de ce qu’a été au fond dans
le dernier demi-siècle, un peu plus,
les dernières 190 années, cette
énorme trans-formation dont on ne
prend pas toujours la mesure.
Et la médecine est au cœur de cette
évolution, au cœur de l’évolution
parce que nous sommes rentrés à
ce moment-là dans une période où
non seulement les préoccupations
scientifiques où l’apport de la
médecine, et d’une façon générale
du domaine de la santé à la
Science, a été considérable, mais je
dirais les liens qui aujourd’hui
paraissent extrêmement naturels
entre la façon de s’occuper au
quotidien des hommes et la façon
de faire de la science n’existaient
sans doute pas à ce point.
Et c’est pour ça que l’histoire de la
Médecine est à ce point
intéressante, me semble-t-il. Et de
ce point de vue, fêter le
cinquantenaire, ou quelque
anniversaire que ce soit, d’une
grande faculté de médecine comme
la vôtre est particulièrement
intéressant.
L’histoire, disais-je, mais aussi la
projection dans le présent et dans
l’avenir.
D’abord je voudrais dire que nous
sommes tous très fiers, et le recteur
chancelier au premier chef, nous
sommes tous très fiers de la
Faculté de Médecine de Marseille.
Nous en sommes très fiers parce
que c’est un des points forts, c’est
une des images fortes de
l’Université d’Aix-Marseille, et
pour toutes les raisons qui ont été
évoquées mais aussi parce qu’il
12 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
n’y a pas de grande université
aujourd’hui avec la dimension
pluridisciplinaire qu’une grande
place scientifique comme Aix
Marseille doit avoir, qu’il n’y ait
pas une grande faculté de
médecine.
A la fois pour des raisons
pédagogiques, pour des raisons
scientifiques, mais aussi du point
de vue du rayonnement et nous
savons bien aujourd’hui qu’une
université qui veut s’assumer dans
le groupe des meilleures doit
savoir rayonner.
Les médecins ont aussi cette
particularité, ce n’est pas
forcément donné à toutes les
disciplines scientifiques, de
pouvoir, peut-être plus facilement,
avoir un rayonnement international,
parce
que
tout
simplement on fait appel à eux.
Parce que comme cela a été
rappelé tout à l’heure, ils peuvent
jouer un rôle très directement, dans
une relation avec le développement
économique qui n’est pas
forcément l’apanage de toutes nos
disciplines, même s’il se trouve
que depuis quelque temps,
beaucoup de nos disciplines
universitaires pourraient en dire
autant.
Et c’est la raison pour laquelle
nous sommes tous ensemble à
vouloir accompagner le développement de la Faculté de Médecine,
comme nous le faisons pour toutes
nos autres facultés, et on peut
même dire, ce qui n’était pas non
plus forcément le cas il y a
seulement peu de temps, que
désormais le site dans lequel nous
sommes aujourd’hui, le site de la
Timone, a pris place dans
l’ensemble des sites universitaires
de l’Université d’Aix-Marseille et
ce qui est très intéressant, me
semble-t-il, d’une manière très
différente de ce qu’on pouvait
penser il y a quelques années.
Soyons clairs, pendant longtemps,
un site comme le vôtre vivait un
peu sa vie, vivait un peu, je ne
dirais pas à l’écart des autres
composantes de l’université, mais
d’une façon qui était liée aux
grandes particularités, aux grandes
spécificités de vos activités, et en
particulier tous les liens avec
l’Assistance Publique par exemple.
Et bien aujourd’hui le sentiment
que je peux avoir pour connaître
notre université depuis maintenant
longtemps, c’est que, non
seulement on a une grande Faculté
de Médecine, non seulement on a
un site de la Timone qui est un site
essentiel dans nos activités
scientifiques, de recherche,
universitaires en général, mais on
a un site qui est désormais
pleinement intégré à la dynamique
d’ensemble de nos, et demain je
l’espère de notre Université d’Aix
Marseille, et c’est la raison pour
laquelle tous les projets que nous
avons pour ce site et qui touchent
en particulier à l’activité de la
Faculté de Médecine comme des
facultés qui lui sont associées au
sein de ce site (pharmacie,
odontologie) et bien sont à ce point
important et que de ce point de vue
le contrat de projet Etat Région de
la période 2007/2013 est un contrat
particulièrement important parce
que autour de l’Etat, de la Région
et des autres collectivités, départementales et de la ville, et bien c’est
un véritable projet de développement de ce site que nous
engageons avec tous les projets qui
ont été énoncés tout à l’heure et
que bien entendu nous ferons tout
pour mener à bien dans les
meilleurs délais.
Voilà ce que j’avais à vous dire
chers Collègues, le sens que l’on
peut donner à ce cinquantenaire,
dont, comme vous, je me réjouis.
Merci de votre attention.
INFOMED Hors-série - Décembre 2008
13
De l'Université de Massilia
à la Faculté Timone
2000 ans d'histoire de l'École de
médecine de Marseille
Professeur Yves BAILLE
Président de l'Association des Amis
du Patrimoine Médical de Marseille
14 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
A
u premier siècle de notre
ère, Marseille surnommée "l’Athènes des
Gaules", possède une
université, avec une école de
médecine très réputée qui rayonne
sur la toute la Gaule et le bassin
méditerranéen.
Les jeunes
Romains viennent étudier la
médecine à Marseille, tandis que
Charmis et Crinas, formés à
Marseille, font école et fortune à
Rome.
Avec la chute de l’empire romain,
l’université de Massilia et son
école de médecine disparaissent.
L’enseignement de la médecine
perdure cependant, sous forme de
compagnonnage.
Les futurs médecins, chirurgiens
ou apothicaires, se placent en
apprentissage auprès d’un praticien
établi.
Au XVII et XVIIIe siècles,
médecins et chirurgiens se
constituent en collèges assurant
l’enseignement des étudiants, ainsi
que le contrôle des connaissances
et la validation. L’enseignement est
le fait d’initiatives privées.
A la Révolution, les facultés et les
écoles sont dissoutes.
Lors de la réorganisation des
enseignements par la Convention,
des écoles de médecine sont créées
dans vingt-deux villes en France.
Marseille sera l’une d’elle.
En 1818, l’école secondaire de
médecine et de pharmacie est
ouverte dans les locaux de l’HôtelDieu. Pour la première fois, il
s’agit d’une école publique ouverte
à tous, délivrant un enseignement
de médecine, de chirurgie et de
pharmacie. L’Ecole comporte six
chaires, auxquelles viendra
s’ajouter en 1821 une chaire
d’hygiène navale et de maladies
des gens de mer, marquant le
caractère particulier de notre école,
ouverte sur l’Outre-mer.
En 1869, l’Hôtel-Dieu étant en
rénovation, l’école occupe une
partie de l’ancien palais de justice,
le pavillon Daviel. Les conditions
de travail des étudiants sont
mauvaises, les locaux sont
insuffisants et dispersés.
En 1893, l’école de plein exercice
déménage, quitte le pavillon
Daviel et s’installe dans le Palais
Impérial du Pharo.
En 1930, l’école de médecine
devient faculté et celle-ci porte le
nom de "Faculté de médecine
générale et coloniale et de
pharmacie."
En 1930, le palais du Pharo et le
pavillon d’anatomie adjacent sont
insuffisants pour que soient
regroupées toutes les activités de la
faculté.
Léon Imbert, envisage alors, la
construction d’une nouvelle faculté
de médecine.
Plusieurs localisations sont
étudiées. A l’extrémité du
boulevard Baille, sur un terrain
adjacent à l’hospice des aliénés, il
y a un terrain de 23 hectares qui
pourrait accueillir la faculté, un
hôpital, des cliniques, un hôpital
colonial, et même l’école du
service de santé des armées. Cet
ambitieux projet sera abandonné.
On étudie aussi la possibilité de
construire la nouvelle faculté sur
les terrains du stade boulevard
Michelet ou à Sainte Marguerite.
Ces projets seront sans suites, la
guerre survenant. Le doyen Lucien
Cornil, qui succède à Léon Imbert,
reprend le dossier, mais c’est son
successeur, le doyen Georges
Morin qui finalisera le projet et
inaugurera la nouvelle faculté de la
Timone, construite par l’architecte
René Egger.
En 1958, la faculté de médecine
générale et coloniale, quitte le
Pharo pour s’installer sur le
campus de la Timone.
Dans le transfert et les temps ayant
changé, le terme de colonial
disparaît et c’est la Faculté mixte
de médecine et de pharmacie qui
s’installe à la Timone.
La même année, la réforme met en
place les centres hospitaliers et
universitaires, avec le plein temps
et la triple mission d’enseignement, de soins et de recherche.
En 1970, la pharmacie devient
autonome.
Sur le campus de la Timone il y a
dorénavant, l’hôpital des cliniques,
appelé aussi CHU, la faculté de
médecine, celle de pharmacie et
celle d’odontologie.
Si l’enseignement de la médecine
à Marseille ne s’est jamais
interrompu depuis le début de
notre ère, il a connu des périodes
plus ou moins fastes.
Depuis quelques décennies, la
Faculté de médecine de Marseille,
dans le cadre de l’Université de la
Méditerranée, a retrouvé l’éclat de
ses origines, du temps où l’école
de médecine de l’Université de
Massilia rayonnait sur le bassin
méditerranéen et sur toute la
Gaule.
INFOMED Hors-série - Décembre 2008
15
L'Université de Massilia
L
orsqu’il y a plus de 2600
ans, les phocéens fondent
Massalia, ils amènent
avec eux la vigne,
l’olivier et la civilisation grecque
avec sa constitution, ses
institutions, et sa culture.
D’abord ville de commerce,
tournée vers la mer, Massalia se
transforme en "ville universitaire".
Aux premiers siècles de notre ère,
les lettres et les sciences vont y
connaître un éclat à nul autre pareil
en Gaule.
Marc Romieu, vice-président de la
Société des statistiques, d’histoire
et d’archéologie de Marseille,
écrivait en 1929 : "A une époque
où il n’existait même pas un
village à l’emplacement de Lutèce,
Marseille avait une université
florissante, la plus ancienne des
Gaules et une des plus anciennes
du monde après celle d’Athènes".
Et Ciceron dit que la cité
"surpassait en sagesse et en
science tous les peuples de la
Grèce, et qu’il était plus facile de
louer ses institutions que de les
égaler".
Marseille était alors dénommée
l’Athènes des Gaules. Elle
possédait des médecins publics
salariés chargés, à la fois de
soigner les malades et de former
d’autres médecins. Les étudiants
servaient d’aide à ces médecins
communaux, faisant fonction
d’apprentis.
Quand Massalia la grecque devient
Massilia la romaine, la ville
possède une école de médecine, la
plus célèbre à cette époque avec
celles d’Athènes, de Saragosse et
d’Alexandrie.
Elle avait pris le relais des
fameuses écoles grecques des
siècles précédents, avec l’héritage
des grands maîtres, comme
Hippocrate de Cos, (Ve siècle av.
J.-C. le père de la médecine) et
Hérophile et Erasistrate (IVe siècle
av. J.-C.) qui firent le renom
d’Alexandrie.
A l’époque où la Grèce asservie
fournissait des médecins à Rome,
dont Galien est le plus fameux
exemple, Marseille avait son école
de médecine. Il n’y avait pas
d’école de médecine à Rome. Le
métier de soigner était considéré
comme méprisable et ce sont les
esclaves qui font fonction de
médecins. "Malgré sa haute utilité,
écrit Pline, la médecine est la seule
des sciences grecques qui soit
restée étrangère aux romains ; très
peu d’entre eux y ont touché".
Des deux narbonnaises, les jeunes
gallo-romains venaient à Marseille
étudier dans ses écoles le droit, la
rhétorique, l’astronomie, les
sciences naturelles et la médecine.
Certaines familles romaines
envoyaient leurs enfants faire leurs
études à Massilia, plutôt que de
faire le voyage d’Athènes ou
d’Alexandrie dont l’étoile palissait.
Selon l’historien Michel Clerc,
"Marseille a été pendant plus de
200 ans un centre intellectuel où
affluaient et de la Gaule et de
l’Italie, y compris de Rome, des
étudiants
qui
pouvaient
commencer là leurs études et les y
terminer sur place."
L’université de Massilia avait une
telle réputation que certains de ses
élèves étaient réclamés au loin.
16 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
Au premier siècle de notre ère,
trois grands médecins, issus de
l’école de Marseille vont s’illustrer
à Rome.
• Démosthène le massaliote,
anatomiste et oculiste, est cité par
Galien, comme le plus grand
oculiste de l’époque.
Il est l’auteur d’un traité sur les
maladies des yeux "ophtalnikos"
dont l’usage s’est conservé
jusqu’au XIVe siècle.
• Crinas, son contemporain
s’installe à Rome, appelé dit-on
par l’empereur Néron.
Cité par Pline, Crinas est resté
célèbre par les régimes qu’il
prescrit à ses malades.
"Son art était double, pour
paraître plus prudent et plus
religieux, il règle le repas de ses
malades d’après l’observation du
mouvement des astres et de
l’heure, au moyen de tables
astronomiques".
Crinas prescrivait l’heure des
repas, et leur composition, en
fonction
des
différentes
pathologies.
Ayant fait grande fortune, Crinas
financera la restauration des
remparts de Marseille, que Jules
César avait fait détruire lorsqu’il
prit la ville.
(Dans le jardin des vestiges,
derrière la Bourse, on peut encore
voir les restes des remparts de
Massilia appelés "mur de Crinas").
• Contemporain de Crinas, il faut
citer Charmis, également élève de
l’école de Marseille.
Il condamnait les médecins
romains qu’il jugeait incompétents,
et critique l’usage des bains chauds
qui étaient largement prescrits.
Il préconise l’usage des bains
froids, même pendant les rigueurs
de l’hiver et Pline nous parle de
ses patients, "vieux consulaires
exhibant leurs membres tout raidis
par le froid"
Tout cela ressemble un peu à des
caricatures, et on peut penser que
Charmis et Crinas avaient d’autres
méthodes thérapeutiques qui
amenaient vers eux un grand
nombre de malades.
Au IVe siècle, avec la chute de
l’empire romain d’Occident,
l’université et son école de
médecine disparaissent.
Commence alors une longue
période, pendant laquelle,
l’enseignement de la médecine
n’est plus assuré par une structure
officielle, mais sera le fait
d’initiatives individuelles.
Le mur de Crinas - Jardin des Vestiges à Marseille
INFOMED Hors-série - Décembre 2008
17
L'enseignement des professions de
santé à Marseille avant la création
de l'École secondaire de médecine
et de pharmacie en 1818
Professeur Georges FRANÇOIS
Membre de l'Association des Amis
du Patrimoine Médical de Marseille
sur place, étaient formés dans les
Universités du Royaume dont la
plus ancienne, Montpellier, date de
1220.
LES MÉDECINS
A
u début du XIIIe siècle,
le statut municipal de la
ville de Marseille
stipulait que tous les
ans, le jour de la Toussaint, deux
ou trois des plus habiles médecins
de la ville seraient choisis afin
d’examiner les candidats à la
pratique médicale à Marseille.
Les médecins marseillais, en
l’absence d’enseignement structuré
Depuis 1645, ces médecins étaient
regroupés en un collège de
médecine, appelée la confrérie de
Saint Luc. Le privilège du collège
était la cooptation des nouveaux
candidats à l’exercice de la
médecine à Marseille.
Les candidats reçus devenaient
médecin agrégé du collège de
médecine et pouvaient exercer en
ville.
L’objectif de la confrérie de Saint
Luc, outre la cooptation, était de
lutter contre le charlatanisme et
l’exercice illégal de la médecine.
Le premier enseignement officiel
structuré date de 1800. Il s’agit
d’un enseignement privé, il est
assuré par 16 médecins marseillais
regroupés en association et réservé
aux officiers de santé.
L’enseignement sera officialisé en
1808 par le décret de Bayonne
signé par Napoléon.
18 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
LES CHIRURGIENS
Les chirurgiens, longtemps
confondus avec les barbiers,
s’établissent en confrérie de Saint
Come et Saint Damien en 1525.
Ils
étaient
formés
par
compagnonnage auprès des maîtres
de la confrérie. L’enseignement
théorique était réduit au strict
minimum. Après plusieurs années
comme compagnons et en fonction
du nombre de place, un examen
leur permettait d’accéder soit à la
"grande expérience" pour devenir
maître en chirurgie, soit à la petite
expérience leur permettant
seulement d’exercer dans les
faubourgs ou en milieu rural dans
la région.
En 1769, la confrérie se transforme
en collège et va commencer à
délivrer des cours théoriques.
En 1818, pour la première fois, la
chirurgie est enseignée à l’école
avec la création de l’Ecole
secondaire de Médecine et de
Pharmacie.
Décret de Bayonne signé par Napoléon en 1808, conservé à la Bibliothèque Universitaire de Médecine-Odontologie Timone
LES PHARMACIENS
Les pharmaciens marseillais, alors
nommés apothicaires, s’étaient
organisés en corporation dès le
XIIIe siècle.
En 1574 sont publiés les statuts de
la confrérie des maîtres en
apothicairerie de la ville de
Marseille.
L’enseignement est fait par
apprentissage auprès des maîtres.
L’examen comporte une partie
théorique, la réalisation de quatre
chefs-d’œuvre et une épreuve de
botanique.
Après quoi, l’apothicaire est
autorisé à ouvrir boutique.
délivrent deux diplômes de
pharmaciens : de première et
deuxième classe.
A partir de là, l’enseignement de la
pharmacie est associé à celui de la
médecine jusqu’en 1970 avec
l’autonomie de la faculté de
pharmacie.
C’est seulement en 1803 que sont
créées les écoles de pharmacie qui
INFOMED Hors-série - Décembre 2008
19
L'école de médecine de Marseille
de 1818 à 1930
M
arseille, qui avait dès
ses origines, une
université avec un
enseignement
médical de haute qualité, devra se
contenter jusqu’en 1930 d’une
école et non d’une faculté. A la
Révolution, les facultés et écoles
sont supprimées. La Convention
établira en France, 22 écoles de
médecine. Marseille sera l’une
d’elles.
Selon les règles établies, les
étudiants font leurs premières
années en restant dans leur ville,
mais pour terminer leurs études et
obtenir le diplôme de médecin, ils
doivent quitter Marseille et aller
dans une ville de faculté.
On mesure tous l’intérêt qu’il y a
pour une grande ville d’être siège
de faculté.
Intérêt pratique pour les étudiants
qui font tout leur cursus sur place,
intérêt économique pour la ville
qui garde ses étudiants.
En 1818, le 3 novembre, l’école
secondaire de médecine et de
pharmacie, est officiellement
inaugurée à l’Hôtel-Dieu par le
maire, le marquis de Montgrand,
sous les auspices du comte
Villeneuve Bargemon, préfet du
département. C’est la première
école publique de médecine et de
pharmacie de Marseille.
L’enseignement consiste en cours
théoriques et pratiques de
médecine, de chirurgie, de chimie
et de pharmacie.
On y adjoint un cours
d’accouchement pour former les
sages-femmes.
Pour la première fois, les futurs
médecins,
chirurgiens
et
pharmaciens sont réunis dans une
même école.
A ses débuts, cette école comprend
six chaires.
En 1821, sur proposition du
Conseil d’administration des
hospices, le Conseil royal de
l’instruction publique ajoute une
nouvelle chaire "d’hygiène navale
et des maladies des gens de mer".
Marseille, grand port ouvert sur
l’outremer, a toujours porté grande
attention aux maladies qui se sont
manifestées cruellement au fil des
siècles par les épidémies venues
des échelles du Levant.
En 1818, l’école accueille 150
étudiants dont 33 deviendront
médecins ou chirurgiens. Les
autres seront officiers de santé,
pharmaciens, herboristes ou sagesfemmes.
A l’époque, les études médicales
durent quatre ans.
Les étudiants de cette école, dite
secondaire, font leurs trois
premières années d’études à
Marseille, préparant ainsi leur
entrée en faculté.
Ils doivent ensuite quitter leur ville
pour aller faire leur quatrième
année, et passer leur thèse dans
une ville de faculté. Ce sera Paris,
Lyon où le plus souvent
Montpellier.
En 1841, dans le but d’améliorer le
fonctionnement de l’école, une
ordonnance transforme l’école
secondaire en école préparatoire.
Mais cela change peu pour la vie
quotidienne des étudiants.
20 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
La vraie modification intervient en
1875, quand l’école secondaire
devient école de plein exercice.
Cela signifie que les étudiants
peuvent désormais effectuer les
quatre années d’études à Marseille,
mais ils doivent toujours aller
passer les examens de fin de cursus
et leur thèse dans une ville de
faculté. C’est encore Montpellier
qui est le plus souvent choisi par
les étudiants marseillais.
En 1864, suite aux travaux de
rénovation de l’Hôtel-Dieu, l’école
de médecine se trouve privée d’une
partie de ses locaux.
Les locaux de l’Hôtel-Dieu ne
suffisent plus pour assurer les soins
des malades et recevoir les
étudiants en médecine, toujours
plus nombreux du fait de
l’augmentation de la population.
Et 1869, la municipalité attribue à
l’école, une partie des locaux de
l’ancien palais de justice, construit
dans les années 1740 par les frères
Gérard et qui porte le nom de
pavillon Daviel.
Les étudiants partagent leur temps
entre l’Hôtel-Dieu, le pavillon
Daviel dans lequel se trouvent
l’amphithéâtre, la bibliothèque et
la salle des collections, et l’institut
d’anatomie qui est situé montée du
saint-Esprit. Le jardin botanique
médical est dans le jardin de
l’ancien couvent des carmélites
près du palais Longchamp.
Certaines activités se passent à la
faculté des sciences créée en 1854.
On voit que la vie des étudiants
n’était pas facile.
Le nombre d’étudiants est à cette
époque de 360, dont 153 se
destinent à la médecine.
En 1893, l’école de plein exercice
est transférée au palais du Pharo,
dans le bâtiment principal qui est
rehaussé d’un étage pour recevoir
les laboratoires et les différents
services de l’école.
En 1896, à côté du palais est
ouvert l’institut d’anatomie, qui est
actuellement le siège de la
présidence de l’université de la
Méditerranée. Félix Faure,
président de la république,
inaugure l’ensemble le 7 mars
1896.
Le pavillon nouveau abrite
l’anatomie, l’anatomopathologie,
la médecine opératoire, la
médecine légale et le dépositoire.
Dans le droit fil de sa vocation
maritime et d’outremer, à
l’initiative du docteur Heckel, est
créé en 1899 un enseignement de
médecine coloniale. En 1922,
l’institut de médecine et de
pharmacie coloniale est rattaché à
l’université ; ne pouvant être logé
au Pharo, il est installé à
l’ancienne faculté des sciences,
allées de Meilhan, avec l’institut
d’hygiène et les laboratoires de
parasitologie et de médecine
légale.
En 1923, le pavillon d’anatomie
abritera également l’institut de
recherche sur le cancer, un des
premiers créé en France.
Quant au jardin botanique
municipal, il est alors dans
l’enceinte des jardins du Pharo.
L’école de médecine de Marseille
possède manifestement alors tous
les éléments pour devenir Faculté.
Il ne reste plus qu’à obtenir la
transformation de cette école en
faculté. Marseille en est digne.
Ce sera chose faite en 1930 et la
faculté portera le titre de Faculté
de médecine générale et coloniale
et de pharmacie.
Le Palais du Pharo, avec à droite le pavillon d'Anatomie (siège actuel de l'Université de la Méditerranée)
INFOMED Hors-série - Décembre 2008
21
La naissance de la faculté
de médecine de Marseille
L
e 1er mai 1930 est
inaugurée au Pharo la
jeune
faculté
de
médecine de Marseille.
Le Premier doyen, Léon Imbert,
écrit : "la plus jeune faculté de
médecine de France dans la plus
vieille ville de France".
Dès 1860 la Commission des
hospices, avec l’appui du maire, du
Conseil général et de la Chambre
de commerce, avait entrepris les
démarches pour la transformation
de l’école de médecine en faculté.
Paul Bert, écrit dans un rapport
officiel que le cas de Marseille
serait examiné "en dernier lieu,
car sa faculté ferait une redoutable
concurrence
à
celle
de
Montpellier".
La même année le conseil
municipal prenant acte des refus
du ministère, décide de créer, à ses
frais, une faculté de médecine
communale qui sera installée dans
le palais du Pharo.
Le ministère s’y opposera.
1896, le Conseil d’université d’Aix
Marseille adopte un vœu
demandant que l’école soit
transformée en faculté. Sans plus
de succès.
Le Doyen Léon Imbert
En effet, le chemin a été long et
semé de multiples embûches pour
obtenir le titre envié et combien
mérité de faculté.
Dans le rang d’ancienneté,
Marseille vient après Paris,
Strasbourg et Montpellier qui
datent de la Convention et après
Lyon, Nancy, Bordeaux, Toulouse
et Alger.
1906-1907, le Conseil général des
Bouches du Rhône, le Conseil
d’université Aix-Marseille, la
Chambre de commerce, la
Commission administrative des
hospices civils de Marseille
émettent des vœux analogues. Sans
plus de résultats.
En 1923, le président Millerand
signe le décret de création de la
faculté de médecine. Le texte est
cosigné par le ministre de
l’instruction publique et des beaux
arts, le ministre des colonies
(Albert Sarraut) et par le ministre
des finances.
Il faudra attendre encore sept ans
pour que l’école devienne faculté
avec le nom, unique en France, de
Faculté de médecine générale et
coloniale et de pharmacie.
22 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
Si Marseille a obtenu si tard sa
faculté, c’est parce que Paris ne
voulait pas porter ombrage à
Montpellier.
Dans un rapport ministériel, on lit
que "créer une faculté de médecine
à Marseille serait frapper à mort
la faculté de Montpellier". Les
montpelliérains défendent leur
privilège.
En 1890, alors que le ministère est
sur le point de céder à la demande
des Marseillais, les élus de
l’Hérault menacent de déposer, le
même jour, leur démission si on
crée une faculté à Marseille.
En 1929, les universitaires
montpelliérains et les politiques
tenteront une dernière démarche
pour faire rapporter le décret que
Millerand a signé en 1923. Mais ce
sera en vain.
Pour comprendre cette obstination,
il faut savoir que les deux tiers des
étudiants qui passent alors leur
thèse de médecine à Montpellier
sont originaires de Marseille.
Les
étudiants
marseillais
représentaient une manne pour les
commerçants de Montpellier.
La création de la faculté de
médecine intervient après 70 ans
de démarches.
Si Léon Imbert, le premier doyen,
a eu une action déterminante dans
la transformation de l’école en
faculté, il faut citer les médecins
marseillais qui ont depuis 1860
œuvré dans le même sens : le
professeur Auguste Queirel, le
professeur Victor Audibert adjoint
au maire Siméon Flaissière, ainsi
que le professeur Henri Alezais.
Le cinquantenaire de la
Faculté de Médecine de
Marseille
Professeur Jean-François PELLISSIER
Doyen de la Faculté de Médecine
L
a Faculté de Médecine de
la Timone à Marseille a
ouvert ses portes le 14
avril 1958. Tous les
Enseignements ont débuté à cette
date.
1004 étudiants ont quitté la Faculté
de Médecine du Pharo pour
prendre place dans les locaux de la
nouvelle Faculté.
C’était au début, et jusqu’en 1973,
une Faculté Mixte de Médecine et
de Pharmacie.
Le 17 mai 1958, a eu lieu
l’inauguration officielle
de la Faculté en présence
de nombreuses personnalités, même si les
évènements d’Algérie
avaient retenu à Paris un
certain nombre d’entre
elles.
André Ali Chérif (2004-2006), un
très haut niveau d’enseignement et
de recherche a été maintenu, en
adaptant les études médicales et
les développements scientifiques
au fur et à mesure des évolutions
imposées par l’accroissement des
connaissances et les progrès
médico techniques et biologiques.
Cette
Faculté
de
Médecine, construite par
l’architecte Monsieur
René EGGER reste un
établissement qui fait
l’admiration de toutes les
personnes qui sont
amenées à la visiter pour
des raisons professionnelles médicales et
scientifiques, ou autres
artistiques et culturelles.
Au cours de ces 50 années, la
Faculté de Médecine a inscrit
283.850 étudiants. A partir de 1972,
date de la mise en place du
Numerus Clausus, de nombreux
étudiants inscrits en première
année de Médecine n’ont pu
poursuivre les études médicales.
Elle doit sa longévité non
seulement à la qualité de
sa construction, mais aussi à la
vigilance des différents services en
charge de son entretien et plus
particulièrement, le Service
Technique et le Service Intérieur.
Le Doyen Georges Morin (19521967) peut être considéré comme le
père spirituel de cette Faculté. Avec
ses successeurs les Doyens Henri
Gastaut (1967-1970), Henri Roux
(1970-1972), Maurice Toga (19721989), Gérard Guérinel (19891998),Yvon Berland (1998-2004),
Il est aussi intéressant de constater
que 1958 est aussi, outre l’année
de la Constitution de la Vème
République, l’année de la création
des Centres Hospitaliers et
Universitaires
avec
les
Ordonnances du Professeur Robert
Debré. Nous fêterons lors des
prochaines Assises HospitaloUniversitaires à Lille en décembre
prochain,le cinquantenaire des
CHU.
Lors de la Rentrée Universitaire de
1958, 271 étudiants s’étaient
inscrits en première année de
Médecine à la Faculté de la Timone.
Il y avait 196 garçons et 75 filles.
Cette répartition s’est largement
inversée depuis. Dans cette
génération 1958, sur les 1.275
INFOMED Hors-série - Décembre 2008
23
étudiants, 53 sont devenus des
Professeurs de la Faculté, 76 thèses
de doctorat en Médecine seront
soutenues dans cette nouvelle
Faculté en 1958.
Le mois de mai 1968 n’aura été
marqué à la Faculté que par
quelques sittings sur les pelouses
du campus, quelques bousculades
et chahuts dans les amphithéâtres
et les couloirs. La situation a été
totalement maîtrisée par l’équipe
décanale du Professeur Henri
Gastaut.
A ce jour, en 2008, la Faculté compte
233 Professeurs, 134 Maîtres de
Conférences, 185 Assistants-Chefs
Cliniques et Praticiens Hospitalo
universitaires et 350 Personnels
Administratifs,
Techniques
Ouvriers et de Services (IATOS).
Jusqu’en 2008, 14.750 thèses de
médecine ont été soutenues.
Sur le plan de la formation, outre
l’enseignement du premier cycle à
la Timone et du deuxième cycle sur
les secteurs Nord et Timone, la
Faculté a instauré un système de
Conférences assuré par le Bureau
de l’Internat sous la responsabilité
du Professeur Gilbert Habib en vue
des
Epreuves
Classantes
Nationales déterminant le nombre
d’Internes dans chaque ville de
Faculté. La partie pratique de la
formation médicale s’effectue bien
sûr à l’hôpital dont les stages sont
programmés par le Professeur
Gérard Sebahoun . Les contrôles
des connaissances sont supervisés
par le Professeur Jean-Michel
Viton. L’année 2009 verra
l’instauration du LMD Santé
(Licence, Master, Doctorat) pilotée
par le Professeur Pierre Champsaur.
A l’issue du tronc commun en L1,
les étudiants pourront présenter
les épreuves de 4 concours :
Médecine, Pharmacie, Odontologie
et Maïeutique (Sages-femmes).
Le Département Universitaire de
Médecine Générale créé en 1990 et
dirigé par le Vice Doyen, le
Professeur Jean-Robert Harléet le
Professeur Alain Gille assurent la
formation annuelle de 275 internes,
aujourd’hui spécialisés en
Médecine Générale.
La Faculté a mis en place depuis
1984 les formations des 30
diplômes d’études spéciales et des
39 diplômes complémentaires sous
la responsabilité du Professeur
Gilles Bouvenot.
Les créations des diplômes
universitaires organisées par le
Professeur
Patrick
Villani
représentent aujourd’hui 154
formations.
La Faculté a également mis en
forme, sous la conduite du
Professeur Jean-Louis Mège depuis
2004, 4 mentions de masters
incluant 19 spécialités dont 10
spécialités recherche et 9
spécialités professionnelles :
‹Anthropologie Biologique
(Spécialité Recherche)
• Anthropologie Biologique
‹Neurosciences
(Spécialité Recherche)
• Neurosciences moléculaires,
cellulaires et fonctionnelles
• Neurosciences intégratives et
cognitives
‹Pathologie Humaine
Spécialités Recherche
• Oncologie : pharmacologie et
thérapeutique
• Maladies Transmissibles et
Pathologies Tropicales
• Nutrition,
régulations
métaboliques et physiopathologie
vasculaire
• Génomique et Santé
• Environnement et Santé
• Ethique, Science, Santé, Société
24 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
Spécialités Professionnelles
• Conseil en Génétique et
Médecine Prédictive
• Société, Environnement, Enjeux
Sanitaires
‹Santé Publique
Spécialité Recherche
• Méthodes d’analyse des
systèmes de santé
Spécialités Professionnelles
• Expertise et ingénierie des
systèmes d’information en santé
• Prévention et éducation pour la
santé
• Encadrement des organisations
de santé
• Qualité et gestion des risques en
santé
• Problèmes de santé et
développement des systèmes de
santé dans les pays tropicaux
• Handicap et Santé
Le département de Formation
Médicale Continue sous la
responsabilité du Professeur
Patrick Disdier de la Faculté de
Médecine gère l’enseignement :
• Des médecins généralistes, avec
enseignement et ateliers critiques
de thérapeutique
• Des médecins spécialistes, avec
de nombreuses formations faites
dans le cadre de la faculté ou dans
les hôpitaux
• Des praticiens hospitaliers en
association avec la Commission
Médicale d’Etablissement
• Des médecins salariés
• Des paramédicaux
La Faculté de Médecine assure
l’organisation des enseignements
des formations paramédicales :
étudiants en Orthophonie et
Orthoptie sous la direction du
Professeur Antoine Giovanni et
Danièle Denis, respectivement.
L’Ecole des Sages-Femmes,
devenue Ecole de Maïeutique de
Marseille Méditerranée dirigée
par Madame Anne Demeester est
installée dans les locaux du Secteur
Nord de la Faculté de Médecine.
Le rayonnement de la Faculté de
Médecine à l’Etranger s’exprime au
sein du bureau des Relations
Internationales, créé dans la fin
des années 70 et animé par une
équipe
dynamique
dirigé
aujourd’hui par le Professeur
Olivier Dutour. Plusieurs actions
sont à mettre en exergue :
• des accords bilatéraux avec une
soixantaine de conventions et
protocoles dans de nombreux pays,
• l’accueil des étudiants étrangers
entre 100 et 200 par an,
• la formation spécialisée de
médecins étrangers entre 160 et 300
par an,
• des stages pour les étudiants de
4 ème année de la Faculté sur des
destinations internationales (entre
50 et 100),
• de nombreuses missions des
enseignants de la Faculté avec une
moyenne de 15 jours par
enseignant et par an.
Cette année, au mois de septembre,
les locaux du Conseil Académique
du Système des Nations Unies à la
Faculté de Médecine ont été
inaugurés avec la participation du
Conseil Général.
Un diplôme universitaire "Affaires
Humanitaires et Coopération
Internationale" est créé.
D’autres Assesseurs assistent le
Doyen de la Faculté pour des
tâches spécifiques auprès des
responsables
des
services
administratifs :
• Pour les Personnels :
Professeurs Roger Giudicelli et
Georges Leonetti.
• Pour le Secteur Nord :
Professeurs Alain Enjalbert et Yves
Frances.
• Pour le troisième cycle de
Médecine Spécialisée : Professeur
Gilles Bouvenot.
• Pour les Technologies de
l’Information
et
de
la
Communication appliquées à
l’enseignement : Professeur
Marius Fieschi.
• Pour les Formations Universitaires Professionnalisées :
Professeur Roland Sambuc.
• Pour les Relations avec les
formations aux métiers de la
Santé : Professeur Jean-Michel
Bartoli.
Aux côtés du Secrétaire Général,
Responsable des Services Administratifs de la Faculté, Frédéric
Bessière, d’autres structures sont
indispensables au bon fonctionnement de l’établissement :
• le Service Technique : Yann
Brieussel,
• le Service du Personnel et des
Traitements : Nathalie Truphemes/
Adellach,
• le Service Intérieur : José
Maniccia,
• le Service de la Scolarité :
Myriam Torre,
• le Centre Informatique de
Gestion et Réseau : Philippe
Tourron,
• le Service Communication et
Multimédia : Ghislaine Hancy,
• la Responsable Antenne
Administrative Site Nord : Joëlle
Fravega
Pour le nouveau Plan Quadriennal
2008-2012, dont la préparation a été
assurée par le Comité Scientifique
et son Président le Professeur JeanPaul Bernard, les Laboratoires de
Recherche de la Faculté
correspondent pour la plupart à
des Unités Mixtes de Recherche
(UMR), associant l’Université avec
le CNRS et l’INSERM.
24 Laboratoires ont été labellisés,
nombre d’entre eux ont été équipés
grâce aux cofinancements des
collectivités locales :
Equipes CNRS
• UMR 6578 : Boetsch G. Anthropologie bioculturelle
• UMR 6193 : Boussaoud D. Institut
de
Neurosciences
cognitives de la Méditerranée
• UMR 6612 : Cozzone P. Résonance magnétique biologique
et médicale
• UMR 6231 : Enjalbert A. - Centre
de recherches en neurobiologieneurophysiologie de Marseille
• UMR 6184 : Khrestchatisky M. Neurobiologie des interactions
cellulaires et neurophysiologie
• UMR 6020 : Raoult D. - Unité de
recherches sur les maladies
infectieuses et tropicales
• UMR 6196 : Vinay L. - Plasticité
et physiopathologie de la motricité
• UPR : Fuchs R. - Instabilité du
génome et cancérogénèse
• ERT 62 : Sabatier J.M. Ingénierie des peptides à visée
thérapeutique
Equipes INSERM
• UMR S 626 : Alessi C. Syndrome métabolique, tissu
adipeux & risque vasculaire
• UMR S 891 : Birg F. - Centre de
recherches en cancérologie de
Marseille
• UMR S 751 : Chauvel P. Epilepsies et cognition
• UMR S 399 : Dessein A. Génétique et Immunologie des
maladies parasitaires
• UMR S 491 : Fontes M. Thérapie des maladies génétiques
• UMR S 910 : Levy N. Génétique médicale et génomique
fonctionnelle
INFOMED Hors-série - Décembre 2008
25
• UMR S 911 : Lombardo D. Centre de recherches en oncologie
biologique et oncopharmacologie
• UMR S 912 : Moatti J.P. Sciences économiques et sociales,
systèmes de santé sociétés
• UMR S 641 : Seagar M. Neurobiologie des canaux ioniques
Equipes
d’Université
Ministère de la Défense, Institut de
Recherche pour le Développement,
INRETS, Institut National de la
Recherche
• UMR MD1 : Pages J.M. Transporteurs membranaires,
chimiorésistance et Drug-Design
• UMR SSA : Jammes Y. Physiologie et physiopathologie en
conditions d’oxygénation extrêmes
• UMR UAM2 IRD 190 : De
Lamballerie X. - Emergence des
pathologies virales. Sont également
associées à l’IRD les équipes de D.
Raoult et J.P. Moatti
• UMR T24 : Brunet C. Laboratoire de biomécanique
appliquée
• UMR : Amiot-Carlin M.J. Nutriments lipidiques et prévention
des maladies métaboliques
Equipes
propres
de
l’Enseignement Supérieur
• EA 3279 : Auquier P. - Evaluation
hospitalière : mesures de la santé
perçue
• EA 1784 : Botta A. Biogénotoxicologie et mutagénèse
environnementale
• EA 3283 : Fieschi M. Laboratoire d’enseignement et
recherche sur le traitement de
l’information médicale
• EA 3783 : Harle J.R. - Ethique et
philosophie de la médecine et de la
biologie
• EA 4264 : Levrier O. Laboratoire de physiopathologie et
thérapeutique vasculaire
17 autres Laboratoires sont des
Equipes propres de l’Université ou
des Laboratoires communs pour
l’ensemble des enseignants –
chercheurs.
Le Centre d’Enseignement et de
Recherche Chirurgical (CERC),
animé par le Professeur Stéphane
Berdah, est un plateau technique
crée par la Faculté de Médecine au
sein de son secteur Nord grâce au
Conseil Général. Il a pour vocation
l’enseignement et la recherche
autour des techniques chirurgicales
vidéo assistées. Il est très
recommandé et apprécié par les
nouveaux internes issus des filières
spécialités chirurgicales et gynécoobstétrique.
Les investissements pour des
projets de recherche sur le site de
la Faculté concernent d’une part, la
réalisation de la Tumorothèque
Départementale, avec l’aide du
Conseil Général. Elle sera en
interrelation avec l’équipe du
Centre de recherche en Oncologie
Biologique et Onco pharmacologie
et le Pôle Oncologie et Spécialités
Médico Chirurgicales du CHU.
D’autre part, le Centre Européen
de Recherche et Imagerie Médicale
CERIMED, pilotée par le
Professeur Charles Oliver, est une
structure Interdisciplinaire destinée
au développement de nouveaux
instruments d’imagerie in vivo pour
la biologie et la médecine. Ce Centre
de recherche technologique mettra
en contact des enseignants
chercheurs et des industriels pour
la valorisation de ces équipements
; il sera réalisé dans le cadre du
Contrat Plan Etat Région.
Ces structures et ces projets feront
partie des chaires d’excellence de
la Fondation Universitaire
spécialisée en Santé, Sport et
développement durable récemment
présentée par le Professeur Yvon
Berland, Président de l’Université
de la Méditerranée
26 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
Les axes stratégiques de la
Recherche à la Faculté ont été
définis, il y a quelques années et
regroupent les thématiques
suivantes :
• NeuroSciences
• Microbiologie et Pathologies
transmissibles
• Immunologie et Cancérologie
• Physiopathologie Nutritionnelle,
Métabolique et Cardio-vasculaire
• Génétique et développement
Ces axes stratégiques représentent le
fil conducteur pour les recrutements
des personnels enseignantschercheurs titulaires : les Maîtres de
Conférence des Universités et les
Professeurs d’Université-Praticiens
Hospitaliers.
La Faculté édite annuellement un
annuaire de la Recherche regroupant les publications de toutes les
équipes médicales hospitalo
universitaires. Il y a environ 1500
publications par an qui sont
répertoriées.
Les thèses de doctorat de troisième
cycle sont présentées à la Faculté
depuis 1989, elles ont au nombre de
485 à ce jour.
Les Habilitations à diriger les
recherches le plus haut diplôme
délivré en recherche ont été
attribuées à 267 candidats.
Les faits marquants de notre
Faculté en termes de réalisations
scientifiques et de renommée
médicale sont étroitement associés
avec les activités hospitalières
comme par exemple :
• la greffe cardiaque de Monsieur
Vitria par le Professeur Edmond
Henry (1968),
• l’installation du premier scanner
en 1973, à l’initiative du Professeur
Henri Gastaut,
• la mise en service du gamma unit
pour le traitement des tumeurs
cérébrales avec le Professeur
Robert Sedan en 1993,
• et plus récemment la création du
Centre d’Ethique par Jean-François
Mattei,
• la découverte de nouveaux
agents infectieux par l’équipe du
Professeur Didier Raoult,
• ou encore l’installation de la
RMN3 Tesla inaugurée par le
Professeur Patrick Cozzone, il y a
quelques semaines, c’est un
modèle unique en France.
Le dynamisme de la Médecine à
Marseille, c’est aussi la reconnaissance de plusieurs centres de
références dirigés contre les
maladies rares et l’obtention des
projets hospitaliers de recherche
clinique.
Nous avons pu bénéficier à
Marseille au cours de ces 50 ans,
de grandes écoles médicales sous
l’impulsion de fortes personnalités :
• la Médecine Interne avec les
Professeur Charles Mattei et Robert
Poinso,
• la Cardiologie avec Professeur
André Jouve,
• la Chirurgie thoracique et
cardiaque avec Messieurs les
Professeurs Robert de Vernejoul,
Henri Metras, Edmond Henry,
Eugène Reboud et Raoul Monties,
• l’Endocrinologie avec le
Professeur Jean Vague,
• la Gastroentérologie avec le
Professeur Henri Sarles,
• la Neurochirurgie avec le
Professeur Jean Paillas,
• la
Neurophysiologie
et
l’Epilepsie avec le Professeur Henri
Gastaut,
• l’Anatomie avec le Professeur
Jean Grisoli,
• la Pneumologie avec le
Professeur Jacques Charpin,
• la Biochimie avec le Professeur
Serge Litssistky,
• la Pédiatrie avec les Professeurs
Paul Giraud et André Orsini,
• l’Hématologie avec le Professeur
Jean Olmer,
• la Chirurgie infantile avec le
Professeur Michel Salmon,
• la Chirurgie digestive avec le
Professeur Jean Lamy et ses
proches collaborateurs, les
Professeurs René Bricot et
Georges Michotey,
• l’Otorhinolaryngologie avec le
Professeur André Pech,
• la Rhumatologie avec le
Professeur Maurice Recordier,
• les Maladies neuromusculaires
avec le Professeur Georges
Serratrice,
• et puis encore la Neuropathologie avec le Professeur
Maurice Toga,
• et la Génétique Pédiatrique avec
les Professeurs René Bernard,
Francis GIRAUD et Jean-François
Mattei.
D’autres grandes orientations se
mettent en place en mutualisant les
compétences en Biophysique et
Imagerie, Infectiologie, NeuroOncologie et Génétique moléculaire.
Vous avez bien compris en
définitive que les réalisations de
ces équipes se sont développées
dans le contexte hospitalo universitaire.
Même si les activités de recherche
dans les Centres Hospitaliers et
Universitaires ont pu faire l’objet
de critiques parfois sévères dans
de récents rapports ou missions,
nous gardons à Marseille une place
très honorable comme l’atteste le
nombre d’équipes nouvellement
labellisées indiquées ci-dessus,
ainsi que la qualité des
publications médico scientifiques.
INFOMED Hors-série - Décembre 2008
27
De gauche à droite : G. Hancy, J. Cuvillier, J.F. Pellissier, F. Bessière, S. Prat, M. Madeleinat, F. Marouzé et M. Corbel
La réalisation de la journée commémorant le 50ème anniversaire de la Faculté de Médecine de la Timone a bénéficié
de la participation des personnels du Bureau Décanal (Frédéric Bessière, Françoise Marouzé, Michèle Madeleinat,
Stéphanie Prat), du Service de Communication-Multimédia (Ghislaine Hancy), ainsi que tous les Services qui
ont contribué à la réussite de cette manifestation.
28 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
Historique
de la construction
René EGGER
Architecte en Chef des bâtiments civils et palais nationaux
La situation à l’époque était donc
1952-1954. Le Ministre de
l’Education Nationale, avec qui
j’avais à faire, était Monsieur
André Marie, le Ministre des
Finances, avec qui j’avais
également à faire (et combien !)
c’était
Monsieur
Wilfrid
Bomgardner ; le Commissaire aux
plans était Monsieur Legorgeux
avec qui j’avais beaucoup à faire.
Moi-même étais Conseiller
Technique au Ministère de
l’Education Nationale.
Monsieur le Maire,
Monsieur le Recteur,
Messieurs les Doyens,
Messieurs les Professeurs,
Mesdames, Mesdemoiselles,
Messieurs,
J
e suis donc chargé ce soir de
vous
entretenir
de
l’élaboration de la première
Faculté de Médecine de
l’après-guerre.
Je dois dire qu’ayant construit
beaucoup de Facultés, c’est celle
que je préfère. Pourquoi ? Parce
que je pense que c’est la plus
belle.
Un coup de chance de
l’architecture.
La période où elle a été préparée
n’était pas une période facile,
c’était l’après-guerre, moi qui l’ai
vécue. J’ai senti combien il était
difficile de faire de jolies choses.
On avait encore une pénurie de
matériaux et on avait l’influence de
la guerre qui nous enlevait un peu
de force.
La situation au Ministère, où je me
trouvais très régulièrement, était
très embrouillée, parce que c’était
l’après-guerre, parce qu’il fallait
construire, parce que c’était
pressé, parce que tout le monde
intervenait y compris la politique,
et ce pauvre Ministère était très
encombré par des projets qu’on lui
envoyait. Il n’arrivait pas d’ailleurs
à établir un prix valable de tout ça.
Ce n’était pas comparable parce
que c’était établi sur des bases
différentes et les finances nous
obligeaient à avoir une politique de
prix fixes.
Résultat, le Ministère de
l’Education Nationale a déclaré :
"comme nous sommes critiqués,
nous allons faire des chantiers
témoins et nous les conduirons
nous même avec nos services, nous
saurons exactement ce que coûte
une Université qu'elle soit dans le
INFOMED Hors-série - Décembre 2008
29
Nord ou dans le Sud, parce que le
Ministre des finances nous disait
dans le Nord elle en vaut un prix,
dans le Sud elle en vaut un autre.
Ne pouvant faire de budget, nous
allons faire des chantiers témoins
et dans le Sud ce sera la Faculté
de Médecine. Pourquoi ? parce
que d’abord c’est la deuxième ville
de France et les installations de la
Faculté dans le Palais du Pharo
étaient lamentables, je n’en
croyais pas mes yeux. La deuxième
raison c’est que c’est urgent,
Marseille est une grande ville. Et
la troisième c’est que nous avons
à Marseille, un Conseil Technique
qui fait partie de notre équipe à
Paris et que pour assurer ce
chantier, à Paris, c’est Monsieur
Egger".
Pour le programme, me dit-on, il
faudra aller voir Monsieur Morin,
Doyen qui est à Lyon et qui saura
vous donner le programme que
vous souhaitez, c’est-à-dire le
programme d’avenir et surtout un
programme qui soit un peu une
action de maîtrise, c’est-à-dire
avec des superpositions des
services les uns par rapport aux
autres de manière à ce que cela
fonctionne bien dans l’avenir.
J’ai vu Monsieur Morin à Lyon ; je
ne le connaissais pas, c’était un
homme très émouvant, très gentil,
il m’écoutait, il connaissait à fond
son problème, j’en étais d’ailleurs
très surpris. Le Ministre lui en
avait parlé avant "Monsieur Egger
va venir vous voir, tâchez de lui
faire un bon programme".
Je l’ai quitté, j’ai regagné mon
petit hôtel sur le bord de la Saône,
parce que ça se passait à Lyon, et
toute la nuit j’ai dessiné la Faculté.
Je me suis dit "tant que je suis là,
tant que le Doyen est là et dès que
j’ai la possibilité de l’accord
absolu, je vais voir ce qu’il me
dit". J’ai transmis donc les
schémas, bien sûr le plan de
chaque étage, le lendemain je lui ai
apporté.
Il m’a dit "c’est ça, vous pouvez
marcher. Je préviens le Ministère
et le Ministre que son opération
d’expérimentation est commencée
dans le Sud".
A ce moment même où nous
prenions ces mesures, le
Commissariat aux plans me fait
dire qu’il s’intéressait fortement à
cette reprise en marche de
l’Education Nationale, en ce qui
concerne ces constructions et qu’il
voulait que je fasse partie de ce
Commissariat pour une prise en
compte et pour que le Gouvernement décide tout ce que nous
ferions sur la Faculté de Marseille.
Et, en même temps le Ministre
André Marie me dit "je sais que
vous allez en Amérique pour le
Lycée Français de New York, je
voudrais que vous rencontriez
Monsieur Pierre Danzeleaux qui
est notre Attaché Culturel à
Washington à l’Ambassade et qui
est le futur Directeur Général des
constructions
scolaires
et
universitaires à Paris".
J’ai
rencontré
Monsieur
Danzeleaux et j’ai bien compris
que ce que cherchait le Ministère,
ce n’était pas tellement un
Directeur Général constructeur
mais c’était un Directeur Général
Administrateur, parce que le
budget de l’Education Nationale
était tel que les services du
Ministère, aussi capables qu’ils
soient, ne pouvaient pas mener une
telle opération ; ce n’était pas
possible, la guerre avait fait
beaucoup de dégâts. Les Bâtiments
étaient en mauvais état, on ne
pouvait pas, pour la plupart, les
agrandir ou les réparer.
150.000 enfants arrivaient de la
guerre et il est évident qu’il fallait
prendre une mesure.
Donc cette Faculté de Médecine à
Marseille, a, vous le voyez, eu un
rôle très important.
Eux le savent, en tout qu’à moi je
le sais puisque je l’ai vécu.
30 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
Monsieur Danzeleaux à New York
m’a dit "moi je ne suis pas un
constructeur, je suis un Attaché
Culturel mais mon patron et ami
m’a dit qu’il voulait que je prenne
ça en main. Je vais le faire, je ne
sais pas trop ce qu’il va se
passer". Alors il m’a dit "vous
venez à Paris tous les mardis,
tâchez de venir me voir on en
parlera". Nous préparons les
bureaux rue Boissy d’Anglas et
dès que ces bureaux sont prêts, le
Directeur Général viendra
s’installer à Paris.
Nous avons procédé sans tarder à
l’appel d’offre de cette Faculté ;
j’avais préparé les plans dans un
bureau que j’avais organisé rue
Montgrand qui était en dehors de
l’agence où j’étais associé avec
Fernand Pouillon parce que, il
était entendu entre nous, quand il
y avait des affaires importantes, on
pouvait les faire chacun de notre
côté.
Dans ce bureau, on a fait les
dossiers, ça nous a permis de
passer l’appel d’offre et c’est une
entreprise parisienne qui a été
choisie : les Grands Travaux en
Béton Armé, que je n’ai pas
retrouvée, je ne sais pas s’ils sont
là ce soir et c’est dommage, parce
que c’était une excellente
entreprise. Et si quelques
personnes disent que cette Faculté
a bien vieilli et qu’elle est en bon
état, je dois beaucoup à la qualité
des travaux faits par une excellente
entreprise, je le répète, et qui a
voulu jouer le jeu et qui m’a dit "si
le Gouvernement veut une Faculté
type expérimental, nous sommes
d’accord, nous ferons tous les
rapports que vous voulez", car le
Ministère voulait suivre le chantier
de très près.
C’est-à-dire, il faut se mettre à la
place de Paris, ils étaient
complètement inondés. C’étaient
des gens très capables, très gentils,
des amis à moi d’ailleurs pour la
plupart, parce que depuis des
années
j’étais
Conseiller
Technique, mais ils arrivaient,
comme une douche froide, ces
dossiers énormes tout le temps,
toute la journée. On sentait très
bien qu’ils ne s’en sortiraient pas.
J’étais béat.
L’entreprise a suivi le jeu ; on a
fait des rapports au Ministère tous
les mois pour une notion plus
exacte des choses ; il savait ce
qu’était les fondations, les
sondages, combien ça coûte, ce
qu’est le bâtiment, comment se
faisait le béton armé, que pouvait
coûter un mètre carré de ci, un
mètre cube de ça. Il s’était fait un
vrai bréviaire et il arrivait avec ça,
à avoir une idée fixe des prix alors
qu’il n’en avait pas.
Le Ministère des finances, bien
entendu, était ravi et le
Commissaire aux plans a
enregistré tout ce que nous avons
fait ici à Marseille pour que ça
soit sur papier et non pas
seulement verbalement.
Alors là, sur ce plan de masse,
nous nous trouvons, pour ceux qui
ne connaissent pas, excusez moi
c’est un croquis qui a été fait très
très vite qui mentionne donc la
position de la Faculté.
La Faculté est ici, son bâtiment
principal, ces trois ailes de
recherche, l’amphithéâtre et
l’Administration.
Le terrain qui a été laissé à
l’Education Nationale à côté de la
Faculté, devant elle la Pharmacie.
Un tripode parce que le terrain
était un triangle, de la zone verte
tout au long de la Faculté, le
Propédeutique, en haut à droite
derrière.
INFOMED Hors-série - Décembre 2008
31
Donc pour l’architecte qui avait
réglé ce problème, c’était un
terrain très encombré, il y avait de
tout dessus ; j’ai presque posé la
Faculté avec un hélicoptère parce
qu’il fallait tenir compte des
distances imposées par l’Administration de l’Assistance Publique.
J’ai oublié, ici, c’est le CROUS
dans lequel on trouve les
restaurants et les chambres
d’étudiants.
Vous voyez que c’est un ensemble
en fait qui est assez important et
qui a évidemment intérêt d’être au
centre ville.
La maquette (photo 1), elle a été
faite par un artisan très
exactement, vous la trouverez dans
le hall, vous la verrez tout à
l’heure. Elle reprend, comme je
vous l’ai dit, le bâtiment principal
avec les trois ailes de recherche, le
bâtiment qui comprend le hall en
bas, l’administration à l’étage, la
bibliothèque ancienne et la salle de
conférence où nous nous trouvons.
Nous sommes façade ouest, parce
que je ne pouvais pas faire
autrement avec les servitudes qu'il
y avait de tous les côtés, ça veut
dire que nous avons un soleil
Photo 1
couchant très difficile à Marseille.
Donc, toutes les façades sont en
pare-soleil, tout en béton fixe
parce que store et autre ça ne tient
pas le coup.
Sur la façade arrière on retrouve
les trois ailes de recherche et le
bâtiment principal, l’animalerie au
dernier étage, la bibliothèque et le
hall, la salle de conférence. Tout ça
s’ouvre sur la nature de ce côté
alors que ça se défend du soleil de
l’autre.
Cette photo (photo 2) est une
photo que Monsieur le Doyen m’a
demandée, c’est-à-dire comment
ça se présente dans le chantier, les
petits bâtiments qui étaient tout
autour qu’il fallait chaque fois
nettoyer pour pouvoir se placer,
que la Faculté prenait sa place
dans le terrain, vu son importance,
puisqu’elle fait quand même
55.000 m2.
On la retrouve vue d’avion, le
bâtiment principal, les ailes de la
recherche, le hall etc…Le
boulevard d’entrée et le terrain sur
lequel on a édifié quelque temps
de là le CHU, c’est-à-dire l’hôpital
universitaire. Là c’est l’entrée de
la Faculté, la salle du conseil qui
déborde, la bibliothèque qui était
en haut, le hall qui est en bas. Vous
le voyez, l’architecture de paresoleil. Le bâtiment est archi
simple, aucun porte-à-faux, il n’y
a rien de coûteux, disons que je
m’en suis tenu à des solutions très
simples qui sont le secret du prix,
vous apprendrez que cette Faculté
a été extrêmement bon marché.
Sur cette photo (photo 3), c’est un
rocher que j’avais trouvé en
faisant les fondations ; j’ai dit
"laissez- le, ça animera un peu le
paysage".
Photo 2
32 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
La salle du conseil (photo 4) avec
au pourtour des sculptures sur
sycomore qui représente des
figures magistrales de médecins et
de chirurgiens.
La salle dans laquelle nous nous
trouvons c’est un amphithéâtre
pour lequel on a porté beaucoup de
soin ; on a voulu que l’acoustique
soit bonne, on a beaucoup
beaucoup cherché, ce n’était pas
facile ; il fait 1.000 places et
également des places en balcon.
Le hall (photo 5) a été souhaité par
les étudiants, bien évidemment, j’ai
eu beaucoup de contact avec eux.
Chaque fois, ils me disaient "on ne
veut pas traîner, comme à Aix en
Provence, dans les couloirs à
attendre ; on veut un endroit où
nous nous réunissons, où on peut
faire des expositions, des
manifestations". L’Administration
a accepté ; et vous voyez que là
j’ai fait du mobilier qui est adapté
au hall, c’est-à-dire, il a été fait
spécialement, il n’était pas
question de mettre, dans un
volume comme celui là, des tables
et des chaises. Ca ne m’aurait pas
plu.
Photo 3
La façade arrière est entièrement
vitrée sur la nature.
Photo 4
Photo 5
INFOMED Hors-série - Décembre 2008
33
Là, (photo 6) c’est l’aréopage de
l’Education Nationale : de gauche
à droite : Monsieur Gaston Berger
qui était Directeur Général de
l’Enseignement Supérieur, Monsieur le Recteur Blache, Monsieur
le Doyen Morin avec ses deux
cannes ; les autres se sont des
Recteurs, des Doyens, excusez moi
de ne pas me rappeler des noms.
Monsieur Gaston Defferre, Gaston
Berger, Monsieur Lenhardt le
sénateur et moi-même (photo 7) en
train d’expliquer aux gens le
fonctionnement de la télévision qui
a été installée grâce au talent et au
dévouement de Monsieur Corriol,
que je salue ce soir, qui est à côté
de moi.
Je vais terminer juste par deux
choses : la première c’est un peu
sentimental, Monsieur le Doyen
Morin m’avait dit "Monsieur
Egger, je vais vous donner un petit
bureau pour vous, pour que vous
y séjourniez pendant les travaux
bien sûr et puis après. J’aurais
souhaité que vous ne partiez pas
comme ça rapidement, parce que
tant que vous étiez là, j’étais
tranquille, les choses se réglaient.
Je vais être seul ; bien sûr, j’ai
mon excellent collaborateur,
Monsieur Corriol qui est là, mais
quand même j’aurais souhaité que
l’architecte vienne de temps en
temps et ne me laisse pas tomber,
comme on dit".
"Mais, Monsieur le Doyen, je
viendrai, je vous le promets" et je
suis revenu. Je me suis assis dans
un fauteuil et puis j’ai regardé les
étudiants à travers la vitre en bas
qui circulaient, qui avaient l’air
heureux, qui avaient l’air contents
de ce bâtiment qu’on a fait pour
eux.
Photo 6
Photo 7
Je me disais, quel beau métier que
le mien, faire des Facultés pour les
enfants de mon pays. Puis est venu
un orchestre de chambre qui de
temps en temps jouait mais cette
34 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
musique envahissait la Faculté,
c’était euphorique.
C’était comme un hymne, un
hymne à la liberté retrouvée celle
de l’architecture.
Conception des salles
d'enseignement et des
laboratoires de recherche
Professeur Jacques CORRIOL
L
e 24 avril 1930 est publié
un décret transformant
l’Ecole de Médecine de
Marseille en Faculté
Mixte de Médecine et de
Pharmacie, générale et coloniale de
Marseille.
La Faculté est mal logée ; elle
occupe le Palais Impérial du Pharo
et dans son jardin, l’Institut
d’Anatomie, l’Institut d’Hygiène et
de Bactériologie. Les locaux dits
"de Pharmacie" sont situés Rue
Auguste Blanqui.
• En mars 1943, l’Armée
Allemande réquisitionne
les locaux du Pharo qui
sont évacués en quelques
heures avec de nombreux
dégâts dans la Bibliothèque.
• En septembre 1944, les
locaux sont restitués à la
Faculté en piètre état ; la
réfection est très lente,
elle se prolonge jusqu’en
1948 pour le Palais du
Pharo.
Entre temps, en 1943, le
Professeur
Georges
Morin
est
nommé
titulaire de la chaire de
Physiologie après le
départ à la retraite du
Professeur Cotte.
• En 1947, il est élu
Assesseur du Doyen
Lucien Cornil auquel il
succède le 16 mars 1952.
Quelques semaines plus tard, le
Doyen Morin est reçu dans un
salon politique de la IVème
République, animé par Madame
Jacqueline Baytout, Directrice du
journal les Echos. Il y rencontre de
nombreuses personnalités.
• En mai 1952, le Doyen Morin
obtient
du
Ministère
de
l’Education Nationale (Enseignement Supérieur) la décision de
principe de construire à Marseille
une nouvelle Faculté de Médecine.
En fait, dès son élection comme
Assesseur du Doyen en 1947, le
Professeur Morin avait échafaudé
des projets de nouveaux locaux
pour la Faculté. Il avait prévu
l’achat du terrain pour bâtir une
nouvelle Faculté dans les jardins
de l’Hôpital Psychiatrique de la
Timone, les pourparlers ont
commencé en 1950. Cette parcelle
de 6 hectares fut acquise en 1954.
Il avait écrit un programme précis
des bâtiments, inspiré par la
Faculté de Lyon Grange-Blanche.
• En juin 1952, René Egger,
Architecte DPLG est désigné
officiellement comme Maître
d’œuvre. Un crédit de 2 milliards
de Francs (soit 39 millions
d’Euros) est accordé pour la
construction.
En un trimestre, en franchissant
des obstacles accumulés depuis des
décennies, le projet est lancé. Le
Doyen Morin a des idées très
précises sur les plans du nouveau
bâtiment, qui comportera trois
zones :
- une partie "grand public",
avec un vaste hall d’accueil (salle
des pas perdus), un grand
amphithéâtre auditorium (salle de
spectacle de 1.200 places pouvant
accueillir des congrès, un
restaurant universitaire au rez-dechaussée pouvant servir 1.000
repas à midi, aux étages, le bureau
INFOMED Hors-série - Décembre 2008
35
décanal
et
les
services
administratifs, la Salle du Conseil,
la Bibliothèque et quelques
appartements de fonction ;
- la partie centrale du bâtiment
comportant 7 niveaux reçoit les
étudiants dans les amphithéâtres et
des salles de travaux pratiques
- les 3 ailes perpendiculaires au
bâtiment principal, accueillent les
laboratoires de recherche.
Soit en tout : 55.000 m 2 de
plancher pour une surface au sol de
15.000 m2.
• De juin 1952 à mars 1955 sont
élaborés, par l’agence d’architecture EGGER, les plans précis
permettant de lancer concours et
adjudications.
• Début février 1955 : premier
coup de bulldozer
• Fin mars 1955 : le bief du Jarret
est comblé, les serres déménagées,
le terrain clos est déblayé en
respectant autant que possible les
arbres existants. Deux centrales à
béton sont construites. On
commence à couler du béton : un
étage en moyenne toutes les 6
semaines, sauf en mars 1956 à
cause d’un épisode de gel
rigoureux.
• En mars 1956, les plans détaillés
des différents services et
laboratoires sont confiés aux futurs
occupants,
directeurs
et
collaborateurs, afin qu’ils
indiquent pièce par pièce
l’emplacement des cloisons, des
paillasses, des hottes et sorbonnes,
chambres froides etc… avec leurs
desideratas en fluides (eau froide
et chaude, gaz, circuit électrique,
air comprimé, aspiration, centrales
d’eau distillée), ainsi que le
mobilier nécessaire (bureaux,
bibliothèques, sièges, placards,
frigidaires, congélateurs et matériel
lourds.
• Le 15 avril 1958 le chantier est
progressivement débarassé, les
locaux sont nettoyés et les
déménagements sont terminés. Les
occupants prennent possession des
lieux et les étudiants arrivent.
Le temps de construction aura duré
38 mois, sans un jour de retard,
sans abandon d’objectifs, sans
retranchement ou suppression dans
le programme initial et sans
dépassement du crédit initialement
fixé soit 36.360 francs (1952),
environ 706 euros le m2, de quoi
faire rêver aujourd’hui.
• L’inauguration officielle a lieu le
17 mai 1958, en pleine révolte
algérienne, on attend en France les
parachutistes des régiments
putchistes.
Les festivités sont réduites au
minimum, Gaston Defferre, Maire
de Marseille et le Recteur Blache
président cette inauguration, aux
côtés du Doyen Morin.
Cette Faculté jugée trop vaste et
trop somptueuse par certains, se
révèlera en fait trop petite quelques
années plus tard. Ce qui
nécessitera des agrandissements
progressifs.
• En, 1962 : édification du
Bâtiment Propédeutique avec un
amphithéâtre de 800 places, des
salles de travaux pratiques et
enseignements dirigés, des
laboratoires de recherche.
• En 1969 : la construction de 2
nouveaux amphithéâtres (A et B) et
d’un gymnase.
• En 1970 : la Faculté ouvre le
Secteur Nord proche de l’hôpital
• En 1972 : la Faculté de
Pharmacie s’installe dans le
tripode.
• En 1995 : agrandissement de la
Bibliothèque Universitaire.
Les bâtiments de la Faculté
ont 50 ans en mai 2008. Ils
ont bien vieilli sans se
dégrader, malgré un certain
manque d’entretien par
insuffisance de crédits.
36 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
Évolution des méthodes
d'enseignement
Professeur Pierre CHAMPSAUR
Président du Comité des Études
d’avoir une pensée pour
mon Père qui faisait parti
de cette promotion.
Nous allons envisager les
évolutions par cycle des études
médicales.
Pour être une des toutes
premières facultés de
France, la Faculté de
Médecine de Marseille a
toujours fait évoluer ses
méthodes pédagogiques
et, en 50 ans d’évolution,
nous avons dû absorber
un très grand nombre de
lois, nous y adapter tout
en développant la qualité
de notre pédagogie.
C’est
une
Faculté
importante avec près de
10.000 étudiants, la
médecine attire beaucoup
de jeunes.
D’abord le premier cycle et cette
très fameuse 1ere année.
La Faculté de Médecine attire
beaucoup d’étudiants, parce que ce
sont des études universitaires qui
conduisent à des métiers bien
connus, à des métiers passionnants
et des métiers où il y a des
débouchés. Il y a de plus en plus
d’étudiants en première année :
2.100 en 2003/2004 et nous avons
3.000 étudiants aujourd’hui.
S’il y a beaucoup d’étudiants qui
se présentent et un numerus
clausus réduit il en résulte un
entonnoir avec une sélection
A
ppréhender en quelques
minutes
50
ans
d’évolution de la
pédagogie médicale est
un challenge ambitieux ; nous
allons
donc
aborder
les
évènements qui nous semblent les
plus importants.
En 1958, les étudiants en costume
cravate allaient quitter le palais du
Pharo pour gagner la Timone et
vous me permettrez en cet instant
INFOMED Hors-série - Décembre 2008
37
obligatoire et cette sélection est
incontournable.
La seule règle que nous devons
respecter, c’est l’équité, l’égalité
des chances.
Cette première année a essuyé de
très nombreuses réformes.
Si on analyse l’esprit de ces
réformes, on constate qu’elles ont
tourné autour de la recherche d’un
équilibre entre deux éléments :
d’un
côté
les
sciences
fondamentales et de l’autre coté les
tenants de la médicalisation.
Cette première année avait lieu en
Faculté de Sciences avec
exclusivement des sciences
fondamentales.
Elle s’est appelée PCN (physique,
chimie, sciences naturelles), puis
est devenue PCB (physique,
chimie, biologie) en 1934.
Le retour vers la Faculté de
médecine de cette première année
aura lieu en 1960 à l’occasion
d’une fusion entre PCB et 1ere
année de Médecine.
En 1969, transformation de cette
première année en PCEM1 et peut
être en 2009 en L1.
Cet équilibre indispensable entre
sciences
fondamentales
et
1937
2008
médicalisation a marqué beaucoup
de ces réformes. L’équilibre est
important ; en effet, les futurs
médecins doivent posséder les
bases fondamentales nécessaires à
la compréhension et à l’adaptation,
aux évolutions inéluctables des
techniques et pratiques de la
médecine.
Mais il faut garder à l’esprit que
nous ne formons pas que des
chercheurs ou des étudiants qui
vont, via les passerelles, gagner les
facultés de sciences.
L’équilibre sciences fondamentales/ médicalisation doit rester
raisonnable.
Deux lois, en 1971 et 197,9 ont
créé le numerus clausus qui est la
plus importante révolution qu’ait
connu cette première année. Cette
limitation du nombre d’étudiants
pouvant accéder à la deuxième
année a progressivement complètement modifiée les stratégies
pédagogiques, la docimologie et
l’ambiance générale entourant
cette première année.
Cette première année de médecine
devenait un concours sélectif. Elle
devenait aussi, et ce n’est pas la
moindre des évolutions, un outil
prétendu efficace de régulation de
la démographie médicale. Cette
régulation de la démographie
médicale a été particulièrement
catastrophique pour notre faculté.
En effet, le numerus clausus est
passé de 7.912 en 1979 à 3.500 en
1992, pour revenir à 7.300
aujourd’hui.
Dans cette boucle, qui nous a
ramené à un numerus clausus
national égal au point de départ, la
Faculté de médecine de Marseille a
vu s’effondrer son numerus clausus
de 600 en 1979 à 335 en 2008.
On nous promet une baisse de 10 à
15 postes pour l’année 2009…
Cet outil de régulation de la
démographie médicale est inefficace,
38 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
tout le monde le sait. Plus de 30 %
des médecins installés dans les
Bouches du Rhône on fait leur
thèse ailleurs ; il est injuste parce
que nos jeunes ont moins de
chance de devenir médecin que
ceux d’autres régions dans le
même pays.
On est à 12,5 % de réussite en
première année, alors que d’autres
facultés en France sont à 25% et si
on passe à 330 ou 320 on tombera
à 11 %. Est ce juste ? Est ce
sérieux ?
Sur 2.779 candidats inscrits, 629
ont un débouché car nous avons,
depuis longtemps, construit à
Marseille à partir de cette
premièreannée un tronc commun
avec
la
maïeutique,
la
kinésithérapie ou les manipulateurs
en radiologie au-delà du tronc
commun classique avec Odontologie.
Donc 629 étudiants auront un
poste, le fameux abattage que l’on
prétend est peut être à nuancer.
Pour les "reçus collés", depuis
longtemps à Marseille on a des
passerelles avec l’ IUP, mais aussi
dans les différentes licences d’Aix
Marseille II.
Il faut savoir que vers ces
passerelles il y a autant d’étudiants
qui vont en Droit que d’étudiants
qui vont en Faculté de sciences.
Un étudiant qui rentre en médecine
ne rentre pas à l’Université
définitivement, il ne rentre pas
dans les sciences de la santé
obligatoirement. S’il échoue, il
repensera son orientation et penser
qu’il est captif d’une manière ou
d’une autre est une erreur.
La première année est un
entonnoir, il est indiscutable c’est
un fait ; notre mission c’est
d’assurer l’égalité des chances.
Pour assurer cette égalité, nous
avons à Marseille depuis
longtemps anticipé le flux des
étudiants en assurant, par la
vidéoprojection, l’accès de cours à
tous, des cours dans des bonnes
conditions. Nous avons mis en
place un système qui, depuis
l’amphi propédeutique, va
permettre de filmer l’enseignant
mais également de reproduire dans
trois autres amphis à la fois (A, B
et 3) l’enseignant et son support de
cours : tableau, transparents ou
ordinateur.
Le deuxième point de cette volonté
d’équité touche les écuries. Il est
souvent reproché l’existence
d’écuries privées particulièrement
onéreuses.
Nous avons donc développé des
écuries au sein de la Faculté,
accessible à tous, dont le coût
annuel est de 70 € réalisées par les
PCEM2 et DCEM1, pour que tout
étudiant qui rentre dans cette
Faculté, quels que soient les
moyens financiers de ses parent,s
puisset avoir toutes ses chances.
Nous avons également mis à
Marseille en place une information
pour les lycéens via internet depuis
la Faculté de Médecine pour tous
les lycéens de notre Rectorat.
Ces lycéens bénéficient donc dans
leur lycée, sans déplacement
inutile, d’une information
complète sur l’ensemble des
possibilités du campus santé de
Marseille.
Ces séances sont organisées en
deux parties :
• Une première partie présente aux
lycéens toutes les filières.
• La deuxième est une séance de
questions/réponses, les lycéens
posant des questions via internet
aux enseignants réunis à la faculté
de médecine et ceci en temps réel.
INFOMED Hors-série - Décembre 2008
39
Avec ce projet novateur, la Faculté
de Médecine est en pointe au plan
national.
L’entrée de la médecine dans le
fameux LMD est plutôt un
habillage. En effet, l’esprit du
système LMD est de permettre des
échanges entre les différentes
facultés françaises et également
des échanges à l’échelle
européenne.
Ces échanges sont quasiment
impossibles devant l’existence du
numerus clausus.
Une question est posée celle des
réentrées.
Qui choisira, dans quelques
années, les étudiants aptes à entrer
directement en deuxième année de
médecine avec un master dans une
autre Faculté sur dossier et
entretien ?
Le tronc commun de cette
première année intéressera
désormais les quatre filières :
maïeutique, médecine, odontologie
et pharmacie.
modules transversaux. Marseille a
profité de cette réforme pour faire
une
véritable
révolution
pédagogique : supprimer les cours
magistraux dans le deuxième
cycle, donner les polycopiés aux
étudiants en début d’année, laisser
l’accès aux cours sur internet et
organiser tout l’enseignement
présentiel en ensignements dirigés
en petit groupe de 30 ou 40 ou
avec un enseignant hospitalouniversitaire autour de cas
clinique.
Cette mesure pédagogique a donné
des résultats puisque nous sommes
depuis le début de l’examen
classant national, parmi les 6
premières Facultés de France.
Malgré ces résultats, nous avons
un nombre d’internes bien trop
faible à Marseille. Il n’y a que 6
places en troisième cycle à
Marseille pour 10 de nos étudiants
en deuxième cycle.
Si on compare le nombre de postes
d’internes à Amiens (209) ou à
Lille (364) et à Marseille (194), on
ne peut être que choqué.
On retrouve, dans ce L1, ce que
l’on a toujours connu : c’est-à-dire
la physique, la biophysique, la
chimie, la biochimie, la biologie
cellulaire, la génétique, l’anatomie.
Les sciences humaines introduites
maintenant il y a une dizaine
d’années et qui étaient au départ
destinées à faire rentrer des
étudiants littéraires en médecine
qui ne sont jamais rentrés, sont
bien sûr maintenues dans ce L1.
Dans le deuxième cycle des études
médicales, jusqu’en 2001, l’enseignement se faisait par discipline.
En 2001, une réforme nationale a
organisé l’enseignement par
40 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
Le troisième cycle a connu aussi
beaucoup d’évolution.
En 1950, la création des CES fait
coexister deux filières pour l’accès
aux spécialités :
• l’une est hospitalière c’est
l’internat
• et l’autre universitaire c’est le
CES.
En 1979, l’internat qualifiant fait
disparaître les CES et devient la
voie unique.
En 2001, la création de l’examen
classant national, reprend cette
notion de voie unique en y incluant
la Médecine Générale.
Cette Médecine Générale a souvent
changé d’appellation : internat de
Médecine Générale puis résidanat
puis enfin internat avec l’Examen
Classant National.
Est-ce que la Médecine Générale a
été revalorisée à travers toutes ces
réformes ? On peut se le demander.
En revanche, l’impact de la
disparition des CES en 1982 est
extrêmement important. Elle est
responsable de la fusion des
programmes préparatoires à
l’internat et aux examens de
deuxième cycle des études
médicales.
Cours magistral, enseignement
dirigé et utilisation des nouvelles
technologiques dans la pédagogie
avec des salles NTIC ont été
particulièrement développés à
Marseille. Les étudiants peuvent
suivre depuis leur bureau
directement les lames d’histologie
et d’anatomie pathologique et
répondre à des questions.
Nous utilisons à Marseille tous les
outils de la pédagogie, mais il ne
faut pas croire que l’utilisation de
la vidéo transmission et internet
ont fait disparaitre la craie et le
tableau noir, en particulier en
anatomie. Tous les outils
pédagogiques restent utiles et sont
complémentaires et nous les
utilisons.
L’usage d’internet sur les
téléphones portables n’a pas fait
disparaitre le livre.
Travaux pratiques d'histologie en salle de NTIC
L’avenir de notre faculté repose sur
la poursuite de notre engagement
fort en faveur de la pédagogie.
Nous avons été l’une des
premières facultés à s’assurer des
qualités pédagogiques des futurs
enseignants chercheurs par
l’audition pédagogique. Nous
travaillons en permanence à
l’amélioration
de
nos
enseignements.
Notre
nouveau
diplôme
universitaire de Pédagogie attire
des étudiants de toute la France,
preuve de notre force pédagogique.
Parmi les projets en cours nous
pouvons citer le bâtiment
pédagogique implanté sur ce qui
est appelé le parking étudiants. Il
est en cours d’étude, c’est un
projet majeur pour créer des salles
de moyen format pour les
enseignements dirigés, pour les
nouvelles technologies, pour
l’anglais.
Nous devons former des
chercheurs, former des hospitalouniversitaires mais nous devons
aussi surtout former des praticiens,
il ne faut jamais l’oublier.
Une politique pédagogique en
renouvellement permanent est
notre caractéristique pour une
formation de médecins de qualité.
Que le numerus clausus cesse de se
baser sur la démographie et
regarde une fois, peut-être, la
capacité de formation de nos
Facultés et tout particulièrement la
nôtre. Evaluer réellement la qualité
de la formation avec toutes ses
forces et ses faiblesses avant toute
réforme serait une bonne idée.
Je vous remercie de m’avoir
écouté.
INFOMED Hors-série - Décembre 2008
41
Évolution de la recherche
Professeur Jean-Paul BERNARD
Président du Comité Scientifique
scientifique de notre
Faculté de Médecine.
Finalement, je me suis dit
qu’après que Monsieur
Egger eût construit cette
Faculté et que Monsieur
Corriol, à l’instant, nous
en ait remis les clés, il
était raisonnable de faire
ensemble une promenade
en déambulant, au gré de
notre fantaisie, dans cette
Faculté, en frappant ici et
là à quelques portes tout
en sachant que si on ne
les ouvrait pas toutes,
nous serions là dans 50
ans pour franchir celles
que nous n’aurions pas
encore ouvertes et je suis
sûr
que
nous
y
trouverons encore du
monde au travail.
R
ésumer 50 ans de
recherche à la Faculté
de Médecine Timone
représente, vous en
conviendrez, un veritable défi !
J’ai un moment tenté de
convaincre notre Doyen que
j’allais tenter d’être exhaustif,
c’est-à-dire consacrer à chacun des
acteurs de cette recherche la part
qui lui est dûe. J’ai vite renoncé,
notre Doyen en était d’accord !
Cela correspondait pratiquement à
parler moins d’une seconde de la
contribution de chacun de ceux qui
ont apporté une pierre à l’aventure
Il est vrai que les Doyens
successifs qui ont été à l’origine de
la création de cette Faculté Timone
étaient souvent des physiologistes
et singulièrement proches de la
neurologie. Les Professeurs Morin
et Gastaut ont fondé l’Ecole de
Neurophysiologie véritablement
comme une thématique identitaire
de la recherche sur le site Timone
à Marseille. Si les moyens mis en
œuvre nous paraissent aujourd’hui
presque rudimentaires, ils n’ont
pas empêché ces pionniers
d’établir les prémisses de tous les
développements qui seront
ultérieurement les bases de
l’épileptologie. C’est au sein d’une
42 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
multidisciplinarité bien comprise
qu’ont été effectuées les premières
descriptions des épilepsies
généralisées et des épilepsies
focales, tant au niveau de modèles
expérimentaux que dans des
situations cliniques. Parallèlement
sous l’impulsion du Professeur
Serratrice,
la
pathologie
neuromusculaire s’individualisait
comme une discipline nouvelle qui
allait se développer remarquablement dans les années
suivantes à Marseille.
Il est vrai qu’aujourd’hui on peut
se demander si le cerveau a été
décrypté.
Photo 1 - Le cerveau décrypté
Je vous rassure, il n’en est rien, et
je dirai presque que c’est tant
mieux, mais les outils que nous
avons aujourd’hui à notre
disposition dans des laboratoires
d’excellence de la Faculté de
Médecine ont fait que ces
neuroradiologues, ces neuro-
chirurgiens, ces neurologues, ces
anatomopathologistes et ces
physiologistes se retrouvent 50 ans
plus tard autour de plateformes
technologiques de très haut niveau.
On peut citer en exemple la
plateforme de magnétoencéphalographie (photo 2) ou encore
le nouveau spectromètre imageur
IRM à 3 tesla qui a été inauguré il
y a quelques semaines sur le
campus Timone. Je crois que l’on
peut dire aujourd’hui que le pôle
scientifique en neurophysiologie
marseillais, une fois associé avec
les autres sites universitaires à la
Faculté Nord, sur le site du
Chemin Joseph Aiguier et sur le
campus de Luminy, fait de
Marseille le deuxième pôle
scientifique de France dans le
domaine des Neurosciences après
l’Ile de France et un des tous
premiers au niveau international.
Photo 2 - Plateforme de
magnétoencéphalographie
Photo 3 - Coeur artificiel CORA, 1973
La physiologie a toujours côtoyé
les extrêmes. En 1967, les
scientifiques du monde entier
étaient tournés vers Marseille ; un
nouveau cœur battait dans la
poitrine d’Emmanuel Vitria et cela
allait durer 18 ans.
Le Professeur Henry et son équipe
avaient bien compris qu’on ne
pourrait se satisfaire de ce résultat
aussi extraordinaire fût-il ; il fallait
trouver une solution raisonnable à
la pénurie de greffons et à cette
situation dramatique pour le
patient qui reste l’attente d’une
greffe cardiaque.
C’était le début de l’aventure du
cœur artificiel (photo 3), portée à
bout de bras par le Professeur
Monties pendant 25 ans ;
l’actualité récente nous a encore
montré qu’il s’agissait là d’une
piste raisonnable et crédible en
faisant la démonstration qu’il n’y
avait pas de véritable avancée
technologique sans une œuvre
commune associant médecins,
ingénieurs ainsi que des
partenaires quelquefois choisis
dans des domaines très inattendus
comme l’aéronautique.
Les extrêmes, c’était aussi la
physiologie des états extrêmes.
Il faut se souvenir que c’est à
Marseille, baignée par la Méditerranée, que la physiologie s’est
très tôt intéressée à l’adaptation au
monde sous-marin ; il faut rappeler
que cette activité de recherche a
abouti à quelques premières
mondiales retentissantes dont la
première plongée à saturation en
1967, encadrée par les médecins et
les physiologistes marseillais qui
ont pu au fil des ans nourrir des
partenariats très fructueux avec la
COMEX implantée à Marseille et
le Service de Santé des Armées, ce
dernier étant aujourd’hui associé
avec les universitaires marseillais
au sein d’une équipe labellisée au
cours du dernier plan quadriennal
de l’Université de la Méditerranée.
L’anatomie a toujours peine à être
considérée comme discipline de
recherche. Cela est regrettable ;
l’Ecole d’Anatomie Marseillaise a
montré qu’elle avait une capacité
de diffuser ses connaissances ; le
nombre d’ouvrages traduits dans
de nombreuses langues étrangères
en atteste.
Aujourd’hui
encore,
les
descriptions princeps issus du
Laboratoire d’Anatomie de la
Faculté Timone concernant les
artères cérébrales, les artères de la
peau, l’anatomie du cœur et de ses
vaisseaux restent des références
incontournables.
INFOMED Hors-série - Décembre 2008
43
L’anatomie
a
connu
des
développements inattendus : dans
l’imagerie bien sûr, mais aussi
dans la modélisation pour des
études de biomécanique et surtout
à Marseille dans le domaine de
l’accidentologie avec la conception
de l’homme virtuel du projet
européen Humos qui vous le voyez
n’a jamais été aussi près de nous,
tant il est vrai que la numérisation
à partir de relevés anatomiques
permet de le rapprocher
véritablement de la réalité. Une
fois les derniers ajustements
réalisés il ne lui manquera
pratiquement plus que la parole.
Photo 4 - L'homme virtuel Humos
L’endocrinologie et les maladies
métaboliques ont toujours représenté
une spécificité marseillaise. Là
aussi, on sourirait presque en
découvrant un chromatographe pour
analyser les protéines en double
dimension ou encore l’ancêtre de
nos spectromètres de masse actuels
si les Professeurs Roche, Lissitzsky
et Michel, dans des conditions
précaires dans leur laboratoire de la
rue Auguste Blanqui, n’avaient
découvert
en
1952
la
tryiiodothyronine ; dès leur
installation avec l’aide du CNRS et
de l’INSERM dans les locaux de la
Faculté de Médecine Timone ont été
jetées les bases de l’étude du
métabolisme de la thyroïde jusqu’au
clonage
du
gène
de
la
thyroglobuline ; les premiers enfants
atteints d’insuffisance thyroïdienne
congénitale ont été traités par l’iode
au début des années 60 à la suite de
ces travaux fondamentaux.
Parallèlement la chimie des venins
et des toxines de scorpions s’est
développée et a connu des
applications novatrices dans l’étude
des canaux ioniques impliqués dans
la transmission synaptique ; cette
activité se poursuit encore
aujourd’hui sur le site Nord de la
Faculté de Médecine.
La clinique endocrinologique a
certainement bénéficié d’une
situation aussi favorable sur le plan
de la recherche fondamentale et il
faut souligner l’impact essentiel sur
la recherche en nutrition de la
description dès 1947 par le
Professeur Jean Vague de la
différenciation sexuelle du tissu
adipeux. L’implication de l’obésité
androïde dans la survenue du
syndrome métabolique a fait l’objet
de nombreux travaux fondamentaux
établis par les enfants et les élèves
de Jean Vague et relayés ensuite par
plusieurs dizaines d’équipes de
renommée internationale de par le
monde.
44 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
Photo 5 - Appareil d'électrophorèse
bidimenstionnelle (1973)
Je me souviendrai, quant à moi, avec
émotion, de la gourmandise avec
laquelle le Professeur Vague, muni
de son célèbre compas, mesurait,
devant ses étudiants émerveillés, les
replis moelleux d’une poissonnière
de la rue Longue des Capucins.
Depuis ce temps, des méthodes
souvent compliquées nous montrent
aujourd’hui qu’il faut se méfier de ce
petit surplus péri-ombilical, tueur
silencieux que l’on a trop souvent
tendance à considérer avec
bonhomie.
Une autre aventure a été celle de la
biologie cellulaire. Dès 1958, le
Professeur Picard et son équipe
bénéficiaient de l’installation du
premier microscope électronique
dans la région pour étudier
l’ultrastructure du noyau et
particulièrement du nucléole,
travaux qui se sont développés avec
ses élèves dans le domaine des
neurosciences et de la neuroendocrinologie. Cette histoire a été
émaillée d’un mariage réussi avec
une discipline naissante, promue à
Marseille à l’initiative des pédiatres;
il s’agissait de la génétique et sous
l’impulsion des Professeurs René
Bernard, Francis Giraud, puis JeanFrançois Mattei, c’est au contact du
désarroi des familles devant
l’inéluctable après une naissance
qu’ont été organisées les premières
consultations de conseil génétique ;
un laboratoire de cytogénétique a été
créé et c’est toute la méthodologie
de l’analyse des caryotypes qui a été
établie pour le diagnostic des
principales maladies chromosomiques.
Avec l’avènement de la biologie
moléculaire et grâce au soutien de
l’INSERM, le Laboratoire de
Génétique a acquis un niveau
international dans le développement
des techniques d’hybridation in situ
et, une fois le génome apprivoisé,
des découvertes essentielles ont pu
être obtenues dans le champ des
maladies orphelines congénitales
comme la maladie de Charcot-Marie
Tooth, le syndrome de Rett, le
syndrome de Prader-Willi ou enfin la
Progéria.
Après la découverte du gène de la
Progéria par l’équipe de Nicolas
Lévy en 2003, les défis sont
immenses et là encore la révolution
de la pharmacogénomique permet
aujourd’hui à peine 5 ans après la
découverte du gène de cette terrible
maladie de mettre en place à
Marseille le premier essai
thérapeutique européen avec comme
espoir d’éviter finalement que ces
enfants ne meurent de vieillesse à 13
ans.
Enfin, une aventure là encore
passionnante cette fois-ci dans le
domaine des maladies infectieuses.
En 1927, le Professeur David Olmer
décrit la fièvre pourprée qui semble
une caractéristique du bassin
méditerranéen ; on ne sait encore si
ce seront les puces, les tiques ou les
poux qui auront la vedette dans les
années qui vont suivre. La suite nous
la connaissons. Avec l’aide du
CNRS, le Professeur Didier Raoult
va créer un laboratoire de référence
pour l’OMS spécialisé dans l’étude
de la fièvre boutonneuse méditerranéenne et des rickettsioses de
façon plus générale.
Des avancées majeures dans les
techniques de culture des bactéries
intracellulaires vont suivre
rapidement et avec les techniques
modernes de screening à haut débit
du génome bactérien, ce seront plus
d’une quinzaine de nouveaux agents
bactériens émergents qui seront ainsi
caractérisés.
Ces découvertes auront permis la
mise au point de techniques
diagnostiques innovantes en
bactério-virologie faisant appel à des
puces diagnostiques permettant de
standardiser les réponses pour un
grand nombre d’agents infectieux.
Mais pour le plus gros laboratoire
hospitalier de microbiologie de
France, pas encore tout à fait du
monde, il fallait une découverte de
taille ! L’entamoeba polyphaga
mimivirus est actuellement le plus
gros virus découvert dans le monde
et ceci n’a probablement rien
d’étonnant dans une ville où il n’est
pas rare d’exagérer un peu !
Photo 6a
Patient à 10 mois
Photo 7
Photo 6b
Patient à 14 ans
INFOMED Hors-série - Décembre 2008
45
Le temps me manque pour vous
parler évidemment d’autres
recherches passionnantes comme
l’immunologie qui a essaimé bien
au-delà de notre Faculté, de
l’oncologie qui s’est structurée très
récemment à la Timone sans oublier
bien sûr les sciences humaines et
sociales ainsi que l’anthropologie
qui nous rappellent que l’homme est
toujours le centre de nos
préoccupations.
Je voudrai terminer avec le souvenir
de la première fois où j’ai passé les
portes de cette Faculté de Médecine.
C’était en 1967, j’avais 14 ans, mon
père voulait probablement montrer à
un adolescent aux cheveux longs et
aux chemises à fleurs le progrès en
marche dans la Faculté.
On installait en effet dans
l’amphithéâtre propédeutique la
dernière génération des canons à
images. Le Doyen Gastaut était à la
manœuvre.
Non sans malice, mon père tenta de
me faire croire que ce célèbre
collectionneur de crânes conservait
parmi d’autres quelques exemplaires
46 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
de collègues célèbres ou
particulièrement méritants.
Je vous mentirai en vous disant que
la seule perspective de finir sur une
étagère a pesé dans les choix
professionnels qui furent les miens
quelques années plus tard ; ce que
je ne pouvais imaginer à l’époque
c’est que j’aurai autant de plaisir à
me retrouver ici ce soir avec vous
pour partager cette ambition
commune pour notre Faculté.
Je vous remercie de votre attention.
Évolution de la médecine
Professeur Jean-Robert HARLÉ
Vice-Doyen de la Faculté de Médecine
Plusieurs faits se sont
déroulés à la Faculté en
1958, il y a eu la création
du CHU ; le plein temps
hospitalo-universitaire a
ramené vers la Faculté et
vers
l’hôpital
les
meilleurs cerveaux qui
s’étaient
un
peu
éparpillés dans le temps
et l’espace.
L
e constat est absolu : la
médecine hospitalière a
fait un bond immense, à
Marseille comme dans la
France entière dans ces cinquante
dernières années.
Nous avons vécu les 50 glorieuses
de la Faculté de Médecine. En
1958 on se promenait avec un
stéthoscope, en 2008 on utilise une
puce à ADN pour faire un
diagnostic, mais certains d’entre
nous utilisent toujours un
stéthoscope.
En 1958 on pouvait
dénombrer 88 professeurs
avec ou sans chaire, et
agrégés libres ou non. Il
existait sur le strict plan
universitaire 39 chaires,
ou spécialités.
Derrière les appellations
"clinique
médicale"
plusieurs spécialités se
dessinaient avec nos
maîtres Poinso, Mattei,
Olmer.
De la même façon plusieurs
chaires de chirurgie existaient,
expérimentale pour les uns,
infantile pour les autres mais celles
des Professeurs de Vernejoul, et
Salmon allaient exploser en
plusieurs spécialités.
En 2008, nous sommes 233
Professeurs des Universités Praticiens Hospitaliers, et 115
Maîtres de Conférence - Praticiens
Hospitaliers, répartis dans 54
disciplines hospitalières et
universitaires et 172 Chefs de
Clinique Assistants des Hôpitaux.
Alors comment expliquer cette
multiplication, et quels arguments
la justifient ?
1. Des spécialités médicales et
chirurgicales évoluent dans ce
contexte de progrès scientifique et technique.
La Clinique exotique, la médecine
coloniale, l’hygiène et médecine
sociale restent dans nos mémoires
comme autant de jalons historiques
mais ont disparu. La discipline
maladies infectieuses-médecine
tropicale les a remplacées, à
laquelle s’est adjointe la
bactériologie virologie hygiène
hospitalière.
La dermatologie a perdu sa
syphiligraphie, et la pneumologie
la phtysiologie.
La botanique et cryptogamie n’a
pas supporté le tournant de la
biochimie, et de la thérapeutique,
la pharmacologie.
La Pédiatrie avec ses représentants
émérites, les Professeurs Bernard,
Pinsard, Giraud, Raybaud, Mattei
se déclinera peu à peu comme
autant de spécialités d’organe ou
de système : neuropédiatrie,
l’hématologie pédiatrique, la
pédiatrie générale, l’oncologie
pédiatrique, la génétique (photo 1).
INFOMED Hors-série - Décembre 2008
47
2. La naissance de nombreuses
spécialités, du fait des progrès
techniques.
Photo 1
Au cours de ces cinquante
dernières années, sont apparues de
nombreuses spécialités médicales,
chirurgicales, et biologiques.
Certaines naîtront par scissiparité
dans les années 60 (photo 2) : la
néphrologie (1960), l’hématologie
clinique, la cancérologie à partir de
la médecine interne représentée par
le Professeur Mongin, la radiologie
et imagerie médicale, qui se
séparera de la radiothérapie, de la
biophysique et médecine nucléaire
en 1969 ; les réanimations
médicale, et anesthésique et
chirurgicale, la psychiatrie, et la
pédo-psychiatrie, la nutrition naîtra
de l’endocrinologie.
La pneumo-phtysiologie, la gastroentérologie apparaissent en tant
que disciplines universitaires
également.
De la chirurgie générale naîtront
les chirurgies spécialisées : urologique, thoracique, cardiaque,
digestive, orthopédique, réparatrices, adulte ou pédiatrique.
Photo 2
Photo 3
48 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
La génétique médicale, l’immunologie, les biostatistiques,
informatique
médicale,
et
techniques de communication, la
biochimie et biologie moléculaire
sont autant de spécialités qui
naîtront au cours de ces cinquante
"glorieuses" de la médecine en
France, en lien avec la poussée
formidable de la technologie, et
dans l’application rapide des
découvertes
des
sciences
fondamentales et de la recherche
scientifique.
Nous savons tous que cet essor n’a
pu exister qu’avec la mise en
œuvre de cette grande loi
hospitalière créant les CH et U,
avec le temps plein hospitalier,
auquel tous les professeurs,
progressivement, dans le cours des
années 60 vont adhérer.
3. Les moteurs des progrès
tiennent du développement
des techniques scientifiques,
aux voyages et aux échanges.
Les voyages forment la jeunesse
… et aident à la diffusion des
connaissances.
Mon professeur d’histoire de
première au lycée nous accueillit
martialement en demandant
immédiatement une minute de
silence pour … la création de la
motocyclette, qui allait permettre
les mariages inter-villages, luttant
ainsi contre une endogamie
jusqu’alors trop répandue dans
notre bon pays de France.
D’autres raisons guidaient nos
aînés dans l’organisation de leurs
voyages : l’essor de la médecine
française, et surtout marseillaise,
en fertilisant leur esprit à la
rencontre des autres. Loin de tout
esprit d’exhaustivité, nous allons
tenter d’illustrer par l’exemple le
propos.
Comment s’y prendre ? Interroger
les impétrants, c’est déjà souvent
trop tard. Interroger des élèves est
plus riche et varié, permettant des
recoupements, et des analyses
cocasses : tous n’ont pas la même
analyse des motifs et résultats
d’expéditions lointaines de leur
grand maître. Retrouver des
monographies sur le sujet a été un
grand bonheur, mais on va le voir
bien rare.
On peut s’essayer à la recherche
bibliographique, c’est vite
fastidieux. Il faut citer en premier
les découvertes, les grandes
premières. Je pense à l’électroencéphalographie, à la greffe
cardiaque, …
Alors quelques exemples :
‹ La chirurgie pédiatrique après
le Professeur Salmon se scinde en
chirurgie orthopédique, et en
chirurgie générale. Le Professeur
Michel Carcassonne a laissé un
document qui permet de trouver
quelques dates importantes dans
ses voyages d’étude :
• Professeur
Fontaine
à
Strasbourg créateur de la chirurgie
vasculaire moderne,
• Paris : Professeur Pellerin, Dr
Petit (becs de lièvre)
• Chicago chez le Dr Swenson.
(La "Mecque" était Boston), au
Children’s Memorial Hospital de
Chicago en décembre 1964. Il en
reviendra avec les premières
couveuses pour bébés prématurés,
qu’il aura toutes les peines du
monde à faire franchir la douane.
‹ L’anesthésie est liée à la
réanimation chirurgicale : en 1965,
le Professeur Jean Bimar va étudier
à Stanford l’électroencéphalographie fonctionnelle appliquée à
l’hypothermie au cours des
interventions
de
chirurgie
cardiaque. Les nouvelles techniques de contrôle de l’anesthésie
arrivent à Marseille comme partout
en France. Elles accompagnent les
progrès de chirurgie cardiaque,
digestive, neurochirurgie, et l’essor
de la traumatologie. A ce sujet, le
Professeur François me rappelait
que le premier SAMU, transport
médicalisé de très haute qualité a
vu le jour à Marseille, grâce aux
efforts conjoints de l’hôpital CHU,
des Marins Pompiers, et de la ville
de Marseille. On en connaît le
succès actuel.
‹ L’essor du pôle cardiovasculaire
• Les premières coronarographies
sont réalisées par le Docteur
Lavaurs, qui était allé apprendre la
technique à Cleveland, chez Mason
Sones, et Donald Heffler ; en écho,
le Docteur Courbier faisait les
premiers pontages coronariens, à la
Clinique Cantini, sous l’égide des
Professeur de Vernejoul, et Jouve.
• La chirurgie vasculaire faisait
des progrès immenses avec le
Professeur de Bakey (USA),
auprès duquel le Professeur Lena
apprenait la mise en place des
prothèses aorto-fémorales …
Ils sont nombreux ceux qui de
voyages de travail, en rencontres
internationales vont se forger une
expérience en électrophysiologie
cardiaque, en hémostase, … et je
vous ai dit que je ne serai pas
exhaustif.
‹ Les progrès en neurologie
Le Professeur Henri Gastaut :
quand a-t-il rencontré Lennox, et
où ? Notre célèbre professeur de
neurologie et de neurophysiologie
a beaucoup voyagé. (photo3)
Pendant ce temps son complice le
Docteur Naquet recevait ses élèves
pour
les
former
à
l’encéphalographie, et à la
recherche clinique. Le Professeur
Gastaut était Docteur Honoris
causa des Universités de Ottawa,
Liège, Bologne, Shangaï.
‹ La neurochirurgie
Le Professeur Paillas rencontrait
ses homologues à la PitiéSalpétrière. Ses élèves devaient
découvrir l’avion : le Professeur
Grisoli,
la
chirurgie
de
l’hypophyse à Monréal, le
Professeur Combalbert celles des
anévrysmes en Suède ; les
Professeurs Cannoni, et Pellet la
chirurgie des rochers et de l’angle
ponto-cérébelleux aux USA, le
Professeur Sedan la chirurgie de
l’épilepsie à Paris, puis le
Professeur Peragut la chirurgie
stéréotaxique puis le gama knife à
Charlotteville – USA.
‹ Pour les biologistes, c’était plus
facile : ils n’abandonnaient pas des
malades dans des lits. Le
Professeur Aquaron m’a rappelé
INFOMED Hors-série - Décembre 2008
49
qu’il avait passé un an à Boston, au
Boston Biomedical Research
Institute ; le Professeur Lucciani a
séjourné un an en Californie.
‹ Et les autres ? qu’ils me
pardonnent de ne pas les citer. Ce
ne sont pas des oublis. Je veux
remercier tous ceux que j’ai
sollicités au téléphone ou par
courrier et qui se reconnaîtront. Je
remercie en particulier les
Professeurs François, Ourgaud,
Baille, Poncet, Montiès et Gabriel
qui a passé une des premières
thèses en 1958 à la Faculté.
Je voulais simplement par quelques
exemples dire que nous ne serions
pas cette prestigieuse Faculté de
Médecine en 2008 sans les efforts
de formation de nos aînés.
Si de nos jours les mouvements, la
mobilité nous paraissent faciles, au
point qu’ils sont devenus un
passage obligé dans l’ascension
des marches conduisant à la
nomination au titre de Professeur
agrégé dans toutes les disciplines
médicales, ils n’en ont pas moins
été difficiles, semés d’embûches
dans ces temps de fondation de la
médecine moderne qu’a été la
deuxième partie du XXème siècle.
Enfin nous avons vu que les
destinations privilégiées étaient le
plus souvent tournées vers l’Ouest,
outre-Atlantique. Hommage soit
rendu donc aux moyens de
transport, depuis le Phocéen,
partant à 22 heures 30 où on était
parfois obligé de partager sa
cabine, à l’avion depuis Marignane
ou Orly. Les emplois de temps à
Paris étaient souvent chargés, et il
était difficile de choisir, tant l’offre
était alléchante. Mais les échanges
étaient fructueux.
50 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
A voyager plus souvent il faut bien
avouer que nous avons perdu le
charme d’antan.
En conclusion provisoire, il y a
fort à parier que dans cinquante
ans on constatera encore des
mutations considérables : les
disciplines cliniques n’auront plus
la même appellation, ni les mêmes
champs d’action. Les Cliniciens et
les Scientifiques travailleront de
plus en plus ensemble. De
nouvelles spécialités auront germé,
et d’autres auront disparu. Nous y
gagnerons j’espère pour la qualité
de notre médecine : la gériatrie,
l’oncologie, la greffe d’organes ou
de cellules, les biothérapies, les
maladies infectieuses transmissibles, l’imagerie, la thérapie
génique en constituent les
challenges les plus immédiats.
Gageons enfin que la médecine
restera humaine car humaniste.
Place de la Faculté de
Médecine dans l'Université
de la Méditerranée
Professeur Yvon BERLAND
Président de l'Université de la Méditerranée
O
n vient de parler de la
faculté de médecine de
Marseille au passé et au
présent prestigieux, il
me revient de replacer notre
faculté de médecine dans le
contexte universitaire et plus
précisément dans le contexte,
encore aujourd’hui, de l’Université
de la Méditerranée dont elle est
une des douze composantes.
Tout d’abord, il convient
de rappeler ce qu’est
l’Université de la
Méditerranée dont on a
évoqué le nom tout à
l’heure. C’est 23.000
étudiants, 12 composantes, avec la faculté de
Médecine, la faculté de
Pharmacie, la faculté
d’Odontologie, la faculté
de Sciences, la faculté
des Sciences du Sport, la
faculté de Sciences
Economiques et de
Gestion,
l’Institut
Régional du Travail,
l’Institut Universitaire de
Technologie, le Centre
d’Océanologie de Marseille, l’Ecole Supérieure
d’Ingénieur de Luminy,
l’Ecole de Journalisme et
de Communication de
Marseille, et bientôt 13
composantes puisque l’Ecole de
Sages Femmes va bientôt nous
rejoindre.
C’est aussi 1.500 personnels, 1.200
personnels non enseignants, une
formation qui offre 41 Licences,
28 Masters, 10 écoles doctorales et
une recherche forte de 73 unités
labellisées qui fait de notre
Université, une Université qui est
classée au septième rang français
et dans la colonne des 10 à 20
universités de rang européen ; la
première université de la région
dans le classement mondial de
Shanghaï et une université
excellemment évaluée par les
différents audits qu’elle a subis en
2007 et 2008, par l’Agence
d’Evaluation de la Recherche et de
l’Enseignement Supérieur, par le
Ministère de l’Enseignement
Supérieur et de la Recherche et le
Ministère des Finances.
C’est la seule université de la
région qui s’est vue attribuer les
nouvelles compétences, c’est-àdire l’autonomie de gestion à partir
du 1er janvier 2009 dans le cadre de
la loi L.R.U. votée en août 2007
par le Parlement.
Dans cette Université, la Faculté
de Médecine occupe une place
majeure : 40% des étudiants (ils
représentaient 32 % en 2001) ;
38% des enseignants chercheurs ;
39% des unités de recherche
labellisées, 35% du patrimoine
avec 100.000 M 2. La Faculté de
Médecine est un joyau.
INFOMED Hors-série - Décembre 2008
51
Mais attention la loi L.R.U., que je
viens d’évoquer, et qui a par
ailleurs un certain nombre de
vertus, peut mettre en difficulté la
Faculté de Médecine.
Le Doyen n’est plus ordonnateur
secondaire de droit des recettes et
des dépenses, il dépend du
Président de l’Université.
Les
emplois
hospitalouniversitaires doivent être
approuvés par le Président de
l’Université car comme les autres,
les emplois hospitalo-universitaires
sont inclus dans le plafond
d’emplois fixé à l’Université qui
devient autonome.
Les salaires correspondants sont
inclus dans la masse salariale totale
déléguée à l’Université devenue
autonome.
Vous le voyez la Faculté de
Médecine est fortement dépendante de l’Université. Alors pour
ne pas casser ce joyau, il faut un
pilotage adapté ; j’oserais dire un
pilote adapté.
Alors la Faculté de Médecine
demain.
La Faculté de Médecine a des
partenaires naturels que sont la
Faculté de Pharmacie, la Faculté
d’Odontologie et bientôt l’Ecole de
Sages Femmes qui sera une école
interne à notre Université.
D’ailleurs à partir de la rentrée
universitaire prochaine, et ça été
précisé par Pierre Champsaur, la
première année des études de santé
sera commune aux 4 filières de
formation.
Avec ses partenaires naturels la
Faculté de médecine pourra
construire son avenir au sein du
pôle santé, notamment sur le
campus Timone.
Mais demain aussi, la Faculté de
Médecine devra accompagner
l’universitarisation de toutes les
professions de santé dont le
processus vient d’être lancé mardi
à Paris par les deux ministères de
tutelle - Enseignement Supérieur et
Santé - et pour lequel on m’a
demandé de m’investir de manière
significative.
Ainsi demain la Faculté de
Médecine, la Faculté de
Pharmacie, la Faculté d’Odontologie et l’Ecole de Sages
Femmes vont être progressivement
rejoints au sein de l’Université de
la Méditerranée par toutes les
autres formations de santé.
Ayant, je pense, personnellement
beaucoup contribué à cette
évolution de l’universitarisation
des professions de santé depuis
2002, croyez bien que Marseille ne
sera pas en reste dans le lancement
de ce processus que j’ai, vous
l’avez compris, beaucoup appelé
de mes vœux.
Je peux vous rappeler d’ailleurs
que c’est à la Faculté de Médecine
de Marseille, au sein de
l’Université de la Méditerranée,
qu’a été créée une nouvelle
profession de santé : celle de
conseiller en génétique. Seul notre
site assure cette formation en
France.
C’est également à la Faculté de
Médecine de Marseille, au sein de
l’Université de la Méditerranée,
que j’ai souhaité, pour la prochaine
rentrée universitaire 2009-2010,
que l’on crée, en collaboration
avec l’Ecole des Hautes Etudes en
Santé Publique, dont le Président
est -je vous le rappelle- JeanFrançois Mattei, trois nouvelles
professions, formées au niveau
Master : infirmier de pratiques
avancées dans le domaine de la
gériatrie, de la cancérologie et de
la coordination de parcours de
soins. Ces trois dernières
formations seront conduites en
étroite collaboration avec les
cadres de santé de notre CHU.
52 INFOMED Hors-série - Décembre 2008
Le CHU est l’autre partenaire
naturel de la Faculté de Médecine
et de l’Université de la
Méditerranée. La cohésion est très
forte entre le CHU, la Faculté de
Médecine et l’Université de la
Méditerranée, et cela est
particulièrement important dans un
contexte où va être conduite très
prochainement une réflexion sur
l’avenir des CHU.
Cette cohésion et ce désir
d’excellence que nous partageons
devraient nous permettre de nous
positionner au meilleur niveau
dans le cadre d’une restructuration
des CHU de notre pays que l’on
annonce. Et s’il y avait une sorte
de "Plan Campus" des sites
hospitalo-universitaires, nous
devons en faire partie absolument
demain.
C’est aussi la réflexion qui a cours
actuellement sur l’avenir des
universités de notre site d’AixMarseille.
Depuis mon élection à la
présidence de l’Université de la
Méditerranée en 2004 -et cela
faisait partie de ma profession de
foi- je me suis fixé un objectif :
celui de fusionner les trois
universités du site d’Aix-Marseille.
Il faut bien le dire, mes collègues
Présidents, qui sont présents
aujourd’hui mais qui n’étaient pas
en fonction à l’époque, il faut bien
dire que les deux autres universités
n’étaient pas tout à fait convaincues d’aller dans ce sens.
Je pense que je n’ai cessé de
recevoir des messages qui étaient
des messages pour tempérer mon
ardeur. J’ai tenu bon, je dirais
contre vents et marées, et fort de
quelques arguments percutants,
aidé en cela par la loi LRU, les
deux autres universités et leurs
présidents actuels ont progres-
sivement adhérés à cet ambitieux
projet. Il est absolument
indispensable que nous fusionnions nos trois universités si nous
voulons représenter quelque chose
sur la scène internationale.
A présent le mot fusion est devenu
un mot magique, tout le monde se
l’approprie, j’en suis ravi car, je
dois vous l’avouer, en 2004 peu de
monde croyait que ce projet
aboutirait.
Aujourd’hui, il faut être toutefois
attentif à ce que fusion ne veuille pas
dire immobilisme, conservatisme,
plus petit dénominateur commun,
mais excellence, dynamisme,
réactivité, compétitivité.
J’ai également le souci qu’au nom
de la fusion on ne détruise pas ce
qui marche, qu’on ne détruise pas
des joyaux comme la Faculté de
Médecine qui est une fierté de
notre ville, de notre département et
de notre région.
L’Université qui se verra avoir de
l’ambition ne peut pas se priver de
l’atout considérable qu’est la
Faculté de Médecine et de son
partenaire naturel, l’AP-HM. Et
demain plus encore qu’aujourd’hui
avec la perspective d’universitarisation de toutes les
professions de santé.
Alors oui, la Faculté de Médecine
de Marseille, qui a en fait 78 ans,
et cette Faculté de Médecine de la
Timone, 50 ans, a un avenir
florissant. Elle peut se suffire, vous
l’avez compris, à elle-même. Mais
elle peut bénéficier à l’Université
qui saura, comme l’Université de
la Méditerranée aujourd’hui, la
valoriser.
Mesdames, Messieurs, chers
collègues, cette Faculté de
Médecine, votre Faculté de
Médecine, est un joyau que nous
ont légué nos maîtres, dont un
certain nombre sont dans cette
salle aujourd’hui. Ces maîtres nous
regardent, ne les décevons pas.
Faisons ensemble que dans une
période charnière de l’avenir
universitaire du site d’AixMarseille, la Faculté de Médecine
continue à occuper toute la place
qui lui revient.
Croyez bien qu’en tout état de
cause, personnellement, j’y serai
attentif.
Je vous remercie.
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Exposition du Cinquantenaire
Vous trouverez dans les pages suivantes les douze panneaux réalisés pour l'exposition du Cinquantenaire par
l'Association des Amis du Patrimoine Médical de Marseille avec la collaboration du Service CommunicationMultimédia de la Faculté de Médecine. Ces panneaux ont une dimension réelle de 70/100 cm.
Cette exposition a été réalisée à partir des collections muséales :
• de l'Association des Amis du Patrimoine Médical de Marseille,
• des archives de la Faculté de Médecine,
• et des documents de la Bibliothèque interuniversitaire de Médecine.
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