Cinquantenaire de la Faculté - Timone
Transcription
Cinquantenaire de la Faculté - Timone
3 Allocutions du 20 novembre 2008 • Jean-François Pellissier • Jean-Claude Gaudin • Michèle Tregan • Janine Ecochard • Jean-Paul de Gaudemar 14 De l'Université de la Méditerranée à la Faculté Timone - 2000 ans d'histoire de l'Ecole de médecine de Marseille, Yves Baille et Georges François. 23 Le cinquantenaire de la Faculté de Médecine de Marseille, Jean-François Pellissier. 29 Historique de la construction, René Egger. 35 Conception des salles d'enseignement et des laboratoires de recherche, Jacques Corriol. 37 Évolution des méthodes d'enseignement, Pierre Champsaur. 42 Évolution de la recherche, Jean-Paul Bernard. 47 Évolution de la médecine, Jean-Robert Harlé. 51 Place de la Faculté de Médecine dans l'Université de la Méditerranée, Yvon Berland. 54 Les posters de l'exposition du cinquantenaire. J.P. de G a J.C. udemar , J. Ec Gaudin, J.F. Pell is M ocha rd et . Tregan sier, Y. Be , rlan d INFOMED Hors série - Décembre 2008 ___________________________________________ Faculté de Médecine de Marseille 27, bd Jean Moulin - 13385 Marseille cedex 5 Tél. 04 91 32 43 00 - Fax : 04 91 32 44 96 Courriel : [email protected] ___________________________________________ Directeur de la publication : Jean-François PELLISSIER Maquette-Infographie : Ghislaine HANCY Crédits photos : Gérard DETAILLE et l'Association des Amis du Patrimoine médical de Marseille Imprimerie : Louis Jean - Imprimeur 2 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 Vous pouvez retrouver cette publication sur le site web de la Faculté http://www.timone.univ-mrs.fr/medecine/ Allocution de bienvenue Jeudi 20 novembre 2008 Professeur Jean-François PELLISSIER Doyen de la Faculté de Médecine • Madame Janine Ecochard, Vice Présidente du Conseil Général, • Monsieur Jean-Paul de Gaudemar, Recteur de l’Académie d’Aix Marseille, Chancelier des Universités, • Monsieur Bruno Gilles, Sénateur des Bouchesdu-Rhône, • Messieurs les Présidents d’Université honoraires et en fonction, • Messieurs les Doyens et Directeurs d’UFR, • Monsieur Jean-Paul Segade, Directeur Général de l’Assistance Publique et son équipe de direction, Mesdames, Messieurs, B ienvenue à la Faculté de Médecine de la Timone à Marseille pour son Cinquantenaire. • Monsieur Jean-Claude Gaudin, Maire de Marseille, • Madame Michèle Tregan représentant le Conseil Régional, • Monsieur le Professeur Guy Moulin, Président de la Commission Médicale, • Mesdames et Messieurs les représentants de l’Agence Régionale de l’hospitalisation et de la Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales, • Mesdames et Messieurs les Conseillers municipaux et les Délégués Régionaux de l’Etat pour les Organismes de Recherche, d’enseignement et de technologie • Mesdames et Messieurs les membres du Conseil de la Faculté, des Comités Pédagogiques et Scientifiques, • Mesdames et Messieurs les Professeurs et Maîtres de Conférences, Vous mes Chers Maîtres, mes Chers Collègues et Amis, • Mesdames et Messieurs les Directeurs des équipes de Recherche, • Mesdames et Messieurs les Chefs de Clinique-Assistants, les Internes et les étudiants, • Mesdames et Messieurs les Chefs de Service et Personnels de la Faculté. Et puis de façon très personnelle à mes amis : • Roland Blum, premier adjoint à la Mairie de Marseille et Liliane, je suis très heureux de vous avoir ici ce soir, • Les Médecins Généraux Pierre Jeandel et Jean-Etienne Touze, Marseillais venus de Paris, • Les Professeurs Yves Baille, Georges François, Robert Aquaron et les amis du Patrimoine qui ont réalisé l’exposition dans le Grand Hall, • Le Professeur Francis Giraud, Maire de Roquefort La Bedoule pour des raisons bien spéciales. INFOMED Hors-série - Décembre 2008 3 Cette Faculté de Médecine a donc 50 ans. 1958, c’est aussi la création de la Vème République avec le Général de Gaulle et les ordonnances du Professeur Robert Debré instituant les Centres HospitaloUniversitaires. Nous vous proposerons au cours de cette soirée l’histoire de cette Faculté dans sa conception avec son architecte, Monsieur René Egger, ses orientations stratégiques avec le Professeur Jacques Corriol, bras droit du Doyen Georges Morin. Puis, nous vous montrerons les évolutions pédagogiques avec Pierre Champsaur, les progrès scientifiques avec Jean-Paul Bernard et le développement de la Médecine avec Jean-Robert Harlé. Notre Président, Yvon Berland achèvera cette soirée en nous précisant la place de la Faculté de Médecine dans l’Université d’aujourd’hui. Je voudrais remercier toutes les personnes et services de la Faculté qui ont permis la réalisation de cette soirée, et plus particulièrement le bureau décanal et le service de la communication. La Mairie de Marseille, le Conseil Régional, le Conseil Général et l’Académie d’Aix-Marseille ont été les partenaires privilégiés dans le développement de l’Enseignement et de la Recherche tout au long de ce demi siècle . Je rappellerai : • la création du Centre de Thérapie Génique, • le Centre d’expérimentation physiopathologique, la création du Centre d’Etude et de Recherche Chirurgicale, • le futur bâtiment pédagogique et l’implantation CERIMED dans le cadre du Contrat Plan Etat Région, • la décision de réaliser la Tumorothèque Départementale à la Faculté pour notre CHU. J’ai demandé aux responsables de nos collectivités d’exposer leur vision de notre établissement. De gauche à droite, Au premier rang : F. Giraud, J. Ecochard, J.P. de Gaudemar, M. Tregan, O. Berland, Y. Berland, J.C. Gaudin, R. Blum, L. Blum, J.P. Segade Au second rang : M. Pena, J.P. Caverni, G. Peisser, G. Serratrice, G. François, Y. Baille, R. Aquaron, G. Moulin, P. Fuentes, P. Champsaur 4 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 Allocution de Jean-Claude GAUDIN Sénateur Maire de la Ville de Marseille Monsieur le Doyen, Monsieur le Recteur, Monsieur le Président de l’Université, Monsieur le Président du Conseil Général, Monsieur le Président du Conseil Régional, Monsieur le Directeur de l’AP-HM, Chers collègues parlementaires, Monsieur le premier adjoint des Bouches du Rhône, Monsieur le sénateur Bruno Gilles et Monsieur le sénateur honoraire Francis Giraud qui a tant participé, avant de travailler considérablement à la Haute Assemblée, avec vous les professeurs et qui est l’ami de tous ici. Mesdames et Messieurs, Chers collègues, Chers amis. Très heureux, nous sommes réunis, Monsieur le Doyen, à votre invitation pour fêter les 50 ans de notre Faculté de Médecine et sachez qu’au nom de la ville de Marseille j’apprécie le privilège qui m’est donné de prendre la parole devant un parterre aussi prestigieux et savant. Marseille a toujours été réputé pour la qualité de sa médecine. Alors du fait de l’exercice que vous m’avez octroyé, Cher Monsieur le Doyen, je me suis plongé avec délectation dans l’histoire médicale de notre ville grâce aux écrits de l’éminent Professeur Baille et je suis remonté jusqu’à l’Antiquité, rassurez vous je ne vais pas développer tout ça. Mais quand même, à l’époque où Lutèce n’est encore qu’un village, Marseille possède une université florissante dont la réputation vient juste après, me dit-on, celle d’Athènes et d’Alexandrie. Son prestige rayonne sur toute la Méditerranée et Cicéron écrira que l’Athènes des Gaules surpassait en sciences et en sagesse tous les peuples de la Grèce. L’école de médecine directement inspirée par la célèbre école d’Alexandrie formera de grands médecins dont l’histoire a retenu les noms Démosthène, Crinas ou encore Charmis. Marseille était dotée de structure d’enseignement de la médecine d’une telle qualité que Jules César l’a prise en modèle. Mesdames et Messieurs, Marseille s’est toujours distinguée s’agissant de la renommée de ses médecins comme des cas que la ville a pu abriter. Je sais, vous pensez bien entendu tous à ceux que vous avez soignés et sauvés comme Emmanuel Vitria, moi je vais un peu plus loin, je pense aussi à Lazare, le premier ressuscité de l’histoire et que, si on en croit la légende, a converti Marseille. Belle énigme médicale que vous qualifierez en bon scientifique de première mondiale en réanimation. INFOMED Hors-série - Décembre 2008 5 D’ailleurs justement au-delà, comme vous le savez, la réorganisation de l’enseignement médical de la loi de 1794 ne concerne Marseille qu’en 1818 ; grâce à la mobilisation des médecins, la ville ouvre son école secondaire à l’Hôtel Dieu. En 1821, on ajoute une chaire d’hygiène navale et des maladies des gens de la mer dans le droit fil de la création du bureau de santé sous Louis XV. Et ce n’est qu’en 1930 que nous obtenons le titre de Faculté de Médecine générale et coloniale et de pharmacie, Monsieur le doyen Vanelle. Par la suite, plusieurs projets farfelus ont vu le jour comme l’installation de la Faculté sur l’emplacement du stade vélo-drome. Ils ont, Dieu merci, tous étaient abandonnés. Et en 1958, on ouvre la nouvelle Faculté sur les terrains de la Timone. La même année se créent les centres hospitalo-universitaires à l’initiative de Robert Debré. Il s’agit d’un concept révolu-tionnaire qui sera la clé de voûte de l’évolution du sytème hospitalo-universitaire. Fidèle à l’histoire de la ville, cette Faculté s’est ouverte sur l’étranger dès la fin des années 70 en établissant des partenariats et des échanges avec de nombreux pays, sans oublier l’accueil des étudiants et de médecins étrangers. A ce jour, la Faculté, me dit on, compte 233 professeurs, 134 maîtres de conférences, 185 assistants-chefs de clinique et praticiens hospitalouniversitaires et 350 personnels ; 14.750 thèses ont été soutenues, 8.845 étudiants. Et à ce propos, Monsieur le Recteur, vous savez que nous menons une dure bataille, et ceci depuis plusieurs années, pour arrêter la baisse du nombre d’étudiants et d’internes reçus à Marseille. C’est d’autant plus injuste que nos résultats sont toujours parmi les meilleurs du pays. Laurence Stern, écrivain et ecclésiastique irlandais, a dit "si la cause est bonne c’est de la persévérance" et nous en avons Monsieur le Recteur, les parlementaires et moi-même, parce que sans arrêt nous vous demandons cela. Soyez donc persuadé sur le sujet, comme le furent ces grands médecins qui ont ponctualisé la vie de cette Faculté, le doyen Morin considéré comme son père spirituel, les doyens Henri Gastaut, Henri Roux, Maurice Toga, Gérard Guérinel, Yvon Berland, André Ali Chérif et aujourd’hui vous-même Monsieur le Doyen, cher Monsieur Jean-François Pellissier. Voilà ce que je voulais vous dire. La qualité de l’enseignement est reconnue d’une manière générale en France et à l’extérieur. Nous nous félicitons, nous les élus de cette ville des relations que nous avons pu établir tout autour du bassin méditerranéen avec de nombreux pays, chaque fois que nous nous déplaçons vous y venez aussi avec nous et permettez-moi de dire, à ceux qui n’auraient pas déjà entendu l’explication que j’ai donnée un soir où nous nous trouvions avec vous à Alger avec beaucoup de Marseillais, tout d’un coup on est venu dans une conférence et on m’a dit "voilà le Président de la république Monsieur Boutéflika souhaite vous voir" et oui peut être demain, après demain ; on m’a dit "ah non, ici, c’est tout de suite" et on est venu me chercher ; et alors pendant que je montais vers les sommets d’Alger où se trouve le palais présidentiel, en moi-même je me disais "que vat-il me dire, il va me parler de la décolonisation, du traité d’amitié franco algérien que nous n’arrivons pas à concrétiser, peut être va-t-il me remercier aussi pour le fait que 6 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 c’est la ville de Marseille qui entretient les cimetières d’Alger, peut être va-t-il me dire tout cela" et je me préparais quand même dans ma tête à avoir quelques réponses ; et puis Monsieur le Président Boutéflika me dit : "écoutez deux choses ; la première, l’Ambassadeur de France, je devais recevoir ses lettres de créances que dans un mois et je le reçois dans une heure afin qu’il puisse vous accompagner et puis ensuite je vais vous dire quelque chose : nous venons de faire un hôpital neuf à Oran mais nous ne savons pas le faire fonctionner ; estce que vous pouvez m’envoyer l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille". Voilà Monsieur Segade ce qu’on nous a demandé, voilà ce que nous avons fait et aujourd’hui l’Hôpital d’Oran il fonctionne bien entendu avec les médecins là-bas en Algérie. Voilà nous pouvons traverser la Méditerranée, nous pouvons aller làbas, nous sommes bien reçus grâce à vous, grâce à tout ce que vous symbolisez, que vous représentez. Il y a parmi vous quelques anciens que j’ai l’habitude de rencontrer et qui sont justement ceux qui ont participé à ce succès de cette Faculté de Médecine, vraiment je suis très heureux et Monsieur Segade, vous voyez bien, il y a peu de temps que vous êtes là et vous êtes comment ? et les professeurs de médecine ont confiance en vous ; ce sont eux qui ont demandé que vous veniez et c’est pour ça que Monsieur Blum, Monsieur Gilles et moi-même avons fait le nécessaire avec le Professeur Giraud auprès du gouvernement de la république pour que ce soit vous qui soyez là à leur écoute et pour faciliter ce qu'ils font, tant ce qui se fait ici est un symbole de réussite pour nos concitoyens qui ont besoin de la santé et pour le rayonnement, bien entendu, de la Faculté de Médecine et de nos universités. Allocution de Michèle TREGAN Conseillère Régionale représentant Michel VAUZELLE, Président du Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Monsieur Jean-Paul de Gaudemar, Recteur de l’Académie d’AixMarseille, Monsieur Jean-Claude Gaudin, Sénateur Maire de Marseille, Monsieur Yvon Berland, Président de l’Université de la Méditerranée, Monsieur Jean-François Pellissier, Doyen de la Faculté, qui vient de nous accueillir, Mesdames, Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs les éminents Professeurs et Médecins qui enseignent et qui ont enseigné dans cette Faculté, Mesdames, Messieurs les Personnels et les Etudiants, C’est un très grand honneur pour moi de représenter Michel Vauzelle aujourd’hui. Pour être franche, je le fais au pied levé, le Président Vauzelle tenant à être parmi vous aujourd’hui ayant été malheureusement contraint, par un emploi du temps un peu difficile, et pour parler derrière Monsieur le Maire, c’est vrai que c’est peut-être plus facile pour Michel Vauzelle que pour moi. Parler derrière Monsieur Gaudin est un exercice toujours extrêmement difficile que je pratique de temps en temps et qui me met dans une situation un petit peu périlleuse, d’autant que je suis plus compétente en matière d’économie et d’emploi qu’en matière d’Université et de Médecine. Mais je crois que j’ai cependant deux atouts : • Le premier, c’est de représenter la Région au sein de l’Université de la Méditerranée au côté d’Yvon Berland et ce depuis 4 ans, donc je connais un petit peu le fonctionnement de l’Université, et d’être depuis peu aussi à U1 au côté de Monsieur Caverni et de côtoyer régulièrement, dans des manifestations, les acteurs de la recherche que vous êtes. • Et puis j’ai un deuxième atout, c’est celui d’être Marseillaise et donc de pouvoir reprendre complètement à mon compte ce qui vient d’être dit par Monsieur le Maire et je ne dirais pas un mot de l’histoire de cette Faculté, ça était trop bien dit par Monsieur le Maire. Donc, juste si vous le permettez, quelques mots pour vous rappeler le soutien de la Région, que je pense vous connaissez tous, mais quand INFOMED Hors-série - Décembre 2008 7 même vous rappeler que notre Région qui est une institution si jeune, si jeune à côté des 2000 ans d’histoire de la Faculté et des 50 ans que nous fêtons aujourd’hui, de cette Faculté qui est installée à la Timone après avoir été au Pharo. Donc notre jeune institution, dont vous avez été, Monsieur le Maire, le premier Président, c’est la Région. Bien évidemment le Président Vauzelle est très attaché au soutien en général à l’Enseignement Supérieur et à la Recherche et plus particulièrement à la Faculté de Médecine. Alors rapidement, très rapidement, nous vous avons accompagnés, avant 2005, dans le cadre du contrat d’objectifs sur des projets de réaménagement de locaux et créations de centres. Depuis 2005, nous avons participé financièrement à mettre en œuvre, la magnétoencéphalographie. Nous avons participé au Centre d’Exploration Métabolique par résonance magnétique. Nous avons financé aussi des projets extrêmement structurants sur lesquels je reviendrai, notamment le Génopôle et le Cancéropôle et depuis 2000 dans le cadre de contrat de plan 2000-2006, nous avons sous maîtrise d’ouvrage du Conseil Général et j’ai oublié de saluer, pardon, ma Collègue Janine Ecochard, avec le Conseil Général et l’Université nous avons participé à la réhabilitation des locaux de la Faculté d’Odontologie. Vous l’avez dit, Monsieur le Maire, nous sommes tous fiers de la progression de la Faculté de Médecine et nous nous battrons, bien évidemment à vos côtés. Dernier projet, et pas des moindres, auquel nous avons participé tous ensemble, c’est l’installation de l’ACUNS, du Conseil Académique du Système des Nations Unies, où nous avons hébergé la première réunion internationale dans les locaux de l’Hôtel de Région et c’était un grand honneur pour nous de participer aussi à cette installation. Nous continuerons aussi dans le cadre de nos politiques de développement économique, et je terminerai là-dessus pour vous dire combien nous avons besoin de l’Université et de la Faculté de Médecine pour développer nos Pôles Régionaux d’innovation et de développement économique solidaire, et notamment le Pôle Bioméditerranée. J’ai participé au Comité de Pilotage, ce matin, de ce Pôle de développement économique au côté des représentants du Cancéropôle, et pour nous le développement d’activité d’entreprise et d’emploi dans ce domaine de la santé est un atout majeur pour notre économie régionale ; donc nous avons beaucoup travaillé ensemble. Donc, nous vous avons accompagnés depuis le début pour faire avancer la Recherche dans ce domaine de la Santé, essentielle dans notre société d’aujourd’hui et faire de la Faculté de Médecine de Marseille un lieu d’enseignement d’excellence. Nous continuerons à le faire et au nom du Président Vauzelle, je vous transmets tous nos encouragements pour le développement de cette grande Faculté de Médecine et développer ensemble toutes vos activités. Merci de votre attention. Dans le cadre du contrat de projet 2007-2013, nous participons à la réhabilitation de l’actuel bâtiment des Neurosciences, ainsi qu’au projet CERIMED, l’Infectiopôle ; dans ces projets nous finançons à la fois les bâtiments et le fonctionnement. 8 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 Allocution de Janine ECOCHARD Vice-Présidente du Conseil Général des Bouches du Rhône Déléguée à l'Éducation, représentant Jean-Noël GUÉRINI, Président du Conseil Général Tout d’abord, je voudrais vous présenter les excuses et surtout les regrets du Président Jean-Noël Guérini retenu par ses obligations. Il m’a demandé de le remplacer et de le représenter aujourd’hui, et c’est évidemment pour moi un plaisir et un honneur, à l’occasion de la célébration du 50 ième anniversaire de la Faculté de Médecine de Marseille. Cinquante années qui sont venues conforter et renforcer la réputation d’une Faculté qui, de l’Université de Massalia à nos jours, n’a jamais failli à sa vocation et s’est construite sa propre histoire alliant détermination et humanisme toujours résolument tournée vers l’avenir. Monsieur le Maire, Madame la Représentante du Président du Conseil Régional, Monsieur le Recteur, Monsieur le Président de l’Université de la Méditerranée, Monsieur le Doyen de la Faculté de Médecine, Mesdames et Messieurs les Professeurs, chercheurs, personnels de la Faculté, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs, Je profite de l’occasion qui m’est donnée pour souligner et saluer le travail des professeurs, des chercheurs, des équipes de directeurs et d’administration, de ces hommes et de ces femmes, qui par l’excellence de ses formations et de leurs engagements ont contribué, et contribuent encore aujourd’hui, à façonner le département et la France de demain. On ne peut que se féliciter que des générations d’étudiants aient pu bénéficier de l’esprit d’ouverture et de la grande qualité des enseignements dispensés à la Faculté de Médecine et contribuent à leur tour à la diffusion des valeurs humanistes et citoyennes auxquelles nous sommes tous très profondément attachés. Si le Conseil Général des Bouches du Rhône a développé depuis plusieurs années maintenant un partenariat spécifique avec la Faculté de Médecine de Marseille c’est avant tout au service de cette expérience et de cette réputation. Il nous semble, en effet, tout a fait fondamental que le domaine de la recherche biologique et médicale fasse l’objet d’un soutien constant et exigeant de la part des pouvoirs publics. Depuis l’année 2000, ce sont prêt de 2 millions d’euros qui ont ainsi été investi au bénéfice des Facultés de Médecine, Pharmacie et d’Odontologie et des instituts de recherche et laboratoires associés, pour soutenir la recherche médicale, pour participer à l’acquisition d’équipement spécifique, à la construction et à la rénovation du bâtiment. INFOMED Hors-série - Décembre 2008 9 Le Conseil Général vous accompagnera dans le cadre du projet 2007/2013, notamment pour la création d’un infectiopôle et d’un centre européen de recherche en imagerie médicale. A ces investissements s’ajoutent les opérations conduites dans le cadre de partenariats engagés depuis de nombreuses années avec l’AP-HM. Ces opérations permettent en particulier l’acquisition d’équipements technologiques innovants, comme le PETSCAN et plus récemment l’appareillage d’imagerie EOS pour le service de radiologie pédiatrique de l’hôpital de la Timone. Le Conseil Général s’est également beaucoup impliqué dans la lutte contre le cancer en collaboration bien sûr avec l’institut Paoli Calmettes, le CNRS et l’INSERM et toutes les équipes dont les recherches sont centrées sur cette problématique. C’est dire, Mesdames et Messieurs, si nous sommes attentifs au développement de la recherche scientifique et à l’amélioration constante des conditions de pratique de la médecine. La participation du Conseil Général des Bouches du Rhône au projet de création d’une TUMOROTHÈQUE, qui sera située à la Faculté de Médecine de Marseille, participe de cette même logique ; 330.000 euros ont déjà ainsi été votés lors de notre dernière commission permanente, en parfaite cohérence avec la politique de santé et la politique de ce soutien à l’enseignement supérieur et à la recherche développées par l’institution départementale. Ces investissements correspondent à une volonté de notre collectivité de soutenir et de développer des filières de formation et de recherche, des recherches de pointe tout en confortant une logique de santé solidaire. Il est bien de notre devoir de participer au progrès de la science dont bénéficient quotidiennement les habitants des Bouches du Rhône et en particulier par des programmes préventifs et curatifs qui permettent d’impulser. 10 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 C’est parce que la Faculté de Médecine de Marseille depuis 50 ans joue dans ce cadre un rôle essentiel que nous continuerons à soutenir ses projets et ses initiatives. C’est parce que son action nous semble essentielle que nous avons souhaité mobiliser des moyens exceptionnels vers des choix volontaristes de politique publique et rester attentifs à vos besoins à votre devenir, à vos messages. Monsieur le Président, Monsieur le Doyen, Mesdames et Messieurs vous l’avez compris, vous avez trouvé en nous, et en particulier auprès du Président du Conseil Général Jean-Nöel Guerini, une oreille tout à fait attentive ; soyez assurés de notre présence à vos côtés au service de la science, de ses progrès et de l’avenir de notre département. Vous avez aujourd’hui 50 ans, 50 ans de réussite, 50 ans d’un parcours exemplaire. Je souhaite que les années suivantes s’ouvrent vers un avenir plus radieux encore. Je vous remercie de m’avoir écoutée. Allocution de Jean-Paul de GAUDEMAR Recteur de l'Académie d'Aix-Marseille Chancelier des Universités l’histoire mais aussi, je le souhaite, d’une projection dans le présent et dans l’avenir. Monsieur le Sénateur Maire, Messieurs les parlementaires, Mesdames et Messieurs les élus régionaux, départementaux, municipaux, Mesdames et Messieurs chers Collègues, Présidents, Doyens, Professeurs, Mesdameses et Messieurs, Tout anniversaire, comme celui qui nous rassemble ce soir, c’est à la fois l’occasion d’un retour sur Retour sur l’histoire d’abord. Monsieur Gaudin vient de le faire avec son talent habituel. Je voudrais l’évoquer à mon tour très rapidement devant vous comme le reflet de l’histoire de l’Université toute entière, de la place que la Médecine y occupe, et comme il s’agit de médecine, de quelque chose peut-être d’encore un peu plus important, d’une certaine manière de l’histoire de la santé publique dans notre pays. Et tout cela est au moins aussi intéressant parce que, dans cette déjà très longue histoire, de celle que l’on doit appeler la Faculté de Médecine de Marseille, une histoire de plusieurs siècles, même si on prend l’histoire la plus récente, puisqu’il se trouve que par hasard, l’année 2008, c’est à la fois l’année de ce cinquantenaire, le Président Berland nous dira peut-être tout à l’heure qu’on pourrait même rajouter quelques années, mais c’est aussi l’année, on pourrait dire, du 190 ème anniversaire de l’installation de l’Ecole de Médecine et de Pharmacie à Marseille, et c’est aussi le bicentenaire des Académies. Et c’est intéressant cette période parce que c’est au fond deux siècles au cours desquels se constituent, sur les bases définies par le Premier Empire, l’université française, et non seulement l’université, mais je dirais volontiers tout le système éducatif. Et quand on regarde de près l’histoire de ces deux siècles, on y voit une évolution extraordinaire de la conception même que notre pays, que nos sociétés développées de façon générale, avaient de l’Université. Il y a 190 ans, ou il y a 200 ans, il eut été difficile de dire, que la Médecine, la Pharmacie, le domaine de la santé d’une façon générale, aurait occupé une place telle que celle qu’elles ont aujourd’hui. Je dirais même tout net : on ne considérait pas qu’il s’agissait là d’un domaine universitaire. C’était un domaine d’une autre nature, et dans la mémoire que nous avons pu reconstituer de notre académie bicentenaire, et bien, ni en 1808 forcément, ni même en 1818, on ne pouvait considérer que ces INFOMED Hors-série - Décembre 2008 11 activités, qui avaient bien entendu toute leur valeur, sans doute autant qu’aujourd’hui, mais n’étaient pas considérés comme appartenant au monde de la science, de la recherche. L’université à l’époque, c’était essentiellement les humanités, même le droit, les sciences d’une façon générale, étaient inexistantes. Il y a deux siècles seulement, et au fond quand on regarde d’un peu plus près cette histoire, on voit petit à petit émerger le monde de la science, on voit émerger et c’est évidemment votre histoire à vous, on voit émerger cette rencontre très particulière entre la science et le développement d’une société, des hommes, ce que l’on pourrait appeler tout simplement la santé publique. Et cette histoire en définitive elle est assez récente. Elle est assez récente, y compris dans la place qu’elle prend. Je regardais avec beaucoup d’intérêt cette très jolie exposition que vous avez dans le hall. Il y a une photo des étudiants de Médecine de 1940, qui nous rapproche déjà de près d’aujourd’hui. Il y avait combien, 50 étudiants de Médecine à l’époque ? Je rappelle d’ailleurs que toute l’Université d’Aix Marseille pour l’essentiel, hormis bien sûr les médecins ici, tenait dans ce petit hôtel particulier de la rue Gaston de Saporta d’Aix en Provence. C’était quelques centaines d’étudiants, une poignée de professeurs, et c’était d’ailleurs en raison de ça que je pourrais raconter l’histoire : je me souviens que lorsque j’étais recteur de l’académie de Strasbourg, j’avais découvert un jour que, en 1940, lorsque les allemands avaient envahi l’Alsace, on avait déménagé l’Université de Strasbourg vers Clermont-Ferrand. Et je me souviens toujours m’être dit "mais bon sang si ça se produisait aujourd’hui comment je ferais ?" 50 000 étudiants, des milliers de personnels, c’eut été déménager une ville. Je rappelle toujours ce souvenir parce que ça donne une idée très précise de ce qu’a été au fond dans le dernier demi-siècle, un peu plus, les dernières 190 années, cette énorme trans-formation dont on ne prend pas toujours la mesure. Et la médecine est au cœur de cette évolution, au cœur de l’évolution parce que nous sommes rentrés à ce moment-là dans une période où non seulement les préoccupations scientifiques où l’apport de la médecine, et d’une façon générale du domaine de la santé à la Science, a été considérable, mais je dirais les liens qui aujourd’hui paraissent extrêmement naturels entre la façon de s’occuper au quotidien des hommes et la façon de faire de la science n’existaient sans doute pas à ce point. Et c’est pour ça que l’histoire de la Médecine est à ce point intéressante, me semble-t-il. Et de ce point de vue, fêter le cinquantenaire, ou quelque anniversaire que ce soit, d’une grande faculté de médecine comme la vôtre est particulièrement intéressant. L’histoire, disais-je, mais aussi la projection dans le présent et dans l’avenir. D’abord je voudrais dire que nous sommes tous très fiers, et le recteur chancelier au premier chef, nous sommes tous très fiers de la Faculté de Médecine de Marseille. Nous en sommes très fiers parce que c’est un des points forts, c’est une des images fortes de l’Université d’Aix-Marseille, et pour toutes les raisons qui ont été évoquées mais aussi parce qu’il 12 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 n’y a pas de grande université aujourd’hui avec la dimension pluridisciplinaire qu’une grande place scientifique comme Aix Marseille doit avoir, qu’il n’y ait pas une grande faculté de médecine. A la fois pour des raisons pédagogiques, pour des raisons scientifiques, mais aussi du point de vue du rayonnement et nous savons bien aujourd’hui qu’une université qui veut s’assumer dans le groupe des meilleures doit savoir rayonner. Les médecins ont aussi cette particularité, ce n’est pas forcément donné à toutes les disciplines scientifiques, de pouvoir, peut-être plus facilement, avoir un rayonnement international, parce que tout simplement on fait appel à eux. Parce que comme cela a été rappelé tout à l’heure, ils peuvent jouer un rôle très directement, dans une relation avec le développement économique qui n’est pas forcément l’apanage de toutes nos disciplines, même s’il se trouve que depuis quelque temps, beaucoup de nos disciplines universitaires pourraient en dire autant. Et c’est la raison pour laquelle nous sommes tous ensemble à vouloir accompagner le développement de la Faculté de Médecine, comme nous le faisons pour toutes nos autres facultés, et on peut même dire, ce qui n’était pas non plus forcément le cas il y a seulement peu de temps, que désormais le site dans lequel nous sommes aujourd’hui, le site de la Timone, a pris place dans l’ensemble des sites universitaires de l’Université d’Aix-Marseille et ce qui est très intéressant, me semble-t-il, d’une manière très différente de ce qu’on pouvait penser il y a quelques années. Soyons clairs, pendant longtemps, un site comme le vôtre vivait un peu sa vie, vivait un peu, je ne dirais pas à l’écart des autres composantes de l’université, mais d’une façon qui était liée aux grandes particularités, aux grandes spécificités de vos activités, et en particulier tous les liens avec l’Assistance Publique par exemple. Et bien aujourd’hui le sentiment que je peux avoir pour connaître notre université depuis maintenant longtemps, c’est que, non seulement on a une grande Faculté de Médecine, non seulement on a un site de la Timone qui est un site essentiel dans nos activités scientifiques, de recherche, universitaires en général, mais on a un site qui est désormais pleinement intégré à la dynamique d’ensemble de nos, et demain je l’espère de notre Université d’Aix Marseille, et c’est la raison pour laquelle tous les projets que nous avons pour ce site et qui touchent en particulier à l’activité de la Faculté de Médecine comme des facultés qui lui sont associées au sein de ce site (pharmacie, odontologie) et bien sont à ce point important et que de ce point de vue le contrat de projet Etat Région de la période 2007/2013 est un contrat particulièrement important parce que autour de l’Etat, de la Région et des autres collectivités, départementales et de la ville, et bien c’est un véritable projet de développement de ce site que nous engageons avec tous les projets qui ont été énoncés tout à l’heure et que bien entendu nous ferons tout pour mener à bien dans les meilleurs délais. Voilà ce que j’avais à vous dire chers Collègues, le sens que l’on peut donner à ce cinquantenaire, dont, comme vous, je me réjouis. Merci de votre attention. INFOMED Hors-série - Décembre 2008 13 De l'Université de Massilia à la Faculté Timone 2000 ans d'histoire de l'École de médecine de Marseille Professeur Yves BAILLE Président de l'Association des Amis du Patrimoine Médical de Marseille 14 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 A u premier siècle de notre ère, Marseille surnommée "l’Athènes des Gaules", possède une université, avec une école de médecine très réputée qui rayonne sur la toute la Gaule et le bassin méditerranéen. Les jeunes Romains viennent étudier la médecine à Marseille, tandis que Charmis et Crinas, formés à Marseille, font école et fortune à Rome. Avec la chute de l’empire romain, l’université de Massilia et son école de médecine disparaissent. L’enseignement de la médecine perdure cependant, sous forme de compagnonnage. Les futurs médecins, chirurgiens ou apothicaires, se placent en apprentissage auprès d’un praticien établi. Au XVII et XVIIIe siècles, médecins et chirurgiens se constituent en collèges assurant l’enseignement des étudiants, ainsi que le contrôle des connaissances et la validation. L’enseignement est le fait d’initiatives privées. A la Révolution, les facultés et les écoles sont dissoutes. Lors de la réorganisation des enseignements par la Convention, des écoles de médecine sont créées dans vingt-deux villes en France. Marseille sera l’une d’elle. En 1818, l’école secondaire de médecine et de pharmacie est ouverte dans les locaux de l’HôtelDieu. Pour la première fois, il s’agit d’une école publique ouverte à tous, délivrant un enseignement de médecine, de chirurgie et de pharmacie. L’Ecole comporte six chaires, auxquelles viendra s’ajouter en 1821 une chaire d’hygiène navale et de maladies des gens de mer, marquant le caractère particulier de notre école, ouverte sur l’Outre-mer. En 1869, l’Hôtel-Dieu étant en rénovation, l’école occupe une partie de l’ancien palais de justice, le pavillon Daviel. Les conditions de travail des étudiants sont mauvaises, les locaux sont insuffisants et dispersés. En 1893, l’école de plein exercice déménage, quitte le pavillon Daviel et s’installe dans le Palais Impérial du Pharo. En 1930, l’école de médecine devient faculté et celle-ci porte le nom de "Faculté de médecine générale et coloniale et de pharmacie." En 1930, le palais du Pharo et le pavillon d’anatomie adjacent sont insuffisants pour que soient regroupées toutes les activités de la faculté. Léon Imbert, envisage alors, la construction d’une nouvelle faculté de médecine. Plusieurs localisations sont étudiées. A l’extrémité du boulevard Baille, sur un terrain adjacent à l’hospice des aliénés, il y a un terrain de 23 hectares qui pourrait accueillir la faculté, un hôpital, des cliniques, un hôpital colonial, et même l’école du service de santé des armées. Cet ambitieux projet sera abandonné. On étudie aussi la possibilité de construire la nouvelle faculté sur les terrains du stade boulevard Michelet ou à Sainte Marguerite. Ces projets seront sans suites, la guerre survenant. Le doyen Lucien Cornil, qui succède à Léon Imbert, reprend le dossier, mais c’est son successeur, le doyen Georges Morin qui finalisera le projet et inaugurera la nouvelle faculté de la Timone, construite par l’architecte René Egger. En 1958, la faculté de médecine générale et coloniale, quitte le Pharo pour s’installer sur le campus de la Timone. Dans le transfert et les temps ayant changé, le terme de colonial disparaît et c’est la Faculté mixte de médecine et de pharmacie qui s’installe à la Timone. La même année, la réforme met en place les centres hospitaliers et universitaires, avec le plein temps et la triple mission d’enseignement, de soins et de recherche. En 1970, la pharmacie devient autonome. Sur le campus de la Timone il y a dorénavant, l’hôpital des cliniques, appelé aussi CHU, la faculté de médecine, celle de pharmacie et celle d’odontologie. Si l’enseignement de la médecine à Marseille ne s’est jamais interrompu depuis le début de notre ère, il a connu des périodes plus ou moins fastes. Depuis quelques décennies, la Faculté de médecine de Marseille, dans le cadre de l’Université de la Méditerranée, a retrouvé l’éclat de ses origines, du temps où l’école de médecine de l’Université de Massilia rayonnait sur le bassin méditerranéen et sur toute la Gaule. INFOMED Hors-série - Décembre 2008 15 L'Université de Massilia L orsqu’il y a plus de 2600 ans, les phocéens fondent Massalia, ils amènent avec eux la vigne, l’olivier et la civilisation grecque avec sa constitution, ses institutions, et sa culture. D’abord ville de commerce, tournée vers la mer, Massalia se transforme en "ville universitaire". Aux premiers siècles de notre ère, les lettres et les sciences vont y connaître un éclat à nul autre pareil en Gaule. Marc Romieu, vice-président de la Société des statistiques, d’histoire et d’archéologie de Marseille, écrivait en 1929 : "A une époque où il n’existait même pas un village à l’emplacement de Lutèce, Marseille avait une université florissante, la plus ancienne des Gaules et une des plus anciennes du monde après celle d’Athènes". Et Ciceron dit que la cité "surpassait en sagesse et en science tous les peuples de la Grèce, et qu’il était plus facile de louer ses institutions que de les égaler". Marseille était alors dénommée l’Athènes des Gaules. Elle possédait des médecins publics salariés chargés, à la fois de soigner les malades et de former d’autres médecins. Les étudiants servaient d’aide à ces médecins communaux, faisant fonction d’apprentis. Quand Massalia la grecque devient Massilia la romaine, la ville possède une école de médecine, la plus célèbre à cette époque avec celles d’Athènes, de Saragosse et d’Alexandrie. Elle avait pris le relais des fameuses écoles grecques des siècles précédents, avec l’héritage des grands maîtres, comme Hippocrate de Cos, (Ve siècle av. J.-C. le père de la médecine) et Hérophile et Erasistrate (IVe siècle av. J.-C.) qui firent le renom d’Alexandrie. A l’époque où la Grèce asservie fournissait des médecins à Rome, dont Galien est le plus fameux exemple, Marseille avait son école de médecine. Il n’y avait pas d’école de médecine à Rome. Le métier de soigner était considéré comme méprisable et ce sont les esclaves qui font fonction de médecins. "Malgré sa haute utilité, écrit Pline, la médecine est la seule des sciences grecques qui soit restée étrangère aux romains ; très peu d’entre eux y ont touché". Des deux narbonnaises, les jeunes gallo-romains venaient à Marseille étudier dans ses écoles le droit, la rhétorique, l’astronomie, les sciences naturelles et la médecine. Certaines familles romaines envoyaient leurs enfants faire leurs études à Massilia, plutôt que de faire le voyage d’Athènes ou d’Alexandrie dont l’étoile palissait. Selon l’historien Michel Clerc, "Marseille a été pendant plus de 200 ans un centre intellectuel où affluaient et de la Gaule et de l’Italie, y compris de Rome, des étudiants qui pouvaient commencer là leurs études et les y terminer sur place." L’université de Massilia avait une telle réputation que certains de ses élèves étaient réclamés au loin. 16 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 Au premier siècle de notre ère, trois grands médecins, issus de l’école de Marseille vont s’illustrer à Rome. • Démosthène le massaliote, anatomiste et oculiste, est cité par Galien, comme le plus grand oculiste de l’époque. Il est l’auteur d’un traité sur les maladies des yeux "ophtalnikos" dont l’usage s’est conservé jusqu’au XIVe siècle. • Crinas, son contemporain s’installe à Rome, appelé dit-on par l’empereur Néron. Cité par Pline, Crinas est resté célèbre par les régimes qu’il prescrit à ses malades. "Son art était double, pour paraître plus prudent et plus religieux, il règle le repas de ses malades d’après l’observation du mouvement des astres et de l’heure, au moyen de tables astronomiques". Crinas prescrivait l’heure des repas, et leur composition, en fonction des différentes pathologies. Ayant fait grande fortune, Crinas financera la restauration des remparts de Marseille, que Jules César avait fait détruire lorsqu’il prit la ville. (Dans le jardin des vestiges, derrière la Bourse, on peut encore voir les restes des remparts de Massilia appelés "mur de Crinas"). • Contemporain de Crinas, il faut citer Charmis, également élève de l’école de Marseille. Il condamnait les médecins romains qu’il jugeait incompétents, et critique l’usage des bains chauds qui étaient largement prescrits. Il préconise l’usage des bains froids, même pendant les rigueurs de l’hiver et Pline nous parle de ses patients, "vieux consulaires exhibant leurs membres tout raidis par le froid" Tout cela ressemble un peu à des caricatures, et on peut penser que Charmis et Crinas avaient d’autres méthodes thérapeutiques qui amenaient vers eux un grand nombre de malades. Au IVe siècle, avec la chute de l’empire romain d’Occident, l’université et son école de médecine disparaissent. Commence alors une longue période, pendant laquelle, l’enseignement de la médecine n’est plus assuré par une structure officielle, mais sera le fait d’initiatives individuelles. Le mur de Crinas - Jardin des Vestiges à Marseille INFOMED Hors-série - Décembre 2008 17 L'enseignement des professions de santé à Marseille avant la création de l'École secondaire de médecine et de pharmacie en 1818 Professeur Georges FRANÇOIS Membre de l'Association des Amis du Patrimoine Médical de Marseille sur place, étaient formés dans les Universités du Royaume dont la plus ancienne, Montpellier, date de 1220. LES MÉDECINS A u début du XIIIe siècle, le statut municipal de la ville de Marseille stipulait que tous les ans, le jour de la Toussaint, deux ou trois des plus habiles médecins de la ville seraient choisis afin d’examiner les candidats à la pratique médicale à Marseille. Les médecins marseillais, en l’absence d’enseignement structuré Depuis 1645, ces médecins étaient regroupés en un collège de médecine, appelée la confrérie de Saint Luc. Le privilège du collège était la cooptation des nouveaux candidats à l’exercice de la médecine à Marseille. Les candidats reçus devenaient médecin agrégé du collège de médecine et pouvaient exercer en ville. L’objectif de la confrérie de Saint Luc, outre la cooptation, était de lutter contre le charlatanisme et l’exercice illégal de la médecine. Le premier enseignement officiel structuré date de 1800. Il s’agit d’un enseignement privé, il est assuré par 16 médecins marseillais regroupés en association et réservé aux officiers de santé. L’enseignement sera officialisé en 1808 par le décret de Bayonne signé par Napoléon. 18 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 LES CHIRURGIENS Les chirurgiens, longtemps confondus avec les barbiers, s’établissent en confrérie de Saint Come et Saint Damien en 1525. Ils étaient formés par compagnonnage auprès des maîtres de la confrérie. L’enseignement théorique était réduit au strict minimum. Après plusieurs années comme compagnons et en fonction du nombre de place, un examen leur permettait d’accéder soit à la "grande expérience" pour devenir maître en chirurgie, soit à la petite expérience leur permettant seulement d’exercer dans les faubourgs ou en milieu rural dans la région. En 1769, la confrérie se transforme en collège et va commencer à délivrer des cours théoriques. En 1818, pour la première fois, la chirurgie est enseignée à l’école avec la création de l’Ecole secondaire de Médecine et de Pharmacie. Décret de Bayonne signé par Napoléon en 1808, conservé à la Bibliothèque Universitaire de Médecine-Odontologie Timone LES PHARMACIENS Les pharmaciens marseillais, alors nommés apothicaires, s’étaient organisés en corporation dès le XIIIe siècle. En 1574 sont publiés les statuts de la confrérie des maîtres en apothicairerie de la ville de Marseille. L’enseignement est fait par apprentissage auprès des maîtres. L’examen comporte une partie théorique, la réalisation de quatre chefs-d’œuvre et une épreuve de botanique. Après quoi, l’apothicaire est autorisé à ouvrir boutique. délivrent deux diplômes de pharmaciens : de première et deuxième classe. A partir de là, l’enseignement de la pharmacie est associé à celui de la médecine jusqu’en 1970 avec l’autonomie de la faculté de pharmacie. C’est seulement en 1803 que sont créées les écoles de pharmacie qui INFOMED Hors-série - Décembre 2008 19 L'école de médecine de Marseille de 1818 à 1930 M arseille, qui avait dès ses origines, une université avec un enseignement médical de haute qualité, devra se contenter jusqu’en 1930 d’une école et non d’une faculté. A la Révolution, les facultés et écoles sont supprimées. La Convention établira en France, 22 écoles de médecine. Marseille sera l’une d’elles. Selon les règles établies, les étudiants font leurs premières années en restant dans leur ville, mais pour terminer leurs études et obtenir le diplôme de médecin, ils doivent quitter Marseille et aller dans une ville de faculté. On mesure tous l’intérêt qu’il y a pour une grande ville d’être siège de faculté. Intérêt pratique pour les étudiants qui font tout leur cursus sur place, intérêt économique pour la ville qui garde ses étudiants. En 1818, le 3 novembre, l’école secondaire de médecine et de pharmacie, est officiellement inaugurée à l’Hôtel-Dieu par le maire, le marquis de Montgrand, sous les auspices du comte Villeneuve Bargemon, préfet du département. C’est la première école publique de médecine et de pharmacie de Marseille. L’enseignement consiste en cours théoriques et pratiques de médecine, de chirurgie, de chimie et de pharmacie. On y adjoint un cours d’accouchement pour former les sages-femmes. Pour la première fois, les futurs médecins, chirurgiens et pharmaciens sont réunis dans une même école. A ses débuts, cette école comprend six chaires. En 1821, sur proposition du Conseil d’administration des hospices, le Conseil royal de l’instruction publique ajoute une nouvelle chaire "d’hygiène navale et des maladies des gens de mer". Marseille, grand port ouvert sur l’outremer, a toujours porté grande attention aux maladies qui se sont manifestées cruellement au fil des siècles par les épidémies venues des échelles du Levant. En 1818, l’école accueille 150 étudiants dont 33 deviendront médecins ou chirurgiens. Les autres seront officiers de santé, pharmaciens, herboristes ou sagesfemmes. A l’époque, les études médicales durent quatre ans. Les étudiants de cette école, dite secondaire, font leurs trois premières années d’études à Marseille, préparant ainsi leur entrée en faculté. Ils doivent ensuite quitter leur ville pour aller faire leur quatrième année, et passer leur thèse dans une ville de faculté. Ce sera Paris, Lyon où le plus souvent Montpellier. En 1841, dans le but d’améliorer le fonctionnement de l’école, une ordonnance transforme l’école secondaire en école préparatoire. Mais cela change peu pour la vie quotidienne des étudiants. 20 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 La vraie modification intervient en 1875, quand l’école secondaire devient école de plein exercice. Cela signifie que les étudiants peuvent désormais effectuer les quatre années d’études à Marseille, mais ils doivent toujours aller passer les examens de fin de cursus et leur thèse dans une ville de faculté. C’est encore Montpellier qui est le plus souvent choisi par les étudiants marseillais. En 1864, suite aux travaux de rénovation de l’Hôtel-Dieu, l’école de médecine se trouve privée d’une partie de ses locaux. Les locaux de l’Hôtel-Dieu ne suffisent plus pour assurer les soins des malades et recevoir les étudiants en médecine, toujours plus nombreux du fait de l’augmentation de la population. Et 1869, la municipalité attribue à l’école, une partie des locaux de l’ancien palais de justice, construit dans les années 1740 par les frères Gérard et qui porte le nom de pavillon Daviel. Les étudiants partagent leur temps entre l’Hôtel-Dieu, le pavillon Daviel dans lequel se trouvent l’amphithéâtre, la bibliothèque et la salle des collections, et l’institut d’anatomie qui est situé montée du saint-Esprit. Le jardin botanique médical est dans le jardin de l’ancien couvent des carmélites près du palais Longchamp. Certaines activités se passent à la faculté des sciences créée en 1854. On voit que la vie des étudiants n’était pas facile. Le nombre d’étudiants est à cette époque de 360, dont 153 se destinent à la médecine. En 1893, l’école de plein exercice est transférée au palais du Pharo, dans le bâtiment principal qui est rehaussé d’un étage pour recevoir les laboratoires et les différents services de l’école. En 1896, à côté du palais est ouvert l’institut d’anatomie, qui est actuellement le siège de la présidence de l’université de la Méditerranée. Félix Faure, président de la république, inaugure l’ensemble le 7 mars 1896. Le pavillon nouveau abrite l’anatomie, l’anatomopathologie, la médecine opératoire, la médecine légale et le dépositoire. Dans le droit fil de sa vocation maritime et d’outremer, à l’initiative du docteur Heckel, est créé en 1899 un enseignement de médecine coloniale. En 1922, l’institut de médecine et de pharmacie coloniale est rattaché à l’université ; ne pouvant être logé au Pharo, il est installé à l’ancienne faculté des sciences, allées de Meilhan, avec l’institut d’hygiène et les laboratoires de parasitologie et de médecine légale. En 1923, le pavillon d’anatomie abritera également l’institut de recherche sur le cancer, un des premiers créé en France. Quant au jardin botanique municipal, il est alors dans l’enceinte des jardins du Pharo. L’école de médecine de Marseille possède manifestement alors tous les éléments pour devenir Faculté. Il ne reste plus qu’à obtenir la transformation de cette école en faculté. Marseille en est digne. Ce sera chose faite en 1930 et la faculté portera le titre de Faculté de médecine générale et coloniale et de pharmacie. Le Palais du Pharo, avec à droite le pavillon d'Anatomie (siège actuel de l'Université de la Méditerranée) INFOMED Hors-série - Décembre 2008 21 La naissance de la faculté de médecine de Marseille L e 1er mai 1930 est inaugurée au Pharo la jeune faculté de médecine de Marseille. Le Premier doyen, Léon Imbert, écrit : "la plus jeune faculté de médecine de France dans la plus vieille ville de France". Dès 1860 la Commission des hospices, avec l’appui du maire, du Conseil général et de la Chambre de commerce, avait entrepris les démarches pour la transformation de l’école de médecine en faculté. Paul Bert, écrit dans un rapport officiel que le cas de Marseille serait examiné "en dernier lieu, car sa faculté ferait une redoutable concurrence à celle de Montpellier". La même année le conseil municipal prenant acte des refus du ministère, décide de créer, à ses frais, une faculté de médecine communale qui sera installée dans le palais du Pharo. Le ministère s’y opposera. 1896, le Conseil d’université d’Aix Marseille adopte un vœu demandant que l’école soit transformée en faculté. Sans plus de succès. Le Doyen Léon Imbert En effet, le chemin a été long et semé de multiples embûches pour obtenir le titre envié et combien mérité de faculté. Dans le rang d’ancienneté, Marseille vient après Paris, Strasbourg et Montpellier qui datent de la Convention et après Lyon, Nancy, Bordeaux, Toulouse et Alger. 1906-1907, le Conseil général des Bouches du Rhône, le Conseil d’université Aix-Marseille, la Chambre de commerce, la Commission administrative des hospices civils de Marseille émettent des vœux analogues. Sans plus de résultats. En 1923, le président Millerand signe le décret de création de la faculté de médecine. Le texte est cosigné par le ministre de l’instruction publique et des beaux arts, le ministre des colonies (Albert Sarraut) et par le ministre des finances. Il faudra attendre encore sept ans pour que l’école devienne faculté avec le nom, unique en France, de Faculté de médecine générale et coloniale et de pharmacie. 22 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 Si Marseille a obtenu si tard sa faculté, c’est parce que Paris ne voulait pas porter ombrage à Montpellier. Dans un rapport ministériel, on lit que "créer une faculté de médecine à Marseille serait frapper à mort la faculté de Montpellier". Les montpelliérains défendent leur privilège. En 1890, alors que le ministère est sur le point de céder à la demande des Marseillais, les élus de l’Hérault menacent de déposer, le même jour, leur démission si on crée une faculté à Marseille. En 1929, les universitaires montpelliérains et les politiques tenteront une dernière démarche pour faire rapporter le décret que Millerand a signé en 1923. Mais ce sera en vain. Pour comprendre cette obstination, il faut savoir que les deux tiers des étudiants qui passent alors leur thèse de médecine à Montpellier sont originaires de Marseille. Les étudiants marseillais représentaient une manne pour les commerçants de Montpellier. La création de la faculté de médecine intervient après 70 ans de démarches. Si Léon Imbert, le premier doyen, a eu une action déterminante dans la transformation de l’école en faculté, il faut citer les médecins marseillais qui ont depuis 1860 œuvré dans le même sens : le professeur Auguste Queirel, le professeur Victor Audibert adjoint au maire Siméon Flaissière, ainsi que le professeur Henri Alezais. Le cinquantenaire de la Faculté de Médecine de Marseille Professeur Jean-François PELLISSIER Doyen de la Faculté de Médecine L a Faculté de Médecine de la Timone à Marseille a ouvert ses portes le 14 avril 1958. Tous les Enseignements ont débuté à cette date. 1004 étudiants ont quitté la Faculté de Médecine du Pharo pour prendre place dans les locaux de la nouvelle Faculté. C’était au début, et jusqu’en 1973, une Faculté Mixte de Médecine et de Pharmacie. Le 17 mai 1958, a eu lieu l’inauguration officielle de la Faculté en présence de nombreuses personnalités, même si les évènements d’Algérie avaient retenu à Paris un certain nombre d’entre elles. André Ali Chérif (2004-2006), un très haut niveau d’enseignement et de recherche a été maintenu, en adaptant les études médicales et les développements scientifiques au fur et à mesure des évolutions imposées par l’accroissement des connaissances et les progrès médico techniques et biologiques. Cette Faculté de Médecine, construite par l’architecte Monsieur René EGGER reste un établissement qui fait l’admiration de toutes les personnes qui sont amenées à la visiter pour des raisons professionnelles médicales et scientifiques, ou autres artistiques et culturelles. Au cours de ces 50 années, la Faculté de Médecine a inscrit 283.850 étudiants. A partir de 1972, date de la mise en place du Numerus Clausus, de nombreux étudiants inscrits en première année de Médecine n’ont pu poursuivre les études médicales. Elle doit sa longévité non seulement à la qualité de sa construction, mais aussi à la vigilance des différents services en charge de son entretien et plus particulièrement, le Service Technique et le Service Intérieur. Le Doyen Georges Morin (19521967) peut être considéré comme le père spirituel de cette Faculté. Avec ses successeurs les Doyens Henri Gastaut (1967-1970), Henri Roux (1970-1972), Maurice Toga (19721989), Gérard Guérinel (19891998),Yvon Berland (1998-2004), Il est aussi intéressant de constater que 1958 est aussi, outre l’année de la Constitution de la Vème République, l’année de la création des Centres Hospitaliers et Universitaires avec les Ordonnances du Professeur Robert Debré. Nous fêterons lors des prochaines Assises HospitaloUniversitaires à Lille en décembre prochain,le cinquantenaire des CHU. Lors de la Rentrée Universitaire de 1958, 271 étudiants s’étaient inscrits en première année de Médecine à la Faculté de la Timone. Il y avait 196 garçons et 75 filles. Cette répartition s’est largement inversée depuis. Dans cette génération 1958, sur les 1.275 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 23 étudiants, 53 sont devenus des Professeurs de la Faculté, 76 thèses de doctorat en Médecine seront soutenues dans cette nouvelle Faculté en 1958. Le mois de mai 1968 n’aura été marqué à la Faculté que par quelques sittings sur les pelouses du campus, quelques bousculades et chahuts dans les amphithéâtres et les couloirs. La situation a été totalement maîtrisée par l’équipe décanale du Professeur Henri Gastaut. A ce jour, en 2008, la Faculté compte 233 Professeurs, 134 Maîtres de Conférences, 185 Assistants-Chefs Cliniques et Praticiens Hospitalo universitaires et 350 Personnels Administratifs, Techniques Ouvriers et de Services (IATOS). Jusqu’en 2008, 14.750 thèses de médecine ont été soutenues. Sur le plan de la formation, outre l’enseignement du premier cycle à la Timone et du deuxième cycle sur les secteurs Nord et Timone, la Faculté a instauré un système de Conférences assuré par le Bureau de l’Internat sous la responsabilité du Professeur Gilbert Habib en vue des Epreuves Classantes Nationales déterminant le nombre d’Internes dans chaque ville de Faculté. La partie pratique de la formation médicale s’effectue bien sûr à l’hôpital dont les stages sont programmés par le Professeur Gérard Sebahoun . Les contrôles des connaissances sont supervisés par le Professeur Jean-Michel Viton. L’année 2009 verra l’instauration du LMD Santé (Licence, Master, Doctorat) pilotée par le Professeur Pierre Champsaur. A l’issue du tronc commun en L1, les étudiants pourront présenter les épreuves de 4 concours : Médecine, Pharmacie, Odontologie et Maïeutique (Sages-femmes). Le Département Universitaire de Médecine Générale créé en 1990 et dirigé par le Vice Doyen, le Professeur Jean-Robert Harléet le Professeur Alain Gille assurent la formation annuelle de 275 internes, aujourd’hui spécialisés en Médecine Générale. La Faculté a mis en place depuis 1984 les formations des 30 diplômes d’études spéciales et des 39 diplômes complémentaires sous la responsabilité du Professeur Gilles Bouvenot. Les créations des diplômes universitaires organisées par le Professeur Patrick Villani représentent aujourd’hui 154 formations. La Faculté a également mis en forme, sous la conduite du Professeur Jean-Louis Mège depuis 2004, 4 mentions de masters incluant 19 spécialités dont 10 spécialités recherche et 9 spécialités professionnelles : Anthropologie Biologique (Spécialité Recherche) • Anthropologie Biologique Neurosciences (Spécialité Recherche) • Neurosciences moléculaires, cellulaires et fonctionnelles • Neurosciences intégratives et cognitives Pathologie Humaine Spécialités Recherche • Oncologie : pharmacologie et thérapeutique • Maladies Transmissibles et Pathologies Tropicales • Nutrition, régulations métaboliques et physiopathologie vasculaire • Génomique et Santé • Environnement et Santé • Ethique, Science, Santé, Société 24 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 Spécialités Professionnelles • Conseil en Génétique et Médecine Prédictive • Société, Environnement, Enjeux Sanitaires Santé Publique Spécialité Recherche • Méthodes d’analyse des systèmes de santé Spécialités Professionnelles • Expertise et ingénierie des systèmes d’information en santé • Prévention et éducation pour la santé • Encadrement des organisations de santé • Qualité et gestion des risques en santé • Problèmes de santé et développement des systèmes de santé dans les pays tropicaux • Handicap et Santé Le département de Formation Médicale Continue sous la responsabilité du Professeur Patrick Disdier de la Faculté de Médecine gère l’enseignement : • Des médecins généralistes, avec enseignement et ateliers critiques de thérapeutique • Des médecins spécialistes, avec de nombreuses formations faites dans le cadre de la faculté ou dans les hôpitaux • Des praticiens hospitaliers en association avec la Commission Médicale d’Etablissement • Des médecins salariés • Des paramédicaux La Faculté de Médecine assure l’organisation des enseignements des formations paramédicales : étudiants en Orthophonie et Orthoptie sous la direction du Professeur Antoine Giovanni et Danièle Denis, respectivement. L’Ecole des Sages-Femmes, devenue Ecole de Maïeutique de Marseille Méditerranée dirigée par Madame Anne Demeester est installée dans les locaux du Secteur Nord de la Faculté de Médecine. Le rayonnement de la Faculté de Médecine à l’Etranger s’exprime au sein du bureau des Relations Internationales, créé dans la fin des années 70 et animé par une équipe dynamique dirigé aujourd’hui par le Professeur Olivier Dutour. Plusieurs actions sont à mettre en exergue : • des accords bilatéraux avec une soixantaine de conventions et protocoles dans de nombreux pays, • l’accueil des étudiants étrangers entre 100 et 200 par an, • la formation spécialisée de médecins étrangers entre 160 et 300 par an, • des stages pour les étudiants de 4 ème année de la Faculté sur des destinations internationales (entre 50 et 100), • de nombreuses missions des enseignants de la Faculté avec une moyenne de 15 jours par enseignant et par an. Cette année, au mois de septembre, les locaux du Conseil Académique du Système des Nations Unies à la Faculté de Médecine ont été inaugurés avec la participation du Conseil Général. Un diplôme universitaire "Affaires Humanitaires et Coopération Internationale" est créé. D’autres Assesseurs assistent le Doyen de la Faculté pour des tâches spécifiques auprès des responsables des services administratifs : • Pour les Personnels : Professeurs Roger Giudicelli et Georges Leonetti. • Pour le Secteur Nord : Professeurs Alain Enjalbert et Yves Frances. • Pour le troisième cycle de Médecine Spécialisée : Professeur Gilles Bouvenot. • Pour les Technologies de l’Information et de la Communication appliquées à l’enseignement : Professeur Marius Fieschi. • Pour les Formations Universitaires Professionnalisées : Professeur Roland Sambuc. • Pour les Relations avec les formations aux métiers de la Santé : Professeur Jean-Michel Bartoli. Aux côtés du Secrétaire Général, Responsable des Services Administratifs de la Faculté, Frédéric Bessière, d’autres structures sont indispensables au bon fonctionnement de l’établissement : • le Service Technique : Yann Brieussel, • le Service du Personnel et des Traitements : Nathalie Truphemes/ Adellach, • le Service Intérieur : José Maniccia, • le Service de la Scolarité : Myriam Torre, • le Centre Informatique de Gestion et Réseau : Philippe Tourron, • le Service Communication et Multimédia : Ghislaine Hancy, • la Responsable Antenne Administrative Site Nord : Joëlle Fravega Pour le nouveau Plan Quadriennal 2008-2012, dont la préparation a été assurée par le Comité Scientifique et son Président le Professeur JeanPaul Bernard, les Laboratoires de Recherche de la Faculté correspondent pour la plupart à des Unités Mixtes de Recherche (UMR), associant l’Université avec le CNRS et l’INSERM. 24 Laboratoires ont été labellisés, nombre d’entre eux ont été équipés grâce aux cofinancements des collectivités locales : Equipes CNRS • UMR 6578 : Boetsch G. Anthropologie bioculturelle • UMR 6193 : Boussaoud D. Institut de Neurosciences cognitives de la Méditerranée • UMR 6612 : Cozzone P. Résonance magnétique biologique et médicale • UMR 6231 : Enjalbert A. - Centre de recherches en neurobiologieneurophysiologie de Marseille • UMR 6184 : Khrestchatisky M. Neurobiologie des interactions cellulaires et neurophysiologie • UMR 6020 : Raoult D. - Unité de recherches sur les maladies infectieuses et tropicales • UMR 6196 : Vinay L. - Plasticité et physiopathologie de la motricité • UPR : Fuchs R. - Instabilité du génome et cancérogénèse • ERT 62 : Sabatier J.M. Ingénierie des peptides à visée thérapeutique Equipes INSERM • UMR S 626 : Alessi C. Syndrome métabolique, tissu adipeux & risque vasculaire • UMR S 891 : Birg F. - Centre de recherches en cancérologie de Marseille • UMR S 751 : Chauvel P. Epilepsies et cognition • UMR S 399 : Dessein A. Génétique et Immunologie des maladies parasitaires • UMR S 491 : Fontes M. Thérapie des maladies génétiques • UMR S 910 : Levy N. Génétique médicale et génomique fonctionnelle INFOMED Hors-série - Décembre 2008 25 • UMR S 911 : Lombardo D. Centre de recherches en oncologie biologique et oncopharmacologie • UMR S 912 : Moatti J.P. Sciences économiques et sociales, systèmes de santé sociétés • UMR S 641 : Seagar M. Neurobiologie des canaux ioniques Equipes d’Université Ministère de la Défense, Institut de Recherche pour le Développement, INRETS, Institut National de la Recherche • UMR MD1 : Pages J.M. Transporteurs membranaires, chimiorésistance et Drug-Design • UMR SSA : Jammes Y. Physiologie et physiopathologie en conditions d’oxygénation extrêmes • UMR UAM2 IRD 190 : De Lamballerie X. - Emergence des pathologies virales. Sont également associées à l’IRD les équipes de D. Raoult et J.P. Moatti • UMR T24 : Brunet C. Laboratoire de biomécanique appliquée • UMR : Amiot-Carlin M.J. Nutriments lipidiques et prévention des maladies métaboliques Equipes propres de l’Enseignement Supérieur • EA 3279 : Auquier P. - Evaluation hospitalière : mesures de la santé perçue • EA 1784 : Botta A. Biogénotoxicologie et mutagénèse environnementale • EA 3283 : Fieschi M. Laboratoire d’enseignement et recherche sur le traitement de l’information médicale • EA 3783 : Harle J.R. - Ethique et philosophie de la médecine et de la biologie • EA 4264 : Levrier O. Laboratoire de physiopathologie et thérapeutique vasculaire 17 autres Laboratoires sont des Equipes propres de l’Université ou des Laboratoires communs pour l’ensemble des enseignants – chercheurs. Le Centre d’Enseignement et de Recherche Chirurgical (CERC), animé par le Professeur Stéphane Berdah, est un plateau technique crée par la Faculté de Médecine au sein de son secteur Nord grâce au Conseil Général. Il a pour vocation l’enseignement et la recherche autour des techniques chirurgicales vidéo assistées. Il est très recommandé et apprécié par les nouveaux internes issus des filières spécialités chirurgicales et gynécoobstétrique. Les investissements pour des projets de recherche sur le site de la Faculté concernent d’une part, la réalisation de la Tumorothèque Départementale, avec l’aide du Conseil Général. Elle sera en interrelation avec l’équipe du Centre de recherche en Oncologie Biologique et Onco pharmacologie et le Pôle Oncologie et Spécialités Médico Chirurgicales du CHU. D’autre part, le Centre Européen de Recherche et Imagerie Médicale CERIMED, pilotée par le Professeur Charles Oliver, est une structure Interdisciplinaire destinée au développement de nouveaux instruments d’imagerie in vivo pour la biologie et la médecine. Ce Centre de recherche technologique mettra en contact des enseignants chercheurs et des industriels pour la valorisation de ces équipements ; il sera réalisé dans le cadre du Contrat Plan Etat Région. Ces structures et ces projets feront partie des chaires d’excellence de la Fondation Universitaire spécialisée en Santé, Sport et développement durable récemment présentée par le Professeur Yvon Berland, Président de l’Université de la Méditerranée 26 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 Les axes stratégiques de la Recherche à la Faculté ont été définis, il y a quelques années et regroupent les thématiques suivantes : • NeuroSciences • Microbiologie et Pathologies transmissibles • Immunologie et Cancérologie • Physiopathologie Nutritionnelle, Métabolique et Cardio-vasculaire • Génétique et développement Ces axes stratégiques représentent le fil conducteur pour les recrutements des personnels enseignantschercheurs titulaires : les Maîtres de Conférence des Universités et les Professeurs d’Université-Praticiens Hospitaliers. La Faculté édite annuellement un annuaire de la Recherche regroupant les publications de toutes les équipes médicales hospitalo universitaires. Il y a environ 1500 publications par an qui sont répertoriées. Les thèses de doctorat de troisième cycle sont présentées à la Faculté depuis 1989, elles ont au nombre de 485 à ce jour. Les Habilitations à diriger les recherches le plus haut diplôme délivré en recherche ont été attribuées à 267 candidats. Les faits marquants de notre Faculté en termes de réalisations scientifiques et de renommée médicale sont étroitement associés avec les activités hospitalières comme par exemple : • la greffe cardiaque de Monsieur Vitria par le Professeur Edmond Henry (1968), • l’installation du premier scanner en 1973, à l’initiative du Professeur Henri Gastaut, • la mise en service du gamma unit pour le traitement des tumeurs cérébrales avec le Professeur Robert Sedan en 1993, • et plus récemment la création du Centre d’Ethique par Jean-François Mattei, • la découverte de nouveaux agents infectieux par l’équipe du Professeur Didier Raoult, • ou encore l’installation de la RMN3 Tesla inaugurée par le Professeur Patrick Cozzone, il y a quelques semaines, c’est un modèle unique en France. Le dynamisme de la Médecine à Marseille, c’est aussi la reconnaissance de plusieurs centres de références dirigés contre les maladies rares et l’obtention des projets hospitaliers de recherche clinique. Nous avons pu bénéficier à Marseille au cours de ces 50 ans, de grandes écoles médicales sous l’impulsion de fortes personnalités : • la Médecine Interne avec les Professeur Charles Mattei et Robert Poinso, • la Cardiologie avec Professeur André Jouve, • la Chirurgie thoracique et cardiaque avec Messieurs les Professeurs Robert de Vernejoul, Henri Metras, Edmond Henry, Eugène Reboud et Raoul Monties, • l’Endocrinologie avec le Professeur Jean Vague, • la Gastroentérologie avec le Professeur Henri Sarles, • la Neurochirurgie avec le Professeur Jean Paillas, • la Neurophysiologie et l’Epilepsie avec le Professeur Henri Gastaut, • l’Anatomie avec le Professeur Jean Grisoli, • la Pneumologie avec le Professeur Jacques Charpin, • la Biochimie avec le Professeur Serge Litssistky, • la Pédiatrie avec les Professeurs Paul Giraud et André Orsini, • l’Hématologie avec le Professeur Jean Olmer, • la Chirurgie infantile avec le Professeur Michel Salmon, • la Chirurgie digestive avec le Professeur Jean Lamy et ses proches collaborateurs, les Professeurs René Bricot et Georges Michotey, • l’Otorhinolaryngologie avec le Professeur André Pech, • la Rhumatologie avec le Professeur Maurice Recordier, • les Maladies neuromusculaires avec le Professeur Georges Serratrice, • et puis encore la Neuropathologie avec le Professeur Maurice Toga, • et la Génétique Pédiatrique avec les Professeurs René Bernard, Francis GIRAUD et Jean-François Mattei. D’autres grandes orientations se mettent en place en mutualisant les compétences en Biophysique et Imagerie, Infectiologie, NeuroOncologie et Génétique moléculaire. Vous avez bien compris en définitive que les réalisations de ces équipes se sont développées dans le contexte hospitalo universitaire. Même si les activités de recherche dans les Centres Hospitaliers et Universitaires ont pu faire l’objet de critiques parfois sévères dans de récents rapports ou missions, nous gardons à Marseille une place très honorable comme l’atteste le nombre d’équipes nouvellement labellisées indiquées ci-dessus, ainsi que la qualité des publications médico scientifiques. INFOMED Hors-série - Décembre 2008 27 De gauche à droite : G. Hancy, J. Cuvillier, J.F. Pellissier, F. Bessière, S. Prat, M. Madeleinat, F. Marouzé et M. Corbel La réalisation de la journée commémorant le 50ème anniversaire de la Faculté de Médecine de la Timone a bénéficié de la participation des personnels du Bureau Décanal (Frédéric Bessière, Françoise Marouzé, Michèle Madeleinat, Stéphanie Prat), du Service de Communication-Multimédia (Ghislaine Hancy), ainsi que tous les Services qui ont contribué à la réussite de cette manifestation. 28 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 Historique de la construction René EGGER Architecte en Chef des bâtiments civils et palais nationaux La situation à l’époque était donc 1952-1954. Le Ministre de l’Education Nationale, avec qui j’avais à faire, était Monsieur André Marie, le Ministre des Finances, avec qui j’avais également à faire (et combien !) c’était Monsieur Wilfrid Bomgardner ; le Commissaire aux plans était Monsieur Legorgeux avec qui j’avais beaucoup à faire. Moi-même étais Conseiller Technique au Ministère de l’Education Nationale. Monsieur le Maire, Monsieur le Recteur, Messieurs les Doyens, Messieurs les Professeurs, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, J e suis donc chargé ce soir de vous entretenir de l’élaboration de la première Faculté de Médecine de l’après-guerre. Je dois dire qu’ayant construit beaucoup de Facultés, c’est celle que je préfère. Pourquoi ? Parce que je pense que c’est la plus belle. Un coup de chance de l’architecture. La période où elle a été préparée n’était pas une période facile, c’était l’après-guerre, moi qui l’ai vécue. J’ai senti combien il était difficile de faire de jolies choses. On avait encore une pénurie de matériaux et on avait l’influence de la guerre qui nous enlevait un peu de force. La situation au Ministère, où je me trouvais très régulièrement, était très embrouillée, parce que c’était l’après-guerre, parce qu’il fallait construire, parce que c’était pressé, parce que tout le monde intervenait y compris la politique, et ce pauvre Ministère était très encombré par des projets qu’on lui envoyait. Il n’arrivait pas d’ailleurs à établir un prix valable de tout ça. Ce n’était pas comparable parce que c’était établi sur des bases différentes et les finances nous obligeaient à avoir une politique de prix fixes. Résultat, le Ministère de l’Education Nationale a déclaré : "comme nous sommes critiqués, nous allons faire des chantiers témoins et nous les conduirons nous même avec nos services, nous saurons exactement ce que coûte une Université qu'elle soit dans le INFOMED Hors-série - Décembre 2008 29 Nord ou dans le Sud, parce que le Ministre des finances nous disait dans le Nord elle en vaut un prix, dans le Sud elle en vaut un autre. Ne pouvant faire de budget, nous allons faire des chantiers témoins et dans le Sud ce sera la Faculté de Médecine. Pourquoi ? parce que d’abord c’est la deuxième ville de France et les installations de la Faculté dans le Palais du Pharo étaient lamentables, je n’en croyais pas mes yeux. La deuxième raison c’est que c’est urgent, Marseille est une grande ville. Et la troisième c’est que nous avons à Marseille, un Conseil Technique qui fait partie de notre équipe à Paris et que pour assurer ce chantier, à Paris, c’est Monsieur Egger". Pour le programme, me dit-on, il faudra aller voir Monsieur Morin, Doyen qui est à Lyon et qui saura vous donner le programme que vous souhaitez, c’est-à-dire le programme d’avenir et surtout un programme qui soit un peu une action de maîtrise, c’est-à-dire avec des superpositions des services les uns par rapport aux autres de manière à ce que cela fonctionne bien dans l’avenir. J’ai vu Monsieur Morin à Lyon ; je ne le connaissais pas, c’était un homme très émouvant, très gentil, il m’écoutait, il connaissait à fond son problème, j’en étais d’ailleurs très surpris. Le Ministre lui en avait parlé avant "Monsieur Egger va venir vous voir, tâchez de lui faire un bon programme". Je l’ai quitté, j’ai regagné mon petit hôtel sur le bord de la Saône, parce que ça se passait à Lyon, et toute la nuit j’ai dessiné la Faculté. Je me suis dit "tant que je suis là, tant que le Doyen est là et dès que j’ai la possibilité de l’accord absolu, je vais voir ce qu’il me dit". J’ai transmis donc les schémas, bien sûr le plan de chaque étage, le lendemain je lui ai apporté. Il m’a dit "c’est ça, vous pouvez marcher. Je préviens le Ministère et le Ministre que son opération d’expérimentation est commencée dans le Sud". A ce moment même où nous prenions ces mesures, le Commissariat aux plans me fait dire qu’il s’intéressait fortement à cette reprise en marche de l’Education Nationale, en ce qui concerne ces constructions et qu’il voulait que je fasse partie de ce Commissariat pour une prise en compte et pour que le Gouvernement décide tout ce que nous ferions sur la Faculté de Marseille. Et, en même temps le Ministre André Marie me dit "je sais que vous allez en Amérique pour le Lycée Français de New York, je voudrais que vous rencontriez Monsieur Pierre Danzeleaux qui est notre Attaché Culturel à Washington à l’Ambassade et qui est le futur Directeur Général des constructions scolaires et universitaires à Paris". J’ai rencontré Monsieur Danzeleaux et j’ai bien compris que ce que cherchait le Ministère, ce n’était pas tellement un Directeur Général constructeur mais c’était un Directeur Général Administrateur, parce que le budget de l’Education Nationale était tel que les services du Ministère, aussi capables qu’ils soient, ne pouvaient pas mener une telle opération ; ce n’était pas possible, la guerre avait fait beaucoup de dégâts. Les Bâtiments étaient en mauvais état, on ne pouvait pas, pour la plupart, les agrandir ou les réparer. 150.000 enfants arrivaient de la guerre et il est évident qu’il fallait prendre une mesure. Donc cette Faculté de Médecine à Marseille, a, vous le voyez, eu un rôle très important. Eux le savent, en tout qu’à moi je le sais puisque je l’ai vécu. 30 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 Monsieur Danzeleaux à New York m’a dit "moi je ne suis pas un constructeur, je suis un Attaché Culturel mais mon patron et ami m’a dit qu’il voulait que je prenne ça en main. Je vais le faire, je ne sais pas trop ce qu’il va se passer". Alors il m’a dit "vous venez à Paris tous les mardis, tâchez de venir me voir on en parlera". Nous préparons les bureaux rue Boissy d’Anglas et dès que ces bureaux sont prêts, le Directeur Général viendra s’installer à Paris. Nous avons procédé sans tarder à l’appel d’offre de cette Faculté ; j’avais préparé les plans dans un bureau que j’avais organisé rue Montgrand qui était en dehors de l’agence où j’étais associé avec Fernand Pouillon parce que, il était entendu entre nous, quand il y avait des affaires importantes, on pouvait les faire chacun de notre côté. Dans ce bureau, on a fait les dossiers, ça nous a permis de passer l’appel d’offre et c’est une entreprise parisienne qui a été choisie : les Grands Travaux en Béton Armé, que je n’ai pas retrouvée, je ne sais pas s’ils sont là ce soir et c’est dommage, parce que c’était une excellente entreprise. Et si quelques personnes disent que cette Faculté a bien vieilli et qu’elle est en bon état, je dois beaucoup à la qualité des travaux faits par une excellente entreprise, je le répète, et qui a voulu jouer le jeu et qui m’a dit "si le Gouvernement veut une Faculté type expérimental, nous sommes d’accord, nous ferons tous les rapports que vous voulez", car le Ministère voulait suivre le chantier de très près. C’est-à-dire, il faut se mettre à la place de Paris, ils étaient complètement inondés. C’étaient des gens très capables, très gentils, des amis à moi d’ailleurs pour la plupart, parce que depuis des années j’étais Conseiller Technique, mais ils arrivaient, comme une douche froide, ces dossiers énormes tout le temps, toute la journée. On sentait très bien qu’ils ne s’en sortiraient pas. J’étais béat. L’entreprise a suivi le jeu ; on a fait des rapports au Ministère tous les mois pour une notion plus exacte des choses ; il savait ce qu’était les fondations, les sondages, combien ça coûte, ce qu’est le bâtiment, comment se faisait le béton armé, que pouvait coûter un mètre carré de ci, un mètre cube de ça. Il s’était fait un vrai bréviaire et il arrivait avec ça, à avoir une idée fixe des prix alors qu’il n’en avait pas. Le Ministère des finances, bien entendu, était ravi et le Commissaire aux plans a enregistré tout ce que nous avons fait ici à Marseille pour que ça soit sur papier et non pas seulement verbalement. Alors là, sur ce plan de masse, nous nous trouvons, pour ceux qui ne connaissent pas, excusez moi c’est un croquis qui a été fait très très vite qui mentionne donc la position de la Faculté. La Faculté est ici, son bâtiment principal, ces trois ailes de recherche, l’amphithéâtre et l’Administration. Le terrain qui a été laissé à l’Education Nationale à côté de la Faculté, devant elle la Pharmacie. Un tripode parce que le terrain était un triangle, de la zone verte tout au long de la Faculté, le Propédeutique, en haut à droite derrière. INFOMED Hors-série - Décembre 2008 31 Donc pour l’architecte qui avait réglé ce problème, c’était un terrain très encombré, il y avait de tout dessus ; j’ai presque posé la Faculté avec un hélicoptère parce qu’il fallait tenir compte des distances imposées par l’Administration de l’Assistance Publique. J’ai oublié, ici, c’est le CROUS dans lequel on trouve les restaurants et les chambres d’étudiants. Vous voyez que c’est un ensemble en fait qui est assez important et qui a évidemment intérêt d’être au centre ville. La maquette (photo 1), elle a été faite par un artisan très exactement, vous la trouverez dans le hall, vous la verrez tout à l’heure. Elle reprend, comme je vous l’ai dit, le bâtiment principal avec les trois ailes de recherche, le bâtiment qui comprend le hall en bas, l’administration à l’étage, la bibliothèque ancienne et la salle de conférence où nous nous trouvons. Nous sommes façade ouest, parce que je ne pouvais pas faire autrement avec les servitudes qu'il y avait de tous les côtés, ça veut dire que nous avons un soleil Photo 1 couchant très difficile à Marseille. Donc, toutes les façades sont en pare-soleil, tout en béton fixe parce que store et autre ça ne tient pas le coup. Sur la façade arrière on retrouve les trois ailes de recherche et le bâtiment principal, l’animalerie au dernier étage, la bibliothèque et le hall, la salle de conférence. Tout ça s’ouvre sur la nature de ce côté alors que ça se défend du soleil de l’autre. Cette photo (photo 2) est une photo que Monsieur le Doyen m’a demandée, c’est-à-dire comment ça se présente dans le chantier, les petits bâtiments qui étaient tout autour qu’il fallait chaque fois nettoyer pour pouvoir se placer, que la Faculté prenait sa place dans le terrain, vu son importance, puisqu’elle fait quand même 55.000 m2. On la retrouve vue d’avion, le bâtiment principal, les ailes de la recherche, le hall etc…Le boulevard d’entrée et le terrain sur lequel on a édifié quelque temps de là le CHU, c’est-à-dire l’hôpital universitaire. Là c’est l’entrée de la Faculté, la salle du conseil qui déborde, la bibliothèque qui était en haut, le hall qui est en bas. Vous le voyez, l’architecture de paresoleil. Le bâtiment est archi simple, aucun porte-à-faux, il n’y a rien de coûteux, disons que je m’en suis tenu à des solutions très simples qui sont le secret du prix, vous apprendrez que cette Faculté a été extrêmement bon marché. Sur cette photo (photo 3), c’est un rocher que j’avais trouvé en faisant les fondations ; j’ai dit "laissez- le, ça animera un peu le paysage". Photo 2 32 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 La salle du conseil (photo 4) avec au pourtour des sculptures sur sycomore qui représente des figures magistrales de médecins et de chirurgiens. La salle dans laquelle nous nous trouvons c’est un amphithéâtre pour lequel on a porté beaucoup de soin ; on a voulu que l’acoustique soit bonne, on a beaucoup beaucoup cherché, ce n’était pas facile ; il fait 1.000 places et également des places en balcon. Le hall (photo 5) a été souhaité par les étudiants, bien évidemment, j’ai eu beaucoup de contact avec eux. Chaque fois, ils me disaient "on ne veut pas traîner, comme à Aix en Provence, dans les couloirs à attendre ; on veut un endroit où nous nous réunissons, où on peut faire des expositions, des manifestations". L’Administration a accepté ; et vous voyez que là j’ai fait du mobilier qui est adapté au hall, c’est-à-dire, il a été fait spécialement, il n’était pas question de mettre, dans un volume comme celui là, des tables et des chaises. Ca ne m’aurait pas plu. Photo 3 La façade arrière est entièrement vitrée sur la nature. Photo 4 Photo 5 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 33 Là, (photo 6) c’est l’aréopage de l’Education Nationale : de gauche à droite : Monsieur Gaston Berger qui était Directeur Général de l’Enseignement Supérieur, Monsieur le Recteur Blache, Monsieur le Doyen Morin avec ses deux cannes ; les autres se sont des Recteurs, des Doyens, excusez moi de ne pas me rappeler des noms. Monsieur Gaston Defferre, Gaston Berger, Monsieur Lenhardt le sénateur et moi-même (photo 7) en train d’expliquer aux gens le fonctionnement de la télévision qui a été installée grâce au talent et au dévouement de Monsieur Corriol, que je salue ce soir, qui est à côté de moi. Je vais terminer juste par deux choses : la première c’est un peu sentimental, Monsieur le Doyen Morin m’avait dit "Monsieur Egger, je vais vous donner un petit bureau pour vous, pour que vous y séjourniez pendant les travaux bien sûr et puis après. J’aurais souhaité que vous ne partiez pas comme ça rapidement, parce que tant que vous étiez là, j’étais tranquille, les choses se réglaient. Je vais être seul ; bien sûr, j’ai mon excellent collaborateur, Monsieur Corriol qui est là, mais quand même j’aurais souhaité que l’architecte vienne de temps en temps et ne me laisse pas tomber, comme on dit". "Mais, Monsieur le Doyen, je viendrai, je vous le promets" et je suis revenu. Je me suis assis dans un fauteuil et puis j’ai regardé les étudiants à travers la vitre en bas qui circulaient, qui avaient l’air heureux, qui avaient l’air contents de ce bâtiment qu’on a fait pour eux. Photo 6 Photo 7 Je me disais, quel beau métier que le mien, faire des Facultés pour les enfants de mon pays. Puis est venu un orchestre de chambre qui de temps en temps jouait mais cette 34 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 musique envahissait la Faculté, c’était euphorique. C’était comme un hymne, un hymne à la liberté retrouvée celle de l’architecture. Conception des salles d'enseignement et des laboratoires de recherche Professeur Jacques CORRIOL L e 24 avril 1930 est publié un décret transformant l’Ecole de Médecine de Marseille en Faculté Mixte de Médecine et de Pharmacie, générale et coloniale de Marseille. La Faculté est mal logée ; elle occupe le Palais Impérial du Pharo et dans son jardin, l’Institut d’Anatomie, l’Institut d’Hygiène et de Bactériologie. Les locaux dits "de Pharmacie" sont situés Rue Auguste Blanqui. • En mars 1943, l’Armée Allemande réquisitionne les locaux du Pharo qui sont évacués en quelques heures avec de nombreux dégâts dans la Bibliothèque. • En septembre 1944, les locaux sont restitués à la Faculté en piètre état ; la réfection est très lente, elle se prolonge jusqu’en 1948 pour le Palais du Pharo. Entre temps, en 1943, le Professeur Georges Morin est nommé titulaire de la chaire de Physiologie après le départ à la retraite du Professeur Cotte. • En 1947, il est élu Assesseur du Doyen Lucien Cornil auquel il succède le 16 mars 1952. Quelques semaines plus tard, le Doyen Morin est reçu dans un salon politique de la IVème République, animé par Madame Jacqueline Baytout, Directrice du journal les Echos. Il y rencontre de nombreuses personnalités. • En mai 1952, le Doyen Morin obtient du Ministère de l’Education Nationale (Enseignement Supérieur) la décision de principe de construire à Marseille une nouvelle Faculté de Médecine. En fait, dès son élection comme Assesseur du Doyen en 1947, le Professeur Morin avait échafaudé des projets de nouveaux locaux pour la Faculté. Il avait prévu l’achat du terrain pour bâtir une nouvelle Faculté dans les jardins de l’Hôpital Psychiatrique de la Timone, les pourparlers ont commencé en 1950. Cette parcelle de 6 hectares fut acquise en 1954. Il avait écrit un programme précis des bâtiments, inspiré par la Faculté de Lyon Grange-Blanche. • En juin 1952, René Egger, Architecte DPLG est désigné officiellement comme Maître d’œuvre. Un crédit de 2 milliards de Francs (soit 39 millions d’Euros) est accordé pour la construction. En un trimestre, en franchissant des obstacles accumulés depuis des décennies, le projet est lancé. Le Doyen Morin a des idées très précises sur les plans du nouveau bâtiment, qui comportera trois zones : - une partie "grand public", avec un vaste hall d’accueil (salle des pas perdus), un grand amphithéâtre auditorium (salle de spectacle de 1.200 places pouvant accueillir des congrès, un restaurant universitaire au rez-dechaussée pouvant servir 1.000 repas à midi, aux étages, le bureau INFOMED Hors-série - Décembre 2008 35 décanal et les services administratifs, la Salle du Conseil, la Bibliothèque et quelques appartements de fonction ; - la partie centrale du bâtiment comportant 7 niveaux reçoit les étudiants dans les amphithéâtres et des salles de travaux pratiques - les 3 ailes perpendiculaires au bâtiment principal, accueillent les laboratoires de recherche. Soit en tout : 55.000 m 2 de plancher pour une surface au sol de 15.000 m2. • De juin 1952 à mars 1955 sont élaborés, par l’agence d’architecture EGGER, les plans précis permettant de lancer concours et adjudications. • Début février 1955 : premier coup de bulldozer • Fin mars 1955 : le bief du Jarret est comblé, les serres déménagées, le terrain clos est déblayé en respectant autant que possible les arbres existants. Deux centrales à béton sont construites. On commence à couler du béton : un étage en moyenne toutes les 6 semaines, sauf en mars 1956 à cause d’un épisode de gel rigoureux. • En mars 1956, les plans détaillés des différents services et laboratoires sont confiés aux futurs occupants, directeurs et collaborateurs, afin qu’ils indiquent pièce par pièce l’emplacement des cloisons, des paillasses, des hottes et sorbonnes, chambres froides etc… avec leurs desideratas en fluides (eau froide et chaude, gaz, circuit électrique, air comprimé, aspiration, centrales d’eau distillée), ainsi que le mobilier nécessaire (bureaux, bibliothèques, sièges, placards, frigidaires, congélateurs et matériel lourds. • Le 15 avril 1958 le chantier est progressivement débarassé, les locaux sont nettoyés et les déménagements sont terminés. Les occupants prennent possession des lieux et les étudiants arrivent. Le temps de construction aura duré 38 mois, sans un jour de retard, sans abandon d’objectifs, sans retranchement ou suppression dans le programme initial et sans dépassement du crédit initialement fixé soit 36.360 francs (1952), environ 706 euros le m2, de quoi faire rêver aujourd’hui. • L’inauguration officielle a lieu le 17 mai 1958, en pleine révolte algérienne, on attend en France les parachutistes des régiments putchistes. Les festivités sont réduites au minimum, Gaston Defferre, Maire de Marseille et le Recteur Blache président cette inauguration, aux côtés du Doyen Morin. Cette Faculté jugée trop vaste et trop somptueuse par certains, se révèlera en fait trop petite quelques années plus tard. Ce qui nécessitera des agrandissements progressifs. • En, 1962 : édification du Bâtiment Propédeutique avec un amphithéâtre de 800 places, des salles de travaux pratiques et enseignements dirigés, des laboratoires de recherche. • En 1969 : la construction de 2 nouveaux amphithéâtres (A et B) et d’un gymnase. • En 1970 : la Faculté ouvre le Secteur Nord proche de l’hôpital • En 1972 : la Faculté de Pharmacie s’installe dans le tripode. • En 1995 : agrandissement de la Bibliothèque Universitaire. Les bâtiments de la Faculté ont 50 ans en mai 2008. Ils ont bien vieilli sans se dégrader, malgré un certain manque d’entretien par insuffisance de crédits. 36 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 Évolution des méthodes d'enseignement Professeur Pierre CHAMPSAUR Président du Comité des Études d’avoir une pensée pour mon Père qui faisait parti de cette promotion. Nous allons envisager les évolutions par cycle des études médicales. Pour être une des toutes premières facultés de France, la Faculté de Médecine de Marseille a toujours fait évoluer ses méthodes pédagogiques et, en 50 ans d’évolution, nous avons dû absorber un très grand nombre de lois, nous y adapter tout en développant la qualité de notre pédagogie. C’est une Faculté importante avec près de 10.000 étudiants, la médecine attire beaucoup de jeunes. D’abord le premier cycle et cette très fameuse 1ere année. La Faculté de Médecine attire beaucoup d’étudiants, parce que ce sont des études universitaires qui conduisent à des métiers bien connus, à des métiers passionnants et des métiers où il y a des débouchés. Il y a de plus en plus d’étudiants en première année : 2.100 en 2003/2004 et nous avons 3.000 étudiants aujourd’hui. S’il y a beaucoup d’étudiants qui se présentent et un numerus clausus réduit il en résulte un entonnoir avec une sélection A ppréhender en quelques minutes 50 ans d’évolution de la pédagogie médicale est un challenge ambitieux ; nous allons donc aborder les évènements qui nous semblent les plus importants. En 1958, les étudiants en costume cravate allaient quitter le palais du Pharo pour gagner la Timone et vous me permettrez en cet instant INFOMED Hors-série - Décembre 2008 37 obligatoire et cette sélection est incontournable. La seule règle que nous devons respecter, c’est l’équité, l’égalité des chances. Cette première année a essuyé de très nombreuses réformes. Si on analyse l’esprit de ces réformes, on constate qu’elles ont tourné autour de la recherche d’un équilibre entre deux éléments : d’un côté les sciences fondamentales et de l’autre coté les tenants de la médicalisation. Cette première année avait lieu en Faculté de Sciences avec exclusivement des sciences fondamentales. Elle s’est appelée PCN (physique, chimie, sciences naturelles), puis est devenue PCB (physique, chimie, biologie) en 1934. Le retour vers la Faculté de médecine de cette première année aura lieu en 1960 à l’occasion d’une fusion entre PCB et 1ere année de Médecine. En 1969, transformation de cette première année en PCEM1 et peut être en 2009 en L1. Cet équilibre indispensable entre sciences fondamentales et 1937 2008 médicalisation a marqué beaucoup de ces réformes. L’équilibre est important ; en effet, les futurs médecins doivent posséder les bases fondamentales nécessaires à la compréhension et à l’adaptation, aux évolutions inéluctables des techniques et pratiques de la médecine. Mais il faut garder à l’esprit que nous ne formons pas que des chercheurs ou des étudiants qui vont, via les passerelles, gagner les facultés de sciences. L’équilibre sciences fondamentales/ médicalisation doit rester raisonnable. Deux lois, en 1971 et 197,9 ont créé le numerus clausus qui est la plus importante révolution qu’ait connu cette première année. Cette limitation du nombre d’étudiants pouvant accéder à la deuxième année a progressivement complètement modifiée les stratégies pédagogiques, la docimologie et l’ambiance générale entourant cette première année. Cette première année de médecine devenait un concours sélectif. Elle devenait aussi, et ce n’est pas la moindre des évolutions, un outil prétendu efficace de régulation de la démographie médicale. Cette régulation de la démographie médicale a été particulièrement catastrophique pour notre faculté. En effet, le numerus clausus est passé de 7.912 en 1979 à 3.500 en 1992, pour revenir à 7.300 aujourd’hui. Dans cette boucle, qui nous a ramené à un numerus clausus national égal au point de départ, la Faculté de médecine de Marseille a vu s’effondrer son numerus clausus de 600 en 1979 à 335 en 2008. On nous promet une baisse de 10 à 15 postes pour l’année 2009… Cet outil de régulation de la démographie médicale est inefficace, 38 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 tout le monde le sait. Plus de 30 % des médecins installés dans les Bouches du Rhône on fait leur thèse ailleurs ; il est injuste parce que nos jeunes ont moins de chance de devenir médecin que ceux d’autres régions dans le même pays. On est à 12,5 % de réussite en première année, alors que d’autres facultés en France sont à 25% et si on passe à 330 ou 320 on tombera à 11 %. Est ce juste ? Est ce sérieux ? Sur 2.779 candidats inscrits, 629 ont un débouché car nous avons, depuis longtemps, construit à Marseille à partir de cette premièreannée un tronc commun avec la maïeutique, la kinésithérapie ou les manipulateurs en radiologie au-delà du tronc commun classique avec Odontologie. Donc 629 étudiants auront un poste, le fameux abattage que l’on prétend est peut être à nuancer. Pour les "reçus collés", depuis longtemps à Marseille on a des passerelles avec l’ IUP, mais aussi dans les différentes licences d’Aix Marseille II. Il faut savoir que vers ces passerelles il y a autant d’étudiants qui vont en Droit que d’étudiants qui vont en Faculté de sciences. Un étudiant qui rentre en médecine ne rentre pas à l’Université définitivement, il ne rentre pas dans les sciences de la santé obligatoirement. S’il échoue, il repensera son orientation et penser qu’il est captif d’une manière ou d’une autre est une erreur. La première année est un entonnoir, il est indiscutable c’est un fait ; notre mission c’est d’assurer l’égalité des chances. Pour assurer cette égalité, nous avons à Marseille depuis longtemps anticipé le flux des étudiants en assurant, par la vidéoprojection, l’accès de cours à tous, des cours dans des bonnes conditions. Nous avons mis en place un système qui, depuis l’amphi propédeutique, va permettre de filmer l’enseignant mais également de reproduire dans trois autres amphis à la fois (A, B et 3) l’enseignant et son support de cours : tableau, transparents ou ordinateur. Le deuxième point de cette volonté d’équité touche les écuries. Il est souvent reproché l’existence d’écuries privées particulièrement onéreuses. Nous avons donc développé des écuries au sein de la Faculté, accessible à tous, dont le coût annuel est de 70 € réalisées par les PCEM2 et DCEM1, pour que tout étudiant qui rentre dans cette Faculté, quels que soient les moyens financiers de ses parent,s puisset avoir toutes ses chances. Nous avons également mis à Marseille en place une information pour les lycéens via internet depuis la Faculté de Médecine pour tous les lycéens de notre Rectorat. Ces lycéens bénéficient donc dans leur lycée, sans déplacement inutile, d’une information complète sur l’ensemble des possibilités du campus santé de Marseille. Ces séances sont organisées en deux parties : • Une première partie présente aux lycéens toutes les filières. • La deuxième est une séance de questions/réponses, les lycéens posant des questions via internet aux enseignants réunis à la faculté de médecine et ceci en temps réel. INFOMED Hors-série - Décembre 2008 39 Avec ce projet novateur, la Faculté de Médecine est en pointe au plan national. L’entrée de la médecine dans le fameux LMD est plutôt un habillage. En effet, l’esprit du système LMD est de permettre des échanges entre les différentes facultés françaises et également des échanges à l’échelle européenne. Ces échanges sont quasiment impossibles devant l’existence du numerus clausus. Une question est posée celle des réentrées. Qui choisira, dans quelques années, les étudiants aptes à entrer directement en deuxième année de médecine avec un master dans une autre Faculté sur dossier et entretien ? Le tronc commun de cette première année intéressera désormais les quatre filières : maïeutique, médecine, odontologie et pharmacie. modules transversaux. Marseille a profité de cette réforme pour faire une véritable révolution pédagogique : supprimer les cours magistraux dans le deuxième cycle, donner les polycopiés aux étudiants en début d’année, laisser l’accès aux cours sur internet et organiser tout l’enseignement présentiel en ensignements dirigés en petit groupe de 30 ou 40 ou avec un enseignant hospitalouniversitaire autour de cas clinique. Cette mesure pédagogique a donné des résultats puisque nous sommes depuis le début de l’examen classant national, parmi les 6 premières Facultés de France. Malgré ces résultats, nous avons un nombre d’internes bien trop faible à Marseille. Il n’y a que 6 places en troisième cycle à Marseille pour 10 de nos étudiants en deuxième cycle. Si on compare le nombre de postes d’internes à Amiens (209) ou à Lille (364) et à Marseille (194), on ne peut être que choqué. On retrouve, dans ce L1, ce que l’on a toujours connu : c’est-à-dire la physique, la biophysique, la chimie, la biochimie, la biologie cellulaire, la génétique, l’anatomie. Les sciences humaines introduites maintenant il y a une dizaine d’années et qui étaient au départ destinées à faire rentrer des étudiants littéraires en médecine qui ne sont jamais rentrés, sont bien sûr maintenues dans ce L1. Dans le deuxième cycle des études médicales, jusqu’en 2001, l’enseignement se faisait par discipline. En 2001, une réforme nationale a organisé l’enseignement par 40 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 Le troisième cycle a connu aussi beaucoup d’évolution. En 1950, la création des CES fait coexister deux filières pour l’accès aux spécialités : • l’une est hospitalière c’est l’internat • et l’autre universitaire c’est le CES. En 1979, l’internat qualifiant fait disparaître les CES et devient la voie unique. En 2001, la création de l’examen classant national, reprend cette notion de voie unique en y incluant la Médecine Générale. Cette Médecine Générale a souvent changé d’appellation : internat de Médecine Générale puis résidanat puis enfin internat avec l’Examen Classant National. Est-ce que la Médecine Générale a été revalorisée à travers toutes ces réformes ? On peut se le demander. En revanche, l’impact de la disparition des CES en 1982 est extrêmement important. Elle est responsable de la fusion des programmes préparatoires à l’internat et aux examens de deuxième cycle des études médicales. Cours magistral, enseignement dirigé et utilisation des nouvelles technologiques dans la pédagogie avec des salles NTIC ont été particulièrement développés à Marseille. Les étudiants peuvent suivre depuis leur bureau directement les lames d’histologie et d’anatomie pathologique et répondre à des questions. Nous utilisons à Marseille tous les outils de la pédagogie, mais il ne faut pas croire que l’utilisation de la vidéo transmission et internet ont fait disparaitre la craie et le tableau noir, en particulier en anatomie. Tous les outils pédagogiques restent utiles et sont complémentaires et nous les utilisons. L’usage d’internet sur les téléphones portables n’a pas fait disparaitre le livre. Travaux pratiques d'histologie en salle de NTIC L’avenir de notre faculté repose sur la poursuite de notre engagement fort en faveur de la pédagogie. Nous avons été l’une des premières facultés à s’assurer des qualités pédagogiques des futurs enseignants chercheurs par l’audition pédagogique. Nous travaillons en permanence à l’amélioration de nos enseignements. Notre nouveau diplôme universitaire de Pédagogie attire des étudiants de toute la France, preuve de notre force pédagogique. Parmi les projets en cours nous pouvons citer le bâtiment pédagogique implanté sur ce qui est appelé le parking étudiants. Il est en cours d’étude, c’est un projet majeur pour créer des salles de moyen format pour les enseignements dirigés, pour les nouvelles technologies, pour l’anglais. Nous devons former des chercheurs, former des hospitalouniversitaires mais nous devons aussi surtout former des praticiens, il ne faut jamais l’oublier. Une politique pédagogique en renouvellement permanent est notre caractéristique pour une formation de médecins de qualité. Que le numerus clausus cesse de se baser sur la démographie et regarde une fois, peut-être, la capacité de formation de nos Facultés et tout particulièrement la nôtre. Evaluer réellement la qualité de la formation avec toutes ses forces et ses faiblesses avant toute réforme serait une bonne idée. Je vous remercie de m’avoir écouté. INFOMED Hors-série - Décembre 2008 41 Évolution de la recherche Professeur Jean-Paul BERNARD Président du Comité Scientifique scientifique de notre Faculté de Médecine. Finalement, je me suis dit qu’après que Monsieur Egger eût construit cette Faculté et que Monsieur Corriol, à l’instant, nous en ait remis les clés, il était raisonnable de faire ensemble une promenade en déambulant, au gré de notre fantaisie, dans cette Faculté, en frappant ici et là à quelques portes tout en sachant que si on ne les ouvrait pas toutes, nous serions là dans 50 ans pour franchir celles que nous n’aurions pas encore ouvertes et je suis sûr que nous y trouverons encore du monde au travail. R ésumer 50 ans de recherche à la Faculté de Médecine Timone représente, vous en conviendrez, un veritable défi ! J’ai un moment tenté de convaincre notre Doyen que j’allais tenter d’être exhaustif, c’est-à-dire consacrer à chacun des acteurs de cette recherche la part qui lui est dûe. J’ai vite renoncé, notre Doyen en était d’accord ! Cela correspondait pratiquement à parler moins d’une seconde de la contribution de chacun de ceux qui ont apporté une pierre à l’aventure Il est vrai que les Doyens successifs qui ont été à l’origine de la création de cette Faculté Timone étaient souvent des physiologistes et singulièrement proches de la neurologie. Les Professeurs Morin et Gastaut ont fondé l’Ecole de Neurophysiologie véritablement comme une thématique identitaire de la recherche sur le site Timone à Marseille. Si les moyens mis en œuvre nous paraissent aujourd’hui presque rudimentaires, ils n’ont pas empêché ces pionniers d’établir les prémisses de tous les développements qui seront ultérieurement les bases de l’épileptologie. C’est au sein d’une 42 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 multidisciplinarité bien comprise qu’ont été effectuées les premières descriptions des épilepsies généralisées et des épilepsies focales, tant au niveau de modèles expérimentaux que dans des situations cliniques. Parallèlement sous l’impulsion du Professeur Serratrice, la pathologie neuromusculaire s’individualisait comme une discipline nouvelle qui allait se développer remarquablement dans les années suivantes à Marseille. Il est vrai qu’aujourd’hui on peut se demander si le cerveau a été décrypté. Photo 1 - Le cerveau décrypté Je vous rassure, il n’en est rien, et je dirai presque que c’est tant mieux, mais les outils que nous avons aujourd’hui à notre disposition dans des laboratoires d’excellence de la Faculté de Médecine ont fait que ces neuroradiologues, ces neuro- chirurgiens, ces neurologues, ces anatomopathologistes et ces physiologistes se retrouvent 50 ans plus tard autour de plateformes technologiques de très haut niveau. On peut citer en exemple la plateforme de magnétoencéphalographie (photo 2) ou encore le nouveau spectromètre imageur IRM à 3 tesla qui a été inauguré il y a quelques semaines sur le campus Timone. Je crois que l’on peut dire aujourd’hui que le pôle scientifique en neurophysiologie marseillais, une fois associé avec les autres sites universitaires à la Faculté Nord, sur le site du Chemin Joseph Aiguier et sur le campus de Luminy, fait de Marseille le deuxième pôle scientifique de France dans le domaine des Neurosciences après l’Ile de France et un des tous premiers au niveau international. Photo 2 - Plateforme de magnétoencéphalographie Photo 3 - Coeur artificiel CORA, 1973 La physiologie a toujours côtoyé les extrêmes. En 1967, les scientifiques du monde entier étaient tournés vers Marseille ; un nouveau cœur battait dans la poitrine d’Emmanuel Vitria et cela allait durer 18 ans. Le Professeur Henry et son équipe avaient bien compris qu’on ne pourrait se satisfaire de ce résultat aussi extraordinaire fût-il ; il fallait trouver une solution raisonnable à la pénurie de greffons et à cette situation dramatique pour le patient qui reste l’attente d’une greffe cardiaque. C’était le début de l’aventure du cœur artificiel (photo 3), portée à bout de bras par le Professeur Monties pendant 25 ans ; l’actualité récente nous a encore montré qu’il s’agissait là d’une piste raisonnable et crédible en faisant la démonstration qu’il n’y avait pas de véritable avancée technologique sans une œuvre commune associant médecins, ingénieurs ainsi que des partenaires quelquefois choisis dans des domaines très inattendus comme l’aéronautique. Les extrêmes, c’était aussi la physiologie des états extrêmes. Il faut se souvenir que c’est à Marseille, baignée par la Méditerranée, que la physiologie s’est très tôt intéressée à l’adaptation au monde sous-marin ; il faut rappeler que cette activité de recherche a abouti à quelques premières mondiales retentissantes dont la première plongée à saturation en 1967, encadrée par les médecins et les physiologistes marseillais qui ont pu au fil des ans nourrir des partenariats très fructueux avec la COMEX implantée à Marseille et le Service de Santé des Armées, ce dernier étant aujourd’hui associé avec les universitaires marseillais au sein d’une équipe labellisée au cours du dernier plan quadriennal de l’Université de la Méditerranée. L’anatomie a toujours peine à être considérée comme discipline de recherche. Cela est regrettable ; l’Ecole d’Anatomie Marseillaise a montré qu’elle avait une capacité de diffuser ses connaissances ; le nombre d’ouvrages traduits dans de nombreuses langues étrangères en atteste. Aujourd’hui encore, les descriptions princeps issus du Laboratoire d’Anatomie de la Faculté Timone concernant les artères cérébrales, les artères de la peau, l’anatomie du cœur et de ses vaisseaux restent des références incontournables. INFOMED Hors-série - Décembre 2008 43 L’anatomie a connu des développements inattendus : dans l’imagerie bien sûr, mais aussi dans la modélisation pour des études de biomécanique et surtout à Marseille dans le domaine de l’accidentologie avec la conception de l’homme virtuel du projet européen Humos qui vous le voyez n’a jamais été aussi près de nous, tant il est vrai que la numérisation à partir de relevés anatomiques permet de le rapprocher véritablement de la réalité. Une fois les derniers ajustements réalisés il ne lui manquera pratiquement plus que la parole. Photo 4 - L'homme virtuel Humos L’endocrinologie et les maladies métaboliques ont toujours représenté une spécificité marseillaise. Là aussi, on sourirait presque en découvrant un chromatographe pour analyser les protéines en double dimension ou encore l’ancêtre de nos spectromètres de masse actuels si les Professeurs Roche, Lissitzsky et Michel, dans des conditions précaires dans leur laboratoire de la rue Auguste Blanqui, n’avaient découvert en 1952 la tryiiodothyronine ; dès leur installation avec l’aide du CNRS et de l’INSERM dans les locaux de la Faculté de Médecine Timone ont été jetées les bases de l’étude du métabolisme de la thyroïde jusqu’au clonage du gène de la thyroglobuline ; les premiers enfants atteints d’insuffisance thyroïdienne congénitale ont été traités par l’iode au début des années 60 à la suite de ces travaux fondamentaux. Parallèlement la chimie des venins et des toxines de scorpions s’est développée et a connu des applications novatrices dans l’étude des canaux ioniques impliqués dans la transmission synaptique ; cette activité se poursuit encore aujourd’hui sur le site Nord de la Faculté de Médecine. La clinique endocrinologique a certainement bénéficié d’une situation aussi favorable sur le plan de la recherche fondamentale et il faut souligner l’impact essentiel sur la recherche en nutrition de la description dès 1947 par le Professeur Jean Vague de la différenciation sexuelle du tissu adipeux. L’implication de l’obésité androïde dans la survenue du syndrome métabolique a fait l’objet de nombreux travaux fondamentaux établis par les enfants et les élèves de Jean Vague et relayés ensuite par plusieurs dizaines d’équipes de renommée internationale de par le monde. 44 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 Photo 5 - Appareil d'électrophorèse bidimenstionnelle (1973) Je me souviendrai, quant à moi, avec émotion, de la gourmandise avec laquelle le Professeur Vague, muni de son célèbre compas, mesurait, devant ses étudiants émerveillés, les replis moelleux d’une poissonnière de la rue Longue des Capucins. Depuis ce temps, des méthodes souvent compliquées nous montrent aujourd’hui qu’il faut se méfier de ce petit surplus péri-ombilical, tueur silencieux que l’on a trop souvent tendance à considérer avec bonhomie. Une autre aventure a été celle de la biologie cellulaire. Dès 1958, le Professeur Picard et son équipe bénéficiaient de l’installation du premier microscope électronique dans la région pour étudier l’ultrastructure du noyau et particulièrement du nucléole, travaux qui se sont développés avec ses élèves dans le domaine des neurosciences et de la neuroendocrinologie. Cette histoire a été émaillée d’un mariage réussi avec une discipline naissante, promue à Marseille à l’initiative des pédiatres; il s’agissait de la génétique et sous l’impulsion des Professeurs René Bernard, Francis Giraud, puis JeanFrançois Mattei, c’est au contact du désarroi des familles devant l’inéluctable après une naissance qu’ont été organisées les premières consultations de conseil génétique ; un laboratoire de cytogénétique a été créé et c’est toute la méthodologie de l’analyse des caryotypes qui a été établie pour le diagnostic des principales maladies chromosomiques. Avec l’avènement de la biologie moléculaire et grâce au soutien de l’INSERM, le Laboratoire de Génétique a acquis un niveau international dans le développement des techniques d’hybridation in situ et, une fois le génome apprivoisé, des découvertes essentielles ont pu être obtenues dans le champ des maladies orphelines congénitales comme la maladie de Charcot-Marie Tooth, le syndrome de Rett, le syndrome de Prader-Willi ou enfin la Progéria. Après la découverte du gène de la Progéria par l’équipe de Nicolas Lévy en 2003, les défis sont immenses et là encore la révolution de la pharmacogénomique permet aujourd’hui à peine 5 ans après la découverte du gène de cette terrible maladie de mettre en place à Marseille le premier essai thérapeutique européen avec comme espoir d’éviter finalement que ces enfants ne meurent de vieillesse à 13 ans. Enfin, une aventure là encore passionnante cette fois-ci dans le domaine des maladies infectieuses. En 1927, le Professeur David Olmer décrit la fièvre pourprée qui semble une caractéristique du bassin méditerranéen ; on ne sait encore si ce seront les puces, les tiques ou les poux qui auront la vedette dans les années qui vont suivre. La suite nous la connaissons. Avec l’aide du CNRS, le Professeur Didier Raoult va créer un laboratoire de référence pour l’OMS spécialisé dans l’étude de la fièvre boutonneuse méditerranéenne et des rickettsioses de façon plus générale. Des avancées majeures dans les techniques de culture des bactéries intracellulaires vont suivre rapidement et avec les techniques modernes de screening à haut débit du génome bactérien, ce seront plus d’une quinzaine de nouveaux agents bactériens émergents qui seront ainsi caractérisés. Ces découvertes auront permis la mise au point de techniques diagnostiques innovantes en bactério-virologie faisant appel à des puces diagnostiques permettant de standardiser les réponses pour un grand nombre d’agents infectieux. Mais pour le plus gros laboratoire hospitalier de microbiologie de France, pas encore tout à fait du monde, il fallait une découverte de taille ! L’entamoeba polyphaga mimivirus est actuellement le plus gros virus découvert dans le monde et ceci n’a probablement rien d’étonnant dans une ville où il n’est pas rare d’exagérer un peu ! Photo 6a Patient à 10 mois Photo 7 Photo 6b Patient à 14 ans INFOMED Hors-série - Décembre 2008 45 Le temps me manque pour vous parler évidemment d’autres recherches passionnantes comme l’immunologie qui a essaimé bien au-delà de notre Faculté, de l’oncologie qui s’est structurée très récemment à la Timone sans oublier bien sûr les sciences humaines et sociales ainsi que l’anthropologie qui nous rappellent que l’homme est toujours le centre de nos préoccupations. Je voudrai terminer avec le souvenir de la première fois où j’ai passé les portes de cette Faculté de Médecine. C’était en 1967, j’avais 14 ans, mon père voulait probablement montrer à un adolescent aux cheveux longs et aux chemises à fleurs le progrès en marche dans la Faculté. On installait en effet dans l’amphithéâtre propédeutique la dernière génération des canons à images. Le Doyen Gastaut était à la manœuvre. Non sans malice, mon père tenta de me faire croire que ce célèbre collectionneur de crânes conservait parmi d’autres quelques exemplaires 46 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 de collègues célèbres ou particulièrement méritants. Je vous mentirai en vous disant que la seule perspective de finir sur une étagère a pesé dans les choix professionnels qui furent les miens quelques années plus tard ; ce que je ne pouvais imaginer à l’époque c’est que j’aurai autant de plaisir à me retrouver ici ce soir avec vous pour partager cette ambition commune pour notre Faculté. Je vous remercie de votre attention. Évolution de la médecine Professeur Jean-Robert HARLÉ Vice-Doyen de la Faculté de Médecine Plusieurs faits se sont déroulés à la Faculté en 1958, il y a eu la création du CHU ; le plein temps hospitalo-universitaire a ramené vers la Faculté et vers l’hôpital les meilleurs cerveaux qui s’étaient un peu éparpillés dans le temps et l’espace. L e constat est absolu : la médecine hospitalière a fait un bond immense, à Marseille comme dans la France entière dans ces cinquante dernières années. Nous avons vécu les 50 glorieuses de la Faculté de Médecine. En 1958 on se promenait avec un stéthoscope, en 2008 on utilise une puce à ADN pour faire un diagnostic, mais certains d’entre nous utilisent toujours un stéthoscope. En 1958 on pouvait dénombrer 88 professeurs avec ou sans chaire, et agrégés libres ou non. Il existait sur le strict plan universitaire 39 chaires, ou spécialités. Derrière les appellations "clinique médicale" plusieurs spécialités se dessinaient avec nos maîtres Poinso, Mattei, Olmer. De la même façon plusieurs chaires de chirurgie existaient, expérimentale pour les uns, infantile pour les autres mais celles des Professeurs de Vernejoul, et Salmon allaient exploser en plusieurs spécialités. En 2008, nous sommes 233 Professeurs des Universités Praticiens Hospitaliers, et 115 Maîtres de Conférence - Praticiens Hospitaliers, répartis dans 54 disciplines hospitalières et universitaires et 172 Chefs de Clinique Assistants des Hôpitaux. Alors comment expliquer cette multiplication, et quels arguments la justifient ? 1. Des spécialités médicales et chirurgicales évoluent dans ce contexte de progrès scientifique et technique. La Clinique exotique, la médecine coloniale, l’hygiène et médecine sociale restent dans nos mémoires comme autant de jalons historiques mais ont disparu. La discipline maladies infectieuses-médecine tropicale les a remplacées, à laquelle s’est adjointe la bactériologie virologie hygiène hospitalière. La dermatologie a perdu sa syphiligraphie, et la pneumologie la phtysiologie. La botanique et cryptogamie n’a pas supporté le tournant de la biochimie, et de la thérapeutique, la pharmacologie. La Pédiatrie avec ses représentants émérites, les Professeurs Bernard, Pinsard, Giraud, Raybaud, Mattei se déclinera peu à peu comme autant de spécialités d’organe ou de système : neuropédiatrie, l’hématologie pédiatrique, la pédiatrie générale, l’oncologie pédiatrique, la génétique (photo 1). INFOMED Hors-série - Décembre 2008 47 2. La naissance de nombreuses spécialités, du fait des progrès techniques. Photo 1 Au cours de ces cinquante dernières années, sont apparues de nombreuses spécialités médicales, chirurgicales, et biologiques. Certaines naîtront par scissiparité dans les années 60 (photo 2) : la néphrologie (1960), l’hématologie clinique, la cancérologie à partir de la médecine interne représentée par le Professeur Mongin, la radiologie et imagerie médicale, qui se séparera de la radiothérapie, de la biophysique et médecine nucléaire en 1969 ; les réanimations médicale, et anesthésique et chirurgicale, la psychiatrie, et la pédo-psychiatrie, la nutrition naîtra de l’endocrinologie. La pneumo-phtysiologie, la gastroentérologie apparaissent en tant que disciplines universitaires également. De la chirurgie générale naîtront les chirurgies spécialisées : urologique, thoracique, cardiaque, digestive, orthopédique, réparatrices, adulte ou pédiatrique. Photo 2 Photo 3 48 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 La génétique médicale, l’immunologie, les biostatistiques, informatique médicale, et techniques de communication, la biochimie et biologie moléculaire sont autant de spécialités qui naîtront au cours de ces cinquante "glorieuses" de la médecine en France, en lien avec la poussée formidable de la technologie, et dans l’application rapide des découvertes des sciences fondamentales et de la recherche scientifique. Nous savons tous que cet essor n’a pu exister qu’avec la mise en œuvre de cette grande loi hospitalière créant les CH et U, avec le temps plein hospitalier, auquel tous les professeurs, progressivement, dans le cours des années 60 vont adhérer. 3. Les moteurs des progrès tiennent du développement des techniques scientifiques, aux voyages et aux échanges. Les voyages forment la jeunesse … et aident à la diffusion des connaissances. Mon professeur d’histoire de première au lycée nous accueillit martialement en demandant immédiatement une minute de silence pour … la création de la motocyclette, qui allait permettre les mariages inter-villages, luttant ainsi contre une endogamie jusqu’alors trop répandue dans notre bon pays de France. D’autres raisons guidaient nos aînés dans l’organisation de leurs voyages : l’essor de la médecine française, et surtout marseillaise, en fertilisant leur esprit à la rencontre des autres. Loin de tout esprit d’exhaustivité, nous allons tenter d’illustrer par l’exemple le propos. Comment s’y prendre ? Interroger les impétrants, c’est déjà souvent trop tard. Interroger des élèves est plus riche et varié, permettant des recoupements, et des analyses cocasses : tous n’ont pas la même analyse des motifs et résultats d’expéditions lointaines de leur grand maître. Retrouver des monographies sur le sujet a été un grand bonheur, mais on va le voir bien rare. On peut s’essayer à la recherche bibliographique, c’est vite fastidieux. Il faut citer en premier les découvertes, les grandes premières. Je pense à l’électroencéphalographie, à la greffe cardiaque, … Alors quelques exemples : La chirurgie pédiatrique après le Professeur Salmon se scinde en chirurgie orthopédique, et en chirurgie générale. Le Professeur Michel Carcassonne a laissé un document qui permet de trouver quelques dates importantes dans ses voyages d’étude : • Professeur Fontaine à Strasbourg créateur de la chirurgie vasculaire moderne, • Paris : Professeur Pellerin, Dr Petit (becs de lièvre) • Chicago chez le Dr Swenson. (La "Mecque" était Boston), au Children’s Memorial Hospital de Chicago en décembre 1964. Il en reviendra avec les premières couveuses pour bébés prématurés, qu’il aura toutes les peines du monde à faire franchir la douane. L’anesthésie est liée à la réanimation chirurgicale : en 1965, le Professeur Jean Bimar va étudier à Stanford l’électroencéphalographie fonctionnelle appliquée à l’hypothermie au cours des interventions de chirurgie cardiaque. Les nouvelles techniques de contrôle de l’anesthésie arrivent à Marseille comme partout en France. Elles accompagnent les progrès de chirurgie cardiaque, digestive, neurochirurgie, et l’essor de la traumatologie. A ce sujet, le Professeur François me rappelait que le premier SAMU, transport médicalisé de très haute qualité a vu le jour à Marseille, grâce aux efforts conjoints de l’hôpital CHU, des Marins Pompiers, et de la ville de Marseille. On en connaît le succès actuel. L’essor du pôle cardiovasculaire • Les premières coronarographies sont réalisées par le Docteur Lavaurs, qui était allé apprendre la technique à Cleveland, chez Mason Sones, et Donald Heffler ; en écho, le Docteur Courbier faisait les premiers pontages coronariens, à la Clinique Cantini, sous l’égide des Professeur de Vernejoul, et Jouve. • La chirurgie vasculaire faisait des progrès immenses avec le Professeur de Bakey (USA), auprès duquel le Professeur Lena apprenait la mise en place des prothèses aorto-fémorales … Ils sont nombreux ceux qui de voyages de travail, en rencontres internationales vont se forger une expérience en électrophysiologie cardiaque, en hémostase, … et je vous ai dit que je ne serai pas exhaustif. Les progrès en neurologie Le Professeur Henri Gastaut : quand a-t-il rencontré Lennox, et où ? Notre célèbre professeur de neurologie et de neurophysiologie a beaucoup voyagé. (photo3) Pendant ce temps son complice le Docteur Naquet recevait ses élèves pour les former à l’encéphalographie, et à la recherche clinique. Le Professeur Gastaut était Docteur Honoris causa des Universités de Ottawa, Liège, Bologne, Shangaï. La neurochirurgie Le Professeur Paillas rencontrait ses homologues à la PitiéSalpétrière. Ses élèves devaient découvrir l’avion : le Professeur Grisoli, la chirurgie de l’hypophyse à Monréal, le Professeur Combalbert celles des anévrysmes en Suède ; les Professeurs Cannoni, et Pellet la chirurgie des rochers et de l’angle ponto-cérébelleux aux USA, le Professeur Sedan la chirurgie de l’épilepsie à Paris, puis le Professeur Peragut la chirurgie stéréotaxique puis le gama knife à Charlotteville – USA. Pour les biologistes, c’était plus facile : ils n’abandonnaient pas des malades dans des lits. Le Professeur Aquaron m’a rappelé INFOMED Hors-série - Décembre 2008 49 qu’il avait passé un an à Boston, au Boston Biomedical Research Institute ; le Professeur Lucciani a séjourné un an en Californie. Et les autres ? qu’ils me pardonnent de ne pas les citer. Ce ne sont pas des oublis. Je veux remercier tous ceux que j’ai sollicités au téléphone ou par courrier et qui se reconnaîtront. Je remercie en particulier les Professeurs François, Ourgaud, Baille, Poncet, Montiès et Gabriel qui a passé une des premières thèses en 1958 à la Faculté. Je voulais simplement par quelques exemples dire que nous ne serions pas cette prestigieuse Faculté de Médecine en 2008 sans les efforts de formation de nos aînés. Si de nos jours les mouvements, la mobilité nous paraissent faciles, au point qu’ils sont devenus un passage obligé dans l’ascension des marches conduisant à la nomination au titre de Professeur agrégé dans toutes les disciplines médicales, ils n’en ont pas moins été difficiles, semés d’embûches dans ces temps de fondation de la médecine moderne qu’a été la deuxième partie du XXème siècle. Enfin nous avons vu que les destinations privilégiées étaient le plus souvent tournées vers l’Ouest, outre-Atlantique. Hommage soit rendu donc aux moyens de transport, depuis le Phocéen, partant à 22 heures 30 où on était parfois obligé de partager sa cabine, à l’avion depuis Marignane ou Orly. Les emplois de temps à Paris étaient souvent chargés, et il était difficile de choisir, tant l’offre était alléchante. Mais les échanges étaient fructueux. 50 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 A voyager plus souvent il faut bien avouer que nous avons perdu le charme d’antan. En conclusion provisoire, il y a fort à parier que dans cinquante ans on constatera encore des mutations considérables : les disciplines cliniques n’auront plus la même appellation, ni les mêmes champs d’action. Les Cliniciens et les Scientifiques travailleront de plus en plus ensemble. De nouvelles spécialités auront germé, et d’autres auront disparu. Nous y gagnerons j’espère pour la qualité de notre médecine : la gériatrie, l’oncologie, la greffe d’organes ou de cellules, les biothérapies, les maladies infectieuses transmissibles, l’imagerie, la thérapie génique en constituent les challenges les plus immédiats. Gageons enfin que la médecine restera humaine car humaniste. Place de la Faculté de Médecine dans l'Université de la Méditerranée Professeur Yvon BERLAND Président de l'Université de la Méditerranée O n vient de parler de la faculté de médecine de Marseille au passé et au présent prestigieux, il me revient de replacer notre faculté de médecine dans le contexte universitaire et plus précisément dans le contexte, encore aujourd’hui, de l’Université de la Méditerranée dont elle est une des douze composantes. Tout d’abord, il convient de rappeler ce qu’est l’Université de la Méditerranée dont on a évoqué le nom tout à l’heure. C’est 23.000 étudiants, 12 composantes, avec la faculté de Médecine, la faculté de Pharmacie, la faculté d’Odontologie, la faculté de Sciences, la faculté des Sciences du Sport, la faculté de Sciences Economiques et de Gestion, l’Institut Régional du Travail, l’Institut Universitaire de Technologie, le Centre d’Océanologie de Marseille, l’Ecole Supérieure d’Ingénieur de Luminy, l’Ecole de Journalisme et de Communication de Marseille, et bientôt 13 composantes puisque l’Ecole de Sages Femmes va bientôt nous rejoindre. C’est aussi 1.500 personnels, 1.200 personnels non enseignants, une formation qui offre 41 Licences, 28 Masters, 10 écoles doctorales et une recherche forte de 73 unités labellisées qui fait de notre Université, une Université qui est classée au septième rang français et dans la colonne des 10 à 20 universités de rang européen ; la première université de la région dans le classement mondial de Shanghaï et une université excellemment évaluée par les différents audits qu’elle a subis en 2007 et 2008, par l’Agence d’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur, par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et le Ministère des Finances. C’est la seule université de la région qui s’est vue attribuer les nouvelles compétences, c’est-àdire l’autonomie de gestion à partir du 1er janvier 2009 dans le cadre de la loi L.R.U. votée en août 2007 par le Parlement. Dans cette Université, la Faculté de Médecine occupe une place majeure : 40% des étudiants (ils représentaient 32 % en 2001) ; 38% des enseignants chercheurs ; 39% des unités de recherche labellisées, 35% du patrimoine avec 100.000 M 2. La Faculté de Médecine est un joyau. INFOMED Hors-série - Décembre 2008 51 Mais attention la loi L.R.U., que je viens d’évoquer, et qui a par ailleurs un certain nombre de vertus, peut mettre en difficulté la Faculté de Médecine. Le Doyen n’est plus ordonnateur secondaire de droit des recettes et des dépenses, il dépend du Président de l’Université. Les emplois hospitalouniversitaires doivent être approuvés par le Président de l’Université car comme les autres, les emplois hospitalo-universitaires sont inclus dans le plafond d’emplois fixé à l’Université qui devient autonome. Les salaires correspondants sont inclus dans la masse salariale totale déléguée à l’Université devenue autonome. Vous le voyez la Faculté de Médecine est fortement dépendante de l’Université. Alors pour ne pas casser ce joyau, il faut un pilotage adapté ; j’oserais dire un pilote adapté. Alors la Faculté de Médecine demain. La Faculté de Médecine a des partenaires naturels que sont la Faculté de Pharmacie, la Faculté d’Odontologie et bientôt l’Ecole de Sages Femmes qui sera une école interne à notre Université. D’ailleurs à partir de la rentrée universitaire prochaine, et ça été précisé par Pierre Champsaur, la première année des études de santé sera commune aux 4 filières de formation. Avec ses partenaires naturels la Faculté de médecine pourra construire son avenir au sein du pôle santé, notamment sur le campus Timone. Mais demain aussi, la Faculté de Médecine devra accompagner l’universitarisation de toutes les professions de santé dont le processus vient d’être lancé mardi à Paris par les deux ministères de tutelle - Enseignement Supérieur et Santé - et pour lequel on m’a demandé de m’investir de manière significative. Ainsi demain la Faculté de Médecine, la Faculté de Pharmacie, la Faculté d’Odontologie et l’Ecole de Sages Femmes vont être progressivement rejoints au sein de l’Université de la Méditerranée par toutes les autres formations de santé. Ayant, je pense, personnellement beaucoup contribué à cette évolution de l’universitarisation des professions de santé depuis 2002, croyez bien que Marseille ne sera pas en reste dans le lancement de ce processus que j’ai, vous l’avez compris, beaucoup appelé de mes vœux. Je peux vous rappeler d’ailleurs que c’est à la Faculté de Médecine de Marseille, au sein de l’Université de la Méditerranée, qu’a été créée une nouvelle profession de santé : celle de conseiller en génétique. Seul notre site assure cette formation en France. C’est également à la Faculté de Médecine de Marseille, au sein de l’Université de la Méditerranée, que j’ai souhaité, pour la prochaine rentrée universitaire 2009-2010, que l’on crée, en collaboration avec l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique, dont le Président est -je vous le rappelle- JeanFrançois Mattei, trois nouvelles professions, formées au niveau Master : infirmier de pratiques avancées dans le domaine de la gériatrie, de la cancérologie et de la coordination de parcours de soins. Ces trois dernières formations seront conduites en étroite collaboration avec les cadres de santé de notre CHU. 52 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 Le CHU est l’autre partenaire naturel de la Faculté de Médecine et de l’Université de la Méditerranée. La cohésion est très forte entre le CHU, la Faculté de Médecine et l’Université de la Méditerranée, et cela est particulièrement important dans un contexte où va être conduite très prochainement une réflexion sur l’avenir des CHU. Cette cohésion et ce désir d’excellence que nous partageons devraient nous permettre de nous positionner au meilleur niveau dans le cadre d’une restructuration des CHU de notre pays que l’on annonce. Et s’il y avait une sorte de "Plan Campus" des sites hospitalo-universitaires, nous devons en faire partie absolument demain. C’est aussi la réflexion qui a cours actuellement sur l’avenir des universités de notre site d’AixMarseille. Depuis mon élection à la présidence de l’Université de la Méditerranée en 2004 -et cela faisait partie de ma profession de foi- je me suis fixé un objectif : celui de fusionner les trois universités du site d’Aix-Marseille. Il faut bien le dire, mes collègues Présidents, qui sont présents aujourd’hui mais qui n’étaient pas en fonction à l’époque, il faut bien dire que les deux autres universités n’étaient pas tout à fait convaincues d’aller dans ce sens. Je pense que je n’ai cessé de recevoir des messages qui étaient des messages pour tempérer mon ardeur. J’ai tenu bon, je dirais contre vents et marées, et fort de quelques arguments percutants, aidé en cela par la loi LRU, les deux autres universités et leurs présidents actuels ont progres- sivement adhérés à cet ambitieux projet. Il est absolument indispensable que nous fusionnions nos trois universités si nous voulons représenter quelque chose sur la scène internationale. A présent le mot fusion est devenu un mot magique, tout le monde se l’approprie, j’en suis ravi car, je dois vous l’avouer, en 2004 peu de monde croyait que ce projet aboutirait. Aujourd’hui, il faut être toutefois attentif à ce que fusion ne veuille pas dire immobilisme, conservatisme, plus petit dénominateur commun, mais excellence, dynamisme, réactivité, compétitivité. J’ai également le souci qu’au nom de la fusion on ne détruise pas ce qui marche, qu’on ne détruise pas des joyaux comme la Faculté de Médecine qui est une fierté de notre ville, de notre département et de notre région. L’Université qui se verra avoir de l’ambition ne peut pas se priver de l’atout considérable qu’est la Faculté de Médecine et de son partenaire naturel, l’AP-HM. Et demain plus encore qu’aujourd’hui avec la perspective d’universitarisation de toutes les professions de santé. Alors oui, la Faculté de Médecine de Marseille, qui a en fait 78 ans, et cette Faculté de Médecine de la Timone, 50 ans, a un avenir florissant. Elle peut se suffire, vous l’avez compris, à elle-même. Mais elle peut bénéficier à l’Université qui saura, comme l’Université de la Méditerranée aujourd’hui, la valoriser. Mesdames, Messieurs, chers collègues, cette Faculté de Médecine, votre Faculté de Médecine, est un joyau que nous ont légué nos maîtres, dont un certain nombre sont dans cette salle aujourd’hui. Ces maîtres nous regardent, ne les décevons pas. Faisons ensemble que dans une période charnière de l’avenir universitaire du site d’AixMarseille, la Faculté de Médecine continue à occuper toute la place qui lui revient. Croyez bien qu’en tout état de cause, personnellement, j’y serai attentif. Je vous remercie. INFOMED Hors-série - Décembre 2008 53 54 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 Exposition du Cinquantenaire Vous trouverez dans les pages suivantes les douze panneaux réalisés pour l'exposition du Cinquantenaire par l'Association des Amis du Patrimoine Médical de Marseille avec la collaboration du Service CommunicationMultimédia de la Faculté de Médecine. Ces panneaux ont une dimension réelle de 70/100 cm. Cette exposition a été réalisée à partir des collections muséales : • de l'Association des Amis du Patrimoine Médical de Marseille, • des archives de la Faculté de Médecine, • et des documents de la Bibliothèque interuniversitaire de Médecine. s L'As ocia tion de dia s Etu nts e n Mé de de cine Mars eille INFOMED Hors-série - Décembre 2008 55 56 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 57 58 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 59 60 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 61 62 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 63 64 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 65 66 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 INFOMED Hors-série - Décembre 2008 67