Corrigé francais 2007
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Corrigé francais 2007
Une visite au pénitencier 5 10 15 20 25 30 35 40 45 Le visiteur pénitentiaire du centre de Cléricourt m'avait prévenu : « Ils ont tous fait de grosses bêtises : terrorisme, prise d’otages, hold-up. Mais en dehors de leurs heures d’atelier de menuiserie, ils ont lu certains de vos livres, et ils voudraient en parler avec vous. » J'avais donc rassemblé mon courage et pris la route pour cette descente en enfer. Ce n'était pas la première fois que j’allai en prison. Comme écrivain, s’entend, et pour m'entretenir avec ces lecteurs particulièrement attentifs, des jeunes détenus. J’avais gardé de ces visites un arrière-goût d’une âpreté insupportable. Je me souvenais notamment d’une splendide journée de juin. Après deux heures d’entretien avec des êtres humains semblables à moi, j’avais repris ma voiture en me disant : « Et maintenant on les reconduit dans leur cellule, et toi tu vas dîner dans ton jardin avec une amie. Pourquoi ? » On me confisqua mes papiers, et j’eus droit en échange à un gros jeton numéroté. On promena un détecteur de métaux sur mes vêtements. Puis des portes commandées électriquement s’ouvrirent et se refermèrent derrière moi. Je franchis des sas. J’enfilai des couloirs qui sentaient l’encaustique. Je montai des escaliers aux cages tendues de filets, « pour prévenir les tentatives de suicide », m’expliqua le gardien. Ils étaient réunis dans la chapelle, certains très jeunes en effet. Oui, ils avaient lu certains de mes livres. Ils m’avaient entendu à la radio. « Nous travaillons le bois, me dit l'un d'eux, et nous voudrions savoir comment se fait un livre. » J'évoquai mes recherches préalables, mes voyages, puis les longs mois d'artisanat solitaire à ma table (manuscrit = écrit à la main). Un livre, cela se fait comme un meuble, par ajustement patient de pièces et de morceaux. Il y faut du temps et du soin. - Oui, mais une table, une chaise, on sait à quoi ça sert. Un écrivain, c’est utile ? II fallait bien que la question fût posée. Je leur dis que la société est menacée de mort par les forces d'ordre et d'organisation qui pèsent sur elle. Tout pouvoir - politique, policier ou administratif est conservateur. Si rien ne l'équilibre, il engendrera une société bloquée, semblable à une ruche, à une fourmilière, à une termitière. Il n’y aura plus rien d’humain, c'est-à-dire d’imprévu, de créatif parmi les hommes. L'écrivain a pour fonction naturelle d’allumer par ses livres des foyers de réflexion, de contestation, de remise en cause de l'ordre établi. Inlassablement il lance des appels à la révolte, des rappels au désordre, parce qu'il n'y a rien d'humain sans création, mais toute création dérange. C'est pourquoi il est si souvent poursuivi et persécuté. Et je citai François Villon, plus souvent en prison qu'en relaxe, Germaine de Staël, défiant le pouvoir napoléonien et se refusant à écrire l'unique phrase de soumission qui lui aurait valu la faveur du tyran, Victor Hugo, exilé vingt ans sur son îlot. Et Jules Vallès, et Soljenitsyne et bien d'autres. - Il faut écrire debout, jamais à genoux. La vie est un travail qu'il faut toujours faire debout, disje enfin. L’un d’eux désigna d’un coup de menton le mince ruban rouge de ma boutonnière. - Et ça ? C’est pas de la soumission ? La Légion d’honneur ? Elle récompense, selon moi, un citoyen tranquille, qui paie ses impôts et n’incommode pas ses voisins. Mais mes livres, eux, échappent à toute récompense, comme à toute loi. Et je leur citai le mot d’Erik Satie. Ce musicien obscur et pauvre détestait le glorieux Maurice Ravel qu’il accusait de lui avoir volé sa place au soleil. Un jour Satie apprend avec stupeur qu’on a offert la croix de la Légion d’honneur à Ravel, lequel l’a refusée. « Il refuse la Légion d’honneur, dit-il, mais toute son œuvre l’accepte. » Ce qui était très injuste. Je crois cependant qu’un artiste peut accepter pour sa part tous les honneurs, à condition que son œuvre, elle, les refuse. On se sépara. Ils promirent de m'écrire. Je n'en croyais rien. Je me trompais. Ils firent mieux. Trois mois plus tard, une camionnette du pénitencier de Cléricourt s'arrêtait devant ma maison. On ouvrit les portes arrière et on en sortit un lourd pupitre de chêne massif, l'un de ces hauts meubles sur lesquels écrivaient jadis les clercs de notaires, mais aussi Balzac, Victor Hugo, Alexandre Dumas. Il sortait tout frais de l'atelier et sentait bon encore les copeaux et la cire. Un bref message l'accompagnait : « Pour écrire debout. De la part des détenus de Cléricourt ». Michel Tournier, « Écrire debout » in Le Médianoche amoureux, Gallimard, 1989. FRANCAIS 1 FRANCAIS QUESTION N°1 Ce texte est extrait : A B C D D’un roman historique D’une étude sociologique D’une autobiographie D’un reportage QUESTION N°2 Selon cet extrait, laquelle de ces affirmations est juste, ou lesquelles sont justes ? A B C D L’écrivain doit s’engager dans son œuvre L’écrivain doit s’opposer systématiquement au pouvoir en place Le travail de l’écrivain s’apparente à celui d’un artisan L’écrivain doit contribuer à la stabilité sociale QUESTION N°3 Dans le texte, les détenus : A B C D Ont compris l’essentiel du message de Michel Tournier Ont compris que Michel Tournier avait besoin d’un meuble Ont montré qu’ils avaient de l’humour Ont su exprimer leur complicité avec Michel Tournier QUESTION N°4 A propos de la Légion d’honneur, Michel Tournier pense : A B C D Qu’elle doit récompenser les écrivains Qu’elle peut récompenser les hommes que sont les écrivains Qu’elle ne peut pas récompenser des œuvres Que les écrivains se doivent de la refuser FRANCAIS 2 QUESTION N°5 L’auteur affirme qu’« il faut écrire debout » (l. 33) : A B C D Parce que c’est une tradition issue des plus grands auteurs Parce que c’est plus confortable d’utiliser un meuble adapté Parce que c’est le seul moyen d’écrire des textes de qualité Parce que l’écrivain ne doit se soumettre ni à l’ordre établi ni à l’opinion QUESTION N°6 Selon l’auteur, sans la réflexion suscitée par les écrivains : A B C D La société sombrerait dans le désordre La société deviendrait inhumaine Les inégalités s’aggraveraient Les hommes se comporteraient avec bestialité QUESTION N°7 A la ligne 12, l’auteur enfile «des couloirs qui sentaient l’encaustique », à la ligne 48, il reçoit un pupitre qui « sentait bon encore les copeaux et la cire » : A B C A travers ces deux expressions, l’auteur compare les couloirs et le pupitre La deuxième expression comporte une connotation moins positive que la première Le rapprochement de ces deux expressions montre une évolution des sentiments de l’auteur entre le début et la fin de l’histoire QUESTION N°8 A la ligne 13, « pour prévenir les tentatives de suicide » est entre guillemets : A B C D Parce que l’auteur veut rapporter les propos du gardien avec exactitude Parce que l’auteur veut marquer son désaccord avec le gardien Parce qu’il s’agit d’une citation Parce que les propos appartiennent au passé QUESTION N°9 Les deux phrases «Oui, ils avaient lu certains de mes livres. Ils m’avaient entendu à la radio.» (l. 15-16) : A B C D Sont au discours direct Sont au discours indirect Sont au discours indirect libre Sont du discours narrativisé FRANCAIS 3 QUESTION N°10 Dans la parenthèse de la ligne 19 : A B C D L’auteur fait un aparté L’auteur donne l’étymologie d’un mot L’auteur évoque le travail de l’écrivain L’auteur explique l’emploi du mot « table » QUESTION N°11 La phrase « Et maintenant on les reconduit dans leur cellule, et toi tu vas dîner dans ton jardin avec une amie. Pourquoi ? » (l. 8-9) : A B C D Marque une opposition entre le sort des détenus et celui de l’auteur Montre que Michel Tournier se réjouit d’être libre Est un monologue intérieur Pose une question rhétorique QUESTION N°12 Dans l’expression «avec des êtres humains semblables à moi» (l. 7-8), l’auteur : A B C D Signifie que lui aussi pourrait devenir un criminel comme eux Admet que les détenus sont des êtres humains, certes, mais pas des hommes, à cause de leurs crimes Prend conscience que les détenus et lui-même sont fondamentalement semblables Regrette que les détenus soient en prison alors que ce sont des êtres humains QUESTION N°13 L’expression « me dit l’un d’eux » (l. 17) est : A B C D Une proposition subordonnée Une proposition incise Une proposition relative Une proposition complétive QUESTION N°14 Dans la phrase, « Je leur dis que la société est menacée » (l. 22), leur est : A B C D Un pronom personnel Un pronom possessif Un adjectif possessif Un pronom réfléchi FRANCAIS 4 QUESTION N°15 Dans l’expression « la question fût posée » (l. 22), le verbe est conjugué au : A B C D Subjonctif imparfait voix passive Subjonctif imparfait voix active Subjonctif plus-que-parfait voix active Subjonctif plus-que-parfait voix passive QUESTION N°16 Dans la tournure « Je n’en croyais rien. Je me trompais. » (l. 44), le rapport logique est : A B C D La cause La conséquence La concession L’opposition QUESTION N°17 A la ligne 29, « persécuté » A B C D Est synonyme de « poursuivi » Appartient à une tournure passive Appartient à la même famille que le mot « percussion » A la même étymologie latine que « poursuivi » QUESTION N°18 François VILLON (l. 29) est : A B C D Un dramaturge du XVe siècle Un dramaturge du XIXe siècle Un poète français du XVe siècle Un poète français du XIXe siècle QUESTION N°19 La figure de style « allumer par ses livres des foyers de réflexion » (l. 26) est : A B C D Une image Une anaphore Une métaphore Une anacoluthe FRANCAIS 5 QUESTION N°20 A la ligne 40, « qu’ » : A B C D Est une conjonction de subordination et introduit une subordonnée complétive Est un pronom relatif qui a pour antécédent « musicien » Est un pronom relatif complément d’objet direct du verbe « accusait » Est une conjonction de subordination qui a pour antécédent le nom « Maurice Ravel » QUESTION SUPPRIMEE FRANCAIS 6