A3 – Mur en pierre brute hourdée

Transcription

A3 – Mur en pierre brute hourdée
Arts de bâtir:
A3 – Mur en pierre brute hourdée
Pays:
Espace Méditerranéen
PRÉSENTATION
Emprise Géographique
Définition
Mur en pierre brute hourdée
- Pas ou très peu d'intervention de taille.
- Forme: aléatoire jusqu'à pseudo
quadrangulaire
- Origine: carrière, épierrement, torrent de
montagne
- Appareil: non assisé et non réglé jusqu'à
pseudo assisé (selon la forme et la régularité
du matériau brut)
- Pose: à bain soufflant avec ou sans calage
des gros éléments, avec ou sans bourrage
des joints par des petits éléments.
Milieu
Dans l’espace MEDA, à quelques exceptions près, on constate qu’on utilise la pierre brute hourdée dans tous les milieux : rural, urbain, en plaine,
en montagne et en bord de mer. Sa présence est courante partout.
Des variantes de cette technique associant des systèmes plus ou moins sophistiqués de chaînage en bois ou en briques ont été décrites par
l’Algérie, l’Egypte, la Grèce, le Maroc, la Tunisie et la Turquie.
Illustrations
Vues générales :
Vues de détail :
Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprim ées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres.
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PRINCIPE CONSTRUCTIF
F o n d a t i o ns
Illustrations
La recherche du « bon sol » est un préalable pour le constructeur.
Si la roche affleure, le mur prend directement appui dessus. Sinon, tous les pays creusent
une fouille en rigole d’une profondeur variant de 30 cm minimum à exceptionnellement
120 cm maximum ; la moyenne se situant entre 50 et 70 cm.
Trois points caractérisent la maçonnerie de fondation : 1. sa largeur qui peut être égale à
l’épaisseur du mur en élévation ; elle est cependant assez couramment supérieure d’une
vingtaine de cm ; 2. le type de matériaux qui la constituent ; 3. la hauteur du mur de fondation
qui, quand le niveau du sol est inégal, peut être élevé en soubassement pouvant dépasser le
mètre.
Les matériaux qui garnissent la tranchée de fondation sont toujours pierreux : des pierres
concassées ou cailloux, pierres plates, galets jusqu’aux moellons bruts à presque
parfaitement équarris pouvant atteindre 40 cm de côté. La nature des pierres utilisées en
fondation est parfois volontairement différente de celle des pierres employées pour le mur en
élévation (pierres plus dures, plus régulières, moins poreuses…).
Ces matériaux sont le plus souvent liés au mortier de chaux bien dosé, au mortier de terre
tout venant ou mixte terre + chaux. Un mortier de plâtre est renseigné par l’Algérie et la
Tunisie.
De manière générale, la description des systèmes de fondation mis en œuvre
traditionnellement par l’ensemble des pays reflète la nécessité d’assurer à la construction une
assise stable répartissant sa charge sur le sol naturel de la manière la plus adéquate et la
plus économique possible.
Matériaux constructifs
Nature -Dureté
Dans l’espace MEDA, pour construire en pierre brute hourdée, on emploie tous les types de
pierre y compris celles qui se délitent (notamment les schistes).
Le calcaire est la pierre par excellence dans l’ensemble des pays. Sa dureté varie de 2-3
(pour le « Toub » tunisien par ex.) à 8-9 à Chypre. (En l’absence de norme commune sur la
dureté, on a considéré une échelle de 1 à 10 comme suit : craie = 1, marbre = 7 à 8, granite =
10).
Après le calcaire, on trouve le grès, le schiste, le basalte, le granite et les galets de torrents.
Pour les chaînages horizontaux en bois, on utilise selon les disponibilités, le chêne, le cèdre,
le châtaignier, le pin d’Alep et le palmier mais aussi le genévrier et l’abricotier.
Modules
La pierre brute a comme caractéristique principale de se présenter sous toutes les formes
possibles : irrégulières à presque régulières. Toutes les dimensions sont donc rencontrées.
Ainsi, dans l’espace MEDA, selon la nature des pierres disponibles localement, la longueur
des blocs varie de 10 à 50/55 cm, leur hauteur d’assise, de 2 à 25 cm et leur profondeur, de
10 à 35/40 cm. Les moellons bruts ou équarris se distinguent notamment des pierres
taillées/dressées 6 faces par le fait qu’ils doivent être manipulés par un homme sans moyen
de levage. Quand les pierres extraites de la carrière sont trop grosses et donc trop lourdes,
elles sont simplement recassées à la pioche ou au pic de carrière.
Selon les essences de bois employées, les pièces formant chaînage sont courtes ou longues
(de 50 cm à 2,50 m maximum), brutes ou équarries, de sections comprises (pour celles
renseignées) entre 5 et 12 cm.
Principe constructif : Fondations, épaisseur,
liaisonnement, matériaux, modules,
hourdage, chaînage, armature bois …
Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprim ées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres.
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PRINCIPE CONSTRUCTIF (suite)
Hourdage
Illustrations
Mise en œuvre
Dans l’espace MEDA, la composition des mortiers de hourdage rencontrés pour les murs en
pierre brute est :
- chaux + sable. A ce mélange, on ajoute couramment un deuxième, troisième voire
quatrième agrégat inerte : gravier, tuileau, déchets de pierre, cendres
- chaux + terre (+ éventuellement sable)
- terre + paille
- terre seule
En Algérie et en Tunisie, on utilise localement du plâtre traditionnel seul (+ quelquefois sable)
Liant - Nature
Dans l’espace MEDA, les deux liants traditionnels intervenant dans la composition des
mortiers de hourdage des pierres brutes sont la terre et la chaux.
En Algérie (dans le M’Zab) et en Tunisie (dans la région de Nefzaoua), le plâtre est utilisé
traditionnellement comme liant.
Mise en œuvre : Vue générale
Agrégat - Nature
Dans l’espace MEDA, les agrégats entrant traditionnellement dans la composition des
mortiers de hourdage des pierres brutes sont : le sable, le gravier, le tuileau, les déchets de
pierre, la paille grossièrement ou finement hachée et parfois la terre. Exceptionnellement, on
trouve des cendres.
Agrégat - Granulométrie
La granulométrie des agrégats cités varie selon leur nature de 0-3 à 0-12 mm.
Dosage
Dans l’espace MEDA, pour les maçonneries en pierre brute, les mortiers de hourdage à base
de chaux sont tout aussi fréquents que ceux à base de terre.
La notion de volume de mortier utilisé pour ce type de maçonnerie est importante. Selon que
les pierres présentent des formes quasi régulières ou très irrégulières, la consommation en
mortier de hourdage peut respectivement varier de 4 à 25% du volume de la maçonnerie
voire à 50%, en Egypte, dans la région de Siwa, pour les pierres de sel « Kershif ».
Dans ces cas très consommateurs, ce mortier, d’ailleurs le plus souvent à base de terre –
beaucoup plus économique – est également employé pour le jointoiement et quelquefois
même le surplus est étalé sur la maçonnerie comme enduit de protection.
Les mortiers à base de chaux sont eux amaigris par l’ajout d’agrégats moyens (sable, tuileau)
et gros (graviers, déchets de pierre, paille hachée). Ces charges inertes permettent
d’économiser le liant ; la notion d’économie étant toujours présente.
Le dosage renseigné par la plupart des pays pour le mortier de hourdage à base de chaux est
de 1 à 2 volumes de liant pour 3 à 4 volumes d’agrégats.
Le dosage du mortier de terre lorsqu’il est chargé de paille n’est pratiquement jamais précisé ;
c’est la pratique du constructeur qui le détermine naturellement.
Aspect de finition: Enduit grossier,
rejointoiement ou badigeon à la chaux…
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PRINCIPE CONSTRUCTIF (suite)
Epaisseur et dimensions
Dans l’espace MEDA, les murs en pierre brute hourdée sont à simple ou à double épaisseur suivant la longueur des moellons disponibles
localement et transportables manuellement.
Pour les murs à simple épaisseur, soit un seul rang d’éléments parpaings forme les deux parements, soit des moellons posés en boutisse
assurent le liaisonnement de la maçonnerie à deux rangs.
Dans ce cas, les épaisseurs renseignées varient de 30 cm minimum à 50/55 cm maximum.
Pour les murs à double épaisseur, les deux parements sont liaisonnés par un remplissage intermédiaire composé d’un mélange d’un mortier
grossier et de déchets de pierre.
L’introduction de chaînages horizontaux en bois tout comme ceux en briques (moins fréquents), régulièrement répartis dans la maçonnerie,
améliore les performances constructives du mur. Ces dispositifs de chaînage permettent à la fois :
- de compenser les formes irrégulières des moellons par des reprises d’assises ;
- de liaisonner les deux parements par des pièces transversales formant éléments parpaings ;
- d’apporter plus de cohésion et de stabilité et d’autoriser de ce fait à construire moins épais et à élever le mur plus haut ;
- d’encaisser, sans compromettre l’équilibre de la construction, les violentes sollicitations sismiques pour les régions concernées (Méditerranée
orientale).
L’épaisseur des murs à double épaisseur sans chaînage varie de 55 à 100/120 cm maximum ; avec chaînage, de 50 à 60 cm voire
exceptionnellement 100 cm.
Quand les constructions en pierre brute hourdée ont des étages, la plupart des pays renseignent un démaigrissement du mur en montant pour
limiter les descentes de charges et le dimensionner par niveau en fonction de celles qu’il reçoit du dessus.
Si la stabilité de la maçonnerie est précaire et en l’absence d’un dispositif de chaînage horizontal, la hauteur des murs est limitée à 3-4 m. Sinon,
suivant la qualité de l’appareillage et l’ingéniosité du système de chaînage horizontal, la hauteur des murs varie entre 6 et 12 m (épaisseur
maximu m à la base du mur sans chaînage = 80 à 100/120 cm, avec chaînage, 50 à 60 cm). Exceptionnellement, on rencontre des constructions
de 15 m de haut. Ces grandes hauteurs sont réservées à l’habitat en milieu urbain.
Aspect de finition
Dans l’espace MEDA, les murs en pierre brute hourdée sont soit laissés nus quand l’appareillage est très régulier, jointoyés (en creux, en relief)
ou non, soit protégés par un simple badigeon à la chaux, soit partiellement (enduit à pierre vue) ou totalement revêtus d’un enduit à la chaux, à la
terre ou de chaux + terre. Ces différents types d’enduit peuvent également être recouverts d’un badigeon à la chaux, à la terre ou organique. Ce
badigeon constitue d’ailleurs souvent la couche d’entretien de l’enduit.
Contrairement aux murs en pierre taillée équarrie ou en pierre dressée/taillée 6 faces, la décision de la finition de la maçonnerie en pierre brute
hourdée procède principalement d’une intention d’ordre fonctionnel.
Suivant la nature des pierres mises en œuvre, la qualité de l’appareillage, des essences de bois employées pour les dispositifs de chaînage
horizontaux, des mortiers de hourdage et de jointoiement, le mur en pierre brute est plus ou moins vulnérable à l’eau. Le badigeon et/ou l’enduit
assurent sa protection.
La préoccupation esthétique est ici généralement secondaire. Elle se limite souvent au choix de colorer les badigeons d’entretien.
Outils
Dans l’espace MEDA, aucun outil spécifique commun aux utilisateurs n’a été renseigné pour la mise en œuvre des murs en pierre brute hourdée.
L’outillage de base commun à tous est extrêmement simple : fil à plomb, niveau, cordeau pour la géométrie, truelles pour les mortiers, outils de
percussion pour éventuellement retoucher les moellons.
Métiers
Dans l’espace MEDA, les constructions en pierre brute hourdée sont habituellement réalisées par le maçon accompagné parfois par un tailleur de
pierre (pour les angles, linteaux, jambages) et exceptionnellement par un charpentier (pour les dispositifs de chaînage horizontaux en bois).
En milieu rural, certains pays précisent que selon la tradition locale, le futur habitant, sa famille et les villageois aident le maçon.
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PRINCIPE CONSTRUCTIF (suite)
P e r f o r m a n c e s T h e r m i q u e - Acoustique
La qualité de l’isolation thermique varie principalement en fonction de la nature des matériaux pierreux mis en œuvre et de l’épaisseur de la
maçonnerie.
Dans l’espace MEDA, l’ensemble des pays renseigne des performances thermiques satisfaisantes pour leurs constructions en pierre brute
hourdée aux murs souvent épais à l’exception des constructions en granite, basalte et autres roches compactes, médiocres isolants thermiques.
La performance idé
ale est obtenue par un matériau poreux (calcaire) combinée avec une épaisseur de mur supérieure à 60 cm (2 qualités permettant d’accumuler la
chaleur aux heures ensoleillées) et avec un fort gradient de température entre le jour et la nuit (le mur restituant aux heures froides de la nuit la
chaleur emmagasinée pendant les heures chaudes de la journée).
Cette technique de construction est également favorable à la qualité acoustique du fait de l’épaisseur des maçonneries.
Pathologie de vieillissement
Dans l’espace MEDA, les pathologies de vieillissement décrites par la plupart des pays sont liées à la fois aux matériaux employés, à la technique
de mise en œuvre et aux conditions climatiques.
Les ennemis des murs en pierre brute hourdée sont l’eau et les mouvements sismiques.
Les effets néfastes de l’eau de pluie battante mais aussi des infiltrations, des remontées capillaires (le phénomène de condensation n’étant
jamais cité par les partenaires) entraînent, quand elles existent, l’altération et le décollement des couches de protection (badigeon, enduit), la
dégradation plus ou moins grave des pierres suivant leur nature et la perte du mortier de jointoiement et de hourdage.
Des désordres structurels (fissures, décohésions ponctuelles des maçonneries,.. .) en résultent alors.
L’affaissement aux niveaux des angles est fréquent quand ceux-ci n’ont pas fait l’objet d’un traitement spécifique permettant de les consolider.
Au plan sismique, le risque principal est le cisaillement brutal. Pour éviter ou limiter ce phénomène, les pays concernés ont mis au point des
systèmes astucieux de chaînages horizontaux le plus fréquemment en bois. Ils signalent qu’en absence de protection, le bois se dégrade au fil du
temps aussi bien à l’extérieur (intempéries) qu’à l’intérieur (humidité).
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PRINCIPE CONSTRUCTIF (suite)
DESCRIPTION DE MISE EN OEUVRE
Exemple de Chypre :
Le plan est tracé au sol à l'aide de ficelles tendues soit sur des planches, soit directement par terre avec des piquets. Selon les maçons
interrogés, les angles sont faits à l'équerre, mais selon des observations personnelles, ils sont rarement droits. Le plan est tracé par les aides,
sous la surveillance du maçon.
La tranchée de fondation est ensuite creusée. Le plus souvent, c'est un homme qui tient la pioche et une femme qui enlève la terre à la pelle, en
la jetant parfois du côté intérieur pour surélever légèrement le sol de la maison.
Pour la construction d'une maison en pierre, il faut généralement deux maçons et trois aides. Il arrive très souvent qu'un maçon seul réalise ce
travail.
Les deux maçons se placent de part et d'autre du mur et élèvent chacun un parement.
La face extérieure est confiée au plus expérimenté des deux car elle doit être la plus parfaite possible.
Un des aides prépare le mortier de terre nécessaire au hourdage, les deux autres approvisionnent en pierre et en mortier.
La construction débute toujours par la mise en œuvre de deux angles alignés; les pierres d'angle sont plus grosses et mieux taillées que les
autres.
Le maçon pose ensuite une longue barre sur les pierres des deux angles pour vérifier l'horizontalité avec le niveau.
Puis, il la remplace par une ficelle qu'il tend sur les pierres d'angle, ficelle qui le guidera pour bâtir l'assise.
On tire la ficelle tous les 50 cm de haut environ et il y en a une de chaque côté pour chaque maçon.
Ce procédé est souvent visible sur le mur terminé.
Les maçons bâtissent les deux parements simultanément, et si la forme des moellons ne convient pas à l'emplacement qui se présente, ils les
retaillent avec le "MARTELLI".
Ils les calent autour avec de petites pierres; celles-ci occupant d'ailleurs parfois une place importante dans l'appareil.
Ils remplissent l'espace de séparation entre les deux parements avec un mortier composé de terre, d'éclats de taille et de cailloux.
Cette fourrure est tassée à la truelle. Cet outil permet également avec son tranchant de recouper les éclats utilisés comme cales.
Le mortier de fourrure ne doit pas déborder entre les lits, ni apparaître sur les faces du mur.
La verticalité du mur est vérifiée au fil à plomb.
Les murs sont montés jusqu'à la hauteur des planchers.
Les percements pour les portes et les fenêtres sont réalisés en utilisant l'équerre.
Ces baies sont couvertes de linteaux en bois ou en pierre.
Les échafaudages sont élevés au fur et à mesure de la construction. A peu près toutes les trois assises (1,50 m environ), on laisse entre les
moellons une série de trous qui traversent totalement le mur. On y enfonce des pièces de bois (boulins) qui dépassent largement de chaque côté
et sur lesquelles on pose les planches qui servent d'échafaudage, le maçon a avec lui les moellons, le seau de mortier, le "MARTELLI", la truelle
et le fil à plomb.
Lorsque la maison est terminée, on enlève les boulins; les trous restants parfois visibles du côté extérieur.A l'intérieur, ils disparaissent sous
l'enduit de revêtement dans les pièces où on vit ou restent apparents dans les annexes.
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OUVRAGES ASSOCIÉS
Angles et piliers
Illustrations
Angles : Traitement possible dans la technique, en utilisant les mêmes matériaux
Dans l’espace MEDA, on peut observer dans tous les pays des angles construits comme le
courant du mur ce qui entraîne d’ailleurs à ce niveau, pour la technique des pierres brutes
hourdées sans système de chaînage horizontal, des désordres structurels spécifiques.
On constate cependant que le plus souvent les constructeurs se préoccupent de la stabilité de
cet endroit de la construction particulièrement sollicité que sont les angles.
Le traitement le plus couramment cité est le chaînage vertical réalisé au moyen de pierres de
plus grandes dimensions, taillées plus soigneusement pour leur assurer une meilleure assise
et comportant une arête plus ou moins vive pour marquer l’angle droit. Une pierre de même
ou d’une autre nature que celle des murs mais plus dure est quelquefois employée.
Des éléments décoratifs (colonnette, pierre sculptée,…) y sont parfois intégrés.
Le dispositif de chaînage horizontal en bois, lorsqu’il existe, comporte toujours un système de
renforcement aux angles variant suivant la tradition locale de mise en œuvre.
En milieu urbain, il est fréquent que les angles des murs de rez -de-chaussée soient
chanfreinés à 45° ou arrondis de manière à faciliter la circulation dans les ruelles très étroites.
Piliers : Traitement possible dans la technique, en utilisant les mêmes matériaux
Dans l’espace MEDA, la plupart des pays construisent des piliers avec la technique de la
pierre brute hourdée. Ils insistent tous sur la nécessité de sélectionner les pierres aux lits
d’assise les plus réguliers possible afin d’obtenir une maçonnerie homogène, ne nécessitant
pas trop de mortier de hourdage, résistante à la compression.
Les piliers sont carrés, rectangulaires ou cylindriques, toujours en pleine pierre, quelquefois
avec alternance de lits de brique.
La Baie et son encadrement
Linteaux et arcs
Dans l’espace MEDA, dans les constructions en pierre brute hourdée, on rencontre plusieurs
types de linteau :
- simple : unique pièce de bois brute ou équarrie, branches ou tronçons de tronc coupés en
deux juxtaposés en longueur, pierre monolithe allant de la simple pierre plate pour les petites
ouvertures à la pierre soigneusement taillée parfois même moulurée ou sculptée. Il franchit la
largeur de la baie et s’appuie sur les jambages ;
- fractionné : arc appareillé en pierre ou en briques.
Le linteau peut être surmonté d’une décharge en arc (exceptionnellement en bâtière) le plus
fréquemment composée de plusieurs éléments en pierre, moins souvent en briques cuites ou
crues (à Chypre par exemple) qui reportent les charges supérieures sur les jambages.
Pratiquement, chaque pays exploite trois solutions : le linteau d’une seule pièce (pierre ou
bois), avec ou sans décharge, l’arc en éléments fractionnés, courbe ou plat.
Dans le milieu rural, le linteau en bois est dominant. Il peut être en frêne, en palmier (en
raison de sa texture fibreuse et de sa faible résistance, sa portée est cependant limitée à +/2 m), en cèdre.
Angles
La Baie et son encadrement
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OUVRAGES ASSOCIÉS (Suite)
L a B a i e e t s o n e n c a dr e m e n t
Illustrations
Jambages
Dans l’espace MEDA, les jambages sont le plus couramment montés dans le cours du mur,
avec le même matériau et la même technique. Les moellons employés peuvent cependant
être de plus grandes dimensions et de forme plus régulière.
Quelques pays réalisent les jambages en un ou plusieurs éléments en pierre équarrie ou
taillée parfois moulurée ou sculptée. Dans ce cas, ils supportent généralement un linteau
monolithe en pierre ou en bois. Des jambages en briques sont décrits et illustrés par le Maroc
et la Tunisie.
La Grèce et la Turquie précisent que lorsqu’un chaînage horizontal en bois existe, les
jambages sont constitués par deux pièces de bois équarries reliées perpendiculairement aux
éléments longitudinaux du chaînage qui font office de linteau en partie supérieure et de seuil,
en partie inférieure.
Appuis
Dans l’espace MEDA, les appuis non saillants sont les plus communément observés. Les
appuis saillants sont plus rares. Peu de précisions en ce qui concerne les matériaux utilisés :
le bois en planche ou en pièce équarrie, la pierre taillée parfois moulurée.
Dimensions
Dans l’espace MEDA, le percement des baies se présente le plus souvent sous forme d’un
rectangle vertical. De multiple ouvertures en arc en plein cintre, outrepassé, surhaussé,
polylobé enrichissent la composition des façades extérieures et intérieures (principalement au
Maroc, en Tunisie, en Algérie et dans le sud de l’Espagne).
Les dimensions de ces percements varient en largeur de 10 cm minimum à 2,50 m maximum
voire 3 m exceptionnellement et en hauteur, de 30 cm à 2,50 m maximum. Les petites
ouvertures faisant office de système de ventilation sont parfois réalisées de manière à obtenir
un effet décoratif dans l’appareillage de la maçonnerie (en Algérie, par exemple).
Eléments associés
Dans l’espace MEDA, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et la Turquie nous décrivent des volumes
en encorbellement accrochés aux façades.
Des balcons, parfois ajouts tardifs, des galeries de circulation au 1er étage des habitations,
des dépassements de troncs supports de plancher ou de toiture, des gargouilles en palmier
au travers des acrotères sont les principaux éléments associés cités par les pays partenaires.
La Baie et son encadrement
L i a i s o n m u r -t o i t u r e
Dans l’espace MEDA, de manière générale, lorsque la toiture est à versants, les murs
gouttereaux en pierre brute hourdée sont protégés par le dépassement de longueur variable
de la toiture (chevrons, planches en bois supportant le matériau de couverture).
Presque partout, on signale des pierres plates, des moellons ou des briques cuites posés en
encorbellement sur la tête des murs.
Pour les toitures plates, soit le mur se prolonge par un acrotère plus ou moins haut, ajouré ou
non, clôturant ainsi la toiture-terrasse, soit l’enduit de protection de la toiture retombe sur la
partie supérieure des murs extérieurs, soit un système permettant d’éloigner l’eau de pluie
des murs est mis en place (branchages au Maroc, par exemple). La bonne évacuation de
l’eau de pluie est une préoccupation générale pour la protection des murs en pierre brute
hourdée comme d’ailleurs pour toutes les techniques de construction vulnérable à l’eau.
Eléments associés : arche, encorbellement
Liaison mur - toiture
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USAGE, EVOLUTION ET TRANSFORMATION
Usage
Types de bâtiments
Dans l’espace MEDA, la technique de la pierre hourdée avec ou sans chaînage horizontal en bois ou en briques est utilisée partout
principalement pour les bâtiments d’habitation et leurs annexes mais aussi pour les édifices publics ou religieux.
Période d’apparition de la technique / Période d’emploi de la technique – Usage contemporain ou disparu
Dans l’espace MEDA, la technique de la pierre brute hourdée remonte partout aux temps immémoriaux.
Son usage est très nettement en voie de disparition sinon totalement disparu dans quelques pays. La technique traditionnelle reste néanmoins
utilisée dans certains pays, en milieu rural exclusivement et de manière générale pour la restauration des édifices anciens.
Raisons de la disparition ou de la modification de la technique
Dans l’espace MEDA, les motifs évoqués pour la disparition de la technique de la pierre brute hourdée sont le plus fréquemment :
- l’apparition de nouveaux matériaux jugés plus performants au niveau de leur mise en œuvre ;
- un coût élevé de la main d’œuvre qualifiée qui, peu sollicitée, se raréfie entraînant dans ce processus la disparition du savoir-faire, tant du point
de vue de la technique de construction que de celui de l’entretien.
Les chaînages horizontaux en bois ou en briques sont remplacés par des ossatures en béton armé.
Evolution / Transformation
Les matériaux
Les moellons bruts sont remplacés, sur les circuits commerciaux, par les blocs agglomérés coulés (parpaings de ciment, de béton cellulaire, de
terre cuite). Ils sont de modules identiques avec des pièces spécifiques pour les traitements d'angle, linteaux et autres particularismes. Ils sont
assemblés sur un rang de largeur variable avec des raidisseurs en béton armé.
Les aspects techniques
Peu d'outillage pour la mise en œuvre. Actuellement, moyens mécaniques supplémentaires pour la manutention, l'approvisionnement (transport,
levage) et le gâchage du mortier par bétonnière. La méthode de pose des matériaux modernes est semblable à la différence près qu'elle se
réalise sur un rang et non deux rangs liaisonnés.
Evaluation des matériaux et des techniques de remplacement
- Fiables pour la conservation de structure si les matériaux utilisés sont en mesure de supporter les charges. Les résistances varient selon les
types de matériaux (ciment / terre cuite / béton cellulaire), largeurs, creux ou pleins. Pareil pour la transformation.
- Le coût économique est largement inférieur à la maçonnerie de moellons équarris et bruts.
- Selon les matériaux choisis, on a des différences importantes en ce qui concerne les pouvoirs d'isolation thermique. Pareil avec les largeurs.
Possibilité de mettre en œuvre en même temps l'isolation thermique.
- Au niv eau esthétique problème d'épaisseur à respecter : le bâti ancien est supérieur ou égal à 0,60 mm et c'est visible dans les percements
(baies et portes)
Sur le bâti ancien, la technique de remplacement par des blocs modernes ne peut fonctionner que si la maçonnerie est ensuite enduite.
Sur la construction neuve, en particulier l'habitat individuel pavillonnaire, ces techniques de remplacement sont les plus pratiquées.
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