Hautsfaits de cuysineà l`Auberge de l`Abbaye de Montheron
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Hautsfaits de cuysineà l`Auberge de l`Abbaye de Montheron
II AtrIum LausaNNe, le 22 février 2012 H et GH No 4 Dans ce numéro + Revue de + pResse N 4 o Page II Pique-niqueurs malvenus Manger ou pique-niquer: faut-il choisir? C’est là le cœur d’une bisbille qui a opposé des pique-niqueurs à l’aubergiste du Col de Soud sur les hauts de Villars. Premier acte: un groupe de neuf randonneurs demande s’il est possible de consommer un potage et pique-niquer en même temps. Le pique-nique n’étant pas autorisé dans l’établissement, les promeneurs décident alors de «dîner dehors». Deuxième acte: un peu plus tard, «ils remontent à l’auberge pour y prendre un café». Commentaire d’une des randonneuses: «On nous a répondu que soit on mangeait au resto, soit on ne nous servirait aucune boisson. L’auberge est petite, mais il y avait quatre tables de libre!» Des tables qui selon la gérante «étaient réservées». Conclusion du président de GastroVaud interrogé par le quotidien vaudois: «Par les temps qui courent, on a besoin de chaque client. Mais on peut comprendre qu’une petite enseigne privilégie les personnes qui consomment davantage.» AtrIum HAuts «fAits de cuysine» à MontHeron L’Auberge de l’Abbaye surfe sur la vague médiévale avec une soirée gastronomique plus pédagogique que carnavalesque ACtuEL III le poivrier d’ArGent côté Genevois Pour la première fois, la sélection du candidat officiel au concours romand et tessinois des apprentis s’est faite en public rICHEmONt IV tout sAvoir sur les GlAces Crème glacée, sorbet, semifreddo: au fond, de quoi parle-t-on? Le point sur une douceur dont les Suisses sont gourmands mOsAïquE VIII VIII lA sAGA des jelly Belly La «véritable fève de gelée des gourmets» suscite la passion depuis plus de quarante ans. Retour sur une success story multicolore à lire Des «Accords gourmands» du terroir romand sélectionnés par Alexandre Truffer, et la fabuleuse collection Coca-Cola de Jean-Louis Foucqueteau CAHIEr ALLEmAND 2 die BedeutunG des WeltWirtscHAftsforuMs (Wef) für die Hotellerie Interview mit Raphael Herzog 3 dAs scHokolAdenlAnd scHWeiz erHält zWei neue Messen Genuss und Weiterbildung in Zürich und Genf 3 der Beste kAffeekünstler der scHWeiz Philipp Meier verrät das Geheimnis seines Erfolgs 4 pro und contrA 5 Meuterei AM zApfHAHn 5 uMsAtz der scHWeizer scHokolAdeproduzenten GescHMolzen Begrenzung von Zweitwohnungen: Schaden oder Nutzen für den Tourismus? Der Kampf der Wirte gegen Feldschlösschen Der Hunger auf Schokolade nimmt ab 6 sAWiris’ AnderMAtt-projekt 9 rückscHAu Auf die interGAstrA 10 Der aktuelle Stand Stuttgart wird zur Hauptstadt der professionellen Gastgeber ökoHotel in den Alpen BeWäHrt sicH «Muottas Muragl» zieht Bilanz 11 indien und die scHWeiz 12 ein strenG GeHüteter scHAtz 13 AvAntGArdekücHe in MAdrid 14 keine AnGst vor deM Grossen tAG Liebe auf den ersten Blick Der Gletscherwein von Grimentz Kongress der Gastronomie-Elite Vorbereitungskurse für das Qualifikationsverfahren Dr Avec leur faste illimité, les repas de la noblesse médiévale feraient passer n’importe quel banquet contemporain pour un vulgaire pique-nique. Hauts faits de cuysine à l’Auberge de l’Abbaye de Montheron L a gastronomie médiévale a le vent en poupe, cales et aux épices récoltées dans les zones méPhilippe Ligron et Romano Hasenauer ridionales du Duché de Savoie, ou importées peuvent le confirmer. Le premier, chef de cui- d’Orient. «On veut l’authenticité, sans le côté carnaval, sine passionné d’histoire culinaire et enseignant à l’Ecole hôtelière, a fait salle comble précise Ligron. Les plats seront expliqués, c’est il y a peu avec sa conférence sur le sujet; le se- important d’en donner la clé, de faire du sens.» cond, restaurateur patron de l’Auberge de l’Ab- Un souci qui a poussé le chef à se rendre au Châbaye de Montheron, refusait du monde «à la teau de Ripaille, demeure du Duc de Savoie, pour pelle» lors d’une soirée «menu médiéval» orga- s’imprégner de son ambiance; quant au patron nisée en septembre dans son établissement. Un du restaurant de Montheron, il a pris contact repas au menu concocté par... Philippe Ligron. avec le Musée cantonal d’archéologie: dès le 8 Les deux complices, logiquement, remettent mars, une collection d’objets retrouvés lors des donc le couvert pour un menu agendé le 8 mars fouilles entreprises sur le site joratien sera exposée dans les murs du restaurant. à Montheron. Reste que dans l’assiette – pardon Le repas proposé s’inspire du Fait le tailloir – l’authenticité est préciséde cuysine, écrit en 1420 par Chiquart, ment l’élément le plus difficile à garanMaître Queux d’Amédée VIII de Savoie tir. Même à l’aide d’un livre de recettes, et l’un des quelques chefs du Moyen Âge précise Ligron: «Il y a l’obstacle de la dont le savoir est consigné par écrit. Il langue; mais même traduites du vieux suivra l’ordonnancement prandial défrançais, les recettes n’indiquent soufini par les moines cisterciens (ceuxvent aucune quantité ou de proportion, là-mêmes qui fondèrent l’Abbaye de pHILIppe ou alors très fantaisiste; enfin, lorsque Montheron vers 1125): ouvre-bouches LIgRon à le plat est sur la table, mais que son ou échaudés, suivis des potaiges (plus pRopos du goût, disons, surprend, est-ce parce proches de bouillis et ragoûts que des menu: qu’on s’est trompé dans les quantités, potages contemporains), puis des rôts «On vise ou parce que les palais ont évolué en – viandes rôties et poissons sautés. Le l’authenticité six cents ans?» Les modes de cuisson, passage au sucré est initié par les des- des plats et du en outre, heurtent parfois les principes sertes, à l’étymologie transparente, déroulement, modernes de la profession: «Bouillir puis viennent les issues et enfin les sans le côté une viande superbement rôtie, puis boute-hors – des mignardises souvent carnaval» la remettre à rôtir, il faut se faire viodégustées alors que les convives étaient déjà sortis de table. En tout, le 8 mars, une ving- lence», s’amuse le chef. «Mais le bagage du cuitaine de mets aux intitulés surprenants: com- sinier est indispensable pour se dépêtrer des reminé de veal aux dattes, gravé d’écrevisses en cettes médiévales», souligne Hasenauer. Pour ça, on peut faire confiance aux deux hochepot, chaudumée, pipefarces, taillis... Servis comme alors, sur de grandes tranches de complices et au chef de cuisine du restaurant, Alexandre Rochat, pour que les convives se répain utilisées en guise d’assiette – les tailloirs. «C’est une cuisine bourgeoise du Moyen Âge galent tout en se cultivant. Certains, parmi eux, tardif», synthétise Philippe Ligron. «Moins dégusteront avec un intérêt tout particulier: connue, la cuisine paysanne était essentielle- «Plusieurs historiens de l’Université se sont anment basée sur les légumes.» La noblesse, elle, se noncés, constate Ligron avec un rien d’anxiété. régalait de viandes rôties en sauces – du moins, Pour eux, cet abord de l’histoire par la pratique officiellement, les quelque deux cent jours par est un complément à leur approche théorique.» an où l’Eglise, soucieuse de tempérance, auto- Des sessions de rattrapage seront d’ailleurs posrisait ainsi le manger gras. Des sauces pourtant sibles: «Vu la demande», confie Hasenauer, «on liées à la chapelure ou aux amandes pilées, ja- va ajouter certains des plats à la carte du restaumais au beurre ni à la graisse; les mets étaient rant, de façon permanente.» Blaise Guignard épicés, mais subtilement, grâce aux herbes lo- Poissons menacés «L’usage des fertilisants a provoqué en très peu de temps la disparition de près de 40% des espèces de corégones indigènes (appellation qui désigne plusieurs poissons tels que féra, palée ou bondelle).» Affirmation d’autant plus alarmante qu’elle résulte d’une étude publiée dans la prestigieuse revue scientifique «Nature». L’explication maintenant: «Dès 1950, l’apport excessif d’engrais agricoles ainsi que les rejets phosphatés de lessives ont dégradé de nombreux milieux aquatiques, provoquant une prolifération d’algues.» D’où un appauvrissement en oxygène dans les couches profondes de nombreux lacs. Ce phénomène ayant contraint les poissons se reproduisant en profondeur à remonter, a donné lieu à des croisements avec des espèces parentes qui occupaient déjà les lieux. Résultat: aujourd’hui les corégones ont perdu leur intégrité génétique et fonctionnelle. 580 Le CHIFFRe C’est en francs ce que coûte la pizza «Vito Corleone», selon l’idée du propriétaire d’un restaurant du quartier des Grottes à Genève pour «faire venir des gens fortunés dans ce quartier populaire». Opération réussie si l’on en croit les 20 commandes à ce jour de la pizza du nom du parrain de la mafia immortalisé par Marlon Brando au cinéma. Ingrédients: «Des tomates cerises, de la mozzarella de bufflonne, du cœur de saumon et 50 grammes de caviar.» Pour arroser tout ça, le patron propose une bouteille de champagne Cristal à 590 francs l’unité. Bon goût?