La circulation des contenus télévisuels au cœur des pratiques

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La circulation des contenus télévisuels au cœur des pratiques
La circulation des contenus télévisuels
au cœur des pratiques médiatiques. Perspective
sémio-pragmatique et héritage culturaliste
Laure Bolka-Tabary *
Université Lille III (« Charles-de-Gaulle ») & Groupe d’études et de
recherche interdisciplinaire en information et communication (GÉRIICO)
Cet article propose de dépasser la question de l’impact des études culturelles sur la réception
des contenus télévisuels. Nous souhaitons montrer qu’il est aujourd’hui nécessaire d’envisager la circularité de ces contenus et de coupler le terme de “réception” à celui d’“usage”.
La télé-réalité et sa dimension multi-support “vivace” nous conduisent à envisager le bienfondé d’une étude sémio-pragmatique héritière des études culturelles et ouverte au décloisonnement disciplinaire.
Les études culturelles sont nées d’une volonté de sortir du paradigme
dissociant les objets et pratiques culturels “nobles” de ceux considérés
comme “triviaux”, qui n’avaient alors pas leur place dans les études littéraires et les sciences sociales.
Objet entre tous emblématique de la trivialité, la télévision a retenu
l’attention de nombreux chercheurs des Cultural Studies, qui, en plus de
s’extraire de la dichotomie objet noble / objet trivial, ont ouvert des
pistes pour penser la réception télévisuelle dans un univers symbolique
regroupant un ensemble de pratiques médiatiques.
Ce courant a également permis de creuser le thème de la réception des
médias qui furent longtemps considérés comme coupables de manipulation des foules, à l’instar de l’expression de « seringue hypodermique »
formulée par Laswell 1.
*
[email protected]
1
Cette expression (« hypodermic needle ») rend compte de l’influence des medias
sur la “masse”. Cf. Lasswell, Harold. 1927. Propaganda Techniques in the World
War I, New York : Knopf, 268 pages.
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Les études culturelles et l’extension de la sémiotique
à la pragmatique
Bien que les études culturelles se soient développées parallèlement mais
sans lien véritable avec la sémiologie, les études actuellement orientées
“sémio-pragmatique” dans le champ des sciences de l’information et de
la communication semblent entretenir avec elles de proches connexions
théoriques.
L’apport des études culturelles aux questions de réception
La sémiotique n’était pas absente du courant des Cultural Studies, mais elle
se démarquait alors fortement des approches structuralistes en vogue en
France à la même époque avec le CECMAS 1. L’École de Birmingham a
prôné dès le départ une approche sociale rejetant les réductions socioculturelles.
En effet, pendant que se développait en France une sémiologie axée sur
le message, les Cultural Studies ont été à l’origine de l’ouverture d’un vaste
chantier de réflexion sur la question de la réception des médias. Dans la
lignée de l’école de Francfort 2 et du courant des Uses and Gratifications 3,
elles ont permis de dépasser le stade de la stigmatisation des médias de
masse et de mettre en évidence le rôle actif du récepteur ainsi que l’importance du contexte de réception. Hoggart 4 a développé la notion de
« résistance » du public 5. Stuart Hall 6 a distingué un décodage des
contenus télévisuels qui pouvait se montrer « dominant-hégémonique » 7,
1
2
3
4
5
6
Le “Centre d’études des communications de masse”, initié par Georges
Friedmann en 1960.
Cette école allemande, fondée en 1923, est notamment incarnée par Adorno
et Horkheimer. Elle réfléchit sur les rapports entre média et culture et est à
l’origine du concept d’“industrie culturelle”.
Courant américain des années 1970, mené par Katz, il s’intéresse aux usages
des médias et aux attentes des “consommateurs”.
Hoggart, Richard. 1970. La culture du pauvre : étude sur le style de vie des classes
populaires en Angleterre. Paris : Minuit, 420 pages (traduction de Françoise et
Jean-Claude Garcias et Jean-Claude Passeron).
Le terme de “public”, employé dans les écrits relevant des Cultural Studies,
sera ici utilisé pour aborder les théories développées par ce courant. Nous lui
préfèrerons dans notre réflexion le terme de “lecteur” qui nous semble
approprié pour rendre compte de la réception en tant qu’acte individuel.
Hall, Stuart. 1994. « Codage / décodage ». Réseaux, nº 68, pp. 27-38.
Disponible en ligne sur http://www.enssib.fr/autres-sites/reseauxcnet/68/ 02-hall.pdf
7
Op. cit., p. 37 : « La définition d’un point de vue hégémonique est qu’il définit selon ses
propres termes l’horizon mental, l’univers, des sens possibles, d’un secteur complet des
rapports dans une société ou une culture, et qu’il porte le sceau de la légitimité »
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« négocié » 1 ou encore « oppositionnel » 2. « L’élément central du modèle
“encodage–décodage” est en effet la clôture textuelle qui mène à des “lectures préférentielles” ». 3 La clôture du sens est, elle, partiellement déterminée par le
social puisque « la position sociale détermine l’accès ou le non-accès aux codes culturels nécessaires au décodage ». Les analyses de David Morley 4 l’ont amené à
observer la télévision en tant que technologie domestique intégrée dans
une dynamique familiale. L’objectif de ces chercheurs était de « prendre en
compte l’épaisseur des interactions dans les consommations médiatiques ». 5
En lien avec cette question de la “réhabilitation” du rôle actif du récepteur, il est important de souligner la légitimation par les Cultural Studies de
l’étude d’objets triviaux, parmi lesquels la télévision.
Morley soulignera en 1993 que les médias doivent être vus comme une
construction par leur public : « La polysémie du message n’exclut pas qu’il
obéisse à une structure. Les publics ne voient pas simplement dans un texte ce qu’ils
veulent y voir, dès lors il ne s’agit pas d’une fenêtre ouverte sur le monde, mais d’une
construction. » 6 Il met également en avant le rôle indiscutable du contexte
dans l’interprétation d’un message 7 et souligne « l’importance de la rencontre
entre la perspective culturaliste et la sémiologie », ainsi que « l’urgence qu’il y a de
passer d’une sémiotique formelle à une sémiotique sociale ». 8 L’approche sémiopragmatique s’avère être une approche nécessairement sociale (on la
nomme aussi “sociosémiotique”) dans la mesure où elle s’intéresse aux
effets des messages (visuels en l’occurrence) sur les lecteurs.
1
2
3
4
5
« Le décodage au sein de la version négociée renferme un mélange d’éléments adaptatifs
et oppositionnels », op. cit., p. 37
« (Le téléspectateur) détotalise le message dans le code préféré pour le retotaliser dans un
autre cadre de référence », ibid.
Op. cit., p. 38.
Morley, David. 1992. Television, Audiences and Cultural Studies. Londres :
Routledge, 325 pages.
Mattelart, Armand & Neveu, Érik, 1996. « Cultural studies’ stories. La
domestication d’une pensée sauvage ? », p. 23. Réseaux, nº 20. Disponible en
ligne sur http://www.enssib.fr/autres-sites/reseaux-cnet/80/01matte.pdf
6
7
8
Morley, David. 1993. « La réception des travaux sur la réception. Retour sur
“Le public de Nationwide” », p. 25. Hermès, nos 11-12 (« À la recherche du
public »).
« Tout message comporte (…) des éléments directifs de clôture du sens, bien qu’il puisse
susciter des interprétations différentes en fonction d’associations liées au contexte. », op. cit.,
p. 25
Op. cit., p. 37.
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La posture sémio-pragmatique
La sémio-pragmatique n’est pas une école au sens où l’est le Center for
Contemporary Cultural Studies. Il s’agit plutôt d’une approche initiée par
Peirce 1 qui permet de dépasser le structuralisme pour « intégr[er] l’effet
systémique [des] signes et l’effort nécessaire pour les interpréter dans un contexte culturel et social donné ». 2 La définition que donne Umberto Eco de l’approche
pragmatique va dans ce sens : « le signe est (…) perçu en fonction de ses origines,
et des effets qu’il a sur les destinataires, les usages que ceux-ci en font ». 3
Münch invite à mettre la dimension sémiotique de l’image et des images
« en corrélation avec les pratiques culturelles et leurs transformations ». 4 Ce dernier
postule donc, tout comme Morley la même année, la nécessité, pour
penser les images, d’une sociosémiotique, une sémiotique pragmatique :
« Une sémiotique de l’image ne sera pas une sémiotique du système mais forcément
une sémiotique systématique de formes discursives qui ne peut se concevoir indépendamment d’une sémiotique globale des systèmes culturels d’une société. » 5
Nombre de chercheurs travaillent actuellement sur les “traces” 6 du texte
en ce qu’elles conditionnent la réception. Emmanuël Souchier a développé la notion d’« image du texte » 7 pour désigner la marque de l’instance
énonciatrice dans le texte : « À des degrés divers, (les) traces ou “marques
d’énonciation éditoriale” façonnent et constituent l’identité du texte. Elles déterminent
donc les conditions de sa réception. » 8 Annette Béguin-Verbrugge s’intéresse à
la constitution des genres graphiques et au recyclage permanent des
formes : « les organisations visuelles se constituent en genres, essaiment, évoluent au
gré des sociétés qui les utilisent. » 9 Dominique Cotte et Marie Despres-
1
2
3
4
5
6
Peirce, Charles S., (1931-1958) 1978. Écrits sur le signe : textes choisis. Paris :
Seuil, 270 pages.
Beguin-Verbrugge, Annette, 2006. Images en texte, images du texte : dispositifs
graphiques et communication écrite. Lille : Presses universitaires du Septentrion,
312 pages, p. 13
Eco, Umberto, 1988. Le signe : histoire et analyse d’un concept. Bruxelles :
Éditions Labor, 1988, 281 pages, p. 41.
Münch, Beat, 1993. « L’image : construction – déconstruction », p. 165. In
Miéville, Denis (dir.). Approches sémiologiques dans les sciences humaines.
Lausanne : Payot.
Op. cit., p. 168.
Ce que Emmanuël Souchier nomme en 1998 la « livrée graphique » du texte,
ses « marques visuelles ». Cf. « L’image du texte. Pour une théorie de
l’énonciation éditoriale ». Cahiers de médiologie, nº 6, pp. 137-145. Disponible
en ligne sur http://www.mediologie.org/collection/06_mediologues/
souchier.pdf
7
8
9
Op. cit., p. 142.
Ibid.
Op. cit., p. 283.
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Lonnet se sont intéressés aux « signes passeurs » dans des travaux sur les
écrits d’écran. 1
Ces exemples, loin d’être exhaustifs, sont représentatifs d’une mouvance
qui, en France et dans la filiation de Peirce, prolonge et renouvelle les
études de réception amorcées par les Cultural Studies.
La circulation des images de télévision
Au vu des similitudes existant entre les préoccupations des études culturelles et celles des études actuelles en sémio-pragmatique, les “études de
réception” semblent devoir se diriger vers la prise en compte nécessaire
de la notion d’usage. Ainsi, il est intéressant d’observer un objet comme
la télé-réalité en terme d’usage et dans sa dimension culturelle actuelle qui
est celle de la dissémination des contenus visuels dans la sphère
médiatique.
Star Academy, objet trivial et multisupport
L’émission Star Academy fait partie du genre “télé-réalité”. Ces programmes de divertissement auxquels colle l’étiquette de “télévision populaire” ou encore de “télé-poubelle” restent encore trop largement cantonnés à des études critiques. Pourtant, la vivacité de ces contenus télévisuels, qui s’exportent dans tous les médias et touchent toutes les strates
de la société, est un élément riche pour la compréhension des pratiques
culturelles actuelles.
Depuis quelques années, la popularité de ce genre télévisuel en France,
notamment auprès du public adolescent, témoigne d’une mutation de la
télévision qui devient de plus en plus un média autocentré et glorifiant
l’anonyme. Cette télévision peut se définir comme une télévision de la
projection comme l’a été avant elle le cinéma. Proximité, familiarité et
célébrité semblent être la recette de cette réussite qui gomme toujours
plus la frontière entre le public et le privé.
Parmi tous les programmes de télé-réalité diffusés en France, Star Academy est le programme qui suscite le plus d’enthousiasme de la part du
public. Il mêle à la fois les principes clefs de la télé-réalité (isolement,
candidats anonymes filmés 22 heures sur 24, votes des téléspectateurs
par téléphone) et ceux de l’accession au statut de star de la chanson (il
s’agit d’une “école” inculquant aux élèves-candidats la danse, le chant et
le théâtre). L’émission arrive en 2006 à sa sixième saison de diffusion et
génère de multiples transferts d’images. Ceux-ci sont permis par un
1
Voir notamment Souchier, Emmanuël ; Jeanneret, Yves ; Le Marec, Joëlle
(dir.), 2003. Lire, écrire, récrire : objets, signes et pratiques des médias informatisés.
Paris : BPI.
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phénomène d’identification accru par la starification accélérée des candidats. Les images s’exposent dans la presse, et notamment la presse magazine, majoritairement à travers la presse de programmes (Télé7Jours, Télé
Star…) et la presse musicale à destination des adolescents (AJT, Star
Look, StarAc Mag…). Internet affiche également beaucoup de documents
visuels sur l’émission, non seulement par l’intermédiaire de sites officiels
ou institutionnels mais aussi et surtout par l’intermédiaire de sites associatifs, personnels ou encore de blogs et de forums.
Notre orientation épistémologique nous conduit à observer comment les
images de l’émission se transforment au contact de ces différents supports, comment la dimension pluri-médiatique, et donc pluri-sémiotique
des images est appréhendée par le lecteur, comment ce dernier reçoit et
s’approprie les images. Nous interrogeons donc la dimension sémiotique
des transferts en nous projetant – comme l’invite une position pragmatique – vers la dimension socio-affective de ces transformations sémiotiques.
À travers les processus de transferts d’images, ce sont toutes les dynamiques psychologiques et socioculturelles entourant le phénomène Star
Academy qui sont révélées. En effet, plus qu’une dynamique du passage,
l’approche sémio-pragmatique permet, à travers une approche également
cognitive des transferts, de mettre en évidence les effets des lectures
multidimensionnelles d’un même objet 1, souvent accompagnées de
comportements de collection et d’actes de manipulation des images, l’ensemble de ces pratiques étant le plus souvent lié à des phénomènes
d’identification aux candidats des émissions. Cette approche de l’objet, à
la fois attachée à la sémiologie de Barthes 2 et d’Eco et à l’étude des
contextes de production et de réception des images, semble bel et bien se
situer dans la lignée des préconisations de Morley 3.
Dans une société où les moyens de communication visuels sont démultipliés, nous sommes finalement assez rarement confrontés à une image
unique mais plutôt à une multitude de répétitions de la même image. La
complexité d’une étude plurisémiotique et multisupport en sciences de
l’information et de la communication permet d’ouvrir une brèche dans le
domaine de l’étude des messages scripto-visuels : observer la circulation
pluri-médiatique des images dans la sphère médiatique, en lien avec leurs
appropriations multiples par les lecteurs, c’est explorer le point de croisée des médias et donc dépasser l’analyse structurelle des images pour
parvenir à un véritable projet social.
1
2
3
Il s’agit d’effets concernant à la fois les téléspectateurs, les lecteurs et les
internautes.
Barthes, Roland, 1982. L’obvie et l’obtus. Paris : Seuil, 282 pages.
Voir la partie « L’apport des études culturelles aux questions de réception ».
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Vers la notion d’appropriation…
Les images des émissions de télé-réalité telle Star Academy circulent aussi
bien dans le média télévision que dans les autres médias, parmi lesquels
notamment la presse magazine et l’Internet. Les usagers des médias doivent alors faire face à un foisonnement de signes de différente nature
(images fixes et animées, texte incrusté ou non dans l’image, support
papier ou électronique, etc.). Rentre ici en compte l’importance du
contexte de réception des images mais aussi celui des pratiques sociales
de lecture (le terme de lecture, envisagé au sens large, désigne ici aussi
bien la lecture sur support papier que la lecture sur écran). L’étude des
signes doit alors se coupler à une étude psycho-sociologique des pratiques culturelles.
Le thème de l’appropriation des contenus médiatiques retient tout particulièrement notre attention. L’approche pragmatique, que nous avons définie comme héritière de l’approche culturaliste, est indissociable d’une
réflexion sur l’appropriation des transferts d’images. Nous préférons le
terme d’“appropriation” à celui de “réception” dans la mesure où il
paraît renvoyer plus nettement à un récepteur ou lecteur actif, qui agit
sur les contenus non seulement par une réception qui peut être critique
et distanciée mais surtout par une utilisation matérielle de ces mêmes
contenus. La recrudescence d’images de l’émission induite par les transferts est à relier à certains comportements addictifs des lecteurs, comportements qui passent par la manipulation des images et l’identification à
ces mêmes images.
En effet, l’étude des appropriations des images se double d’une étude des
réappropriations puisque l’image, dans un premier temps appropriée par
les médias, est ensuite réappropriée par les lecteurs. Ces derniers réinvestissent les images de sens, d’une part numériquement, en créant et contribuant à des blogs, forums et sites personnels illustrés de ces images,
d’autre part de manière tactile, en utilisant les contenus palpables des magazines à des fins de collection et d’illustration de l’espace. L’espace
concerne ici à la fois celui de la chambre et à la fois l’espace de l’objet
personnel (de type cahier ou agenda d’élève). À l’utilisation observable
des images s’ajoute la prise en compte de la manière dont le lecteur
investit les images d’un sens propre, qui est à relier à ses émotions, à sa
position sociale ou encore à ses expériences ; il s’agit là du versant sociocognitif des appropriations, domaine également mis en lumière par les
études culturelles.
Le contexte
Les études de réception “en contexte” ont été initiées par les approches
ethnographiques des Cultural Studies. Étudier la réception en contexte
sans pour autant avoir recours à l’observation participante, c’est, dans
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une démarche pragmatique, s’intéresser à « la périphérie du texte, qu’elle soit
matérielle, spatio-temporelle ou encore socioculturelle ». 1 L’étude des appropriations des images de télévision ne peut, dans une optique sociosémiotique, faire l’économie d’une réflexion de nature sémio-cognitive sur les
inférences en jeu dans les processus d’identification, les comportements
de collection et les actes de manipulation des images que révèle la multiplicité des appropriations possibles. Les inférences sont déclenchées par
les contextes de réception des images. Le contexte “d’origine” ainsi que
les contextes “de citation” de l’image agissent sur le contexte “de réception”, lui-même influencé par le support de citation ou encore le pacte
énonciatif du média 2. Les inférences vont permettre au lecteur, à partir
du contexte de citation, d’effectuer une reconstruction mentale du
contexte d’origine qui rendra possible la compréhension de l’image.
Conclusion
L’exemple du travail que nous menons sur la circulation des images de
l’émission Star Academy illustre, à travers les quelques points évoqués, la
manière dont la posture pragmatique s’inscrit dans la continuité des études amorcées par les Cultural Studies. Les emprunts aux disciplines
annexes des sciences de l’information et de la communication (sémiologie, psychologie, sociologie…) sont nombreuses et tendent également à
montrer en quoi la posture pragmatique prolonge le point de vue culturaliste selon lequel les médias participent à la construction d’un univers
symbolique.
1
2
Bolka-Tabary, Laure, 2006. « Transferts d’image à la télévision : dynamiques
répétitives et formes de réception ». Communication & langages. Nº 149,
pp. 15-27.
On ne saurait dresser ici une liste exhaustive des contextes à prendre en
compte…
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