Terres OléoPro, la marque française des huiles et protéines
Transcription
Terres OléoPro, la marque française des huiles et protéines
www.prolea.com >> Mars 2006 - numéro 66 Info s Proléa S’inform er s Temps fort Biocarburants ur la filiè re d e p.2 les a s Huile t é g é s & Protéines V Coup d’accélérateur sur le Diester Billet Repères De la graine au Diester Le Diester, une élaboration de près de 20 ans p.6 p.8 La genèse d’une filière agro-énergie Comprendre Bilan p.11 Le Diester, un atout à la fois économique et environnemental Découvrir Les métiers de Sofiprotéol p.13 Le Diester, une démarche gagnant-gagnant entre l’agriculture et la société L’année 2005 a mis en évidence la force, sur un marché mondialisé, d’une filière agricole qui a su anticiper et innover. Lorsque, dans les années 90, la filière oléagineuse s’est lancée dans la course du biocarburant Diester, elle avait pour objectif de valoriser les productions des agriculteurs en préservant leur activité alors que l’Union européenne venait d’introduire la jachère obligatoire. Aujourd’hui, ce marché en pleine croissance permet de mieux les rémunérer et de les affranchir du marché mondial très concurrentiel. Gérer le patrimoine industriel de la filière En savoir plus Diester, le secret de l’Or Vert Prolea.com A lire Agenda p.12 Xavier Beulin, Président de la FOP Avec l’engagement des Pouvoirs publics sur les biocarburants, il est clair que le Diester va continuer à assurer des débouchés conséquents pour les cultures oléagineuses. Demain, le débouché Diester aura rattrapé, voire dépassé le débouché alimentaire. Toutefois, les Pouvoirs publics doivent pérenniser les systèmes qui rendent les biocarburants viables dans leur phase de développement. La preuve est faite que les biocarburants sont un véritable levier pour l’activité économique des régions, l’aménagement du territoire, l’emploi et, bien sûr, l’environnement. Il ne faut donc pas considérer leur développement comme un sujet “agricoloagricole”. En soutenant leur croissance, le Gouvernement s’est engagé dans une démarche gagnant-gagnant avec le monde agricole et avec la société. Rappelons, en effet, que sur les trois sujets majeurs – santé-environnement, emploi, énergie –, ces nouveaux débouchés apportent des réponses concrètes et significatives. Temps fort BIOCARBURANTS Coup d’accélérateur sur le Diester Ces deux dernières années, les filières biocarburants ont profité d’un environnement politique très favorable, aux niveaux européen et français. Ce qui amène aujourd’hui la filière Diester au seuil d’une phase de développement sans précédent. e 7 septembre 2004, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, en visite à l’unité Diester de Venette, près de Compiègne, annonce un Plan français de développement des biocarburants en deux étapes. La première étape consiste à tripler d’ici 2007 la quantité de biocarburants bénéficiant d’une réduction partielle de la taxe intérieure de consommation (TIC, anciennement appelée TIPP). La deuxième étape, annoncée par Dominique de Villepin en septembre 2005, permettra de poursuivre le développement de la filière dans les années 2008-2010. Cet engagement de l’État français, qui place aujourd’hui la filière Diester dans une perspective de croissance forte, résulte, il faut le rappeler, d’une volonté européenne affirmée. L ● Un contexte international porteur La promotion des biocarburants est en effet une ambition avouée de l’Union européenne depuis son adhésion au protocole de Kyoto, en 1997, dans lequel l’UE s’est engagée à réduire, entre 2008 et 2012, ses émissions de gaz à effet de serre de 8 % par rapport à celles de 1990. Or, le protocole de Kyoto, ratifié par un nombre suffisant d’États, est entré en vigueur en février 2005... Devant ces échéances, la Commission européenne a lancé le Programme européen sur le changement climatique (PECC), afin de déterminer les mesures les plus bénéfiques et rentables sur le plan environnemental. Le constat est simple : entre1990 et 2010, les émissions de CO2 dues aux transports devraient augmenter de 50 %, le transport routier contribuant à raison de 84 % à zoom Un régime fiscal adapté Pour remplir les objectifs du plan biocarburants, l’attribution de nouveaux agréments permettant l’implantation d’unités de production et la montée en puissance des volumes produits ne suffisent pas : instaurer un régime fiscal favorable est également nécessaire. Il s’agit en premier lieu d’une exonération partielle de taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP), pour les biocarburants produits dans des unités agréées : concernant les EMHV incorporés au gazole ou au fioul domestique, cette exonération a progressivement été réduite en passant de 40 €/hl à l’origine (1992 à 1996) pour permettre le démarrage de la filière, à 2 Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006 33 €/hl dès 2004. La loi de Finances 2006 réduit cette exonération, l’amenant à 25 €/hl au 1er janvier 2006, amenant la fiscalité réelle pour les EMHV à 17 €/hl. Pour les esters éthyliques d’huiles végétales (EEHV), elle met en place une exonération partielle de 30 €/hl. Il s’agit ensuite d’inciter les opérateurs (raffineurs, grandes surfaces et indépendants) à l’incorporation de biocarburants dans le gazole et les essences, par l’instauration d’un prélèvement supplémentaire de TGAP (Taxe Générale sur les Activités Polluantes), depuis la loi de Finances 2005 : le taux de ce prélèvement est minoré, pour chaque catégorie de carburant, à concurrence de la proportion de biocarburants incorporés dans l’année civile. Le taux fixé à 1,2 % en 2005, 3 % en 2007, 5,75 % en 2010, est modifié dans la loi de Finances 2006, pour passer à 1,75 % en 2006, 3,5 % en 2007, 5,75 % en 2008, 6,25 % en 2009 et 7 % en 2010. En parallèle, le Gouvernement s’est engagé à modifier en 2006 les normes d’incorporation des biocarburants dans les carburants fossiles après avoir réalisé les essais nécessaires avec l’IFP. Le taux d’incorporation banalisé du biodiesel dans le gazole en France pourra donc passer à 10 % en volume dès la fin 2006 sachant que les Pouvoirs publics ont saisi le CEN (Comité Européen de Normalisation) pour que ce taux soit étendu au niveau européen C OUP D ’ACCÉLÉRATEUR ces émissions ! En parallèle, la croissance de la demande pétrolière mondiale, soutenue par l’explosion des besoins chinois, alimente une véritable envolée des prix du pétrole depuis 2004. La question de l’indépendance énergétique vis-à-vis de ressources pétrolières moins disponibles se repose ainsi avec force à tous les gouvernements des pays riches. ● L’UE fixe le cadre Le développement des biocarburants est donc reconnu comme une solution intéressante pour répondre à l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi pour participer à la diminution de la dépendance européenne vis-à-vis du pétrole (actuellement de 98 %) et au développement d’industries nationales créatrices d’emplois. Au sein de l’Union européenne, la promotion des biocarburants passe désormais par deux directives. D’une part, la directive 2003/30/CE prévoit que les États membres fixent des objectifs nationaux indicatifs de biocarburants mis sur le marché, avec deux valeurs de référence : l’une à 2 % de la valeur énergétique des combustibles mis sur le marché des transports pour fin 2005 ; l’autre à 5,75 % pour fin 2010. D’autre part, la directive 2003/96/CE vise à harmoniser la fiscalité sur les produits énergétiques, prévoyant en particulier la possibilité pour chaque État membre d’exonérer (ou d’appliquer des taux d’imposition réduits) les sources d’énergies renouvelables, les biocarburants, les produits d’énergie utilisés dans le cadre de projet pilotes... ● La France met les “bouchées triples” en 2004 En 2004, les directives européennes sur la promotion et la fiscalité des biocarburants ont commencé à porter leurs fruits en France. Avec l’annonce du plan Climat (22 juillet 2004), l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre est affiché clairement comme une des priorités du Gouvernement. Pour atteindre l’objectif de 2 % de biocarburants dans la consommation de carburants, le Premier ministre lance le “Plan biocarburants” à l’automne 2004, et annonce de nouveaux agréments (volumes bénéficiant d’une réduction partielle de SUR LE D IESTER Diester®, marque déposée par Sofiprotéol, est devenu un terme commun pour désigner en France, les EMHV (ester méthylique d’huile végétale), encore appelés biodiesel en Europe. Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006 3 Temps fort Face à l’enjeu que constituent notre dépendance énergétique et la lutte contre l’effet de serre, le Gouvernement appuie fortement le développement des biocarburants issus de la transformation des huiles végétales. la TIPP) pour 800 000 t de biocarburants, soit 480 000 t pour le biodiesel et 320 000 t pour la filière bioéthanol, auxquels s’ajoutent 80 000 t de biodiesel annoncés en mai 2005 pour l’unité de Sète. ● Trois nouvelles unités de Diester Des appels d’offres sont lancés début 2005, pour la construction d’unités de transformation qui permettront de tripler d’ici à 2007 la production de biocarburants. Au terme de la procédure d’attribution de ces nouveaux agréments, Diester Industrie bénéficie d’agréments pour les unités en projet à Compiègne (Oise), Le Mériot (Aube), Montoir/St-Nazaire (Loire-Atlantique), et pour l’unité en construction à Sète (Hérault), sans pour autant couvrir la totalité de la capacité de l’outil de production. Ces agréments promis pour 2007 ont néanmoins permis à Diester Industrie d’engager les investissements sur les nouvelles unités ; en particulier sur le site du Mériot qui accueillera également une nouvelle usine de trituration réalisée par Saipol et des partenaires coopératives et négociants régionaux. Mais il n’est pas question de s’arrêter en si bon chemin. Le lancement de la deuxième phase du plan biocarburants français, est lancée début septembre 2005 par le Premier ministre, Domi- repères nique de Villepin, qui laisse entendre que l’objectif serait d’atteindre un taux d’incorporation de 5,75 % de biocarburants dès 2008. L’annonce est confirmée le mardi 13 septembre 2005 au Space, le Premier ministre précisant qu’il fallait aller plus loin et atteindre 7 % en 2010 et 10 % en 2015. Pour remplir l’objectif de 5,75 % en 2008, il a lancé un appel d’offres de 1,8 Mt en novembre 2005 : ces nouveaux agréments concernent 1 335 000 t de biodiesel et 465 000 t d’éthanol. ● Accélération pour 2008 Face à l’enjeu que constituent notre dépendance énergétique et la lutte contre l’effet de serre, Diester Industrie a donc immédiatement lancé des études pour augmenter les capacités des outils existants ou en projet et répondre à ce nouvel appel d’offres. Sur la totalité des 2,3 Mt d’agréments disponibles en 2008, Diester Industrie estime pouvoir assurer la production de 1,8 Mt de Diester. C’est sur cette base que la filière a répondu aux nouveaux appels d’offres du Gouvernement. (Fin de rédaction-Février 2006) Montée en puissance prévue des volumes agréés Volumes de biocarburants agréés pour le gazole ou le fioul domestique En 2004 387 500 t Pour 2007 (plan biocarburants - vague 1) 387 500 t + 560 000 t = 947 500 t Pour 2008 (plan biocarburants vagues 1 et 2) 387 500 t + 560 000 t + 1 335 000 t = 2,3 Mt 4 Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006 C OUP D ’ACCÉLÉRATEUR Deux années clés pour le Diester Annonce publique par le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin de la mise à disposition de 80 000 tonnes d’agréments pour le projet d’implantation d’une unité d’estérification à Sète. Confirmation de cette annonce le 6 mai 2004 par le ministre de l’Agriculture Dominique Bussereau au congrès Agora Proléa. 22 juillet 2004 Lancement du Plan Climat 2004 par Serge Lepeltier, ministre de l’Écologie et du Développement Durable. 60 mesures pour prévenir le réchauffement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, concernant les secteurs des transports, l’industrie, l’habitat. Dont la promesse de remplir les objectifs européens de 5,75 % de biocarburants en 2010, permettant un gain de 7 Mt de CO2 chaque année. 13 juillet 2005 Adoption de la loi d’orientation sur l’énergie stipulant que “l’État crée notamment par l’agrément de capacités de productions nouvelles, les conditions permettant de porter, conformément à nos engagements européens, à 2 % au 31 décembre 2005 et à 5,75 % au 31 décembre 2010 la part des biocarburants et des autres carburants renouvelables dans la teneur énergétique de la quantité totale d’essence et de gazole mise en vente sur le marché national à des fins de transport.” 1er septembre 2005 À l’occasion de la conférence de presse de rentrée, le Premier ministre Dominique de Villepin annonce qu’il “souhaite que nous parvenions à porter la consommation de biocarburants à 5,75 % du total des carburants mis en vente sur le marché national à des fins de transport dès 2008”. 7 septembre 2004 Le Gouvernement français annonce le triplement de la production de biocarburants français d’ici 2007, avec lancement d’un appel d’offres pour l’attribution de 800 000 t de nouveaux agréments auxquels s’ajoutent 80 000 tonnes de biodiesel annoncés pour Sète en début d’année. 30 décembre 2004 La loi de Finances 2005 instaure une “sanction” financière pour les distributeurs d’essences et de gazole qui ne respecteraient pas les niveaux réglementaires d’incorporation de biocarburants. 2 février 2005 Le Gouvernement répartit les 800 000 t d’agréments pour 2007 entre 480 000 t pour la filière biodiesel et 320 000 t pour la filière bioéthanol. D IESTER ➠ Zoom 2004-2005 17 mars 2004 SUR LE un appel d’offres pour 1,8 Mt d’ici la fin de l’année. 18 septembre 2005 En déplacement à la finale nationale de labour organisée par les Jeunes Agriculteurs, Dominique Bussereau annonce la répartition de l’appel d’offres de 1,8 Mt entre 465 000 d’éthanol et 1 335 000 d’EMHV. 21 novembre 2005 À l’occasion d’une table ronde qui réunit le Gouvernement, les professionnels du monde agricole, des secteurs pétroliers et distributeurs, des constructeurs et équipementiers automobiles et du machinisme agricole le 21 novembre 2005, les ministres de l’Agriculture et de l’Industrie s’engagent à prendre 15 mesures permettant le développement des biocarburants en France afin d’atteindre l’objectif de 5,75% d’incorporation dans les carburants en 2008. 13 septembre 2005 En déplacement au Space, Dominique de Villepin confirme qu’il “a décidé d’avancer le développement des biocarburants en portant leur consommation à 5,75 % du total dès 2008. En 2010, nous devrons atteindre 7 % et en 2015, 10 % d’incorporation”. Il promet 25 novembre 2005 Parution des avis d’appel à candidature dans le Journal Officiel de l’UE. Cet appel à candidature est ouvert aux EMHV et une partie est également ouverte à “tout biocarburant incorporé au gazole ou au fioul domestique”. QU’EN EST-IL DE L’HUILE BRUTE ? Avec la hausse du prix du pétrole et du fioul agricole, un certain nombre d’agriculteurs se sont lancés, individuellement ou collectivement, dans la fabrication et l’utilisation d’huile végétale pure (HVP) en tant que carburant agricole. Devant l’amplification de ce phénomène, les Pouvoirs publics ont prévu au travers de la Loi d’Orientation Agricole un cadre réglementaire applicable aux huiles végétales carburants. Cependant, de nombreuses inconnues existent pour ce type d’utilisation et une étude menée par nos confrères allemands portant sur 110 tracteurs témoigne de problèmes techniques observés dans certaines conditions sur des groupes moteurs. Avant que les agriculteurs n’investissent dans cette voie sans disposer de tous les éléments techniques, économiques et juridiques permettant de faire un choix raisonné, l’ONIDOL, à la demande de la FOP, et la FNCUMA se sont associées pour conduire, avec l’ensemble des partenaires concernés (en particulier l’ADEME et l’IFP), une étude complète et globale en quatre volets. D’ici la fin de l’année, elle devra permettre d’apporter les premières réponses précises et argumentées sur les questions que se posent les agriculteurs et d’identifier les pistes d’améliorations à prospecter. Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006 5 Repères 6 Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006 DE LA GRAINE AU D IESTER Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006 7 Repères LE DIESTER, UNE ÉLABORATION DE PRÈS DE 20 ANS La genèse d’une filière agro-énergie À la fin des années quatre-vingts, la valorisation industrielle des oléagineux était encore proche du point zéro : les récoltes de colza ou de tournesol étaient alors essentiellement destinées à des utilisations alimentaires : les huiles végétales pour l’alimentation humaine, les tourteaux pour l’alimentation animale. Les producteurs ont rapidement répondu présents à l’ouverture d’un nouveau débouché, en choisissant d’implanter des graines de colza à vocation biocarburant. La filière lance la construction de l’usine de trituration de Grand-Couronne qui démarre en 1993. ’ année 1992 représente un véritable tournant dans l’évolution du contexte politique qui a poussé la filière des oléagineux vers la diversification des débouchés. En effet, à la fin des années 80, les négociations internationales du GATT opposent fortement l’Europe aux États-Unis, notamment sur le sujet de la montée en puissance des surfaces d’oléagineux alimentaires en Europe, risquant de nuire aux débouchés de la production américaine de soja. Elles se concluent en 1992 par l’accord de Blair House, qui limite les surfaces d’oléagineux alimentaires en instituant une surface maximale garantie (SMG). En parallèle, l’accord prévoit que ce système d’aides spécifiques ne doit pas permettre de dépasser une production de co-produits tourteau d’oléagineux sur la jachère à usage industriel supérieure à 1 million de tonnes équivalent tourteaux de soja – l’ensemble de ces contraintes disparaissant naturellement avec la nouvelle PAC découplée. Mais 1992 est aussi l’année de la réforme de la L 8 Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006 PAC (Politique Agricole Commune) en Europe, avec la diminution du soutien des prix agricoles à la production et la mise en place du gel obligatoire des terres (15 % des surfaces en céréales et oléoprotéagineux). ● La validation du procédé dès la fin des années quatre-vingts Au début des années 80, dans ce contexte de réforme de la PAC et de négociations internationales (GATT), la diversification des débouchés devient un objectif prioritaire de la profession agricole française. En parallèle, sous l’impulsion de la filière, l’IFP (Institut français du pétrole) et l’Ademe démarrent des études sur l’idée d’utiliser comme carburant pour moteur diesel, de l’ester de méthyle tiré d’une huile végétale. Des tests réalisés sur l’utilisation d’huile sans modification chimique ont vite démontré uneincompatibilité technique de ce produit avec les moteurs. Très rapidement, cette idée de transformer des huiles végétales produites en France en carburant G ÉRER DES FONDS D ’ INVESTISSEMENTS POUR LE BÉNÉFICE DE LA FILIÈRE LA GENÈSE D ’ UNE FILIÈRE AGRO - ÉNERGIE apparaît à la filière des oléagineux comme une chance à ne pas laisser passer : en 1985, elle engage un programme de recherche et développement qui aboutit, en 1987, à l’adaptation du premier réacteur de lipochimie pour produire de l’ester, à Compiègne. En 1989 et 1990, les premières expérimentations de cet ester méthylique d’huile végétale sur une flotte de véhicules dans une coopérative agricole et sur une flotte captive dans une collectivité locale permettent de valider définitivement le procédé et lancer la construction d’une unité industrielle de 20 000 t. L’année 1991 marque la naissance officielle du Diester et son homologation à 5 % pour une utilisation banalisée dans le gazole. ● Produire des graines Diester sur jachères Alors que les tests industriels pour transformer l’huile végétale en biocarburants s’avèrent concluants, les producteurs d’oléagineux sont immédiatement intéressés par la possibilité de produire du colza sur la jachère. La montée en puissance des surfaces de colza industriel se fait alors très rapidement, d’autant que les débouchés s’affirment, et que la culture sous contrat garantit un prix ferme proche de celui du colza alimentaire. La filière lance la construction de l’usine de trituration de Grand-Couronne qui démarre dès 1993 et à laquelle est attachée une unité d’estérification de 120 000 t en 1995. Dès la campagne de commercialisation 1995-1996, les surfaces de colza sur jachère à destination Diester dépassent les 230 000 ha ! Elles permettent d’alimenter en huile les nouvelles unités d’estérification. ● S’appuyer sur un circuit existant pour distribuer le Diester D’emblée, au vu de l’importance du marché du gazole en France, la filière oléagineuse s’est orientée vers une stratégie de mélange Diester/gazole n’exigeant aucune adaptation technique particulière des moteurs, et ce en partenariat avec les pétroliers. A chacun son métier : produire les graines, les triturer pour en obtenir des huiles végétales, transestérifier l’huile, sont des compétences propres à la filière ; la distribution de carburant, avec toute la logistique que cela impose, relève d’un métier propre à des professionnels spécialisés. Cette stratégie a conduit la filière à élaborer et mettre à disposition du monde pétrolier un produit homogène qui est ensuite incorporé au gazole, de manière banalisée à hauteur de 5 % pour le circuit grand public ou à hauteur de 30 % pour les flottes “captives” (disposant de leur propre cuve de carburant). L’acheteur du Diester est donc un pétrolier ou un distributeur de produits pétroliers : il exige à juste titre un produit de qualité, et possède tous les moyens analytiques lui permettant de contrôler si les spécifications sont respectées. C’est en effet le pétrolier qui, à la pompe, engage sa responsabilité envers le client final. L’importance du marché, la nécessaire La filière oléagineuse s’est orientée vers une stratégie de mélange Diester/gazole. zoom Le co-produit tourteau bien valorisé en alimentation animale Le produit de base utilisé pour la fabrication de Diester étant l’huile végétale, la montée en puissance prévue de la production de Diester s’accompagne de la progression des quantités de tourteaux, co-produit de la trituration d’oléagineux. Pour cela, la capacité de l’outil industriel français s’adapte et devra atteindre une capacité de trituration de 5 à 5,5 Mt de graines en 2007-2008 (contre 3,3 Mt en 2004). La production de tourteaux de colza et tournesol sur le territoire national dépassera alors 3 Mt. Le tourteau de colza est une source de protéines de qualité en alimentation animale. En 2003, le marché de l’alimentation animale française en a ainsi absorbé 1 Mt, soit 15 % de la consommation française de tourteaux d’oléagineux. La production supplémentaire pourrait donc venir concurrencer l’incorporation de tourteaux de soja, dont 75 % sont aujourd’hui importés. Les tests réalisés par l’Institut de l’Élevage montrent en effet qu’il est simple de substituer 1 kg de soja par 1,5 kg de colza dans l’alimentation des bovins (vaches laitières et taurillons) : les avantages sont même significatifs en termes de qualité nutritionnelle de l’aliment (équilibre en acides aminés, richesse en minéraux), la qualité du lait (taux butyreux réduit, taux protéique amélioré) et de ses produits dérivés (beurre, fromage). L’Onidol travaille activement, avec l’aide du Céréopa (Centre d’étude et de recherche sur l’économie et l’organisation des productions animales) et de l’Institut de l’Elevage sur l’incorporation du tourteau de colza dans les formules des fabricants d’aliments pour les bovins. Par ailleurs, l’Onidol a également lancé un programme d’études avec des partenaires scientifiques sur la consommation de tourteau de colza par les porcs et les volailles. Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006 9 LA Repères optimisation logistique, la recherche de coûts réduits, orientent la taille des unités de transestérification vers des capacités minimum de l’ordre de 150 000 à 200 000 t/an. ● De 1995 à 2004, la montée en puissance du Diester L’UE reconnait bien à l’agriculteur un nouveau rôle de fournisseur de produits énergétiques. Le Diester est rapidement plébiscité par les pétroliers pour ses qualités environnementales mais également pour ses propriétés lubrifiantes. Par ailleurs, sur un marché gazole français en pleine expansion du fait de la diésélisation du parc automobile, l’incorporation de Diester se substitue, certes de façon modeste, à une part d’importations. Les flottes captives des villes et des collectivités utilisant du Diester à 30 % sont regroupées depuis 1994 au sein de l’association Club des villes Diester, association rebaptisée Partenaires Diester en 2003 en s’ouvrant aux flottes captives d’entreprises. Les usines montent en puissance et l’Etat augmente les agréments ( voir encadré p. 4, article Temps fort) permettant d’atteindre une production de 300 000 tonnes qui stagnera jusqu’en 2004. repères Des perspectives ambitieuses en terme de surfaces oléagineuses en France 2 500 (en miliers d’hectares) Tournesol non-alimentaire 2 000 1 500 SOURCE CÉTIOM Les surfaces agronomiquement et environnementalement disponibles en France pour produire des oléagineux sont estimées à 2,5 millions d’hectares. Pour la récolte 2006, les premières estimations prévoient déjà 1,4 Mha de colza… Les graines de colza iront davantage vers la nouvelle unité de trituration du Mériot (Aube) alors qu’auparavant elles étaient exportées. Concernant le tournesol, on peut s’attendre à une progression du tournesol oléique par rapport au tournesol classique dans une sole globalement stable. Colza non-alimentaire 1 000 Tournesol alimentaire 500 Colza alimentaire 2005 2008 10 Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006 2010 GENÈSE D ’ UNE FILIÈRE AGRO - ÉNERGIE ● Deux dispositifs d’aide au producteur Depuis 2004, la production de graines oléagineuses à vocation énergétique peut bénéficier de deux dispositifs complémentaires, sous forme de contrat entre le producteur et son organisme collecteur. Le premier dispositif reste celui de la jachère industrielle, en vigueur depuis 1993, qui passe par la souscription d’un contrat de jachère industrielle avec un premier transformateur et un collecteur agréé. Le deuxième dispositif est celui de l’Aide aux Cultures Energétiques (ACE), en application depuis la récolte 2004. Il permet aux producteurs de consacrer des surfaces hors jachère à des productions exclusivement de stinées à l’énergie. En contrepartie, le producteur perçoit une aide de 45 €/ha. Le producteur intéressé doit alors souscrire un contrat ACE avec un collecteur délégué. En instaurant cette aide aux cultures énergétiques, l’UE reconnaît donc bien à l’agriculteur un nouveau rôle de fournisseur de produits énergétiques et accepte de combler le différentiel de coût de revient entre les énergies fossiles et les énergies renouvelables. ● Vers une forte progression des surfaces Sur la campagne 2005-2006, les surfaces de colza industriel sur jachère totalisent 300 000 ha, et les surfaces de colza bénéficiant de l’ACE 130 000 ha. Auxquelles il faut ajouter près de 30 000 ha de tournesol industriel. Ce qui permet d’approvisionner les unités d’estérification pour la production de 387 500 t de biodiesel agréées. Pour atteindre l’objectif français de 5,75% d’incorporation de biocarburants dans le diesel, les surfaces métropolitaines d’oléagineux mobilisées en 2008 pourraient dépasser 1 Mha. On parle déjà de 1,5 Mha pour atteindre 7% en 2010. La plus grande partie des surfaces concernées par cette production biocarburants devraient concerner le colza et de façon croissante, le tournesol oléique. Si la production oléagineuse métropolitaine est la source privilégiée pour la fabrication du Diester, le Gouvernement a néanmoins ouvert la voie aux autres biocarburants pouvant être incorporés au gazole : esters éthyliques d’huiles végétales (EEHV), esters méthyliques d’huiles animales (EMHA) et biodiesels de synthèse. Si la filière s’intéresse de près aux autres moyens de produire des biodiesels, elle privilégiera ceux permettant de valoriser au mieux les productions agricoles nationales. Comprendre BILAN Le Diester, un atout à la fois économique et environnemental Remplacer une partie du gazole par du Diester est positif sur le plan énergétique, permet de diminuer les émissions polluantes et génère un avantage en terme de gaz à effet de serre. En outre, la filière Diester est créatrice d’emplois et entraîne un impact positif sur la balance commerciale. Des atouts plusieurs fois démontrés. a montée en puissance des préoccupations climatiques (effet de serre) et environnementales (pollution atmosphérique), la hausse durable des cours du pétrole et la nécessité de développer les sources d’énergies alternatives créent aujourd’hui un contexte favorable aux énergies renouvelables comme le Diester. Mais un développement à très large échelle de la filière Diester ne pouvait s’envisager sans certitude quant aux conséquences environnementales et économiques de la substitution d’une partie du gazole par un biocarburant à base d’ester d’huile végétale. Les nombreuses études menées depuis la naissance de la filière Diester n’ont fait que confirmer l’impact positif sur l’environnement et l’opportunité économique pour la société. L ● Un bilan énergétique favorable Pour connaître l’ensemble du poids environnemental d’un produit, on effectue une Analyse de Cycle de Vie (ACV), appelée plus couramment "écobilan" : ce calcul permet entre autres d’évaluer la quantité d’énergie consommée, durant toutes les étapes du cycle du produit, et de la comparer à l’énergie produite. L’écobilan réalisé entre 1991 et 1993 sur la filière ester méthylique de colza (EMC), est le seul écobilan complet réalisé dans le secteur de l’énergie et rendu public en France. Il prend en compte les flux de matières premières et d’énergie consommés (carburants, combustibles, engrais, méthanol utilisé à l’étape d’estérification) et les flux rejetés dans l’environnement : rejets liés aux étapes culturales, aux transports et aux procédés de fabrication de l’EMC Zoom Les pratiques des agriculteurs améliorent le bilan Afin d’améliorer encore les performances écologiques de la filière Diester, une démarche a été engagée par les producteurs dans le cadre d’une Charte Environnement lancée par le CETIOM dès 1993 pour la culture du colza à vocation énergétique, favorisant l’application de conduites raisonnées. Après 6 campagnes, des améliorations étaient déjà constatées dans les pratiques des agriculteurs : • avancée des dates de semis : une semaine sur 6 ans ; • développement des programmes d’herbicides, avec association plus fréquente de désherbant de pré-semis, de prélevée et de post-levée ; • baisse de la proportion de parcelles recevant une fertilisation azotée à l’automne et amélioration de la prise en compte de la fourniture d’azote par les sols. Le bilan énergétique, apprécié par le ratio entre l’énergie contenue dans l’ester de méthyle et ses co-produits (tourteaux et glycérine), d’une part, et l’énergie consommée par la production agricole (y compris carburant, trituration, transestérification), d’autre part, s’est amélioré, passant de 2,6 en moyenne pour 1993 à 3 en moyenne actuellement. La rentabilité énergétique est un facteur important pour l’évaluation de la performance de la filière. L’objectif, en travaillant à la fois en amont sur l’optimisation de la culture et en aval sur les process, notamment en utilisant davantage d’énergie issue de la biomasse, est de pouvoir atteindre des ratios de 4 à 5 unité d’énergie renouvelable produite pour 1 unité d’énergie consommée. (émissions atmosphériques, effluents aqueux et déchets) ; gaz d’échappement associés à la combustion de l’EMC utilisé dans un véhicule Diesel. Cet écobilan, réactualisé en 2002, conclut que le bilan énergétique de l’EMC est nettement favorable : l’énergie totale produite par le Dies- Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006 11 L E D IESTER , Comprendre UN ATOUT À LA FOIS ÉCONOMIQUE ET ENVIRONNEMENTAL emplois 8, 8 emplois pour 1000 tonnes de Diester 19 % 1% 46 % 9% L’activité Diester est source d’emplois. Pour 1000 tonnes de Diester produites, ce sont 8,8 4% emplois maintenus ou créés tout au long de la filière selon la répartition ci-contre (ou 11 emplois pour 1000 hectares). 21 % ■ Agrofourniture ■ Culture et stockage ■ Transport graines ■ Trituration et raffinage ■ Estérification ■ Transport Diester ter et ses co-produits (tourteaux et glycérine) est près de 3 fois supérieure à l’énergie utilisée pour sa production. ● Moins d’émissions polluantes La filière Diester restitue directement ou indirectement l’exonération de taxe énergétique concédée par l’État. La composition chimique de l’EMHV se caractérise par la présence d’oxygène, l’absence de soufre et de composés aromatiques. Cette différence par rapport au gazole a des répercussions favorables sur les émissions de gaz après combustion dans les moteurs. Dans le cadre de l’utilisation d’un mélange comprenant 30 % d’EMHV (taux considéré comme étant l’optimum technique et écologique), l’écobilan fait apparaître une diminution importante : - des fumées noires et des particules ; - des composés aromatiques, dont le benzène ; - de la pollution acide, en raison de l’absence de soufre ; - et une baisse sensible des HAP (Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques), réputés cancérigènes. Enfin, dans le cadre de l’utilisation en milieu urbain de gazole à haute teneur en EMHV, il n’y a pas d’augmentation des émissions d’oxyde d’azote (NOx). ● Moins de gaz à effet de serre (GES) Par opposition aux énergies fossiles, le Diester est une énergie renouvelable, issue de la biomasse : le carbone présent dans l’ester a pour origine le CO2 atmosphérique fixé lors de la photosynthèse. Les émissions de CO2 issues de la 12 Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006 combustion du Diester sont donc équilibrées par le CO2 fixé par les plantes. L’étude sur l’impact effet de serre du Diester, réalisée par PricewaterhouseCoopers (cabinet d’audit et de conseil) à la demande du Ministère de l’Industrie et de l’Ademe, démontre que la production de biodiesel, énergie renouvelable, génère un net avantage en matière d’effet de serre, sur le gazole issu du pétrole : l’économie ainsi réalisée est de 2,5 tonnes de CO2 par tonne de Diester consommée. Par une simple multiplication, on calcule que la production de 2005 a permis d’éviter l’émission de 1 million de tonnes d’équivalent CO2 – ce qui est loin d’être négligeable. ● Une réelle opportunité économique Au-delà de l’intérêt du bilan environnemental, la filière Diester représente également une excellente opportunité économique. C’est le résultat d’une nouvelle étude réalisée en 2004 par PricewaterhouseCoopers et intitulée “Évaluation des externalités et effets induits économiques, sociaux et environnementaux de la filière biodiesel en France”. Les effets induits des deux filières Diester et gazole sont ramenés à une unité énergétique commune pour pouvoir être comparés (1000 MJ) et traduits en termes monétaires. L’étude démontre ainsi que la filière Diester réduit de 40 % l’impact négatif sur l’environnement, par rapport à la filière diesel. La filière Diester est en outre créatrice nette d’emplois (8,8 emplois pour 1000 t de Diester ou 11 emplois pour 1000 ha). Enfin, la filière Diester représente un impact positif, sur la balance commerciale, en évitant l’importation de gazole, de tourteaux de soja et de glycérine. Dans cette étude, il est démontré que la filière Diester restitue directement ou indirectement l’exonération de taxe énergétique concédée par l’État. Avec la nouvelle exonération à 25 €/hl de la loi de finance 2006, soit une fiscalité de 17 €/hl pour l’EMHV, la filière devient même contributrice nette. Découvrir Découvrir LES MÉTIERS DE SOFIPROTÉOL Gérer le patrimoine industriel de la filière Sofiprotéol, établissement financier de la filière française des huiles et protéines végétales, accompagne, depuis 1983, le développement des oléoprotéagineux en France par la mise en place de moyens financiers et industriels. En particulier, la stratégie de prise de participations et de gestion des outils de transformation porte ses fruits, à la fois sur les plans alimentaire et non-alimentaire. ssurer un débouché compétitif aux productions de la filière, autant dans le domaine alimentaire que sur le secteur non-alimentaire est l’une des raisons d’être de Sofiprotéol. Pour remplir cet objectif, la filière a choisi de développer une stratégie industrielle forte et intégrée qui a porté sur trois axes forts au cours du temps. A ● Rendre performant l’outil industriel de première transformation Dans un premier temps, la filière a structuré l’industrie de première transformation, la trituration, passage obligatoire pour les graines oléagineuses. Au début des années 80, la plus grande partie de l’outil de trituration français était à terre. La filière a estimé qu’il était de l’intérêt général de mobiliser des moyens financiers, dans le cadre interprofessionnel, pour faire face aux besoins de rénovation de la trituration. La stratégie a donc débuté avec les investissements et la restructuration de l’outil industriel afin de le rendre performant. A travers la société holding Soprol, à laquelle sont associés d’autres partenaires du monde agricole (Invivo, Champagne Céréales, Epis Centre, Soufflet), les actifs du CNTA ont été repris. Les Pouvoirs publics ont d’ailleurs appuyé cette démarche, estimant que le dispositif interprofessionnel répondait entièrement à cette mission. ● Développer les débouchés non-alimentaires Une fois l’outil industriel de première transformation maîtrisé, la diversification des débouchés vers un autre marché que l’huile alimentaire a été la priorité en réponse à l’obligation de mise en jachère des terres de la PAC de 1992. Sofiprotéol s’est alors engagée dans la mise en place rapide d’outils de transestérication : Diester Dans un premier temps, la filière a structuré l’industrie de première transformation. Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006 13 Découvrir La filière a ensuite diversifié ses débouchés vers le marché non-alimentaire avec le Diester. Industrie a ainsi été créée en 1993 pour organiser la filière Diester française et commercialiser ses produits. La société est contrôlée à 66 % par Sofiprotéol (participations directes et indirectes) et par des holdings d’organismes collecteurs à hauteur de 34 % (coopératives, négociants, au travers de Fidicoop et Finégoce). Son objet est de produire et commercialiser des huiles végétales et leurs esters, pour les usages techniques et industriels. Son principal produit est à ce jour le Diester, biocarburant pour les moteurs diesel. Grâce à cette structure forte, Diester Industrie est aujourd’hui à même de pouvoir poursuivre les investissements industriels de zoom Naissance de Diester Industrie International Diester Industrie International est née en 2005 de la volonté commune de Diester Industrie, filiale de Sofiprotéol spécialisée dans la production et la commercialisation de Diester, et de Bunge, premier transformateur mondial d’oléagineux. Les deux groupes ont décidé de regrouper leurs activités en matière de biodiesel (hors France) et leurs forces pour se développer au sein de l’Union européenne. La nouvelle entité est détenue à 60 % par Diester Industrie et 40 % par Bunge. Elle détient déjà 50 % des activités de New à Marl en Allemagne (250 000 t), une usine à Livourne en Italie (160 000 t) et une usine à Brück en Autriche (30 000 t). Elle a part ailleurs un projet de construction d’une usine d’estérification à Mannheim en Allemagne. Les agriculteurs français ne produisant pas uniquement pour l’hexagone, ce développement permettra de valoriser les productions nationales grâce à la synergie et la complémentarité des deux groupes à l’international. Par ailleurs, la France, leader en matière oléagineuse en Europe, participe ainsi à la croissance du marché des biodiesels européens. 14 Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006 manière à accompagner, de manière durable, les développements attendus du marché français et européen des biocarburants. Ceci garantit des débouchés intéressants pour des volumes croissants d’oléagineux produits en France. La capacité de l’outil industriel détenu par la filière au travers de Diester Industrie devrait ainsi passer de 400 000 tonnes en 2005 à 1,8 Mt de Diester par an en 2008-2009 ( voir carte ci-contre). ● Pérenniser les débouchés alimentaires Compte tenu de la forte concentration des groupes agro-alimentaires en Europe et à la compétitivité croissante au cours des 5 dernières années, la filière a souhaité consolider les débouchés alimentaires afin de les pérenniser. Le développement dans le secteur alimentaire a alors pris une forme plus aboutie en 2002, lorsque Sofiprotéol a choisi de s’associer avec le groupe Céréol : par cet accord, la société Lesieur est passée du groupe Bunge-Céréol à la société Saipol, dont le capital est majoritairement (66,66 %) entre les mains de la filière française des huiles et protéines végétales. ● Un outil industriel conséquent En 2005, l’activité industrielle de la filière, au travers des sociétés Saipol, Lesieur ou Diester Industrie, toutes trois leaders sur leur marché, représente un volume global d’activité de 2,4 Mt de graines triturées, essentiellement en colza et tournesol, 900 000 t d’huiles de graines raffinées, 300 Ml d’huiles conditionnées et G ÉRER LE PATRIMOINE INDUSTRIEL DE LA FILIÈRE 1,8 million de tonnes en 2008-2009* Coudekerque* (DI) Coudekerque (DI) 150 150 000 000 tonnes tonnes Grand-Couronne Grand-Couronne (DI) (DI) 260 260 000 000 tonnes tonnes Compiègne Compiègne (DI) (DI) 100 100 000 000 tonnes tonnes Grand-Couronne (DI) Grand-Couronne 2* 2 (DI) 250 250 000 000 tonnes tonnes Compiègne Compiègne 2* 2* (DI) (DI) 100 100 000 000 tonnes tonnes Le Le Mériot Mériot (DI) (DI) 250 250 000 000 tonnes tonnes Montoir/Bassens Montoir/Bassens (DI) (DI) 200 200 000 000 tonnes tonnes Bordeaux* (DI) Bordeaux (DI) 200 200 000 000 tonnes tonnes Sète Sète (DI) (DI) 200 200 000 000 tonnes tonnes Boussens Boussens (travail (travail àà façon façon pour pour DI) DI) 40 40 000 000 tonnes tonnes Raffineries Dépôts Site de production de Diester Production et importation de gazole Basse-Seine : 12 Mt Flandres : 2,5 Mt Façade Atlantique : 7 Mt Étang de Berre : 8 Mt 400 000 tonnes de Diester produit. Le développement du Diester va amener l’ensemble du pôle industriel à se développer, tant sur les capacités de trituration que sur les capacités d’estérification. ➠ En savoir plus Des filiales pour la diversification Diester Industrie n’appuie pas son développement sur le seul produit Diester. Elle possède des participations dans plusieurs filiales, afin de diversifier les débouchés non-alimentaires des huiles végétales et de leurs esters méthyliques. Il s’agit par exemple de C22 qui travaille sur la filière colza érucique, HOSO pour la filière de tournesol oléique, de New (25 %), producteur allemand de Diester (120 000 t par an), et de Novance, société d’oléochimie de spécialités (biosolvants, bio-lubrifiants, tensio-actifs, adjuvants phytosanitaires, produits anti-poussière,...). Grand Est : 3,5 Mt * Sous réserve des agréments DI : Diester Industrie ● Un patrimoine industriel au service de l’amont agricole L’intégration en filière, l’investissement dans la trituration des oléagineux et le double développement vers les débouchés alimentaires et non-alimentaires sécurisent les productions des agriculteurs et leur bonne valorisation. En particulier, la création du marché non-alimentaire, connecté au marché mondial des produits pétroliers, a permis de tirer à la hausse le prix des graines pour cette destination. Au sein de filière Diester, l’implication de la FOP (Fédération des producteurs d’oléagineux et de protéagineux) d’une part, et de l’ensemble des coopératives et négoces de France (par Fidicoop et Finégoce) d’autre part, permettent une présence des agriculteurs de la graine jusqu’au produit fini. La priorité de la filière est donc le débouché, associé à une rémunération compétitive pour le producteur. Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006 15 En savoir plus à lire Diester, le secret de l’Or Vert Une campagne de communication sur le Diester vient d’être lancée par la filière. Dans un premier temps, dans une campagne radio diffusée en février, Monsieur Diester (ci-dessous) révèle tous les secrets de l’Or Vert au grand public. On retrouve ensuite Monsieur Diester sur l’Odyssée Végétale au Salon de l’Agriculture mais aussi sur le site internet www.diester.fr, sur lequel les internautes découvriront l’ensemble des messages radio et bien d’autres informations sur le Diester… Dans le nouvel ouvrage “Les Biocarburants” de Daniel Ballerini et Nathalie Alazard-Toux, les auteurs dressent un panorama de la place actuelle et des perspectives offertes par les biocarburants dans le contexte énergétique mondial : filières de production, disponibilité des ressources végétales, enjeux économiques et environnementaux. Editions Technip, prix : 115 €. www.prolea.com >>avril 2004 - numéro 62 Info s Proléa S’infor me r su r la filiè re d e s Huiles étales & Protéines Vég PROLEA Filière française des huiles et protéines végétales 12, av George V, 75008 Paris Tél. : 01 40 69 48 80. Directeur de publication : Philippe Tillous-Borde Directrice éditoriale : Florence Doat-Matrot Rédacteur en chef : Fabien Kay Secrétaire de rédaction : Anne Verniers Réalisation : CIP Crédits photos et illustration : J.-M. Berthelemy, B. Carrouée, G. Castagnon, F. Kay, Mattéis, P. Montigny Prolea.com Après le lancement en mai 2005 d'un extranet gratuit dédié aux professionnels agricoles (http://extranet.prolea.com), Proléa a lancé une nouvelle version de son site internet, désormais destiné au grand public et à la presse. Rendez-vous sur www.prolea.com pour tout savoir sur les cultures et les produits issus de la filière. agenda Réunions régionales filière organisées par la FOP Venez rencontrer les interlocuteurs de la filière oléoprotéagineuse au cours de ces réunions, organisées par la FOP, et qui abordent notamment la situation des marchés, la stratégie de valorisation des graines et les innovations. • Compiègne (60) le 15 mars • Calstelnaudary (11) le 20 mars • La Rochelle (17) le 24 mars • Valence (26) le 29 mars • Semoutiers (52) le 30 mars • Rennes (35) le 11 avril • Bourges (18) le 13 avril. Contact : Laurence Braillard, tél. : 01 40 69 48 89 - email : [email protected] Si vous souhaitez recevoir régulièrement INFOS PROLÉA, faites une demande par mail à [email protected]. Cette publication est également disponible sur www.prolea.com. 16 Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006 Sommet du Végétal AGPB-AGPM-FOP, les 13, 14 et 15 juin 2006 au CNIT, à Paris Contact : [email protected]