nt1 1production de plants agroforestiers

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nt1 1production de plants agroforestiers
ICRAF–WCA
Bamako, Mali
Note technique n° 1
Production de plants agroforestiers
Antoine Kalinganire
Annonciata Uwamariya
Bréhima Koné
Mahamane Larwanou
Ce document a été réalisé grâce à l’appui financier du Centre de recherches pour le
développement international (CRDI)
Antoine Kalinganire
The World Agroforestry Centre
ICRAF-WCA/Sahel
B.P. 320 Bamako
Mali
[email protected]
Citation correcte : Kalinganire, A., Uwamariya, A., Koné B. et Larwanou, M. 2007.
Production de plants agroforestiers. ICRAF Note technique no. 1. Nairobi : World
Agroforestry Centre.
Annonciata Uwamariya
Consultante en agroforesterie et
en gestion de l’environnement
B.P. E570 Bamako
Mali
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Bréhima Koné
The World Agroforestry Centre
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autorisation préalable du World Agroforestry Centre.
Mahamane Larwanou
Institut National de Recherche
Agronomique du Niger (INRAN)
B.P. 429 Niamey, Niger
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B.P. 320 Bamako, Mali
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Table des matièr
es
matières
1. Introduction ................................................................................................................... 1
2. Semence ........................................................................................................................ 2
2.1. Qualité de la graine
2
3. Substrat ......................................................................................................................... 6
3.1. Qualités du substrat
6
3.2. Types de substrats
7
3.3. Préparation du substrat
8
3.4. Types de mélanges de substrats
9
4. Conteneurs .................................................................................................................. 11
4.2. Remplissage des conteneurs
15
5. Production de plants ..................................................................................................... 17
5.1. Semis
17
5.2. Multiplication végétative
18
6. Entretien ...................................................................................................................... 29
6.1. Arrosage
29
6.2. Ombrage
31
6.3. Désherbage
6.4. Application d’engrais
6.5. Contrôle des maladies et des ravageurs
6.6. Autres activités de la pépinière
33
34
36
38
7. Aspect économique ...................................................................................................... 41
Documents consultés ....................................................................................................... 42
Annexe 1 : Matériaux utiles et équipements de la pépinière ................................................. 43
Annexe 2 : Certains produits naturels pour lutter contre les insectes et traiter les maladies
dans la pépinière .............................................................................................. 46
1. Introduction
L’amélioration du paysage sahélien doit
commencer par des pratiques agricoles visant
l’utilisation de plants de bonne qualité pouvant
produire de bons arbres. La qualité des plantes
détermine le succès de la plantation en général et
plus tard, celui de l’exploitation ou du paysage. Il
s’avère donc nécessaire de considérer la production
de plants pour l’agroforesterie comme une étape
fondamentale qui a besoin d’être planifiée et mise
en application pour la sauvegarde de la nature et
pour d’autres bénéfices issus de la pratique de
l’agroforesterie dans la zone. Une coordination des
activités visant la sélection de la semence et du
substrat, le semis, le repiquage et l’entretien des
plants devient une priorité.
Le choix d’une bonne semence, c’est-à-dire de
la semence de bonne qualité, va assurer de meilleurs
prospects dans le maintien des caractéristiques
originales de l’arbre parent, caractéristiques qui
seront transmises aux futures générations de
descendants.
Pour mieux extérioriser ses potentialités, une
bonne semence doit grandir sur un bon substrat.
Les soins apportés au plant doivent alors
supplémenter cet effort en créant un environnement
garantissant la bonne croissance de la plante.
Le matériel de reproduction des arbres n’est pas
constitué seulement de graines ; en effet, la
multiplication végétative a été pratiquée depuis des
années et il a l’avantage de transmettre les qualités
génétiques aux futurs plants. Cependant, il est
nécessaire de fournir des directives en ce qui
concerne le choix du bon matériel et de la bonne
pratique de technique, soit de greffage, de
bouturage ou de marcottage, surtout au niveau de
la pépinière.
1
Ce manuel est basé sur la production de plants
agroforestiers à partir du semis, de la préparation
du substrat, de la multiplication végétative et sur
les activités d’entretien des plants en pépinière
jusqu’à la période de transplantation. Aussi, des
conseils sont donnés pour un meilleur succès de
ces opérations.
2. Semence
La bonne qualité de la graine est la base pour le
transfert des caractéristiques génétiques à partir de
l’arbre parent aux arbres futurs.
2.1. Qualité de la graine
Une bonne graine doit :
être récoltée sur des arbres de bonne qualité ;
ne pas contenir des maladies et insectes et autres
impuretés ;
germer facilement avec un pouvoir germinatif
élevé ;
se conserver facilement avec une bonne
longévité.
2
Récolte sur un arbre sélectionné de moringa à Samanko, Mali
3
Satisfaire ces exigences demande une sélection
rigoureuse des arbres destinés à produire de la
semence, ainsi que de meilleures techniques de
manipulation de la graine pendant et après la
récolte ; ce qui va avoir un impact sur les résultats
de la pépinière et en conséquence sur ceux de la
plantation.
Pour une bonne variabilité génétique, il est
conseillé de récolter la graine sur un grand nombre
d’arbres (au moins à partir de 30-50 arbres
différents). Toute l’attention et l’énergie qui sont
mises dans la sélection stricte des arbres parents
pour la récolte de la graine, ne seront pas une perte
de temps ; au contraire, elles vont contribuer
4
grandement à la bonne performance de la
plantation. Aussi, il faut éviter d’effectuer la récolte
sur des arbres malades, ou sur ceux ayant des
déformations, car la semence provenant de tels
arbres va transmettre tous ces défauts aux futures
plantations qui vont aussi présenter des signes de
maladies ou de déformations. Aussi, il est
important de récolter les fruits qui sont prêts à
être récoltés, c’est-à-dire des fruits qui sont mûrs
et si c’est nécessaire, ces fruits sont traités avant
d’être conservés. Selon l’espèce, le traitement de la
graine (séchage, vannage, fumigation) doit être fait
sans tarder pour éviter toute perte de son pouvoir
germinatif.
Vannage et triage de graines
5
3. Substrat
3.1. Qualités du substrat
Une bonne semence ne peut pas extérioriser ses
capacités s’il lui manque un substrat de bonne
qualité. La qualité du substrat détermine sa capacité
de retenir la graine et de fournir les éléments
nutritifs de base. Il est donc important de choisir
un substrat capable de faciliter la germination de
la graine en lui fournissant des éléments nutritifs
et en permettant à l’eau et à l’air d’atteindre les
graines pendant leurs phases actives de germination
et de développement des plantules. Différents
substrats sont disponibles ; ils varient selon les
composants principaux (par exemples : terreau,
tourbe, vermiculite, sciure de bois), qui
déterminent leurs propriétés et en conséquence
leurs qualités.
Un bon substrat doit :
avoir une capacité de rétention d’eau et
d’éléments nutritifs ;
ne pas contenir de semences, de maladies,
d’insectes et de nématodes ;
avoir la capacité de tenir la graine en germination
et les jeunes racines de la plantule ou d’autres
matériels de multiplication ;
permettre l’aération des racines ;
retenir assez d’humidité pour éviter des arrosages
fréquents ;
être suffisamment léger pour drainer facilement
l’excès d’eau ;
contenir de bons éléments nutritifs ;
6
être suffisamment léger pour un transport facile
au site de plantation ;
ne pas avoir un niveau élevé de salinité ;
avoir un bon pH ;
ne pas gonfler, s’abaisser, rétrécir excessivement
ou durcir sous le soleil ;
fournir assez d’éléments nutritifs aux graines,
particulièrement pendant leur développement
initial.
3.2. Types de substrats
La terre est le composant le plus courant des
mélanges de remplissage ; cependant, seule la bonne
terre de la couche arable (10-20 cm de la couche
superficielle) doit être utilisée parce qu’elle est plus
riche en éléments nutritifs que les couches plus
profondes, qui sont très pauvres en éléments
nutritifs. Des suppléments d’engrais peuvent être
apportés aux sols pauvres pour améliorer leurs
propriétés chimiques et physiques. Si les sols
naturels ne sont pas utilisés, d’autres alternatives
tels les substrats organiques et non-organiques
peuvent être utilisés ; ainsi, des matériaux différents
(perlite, sable, écorces d’arbre, vermiculite, tuf,
balles de riz, tourbe et autres produits des déchets
organiques), sont utilisés selon leur disponibilité.
Quoique certains de ces produits ont besoin d’être
achetés, ils présentent des avantages qui favorisent
leur utilisation. Ces substrats ne contiennent pas
de semences d’herbes, de spores de champignons
ou d’insectes et ils peuvent être stérilisés sous vapeur
sans perdre leurs propriétés. Le choix du substrat à
utiliser dépend non seulement de la localité ou
des ressources disponibles mais aussi des exigences
de la plante. Par exemple, une pépinière située près
d’un endroit où il y a de la tourbe pourra en profiter
7
et utiliser cette tourbe au lieu de chercher à acheter
et à utiliser de la vermiculite qui n’est pas facile à
trouver dans les environs.
Certaines espèces, en particulier les légumineuses
et les pins, ont besoin de l’inoculation de la terre
du lieu où elles ont été plantées. Cette inoculation
est faite en apportant des bactéries, par exemple
du rhizobium pour les légumineuses pour aider ces
espèces à bien s’installer dans leur nouvel
environnement. Récolter le vrai type de bactéries,
mycorhizes d’un endroit planté de la même espèce
ou acheter ces bactéries dans des laboratoires, va
permettre à ces espèces d’utiliser au maximum ces
bactéries pour leur installation.
8
3.3. Préparation du substrat
Un substrat bien mélangé met à la disposition des
plants des éléments nutritifs et élimine des taches
de fertilité dans les conteneurs et planches de semis
parce que ceux-ci reçoivent plus ou moins la même
qualité ou quantité de substrat. Le mélange du
substrat peut se faire à la main ou si possible en
utilisant un mélangeur de ciment ou une pelle.
Selon la taille des particules, il est important de
bien tamiser tous les composants avec un tamis de
5 mm afin d’éliminer toutes les grosses particules
telles que les cailloux. Quand des matériels tels que
la tourbe ou l’écorce coupée en morceaux sont
utilisés, ils ont besoin d’être mouillés avant d’être
mélangés, sinon ils ne seront pas bien mélangés
aux autres composants. En mélangeant les
composants à la main, c’est mieux d’utiliser une
pelle à longues manches parce que certains tas
peuvent être assez hauts et donc difficiles à
mélanger à la main.
3.4. Types de mélanges de substrats
Les mélanges sont utilisés selon les objectifs
(germination, croissance et développement des
boutures, production de plants en conteneur), les
espèces et les exigences en humidité (tableau 1).
Normalement, une pépinière doit avoir un endroit
où on peut se procurer de la terre à utiliser. Le
sable, le fumier ou le compost peuvent être ajoutés
à la terre si nécessaire. Le mélange doit être
suffisamment ferme pour rester dans le conteneur
mais ne doit pas avoir beaucoup d’argile. Il est
important de se rappeler les proportions des
composants du mélange à utiliser. Par exemple,
quand la terre doit faire partie du milieu de
croissance, utiliser les mélanges suivants (couche
superficielle du sol, sable fin, matière organique
bien décomposée telle que le fumier ou le
compost) :
pour les terrains lourds (argileux) : 1:2:2 ;
pour les terrains moyens (limoneux) :1:1:1 ;
pour les terrains légers (sableux) : 1:0:1.
9
Tableau 1 : Types de mélanges de substrats proposés (Jaenicke, 1999)
But
Germination
Boutures
Production de
plants en
conteneurs
10
Mélange proposé
Commentaires
souvent du sable fin, lavé
petit grain de la vermiculite avec tourbe ou de l’écorce
broyée et décomposée ou des brous de cocotier
décomposés
suivi constant parce que
le sable se dessèche
rapidement
quartz de sable fin et lavé
sable mélangé avec du gravier fin ou de la vermiculite.
pour espèces nouvelles :
le sable est le meilleur ;
pour boutures :
milieu stérile sans éléments nutritifs pendant la phase
d’enracinement et transfert dans d’autres substrats avec
des engrais
boutures enracinées dans les substrats traités avec des
engrais
infections des boutures
avec des pourritures
bactériennes et
développement des
algues
vermiculite, tourbe ou écorce découpée en proportions
variées et engrais
brous de cocotiers, balles de riz et compost
il y a autant de mélanges
de remplissage qu’il y a
de pépinières
4. Conteneurs
Les conteneurs sont utiles puisqu’en retenant la
graine, le substrat et les racines des plants, ils offrent
un milieu de croissance et aident progressivement
la plante à s’habituer à un environnement
semblable une fois transplantée.
Les conteneurs retiennent les engrais et évitent
ainsi leur perte par érosion ou par infiltration rapide
dans le sol. Les conteneurs pour la multiplication
de plants varient en tailles, formes et matériels
utilisés – polystyrène, polyéthylène, fibre ou papier.
Pour de petites pépinières et de petits plants,
d’autres conteneurs tels que des cartons pour lait
et des bidons perforés peuvent être utilisés après
un bon nettoyage.
4.1. Choix et types de conteneurs
Le choix du conteneur à utiliser dépend de ses
caractéristiques (tableau 2), des plants à élever, de
l’objectif et de la taille. Par exemple, les conteneurs
pour produire des plants de Leucaena spp. dans le
but d’avoir du fourrage ou pour une haie vive,
seront plus petits comparativement aux conteneurs
visant la production de plants de manguiers ou
d’avocatiers pour une production fruitière. L’autre
facteur à considérer dans le choix de conteneurs
est son coût ; en effet, il n’est pas rentable de
dépenser une grande somme d’argent pour l’achat
de conteneurs chers lorsque des conteneurs moins
coûteux peuvent être utilisés. Les conteneurs aident
à élever les plants pendant une courte période de
leur première phase de développement ; aussi, il
n’est pas nécessaire de faire de grosses dépenses
pendant cette phase ; au contraire, il est mieux
d’avoir une vision pour une profitabilité à long
terme d’un tel investissement.
11
Tableau 2 : Caractéristiques de différents types de conteneurs (Jaenicke, 1999)
Types de
conteneurs
Caractéristiques
Avantages
Inconvénients
Sachets en
plastique
Faits à partir de
polyéthylène noir
avec beaucoup de
trous de drainage au
fond
Drainage facile, moins chers,
souvent fabriqués localement
- Utilisés une fois seulement
- Peuvent provoquer la formation de
racines en spirales
- Le système racinaire peut être
abîmé pendant les manipulations
- Les sachets en plastiques ne se
décomposent pas
Manches en
plastique
Polyéthylène noir ou
clair, coupées en
rouleaux continus,
s’ouvrent des deux
bouts
Bon marché, souvent faites
localement
Le substrat peut tomber ; utilisées
seulement une fois ; système
racinaire peut être abîmé en cours de
manipulation, les manches en
plastique ne se décomposent pas
Pots jiffy® et
boullettes
Pots faits à partir de
la tourbe compressée
Les racines pénètrent facilement
dans le conteneur, plantation
facile, bons pour
l’environnement car les
conteneurs sont plantés
ensemble avec les plants
12
Tableau 2 : Caractéristiques de différents types de conteneurs (Jaenicke, 1999) (suite)
Types de
conteneurs
Caractéristiques
Avantages
Inconvénients
Conteneurs
à alvéoles
Conteneurs rigides
avec des parois
verticales internes
Gros trous au fond qui permettent de
faire la taille à l’air du système
racinaire ; peuvent être utilisés 4 à 6
fois ; les parois verticales permettent
aux racines de grandir sans se
déformer ; extraction facile des plants
Exigent des cadres élevés ; les
racines peuvent être abîmées en
cours de manipulation
13
Types de conteneurs les plus populaires au Sahel
14
4.2. Remplissage des conteneurs
Cette opération consiste à mettre le substrat dans
le conteneur avant le semis de la graine et sa
germination ou pour la croissance et le
développement des boutures ou des plants. Un
substrat bien préparé et des conteneurs sélectionnés
et bien nettoyés doivent être utilisés. Une attention
doit être faite en ce qui concerne :
la quantité exacte du mélange de remplissage
(ni trop, ni trop peu) ;
la période entre le remplissage du conteneur et
le semis ou l’élimination dans le pot ;
le remplissage des conteneurs sans laisser
d’espace ou des poches d’air dans le substrat ;
Se préparer pour le remplissage des conteneurs
exige une bonne planification en ce qui concerne
la main d’œuvre, le matériel (mélange de
remplissage, conteneurs, eau, etc.), ainsi que les
conditions de travail (parfois, un endroit ombragé
est nécessaire s’il fait trop chaud ou trop sec).
Il est préférable de remplir les conteneurs et de
les laisser pendant quelques jours avant d’effectuer
le semis ou l’élimination. Pendant cette période,
des particules du substrat se rapprochent, ce qui
peut conduire à une baisse du niveau du substrat
dans le container ; ceci peut être rectifié en ajoutant
un peu plus de substrat dans le conteneur jusqu’au
niveau souhaité, avant de procéder au semis ou au
bouturage ou à l’élimination des plants.
l’arrosage des conteneurs après le remplissage,
pour permettre aux particules du mélange de
tenir ensemble.
15
Opération de remplissage de conteneurs
16
5. Production de plants
5.1. Semis
La production de plants par semis semble être la
méthode la plus courante et la plus rapide pour les
plantations forestières, agroforestières et agricoles.
Quelques directives fournissent suffisamment
d’informations sur les moyens pratiques de semer
les graines dans un substrat de croissance bien
préparé.
Ces directives concernent :
l’utilisation de semence de bonne qualité ;
l’utilisation d’un substrat de bonne qualité ;
l’utilisation des planches de semis bien
préparées, ce qui facilite l’établissement de la
graine (parfois la graine est de petite taille) ;
plus tard le mélange de la planche de semis
permettra d’assurer une circulation facile de
l’eau et de l’air à travers ses particules ;
une profondeur appropriée de semis et de
repiquage (selon la taille de la graine ou de la
bouture) ;
les soins nécessaires pendant et après le semis
ou le repiquage (y compris l’arrosage, assez de
lumière et d’ombrage, contrôle des maladies et
des parasites) ;
une protection des planches de semis, pots ou
conteneurs et celle des plants contre les aléas
climatiques, les maladies et autres parasites.
Le succès de toute opération de semis dépend
non seulement de la bonne marche de cette
opération, mais aussi d’une bonne combinaison
ou coordination de toutes les étapes visant à
produire de bons plants et au bon moment.
17
Certains types de graines tels que les graines des
Acacias, exigent des prétraitements spéciaux pour
adoucir la couche de la graine et accélérer le
processus de germination. Le traitement préalable
de la graine ne fait pas perdre du temps, mais
accélère la germination en réduisant la période de
‘dormance’ de la graine (qui, normalement peut
prendre quelques semaines pour certains types de
graines).
Les différentes méthodes de traitements
préalables comprennent :
traitement à l’eau froide : tremper la graine dans
l’eau froide pendant au moins 12 heures et
jusqu’à 48 heures ;
traitement à l’eau chaude : faire bouillir de l’eau
dans un grand pot, l’enlever du feu et laisser
refroidir pendant dix minutes ; ensuite, ajouter
la graine et laisser tremper pendant deux jours ;
18
traitement à l’eau bouillante : faire bouillir l’eau
dans un grand pot, l’enlever du feu, ajouter la
graine et laisser pendant deux minutes ; ensuite,
enlever l’eau chaude et la remplacer avec l’eau
froide et finalement, tremper la graine pendant
deux jours ;
scarification mécanique : entailler la graine avec
un couteau ou la casser avec un bâton ou frotter
sa surface sur du ciment ou avec du papier de
verre.
5.2. Multiplication végétative
La multiplication végétative est une autre façon
de produire végétativement les plants à planter sur
le terrain. Les techniques couramment utilisées
pour la multiplication végétative des arbres
agroforestiers sont : le bouturage, le greffage,
l’écussonnage et le marcottage.
5.2.1. Bouturage
Le bouturage, comme méthode de multiplication
végétative est probablement la méthode la plus
couramment utilisée pour multiplier les arbres.
Dans certains cas, suite au manque de graines ou
lors d’un faible taux de germination ou pour des
espèces particulières, seules des sections d’arbres ou
d’arbustes peuvent être utilisées pour multiplier
de telles espèces. Les boutures proviennent de
l’arbre ; elles doivent être prélevées sur des parties
de branches saines et doivent avoir au moins 1-2 cm
de diamètre ; la partie utilisée doit être bien
portante. Il est mieux de couper des boutures de
20-30 cm comprenant de nombreux bourgeons.
La bouture est ainsi préparée en enlevant les feuilles
et les fleurs ; ceci est suivi de sa plantation le plus
tôt possible. Si ce n’est pas possible de planter les
boutures directement, elles peuvent être gardées
dans des sachets en plastique à une basse
température et pas pour plus de 24 heures.
Les boutures peuvent être plantées en insérant
deux bourgeons de la bouture dans le conteneur
ou la planche de semis. Il faut s’assurer que
l’arrosage est bien maintenu ; cependant, on évitera
d’inonder le conteneur ou la planche de semis.
Normalement, les racines doivent être formées
dans les 2-3 mois qui suivent le bouturage ; après
cette période, la bouture peut être enlevée pour
être plantée sur le terrain.
Pour certaines espèces telles que les Euphorbia
sp., Tamarindus sp., Jatropha sp., Commiphora sp.,
il n’est pas nécessaire de mettre les boutures dans
les pots ou planches de semis parce que de telles
espèces peuvent être plantées directement dans le
sol et elles parviennent à former les racines et à
bien se développer. Cependant, pour les espèces
19
agroforestières, l’utilisation de boutures pour la
multiplication végétative n’est pas encore bien
maîtrisée et beaucoup d’efforts doivent être faits
pour réussir le bouturage de telles espèces.
En coupant les branches pour préserver les
boutures, les outils tels que les sécateurs, les ciseaux
ou les machettes doivent être bien nettoyés pour
éviter toute contamination ; ceci peut se faire en
trempant ces outils dans l’eau de javel ménagère
ou dans de l’eau bien salée pour les désinfecter
avant leur utilisation.
5.2.2. Greffage
Le greffage est une technique par laquelle une
section d’une plante est unie avec une autre plante.
Le greffage permet :
une production précoce et un grand rendement
en fruits des arbres greffés, comparativement à
ceux provenant des semis de graines en
pépinière ;
un taux de réussite élevé ;
un calendrier du temps plus flexible ;
une grande compatibilité du greffon et du portegreffe ;
une viabilité plus grande du greffon ;
un maintien des caractéristiques génétiques du
matériel parental.
20
5.2.2.1. Choix et préparation du greffon
Le greffon est sélectionné sur la bonne partie de la
branche à l’aisselle de la partie courbée. Il est
important de l’enlever en évitant tout dégât. Le
greffon est préparé en enlevant les extrémités
malformés. Après une à quatre semaines, quand
les pétioles des feuilles pincées se sont remis mais
avant que les boutons tendres ne s’ouvrent, les
greffons peuvent être utilisés.
5.2.2.2. Choix et préparation du porte-greffe
La sélection du porte-greffe est basée sur :
ses capacités de résister aux pestes, maladies et
aux conditions climatiques difficiles ;
sa croissance et son développement permettant
au greffon de reprendre en toutes conditions.
Le greffon est récolté sur la partie de la plante
destinée à produire le greffon et ce, avant
l’apparition des feuilles ; il peut être aussi récolté
immédiatement avant l’apparition successive de ces
feuilles. Le greffon peut rester viable jusqu’ à quatre
mois mais ceci dépend de la disponibilité des
hydrates de carbone et des conditions de
conservation (scellés dans des sacs en plastique à
5ºC, soit dans un réfrigérateur normal). Quand
les greffons sont récoltés, toutes les feuilles sont
enlevées, mais les bases des pétioles sont
maintenues.
sa tolérance ou résistance aux pathogènes et
nombreuses infections de bactéries, champignons
et de virus ;
21
Les différentes techniques de greffage utilisées sont :
seconde entaille verticale peu profonde aux deux
tiers de la première coupure, en partant de la
pointe, sur le greffon et sur le porte-greffe ;
la greffe à l’anglaise : utilisée quand les portegreffes et les greffons sont de même diamètre
et de même épaisseur de l’écorce. Pour ce faire,
une fente est faite le long du porte-greffe et une
fente de même longueur est faite à travers le
greffon ;
l’écussonnage en T ou greffe en écusson : se fait
lorsque l’écorce se détache facilement du greffon
ou du porte-greffe. En pépinière, ce type de
greffage se pratique surtout sur de petits plants
d’environ 6 à 25 mm, en période de croissance
active ;
la greffe terminale : le porte-greffe est sectionné
à un diamètre approprié et une simple fente est
faite au centre ; le greffon est coupé de telle
manière que la partie en coin soit légèrement
plus large que la fente du porte-greffe dont la
circonférence extérieure est plus grande ;
l’écussonnage en plaque : pratiqué surtout pour
les essences tropicales à écorce épaisse, sur des
plants ayant jusqu’à 10 cm de diamètre ;
5.2.2.3. Techniques de greffage
la greffe à l’anglaise double : deux coupes sont
faites dans le porte-greffe ; en plus de la greffe à
l’anglaise, cette greffe consiste à pratiquer une
22
la greffe de côté : pratiquée quand le portegreffe est plus épais que le greffon ;
la greffe par approche : peut être pratiquée dans
des cas difficiles. Le greffon, aussi bien que le
porte-greffe, restent intacts jusqu’à ce que la
greffe soit bien établie.
5.2.3. Ecussonnage
L’écussonnage est une technique utilisée lorsqu’un
simple bourgeon de la plante avec une petite
portion de la tige est transféré du greffon à la souche
dans le but de créer un lien entre les cellules du
greffon, en division active, et celles de la souche. Il
est préférable de pratiquer l’écussonnage dans un
endroit humide, loin du vent sec. La turgescence
de la plante, créée par les conditions d’humidité,
les matinées ou après un arrosage, convient aussi
pour le succès de cette opération. Des précautions
doivent être prises en ce qui concerne :
l’enlèvement des rejets latéraux de croissance de
la souche ; en effet, ces rejets empêchent la
croissance du greffon ;
les seuils de températures d’une bonne croissance
qui se situent entre 15 et 30ºC ;
la provision suffisante en eau et en éléments
nutritifs pour maintenir une croissance
vigoureuse de la plante ;
l’enlèvement ou le dénouement du ruban
d’écussonnage pour permettre un bon
développement.
5.2.3.1. Techniques d’écussonnage
Les techniques d’écussonnage les plus couramment
utilisées comprennent l’écussonnage en T,
l’écussonnage en lamelle et l’écussonnage en pièce.
L’écussonnage en T est utilisé seulement sur les souches
en croissance active quand l’écorce peut être séparée
du bois.
L’écussonnage en lamelle est utilisé quand l’écorce
de la souche ne s’enlève pas facilement à cause de
la dormance, de la faible température ou des
23
conditions de croissance pas favorables pour
permettre de pratiquer un écussonnage en T.
L’écussonnage en pièce est utilisé pour des
espèces qui ont une écorce épaisse, qui tend à se
briser verticalement telles que les arbres à noix
d’acajou et pour des espèces avec de la sève à latex
comme le jacquier.
Il est important de préparer d’abord la souche
pour minimiser le temps entre la récolte du greffon
et son insertion dans le porte-greffe avant de bien
ligaturer la zone d’insertion.
Pour un écussonnage en T :
la préparation de la souche consiste à
sélectionner un morceau de tige bien droit ayant
une bonne position. Les souches ont besoin
d’eau et d’éléments nutritifs et doivent avoir
seulement un seul rejet ;
les greffons sont sélectionnés du tiers des rejets
vigoureux en croissance.
Technique
5.2.3.2. Sélection et préparation de la souche
et du greffon
faire une coupe horizontale à travers l’écorce
sur la plante principale ; faire ensuite une coupe
verticale, formant ainsi un T. Diminuer l’écorce
de la tige ;
Sélectionner et préparer la souche ou le greffon
dépend de la technique utilisée.
couper un bourgeon ferme et droit à partir de
la plante sélectionnée ;
insérer soigneusement le bourgeon dans la fente
en T ;
24
lier soigneusement avec du
papier collant ou une bande
plastique pour couvrir
entièrement le bourgeon. Le
bourgeon en croissance va
éventuellement émerger de
cette bande plastique ;
quand le bourgeon a bien
grandi, enlever le papier
collant et séparer le bourgeon
de la plante principale.
Bandage de la partie incisée lors du greffage par écussonnage simple
25
Pour un écussonnage en lamelle :
en sélectionnant la souche et le greffon, il faut
s’assurer que le greffon est du même diamètre
ou d’un diamètre légèrement inférieur à la
souche ;
la préparation de la souche consiste à faire, avec
un couteau, une fente d’abord dans un endroit
convenable de la tige et à un angle de 45ºC
vers la base. La fente est faite à peu près à un
tiers du diamètre de la tige. Une deuxième fente
est faite à partir de 2 cm du côté de la première
fente et elle est étendue pour rencontrer la
première ;
la lamelle est jetée ;
deux autres fentes sont faites dans le greffon,
mais avec un bourgeon au centre de la lamelle.
Le bourgeon du greffon est rapidement
transféré à la souche et lié fermement avec du
26
papier spécial. Il est mieux de lier en
commençant par la tige à la base de la lamelle
de bourgeon. Le bourgeon en croissance va
éventuellement émerger de la bande plastique ;
quand le bourgeon est en croissance intense,
enlever la bande plastique et séparer le bourgeon
de la plante principale.
Pour un écussonnage en placage :
une portion bien droite du porte-greffe est
sélectionnée et une autre section du bourgeon
vertical en croissance, de préférence de même
dimension que le porte-greffe, est choisie du
morceau de greffon (avec des bourgeons). Deux
entailles verticales parallèles et distantes de 1 à
2 cm sont faites à travers l’écorce du porte-greffe
et deux entailles horizontales parallèles sont
faites pour rejoindre les deux premières,
formant ainsi sur l’écorce, un rectangle qui peut
être enlevé ;
un morceau de même taille est coupé autour
du bourgeon sélectionné du greffon. Le
morceau est alors détaché et il est directement
inséré dans le porte-greffe préparé et est ensuite
ligaturé.
5.2.4.1. Comment faire le marcottage
Le marcottage consiste à :
sélectionner une tige jeune et robuste ;
faire une entaille le long de la tige et gratter
légèrement l’écorce au-dessus de l’entaille pour
exposer le tissu sous-jacent ;
5.2.4. Marcottage
mettre de la poudre ou du liquide d’hormone
à l’endroit de l’entaille ;
Pour certaines espèces, le marcottage naturel se
produit lorsqu’une branche touche le sol ou une
surface humide pour former les racines. Le
marcottage naturel consiste en l’interruption de la
circulation naturelle de la sève dans une branche
ou une tige pour amener une partie de celle-ci en
contact avec un milieu de croissance humide.
stresser la tige en la courbant de bas en haut en
forme de U et mettre la tige dans le sol ou dans
un milieu de croissance. Si la tige est au-dessus
du sol, on peut mettre un pot rempli de
substrat à une hauteur appropriée. La portion
de l’entaille doit être couverte avec 75 cm de
terre et gardée bien arrosée.
27
La formation des racines doit prendre trois mois
ou même plus. Il faudrait alors observer
régulièrement les racines en enlevant un peu de
terre. Quand les racines sont bien formées, séparer
la partie enracinée de la tige de la plante et avec
toujours de la terre sur les racines, repiquer dans
un bon conteneur. Bien arroser et prendre la plante
pour une bouture issue d’un conteneur.
Dans certains cas, lorsque la formation des
racines se fait à la surface du sol, le marcottage
aérien est pratiqué. Dans ce cas, il est important :
d’enlever un anneau de 12-15 mm de largeur
de l’écorce de la tige d’une bonne branche ou
côté du rejet ;
28
de pulvériser de la poudre d’hormone ou
emballer une bonne quantité de mousse de
sphagnum mouillé ou du matériel semblable
sur la partie de la tige abîmée ;
de ligaturer avec du plastique clair et sécuriser
les deux bouts par des nœuds ;
de couvrir complètement le plastique avec du
papier aluminium et plus tard, contrôler la
formation des racines et enlever le papier
aluminium.
Quand les racines sont formées, séparer la marcotte
enracinée et la planter dans un conteneur. Arroser
la marcotte enracinée et l’utiliser comme une
bouture issue d’un conteneur.
6. Entretien
Pour un bon succès de la pépinière et une bonne
survie des plants après la plantation, les plants ont
besoin de soins à partir du moment où ils sont
plantés. Le type d’entretien dépend de la taille du
plant et du stade de développement ; mais en
général, les jeunes plants ont besoin de soins plus
intensifs, tandis que les plants plus âgés ont besoin
de conditions plus dures pour les préparer aux
conditions de terrain.
Dans la plupart des pépinières, les opérations
suivantes semblent communes. Celles-ci concernent
surtout l’arrosage, le désherbage, l’ombrage,
l’apport d’engrais, le contrôle des maladies et des
ravageurs. D’autres activités peuvent comprendre
l’élimination, le triage et le durcissement des plants
dans le but de les préparer avant la plantation. La
période et la durée de l’exécution de telles
opérations dépendent des conditions de la pépinière
et de sa gestion ; cependant, afin de créer des
conditions optimales de croissance, la plupart de
ces activités doivent être faites de façon régulière
tandis que d’autres activités seront faites à une
période spécifique au cours du développement de
la plante.
6.1. Arrosage
Les planches de semis ainsi que les conteneurs de
plants doivent être gardés humides, mais pas trop
mouillés. La rigueur au niveau des arrosages n’est
pas nécessaire, mais il est mieux d’avoir une idée
de la façon dont les pots se dessèchent pour ajuster
en conséquence le programme des arrosages. Les
besoins en eau des plants ont tendance à augmenter
29
avec la croissance des plants. Pendant l’arrosage, il
faut prendre la précaution de :
utiliser un équipement d’arrosage avec des
extrémités souples (tel que des arrosoirs) ou de
vrais systèmes d’irrigation afin d’éviter de faire
des dégâts aux plantules et de garder en place le
mélange de remplissage ;
ne pas gaspiller l’eau en inondant la pépinière,
car ceci peut aussi favoriser le développement
de certaines maladies dans la pépinière ;
arroser tous les coins avec la même quantité
d’eau (on a tendance à arroser beaucoup plus
les plants se trouvant au centre de la pépinière,
comparativement à ceux se trouvant dans les
coins de la pépinière). Après arrosage, vérifier
tous les conteneurs pour voir la réussite de
l’opération ;
pour les planches de semis, il est mieux d’utiliser
un pulvérisateur adapté ou de bien submerger
30
(placer le bac dans un bain avec un peu d’eau et
laisser tremper à partir de la base), mais, sans
pour autant submerger le bac ;
diminuer la quantité, même les fréquences
d’arrosage pour aider au durcissement des
plants.
Les plants absorbent l’eau du substrat ; il n’est
pas nécessaire d’arroser le feuillage de la plante, sauf
pour des raisons de propreté ; au contraire, il faut
diriger l’eau vers la base du plant, sur le substrat de
mélange.
L’utilisation d’eau propre est importante, car
elle limite le développement des pathogènes. Il en
est de même de la quantité suffisante d’eau (soit à
partir d’un robinet, rivière, forage, réservoir), pour
un bon succès de la pépinière.
En général, les bons moments pour effectuer
l’arrosage correspondent aux périodes fraîches, soit
tôt le matin ou tard dans l’après-midi. Il faut éviter
d’arroser en plein milieu de la journée quand il
fait très chaud car le risque d’évaporation très élevée
peut conduire à la décoloration du feuillage (aspect
brûlé).
Il faut se rappeler que des fréquences irrégulières,
ainsi que de mauvaises pratiques d’arrosage,
peuvent produire des plants de mauvaise qualité.
6.2. Ombrage
En tenant compte des conditions physiologiques
des plants en pépinière, l’ombrage des plants
pendant la phase d’installation aide à protéger ces
derniers contre le vent fort, mais ceci d’une façon
temporaire, car les plants doivent être habitués petit
à petit aux vraies conditions environnementales.
C’est pourquoi, à un moment donné, le
durcissement des plants en pépinière, par
enlèvement progressif de l’ombrage, est nécessaire.
La période favorable pour habituer les plants à
peu d’ombrage est déterminée par leur développement ;
ceci est d’autant plus important que si les plants
sont ombragés pendant une longue période, ils
deviennent tendres, étiolés et même ont tendance
à jaunir. Quand ces plants seront transplantés, ils
auront un mauvais développement et seront
stressés et vont mourir.
Plusieurs matériaux peuvent être utilisés pour
faire de l’ombrage : ceux-ci peuvent être des étoffes
d’ombrage, des nattes faites à partir de la paille ou
de feuilles, de branches ou une structure
permanente comme une serre.
Certaines pépinières ont comme ombrage une
plante grimpante, mais celle-ci a besoin d’être
taillée régulièrement pour contrôler la quantité
d’ombrage correspondant aux besoins des plants.
31
Ombrage d’une pépinière de l’ICRISAT à Sadoré, Niger
32
6.3. Désherbage
Les conditions de pépinière (éléments nutritifs,
lumière et humidité), ne favorisent pas seulement
le développement des plants. Elles stimulent aussi
la croissance des herbes qui, si elles ne sont pas
contrôlées, peuvent envahir la pépinière. Ces herbes
peuvent aussi héberger des maladies et des
ravageurs. Il faudrait prévenir leur invasion en :
utilisant un substrat ne contenant pas de
semence d’herbe ;
coupant régulièrement les herbes autour de la
pépinière pour éviter la contamination des
conteneurs par la semence des herbes ;
gardant propre la pépinière en enlevant toutes
les herbes qui poussent avant qu’elles ne soient
trop grandes ou en évitant l’utilisation d’un
matériel mal nettoyé (même les chaussures des
ouvriers ou des visiteurs) dans la pépinière ;
vérifiant régulièrement les plants et les alentours
de la pépinière et en enlevant les herbes qui
poussent.
Dans certains cas, si l’utilisation des herbicides
est jugée nécessaire, il est préférable de s’informer
sur le produit approprié ainsi que de la bonne
quantité à utiliser pour éliminer les herbes sans pour
autant abîmer les plants.
Le désherbage sert à l’entretien des plants des
conteneurs, mais il laisse aussi l’endroit propre,
offrant ainsi de bonnes conditions de travail pour
les ouvriers et servant d’inspiration aux visiteurs
de la pépinière.
33
6.4. Application d’engrais
Dans la pépinière, les engrais fournissent des
éléments nutritifs aux plants. Ces éléments nutritifs
peuvent être soit absents, soit en petites quantités,
dans le substrat de croissance. L’apport d’engrais
est conditionné par :
le contenu en éléments nutritifs du substrat de
croissance, en fonction de leur origine et des
principaux composants, certains substrats de
croissance tels qu’un bon compost organique,
contiennent une quantité substantielle
d’éléments nutritifs tandis que d’autres
34
contiennent peu ou pas d’éléments nutritifs. Il
importe de connaître d’abord la qualité nutritive
du substrat avant d’ajouter de l’engrais ou
d’établir des formules d’engrais à utiliser ;
le stade de développement du plant. Les
calendriers d’apport d’engrais ont besoin d’être
ajustés aux divers stades de la croissance de la
plante comprenant :
a) la phase d’établissement,
b) la phase de croissance et,
c) la phase de durcissement comme décrit dans
le tableau 3.
Tableau 3 : Besoins des plants par phase de développement
Stade de croissance
Principales phases de
développement du plant
Besoins en éléments Nutritifs
Phase d’établissement
- Germination des plantules
- Début de croissance jusqu’à
deux paires de feuilles après les
cotylédons
- Très peu
- Infertile, substrat de croissance
préféré
- Apport d’engrais pas nécessaire
Phase de croissance rapide
- Croissance très active des plants
- Azote comme élément principal
Phase de durcissement
- Croissance accélérée des plants
- Azote comme élément principal
les types de plants et leurs besoins : les différentes
espèces de plants ont des besoins en éléments
nutritifs différents, d’où la nécessité d’appliquer
le type d’engrais qui correspond à leurs besoins ;
la capacité d’acheter de l’engrais : l’approvisionnement
en matériels nécessaires est une bonne idée, mais
il est aussi important de considérer le budget
de la pépinière en terme d’achat des engrais. Un
petit investissement en achetant des engrais peut
faire une grande différence dans la qualité des
plants produits, ce qui va bénéficier grandement
à la pépinière ;
35
l’équilibre en éléments nutritifs : les proportions
de concentration en éléments nutritifs peuvent
être égales ou plus importantes que la
concentration absolue d’un des éléments.
Certains éléments nutritifs ont besoin d’un bon
équilibre afin d’être disponibles ou d’être
absorbés par la plante ;
la forme sous laquelle se présente l’engrais : le
choix du bon élément nutritif dépend
principalement de la situation financière de la
pépinière, des exigences de la plante et de la
disponibilité de l’engrais. En général, les engrais
organiques sont faciles à obtenir et à faire. Par
contre, les engrais minéraux doivent être achetés
et ils peuvent être coûteux.
6.5. Contrôle des maladies et des
ravageurs
Les maladies et les ravageurs peuvent entraîner
beaucoup de pertes dans la pépinière. Une
surveillance régulière pour détecter des signes de
maladies est donc importante, car c’est une bonne
occasion pour évaluer l’état général des plants et
pour éliminer ou traiter ceux qui sont affectés. Pour
la bonne gestion de la pépinière, les mesures
préventives sont toujours meilleures et moins
coûteuses que les mesures curatives. Elles sont alors
à encourager pour que les pertes relatives aux
traitements curatifs soient moindres. Certaines
mesures préventives sont les suivantes :
éviter de l’eau stagnante autour de la pépinière
36
en facilitant un bon écoulement de l’eau ;
dans la mesure du possible, surélever les
planches de semis ou les tables de travail pour
minimiser les chances de propagation de la
maladie à partir de la surface jusqu’aux
conteneurs ;
selon les possibilités, bâtir des surfaces en ciment,
en gravier ou avec des pierres écrasées pour aider
à maintenir le sol sec et exempt de maladies ;
une circulation continue de l’air autour des
plants diminue les chances de reproduction des
pathogènes ;
le nettoyage et l’élimination des herbes, des
déchets dans la pépinière ou autour empêchent
le développement des bactéries, des champignons
et des insectes pouvant envahir la pépinière et
causer des dégâts aux plants ;
les termites et les fourmis profitent de certains
matériaux comme les herbes et le bois laissés
dans la pépinière pour se multiplier et causer
des dégâts ;
stériliser régulièrement les tables de travail et le
matériel de la pépinière et désinfecter les anciens
conteneurs s’ils doivent être encore utilisés ;
les plants malades doivent être enlevés et
éliminés et en cas de maladies, traiter le plus
tôt possible avec des fongicides ;
les insectes faisant des dégâts aux plants doivent
d’abord être enlevés à la main et si leur effet
devient sérieux, un traitement avec un insecticide
pourrait être envisagé.
Les agents de la pépinière doivent être capables
d’identifier certaines maladies le plus tôt possible
ou alors une assistance des agents d’autres pépinières
37
plus expérimentées ou même d’un expert serait
nécessaire.
Certains produits naturels (voir Annexe 2)
peuvent être facilement utilisés pour traiter
certaines maladies ou attaques. Ceci est plus
pratique et plus rentable que d’utiliser des produits
chimiques et des fongicides coûteux qui, de plus,
font du mal à l’environnement.
Une bonne connaissance ainsi qu’une bonne
expérience dans l’utilisation de ces produits
chimiques sont importantes pour éviter des
catastrophes pouvant se produire au cas où un
38
agent non qualifié prend la responsabilité
d’effectuer un traitement chimique avec tous les
risques que cela comporte.
6.6. Autres activités de la pépinière
Le tableau 4 fournit quelques informations sur
d’autres activités pouvant être réalisées dans la
pépinière. Ces activités sont effectuées à des
moments spécifiques et elles sont destinées à
Tableau 4 : Activités à être effectuées dans la pépinière (Source : adapté de Quayle et al. 2001)
Activités
But
Procédure
Classement des
plants en
différentes
catégories
Obtenir (d’une seule espèce) des
plants de même grandeur
- Chaque mois, éliminer les plants malades,
plants avec des déformations ou plants
rabougris
- Pour chaque espèce, mettre les plants de
différentes grandeurs en groupes séparés
Toilettage des
plants
- Donner aux plants plus âgés un
faible ratio rejet:racine, mais
beaucoup de racines pour
supporter une grandeur donnée du
rejet
- Dépend de l’espèce et des objectifs
de la plantation
- Par exemple, pour le teck : les
plants passent 12 mois en
pépinière, la tige est alors taillée et
les racines sectionnées avant d’être
plantés
- Utiliser des sécateurs bien aiguisés
- Stériliser les sécateurs avec de l’eau de javel
ménagère
- Tailler les plants à moins du double de la
hauteur du pot, s’assurant que seules les
feuilles en bonne santé restent
- Toujours s’assurer qu’au moins quatre feuilles
restent
- S’il est nécessaire d’effectuer un autre
toilettage, celui-ci doit être fait au dessus du
niveau du premier
39
Tableau 4 : Activités à être effectuées dans la pépinière (Source : adapté de Quayle et al. 2001) (suite)
Activités
But
Procédure
Durcissement
Donner aux plants de meilleures
chances de survie
Approximativement trois ou quatre semaines
avant la transplantation :
- arrêter l’apport d’engrais ;
- mettre les plants en pleine lumière ;
- réduire progressivement la fréquence et la
quantité d’eau ;
- arroser seulement le soir ;
- attendre que les plants flétrissent, ensuite
arroser directement ;
- le jour suivant, attendre que les plants
flétrissent encore, attendre une heure et arroser
ensuite ;
- chaque jour, quand les plants flétrissent,
prolonger la durée d’arrosage.
40
apporter aux plants des standards requis avant d’être
transplantés.
7. Aspect économique
Une pépinière produisant des plants sains est
fondamentale dans la réussite de toute plantation
forestière ou agroforestière. La réussite d’une bonne
pépinière dépend de la bonne gestion du point de
vue coordination et exécution des activités exigées.
Ceci peut être assuré en faisant des investissements
pour :
l’installation de la pépinière ;
l’achat de matériaux et d’équipement de pépinière
comprenant les semences, les engrais, les
conteneurs, les mélanges de remplissage, les
herbicides, les fongicides, etc. ;
l’embauche d’agents qualifiés et expérimentés ;
la bonne marche de la pépinière en assurant que
chaque activité est bien exécutée, etc.
Du point de vue économique, ces investissements
doivent assurer un profit, ce qui sera possible que
si les produits de la pépinière (plants et matériaux
végétaux) sont vendus à un bon prix. Par ailleurs,
ce prix est déterminé par la qualité de ces produits,
d’où la nécessité de viser des plants de qualité élevée
si une profitabilité optimale de la pépinière est
l’objectif principal.
Il serait regrettable de s’engager dans une telle
activité coûteuse, (particulièrement si elle est faite
à grande échelle), en ignorant certaines directives
(par exemple bonne semence d’arbres ou traitement
des plants malades) pour produire des plants avec
des anomalies, plants peu productifs ou malades
après des mois d’investissement. Ceci n’est pas
seulement dangereux pour la pépinière pouvant
tomber en ruine, mais aussi, pour nos plantations
futures et nos paysages qui en subissent les
conséquences. Par contre, une entreprise prospère
qui tient compte de chaque aspect de la pépinière,
41
fait du profit et donnera des opportunités aux
générations futures pour posséder et bien gérer le
matériel végétatif.
Documents consultés
El-Lakany, M.H. 1992. Rapid propagation of Fastgrowing Tree Species in Developing Countries;
its Potentials, Constraints and Future Developments. In: Baker, F.W.G. (ed.). Rapid Propagation
of Fast-growing Woody Species. C.A.B.
International. Pp.102-107.
Evans, HBL. (not dated). Forestry Extension Manual
with special reference to the districts of Embu,
Meru and Isiolo. EMI Forestry Project, Embu,
Kenya.
Gunn, B., Agiwa, A., Bosimbi, D., Brammall, B.,
Jarua L. and Uwamariya, A. 2004. Seed Handling
and Propagation of Papua New Guinea’s Tree
Species. Commonwealth Scientific and Industrial
Research Organisation (CSIRO) and Papua New
Guinea Forest Authority. Pp.13-18.
Jaenicke, H. 1999. Good tree nursery practices:
practical guides for community nursery. World
Agroforestry Centre (ICRAF). 95 p.
Jaenicke, H. and Beniest, J. (eds.). 2003. La multiplication végétative des ligneux en agroforesterie.
Manuel de formation et bibliographie. World
Agroforestry Centre (ICRAF). 139 pp.
Quayle, S., Arnold, R., Gunn, B. and Mohns, B.
2001. Tree Nursery Manual for the Sri Lankan
Plantation Industry. Estate Forest and Water
Resources Development Project, Kandy. 114 pp.
42
Annexe 1 : Matériaux utiles et équipements de la pépinière
Article
But
Bon terreau
Germination, milieu de
croissance
Sable
Milieu de croissance
Compost
Milieu de croissance
Engrais
Milieu de croissance
Autre substrat
Milieu de croissance
Sachets en plastique
Conteneur
Conteneurs à alvéoles
Conteneur
Cartons vides de lait ou autres
bidons
Conteneur
Doivent être bien nettoyés
Semence
Semis
Semence de bonne qualité
Commentaires
Facultatif quand le substrat est
suffisamment bon, pas
nécessaire pour les jeunes plants
Grandeurs variées (petit, moyen,
grand)
43
Annexe 1 : Matériaux utiles et équipements de la pépinière (suite)
Article
But
Commentaires
Autre matériel végétatif
(porte-greffes, scions, etc.)
Multiplication
Soin particulier et bonne
conservation (dans un
congélateur) si nécessaire
Tamis
Séparer les matériaux tels que le
sable, le fumier et le terreau en
grades
Différentes dimensions sont
nécessaires
Eau
Différents besoins en eau de la
pépinière
Eau courante d’un robinet, rivière
ou d’un forage
Arrosoirs
Approvisionner l’eau
Arroser sans faire des dégâts aux
graines en germination, arroser
seulement la base du plant et pas
les feuilles
Etiquettes et ficelles
Identifier les lots de graines et
autres et attacher correctement
les étiquettes
Les étiquettes doivent être
marquées clairement avec un
bon stylo qui ne s’efface pas
avec le temps
44
Annexe 1 : Matériaux utiles et équipements de la pépinière (suite)
Article
But
Commentaires
Mètre ruban
Faire des mesures en pépinière
Plusieurs variétés sont
disponibles et sont faciles à
utiliser
Cahier et autres registres
Garder l’information
Importants pour retrouver
certaines informations
Couteaux, sécateurs, pinces
Multiplication
Doivent être nettoyés pour éviter
des contaminations et
suffisamment épais pour pouvoir
couper
Ruban de greffage
Principalement pour le greffage
Etoffe d’ombrage
Fournir de l’ombrage
Facultatif quand il y a peu ou
trop d’ombrage dans la pépinière
45
Annexe 2 : Certains produits naturels pour lutter contre les
insectes et traiter les maladies dans la pépinière
Produit
Partie de la plante utilisée
Traitement
Pyrèthre,
Chrysanthemum
cinerariifolium
Fleur
Mélanger 100 grammes de fleurs sèches dans un litre
d’eau et laisser tremper pendant une journée. Utiliser
comme insecticide
Gliricidia,
Gliricidia sepium
Racines, graines et feuilles
Insecticide contre les aphidiens, toxique aussi pour
les rats et autres petits animaux
Tabac,
Nicotiana tabacum
Bonnes et fraîches feuilles
Mélanger 80 grammes de feuilles et de tiges séchées
dans un litre d’eau et laisser tremper pendant deux
heures. C’est mieux d’appliquer la solution tôt le
matin parce qu’elle est très volatile
Bougainvillée,
Bougainvillea
spectabilis
Feuilles fraîches
Mélanger 200 grammes de feuilles fraîches dans un
litre d’eau. Mélanger au moins pendant 5 minutes
dans un mixer. Utiliser pour lutter contre plusieurs
maladies chez les tomates et les haricots
Epinard,
Spinacea oleracea
Feuilles fraîches
Mélanger 200 grammes de feuilles fraîches dans un
litre d’eau et laisser tremper une journée
46
Annexe 2 : Certains produits naturels pour lutter contre les
insectes et traiter les maladies dans la pépinière
(suite)
Produit
Partie de la plante utilisée
Traitement
Papaye,
Carica papaya
Feuilles sèches
Couper finement 1 kg de feuilles sèches et mélanger
avec un litre d’eau; laisser reposer pendant la nuit.
Diluer avec quatre litres d’eau et utiliser pour traiter
les maladies à champignons
Ail ou oignon,
Allium sativum ou
A. cepa
Bulbes finement coupés
Mélanger 500 grammes du matériel dans 10 litres
d’eau. Laisser fermenter pendant une semaine. Diluer
dans 10 litres d’eau. Mettre dans le sol pour traiter les
maladies à champignons
Craie
3-5 grammes de craie
Mélanger avec de l’eau et laisser tremper pendant 12
heures pour la craie de grade ou 3-4 jours si la craie
naturelle est utilisée. Remuer fréquemment et
appliquer directement comme insecticide
Urine animale
Urine de vache, de chèvre ou de
mouton
Récolter de l’urine et mélanger avec une petite
quantité de sol. Laisser fermenter pendant deux
semaines. Diluer avec 2-4 litres d’eau par litre d’urine
pour lutter contre les insectes
47
48
49

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