Boris Vian, né le 10 mars 1920 à Ville-d`Avray (Seine-et
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Boris Vian, né le 10 mars 1920 à Ville-d`Avray (Seine-et
Article copié du site l’histgeobox.fr Boris Vian, né le 10 mars 1920 à Ville-d’Avray (Seine-et-Oise, aujourd'hui Hauts-de-Seine) et mort le 23 juin 1959 à Paris, est un écrivain français, poète, parolier, chanteur, critique et musicien de jazz (trompettiste). Ingénieur de l'École centrale, il est aussi scénariste, traducteur (anglo-américain), conférencier, acteur et peintre. Continuons à explorer un peu l’œuvre de ce musicien poète et humoriste qui sait comme personne retranscrire les tourments de son époque. Au début des années 50, le monde en pleine guerre froide est dans l’angoisse d’une guerre atomique (on ne dit pas encore nucléaire à ce moment-là). Tout le monde craint l’usage de LA bombe alors que la tension entre les deux blocs est à son maximum. D’autant qu’au début des années 50 les Etats-Unis et l’Union Soviétiques seuls détenteurs de cette technologie ont franchi un pas supplémentaire, passant de la bombe A (atomique) ou bombe à fission, le modèle qui avait rasé Hiroshima et Nagasaki, à la bombe H, bombe à hydrogène pour les intimes, appelée aussi bombe à fusion ou thermonucléaire, 1000 fois plus puissante que sa grande sœur. En 1950, à l’initiative du "Mouvement pour la paix" soutenu par les communistes et de Frédéric Joliot-Curie, célèbre savant atomiste, est lancé un vaste mouvement de pétition pour l’interdiction de l’utilisation de l’arme nucléaire qui recueille les signatures de 150 millions de personnes dans le monde dont 3 millions en France dont Picasso, Aragon, Chagall, Simone Signoret, Yves Montant ou encore les tout jeunes et encore inconnus Jacques Chirac et Lionel Jospin. C’est "l’appel de Stockholm". L'affiche du Mouvement pour la paix dessinée par Picasso « APPEL Nous exigeons l'interdiction absolue de l'arme atomique, arme d'épouvante et d'extermination massive des populations. Nous exigeons l'établissement d'un rigoureux contrôle international pour assurer l'application de cette mesure d'interdiction. Nous considérons que le gouvernement qui, le premier, utiliserait, contre n'importe quel pays, l'arme atomique, commettrait un crime contre l'humanité et serait à traiter comme criminel de guerre. Nous appelons tous les hommes de bonne volonté dans le monde à signer cet appel. Stockholm, 19 mars 1950. » En réaction à cet appel derrière laquelle ils voient la main du Kominform, c'est-à-dire la propagande de Moscou qui sait que l'URSS est en retard technologiquement sur les américains dans la course nucléaire, les partisans du bloc occidental réagissent par une campagne d’affiches sur le thème l’arme atomique meilleur rempart contre la menace communiste. C’est ainsi qu'en France des hommes politiques de centre droit menés par Jean-Paul David créent "Paix et Liberté", association qui milite pour l’alliance avec les Etats-Unis (qui les finance au passage) et mène des campagnes anti-communistes très actives. La colombe de la paix de Picasso vue par "Paix et liberté" C’est donc dans cette ambiance qu'en 1955, Vian, pilier des cabarets parisiens et anarchiste déclaré compose sa nouvelle chansonnette, réactualisant sur fond de java le bon vieux thème du savant excentrique pour en faire un joyeux concepteur de bombe atomique. La java des bombes atomiques Mon oncle un fameux bricoleur Faisait en amateur Des bombes atomiques Sans avoir jamais rien appris C'était un vrai génie Question travaux pratiques Il s'enfermait tout' la journée Au fond d'son atelier Pour fair' des expériences Et le soir il rentrait chez nous Et nous mettait en trans' En nous racontant tout Pour fabriquer une bombe " A " Mes enfants croyez-moi C'est vraiment de la tarte La question du détonateur S'résout en un quart d'heur' C'est de cell's qu'on écarte En c'qui concerne la bombe " H " C'est pas beaucoup plus vach' Mais un' chos' me tourmente C'est qu'cell's de ma fabrication N'ont qu'un rayon d'action De trois mètres cinquante Y a quéqu'chos' qui cloch' là-d'dans J'y retourne immédiat'ment Il a bossé pendant des jours Tâchant avec amour D'améliorer l'modèle Quand il déjeunait avec nous Il avalait d'un coup Sa soupe au vermicelle On voyait à son air féroce Qu'il tombait sur un os Mais on n'osait rien dire Et pis un soir pendant l'repas V'là tonton qui soupir' Et qui s'écrie comm' ça A mesur' que je deviens vieux Je m'en aperçois mieux J'ai le cerveau qui flanche Soyons sérieux disons le mot C'est même plus un cerveau C'est comm' de la sauce blanche Voilà des mois et des années Que j'essaye d'augmenter La portée de ma bombe Et je n'me suis pas rendu compt' Que la seul' chos' qui compt' C'est l'endroit où s'qu'ell' tombe Y a quéqu'chose qui cloch' là-d'dans, J'y retourne immédiat'ment Sachant proche le résultat Tous les grands chefs d'Etat Lui ont rendu visite Il les reçut et s'excusa De ce que sa cagna Etait aussi petite Mais sitôt qu'ils sont tous entrés Il les a enfermés En disant soyez sages Et, quand la bombe a explosé De tous ces personnages Il n'en est rien resté Tonton devant ce résultat Ne se dégonfla pas Et joua les andouilles Au Tribunal on l'a traîné Et devant les jurés Le voilà qui bafouille Messieurs c'est un hasard affreux Mais je jur' devant Dieu En mon âme et conscience Qu'en détruisant tous ces tordus Je suis bien convaincu D'avoir servi la France On était dans l'embarras Alors on l'condamna Et puis on l'amnistia Et l'pays reconnaissant L'élu immédiat'ment Chef du gouvernement