Les français et le réemploi des produits en fin de vie

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Les français et le réemploi des produits en fin de vie
Les français et le réemploi des produits en fin de vie
Aline PINON
Chef de groupe - Marketing des services
Louis Harris
46, rue de l’Echiquier - 75010 Paris
Tél. : 01 55 33 20 15 - Fax : 01 55 33 21 22 – [email protected]
PRESENTATION DE L’ETUDE
Le réemploi consiste en la réutilisation, identique ou similaire, sans modification importante
de vocation, d’un bien, d’un produit ou d’une matière récupérée. Il permet en prolongeant la
durée de vie d’un produit de retarder son arrivée dans le dispositif de collecte et de
traitement des déchets.
Une étude menée pour l’ADEME sur les DEEE en juillet 2002 a montré le potentiel d’une
telle démarche. En effet, si l’on prend l’exemple des ordinateurs, 56% des foyers qui avaient
acheté un ordinateur en remplacement d’un autre se débarrassaient d’un matériel
techniquement dépassé mais encore en état de fonctionnement.
Le réemploi existe depuis longtemps pour l’automobile et les textiles mais reste sans nul
doute une piste à développer à l’avenir. En effet, les directives sur les DEEE et les VHU
inscrivent le réemploi comme une voie à développer.
Dans cette perspective, l’ADEME a souhaité connaître la perception que les français ont du
réemploi et comprendre leurs attitudes. Elle a mené une étude dont les objectifs sont :
♦ Mesurer le niveau de connaissance du réemploi par les français
♦ Connaître la perception que les français ont du réemploi
♦ Mesurer leur niveau de recours au réemploi actuellement et potentiellement
♦ Identifier les freins et les leviers au développement du réemploi en France.
L’étude a été réalisée par l’Institut Louis Harris par téléphone auprès de 1002 français âgés
de 18 ans et plus. L’échantillon interviewé est représentatif de la population française en
termes de sexe et âge de l’interviewé, profession du chef de famille, et après stratification
par région de résidence et par catégorie d’agglomération. Les enquêtes ont eu lieu du 19 au
27 juillet 2004.
LE NIVEAU DE CONNAISSANCE DU REEMPLOI PAR LES FRANCAIS
Le réemploi : un terme peu évocateur et sujet à confusion pour les français
75% des français déclarent ne pas connaître le réemploi, ne serait-ce que de nom, 18%
déclarent connaître ce terme mais le confondent avec le recyclage ou le monde du travail et
seulement 7% des français déclarent le connaître et l’associent correctement à la
réutilisation d’un objet ou d’un produit qui a déjà servi.
Après avoir donné une première définition brève 1 aux interviewés, 66% des français
déclarent ne pas avoir entendu parler du réemploi, 23% croient en avoir entendu parler mais
le confondent avec d’autres notions (et presque exclusivement avec le tri sélectif) et 11%
déclarent le connaître et décrivent effectivement un acte ou un produit en faisant partie.
Le réemploi : un thème qui souffre d’un déficit de communication
Seuls 5% des français se déclarent très informés sur le réemploi, 30% informés.
Vous sentez vous très, assez, peu ou pas du tout informé sur le réemploi, que cela
concerne le don à des associations ou l'achat et la vente de produits d'occasion ?
(base = ensemble : 1002)
Peu informé
49%
Assez informé
25%
Très informé
5%
Pas du tout informé
21%
16% des français ne souhaitent pas être informés sur le réemploi, 41% souhaitent à la fois
recevoir des informations générales et pratiques sur le réemploi.
1
* « Le réemploi consiste à prolonger la durée de vie d’un produit en permettant que ce produit soit
réutilisé par d’autres personnes »
LA PERCEPTION DU REEMPLOI PAR LES FRANCAIS 2
Une perception positive du réemploi
En spontané, les français citent plus d’avantages au réemploi que d’inconvénients (1.9
avantages en moyenne comparé à 0.9 inconvénient).
90% des français sont d’accord avec l’affirmation « le réemploi est un mode de
consommation à développer » (dont 46% tout à fait d’accord).
Une perception des avantages « collectifs » du réemploi
En spontané, les avantages les plus cités concernent la société dans son ensemble à savoir
l’avantage environnemental (65% de citations) et l’avantage social (45% de citations).
En assisté, 93% des interviewés sont d’accord avec l’affirmation « Le réemploi permet de
réduire la quantité de déchets produits » (dont 68% tout à fait d’accord) et 87% sont d’accord
avec « le réemploi aide à la réinsertion de personnes en difficultés » (dont 52% tout à fait
d’accord).
Une appréciation plus mitigée des bénéfices du réemploi au niveau individuel
En spontané, le principal avantage individuel cité est l’avantage financier pour l’acheteur
(42% de citations). Mais il est contre-balancé par le principal inconvénient ; les problèmes de
fiabilité et de qualité (47% de citations).
En assisté, l’achat d’occasion est largement associé au gain financier : c’est un moyen de se
procurer des produits qui sont trop chers neufs (90% d’accord dont 58% de tout à fait
d’accord) et d’acheter à bas prix (90% d’accord dont 50% de tout à fait d’accord). Cela
n’exclut pas pour autant la dimension plaisir de l’achat d’occasion : ce peut être un moyen de
se faire plaisir (83% d’accord dont 42% de tout à fait d’accord) et 56% des français aiment
acheter d’occasion.
En assisté, il apparaît que l’achat d’un produit d’occasion peut poser des problèmes
d’hygiène, de qualité et de fiabilité (76% d’accord dont 31% de tout à fait d’accord) et plus
encore des problèmes de SAV (87% d’accord dont 54% de tout à fait d’accord).
2
Après avoir donné une définition complète du réemploi : « Le réemploi consiste à prolonger la durée
de vie d’un produit en achetant ou en vendant un produit d’occasion c’est-à-dire un produit qui a déjà
servi ou en donnant ce produit à une association. Nous ne parlons pas ici des voitures ni des
antiquités. A titre d’exemples, les vêtements ou les appareils électroménagers peuvent faire l’objet de
réemploi soit par le biais d’associations, de dépôt vente, de magasins spécialisés dans l’occasion ou
dans le cadre de vide-greniers. Si nécessaire, le produit vendu a pu être remis en état. »
Je vais vous citer des affirmations sur le réemploi et les produits d’occasion. Pour chacune d’elles, pourriez vous
m’indiquer si vous êtes tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas d’accord, ou pas du tout d’accord ?
(Base = ensemble : 1002)
Plutôt d'accord
Le réemploi permet de réduire la quantité de déchets produits
Acheter un produit d’occasion permet de se procurer un produit qui est
trop cher neuf
Tout à fait d'accord
25%
68%
32%
L’achat de produit d’occasion permet d’acheter des produits à bas prix
93%
58%
44%
Le réemploi est un mode de consommation à développer
Sous total d'accord
90%
46%
40%
90%
90%
50%
Acheter un produit d’occasion peut poser des problèmes de SAV
33%
54%
87%
Le réemploi aide à la réinsertion de personnes en difficulté
35%
52%
87%
Acheter un produit d’occasion peut être un moyen de se faire plaisir
41%
L’achat de produits d’occasion doit tout d’abord profiter à l’acheteur
39%
Acheter un produit d’occasion peut poser des problèmes d’hygiène/de
qualité/de fiabilité
Je n’aime pas acheter des produits d’occasion
0%
42%
43%
45%
25%
31%
18%
20%
83%
40%
82%
76%
43%
60%
80%
LE NIVEAU DE PRATIQUE DU REEMPLOI PAR LES FRANCAIS
Globalement, une pratique importante du réemploi au travers du don et de l’achat
d’occasion
89% des français ont déjà donné des produits à des associations. 67% ont donné un produit
à une association il y a moins d’un an, 48% il y a moins de 6 mois.
73% des français ont déjà acheté des produits d’occasion. 48% ont acheté d’occasion il y a
moins d’un an, 34% il y a moins de 6 mois.
87% des français accepteraient d’acheter d’occasion au moins l’un des produits suivants ;
appareil électroménager, hi-fi ou video, matériel informatique ou bureautique, meuble, objet
de décoration, vêtements ou chaussures, jeux ou jouets, livres ou CD.
100%
De réelles disparités de pratiques selon les types de produit
A - Une part écrasante des vêtements ou chaussures dans les dons :
Parmi la liste de produits suivants, quels sont les produits que vous avez déjà donnés à des
associations ?
(Base = ensemble : 1002)
87%
Vêtements ou chaussures
62%
Jeux ou jouets
48%
Livres ou CD
31%
Meubles (hors antiquités)
Objets de décoration
27%
Appareils électroménagers
26%
14%
Appareils hi-fi ou vidéo
% a déjà donné le type de produit à
des associations
9%
Matériels informatiques ou bureautiques
11%
N'a donné aucun de ces produits
0%
20%
40%
60%
80%
100%
Les vêtements ou chaussures représentent 77% des derniers dons.
B - Des appareils électriques et électroniques à la traîne dans l’achat d’occasion :
Parmi la liste de produits suivants, quels sont les produits que vous avez déjà achetés d'occasion
(pour vous même ou votre foyer) ? Avez vous déjà acheté d’occasion …
(Base = ensemble : 1002)
47%
Livres ou CD
Meubles (hors antiquités)
35%
Objets de décoration
35%
31%
Jeux ou Jouets
25%
Vêtements ou chaussures
18%
Appareils électroménagers
% a déjà acheté d'occasion
le type de produit
14%
Matériels informatiques ou bureautiques
13%
Appareils hi-fi ou vidéo
27%
N'a acheté aucun de ces produits d'occasion
0%
20%
40%
60%
80%
100%
C - Un niveau d’acceptabilité de l’achat d’occasion plus faible pour les appareils électriques
et électroniques et les vêtements et chaussures :
Pour chacun des produits suivants, pourriez vous m’indiquer si vous accepteriez de l’acheter
d’occasion ? Accepteriez vous d’acheter d’occasion …
(Base = ensemble : 1002)
73%
Livres ou CD
69%
Objets de décoration
67%
Meubles (hors antiquités)
57%
Jeux ou Jouets
Matériels informatiques ou bureautique
36%
Appareils hi-fi ou video
35%
Appareils électroménagers
34%
% accepterait d'acheter d'occasion
le type de produit
32%
Vêtements ou chaussures
13%
N'accepterait d'acheter d'occasion aucun de ces produits
0%
20%
40%
60%
80%
100%
FREINS ET LEVIERS DE L’ACHAT D’OCCASION
Le prix, élément déterminant de l’achat d’occasion
L’achat d’occasion est tout d’abord motivé par le prix (dans 71% des cas), à l’exception des
objets de décoration où le coup de cœur est la raison principale d’achat (43% des achats).
Concernant les appareils électroménagers, hi-fi ou video, informatiques ou bureautiques et
les meubles, l’achat d’occasion est en premier lieu une première acquisition (43% des cas)
avant d’être un complément d’un autre appareil (28%) ou un remplacement d’un autre
appareil le plus souvent tombé en panne (26%).
Au global, il n’existe pas de réseau de vente prédominant car les réseaux d’achat sont très
variables d’un produit à un autre. Le mode d’achat le plus répandu est l’achat en brocantes
ou vide-grenier avec 28% des achats. Le poids de l’informel (achat à une connaissance)
n’est pas négligeable (11%).
Concernant les critères d’appréciation des lieux de vente de produits d’occasion, deux
critères se détachent : l’amabilité des vendeurs avec 62% de très important et le prix avec
53% de très important.
Les problèmes d’hygiène, de qualité ou de service après-vente, principales raisons du
non achat d’occasion
Le non achat d’occasion est davantage justifié par des problèmes d’hygiène, de qualité et de
service après-vente (32%) et par un manque de réflexe (22%) que par une opposition à
l’achat d’occasion.
Aussi, 43% des non acheteurs estiment que des garanties d’hygiène, de qualité ou de
service après vente seraient l’élément le plus incitatif pour eux pour acheter d’occasion
comparé à 15% pour le prix.
En l’état actuel des choses, 60% des non acheteurs n’envisagent pas d’acheter d’occasion à
l’avenir soit 16% de la population française.
PROFILS DES FRANÇAIS LES PLUS OUVERTS A L’EGARD DU REEMPLOI
Les profils de français suivants pratiquent plus le réemploi ; les sympathisants écologistes,
les personnes engagées dans un mouvement associatif, les CSP supérieures et
intermédiaires, et les moins 50 ans (et notamment les 25-34 ans).
TYPOLOGIE DES PERCEPTIONS À L’ÉGARD DU RÉEMPLOI ET DES PRODUITS
D’OCCASION
Une analyse typologique des perceptions des français à l’égard du réemploi et des produits
d’occasion a été réalisée. Une telle analyse permet de répartir la population française en
groupes très homogènes en leur sein et très hétérogènes entre eux en termes de
perceptions du réemploi.
Cette analyse a permis d’identifier les groupes suivants :
♦ Les opportunistes qui représentent 41% de la population française : Ouverts au réemploi,
ils voient surtout dans l’achat d’occasion la possibilité de réaliser une bonne affaire.
Réticents face aux problèmes de service après vente, ils achètent d’occasion, seulement
un peu plus que la moyenne.
♦ Les enthousiastes qui représentent 16% de la population française : Plus jeunes et plus
sensibles aux discours tenus par les mouvements de défense de l’environnement, ils
pratiquent largement l’achat d’occasion. Les éventuels problèmes d’hygiène, de qualité et
de service après vente ne constituent pas, pour eux, un frein à l’achat.
♦ Les individualistes qui représentent 26% de la population française : Plus âgés, ils
reconnaissent les avantages qu’apporte le réemploi sur le plan collectif (environnemental
et social). A titre individuel, ils ne sont pas convaincus de ses avantages et en voient plutôt
les inconvénients. Ils n’aiment pas acheter d’occasion et recourent moins à l’achat
d’occasion
♦ Les réfractaires qui représentent 17% de la population française : Reconnaissant peu
d’avantages au réemploi, ils pratiquent moins le don et l’achat d’occasion.

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