Edition électronique de journaux : l`expérience de - WAN-IFRA
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Edition électronique de journaux : l`expérience de - WAN-IFRA
PUBLICATIONS ELECTRONIQUES Edition électronique de journaux : l’expérience de Gannett Tout d’abord quelques mots sur la société Gannett, car il est indispensable de savoir qui nous sommes pour bien comprendre notre stratégie d’entreprise dans le monde en ligne qui évolue à une vitesse époustouflante : – Gannett est une société publique multimédia située à Washington, D.C. Notre panoplie d’activités incluent des journaux quotidiens ou non, des stations de télévision, des stations de radio, des travaux de labeur, des chaînes de télévision câblée, des systèmes d’alarme électroniques et d’autres activités basées sur l’information. – Nous avons environ 38 600 employés travaillant sur plus de 120 sites différents dans 44 Etats et dans le district de Columbia, ainsi que des sites dans la partie américaine des îles Vierges, à Guam et en Europe. – La société est basée sur une politique de gestion décentralisée. Chaque unité a un dirigeant local responsable du déroulement des activités basées sur les besoins et les conditions commerciales du marché local. – Ces unités locales sont regroupées à l’échelle régionale en divisions qui sont sous la tutelle du comité de gestion de Gannett et de notre président-directeur général, John Curley. – Pour 1996, les bénéfices de Gannett approcheront les cinq millions de dollars. Quant aux journaux de Gannett, leur diffusion quotidienne globale dépasse les 6,6 millions d’exemplaires. Notre produit phare est bien sûr « USA Today ». Fondé en 1982, ce journal est le plus vendu aux Etats-Unis avec un tirage d’environ deux millions d’exemplaires. L’édition internationale du journal est disponible dans plus de 90 pays à travers le monde dont Hong Kong où l’impression se fait dans une imprimerie locale, Consolidated Newspapers Ltd. Les 91 autres quotidiens sont de taille différente : de « Detroit News » avec un tirage quotidien de 275 000 exemplaires et 850 000 le dimanche au « Daily Sentinel » à Pomeroy avec un tirage de 4800 exemplaires. La plupart de nos journaux ont un tirage moyen de 75 000 exemplaires par jour en semaine et 90 000 le dimanche. Leurs marchés respectifs comptent environ 300 000 habitants. Dans la majorité des cas, le journal de Gannett est le seul journal publié sur le marché local. Ce sont ces publications de taille moyenne pour le marché américain qui sont les piliers de la société de presse Gannett. Diversification : la base de la stratégie pour l’édition électronique Je vous ai fait cette brève description pour montrer que Gannett est une société dont les activités sont diversifiées avec des journaux desservant plusieurs types de marchés. C’est cette diversification dans les activités et les marchés qui est à la base de notre stratégie actuelle en matière de 58 GARY L. WATSON Président de la division des journaux Gannett Co. Arlington, Etats-Unis distribution électronique d’informations. Beaucoup de nos divisions, comme les stations de télévision, développent des produits en ligne, mais je me concentrerai dans mon exposé sur la façon dont nos journaux sont entrés dans ce monde en évolution constante et rapide. A notre avis, la distribution électronique d’informations, actualités et annonces comprises, est un des facteurs très importants dans la politique d’entreprise du monde de la presse. Une chose est claire : nous ne pensons pas que les activités en ligne, qu’il s’agisse des activités sur Internet ou d’autres formes de médias interactifs, remplaceront un jour les journaux, tout au moins dans un avenir prévisible. Par contre, nous pensons que la distribution d’informations en ligne peut être une valeur ajoutée et renforcer le rôle des quotidiens. Comme je l’ai déjà mentionné, les journaux de Gannett sont, dans la plupart des cas, les seuls journaux publiés sur les différents marchés locaux. En tant que tels, ils sont les fournisseurs numéro un de l’information sur le marché, surtout en ce qui concerne la collecte et la diffusion des nouvelles et des annonces locales, c’est-à-dire que nous sommes un élément vital dans la vie du consommateur type d’aujourd’hui. Si nous voulons garder cette place importante, nous ne pouvons pas compter seulement sur le produit imprimé, c’est-à-dire sur l’encre et le papier. Nous devons également délivrer l’information électroniquement à ceux qui la désirent et en ont besoin sous cette forme. Développement d’une approche en ligne saine Nous avons un deuxième axiome sur lequel repose notre politique d’entreprise : nous pensons que tout produit en ligne doit être conçu pour les besoins et désirs des consommateurs potentiels du produit. Cet axiome aboutit à une approche quelque peu méthodique et planifiée. Au lieu de tout bousculer pour obtenir un résultat immédiat, nous attendons de nos journaux qu’ils développent d’abord un plan d’activités avant de se lancer dans le monde du World Wide Web. Ce plan d’activités est juste une proposition décrivant le cours à suivre pour éventuellement apporter des bénéfices à la société et ne pas devenir une source permanente de dépenses. Nous sommes assez conscients pour savoir que la grande majorité de ces produits en ligne ne se traduisent pas par un profit immédiat. Comme il s’agit d’un nouveau média, les investissements de base sont nécessaires. Mais nous attendons des responsables locaux qu’ils réalisent des produits de qualité orientés clients pour avoir une chance d’obtenir du succès sur le marché. Ces plans d’activités doivent prendre en compte les caractéristiques intrinsèques du marché et les atouts du journal lui-même. Malgré le grand nombre de journaux Gannett et de marchés qui peuvent produire ces produits en ligne, nous avons ainsi évité l’approche facile sans origina- techniques de presse avril 1997 PUBLICATIONS ELECTRONIQUES lité où tous les produits et services se ressembleraient et les objectifs seraient identiques. La taille et la diversification au sein de notre société nous ont permis de faire preuve d’efficacité sur le plan technique et d’accumuler expériences et savoir sur le monde en ligne. Le savoir technique a dépassé sur un des sites le cadre de nos premières expériences faites dans ce domaine. La direction locale n’a pas seulement développé un produit en ligne, mais est aussi devenue un fournisseur de services Internet local. Cette combinaison, fournir du contenu et être un fournisseur de services, porte ses fruits en ce moment pour ce site particulier, mais nous ne voulons pas en faire un modèle pour des dizaines d’autres sites dans le pays. Le coût de cette opération en termes d’investissements et de programmation est trop élevé pour répéter cette expérience. Gannett en faveur de la coentreprise Nous sommes devenus copropriétaires d’une société appelée Infinet, qui fournit aux journaux locaux le matériel techniques de presse avril 1997 et les logiciels nécessaires à la création d’un site sur le World Wide Web. Nos partenaires dans cette entreprise sont les sociétés Knight-Ridder et Landmark. Nous avons à l’heure actuelle deux personnes de l’entreprise à la division des journaux pour assister les journaux dans le développement et la mise en place de projets en ligne. Leur tâche est de s’assurer, sur la base du savoir qu’ils ont accumulé, que nous ne faisons pas les mêmes erreurs sur chaque site. Il est bien sûr normal et inévitable de faire des erreurs dans cette activité qui n’est pas encore bien définie, mais nous n’avons pas l’intention de les répéter pour le prochain journal qui lancera ses produits en ligne sur le marché. Cette philosophie a porté ses fruits jusqu’à présent. Qu’avons-nous appris ? Dans la majorité des cas, nous ne reproduisons pas automatiquement le contenu de nos quotidiens. Nous essayons plutôt d’identifier les groupes cibles pour un service en ligne, c’est-à-dire que le produit en ligne ressemblera généralement à un créneau du marché ou une série de créneaux avec des informations ciblées en profondeur plutôt qu’à un quotidien avec toute la palette habi- 59 PUBLICATIONS ELECTRONIQUES tuelle d’informations. Nous essayons de tirer le maximum de l’interactivité de ce média en créant des bases de données en ligne avec des fonctions de recherche pour les utilisateurs : par exemple des mots clés pour les différentes catégories d’annonces, immobilier, automobile, offres d’emploi ou bien des thèmes précis comme loisirs, manifestations, etc. La publicité est toujours reine Le jour viendra peut-être où il sera possible de faire des bénéfices à partir de la vente directe de services. Mais jusqu’à présent la meilleure source de revenus vient des annonces. Les domaines traditionnels des petites annonces comme le marché de l’immobilier et les offres d’emploi sont les plus fructueux. Quant aux annonces publicitaires, il est préférable de vendre aux annonceurs des espaces placés à côté de contenus qui correspondent le plus au profil de leurs clients. Les revenus publicitaires peuvent aussi venir de sponsors : un groupe d’annonceurs paient une cotisation annuelle pour être listé comme sponsor sur un site Web. Lorsqu’il s’agit de savoir s’il est judicieux pour un de nos journaux de mettre un produit en ligne, nous nous posons deux questions : Premièrement, nous nous demandons évidemment si le potentiel client est suffisant pour une ou toutes les informations et annonces contenues dans le produit imprimé. Avec son image de marque facilement identifiable et sa forte identité comme fournisseur d’informations, la réponse était simple pour « USA Today ». Il existait un marché pour USA Today en ligne. Aujourd’hui, nous avons environ 400 000 personnes visitant le site chaque jour et jusqu’à 11 millions de consultations. Quant à nos journaux locaux ou régionaux, la réponse dépendait de leur site.Sur un marché comme Détroit avec une population de 4,3 millions d’habitants et 810 000 PC domestiques avec modems, la réponse est très probablement oui, le marché est là. Sur un marché comme Pomeroy avec une population de 3000 habitants , la réponse est sans aucun doute : pas maintenant. Mais qui peut prévoir l’avenir ? Ainsi, le Detroit News Online contient beaucoup d’informations provenant du quotidien, alors que Pomeroy ne se lancera pas sur le Web dans le proche avenir. Elargir les limites du marché La deuxième question concerne les qualités intrinsèques d’un marché donné ou d’un journal donné qui pourrait avoir un intérêt pour les consommateurs vivant en dehors de la zone de distribution du produit imprimé. La question est donc : pouvons-nous tirer profit du fait que la distribu60 tion de l’information sur Internet ne connaisse pas de frontières ? Prenons par exemple le tourisme. Les produits en ligne de nos journaux situés en Floride ou à Reno dans le Nevada contiennent des informations susceptibles d’intéresser les touristes souhaitant visiter ces lieux. A l’heure actuelle, nous avons un exemple où le groupe cible dépasse le cadre régional ou national. Nous savons qu’un nombre croissant d’Européens, surtout des Allemands, passent leurs vacances d’hiver dans le sud-ouest de la Floride. Le service en ligne produit par notre journal « Ft. Myers » comprendra donc un nombre important d’informations en anglais et en allemand. Un autre exemple nous est fourni par notre journal de la région de Brevard en Floride. Brevard est le site du cap Canaveral, c’est-à-dire du programme spatial américain, là où se trouve la navette spatiale. Notre journal de Brevard, « Florida Today », passe des articles détaillés sur le programme spatial. Il est donc parfaitement judicieux de transférer cette couverture particulière de l’actualité spatiale dans un produit en ligne appelé Space Online. Ce service qui ne donne pas seulement des informations sur le programme spatial mais couvre en temps réel tous les lancements de la navette est devenu rapidement une des adresses sur Internet les plus importantes au monde en ce qui concerne ce sujet. Pendant les périodes de lancement de la navette, Space Online enregistre un grand nombre de consultations de Stockholm à Singapour, allant jusqu’à 300 000 par semaine lorsque la navette est en vol. Space Online a donc une image de marque internationale bien distinctive de tous les autres produits en ligne que « Florida Today » a mis en place pour ses consommateurs locaux. J’espère avoir pu vous donner une idée de la façon dont Gannett développe sa stratégie en ligne. Nous avons à l’heure actuelle 15 sites de journaux en ligne, dont 13 sur le Web. Les deux autres sont des services commerciaux comme America Online et Compuserve. Nous espérons que ce nombre doublera dans les quatre prochains mois et atteindra peut-être le nombre de 40 en été 1997. Si vous vous connectez sur la page d’accueil de la société Gannett sur Internet, vous pourrez cliquer sur n’importe quel autre site Web de notre société. Beaucoup de nos sites ne sont pas très sophistiqués, mais ils sont tous conçus pour toucher les groupes cibles. Ils sont conçus pour satisfaire les besoins et les désirs des consommateurs et des annonceurs des régions concernées et non pas pour assouvir le besoin de créativité des personnes qui les ont lancés. Ils ont aussi été créés en vue d’une activité commerciale sensée qui éventuellement tirera profit de la force de ce média interactif. techniques de presse avril 1997